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Nouvelles : Au bord de ...
Publié par a-encre le 11-11-2015 19:00:00 ( 1116 lectures ) Articles du même auteur



Autour de l’étang, des voix. Un brouhaha léger comme un rideau de pluie. Les conversations des hommes. En petits groupes, alignés sur la rive. Bras croisés pour les uns, mains s’agitant pour d’autres. Les pliants ouverts, les seaux remplis d’appâts. A chacun sa recette, son dosage. A chacun ses explications.

Le bruit sourd des voix enfle et s’amenuise au gré du vent. Les férus de technique s’animent autour des bas de ligne, le diamètre des fils, comparent les moulinets. Ils ouvrent leurs boîtes où s’alignent des mouches multicolores, fabriquées de leurs mains, leur trésor. Des plumets rouges, mordorés, ocres, veinés de bleus et de noirs. Des nostalgiques évoquent les exploits passés, les belles prises et celles qui ont filé après des luttes légendaires. Ici, libre cours à l’imaginaire.

Les herbes folles aux pointes jaunies se balancent comme des danseuses, foulant à leurs pieds une musique sourde, échouée là, au cœur de la terre asséchée. Hier soir il est tombé trois gouttes, vite absorbées, évaporées. La nuit, dévoreuse de rêves.

Les hommes parlent, ils s’agitent, ils échangent sous l’abri ombragé d’une poignée d’arbres. Hochements de tête, sourires entendus. Ils ont chaud dans leurs équipements. On s’essuie le front, on réajuste la visière des casquettes.

Des histoires drôles ponctuent cet assemblage sérieux et vivant. A l’écart des groupes des odeurs de grillade se mêlent aux senteurs des plantes aromatiques. Lavande, romarin, saucisse et cotes de bœuf.

On attend, on tire sur le temps pour égrener les minutes, les heures. L’air est sec, la sueur coule, les paroles des hommes tombent.

Des voix s’élèvent, bousculant la douce torpeur où s’engourdissent les jours sans activités. Ce sont les voix de guetteurs, ceux qui savent avant tout le monde et d’où leur vient ce savoir ? « Les vannes ! Ils vont ouvrir les vannes ! » Des dizaines de lèvres reprennent le message, solitaires puis en chœur, la même délectation partagée « Ca y est, oui ! Ils vont les ouvrir. Les vannes ! »
Le même refrain, qui soulève un souffle d’impatience. Un cri, plus fort que les autres « Elles sont ouvertes, les vannes sont ouvertes ! L’eau va venir ! » Enfin.

Mais l’eau ne vient pas. L’eau précieuse n’est plus. Alors les mêmes, dépités, saisi d’un grand abattement. Il n’y a plus d’eau . Le constat est cruel, définitif.
« Il n’y a plus d’eau. L’eau a disparu. Nous n’avons plus d’eau ! » La même rengaine, il n’y a plus d’eau, il n’y a plus d’eau. La foule est choquée, abasourdie. Mais autant qu’hier et avant-hier. Ils viennent tous les jours et tous les jours le même spectacle désolant. A quelle malédiction espèrent-ils échapper ?

Plus d’eau, plus d’eau. Ici le bruissement des voix a remplacé celui de l’eau.

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.

Auteur Commentaire en débat
a-encre
Posté le: 30-11-2015 18:42  Mis à jour: 30-11-2015 18:42
Aspirant
Inscrit le: 07-05-2015
De: Eaubonne
Contributions: 40
 Re: Au bord de ...
Merci Coucous, merci Donald pour vos commentaires bienveillants et d'apprécier ce texte qui n'est qu'une goutte dans l'immensité.

A-encre
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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