La mort longtemps a rodé aigre-capitaine Sans jamais frôler ailes sur tes bandes nimbées Tant était vigilante la garde zélée de tes filles aux bras longs Leur vie veillait sur ta vie et ton sommeil
Elles repoussaient toujours en aire d’absence La mort toujours plus présente Médecins et guérisseurs Marabouts aux prières humectées Ont tour à tour penché sur ton chevet de velours Chefs coiffés Et têtes enturbannées
Mais en ce jeudi-calamité Le monde s’est soudainement obstrué La terre enroulée sur elle-même Est posée sur le sol en tapis d’apparat
L’océan a avalé la sève du ciel Et rumine en torsades sur ses rives Paresseux comme l’obésité emphatique
La lune décrochée tire sa révérence éclatante S’assombrit et s’éteint soudain Triste comme un bon élève mal noté
Oh mère Pourquoi n'as-tu pas attendu un jour plus tardif Et nous partirions ensemble En procession avec les anges Dégrafer les étoiles
L’une après l’autre Nous les compterions Et nous les étendrions dépoussiérées Posées en coupe sur nos paumes ouvertes
Et ensuite seulement, nous partirions Nous migrerions vers les pâturages célestes Toi et moi Nous serions nous mêmes étoiles majeures tressées Saupoudrées de paillettes écrues de Sabodola Parées d’émeraudes et d’or raffinés du Boundou
Comment pourrais-je vivre désormais sans toi
Oh mère
Sans tes prières lénifiantes sur mon crâne rebelle Sans ton regard inquisitoire sur mes habits le matin Sans tes yeux d’inquiétude sur mon visage de lassitude
Oh mère
Tiens-moi le fanal au portail du Paradis Nous irons ensemble choisir une maison pour toujours Comme toujours, c’est toi qui me diras Oh mère Quelle chambre est meilleure pour moi Tu diras à DIEU Que j’étais trop distrait pour vivre enturbanné Les lèvres en prières au petit matin Et m’offrir au lutin du portail Tous les soirs au seuil du sommeil Et les aubes au réveil Mais que j’étais bon fils pour sa mère
Alassane NDIAYE ISRA le 2 Février 2006
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