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Nouvelles : Renaissance Chapitre 4
Publié par AntoneR le 30-05-2012 19:00:22 ( 1301 lectures ) Articles du même auteur



C'était à n'y rien comprendre. La panique qui venait de s'emparer des promeneurs submergea le jeune homme en un millième de seconde. Les gens courraient dans tous les sens, sans savoir où ils allaient vraiment, cherchant seulement à éviter un danger, invisible aux yeux d’Andy, bien qu'il eût mis des centaines de personnes dans un état de terreur insoutenable.
Andy n'y était pas préparé. Jamais il n'avait expérimenté une panique si puissante et il manqua s'effondrer sous le coup de ce raz-de-marée émotionnel. Athéa l'attrapa par la manche et dut hurler pour se faire entendre.
— Tu dois te mettre à l'abri ! Ne traîne pas, s'il te plaît ! File !
— Que se passe-t-il, Athéa ? Explique-moi ! C'est la Garde ? s'inquiéta le jeune homme, aussi fort que le lui permirent les émotions qui tentaient de l'abattre.
— C'est bien pire, cria son amie. File, cache-toi, je te rejoindrai !
Sans comprendre comment, Andy se retrouva propulsé en arrière. Rien ne l'avait touché, ni même effleuré. Pourtant, après ce qui semblait être un coup fulgurant dans son plexus solaire, il avait fait un bond de plusieurs mètres en arrière et se ramassa lourdement sur le sol, à proximité de la chaise sur laquelle il était assis, à peine deux ou trois minutes plus tôt.
Après s’être relevé dans un concert de douleur, il vit Athéa se diriger vers un nuage de fumée, abritant sans doute l'objet de la panique générale. Au cœur de ce nuage de poussière et de débris devait se cacher quelque chose de monstrueux, pour qu'Andy ait été à ce point affaibli et torturé par ses émotions. La Place du Pape était désormais vide, et autour de lui, le jeune Empathe ne ressentait plus rien. Le néant venait d’envahir les lieux, laissant Athéa seule face à l’inconnu.
Cette dernière avançait pourtant d'un pas décidé et ne semblait pas effrayée. Elle savait ce qui se passait, et l'avait sûrement même deviné au moment où le bruit de déchirure s'était fait entendre, à en juger par le regard qu'elle avait lancé à Andy.
Au milieu du nuage brillaient deux points jaunes sans cesse en mouvement, puis une ombre se profila. Athéa s'immobilisa à quelques mètres, et cria, tout juste assez fort pour qu'Andy puisse l'entendre.
— Sors de là !!!
Quelque chose, ou quelqu'un se cachait apparemment dans la poussière. Andy ne savait pas encore de quoi il s’agissait. Le nuage se dissipa lentement, laissant apparaître des formes gigantesques. Les deux points lumineux, encore immergés dans la fumée dansaient à deux bons mètres au dessus du sol. Quoi que ce fût, ce n'était pas humain.
L'ombre qu'il distinguait était au moins aussi haute que large.
La poussière se dissipa, autorisant Andy à discerner très clairement la créature qui s'y était dissimulée. Une créature énorme, aux bras démesurément longs, courte sur pattes et presque plus large qu'elle n'était haute. Sa cage thoracique devait faire quatre fois la taille de celle du jeune Empathe, et ses poings, effleurant le sol à chacun de ses mouvements, étaient au moins aussi énormes que ce qui semblait être sa tête. Un visage qui n'avait rien de tel, ses yeux profondément enfoncés dans leurs orbites, et sa mâchoire, dépourvue de lèvres, laissait apparaître une dentition longue et acérée. Le plus effrayant restait sa peau, si c'en était, entièrement tendue sur sa musculature, d'une couleur orangée, plus ou moins sombre, sur certaines parties de son corps.
Il ouvrit la gueule et hurla comme un possédé. Andy y perçut une réponse au défi implicite d'Athéa, immobile, malgré l'aspect répugnant de ce monstre.
Puis elle se mit à parler dans une langue inconnue d’Andy, et chacune de ses phrases — pour autant qu'il sache, c'en étaient certainement — était ponctuée d’un hurlement du monstre, dont les modulations variaient sans cesse.
À la grande surprise du jeune homme, un dialogue venait de s'ouvrir entre deux êtres que tout opposait, qui ne semblaient pas venir du même monde. Pourtant, ils dialoguaient.
N'y tenant plus, Andy pesta mentalement contre ce qui venait de lui arriver. Les bleus et les ecchymoses qu'il allait récolter lui feraient un mal de chien pendant des jours !
S'il trouvait le coupable, il le lui ferait regretter.
Il venait de le trouver, à vrai dire ! « Son Altesse » !
Face à Athéa, le monstre venait de faire un bond similaire à celui du jeune homme ! Elle devait avoir senti le regard d'Andy, se tourna dans sa direction, lui hurlant de rester où il était. Loin de vouloir lui obéir, le jeune homme se figea, stupéfait par ce qui se dégageait des yeux de son amie.
Intégralement blancs, ils brillaient sur le visage hâlé de la jeune femme. Une lumière intense, profonde et violente. En l'espace de quelques instants, un voile s’était levé sur les secrets d’une personne qu’il pensait connaître, et qui l'avait elle-même guidé.
Pour ajouter à la surprise, il vit dans sa main droite apparaître une lumière blanche similaire à celle qui masquait ses yeux d'ordinaires si noirs. S'intensifiant à chaque instant, cette lumière devint une sphère qui finit par se stabiliser. Faisant de nouveau face au monstre, Athéa se remit à lui parler dans le même langage, utilisé plus tôt. La réponse ne se fit pas attendre, d'une violence incroyable.
Un grognement sans précédent...
Levant sa main illuminée, Athéa propulsa la sphère jusque-là immobile en direction de son adversaire. Le monstre ne broncha pas, et n'en avait visiblement pas la possibilité. Percuté de plein fouet, il explosa instantanément sous la violence de l'impact et tout ce qui restait de lui brûla dans un magnifique concert de flammes et d'étincelles.
Aucun bruit ne se faisant plus entendre, personne n'était plus dans les parages, Andy courut en direction de la jeune femme. Il voulait voir ses yeux de plus près...
Mais, il était trop tard, hélas ! Son amie fixait l'endroit où le monstre avait explosé. Dans son regard se mêlaient une colère violente et une incompréhension troublante. La tempête faisait rage dans les pensées d'Athéa, c'était indubitable, et même s'il n'était pas en mesure de l'écouter, Andy savait lire mieux que personne dans les yeux de son amie. Quelque chose n'allait pas.
Visiblement, elle ne parvenait pas à identifier la source du problème.
Ils se retrouvèrent donc seuls, au milieu de la Place du Pape, plongés dans leurs interrogations respectives, l'un ne sachant que dire sur ce qu'il venait de découvrir, et l'autre, probablement torturée par des questions très importantes.
Bien qu'elle se soit révélée très efficace, Andy savait qu'Athéa ne pensait pas avoir un jour à faire ce genre de démonstration, sinon, pourquoi ne lui aurait-elle pas parlé de ses dons ?
Les choses se calmaient peu à peu dans la tête du jeune Empathe, et il commençait à considérer les choses sous un angle fort déplaisant, même s'il lui était impossible d'en faire abstraction.
Elle lui avait menti...
Pendant huit ans, elle avait été sa meilleure amie, sa confidente, il n'était jamais parvenu à lui mentir ni à lui cacher quoi que ce soit ! Elle l'avait sermonné, parfois pendant des heures, sur les bienfaits et la nécessité de l'honnêteté.
Des années passées à l'écouter, pour finalement découvrir qu'elle ne valait pas mieux que ceux qu'elle critiquait pourtant avec ferveur !
Qui était-elle, en fin de compte ? Était-ce pour cette raison qu'Andy ne parvenait pas à l'écouter ?
Le jeune homme se perdait dans ses propres pensées, allant jusqu'à se demander s'il la connaissait vraiment, s'il n'avait pas seulement été un lot de consolation quand la jeune femme avait besoin de compagnie.
Toutes ces questions, justifiées en apparence, lui paraissaient surréalistes ! Ils avaient passé tant de temps ensemble... En dépit de cela, cette femme, qu'il considérait comme sa meilleure amie, et plus proche, à ses yeux, d'une sœur, lui cachait non seulement son don le plus précieux, mais surtout et par conséquent, ce qu'elle était au plus profond d'elle-même. Non pas ses sentiments, ni même ses joies ou ses états d'âme, mais ce qu'elle était, dans l'intégralité de son être !
Il se sentait honteux, mais ne pouvait pas s'empêcher de la trouver injuste et ingrate.
— Ne me pose pas de questions, s'il te plaît... dit-elle.
Son ton avait l'air assuré et autoritaire, mais Andy y décela toute son appréhension... Comme toujours, elle avait fait l'impasse sur le moment présent et se préparait déjà à la suite. Elle savait dans quel état était Andy, avait conscience de sa colère, mais comprenait-elle à quel point il était désarmé et confus ? Le jeune homme n'en était pas sûr et, pour autant qu'il le sache, elle n'avait peut-être jamais envisagé de se retrouver dans une telle situation.
Et bien peu importait, pour Andy... Ce n'était que justice !
Il était temps de se mettre à table ! Comme il l'avait si souvent fait !
Pour toute réponse, il se contenta de hocher la tête. Elle détestait cela et ne voyait aucune réponse dans un simple signe physique. Mais Andy ne pouvait pas parler et prendre le risque de s'emporter. Il préférait l'écouter et savait qu'une longue discussion les attendait.
Il revoyait mentalement l'instant précis où, dans son rêve, les mots « pardonne-moi » avaient été prononcés...

Athéa avançait à un train d'enfer.
Ils avaient quitté la Place du Pape sur son ordre, et elle n'avait plus rien dit depuis sa requête. Andy lui aussi s'était tu. Que pouvait-il dire d'ailleurs ? Les réponses qu'il attendait étaient enfouies en elle et à moins de la torturer pour les avoir, le jeune Empathe n'avait pas d'autre choix que d'attendre.
Ils se dirigeaient vers l'appartement de son amie et Andy n'en était pas surpris. Athéa désirait être en sécurité, à l'abri des oreilles indiscrètes. Il savait sans avoir à le demander qu'il n'obtiendrait aucune réponse tant que son amie n'en avait pas pour ses propres interrogations. Ce qui allait se passer effrayait le jeune homme, et même s'il était déterminé à avoir une conversation sérieuse avec Athéa, l'idée de fuir avant d'en savoir trop le harcelait sans cesse.
Lorsqu'ils arrivèrent en bas de son appartement, il la suivit, fidèle comme une ombre, dans les escaliers qu'il avait si souvent gravis. Arrivé en haut, il manqua percuter son amie, qui le toisait depuis le palier.
— Ce qui va se passer va te paraître étrange, pour ne pas dire inconcevable, mais c’est très important ! Ne pose aucune question tant que je ne t'aurai pas autorisé à le faire et sois très prudent ! ordonna la jeune femme, un index accusateur pointé sur Andy, illustrant sa mine sombre et grave.
Andy répondit d'un simple hochement de tête, son seul désir étant de ne pas lui adresser la parole tant qu'elle ne se serait pas adressée à lui sur un ton plus courtois.
Ils entrèrent donc en silence dans son appartement, minés par une tension des plus palpable. Le jeune Empathe avait toujours été fasciné par les lieux, mais n'en était pas moins très à l'aise. C'était la première fois qu'il s'y sentait étranger... Pourtant, dans cette même entrée, il avait souvent attendu Athéa alors qu'elle cherchait ses clés, à la dernière minute, bien entendu. Sur la gauche de la porte se trouvait la pièce principale, dans laquelle le mobilier se distinguait par son « absence ».
Un grand canapé, revêtu de velours rouge, un énorme fauteuil tapissé de coton gris et une table basse se disputaient l'espace dans le coin salon, à proximité d'une fenêtre habillée d'un rideau de tulle bleue. En face, une télévision, ni trop grande, ni trop petite, trônait sur un meuble noir rempli de livres, de bibelots et de disques anciens. À côté, collée au bar, marquant la séparation avec la cuisine, une armoire énorme de chêne massif finement travaillé essayait de s'imposer dans ce mélange pour le moins étonnant de styles, de couleurs et de matières. La cuisine, quant à elle, était d'un blanc si aseptisé qu'on eut dit un laboratoire.
De l'autre coté, sur la droite de la porte d'entrée, un petit couloir donnait sur une chambre dans laquelle seul un lit, très imposant au demeurant, et une penderie cherchaient vainement à remplir l'espace de leur présence.
En face de la même porte, les toilettes et la salle de bain se partageaient un espace assez confortable, tous deux affublés d’un blanc immaculé, similaire à celui du coin repas.
Athéa vivait telle une spartiate, dans un monde où chacun se battait pour toujours plus de confort, ou en rêvait, du moins. La jeune femme, elle, ne se sentait bien que dans les espaces libres de toute pollution matérielle ou visuelle.
Les ampoules du plafond, dans la cuisine et le salon, étaient restées nues, diffusant une lumière froide et insipide semblable à celle de toutes les demeures de la Nation. Athéa avait une affection particulière pour les bougies. Si certaines avaient eu le privilège de brûler en certaines occasions, la plupart étaient uniquement décoratives.
Elle se dirigea vers la grande armoire en chêne, surprenant ainsi Andy. Athéa vivait dans cet appartement depuis près de quatre ans, et il ne l'avait jamais vue toucher à ce meuble. Il ne s'était d'ailleurs jamais enquis de son contenu. Il s'en moquait à vrai dire, et savait désormais que cette « planque » était détentrice des plus lourds secrets de son amie.
Elle ouvrit les deux battants de l'imposant bahut et une dizaine de bougies s'allumèrent aussitôt. Troublé, Andy fit un pas en arrière. À cet instant, l'atmosphère de la pièce se transforma. L'air vibrait d'énergie, ressentie par le jeune Empathe jusque dans ses entrailles, la lumière semblait vouloir s'éclipser et la chaleur jusque-là étouffante, devint douce et agréable. Son don réagissait étrangement à ces vibrations, comme il l’avait fait, plus tôt, sur la Place du Pape, sans qu’il s’en soit aperçu pour autant à ce moment-là.
La lumière finit par se noyer dans l’énergie, et seule la lueur des chandelles, vive et chatoyante, persista, apportant à la pièce une ambiance étrange, pleine de mystère.
— Rappelle-toi ce que je t'ai dit... lança la jeune femme, par-dessus son épaule.
Andy n'avait toujours pas envie de répondre et il le manifesta dans le silence le plus absolu. Un silence qui devint étrangement lourd, cela dit, sans que le jeune homme en comprenne la raison. Il décida de s'asseoir et attendit sagement la fin des festivités, mises en place par son amie.
Puis il observa, non sans intérêt, ce qu'elle entreprenait de faire. Alors que les bougies continuaient à brûler, Athéa saisit un bol dont Andy ne distinguait pas le contenu. Elle plongea sa main à l'intérieur pour en sortir un sable très fin, de couleur orange. Un orange éclatant, plein de vie, contrastant violemment avec la peau répugnante du monstre réduit à néant par la jeune femme.
Elle se mit ensuite à genoux, puis dessina un cercle à l'aide de ce sable, à même le sol, dans lequel elle traça une étoile à cinq branches parfaite. Au centre de cette étoile, avec une précision déconcertante, en considérant la matière utilisée, elle fit apparaître trois triangles qui se touchaient en leur sommet. Pour Andy, cela ressemblait au symbole de la radioactivité. Peut-être était-ce autre chose, mais il n'aurait su le dire.
Son œuvre terminée, elle baissa les paupières et se mit à psalmodier dans un langage inconnu du jeune homme, très différent de celui utilisé lors du dialogue avec le monstre, sur la Place. Le premier était extrêmement léger, plein de soupirs et d'assonances, à l'inverse du second, beaucoup plus gutturale...
L'air se mit à vibrer autour de la jeune femme et le sable brilla, d'abord faiblement, puis de plus en plus vivement. Les vagues d'énergies successives, frappant le jeune Empathe, même si elles étaient assez puissantes, n'avaient rien de désagréable. Andy les trouvait plutôt rassurantes, au contraire.
Éclairée d'un halo de lumière orangée fantomatique, la pièce semblait tourner sur elle-même, Andy en perdant toute notion de l'espace. Athéa, elle, semblait être dans un état de transe avancé, dégageant sans cesse une énergie insoupçonnable... Comment une femme si fragile, d'apparence, pouvait-elle avoir autant de pouvoir ? C'était insensé.
Elle finit par rouvrir les yeux et Andy ne fut pas surpris de les voir briller de cette même lueur parfaitement blanche. Ses cheveux, d'un noir très profond, contrastaient merveilleusement avec cette couleur à la pureté inégalable, dégagée par son regard. Soudain, il s'aperçut qu'Athéa devait être la plus belle femme qu'il lui eut été donné de croiser.
Les lèvres de la jeune femme s'entrouvrirent et, de cette voix puissante et vibrante, elle prononça un seul et unique mot, qui pourtant résonna longuement dans la tête du jeune homme.
— Hélât !
L'air vibra de plus belle et une sphère lumineuse se matérialisa, un mètre au dessus du symbole, toujours brillant, dessiné par Athéa.
Ce qui se produisit par la suite était incroyable. Un Être d'une beauté onirique se matérialisa dans la pièce, lévitant à quelques centimètres du sol, son regard vissé dans celui d’Athéa. Ses yeux étaient eux aussi entièrement blancs, mais n'émettaient aucune lumière. Ses cheveux, d'un blond solaire, flottaient dans les airs au rythme des vagues d'énergies encore dégagées par l'amie du jeune Empathe.
Il était entièrement vêtu d'une armure blanche dont certains détails étaient soulignés de vert émeraude. Chaque pièce de cet ouvrage brillait de mille feux et se colorait par endroits de reflets orangés, spectres du symbole au-dessus duquel cet Adonis aux traits finement ciselés flottait. Sa beauté était agressive, presque violente et chaque trait de son visage frappait Andy par sa perfection et sa pureté.
Si, d'aventure, on lui avait assuré qu'il était en présence d’un dieu, Andy n'aurait eu aucune difficulté à le croire.
Tout, chez cet homme, inspirait le respect, la déférence et l'admiration, mais aussi un soupçon de crainte. Andy se ressaisit rapidement et si ses yeux exprimaient encore sa stupéfaction, son visage se referma aussitôt. Il repensa instantanément à Jas et à la nuit passée dans ses bras. Ces deux hommes étaient aux antipodes d'un point de vue physique, mais avaient le même genre de beauté : celle qui vous coupe le souffle et vous renvoie à des instincts si primaires, que l'on en devient un prédateur affamé.
— Que puis-je pour vous, Prêtresse ?
Ce devait être lui qui venait de parler, mais par quel moyen ? Il n'avait pas bougé d'un pouce, ses lèvres ne faisant pas exception. Une bouche d'une beauté tentatrice, ce qui ne manqua pas d’échapper au jeune homme.
— Un Démon est apparu ici... Peux-tu me dire pourquoi ? demanda la Prêtresse...
Andy n'avait pas la moindre idée de ce que ce titre signifiait, mais un mot mit son esprit tout entier en alerte.
— Démon ??? s'écria-t-il, oubliant son obligation de silence.
Le sublime blond sembla ne s'apercevoir de la présence d'Andy qu'en cet instant, se détournant d’Athéa pour le regarder. Ses yeux s'écarquillèrent si grandement qu'Andy fût surpris de ne pas les voir bondir hors de leurs orbites. Sans que le jeune homme en comprenne la raison, l'homme se posa sur le sol, mit un genou à terre et baissa humblement la tête.
— Greid, ne fais pas ça ! ordonna Athéa.
— Nous devons le respect aux Empathes ! attesta la voix qui devait être celle de la créature.
— Voilà au moins quelqu'un qui me témoigne un peu de respect ! Je commençais à perdre espoir... railla le jeune homme en détournant la tête pour ne pas croiser le regard de son amie.
— Andy, par pitié... Ne commence pas ! Greid, lève-toi, s'il te plaît, et réponds-moi ! supplia la jeune femme.
Le blond se leva et fit de nouveau face à sa Prêtresse.
— De nombreux Démons traversent les murs, ces dernières semaines, Prêtresse. Mais nous ne savons pas comment ils procèdent. Les évènements sont hors de notre portée, j'en ai peur.
— Comment est-ce possible ? s'inquiéta la jeune femme, sincèrement surprise.
— En fait, ça ne devrait pas l'être. Mais toutes nos tentatives pour renforcer les murs ont échoué et le Grand Gardien était sur le point de m'envoyer vous prévenir.
— Me prévenir ?
— Des évènements en cours, Prêtresse. De la nécessité de votre mission, désormais ! Il m'a délivré un message, à votre attention...
— Lequel ?
Andy suivait la conversation sans réellement comprendre les mots prononcés en sa présence. À cette confusion s'ajoutait encore la beauté de la créature qui se tenait devant lui. Il venait à peine de remarquer l'émeraude énorme qui ornait la ceinture de son armure, sur son bas-ventre.
— Puis-je parler librement, Prêtresse ? Je n'étais pas informé de la présence de l'Empathe...
Andy se sentit d'autant plus mal à l'aise qu'il lui semblait évident de ne plus vraiment être le bienvenu en ces lieux. Il rougit si violemment qu'il sentit ses oreilles se réchauffer.
— Je m'en vais, ne vous... commença-t-il.
— Non ! l'interrompit son amie, sur le même ton autoritaire que les rares fois où elle s'était adressée à lui ces dernières minutes. Délivre-moi ton message, Greid. L'Empathe a le droit de l'entendre.
— Comme vous le désirez, Prêtresse. Dun'Am s'est éclairée la nuit dernière, vous n'avez plus le choix.
— Merci, Gardien ! Tu peux repartir dans ce cas, dit sereinement Athéa.
— Ce fut un plaisir...
— S'il te plaît ? lança Andy.
Les deux bavards rivèrent dans un bel ensemble leur regard en direction d'Andy, attendant ce qui suivrait, a priori. Ce dernier devait poser la question qui lui brûlait les lèvres, c'était essentiel.
— Depuis combien de temps les démons traversent-ils les... hum... les murs, c'est ça ?
— Cela fait approximativement trois semaines, Empathe. Pourquoi cette question ?
Andy n'eut pas l'occasion de répondre. Athéa lui coupant l'herbe sous le pied
— Tu... Tu penses que... non, tu n'es pas sérieux ? balbutia-t-elle
— Ce n'était qu'une question, Athéa ! mentit le jeune homme.
Cela dit, il venait d'obtenir sa réponse, attendue et crainte à la fois.
— Très bien, je te renvoie, Gardien, dit Athéa, en posant sa main à plat sur le torse de celui qu'elle avait qualifié de « Gardien ».
La créature disparut dans un éclair de lumière blanche aveuglante. Le silence suivant cette éclipse était atroce. Le monde semblait s’être vidé de chaque son, de chaque bruit et de chaque note. Puis tout revint. Andy fixa Athéa, et découvrit dans son regard une panique inconcevable.
Le doute n'existait plus. Une peur féroce et dévorante s'était emparée d’elle, de celles qui nous arrachent le cœur, s'en nourrissent et drainent lentement tout espoir de revenir un jour à la lumière. Pour la première fois depuis huit ans, l’amie d’Andy laissait apparaître une faille dans sa carapace d’ordinaire si solide.
Ce constat le fit frémir des pieds à la tête.

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Auteur Commentaire en débat
AntoneR
Posté le: 01-06-2012 15:46  Mis à jour: 01-06-2012 15:46
Plume d'Or
Inscrit le: 14-05-2012
De: Lyon
Contributions: 26
 Re: Renaissance Chapitre 4
Un travail de pro... wooow... J'en attendais pas tant, merci Loriane.

Je vais me pencher sur le problème que tu soulèves, car en effet, il y sans doute un effet de redite...

Merci, en tout cas, encore, et encore, et encore...

Je vais essayer de poster rapidement :)
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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