Ca n’a duré que quelques jours. Quelques jours qui m’ont paru être des années. Elle est arrivée si vite et a bouleversé ma vie. Ce petit être, pas plus grand qu’un poupon, a prit une place si importante dans ma vie, qu’il ne semblait exister plus que lui. Dès son arrivée, je l’ai prise dans mes bras, ai écouté son cœur battre, ai regardé ses yeux bleus et caressé ses rares cheveux. Elle était arrivée, ma petite sœur.

Nous l’avions attendu tellement longtemps et elle était enfin là. Chaque jour, je me rendais à la maternité pour la voir, une nouvelle peluche dans les mains. Et je l’agitais devant elle en riant.

Pourtant, lorsqu’on m’avait annoncé la grossesse de ma mère, une panique s’était emparée de moi. Non, je ne voulais pas d’elle ! C’était moi la « petite dernière », je refusais d’être remplacée ! Pendant longtemps, mon visage affichait une moue renfrognée, pourtant mon comportement a vite changé. Dès lors que je l’ai senti gigotté dans le ventre de ma maman, j’ai senti qu’un lien puissant s’était formé entre nous.

Elle est arrivée et tout à été parfait. Jusqu’à ce jour.

J’étais, comme toujours, venue la voir à la maternité et, comme toujours, je l’avais prise dans mes bras. Je la dévorais des yeux et sentais sa petite main exercer une petite pression sur mon index. Tout s’est passé très vite. Je ne l’avais pourtant pas quitté du regard. Un instant elle m’a regardée et j’ai vu dans ses yeux, la lumière de la vie s’effacer. Sa main avait lâché mon doigt, mais je ne m’étais rendue compte de rien. Je n’ai pas su réagir assez vite et lorsque j’ai appelé l’infirmière, il était déjà trop tard. Son petit cœur s’était éteint.

Elle était morte dans mes bras.

Dès le début, on nous avait prévenus qu’elle était née trop tôt et qu’elle encourait de nombreux risques. Je n’avais pas été assez vigilante, j’avais été trop absorbée par sa pureté, que je n’avais pas remarqué sa faiblesse.
Elle m’avait offert son dernier regard, alors que je l’avais guidé vers la mort.

Adieu Stella.