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#4181 Re: Défi du 29 Novembre 2014- Arène Sanglante
Posté le : 30/11/2014 17:32
Après ce virage il apercevrait la villa de Don Alejandro. Il ne compris pas lorsqu'il vit cette tâche sombre se présenter devant ses phares. Une passe à droite sans succés... Les réflexes de l'arène... une passe à gauche... Tout à coup il se sentit flotter. Ca lui rappelait la première fois qu'il se fit encorner. Puis plus rien sauf le fracas contre la paroi de la montage...

"Il a vraiment pas eu de chance, El Rico." dit le pompier.
"Je comprends pas pourquoi, il n'a pas essayé de l'éviter, c'est vrai que la route est étroite, mais quand même" dit le policier.
"Il devait rouler trop vite" dit le pompier..."Tout ça à cause d'un taureau"...
Moi je me demande dit le Médecin appelé au chevet d'El Rico, comment il a fait pour se faire émasculer dans sa chute et qu'on retrouve ses parties génitales dans la gueule du taureau... Incroyable !!!" soutenait le médecin.

Le Policier se grattait la tête depuis un bon moment et pensa tout haut : "Bon c'est pas le tout... faut que j'annonce tout ça à la famille... Ses couilles dans la gueule du taureau!!! Comment je vais leur dire ça Moi...???
Elle n'avait pas eu le temps de réagir que déjà la voiture était sur El Diablo.
> L'homme au volant, elle ne le reconnu pas immédiatement trop occupée par son taureau...
> Le mettre à l'abri, le cacher pour le préserver de la boucherie de l'arène... La voiture vira à droite puis à gauche en emportant tout sur son passage...
> Tout. Tout ce qui comptait pour elle sur cette route : El Diablo..
> Quatre cents kilo d'affection, de chair et de muscles bondirent en l'air et disparurent dans le ravin abrupt ainsi que la voiture...
> Tout s'écroulait autour d'elle... En pure perte et par sa faute pensait-elle son taureau qui la suivait comme un caniche, s'écrasait dans le fond du ravin...
> Peut être n'était-il que blessé... Pas encore mort. Il fallait qu'elle sache. Rapide et legére elle descendit dans le fond du ravin... Elle trouva tout d'abord la voiture. Horreur... Que Dieu me pardonne El Fredérico... Elle continua sa descente et vit quelques mètres plus bas dans la lumières des phares son Diablo soufflottant par petites saccades... "Mon petit Diablo... J'ai fait tout ce que j'ai pu ... Pardonne moi" La bête sembla lui réponde par un râle. "Je vais te venger. Tu ne partiras pas au Paradis des Taureaux sans être vengé..." Elle se releva rapidement, ramassa un bout de tôle de la voiture qui dans le choc s'était découpé et d'un pas ferme et vengeur elle se dirigea vers El Frédérico qui semblait encore vivant. Elle lui parla doucement comme à une vielle personne malentande ou comme à un enfant à qui on fait la morale lorsqu'il a fait une bêtise : " Tu vois Frédérico d'habitude c'est toi qui coupe les oreilles et la queue du taureau !!! Aujourd'hui Dieu nous a envoyé un signe : C'est le taureau qui partira avec la queue du Torédor" D'un geste vif et sûre d'elle elle dégrafa le pantalon taché de sang de Frédérico qui gémissait de douleurs et sectionna les parties génitales comme le Toréador enfonce l'épée dans le coup du taureau pour la mise à mort. Sans le public pour crier Olé et applaudir...
>
> Le Policier marmmonait toujours en se dirigeant vers sa voiture " Mais comment... Mais comment"


#4182 Re: Défi du 29 Novembre 2014- Arène Sanglante
EXEM Posté le : 30/11/2014 17:31
@Arielleeff,
Absolument genial!!
La façon dont tu décris la dégradation physique du couple, et la fin déchirante est touchante en ce sens qu'on pourrait presque le toucher. Et sentir...
La chute m'a drôlement surprise, puis, je me suis dit :"C'est pourtant ce à quoi j'aurais dû m'attendre"
Après "l'amour du sang", c'est "le sang de l'amour" !
J'ai vraiment aimé. Merci.


#4183 Re: Défi du 29 Novembre 2014- Arène Sanglante
arielleffe Posté le : 30/11/2014 17:06
Pas mal Couscous ! Je n'avais pas pensé au point de vue du taureau ! Oeil pour oeil !

Voilà ma réponse :

A minuit moins cinq, Fédérico arrive chez Isabella. Le salon où elle l’accueille est éclairé par une multitude de bougies. Elle est magnifique dans sa robe à grandes fleurs rouges. Ses lèvres vermeilles semblent former un cœur quand elle lui dit :

- Tu es venu !

L’acte de vente d’El Diablo est sur le bureau. Une plume d’oie est posée à côté. Fédérico se précipite pour signer mais il n’y a pas d’encre.

- J’ai complètement oublié ce détail, comment faire ? Le bureau de mon père est fermé à clef…

- Le temps presse mon aimée.


Fédérico regarde sa montre, il semble que la trotteuse tourne à une allure infernale. Il commet alors un geste fou. Fédérico est courageux, il a combattu des dizaines de toros, Isabella le prend pour un être sanguinaire, il se rachètera et se purifiera grâce au sang versé pour son Amour. D’un geste il attrape un coupe-papier et s’entaille le poignet. De grosses gouttes s’échappent de ses veines. Il trempe la plume au premier coup de minuit et finit de signer avant que le douzième ne résonne. El Diablo est à lui, il échappe à la mort, et Fédérico renonce à sa passion, à sa vie. Il regarde Isabella qui est si jolie.

- J’ai renoncé à tout pour toi mon amour.

Isabella s’approche de lui et l’embrasse. Le jeune homme sait qu’elle est l’amour de sa vie, qu’il ne s’est pas trompé.

Les années passent et Fédérico aime toujours sa belle, par contre, il a perdu goût à la vie. Sa passion c’était la tauromachie, il ne se sent plus que la moitié d’un homme. Finis les honneurs, les acclamations de la foule, finis les habits de lumière. Fédérico est devenu un homme ordinaire. A quoi peut-il se mesurer maintenant ? Les combats lui permettaient de montrer sa puissance face à des bêtes sauvages. Il était fort, il était brillant. Il se sent vaincu, son énergie a disparu.

Isabella voit bien que quelque chose ne va pas. Ce qu’elle aimait chez Fédérico c’était sa prestance, le respect qu’il imposait même aux plus forts. Il était capable de vaincre le mal. Maintenant il se promène en jogging et regarde le foot à la télé en buvant des bières. Il a même vendu sa Porsche pour une Renault Laguna.

- Tu pourrais faire un effort, regarde, tu grossis.

C’est vrai qu’un petit ventre dépasse du Tee-shirt de Fédérico. Il a essayé de rentrer à nouveau dans son costume de torero, mais il a vite renoncé, même les mollets ne passent plus ! Il regarde la valise ou ses banderilles et son espada reposent tels des cadavres dans un cercueil.
Le pauvre garçon n’a plus d’énergie, il n’a même plus envie de plaire à Isabella. Il se rend compte qu’elle ne le regarde plus de la même façon. D’ailleurs elle aussi se néglige, après trois grossesses elle a pris trente kilos.

- Ce sont des kilos d’amour ! On ne peut pas être et avoir été. Les enfants déforment le corps des femmes, c’est ainsi.

Fédérico et sa femme ne font plus l’amour, ou alors très rarement, le weekend, s’ils ont bu un peu de vin de Madère. Les kilos d’amour qu’ils ont accumulés ne s’expriment que dans la graisse qui enrobe leur squelette vieillissant. Pourtant ils n’ont que trente ans…

Un jour, Fédérico part se promener. Il passe devant le champ où El Diablo se repose au milieu des vaches qu’il est chargé d’honorer pour partager ses gênes exceptionnels. Il regarde son maître d’un air bovin. Fédérico va jusqu’aux arènes de Séville, il entend les acclamations de la foule. Il passe devant la statue de Pepe Luis Vázquez, si élégant. Pourquoi a-t-il renoncé à tout ça ? Pour vivre une vie comme la sienne ? Pour n’être que l’ombre de lui-même ?

Fédérico sent la rage monter en lui. En rentrant, il voit Isabella qui revient du marché chargée de nombreux sacs. Elle est essoufflée, une odeur de sueur se dégage de son gros corps saucissonné dans une robe bon marché.

- J’ai rencontré la Señora Ramirez chez le boucher, elle…

Sa voix ressemble à un caquètement de poule. Elle est insupportable. Fédérico se bouche les oreilles. Il retrouve sa place favorite sur le canapé, une bière bien fraîche à la main. Sur l’écran, une corrida se déroule, le torero arrive, il semble frêle dans son habit blanc et or, mais il n’est que muscles et puissance. Le toro qu’il doit affronter est monstrueux, son pelage brille, son œil est assassin. Le Torero doit lui placer trois paires de banderilles pendant le tercero, il a choisi de ne pas être aidé par les peones. Il est applaudi à chaque succès, du sang coule sur le flanc de la bête, elle s’épuise. Le torero a une cape qu’il utilise tel un danseur pour tromper la vigilance de l’animal. Il virevolte sur cette scène ronde, sous un soleil de plomb. Après plusieurs heures d’un combat sans merci, le coup de grâce doit être donné. La bête est dominée par l’homme. Il a plusieurs fois risqué sa vie, évité les cornes meurtrières. Mais là, nous y sommes, il va la tuer, il sort son espada et l’enfonce exactement là où il l’a décidé. Le toro doit mourir vite et proprement, c’est un partenaire, un adversaire loyal. Une estime réciproque, un respect mutuel s’est construit entre ces deux êtres si différents. Le toro s’effondre lourdement, en poussant un cri déchirant. Fédérico Pérez de la Torre dit El Rico fait le tour de l’arène en saluant la foule. Isabella git au milieu du salon, une cape rouge à côté d’elle, du sang vermeil coule le long de son flanc.


#4184 Re: Les expressions
Loriane Posté le : 30/11/2014 11:27
« C'est plus fort que de jouer au bouchon »


C'est incroyable, très surprenant.


De quel bouchon s'agit-il ici ? Parce qu'en français, le mot bouchon a ou a eu plusieurs significations :
Parmi celles-ci, on trouve la paille qui sert à panser un cheval, le ballot de linge, la poignée de paille autrefois suspendue au-dessus de la porte des cabarets pour servir d'enseigne et qui, par extension, a servi à désigner les auberges, ce qui, pour certains, explique le nom des 'bouchons lyonnais', le flotteur de liège qui permet au pêcheur de savoir si un poisson a mordu, le cochonnet des joueurs de pétanque ou le bouchon qui permet de boucher les bouteilles de ce jus de raisin fermenté qu'on appelle du vin.
On a constaté l'existence de variantes diverses de cette expression à laquelle on a parfois rajouté des compléments farfelus comme "avec des pains à cacheter" ou "avec des boules de gomme dans un plat d'épinards".
D'après Duneton, on a également trouvé "c'est plus fort que de jouer au bouchon avec un noyau de cerise" dans une chanson d'Alexis Dalès en 1859.



#4185 Re: Défi du 29 Novembre 2014- Arène Sanglante
couscous Posté le : 30/11/2014 07:41
Je me suis inspirée de cette chanson :



http://m.youtube.com/watch?v=m1ET6SEtwbc


#4186 John Dickson Carr
Loriane Posté le : 29/11/2014 21:47
Le 30 novembre 1906 naît John Dickson Carr

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à Uniontown en Pennsylvanie et meurt le 27 Février 1977 à 70 ans à Charlottesville en Virginie écrivain américain de roman policier. Il écrit aussi sous les pseudos, Carter Dickson, Carr Dickson, Roger Fairbairn. Agatha Christie se disait presque toujours piégée par l'ingéniosité de ses intrigues.Il reçoit le grand prix de littérature policière en 1969, ses Œuvres principales sont Trois cercueils se refermeront en 1935, Arsenic et Boutons de manchette en 1936, La Chambre ardente en 1937, Le Naufragé du Titanic en 1938, La Flèche peinte en 1938
Influencé par G. K. Chesterton, il est l'auteur, sous son nom, ou sous celui de Carter Dickson, des romans policiers orientant le genre vers le fantastique la Maison de la peste, 1934 ; la Maison du bourreau, 1935 ; la Chambre ardente, 1937 ; le Sphinx endormi, 1947


Il met en scène deux personnages de détectives, le Dr Gideon Fell ou l'inspecteur Henry Merrivale. On lui doit aussi une biographie de Conan Doyle.
Admirateur de G. K. Chesterton et de Conan Doyle, John Dickson Carr publie la majeure partie de son œuvre sous son patronyme, mais utilise également les pseudonymes de Carter Dickson, notamment pour les aventures de Sir Henry Merrivale, de Carr Dickson pour le roman The Bowstring Murders 1934 et de Roger Fairbairn pour de Devil Kinsmere 1937, un roman dont, insatisfait, il donne une nouvelle version en 1964 sous le titre Le Grand Secret. En France, depuis les années 1980, les éditeurs n'emploient plus que sa véritable signature pour coiffer ses titres. Carr est également l'auteur de La Chambre ardente, célèbre énigme en chambre close, tout comme de Trois cercueils se refermeront.

En Bref

"Bien peu de romans policiers réussissent à me piéger, mais ceux de Mr. Carr y parviennent toujours". Bel hommage de la "reine du crime", Agatha Christie, à un écrivain qui connaissait alors dans les années 1930 son heure de gloire, avant d’être relégué au second plan par la vogue du roman noir au lendemain de la seconde guerre mondiale. Après quarante ans de purgatoire, John Dickson Carr revient ensuite sur le devant de la scène dans les années 1980, pour être enfin consacré comme un des maîtres du genre. Trop haut, trop vite ? En quelque sorte. John Dickson Carr est né le 30 novembre 1906 à Uniontown, en Pennsylvanie. Son père, de souche écossaise comme sa mère, est juriste, et allait bientôt entrer en politique en devenant membre du Congrès sous l’administration de Woodrow Wilson. A 8 ans, Carr débarque donc à Washington. C’est dans la bibliothèque paternelle qu’il découvre tout au long de son adolescence la littérature romanesque et policière qui le fascine : Alexandre Dumas, Robert Louis Stevenson, Conan Doyle et surtout Gilbert Keith Chesterton, le créateur du Père Brown. Il se passionne également pour Arsène Lupin et Rouletabille. Pour Carr, Le Mystère de la chambre jaune est d’ailleurs LE chef d’oeuvre du roman policier. Très vite, la petite tête est pleine d’histoires qui ne demande qu’à prendre forme. Son entrée au collège de Hareford en 1925 lui donne l’occasion de prendre la plume, en participant au magazine littéraire de l’établissement. Il en devient l’éditeur en 1926, et à la fin de l’année entre en scène son premier détective, le chef de la sûreté de Paris Henri Bencolin, dans la nouvelle L’Ombre du malin. Deux ans plus tard, John Dickson Carr est à Paris, où il doit entrer à La Sorbonne. Mais le bonhomme préfère découvrir la ville qu’user ses fonds de culotte sur les bancs universitaires. Il travaille alors à un premier court roman dont le héros est Bencolin. De retour aux Etats-Unis, il peaufine son histoire, la rallonge. C’est Le Marié perd la tête qui signe le début de sa longue carrière. Car le livre obtient un francs succès. Henri Bencolin reprend du service pour quatre nouvelles aventures jusqu’en 1937. Mais c’est avec un autre personnage que Carr affirme son talent : l’imposant Dr Gideon Fell, obèse amateur de bière et fumeur de pipe, inspiré de Chesterton, qui apparaît en 1933 dans Le Gouffre aux sorcières. Vingt trois romans suivront jusqu’en 1967. Mais Carr, alors installé à Londres depuis son mariage en 1931 avec la jeune anglaise Clarice Cleaves, n’est pas du genre à s’endormir sur ses lauriers. Dès 1934, il invente un nouveau personnage : Sir Henry Merrivale, chef des services secrets anglais. "H.M" est en fait le portrait craché de Mycroft Holmes, le frère de Sherlock. Mais progressivement, Carr cultive la ressemblance de son héros avec Winston Churchill, qu’un journaliste s’était amusé à souligner. Fell et Merrivale sont deux personnages fantasques, plus intuitif que déductif comme Sherlock, ce qui permet à Carr de mettre en avant un humour qui le distingue pour l’époque. Sir Henry sévit jusqu’en 1953, dans 22 romans en tout. Enfin, en 1938, arrive le dernier grand héros de Carr, le colonel March, animateur d’un curieux service de Scotland Yard, le Département des causes bizarres. March n’apparaît que dans 9 nouvelles, mais reste peut-être le plus célèbre des détectives dicksonien grâce à la série télévisée où il est incarné par le comédien Boris Karloff. Auteur prolifique, John Dickson Carr écrit également quelques romans historiques, plus de 80 pièces radiophoniques pour la BBC et CBS à partir des années 1940, et une monumentale biographie de Conan Doyle, La vie de Sir Arthur Conan Doyle, 1949, saluée par la critique. Après la guerre, sa production est moins intensive, et son succès nettement moindre. Le roman noir est à son zénith. John Dickson Carr ne goûte guère le genre, lui qui refuse le réalisme, en situant même la plupart de ses intrigues à la frontière du fantastique. Maître de l’énigme en chambre close, il dépasse cependant largement ce cadre étroit par son imagination, la luxuriance de ses personnages, ses atmosphères prenantes et son humour toujours brillant. Qualités qui lui vaudront son retour en grâce dans les années 1980, quelques années après sa mort le 27 février 1977.
Ses principaux ouvrages sont : Trois cerceuils se refermeront, Les meurtres de la licorne, La Maison du bourreau, La Chambre ardente, Le Lecteur est prévenu.

Sa vie

Fils d'un avocat spécialisé dans les affaires criminelles et politicien de l'état de Pennsylvanie, John Dickson Carr découvre dans la vaste bibliothèque de son père les auteurs qui vont marquer son écriture : Alexandre Dumas, Robert Louis Stevenson et Frank L. Baum. Il a huit ans quand ses parents s'installent à Washington. Grâce à l'appui d'un ami de la famille, le journaliste William O'Neil Kennedy, il fait paraître à quatorze ans ses premiers comptes rendus de manifestations sportives ou de procès criminels dans le Daily News Standard, un quotidien de sa ville natale. Pendant cette période, il s'intéresse aussi à de célèbres affaires des annales judiciaires d'Amérique et d'Europe. Il écrit une première nouvelle policière à l'âge de quinze ans. Plusieurs autres récits criminels et quelques poèmes paraîtront dans le journal de son établissement scolaire.

Après ses études au Haverford College, au demeurant peu brillantes en mathématiques et sciences, mais remarquables en histoire et littérature, il est envoyé pour une année à Paris en 1928, sous prétexte de compléter ses études. Carr est fasciné par la capitale française depuis qu'il connaît les enquêtes du Chevalier Dupin d'Edgar Poe et qu'il a découvert, quelques années plus tôt, les aventures d'Arsène Lupin de Maurice Leblanc. À la même époque, il se passionne aussi pour les aventures de Sherlock Holmes et du Père Brown, de même que pour les textes de Jacques Futrelle, mais surtout pour les exploits de Joseph Rouletabille, notamment Le Mystère de la chambre jaune, ce roman de Gaston Leroux qu'il considèrera toute sa vie comme le chef-d'œuvre incontesté du roman policier. Pendant son séjour à Paris, le jeune écrivain, qui a déjà publié quelques nouvelles policières dans le journal de son collège The Haverfordian, fréquente, médusé, le théâtre d'horreur du Grand-Guignol et transpose son expérience dans une novella court roman qui sert de base à son premier roman Le marié perd la tête. En effet, de retour en Amérique en 1930, il se rend chez un oncle de Pittsburg pour s'atteler à l'écriture de ce premier roman d'énigme, où apparaît l'enquêteur français Henri Bencolin déjà présent dans quatre nouvelles insérées, à partir de décembre 1926, dans le journal du Haverford College. 15 000 exemplaires de ce coup d'essai sont écoulés en une semaine et ce succès inattendu conforte le jeune homme dans sa volonté de devenir un auteur de roman policier. Pour l'heure, la jolie somme qui lui échoit lui permet de s'offrir un deuxième séjour en France, en compagnie cette fois de son ami O'Neil Kennedy. Lors de la traversée du retour, à bord de paquebot Pennland, il rencontre sa future femme, Clarice Cleaves, une jeune Anglaise de Bristol. Le mariage est célébré en 1931. Le couple élit domicile en Amérique, mais à la suggestion de Clarice, s'installe en Angleterre dès 1933, d'abord dans les environs de Bristol, puis dans la capitale britannique à partir de 1937. John Dickson Carr est déjà à cette époque un prolifique auteur de fictions policières aux intrigues se déroulant dans le cadre de la campagne anglaise, des grands propriétés terriennes et de petits villages verdoyants, nichés au creux des vallons ex.: Le Naufragé du Titanic, Les Yeux en bandoulière, bien que certains récits prennent naissance au cœur du Londres métropolitain, ex.: Le Chapelier fou, Trois cercueils se refermeront et, plus rarement, aux États-Unis ex.: La Chambre ardente.
En 1936, après six années de carrière, Carr a déjà publié dix-sept romans, dont plusieurs, encensés par la critique, rencontrent un égal succès des deux côtés de l'Atlantique. Aussi est-il le premier écrivain américain, cette année-là, à être invité au Detection Club, une association britannique d'auteurs de roman policier qui compte notamment dans ses rangs Agatha Christie, Dorothy L. Sayers, Anthony Berkeley, R. Austin Freeman, John Rhode, Freeman Wills Crofts, et dont le président est G. K. Chesterton. Carr sera pendant plus de dix ans le secrétaire honoraire de cette prestigieuse institution qui n'accueillera dans toute son histoire qu'un seul autre membre étranger, l'américaine Patricia Highsmith en 1975.
Même si la Seconde Guerre mondiale le frappe de plein fouet, Carr continue de publier à un rythme soutenu. Pourtant, sa maison de Londres est bombardée, de même que l'hôtel où il trouve ensuite refuge, tout comme l'est également le cottage de ses beaux-parents à Bristol où sa femme s'installe avec leurs derniers meubles. Ces circonstances précaires n'empêchent pas l'écrivain de rédiger, à l'invitation de la BBC, plusieurs feuilletons policiers pour la radio et de collaborer à des émissions de propagande. Au printemps de 1942, il rentre en Amérique pour se mettre à la disposition des autorités après l'attaque de Pearl Harbor et l'entrée en guerre des États-Unis. Il devient alors l'un des principaux auteurs de la nouvelle série radiophonique Suspense, diffusée par la CBS pour laquelle il rédige une vingtaine de scripts. Carr reprend ensuite ces pièces radiophoniques et en écrit une dizaine de plus pour la série radiophonique britannique Appointment with Fear. Après la guerre, pour une autre série radiophonique intitulée Cabin B-13, d'après le titre d'une de ses pièces, Carr donne une quinzaine de textes supplémentaires. La série est diffusée de juillet 1948 à janvier 1949 sur les ondes de CBS5. À la même époque, Carr obtient des héritiers d'Arthur Conan Doyle l'autorisation d'écrire la biographie du créateur de Sherlock Holmes. Il a collecté d'innombrables documents et reçu plusieurs témoignages, lu toute la correspondance du romancier et a pu consulté à loisir les archives familiales mises à sa disposition par le plus jeune fils de l'écrician, Adrian, dont il était devenu l'ami en 1943 à la suite d'une rencontre dans les couloirs de la BBC. Avec Adrian, il conçoit également, Les Exploits de Sherlock Holmes, une série de nouvelles prolongeant les aventures du célèbre limier de Baker Street.

Alors que sa réputation d'écrivain est à son faîte, Carr retourne en Amérique en 1948, d'abord pour un bref séjour, puis, à la fin des années 1950, il rentre définitivement dans son pays natal. À ce tournant de sa carrière, il délaisse un peu le roman d'énigme classique au profit du roman policier historique, les deux genres se partageant dès lors les parutions qui s'espacent avec les années. Dès février 1949, l'association des Mystery Writers of America lui propose la présidence de leur association et lui décerne un prix Edgar-Allan-Poe pour sa biographie de Conan Doyle. La même association l'honore à nouveau en 1962 par la remis d'un Grand Master Award pour l'ensemble de son œuvre.En 1963, dans une petite ville de l'état de New York, où il réside, l'écrivain est victime d'une crise cardiaque qui le laisse paralysé du côté gauche. Il n'en continue pas moins d'écrire encore des romans, et même, à partir de 1969, de rédiger une chronique mensuelle dans le Ellery Queen's Mystery Magazine. Dans les années 1970, il déménage en Caroline du Sud, où il meurt d'un cancer du poumon en 1977.

Situation et composantes de l'œuvre

Carr appartient à l'école classique, dite du whodunit, tout comme Agatha Christie, Margery Allingham, Rex Stout ou Ellery Queen. Son œuvre, qui couvre quatre décennies du premier roman, Le marié perd la tête It Walks By Night, publié en 1930, au dernier, Les Nouveaux Mystères d'Udolpho The Hungry Goblin, paru en 1972. Le tout compte 72 romans, 47 nouvelles, 92 pièces radiophoniques, 4 pièces pour la scène et la biographie de Sir Arthur Conan Doyle susmentionnée. Carr a également fait paraître des articles et critiques concernant la littérature policière.
Le thème dominant en est le crime impossible, dont Carr a exploré toutes les variantes possibles et imaginables, de la classique chambre close à l'assassin invisible, en passant par le meurtre commis sur une plage vierge de toute empreinte ou au sommet d'une tour inaccessible. Le modèle du genre est pour lui Le Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux qu'il a cherché à surpasser en élaborant un grand nombre de romans reprenant ce motif dont les solutions s'avèrent tout aussi renouvelées qu'implacablement logiques.
Pour lui, le mystère est souvent l'occasion de suggérer une hypothèse surnaturelle et de donner à ses intrigues une coloration fantastique, même si l'explication finale demeure inévitablement rationnelle. La Chambre ardente 1937 demeure l'exception à cette règle et s'avère, peut-être pour cette raison même, son livre le plus connu. Ce roman a été adapté au cinéma par Julien Duvivier en 1962.

Pour résoudre ses intrigues tortueuses à souhait, Carr crée pendant sa carrière quatre limiers plus grands que nature :
Henri Bencolin apparaît dans les nouvelles de jeunesse de l'auteur, ainsi que dans cinq de ses premiers romans. Juge d'instruction parisien dont le physique comme la morale ne sont pas sans évoquer Méphistophélès, il dénoue des énigmes parmi les plus proches du fantastique, voire de l'horreur pure que Carr ait écrites. Atmosphère poisseuse, personnages dégénérés, meurtres sanglants sont les ingrédients courants de cette série.
Le Dr Gideon Fell, calqué sur l'écrivain anglais et idole de Carr G. K. Chesterton, apparaît pour la première fois en 1933 dans Le Gouffre aux sorcières. Obèse au point de se déplacer avec une ou plusieurs cannes, perpétuellement échevelé et pourvu d'une moustache de brigand, c'est un bon vivant, plaisamment excentrique et grand amateur de bière. Certains des livres où il mène l'enquête sont considérés par les amateurs comme les plus grandes réussites de l'auteur, notamment Trois cercueils se refermeront, consacré en 1981 meilleur roman de chambre close de tous les temps par un panel d'experts américains.
Sir Henry Merrivale, surnommé parfois H. M, Her Majesty, est, quant à lui, inspiré à la fois de Winston Churchill et de Mycroft Holmes, le frère de Sherlock, en hommage à Conan Doyle10. Obèse tout comme Gideon Fell, Henry Merrivale est toutefois, à l'image de son modèle, beaucoup plus actif et humoristique. Indifférent aux règles et aux normes sociales, en guerre permanente contre l'establishment auquel pourtant il appartient, il est toujours prêt à râler ou à dire quelques obscénités. Il n'en est pas moins doté d'un intellect aussi affûté qu'une lame de rasoir. D'abord assez macabres, ses aventures évoluèrent progressivement vers le slapstick.
Le colonel Perceval March, enfin, n'apparaît que dans une poignée de nouvelles. Il dirige à Scotland Yard un Service des Causes Bizarres, le D-5, chargé de tous les cas de crimes impossibles. Boris Karloff lui prêta ses traits dans une série télévisée britannique de 26 épisodes : Les Aventures du colonel March 1954 - 1956.
Hormis La Chambre ardente, un seul autre roman de Carr, Un coup sur la tabatière, a été porté à l'écran sous le titre That Woman Opposite 1957 par Compton Bennett avec Phyllis Kirk, Dan O'Herlihy et Petula Clark. Toutefois, nombre de ses romans et nouvelles, et même sa pièce radiophonique Cabine B-13, sont devenus des téléfilms ou des épisodes de séries policières.
En France, la collection Le Masque a publié, traduit ou réédité la quasi-totalité des romans de John Dickson Carr de la fin des années 1980 au début des années 2000. En outre, 7 volumes omnibus regroupant près de la moitié de la production de l'auteur sont parus chez cet éditeur entre octobre 1991 et juin 2003. De 2006 à 2009, les Éditions L'Atalante ont publié l'intégrale en 4 volumes des pièces radiophoniques de Carr, sous la houlette de Roland Lacourbe. Parmi les derniers romans de Carr traduit en français, on dénombre En dépit du tonnerre, Paris, Rivages/Mystère, 1987, et Les Nouveaux Mystères d'Udolpho, Paris, Rivages/Noir, 2010. En date d'avril 2014, exception faite de l'étude historique The Murder of Sir Edmund Godfrey, le roman The Ghost's High Noon demeure le seul inédit en France.

Œuvre
Romans et recueils de nouvelles de John Dickson Carr

Titre français Année de parution française
et éventuelle dernière réédition Type Éventuel héros détective Année de publication Titre britannique Éventuel titre américain
Le marié perd la tête Le Masque no 1802, 1985 roman policier Henri Bencolin 1930 It Walks by Night
La Mort sous un crâne Le Masque no 2065, 1991 roman policier Henri Bencolin 1931Castle Skull
Le Secret du gibet L'Empreinte no 10, 1932
Le Masque no 2016, 1990 roman policier Henri Bencolin 1932 The Lost Gallows
La Main de marbre Le Masque no 268, 1939 - 1995 roman policier Patrick Rossiter 1932 Poison in Jest
Clés d'argent et Figures de cire Le Masque no 639, 1959 - 1994 roman policier Henri Bencolin 1932 The Corpse in the Waxworks The Waxworks Murder
Le Gouffre aux sorcières Le Masque no 1944, 1989 roman policier Dr Gideon Fell 1933 Hag's Nook
Le Chapelier fou Le Masque no 2108, 1992 roman policier Dr Gideon Fell 1933 The Mad Hatter Mystery
Le Huit d'épées Le Masque no 2172, 1994 roman policier Dr Gideon Fell 1934 The Eight of Swords
Le Barbier aveugle Le Masque no 2113, 1993 roman policier Dr Gideon Fell 1934 The Blind Barber
Les Meurtres de Bowstring L'Énigme, 1948
Le Masque no 1954, 1989 roman policier historique John Gaunt 1934 The Bowstring Murders
La Maison de la peste L'Énigme, 1949
Le Masque no 2087, 1992 roman policier Sir Henry Merrivale 1934 The Plague Court Murders
La Mort dans le miroir /
autrefois titré : S.M. intervient Détective-club Suisse no 8, 1945
Le Masque no 2096, 1992 roman policier Sir Henry Merrivale 1934 The White Priory Murders
L'Arme à gauche Le Masque no 2159, 1994 roman policier Dr Gideon Fell 1935 Death-Watch
Trois cercueils se refermeront Le Masque no 1923, 1988
Le Club des Masques no 606, 1991 roman policier Dr Gideon Fell 1935 The Hollow Man The Three Coffins
La Maison du bourreau L'Empreinte no 97, 1936
Le Masque no 1863 1986 roman policier Sir Henry Merrivale 1935 The Red Widow Murders
Les Meurtres de la licorne Le Masque no 2041, 1991 roman policier Sir Henry Merrivale 1935 The Unicorn Murders
Le Meurtre des Mille et Une Nuits Le Masque no 1960, 1989 roman policier Dr Gideon Fell 1936 The Arabian Nights Murder
inédit en français étude historique d'un meurtre de 1678 1936 The Murder of Sir Edmund Godfrey
Arsenic et Boutons de manchette L'Énigme, 1947
Le Masque no 1976, 1989
Le Club des Masques no 626, 1993 roman policier Sir Henry Merrivale 1936 The Punch and Judy Murders The Magic Lantern Murders
La police est invitée L'Empreinte no 144, 1938
Le Masque no 1946, 1989
Le Club des Masques no 634, 1994 roman policier Sir Henry Merrivale 1937 The Ten Teacups The Peacock Feather Murders
Feu sur le juge ! Le Yard no 43, 1952
Le Masque no 2129, 1993 roman policier fondé sur une pièce radiophonique Commissaire-adjoint Marquis 1937 The Third Bullet
La Chambre ardente L'Empreinte police no 23, 1948
Le Masque no 1986, 1990
Masque poche no 35, 2014 roman policier fantastique Gaudan Cross 1937 The Burning Court
Le Retour de Bencolin Le Masque no 1957, 1989 roman policier Henri Bencolin 1938 The Four False Weapons
À réveiller les morts Le Masque no 1973, 1989 roman policier Dr Gideon Fell 1938 To Wake the Dead
Le Naufragé du Titanic L'Empreinte no 174, 1939
Le Masque no 1891, 1987 roman policier Dr Gideon Fell 1938 The Crooked Hinge
La Flèche peinte Loisirs-Police, 1941
Le Masque no 1934, 1988 roman policier Sir Henry Merrivale 1938 The Judas Window The Crossbow Murders
Ils étaient quatre à table Détective-club Suisse
no 11, 1945
Le Masque no 2024, 1990 roman policier Sir Henry Merrivale 1938 Death in Five Boxes
Les Yeux en bandoulière J'ai lu policier no 69, 1968
Le Masque no 1843, 1986
Le Club des Masques no 607, 1991 roman policier Dr Gideon Fell 1939 The Black Spectacles The Problem of the Green Capsule
Meurtre après la pluie Détective-club Suisse
no 24, 1947
Le Masque no 1906, 1987 roman policier Dr Gideon Fell 1939 The Problem of the Wire Cage
Mort dans l'ascenseur
(en collaboration avec John Rhode Le Limier no 39, 1951
Masque no 1950, 1989
Le Club des Masques no 627, 1993 roman policier Inspecteur Hornbeam et
Dr Horatio Glass 1939 Drop to his Death Fatal Descent
Le lecteur est prévenu L'Empreinte no 182, 1940
Le Masque no 1940, 1988
Le Club des Masques no 617, 1992 roman policier Sir Henry Merrivale 1939 The Reader is Warned
Service des affaires inclassables Le Masque no 1919, 1988 nouvelles policières Colonel Perceval March 1940 The Department of Queer Complaints
Un fantôme peut en cacher un autre Le Masque no 1898, 1987 roman policier Dr Gideon Fell 1940 The Man Who Could Not Shudder
Eh bien, tuez maintenant ! Le Masque no 1968, 1989 roman policier Sir Henry Merrivale1940 An So to Murder
Impossible n'est pas anglais/
autrefois titré : Le fantôme frappe trois coups Un mystère no 534, 1960
Le Masque no 1274, 1973 - 1986
Le Club des Masques no 423, 1980 roman policier Sir Henry Merrivale 1940 Murder in the Submarine Zone Nine and Death makes Ten / Murder in the Atlantic
Suicide à l'écossaise Détective-club Suisse
no 13, 1946
Le Masque no 1735, 1984
Le Club des Masques no 635, 1994 roman policier Dr Gideon Fell 1941 The Case of the Constant Suicides
On n'en croit pas ses yeux Détective-club Suisse no 15, 1946
Le Masque no 1799, 1985
Le Club des Masques no 619, 1992 roman policier Sir Henry Merrivale 1941 Seeing is Believing Cross of Murder
Le juge Ireton est accusé Détective-club Suisse
no 1, 1945
Le Masque no 1794, 1985 roman policier Dr Gideon Fell 1942 The Seat of the Scornful Death Turns the Tables
Un coup sur la tabatière Détective-club Suisse
no 5, 1946
Le Masque no 2033, 1991 roman policier Dr Dermot Kinross 1942 The Emperor's Snuffbox
L'Homme en or L'Énigme, 1947
Le Masque no 1917, 1988
Le Club des Masques no 628, 1993 roman policier Sir Henry Merrivale 1942 The Gilded Man The Dead and the Gilded Man
Je préfère mourir Détective-club Suisse no 19, 1946
Le Masque no 1883, 1987 roman policier Sir Henry Merrivale 1943 She Died a Lady
À la vie, à la mort Le Cercle rouge, 1946
Le Masque no 2027, 1990 roman policier Dr Gideon Fell 1944 Till Death Do Us Part
Il n'aurait pas tué Patience Le Cercle rouge, 1946
Le Masque no 2007, 1990 roman policier Sir Henry Merrivale 1944 He Wouldn't Kill Patience
L'habit fait le moine Détective-club Suisse no 23, 1947
Le Masque no 2018, 1990 roman policier fondé sur une pièce radiophonique Sir Henry Merrivale 1945 The Lord of Sorcerers The Curse of the Bronze Lamp
Celui qui murmure Détective-club Suisse
no 28, 1947
Le Masque no 2012, 1990 roman policier Dr Gideon Fell 1946 He Who Whispers
La Maison de la terreur L'Énigme, 1948
Le Masque no 1910, 1988
Le Club des Masques no 605, 1991 roman policier Sir Henry Merrivale 1946 My Late Wives
Le Sphinx endormi Détective-club Suisse no 35, 1947
Le Masque no 1785, 1985
Le Club des Masques no 604, 1991 roman policier Dr Gideon Fell 1947 The Sleeping Sphinx
Le Squelette dans l'horloge Fleuve noir LP no 12, 1983
Le Masque no 2104, 1992 roman policier Sir Henry Merrivale 1948 The Skeleton in the Clock
Satan vaut bien une messe J'ai lu policier no 80, 1968
Le Masque no 1850, 1986 roman policier Dr Gideon Fell / Patrick Butler 1949 Below Suspicion
Passe-passe Le Masque no 719, 1961 - 1989 roman policier Sir Henry Merrivale 1949 A Graveyard to Let
La Vie de Sir Arthur Conan Doyle Robert Laffont, 1958 biographie 1949 The Life of Sir Arthur Conan Doyle
La Fiancée du pendu Le Masque no 2078, 1992 roman policier historique 1950 The Bride of Newgate
La Nuit de la Veuve ricanante Sinfonia, 1987
Le Masque no 2348, 1997 roman policier Sir Henry Merrivale 1950 Night at the Mocking Widow
Le Diable de velours Le Masque no 2258, 1996 roman policier fantastique et historique 1951 The Devil in Velvet
Les Neuf Mauvaises Réponses Éditeurs français réunis, 1964
Le Masque no 2056, 1991 roman policier Bill Dawson 1952 The Nine Wrong Answers
Les Exploits de Sherlock Holmes
en collaboration avec Adrian Conan Doyle Robert Laffont, 1958
Le Livre de poche no 2423, 1968
in Sherlock Holmes, vol. 2, Robert Laffont, Bouquins, 1979 nouvelles policières Sherlock Holmes 1952 The Exploits of Sherlock Holmes
Le Rideau cramoisi Le Masque no 2403, 1998 roman policier Sir Henry Merrivale 1952 Behind the Crimson Blind
Le Fantôme du cavalier Le Masque no 2125, 1993 roman policier Sir Henry Merrivale 1953 The Cavalier's Cup
Capitaine Coupe-Gorge Le Masque no 2001, 1990 roman policier historique 1954 Captain Cut-Troath
Patrick Butler à la barre Le Masque no 1926, 1988
Le Club des Masques no 636, 1994 roman policier Patrick Butler 1956 Patrick Butler for the Defense
À chacun sa peur Le Masque no 2268, 1996 roman policier fantastique et historique 1956 Fear is the same
Hier, vous tuerez J'ai lu policier no 95, 1969
Le Masque no 1991, 1990 roman policier fantastique et historique Superintendant John Cheviot 1957 Fire, Burn!
Le mort frappe à la porte /
autrefois titré : Qui a peur de Charles Dickens ? J'ai lu policier no 99, 1969
Le Masque no 2005, 1990 roman policier historique Dr Gideon Fell 1958 The Dead Man's Knock
La Mort en pantalon rouge Le Masque no 1876, 1987
Le Club des Masques no 618, 1992 roman policier historique 1959 Scandal at High Chimneys: A Victorian Melodrama
En dépit du tonnerre Rivages/Mystère no 5, 1987 roman policier Dr Gideon Fell 1960 In Spite of Thunder
La Sorcière du Jusant Le Masque no 2210, 1995 roman policier historique 1961 The Witch of the Low Tide: An Edwardian Melodrama
Les Démoniaques Red Label no 13, 1978
Le Masque no 2045, 1991 roman policier historique 1962 The Demoniacs
(inédit en français sous cette forme nouvelles policières Fell/Merrivale/March 1964 The Men Who Explained Miracles
Le Grand Secret Le Masque no 2318, 1997
Labyrinthes no 95, 2001 roman policier historique 1964 Most Secret
Le Spectre au masque de soie Le Masque no 2427, 1999 roman policier Dr Gideon Fell 1965 The House at Satan's Elbow
Panique dans la baignoire Le Masque no 2221, 1995 roman policier Dr Gideon Fell 1966 Panic in Box C
Lune sombre Red Label no 16, 1978
Le Masque no 1979, 1989 roman policier Dr Gideon Fell 1967 Dark of the Moon
Papa là-bas Le Masque no 2141, 1993 roman policier historique 1968 Papa La-Bas
inédit en français roman policier historique 1970 The Ghost's High Noon
Le Manoir de la mort Le Masque no 2053, 1991 roman policier historique 1971 Deadly Hall
Les Nouveaux Mystères d'Udolpho Rivages/Noir no 758, 2010 roman policier historique Wilkie Collins 1972 The Hungry Goblin: A Victorian Detective Novel
Grand Guignol Le Masque no 2250, 1995 nouvelles policières Henri Bencolin 1980 The Door Doom and Other Detections
reprise partielle de ce recueil en français

Nouvelles isolées de la série Henri Bencolin

The Shadow of the Goat 1926
Publié en français sous le titre L'Ombre du malin, dans Vingt mystères de chambres closes, Paris, Terrain Vague/Losfeld, 1988 ; réédition dans Grand Guignol, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2250, 1995
The Fourth Suspect 1927
Publié en français sous le titre Le Quatrième Suspect, dans Grand Guignol, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2250, 1995
The Ends of Justice 1927
Publié en français sous le titre Justice aveugle, dans Grand Guignol, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2250, 1995
The Murder in Number Four 1928
Publié en français sous le titre Le Mystère du compartiment quatre, dans Les Détectives de l'impossible, Paris, Terrain Vague/Losfeld, 1991 ; réédition dans Grand Guignol, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2250, 1995
Grand Guignol 1929, longue nouvelle ou court roman
Publié en français sous le titre Grand Guignol, dans Grand Guignol, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2250, 1995

Nouvelles isolées de la série Gideon Fell

The Wrong Problem 1936
Publié en français sous le titre L'À-côté de la question, Paris, Opta, Mystère magazine no 3, mars 1948 ; réédition dans le recueil Feu sur le juge !, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2129, 1993 ; réédition dans John Dickson Carr Tome 6, Librairie des Champ-Élysées, coll. Intégrales du Masque, 1999
The Proverbial Murderer ou The Proverbial Murder 1940
Publié en français sous le titre Tragédies et Proverbes, Paris, Opta, Mystère Magazine no 2, février 1948 ; réédition, Paris, Opta, L'Anthologie du Mystère no 6, mars 1965 ; réédition dans le recueil Feu sur le juge !, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2129, 1993 ; réédition dans John Dickson Carr Tome 6, Librairie des Champ-Élysées, coll. Intégrales du Masque, 1999
The Locked Room 1940
Publié en français sous le titre Le Bureau fermé, Paris, Opta, Mystère Magazine no 4, avril 1948 ; réédition, Paris, Opta, L'Anthologie du Mystère no 3, 1963 ; réédition dans Les Chefs-d'oeuvre du crime, Bruxelles, Gérard Marabout Géant no 254, 1966 ; réédition, Paris, Opta, L'Anthologie du Mystère no 17, 1973 ; réédition dans Le Masque vous donne de ses nouvelles, Paris, Librairie des Champ-Élysées, Le Masque, 1989 ; réédition dans Le Récit policier II, Paris, Nathan, 1994 ; réédition dans John Dickson Carr Tome 6, Librairie des Champ-Élysées, coll. Intégrales du Masque, 1999
The Incautious Burglar ou A Guest in the House 1940
Publié en français sous le titre Le Cambrioleur imprudent, Paris, Opta, Mystère Magazine no 124, septembre 1971 ; réédition dans le recueil Feu sur le juge !, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2129, 1993 ; réédition dans John Dickson Carr Tome 6, Librairie des Champ-Élysées, coll. Intégrales du Masque, 1999
Death by Invisible Hands ou King Arthur's Chair 1949
Publié en français sous le titre La Mort par des mains invisibles, Paris, Opta, Mystère Magazine no 126, juillet 1958 ; réédition dans le recueil Feu sur le juge !, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2129, 1993 ; réédition dans John Dickson Carr Tome 6, Librairie des Champ-Élysées, coll. Intégrales du Masque, 1999

Nouvelles isolées de la série Henry Merrivale

The House of Goblin Wood 1947, nouvelle mettant en scène Sir Henry Merrivale
Publié en français sous le titre La Maison de Goblin Wood, dans Ellery Queen présente 14 histoires de meurtres, Paris, Chanteclerc, 1979 ; réédition dans Les Meilleures Histoires de chambres closes, Paris, Minerve, 1985
Ministry of Miracles ou ou The Man Who Explained Miracles ou All in a Maze 1956, longue nouvelle ou court roman
Publié en français sous le titre L'Homme qui expliquait les miracles, dans le recueil L'Homme qui expliquait les miracles, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2183, 1994

Autres nouvelles isolées

As Drink the Dead... 1926, nouvelle historique
The Red Heels 1926, nouvelle historique
The Dim Queen 1926, nouvelle historique
The Blue Garden 1926, nouvelle historique
The Devil-Gun 1926
The Inn in the Seven Swords 1927, nouvelle historique
Publié en français sous le titre À l'Auberge des Sept Épées, dans le recueil L'Homme qui expliquait les miracles, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2183, 1994
The Deficiency Expert 1927
The Dark Banner 1928
The Man Who Was Dead 1935
The Door to Doom 1935
Publié en français sous le titre Aux portes de l'épouvante, Paris, Polar no 6, octobre 1979 ; réédition dans L'Homme qui expliquait les miracles, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2183, 1994
Terror's Dark Tower 1935
Publié en français sous le titre La Tour de la terreur, dans Vingt-cinq histoires de chambres closes, Nantes, L'Atalante, « Bibliothèque de l'évasion », 1997
Harem-Scarem 1939, nouvelle historique
The Diamond Pentacle 1939
Publié en français sous le titre Le Pentacle de diamants, dans le recueil L'Homme qui expliquait les miracles, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2183, 1994
Strictly Diplomatic 1939
Publié en français sous le titre Immunité diplomatique, Paris, Opta, Mystère Magazine no 8, août 1948 ; réédition, Paris, Opta, L'Anthologie du Mystère no 1, 1961 ; réédition dans le recueil L'Homme qui expliquait les miracles, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2183, 1994
The Clue of the Red Wig 1940
Publié en français sous le titre L'Affaire de la perruque rousse, Paris, Opta, Mystère Magazine no 42, juillet 1951 ; réédition dans le recueil L'Homme qui expliquait les miracles, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2183, 1994
The Gentleman from Paris 1950
Publié en français sous le titre Le Testament perdu, Paris, Opta, Mystère Magazine no 69, octobre 1953 ; réédition dans le recueil L'Homme qui expliquait les miracles, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2183, 1994
Publié en français dans une autre traduction sous le titre Un gentilhomme de Paris, Paris, Opta, Mystère Magazine no 265, mars 1970
Publié en français dans une autre traduction sous le titre Le Gentleman de Londres, dans Petits Crimes du temps jadis, Paris, Éditions du Masque, 2001
The Black Cabinet 1951
Publié en français sous le titre Le Mouchard, Paris, Fayard, Le Saint détective magazine no 33, novembre 1957 ; réédition dans le recueil L'Homme qui expliquait les miracles, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2183, 1994
Detective's Day Off 1957
Stand and Deliver! 1973

Pièces radiophoniques

Cabin B-13 1943
Publié en français sous le titre Le Mari fantôme, dans le recueil L'Homme qui expliquait les miracles, Paris, Librairie des Champs-Élysées, Le Masque no 2183, 1994
Les titres ci-dessous ont été traduits dans l'intégrale des pièces radiophoniques, Rendez-vous avec la peur, vol.1, traduction de Danièle Grivel, publiée chez L'Atalante en 2006 :
Who Killed Matthew Corbin? 1939, traduit sous le titre Qui a peur de Matthew Corbin ?
The Black Minute 1940, traduit sous le titre La Mort dans les ténèbres
The Devil in the Summer-House 1940, traduit sous le titre Le Diable dans le pavillon
The Hangman Won't Wait 1943, traduit sous le titre Le bourreau n'attendra pas
The Dead Sleep Lightly 1943, traduit sous le titre Les morts ont le sommeil léger

Prix et distinctions

Edgar du Grand Maître Grand Master Award 1963 pour l'ensemble de sa carrière, décerné par les Mystery Writers of America
Grand prix de littérature policière 1969 du meilleur roman policier étranger pour Hier vous tuerez

Adaptations Au cinéma

1951 : The Man with a Cloak de Fletcher Markle , d'après la nouvelle Le Gentleman de Londres.
1953 : Meurtre à bord Dangerous Crossing de Joseph M. Newman, d'après la pièce radiophonique Cabine B-13.
1957 : That Woman Opposite de Compton Bennett, d'après le roman Un coup sur la tabatière.
1962 : La Chambre ardente de Julien Duvivier, d'après le roman homonyme.

À la télévision

1952 : The Devil in Velvet, téléfilm américain réalisé par Paul Nickell, d'après le roman Le Diable de velours.
1956 : Les Aventures du colonel March ou Colonel March, série britannique de 26 épisodes de 26 minutes, d'après les nouvelles mettant en scène Perceval March, avec Boris Karloff dans le rôle-titre.
1956 : Till Death Do Us Part, adaptation du roman À la vie, à la mort pour un épisode de la série télévisée américaine General Motors Presents saison 1, épisode 32, avec Corinne Conley et Patrick Macnee.
1960 : The Burning Court, épisode de série américaine Dow Great Mysteries, avec Barbara Bel Geddes et George C. Scott, d'après La Chambre ardente.
1961 : Los Suicidios constantes, téléfilm argentin, d'après Suicide à l'écossaise.
1964 : The Judas Window, épisode 5, saison 1, réalisé par Edgar Wreford pour la série britannique Detective, d'après le roman La Flèche peinte.
1969 : And So to Murder, épisode 5, saison 1, réalisé par Douglas Camfield pour la série britannique Detective, d'après le roman Eh bien, tuez maintenant !.
1979 : La Dama Dei Veleni, mini-série italienne réalisée par Silverio Blasi, d'après La Chambre ardente.
1979 : Morte a Passo di Valzer, mini-série italienne réalisée par Giovanni Fago, d'après le roman Hier, vous tuerez.
1981 : Tri Colpi di fucile, adaptation du roman À la vie, à la mort pour un épisode réalisé par Umberto Ciapetti de la série italienne Programa a Cura di ida Crimi.
1982 : L'Occhio di Guida, adaptation du roman La Flèche peinte pour un épisode réalisé par Umberto Ciapetti de la série italienne Programa a Cura di ida Crimi.
1983 : Mano no naka no satsujin, téléfilm japonais réalisé par Yoshio Inoue, d'après le roman Un coup sur la tabatière.
1989 : Les Yeux en bandoulière, épisode de la série franco-belge Le Masque réalisé par Patrick Guinard, d'après le roman homonyme.
1992 : Treacherous Crossing, téléfilm réalisé par Tony Wharmby, d'après la pièce radiophonique La Cabine B-13, avec Lindsa
Liens
http://youtu.be/2IyZTKIns9Y Suspense (Anglais)



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#4187 William Bouguereau
Loriane Posté le : 29/11/2014 21:45
Le 30 novembre 1825 à La Rochelle naît William Bouguereau

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de son nom Adolphe-William ou William-Adolphe Bouguereau, mort le 19 août 1905, à 79 ans dans la même ville, peintre français représentatif de la peinture académique.Il reçoit sa formation à l'école des beaux-arts de Paris, où il a pour maître François-Edouard Picot et pour élèves Elizabeth Jane Gardner Bouguereau, Gustave Doyen et Guillaume Seignac, il appartient au mouvement

artistique Peinture académique, il a pour mécènes Paul Durand-Ruel, il est influencé par Ingres. Ilm reçoit pour récompense le second Prix de Rome en 1848, le premier Prix de Rome en 1850, et il est Grand officier de la Légion d'honneur. Ses Œuvres les plus réputées sont Zénobie retrouvée par les bergers sur les bords de l'Araxe, La naissance de Vénus.
Grand prix de Rome en 1850, académiste épris de Raphaël, il fut une gloire officielle sous le second Empire et au début de la IIIe République
Son acte de naissance indique Adolphe Williams Bouguereau, mais la dénomination d'usage est celle de la signature de ses tableaux, William Bouguereau.

En bref

Par sa formation et surtout par les étapes de sa carrière soigneusement franchies, William Bouguereau appartient à la peinture académique française qui a eu droit à tous les triomphes officiels comme au mépris et à l'oubli des historiens de l'art moderne. Après un apprentissage à l'école des Beaux-Arts de Bordeaux, le jeune peintre originaire de La Rochelle est admis à Paris dans l'atelier de Picot 1846, un des hauts lieux de l'enseignement académique où métier et carrière se préparent. Le prix de Rome, remporté en 1850, lui vaut l'indispensable séjour italien qui semble l'orienter vers les sujets historiques et religieux. Dès son retour en France, ses compositions sont remarquées et achetées par l'État ou par des collectionneurs étrangers. À la célébrité s'ajoutent les récompenses : accès à l'Institut, médailles obtenues lors des expositions, Légion d'honneur, véritable cursus honorum des arts qui consacre le talent et confère au peintre un rôle de conscience et de censeur sur l'ensemble de la production artistique soumise aux jurys dont il fait partie. Rendant, au Salon de 1877, un pédant hommage à Ingres avec sa Vierge consolatrice, il tente d'intégrer le goût néo-byzantin proche des décorations réalisées pour des églises parisiennes, Sainte-Clotilde, Saint-Augustin. On critique sa technique froide, son sentiment est pincé, sa matière picturale est trop fine, trop léchée. Pourtant l'aspect de ses esquisses est beaucoup plus personnel, avec des coups de brosse fluides et des couleurs franches rappelant une certaine fougue romantique. Mais, lors de l'exécution du tableau, on applique les recettes de l'art officiel qui rendent le modelé plat, l'expression rigide, la touche pauvre, glacée par un vernis brillant. Substance des formes et lumière disparaissent dans une sorte de peinture gazeuse comme l'écrit Huysmans. Au demeurant, l'invention est médiocre et les figures se répètent : la plupart du temps des nus aux rondeurs bourgeoises ; vers 1900, remarque Pierre Francastel, c'est Bouguereau qui donnait le frisson, qui émoustillait le bon public. Ses défauts sont ceux de la peinture académique. Ce producteur fécond pour clientèle de riches amateurs a dominé avec d'autres peintres — comme Cabanel — l'art officiel des dernières années du siècle, au moment où luttent pour s'affirmer des artistes comme Manet ou les impressionnistes, porteurs d'une autre conception de l'art. On oublie moins aujourd'hui les peintres académiques qui ont cru transmettre — à l'exemple de Bouguereau — une vision picturale immuable au moyen d'une facture laborieuse.

Sa vie

Il est le fils d'un négociant en vins de Bordeaux et sa famille, de confession catholique, a des origines anglaises.
Il apprend le dessin à l'école municipale de dessins et de peintures de Bordeaux. En 1846, il entre aux Beaux-arts de Paris dans l'atelier de François-Édouard Picot sur la recommandation de J. P. Allaux. Il remporte le second prix de Rome ex æquo avec Gustave Boulanger pour sa peinture Saint Pierre après sa délivrance de prison vient retrouver les fidèles chez Marie 1848.
Il remporte le Premier Prix de Rome en 1850 avec Zénobie retrouvée par les bergers sur les bords de l'Araxe.
En 1866, le marchand de tableaux Paul Durand-Ruel s'occupe de sa carrière et permet à l'artiste de vendre plusieurs toiles à des clients privés. Il a ainsi énormément de succès auprès des acheteurs américains, au point qu'en 1878 lors de la première rétrospective de sa peinture pour l'exposition internationale de Paris, l'État ne peut rassembler que douze œuvres, le reste de sa production étant localisée aux États-Unis. Il passe aussi un contrat avec la maison d'édition Goupil pour la commercialisation de reproductions en gravure de ses œuvres.
Professeur en 1888 à l'école des beaux-arts de Paris et à l’Académie Julian, ses peintures de genre, réalistes ou sur des thèmes mythologiques sont exposées annuellement au Salon de Paris pendant toute la durée de sa carrière. Il travaille aussi à de grands travaux de décoration, notamment pour l'hôtel de Jean-François Bartholoni, et fait aussi le plafond du Grand-Théâtre de Bordeaux.
En 1876, il devient membre de l'Académie des beaux-arts, mais l'année suivante est marquée par des deuils successifs, d'abord deux de ses enfants et ensuite son épouse décèdent.
En 1885, il est élu président de la Fondation Taylor, fonction qu'il occupera jusqu'à la fin de sa vie. Il obtient la médaille d'honneur au Salon.
À un âge assez avancé, Bouguereau épouse, en deuxièmes noces, une de ses élèves, le peintre Elizabeth Jane Gardner. Le peintre use également de son influence pour permettre l'accès des femmes à beaucoup d'institutions artistiques en France.

Il meurt en 1905 à La Rochelle.

Un peintre de la femme

Ses tableaux sur la mythologie grecque foisonnent et renvoient aux thèmes déjà repris par la Première Renaissance et le néo-classicisme, périodes qui ont influencé sa peinture, il a notamment abondamment traité des sujets allégoriques. De nombreuses scènes idylliques, champêtres et bucoliques constituent son répertoire.
Ce travailleur opiniâtre obtint un immense succès en France et en Amérique avec ses nus féminins et les compositions mythologiques qui leur servent de prétexte Flore et Zéphyr, 1875, musée de Mulhouse. Si certains sont réalistes jusqu'à la minutie, mièvres ou même ridicules, d'autres, par contre, atteignent par leur matière vitrifiée et leur délicatesse de tons à une poésie suave la Naissance de Vénus, 1879, Paris, Orsay. Les tableaux religieux de Bourguereau, essais de synthèse entre la Renaissance italienne, l'art byzantin et le Préraphaélisme anglais, Mater afflictorum, 1877, musée de Strasbourg, témoignent de son souci de perfection graphique, de sa facture soignée et de la sincérité de son inspiration Regina angelorum, 1900, Paris, Petit Palais. Les décorations murales qu'il exécuta à la cathédrale de La Rochelle et à Paris pour Sainte-Clotilde, Saint-Augustin ou Saint-Vincent-de-Paul, bien qu'habilement composées, sont plus lourdes et ternes. Membre de l'Institut en 1881, il joua, avec Cabanel, un rôle primordial dans la direction du Salon officiel et, très intransigeant lors de l'intervention du jury au Salon, soutint le rejet systématique de Manet et des Impressionnistes. Il devait être le premier artiste " pompier " français à qui fut consacrée une exposition personnelle Paris, gal. Breteau. Il a depuis été très largement étudié surtout aux États-Unis expositions à New York, Detroit et San Francisco, 1974-75, puis Paris, Montréal et Harford en 1984-85.

Un bon nombre de ses tableaux illustrent également les thèmes des liens familiaux et de l'enfance.

Entre toutes ses peintures, son thème de prédilection revient à l'image de la femme. Avec Cabanel, Gervex et Gérome son nom est associé au genre du nu académique. Sa Naissance de Vénus est emblématique, d'une peinture sensuelle profondément influencée par les vénus d'Ingres. C'est avec ce genre qu'il connaîtra le plus de succès mais rencontrera aussi le plus de critiques. À cause de la texture lisse et minutieuse de sa peinture, Joris-Karl Huysmans dira à son encontre : Ce n'est même plus de la porcelaine, c'est du léché flasque!. Le peintre impressionniste Edgar Degas invente le verbe bouguereauter pour désigner ironiquement l'action de fondre et de lisser le rendu pictural de cette manière.

Après le deuil qu'il subit en 1877 il se tourne vers une peinture à thème religieux et délaisse les thèmes en rapport avec l'Antiquité de ses débuts.

Postérité

Déconsidéré en Europe peu après sa mort et jusque vers la fin du XXe siècle, son œuvre y est redécouverte tardivement. De son vivant, les toiles de Bouguereau sont très recherchées par de riches Américains qui les achètent à des prix élevés, de sorte qu'une grande partie de ses œuvres a quitté la France.
Dans le contexte du xxe siècle, où l'influence du modernisme grandit en histoire de l'art pour en devenir finalement le courant officiel, l'art académique se trouva discrédité, dévalué, sévèrement critiqué par une pensée moderniste favorable à l'art d'avant-garde et mis à l'index. Les artistes académiques comme Bouguereau connurent alors une dévaluation très significative. Pendant des décennies, le nom du peintre a même fréquemment disparu des encyclopédies généralistes et des enseignements artistiques ou fut simplement mentionné comme celui d'un exemple à ne pas suivre, objet de moqueries souvent appuyées sur des citations de Zola ou de Huysmans et entaché par des rumeurs diffamantes. On reprocha au peintre sa participation aux jurys des Salons officiels de peinture du XIXe siècle qui étaient majoritairement opposés à l'admission des œuvres relevant des mouvements modernes de la peinture Cézanne surnommait le Salon Salon de Bouguereau .
À partir des années cinquante, Salvador Dalí manifeste son admiration pour l'art de Bouguereau, qu'il oppose à Picasso, et contribue à sa redécouverte. Dans Les cocus du vieil art moderne, Salvador Dali écrit : Picasso qui a peur de tout, fabriquait du laid par peur de Bouguereau. Mais, lui, à la différence des autres, en fabriquait exprès, cocufiant ainsi ces critiques dithyrambiques qui prétendaient retrouver la beauté.

Depuis l'exposition rétrospective de ses œuvres organisée au Petit Palais à Paris en 1984, la réputation de Bouguereau s'est progressivement améliorée, sur fond de controverse entre partisans et opposants au retour en grâce de la peinture académique. Ainsi, à l'ouverture du musée d'Orsay, à Paris en 1986, l'exposition d'œuvres académiques est sévèrement critiquée par une majorité de critiques d'art. En 2001, Fred Ross, président du Art Renewal Center qui promeut la réhabilitation de Bouguereau, fustige ce qu'il estime être une propagande du modernisme ayant conduit, selon lui, au système de pensée le plus oppressif et restrictif de toute l'histoire de l'art. Il édite un catalogue raisonné de l'œuvre peint de Bouguereau écrit par Damien Bartoli.
En 2006-2007 a lieu au Philbrook Museum of Art une exposition consacrée au peintre et à ses élèves américains. La cote élevée de ses peintures témoigne du regain d'intérêt des collectionneurs d'art pour son œuvre et du goût du public pour ses peintures dans les musées.

Œuvres dans les collections publiques peintures de William Bouguereau

Flore et Zéphyr, 1875, musée des beaux-arts de Mulhouse.

France

Égalité, 1848, musée d'Orsay, Paris.
Dante et Virgile, 1850, musée d'Orsay, Paris.
La Danse, 1856, musée d'Orsay, Paris.
Vierge consolatrice, 1875, Musée des Beaux-Arts, Strasbourg.
Flore et Zéphyr, 1875, Musée des Beaux-Arts, Mulhouse.
La naissance de Vénus, 1879, musée d'Orsay, Paris.
Compassion, 1897, musée d'Orsay, Paris.
L'Assaut, 1898, musée d'Orsay, Paris.
Les Oréades, 1902, musée d'Orsay, Paris.
Vierge aux anges, 1900, Petit Palais, Paris.
Le Jour des morts, 1859, musée des beaux-arts, Bordeaux.
Bacchante jouant avec une chèvre, 1862, musée des beaux-arts, Bordeaux.
Une Âme au Ciel, 1878, Musée d'Art et d'Archéologie du Périgord, Périgueux.
Flagellation de Notre Seigneur Jésus-Christ, 1880, musée des beaux-arts de La Rochelle en dépôt à la Cathédrale Saint-Louis de La Rochelle.
L'Océanide, 1904, musée des beaux-arts de La Rochelle.
Étude de tête femme, vers 1894, musée d'Évreux

Argentine

Premier Deuil, 1888, musée national des beaux-arts, Buenos Aires

Canada

Parure des champs, 1884, musée des beaux-arts de Montréal, Québec

Cuba

Le Crépuscule, 1882, National Museum of Art, La Havane

Espagne

Baigneuse, 1870, musée Gala-Salvador Dali
Après le Bain, 1875, Museo Teatro Salvador Dali, Figueiras

États-Unis

L'Art et la Littérature, 1867, Arnot Art Museum, New York
Amour Fraternel, 1851, Museum of Fine Arts, Boston
La Bataille des Centaures et des Lapithes, 1853, Virginia Museum of Fine Arts, Richmond
Le Printemps, 1866, Joslyn Art Museum, Omaha, Nebraska
Premières Caresses, 1866, Lyndhurst, National Trust for Historic Preservation, New York
L'art et la Litterature, 1867, Arnot Art Museum, New York
La Tricoteuse, 1869, Joslyn Art Museum in Omaha, Nebraska
La Sœur aînée, 1869, musée des beaux-arts de Houston
Homère et son guide, 1874, Milwaukee Art Museum, Milwaukee
La Charité, 1878, Smith College Museum of Art, Massachusetts
Jeune fille se défendant contre Éros, 1880, Getty Center, Los Angeles, Californie
Les Noisettes, 1882, Detroit Institute of Arts, Detroit
Enfant au Bain, 1886, Henry Art Gallery, University of Washington
Les Petites Mendiantes, 1890|, Syracuse University of Art Gallery
Fille, 1895, Carnegie Institute Museum of Art, Pittsburgh
L'admiration, 1897, Museum of Art, San Antonio, Texas
Inspiration, 1898, Columbus Museum of Art, Columbus, Ohio
Idylle Enfantine, 1900, Denver Art Museum, Colorado
Jeune Prêtresse, 1902, Memorial Art Gallery of the University of Rochester

Grande-Bretagne

Famille Indigente, 1865, Birmingham Museum and Art Gallery, Birmingham

Inde

Biblis, 1884, Salar Jung Museum

Œuvres
Prix, récompenses

1848, second prix de Rome pour Saint Pierre après sa délivrance de prison, vient retrouver les fidèles chez Marie .
1850, premier grand prix de Rome pour Zenobie retrouvée par les bergers sur les bords de l'Araxe .

Élèves

Henri Beau 1863-1949
William Barbotin
Henri Biva 1848-1928, à l'Académie Julian
Paul Chabas
Louis-Joseph-Raphaël Collin 1850-1916
François-Alfred Delobbe
Louis-Marie Désiré-Lucas
Théophile Deyrolle1844-1923
Jean de Francqueville
Gabriel Guérin 1869-1916
Émile Jourdan 1860-1931
Charles Amable Lenoir
Georges Meunier
Jules Ronsin 1867-1937
Lucien Simon 1861-1945 de 1880 à 1883
Émile Vernon
Émilie Desjeux

Liens

http://youtu.be/tPCnyYCB8_s Diaporama La pudibonderie américaine est effroyable (ce lien était bloqué il faut donner son âge !!!, pas de corps nus, par contre des gens qui se dégomment à coup de mitraillettes pas de problèmes !!!!
http://youtu.be/hpchE6ZrvNI Diaporama
http://youtu.be/ImDLYChb_Tg diaporama musical
http://youtu.be/eMmoayz4wDg diaporama
http://www.ina.fr/video/SXC02008782/a ... -a-la-peinture-video.html William Bouguereau



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#4188 sergueï Liapounov
Loriane Posté le : 29/11/2014 21:44
Le 30 novembre 1859 à Iaroslavl naît Sergueï Mikhaïlovitch Liapounov

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en russe : Сергей Михайлович Ляпунов est un compositeur russe, mort, à 64 ans, le 8 novembre 1924 à Paris, pianiste, il est formé au conservatoire de moscou, il a pou maîtres Karl Klindworth et Sergueï Taneïev, il est le frère du mathématicien Alexandre Liapounov

Sa vie

Après la mort de son père, l'astronome Mikhail Vassilievitch Liapounov, à Iaroslavl alors qu'il n'a que huit ans, Sergueï va vivre à Nijni Novgorod avec sa mère, Sofia Aleksandrovna Shilipova, son frère aîné Alexandre, futur grand mathématicien, et son frère cadet Boris. Sur les recommandations de Nikolaï Rubinstein, directeur du conservatoire de Moscou, Sergueï s'y inscrit en 1878. Ses principaux professeurs sont Karl Klindworth pour le piano et Sergueï Taneïev pour la composition.

Le musicien

En 1883, il rencontre le compositeur Mili Balakirev qu'il rejoint à Saint-Pétersbourg en 1885. Balakirev, lui-même originaire de Nijni Novgorod, prend le jeune pianiste-compositeur sous son aile et l'accompagne dans ses premières compositions aussi attentivement qu'il le fait avec les membres de son cercle, qui a succédé au fameux Groupe des Cinq. Liapounov est engagé comme directeur musical assistant à la Chapelle Impériale, puis accède au rang de professeur au Conservatoire de Saint-Pétersbourg en 1911. Après la Révolution, il émigre à Paris en 1923 et dirige une école de musique pour émigrés russes, mais meurt d'une attaque cardiaque peu de temps après.
Liapounov est issu d'une génération intermédiaire entre d'un côté le Groupe des Cinq et Tchaïkovski, et de l'autre côté des compositeurs comme Scriabine, Stravinsky, Prokofiev ou Chostakovitch. Avec Alexandre Glazounov et Anton Arenski, il reste bien moins connu que le néo romantique Sergueï Rachmaninov de dix ans son cadet.
Lui-même pianiste virtuose, comme Balakirev son mentor, Liapounov s'est illustré dans des œuvres pour cet instrument, avec ou sans orchestre. Il a également composé des chansons avec accompagnement au piano. Son œuvre la plus célèbre, écrite à la mémoire de Liszt, est Douze études d'exécution transcendante.

Liapounov est enterré à Paris, au Cimetière des Batignolles 24e division.

Famille

Il est aussi le frère du Mathématicien et physicien russe, membre de l'Académie des sciences Alexandre Liapounov. Celui-ci après des études à l'université de Saint-Pétersbourg, est assistant puis professeur à l'université de Kharkov. En 1902, il est nommé professeur à l'université de Saint-Pétersbourg.
Élève de P. L. Tchebychev, c'est le représentant le plus remarquable de l'école mathématique fondée par celui-ci. Il a créé une théorie moderne rigoureuse de la stabilité et du mouvement des systèmes mécaniques déterminés par un nombre fini de paramètres. Du point de vue mathématique, ce problème se ramène à l'étude du comportement limite des solutions d'un système d'équations différentielles ordinaires quand la variable indépendante tend vers l'infini. La stabilité était définie par Liapounov par rapport aux perturbations des données initiales du système. Avant Liapounov, les problèmes de stabilité étaient habituellement résolus en linéarisant les équations différentielles et en négligeant tout ce qui était d'ordre supérieur. Le mérite essentiel de Liapounov, dans sa thèse qui reste fondamentale, est d'avoir élaboré une méthode générale pour la solution des problèmes de stabilité. Dans cet ouvrage 1892, il donne une définition rigoureuse des notions fondamentales de cette théorie, sépare les cas où peut s'appliquer l'approximation du premier ordre de quelques cas importants, analysés en détail, où elle ne peut s'appliquer.
Il établit une série de résultats importants, relatifs à la stabilité : existence de solutions périodiques d'une certaine base de systèmes d'équations différentielles non linéaires et constructions de telles solutions ; étude qualitative du comportement des courbes intégrales des équations du mouvement au voisinage de la position d'équilibre.
Liapounov a étudié également les figures d'équilibre d'un fluide homogène ou légèrement hétérogène en rotation et dont les particules s'attirent selon la loi de gravitation. Il a établi l'existence de figures elliptiques seule hypothèse reconnue précédemment et découvert aussi celle de figures non elliptiques mais proches de celles-ci. Il a étudié alors la stabilité de ces figures d'équilibre dans le cas d'un liquide homogène.
En physique mathématique, Liapounov s'est intéressé au problème de Dirichlet, où sa contribution essentielle concerne le potentiel de double couche ou de dipôles et le comportement des dérivées de la solution près de la surface limite. Il démontre le premier la symétrie de la fonction de Green, qui intervient dans la solution.
En théorie des probabilités, Liapounov propose une nouvelle méthode de recherche, celle des fonctions caractéristiques. Il généralise les résultats de P. L. Tchebychev et de A. A. Markov et démontre le théorème central limite pour des conditions plus générales.

Son œuvre

Œuvres avec numéro d'opus
Trois Morceaux, op. 1 pour piano
Ballade, op. 2 - Ouverture symphonique 1883; rév. 1894-1896
Rêverie du soir, op. 3 pour piano 1880, rév. 1903
Concerto pour piano no 1 en mi bémol mineur, op. 4 1890
Impromptu en la bémol majeur, op. 5
Sept Préludes, op. 6 pour piano 1895
Ouverture solennelle sur des thèmes russes, op. 7 1886, créée le 6 mai 1886 à Saint-Pétersbourg
Nocturne en ré bémol, op. 8 pour piano
Deux Mazurkas, op. 9 pour piano : no 1 en fa dièse mineur, no 2 en ré bémol majeur
Trente Chants populaires russes, op. 10
Douze Études d'exécution transcendante pour le piano, op. 11 1900-1905
Berceuse en fa dièse majeur
Ronde des fantômes en ré dièse mineur
Carillon en si majeur
Terek "Le fleuve Terek" en sol dièse mineur
Nuit d'été en mi majeur
Tempête en ut dièse mineur
Idylle en la majeur
Chant épique en fa dièse mineur
Harpes Éoliennes en ré majeur
Lezghinka en si mineur
Ronde des sylphes en sol majeur
Elégie en mémoire de François Liszt en mi mineur
Symphonie no 1 en si mineur, op. 12 1887, créée le 23 avril 1888 à Saint-Pétersbourg
Trente-cinq Chansons populaires russes, op. 13 1897
Quatre Chansons, op. 14
Chansons russes, op. 15 1900
Polonaise, op. 16 pour orchestre 1902
Mazurka no 3 en mi bémol mineur, op. 17 pour piano
Novelette, op. 18 pour piano
Mazurka no 4 en la bémol majeur, op. 19 pour piano
Valse pensive en ré bémol majeur, op. 20 pour piano
Mazurka no 5 en si bémol mineur, op. 21 pour piano
Chant du crépuscule, op. 22 pour piano
Valse-Impromptu no 1 en ré majeur, op. 23 pour piano
Mazurka no 6 en sol majeur, op. 24 pour piano
Tarentelle en si bémol mineur, op. 25 pour piano
Chant d'automne en fa dièse mineur op. 26 pour piano 1906
Sonate pour piano en fa mineur, op. 27 1906-1908
Rhapsodie sur des thèmes ukrainiens, pour piano et orchestre op. 28 1907, créée le 23 mars 1908 à Berlin)
Valse-Impromptu no 2 en sol bémol majeur, op. 29 pour piano
Quatre Chansons, op. 30
Mazurka no 7 en sol dièse mineur, op. 31 pour piano
Quatre Chansons, op. 32
Deux pièces pour piano d'après Rouslan et Ludmila de Glinka, op. 33
Humoresque, op. 34 pour piano
Divertissements, op. 35 Huit morceaux pour piano
Mazurka no 8 en sol mineur, op. 36 pour piano 1909
Żelazowa Wola - Poème symphonique, op. 37 1909
Concerto pour piano no 2 en mi majeur, op. 38 1909
Trois Chansons, op. 39
Trois Morceaux de moyenne difficulté op. 40 pour piano 1910 : no 1 Prélude, no 2 Elégie, no 3 Humoresque
Fêtes de Noël Svyatki, op. 41 [pour piano] 1910
Trois Chansons, op. 42 1910-11
Sept Chansons, op. 43 1911
Trois Chansons, op. 44 1911
Scherzo, op. 45 pour piano
Barcarolle en sol dièse mineur, op. 46 pour piano 1911
Cinq Quatuors vocaux pour voix d'hommes op. 47
Cinq Quatuors vocaux pour voix d'hommes op. 48 1912
Variations sur un thème russe en ré dièse mineur op. 49 pour piano 1912
Quatre Chansons, op. 50 1912
Quatre Chansons, op. 51 1912
Quatre Chansons, op. 52 1912
Hashish - Poème symphonique, op. 53 1913
Prélude Pastoral en la bémol majeur, op. 54 pour orgue 1913
Grande Polonaise de Concert, op. 55 pour piano 1913
Quatre Chansons, op. 56 1913
Trois Morceaux, op. 57 pour piano
Prélude et Fugue, op. 58 pour piano
Six Morceaux faciles, op. 59 pour piano
Variations sur un thème géorgien, op. 60 pour piano 1914-15
Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, op. 61 1915, rév. 1921
Œuvres sacrées, op. 62 1915
Sextuor pour piano, deux violons, alto, violoncelle et contrebasse, op. 63 1915, rév. 1921
Psaume 140 pour voix, harpe et orgue, op. 64 1916, rév. 1923
Sonatine, op. 65 pour piano
Symphonie no 2 en si bémol mineur op. 66 1910-1917, créée le 28 décembre 1950 à Leningrad
Vechernyaya pesn Chanson du soir - Cantate pour ténor, chœur et orchestre, op. 68 1920
Quatre Chansons, op. 69 1919,
Valse-Impromptu no 3 en mi majeur, op. 70 pour piano
Quatre Chansons, op. 71 1919–192

Œuvres sans numéro d'opus

Les Dons du Terek Дары Терека - Cantate pour alto solo, chœur et orchestre sur un poème de Lermontov 1883
Six Morceaux très faciles pour piano 1918-1919
Toccata et Fugue en ut majeur pour piano 1920
Canon pour piano 1923
Allegretto scherzando pour piano 1923
Deux Préludes pour piano
Transcription pour piano du Canon de Pachelbel
Transcription pour piano de "Kamarinskaya" Glinka

Liens externes

(en) Biographie par Dr. David C. F. Wright
(ru) Partitions téléchargeables
Partitions libres de Sergei Lyapunov sur l'International Music Score Library Project
Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Gemeinsame Normdatei • Bibliothèque nationale de la Diète

Liens
http://youtu.be/kLIqK5Ht_2M 12 études d'exécution transcendantales
http://youtu.be/iilKZ92jhhg Etudes d'exécution
http://youtu.be/cC3SLcHzFY4 Symphonie en B minor opus 12
http://youtu.be/wJbzIATP6HI Symphonie orientale poèmes
http://youtu.be/dzR-c4ELTOs Rhapsodie Urkraine
http://youtu.be/9FY9qTG2zn4 Sextuor en mineur
http://youtu.be/8Rq9-m-D9O0 Scherzo. Allegro vivace




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#4189 Francis Picabia
Loriane Posté le : 29/11/2014 21:42
Le 30 novembre 1953, à 74 ans meurt Francis-Marie Martinez de Picabia

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à Paris, né le 22 janvier 1879 à Paris 2e, peintre, graphiste et écrivain proche des mouvements Dada et surréaliste.Artiste peintre, graphiste, écrivain, formé à l'École des beaux-arts, à l'École nationale supérieure des arts décoratifs, il appartient au mouvement artistique Dadaïsme, surréalisme, ses Œuvres réputées sont Corrida, 1926-1927, Le Matador dans l'arène, 1941-1943
Francis Picabia est le petit-fils de Juan Martinez Picabia, né à Cuba, puis émigré à New York et Madrid et, côté maternel, d'Alphonse Davanne 1824-1912, chimiste et photographe, et président de la SFP.

Sa mère meurt alors qu'il a sept ans. Il fait ses études chez les maristes au Collège Stanislas, puis au Lycée Monge, à Paris.


Sa vie

En 1894, voulant éprouver la vocation tôt manifestée de son fils, " Pancho " Picabia envoie au Salon des artistes français la toile de Francis intitulée Vue des Martigues. Le tableau ayant été non seulement accepté, mais primé, Francis entre à l'École des arts décoratifs l'année suivante ; mais il fréquente plus volontiers l'école du Louvre et l'académie Humbert, où il travaille aux côtés de Georges Braque et de Marie Laurencin. L'année 1897 marque un tournant dans sa carrière : la découverte de Alfred Sisley lui révèle l'Impressionnisme, pour lequel son enthousiasme se renforce avec la rencontre de la famille Pissarro en 1898. C'est pour lui le début d'une période extrêmement féconde, qui durera dix ans ; les centaines de toiles qu'il peint alors, où l'influence impressionniste reste toujours plus ou moins sensible, sont propres à séduire le public : sa première exposition personnelle de 1905, à la galerie Haussmann, est un triomphe. Les tableaux exposés, étrangers aux nouvelles recherches plastiques, relèvent de l'imitation du " pur luminisme impressionniste " Bords du Loing, 1905 Philadelphie, Museum of Art. Cependant, Picabia remet peu à peu en cause les valeurs plastiques qui lui valent son succès grandissant ; et, en 1908, sa rencontre avec Gabrièle Buffet — qui l'encourage à poursuivre de récentes recherches — détermine la rupture avec l'Impressionnisme comme avec ses marchands, rupture permise aussi par sa fortune personnelle.
Il étudie ensuite à l'École du Louvre puis à l'École des beaux-arts et à l'École nationale supérieure des arts décoratifs. De 1903 à 1908, influencé par les peintres de Barbizon, il côtoie Alfred Sisley, Camille Pissarro et Marius Borgeaud. Son aquarelle Caoutchouc 1909, MNAM, Paris est considérée comme une des œuvres fondatrices de l'art abstrait.
À sa majorité il prend possession de l'héritage maternel qui lui assure de confortables revenus. Sa première exposition personnelle, 61 tableaux est organisée en 1905 à Paris à la Galerie Haussmann, chez Danthon, la suivante à Berlin à la Kaspar Kunstsalon. Il montrera ensuite ses œuvres à nouveau chez Danthon en 1907, puis à Londres, Munich, Barcelone.
De 1905 à 1908, Picabia séjourne deux fois à Martigues et réalise de nombreux paysages de style impressionniste de la ville et de ses canaux.
En 1909, il épouse Gabrièle Buffet, peut-être petite-nièce d'Alphonse de Lamartine et petite-fille de l'amiral de Challié et descendante d'un frère de Jussieu, l'homme qui rapporta le cèdre du Liban dans son chapeau, dixit Picabia. Une fille, Laure, Marie, Catalina naît en 1910; un garçon, Pancho, Gabriel, François en 1911. Ils auront encore une fille, Gabrielle, Cécile, dite Jeannine en 1913, et un garçon, Vincente, né en 1919.
En 1911, il rejoint le groupe de Puteaux qui se réunissait dans le studio du peintre Jacques Villon, frère de Marcel Duchamp qu'il a rencontré en 1910. Il devient aussi orphiste et créé en 1912, à Puteaux, le Salon de la Section d'or, avant de connaître un premier succès international à l'exposition de l'Armory Show de New York en 1913, où il fonde avec Marcel Duchamp et Man Ray la revue 291. Marqué par la Broyeuse de chocolat et le concept de ready-made de Marcel Duchamp, il confectionne dès 1913 une série d'œuvres où il reprend l'esthétique du dessin industriel, recopiant ou simplifiant des images qu'il trouvait dans le magazine scientifique La Science et la Vie.

Dada

De 1913 à 1915, Picabia se rend plusieurs fois à New York et prend une part active dans les mouvements d'avant-garde, introduisant l'art moderne sur le continent américain. En 1916, après une série de compositions « mécanistes » où il traite les objets manufacturés avec une distante ironie, il lance à Barcelone la revue 391 et se rallie au dadaïsme. Il rencontre Tristan Tzara et le groupe dada de Zurich en 1918. Il se fait alors le gateur de dada avec André Breton à Paris. Polémiste, iconoclaste, sacrilège, Picabia s'agite autour de Dada en électron libre, en étant en principe anti-tout, voire anti-Picabia. En 1921, il rompt avec ses anciens complices. J'ai inventé le dadaïsme ainsi qu'un homme met le feu autour de lui, au cours d'un incendie qui gagne, afin de ne pas être brûlé, dixit Francis Picabia en 1947. En 1917, il rencontre Germaine Everling avec laquelle il part, en 1918, pour Lausanne. Quand elle rentre à Paris, Picabia est assailli à coup de feu par Costica Gregori qui lui reproche d'avoir eu des relations avec son épouse Charlotte, peintre sous le nom de "Charles". Picabia revient alors vivre à Paris, voyageant souvent vers New York, la Normandie, la Côte d'Azur et joue souvent dans les casinos avec des fortunes diverses. Un fils, Lorenzo, naît de sa liaison avec Germaine. Olga Mohler, suisse, est embauchée pour s'occuper de Lorenzo qui a cinq ans en 1923.
Outre l'automobile et les jeux de hasard, il se passionne pour le cinéma et la photographie. Dans ses écrits sur le cinéma, il pressent le rôle prépondérant du cinéma américain. En 1924, il a écrit un scénario du court-métrage Entr'acte, réalisé par René Clair et destiné à être projeté à l'entracte de son ballet instantanéiste Relâche, chorégraphie de Jean Börlin et musique d'Erik Satie, celui-ci y figurant d'ailleurs au tout début. Il travaille ensuite pour les Ballets suédois de Rolf de Maré, pour lesquels il réalise de nombreux décors.

La guerre et après

En 1940, conviés sans doute par leur ami Robert Dumas - haut personnage des casinos qui sera préfet du Lot de la Résistance, dit "le préfet des bois" - qu'ils ont connu à Monte-Carlo, Francis Picabia et Olga se réfugient chez les Dumas à Calamane dans le Lot. Ils s'y marient le 14 juin. Mme Dumas est leur témoin. Ils reviendront, plus tard, à Golfe Juan. Ils s'installent ensuite à Tourette-sur-Loup, puis à Felletin dans la Creuse.

Après 1945, il renoue avec l'abstraction.

Son goût immodéré pour les fêtes et les voitures il en collectionnera plus de 150, le ruine. Il multiplie les petites toiles de nombreux genres, parfois même inspirées de magazines pornographiques. Ses derniers tableaux relèvent du minimalisme : des points de couleurs semés sur des fonds épais et monochromes, titrés Je n'ai plus envie de peindre, quel prix ?, Peinture sans but ou Silence.... Au printemps 1949, la galerie René Drouin à Paris, organise sa première rétrospective.

Il pèse sur Picabia et sur son œuvre différents malentendus qui ne facilitent pas la juste appréciation de son apport à l'art du XXe siècle ni l'élucidation des nombreuses zones d'ombre qui constituent la trame même d'une des entreprises artistiques les plus énigmatiques de son époque. Les difficultés d'analyse et d'interprétation que l'on y rencontre ont contribué à faire naître des lieux communs derrière lesquels on a souvent estimé plus commode, ou plus prudent, de se retrancher. C'est essentiellement sur la légende du dadaïste que s'est bâtie la réception de cette œuvre ; dans l'ensemble de la carrière de Picabia, la période de Dada a fonctionné comme une sorte d'étalon de modernité à l'aune duquel ont été comparées toutes les autres manifestations de sa démarche créatrice. Avec le risque que cette situation comporte : celui de tenir pour quantité négligeable tout ce qui se sépare trop visiblement de l'anti-peinture dadaïste, ou de ce qui l'annonce, ou de ce qui se place dans sa postérité immédiate. On a alors tôt fait d'assimiler certaines des expressions picturales contradictoires de Picabia à celles d'un anti-modernisme aussi radical que l'avait été la poussée dadaïste – et leur auteur lui-même à une sorte de renégat vis-à-vis de la cause avant-gardiste. C'est ainsi qu'ont longtemps été bannis (ou peu s'en faut des rétrospectives et des commentaires de vastes ensembles appartenant à l'œuvre postérieure au milieu des années 1920, comme les Transparences autour de 1930, la figuration réaliste des années de guerre, et même l'abstraction primitivisante qui leur succède. Or, dévoilement après dévoilement, les études picabiennes les plus récentes, et notamment celles qui portent sur la recherche des sources visuelles de l'artiste, et par conséquent sur sa méthode, ont contribué à réévaluer des pans entiers de l'œuvre sur lesquels pesaient des jugements aussi péremptoires qu'autoritaires, souvent mal fondés d'ailleurs sur le plan de l'information historique.
De sa confrontation permanente aux images mécaniques dont son époque voit le développement, photographie, cinématographe, carte postale, presse populaire..., Picabia développe, comme de nombreux autres artistes de sa génération, la conscience cruelle de la possible disparition de son art, rendu obsolète par l'irruption de nouvelles techniques de fabrication et de diffusion des images, en même temps qu'une fascination pour cette disparition même, qui pouvait faire naître l'insidieuse tentation d'en accélérer le processus. Mais de tous les assassins de la peinture, Picabia est sans doute celui qui aura le plus difficilement assumé son geste, et qui l'aura même secrètement déploré, incapable qu'il était de se résoudre au détachement cyniquement affiché par son principal complice, Marcel Duchamp. Son humeur créative, au contraire, oscille entre deux extrêmes : d'un côté, il semble prêt à croire jusqu'au bout en la puissance de la peinture, laissant supposer qu'elle pourrait être investie de pouvoirs démesurés, quasi magiques ; mais par ailleurs, il semble se résigner à devoir porter définitivement son deuil, à accepter sa fin et même à lui asséner de nouveaux coups fatals. Les atermoiements auxquels l'artiste aura été confronté toute sa vie, l'alternance épuisante de ses élans de vitalité et de ses phases dépressives profondes, montrent d'ailleurs à quel point ces contradictions auront été vécues sur le mode tragique.

Un art dévoyé

Contradictions et paradoxes sont d'ailleurs symboliquement présents aux sources mêmes de la vocation de Picabia, dans les deux récits originaires qu'il en a laissé accréditer. Picabia est né à Paris en 1879 de Francisco Vicente Martinez y Picabia, attaché à l'ambassade de Cuba, et de Marie-Cécile Davanne, fille d'Alphonse Davanne, haute figure patriarcale, président de la Société française de photographie, photographe lui-même et ardent défenseur de son art ; son atelier qui deviendra bien plus tard celui de son petit-fils dominait l'immeuble familial de la rue des Petits-Champs, où étaient accrochés les tableaux, Ziem, Roybet, Checa... collectionnés par le père et un oncle maternel de Picabia. C'est à leur sujet que naît le premier de ces récits : J'ai copié, étant jeune, les tableaux de mon père, déclare Picabia en 1923. J'ai vendu les tableaux originaux et les ai remplacés par les copies. Personne ne s'en étant aperçu, je me suis découvert une vocation. L'anecdote entretient la réputation du jeune homme surdoué, qui aurait exposé dès 1895 sous un nom d'emprunt une toile récompensée par le jury du Salon des Artistes français – mais d'un surdoué qui aurait malencontreusement placé ses dons précoces au service d'une conception dévoyée de son art, rompant le tabou de l'authenticité, la frontière éthique et morale de l'original. Il entre bien sûr une large part de provocation dans ce court récit, dont la véracité n'est même pas assurée ; il est remarquable à cet égard qu'il ait été délivré à un moment où la fièvre dadaïste n'était pas encore retombée, l'apologie du mensonge et du faux ayant fait partie des revendications de l'artiste à cette époque. De plus, cette anti-légende est contrebalancée par un second récit fondateur, fort opposé dans ses implications. Au jeune Picabia lui faisant part de sa vocation naissante, le grand-père Davanne aurait déclaré en substance : « Tu veux devenir peintre ? Pourquoi ? Bientôt, nous aurons rendu la peinture inutile. Nous reproduirons toutes les formes et toutes les couleurs, mieux et plus vite ! » À quoi son interlocuteur aurait répliqué : Tu peux photographier un paysage, mais non les idées que j'ai dans la tête. Nous ferons des tableaux qui n'imiteront pas la nature. A contrario de la pratique cynique dont il vient d'être question, voilà donc la peinture investie d'une ambition démesurée ; contre le réalisme trivial de l'image photographique, elle pourra renoncer à la copie des formes extérieures, aller voir plus loin et plus profond dans les régions de l'âme et du monde intérieur.

Cependant, les conditions dans lesquelles Picabia s'est lancé dans la carrière n'étaient pas de nature à faire naître en lui une haute idée de sa pratique ; au contraire, la soumission de la peinture à des objectifs purement commerciaux et mondains a certainement pu nourrir au moins le début d'une grave mésestime envers elle. L'autoportrait que Picabia donne de lui en faussaire est sans doute exagéré ; il suffit de présenter le Picabia des débuts en faiseur, en habile pasticheur de certains de ses célèbres précurseurs pour comprendre comment devait se déconsidérer à ses yeux la pratique artistique. On pourrait esquisser une liste très longue de ses nombreux emprunts à une tradition impressionniste s'académisant aimablement pour répondre aux attentes d'une clientèle aisée, encline à adopter certains signes de modernité sans trop se compromettre pour autant. Soutenu par de grands marchands parisiens, Picabia marche alors sur les brisées de Monet, de Pissarro, dont il connaît les fils, ou de Sisley, dans la filiation symbolique duquel il se place en présidant un Comité Sisley qui fera ériger un monument à la mémoire du peintre impressionniste. Picabia revient sur les motifs des pionniers de l'impressionnisme et s'approprie leur manière ; avec plusieurs années de retard, il adopte sans distinction et dans le plus grand éclectisme les transformations de la tradition impressionniste, sans que sa démarche corresponde pour autant à une évolution personnelle : il recycle plutôt des procédés, en y mettant d'ailleurs une très grande virtuosité, et puise dans un large stock d'images qui sont en passe de devenir des stéréotypes du paysage impressionniste – il ira même jusqu'au plagiat, avec L'Église de Moret 1904, qui démarque point par point le regard que Sisley avait précédemment porté sur ce motif.
Des méthodes de création de Picabia, une autre semble en plus totale contradiction encore avec l'idéologie impressionniste de la vérité et de la sincérité : il s'agit de celle qui le voit faire usage de documents photographiques, de cartes postales plus précisément, comme source directe ou transposée de nombreux dessins et de quelques peintures. De cette première confrontation à l'image mécanique, Picabia semble bien avoir développé une sorte de complexe – le complexe du peintre devant le progrès des techniques qui détermine si profondément cette génération d'artistes, de même nature que celui qui avait fait prendre conscience à Duchamp, Brancusi et Léger, devant la perfection d'une hélice d'avion, du danger d'obsolescence guettant leur art. L'artiste n'a plus le monopole de la fabrication des images ; lorsqu'il se place devant un site, un monde de représentations dont il est impossible de ne pas tenir compte préexiste déjà par rapport au sien. Les conséquences de cet état de fait s'observent chez Picabia dans un art qui non seulement n'arrive pas à marquer suffisamment sa distance et sa différence par rapport aux nouvelles images, mais montre même à leur égard une attirance inavouée, le début d'une fascination coupable. Au point que son auteur commence à en organiser le recyclage, à en faire le point de départ de certaines œuvres, suivant une procédure qui n'en est qu'à ses débuts et qui ira s'amplifiant – tout en restant secrète et cachée, cette dissimulation étant en réalité un aveu en creux et légèrement honteux : celui d'une possible faiblesse de la peinture face à sa concurrente.

La peinture de l'âme

La rupture qui intervient dans l'art de Picabia au cours de l'hiver 1908-1909, rupture avec son impressionnisme de convention, rupture avec ses marchands) a toutes les apparences d'un sursaut, d'une réaction instinctive de survie : il ne s'agit ni plus ni moins que de sauver la peinture, de se convaincre qu'elle peut être autre chose qu'un exercice de virtuosité pratiqué à des fins commerciales et dévalué par le recyclage de poncifs aimables. Pour contrer la trivialité qui la menace, la peinture doit désormais se recentrer sur son univers propre, s'arroger un domaine de compétence sur lequel la photographie ne pourrait empiéter. L'art que Picabia investira de cette mission sera un art abstrait, non figuratif, dont il est par là même l'un des premiers inventeurs dans les années qui précèdent la Première Guerre mondiale. Dans ce laps de temps, il passe rapidement d'une figuration paysagère fortement simplifiée par l'aplat et le cerne, L'Arbre rouge, 1912, Musée national d'art moderne, Paris à un langage d'inspiration à la fois cubiste et futuriste où le vague souvenir de motifs dynamiques s'efface derrière l'émiettement de la surface en éclats kaléidoscopiques, Danses à la source II, 1912, Museum of Modern Art, New York, pour déboucher dans ces chefs-d'œuvre que sont Udnie, 1913, Musée national d'art moderne, Paris et Edtaonisl, 1913, Art Institute, Chicago, sommets de la peinture que Guillaume Apollinaire venait de baptiser du nom d'orphisme. Or il se trouve que Picabia en justifie la forme en prenant constamment comme repoussoir ce qui lui en semble la contradiction même : à savoir la photographie et le type de réalisme qu'elle impliquerait. La photographie, déclare Picabia en 1913 à l'occasion de la présentation de plusieurs de ses œuvres à l'Armory Show à New York, a aidé l'art à prendre conscience de sa nature propre, qui ne consiste pas à être un miroir du monde extérieur, mais à donner une réalité plastique à des états d'esprit intérieurs. ... L'appareil ne peut reproduire un fait mental. Logiquement, l'art pur ne sera pas celui qui reproduira un objet matériel, mais celui qui conférera la réalité à un fait immatériel, émotif. De sorte que l'art et la photographie s'opposent. À cette justification s'ajoute celle d'une théorie musicaliste de la peinture devant sans doute beaucoup à la première épouse de Picabia, la musicienne et brillante intellectuelle Gabrielle Buffet – leur rencontre en 1908 ayant déjà coïncidé avec le renoncement de l'artiste à son statut de peintre à succès.
La période orphique est un moment de grâce pour Picabia, qui semble croire en la possibilité d'un art susceptible d'exprimer tous les mouvements de l'âme humaine : Moi je ne peins pas ce que voient mes yeux. Je peins ce que voit mon esprit, ce que voit mon âme. Le drame de Picabia sera d'avoir ensuite désespéré de cette âme – et c'est ce qui pouvait arriver de pire au peintre qui avait retrouvé en elle la justification d'une peinture capable d'échapper au réalisme trivial de l'image mécanique. La sorte d'idéalisme auquel il s'était raccroché ou avait feint de se raccrocher n'est bientôt plus de mise : la guerre le rappelle aux plus cruelles réalités, et l'âme reste, avec un certain nombre d'autres croyances illusoires, Dieu, amour, raison, civilisation..., sur les champs de bataille de la Grande Guerre. Après une courte période de mobilisation, il fuit à New York ce qu'il désigne comme l'agonie du monde en vertige et les valses hideuses de la guerre, Poèmes et dessins de la fille née sans mère, 1918.

L'art désenchanté

Or, si cette âme n'existe pas, que restera-t-il alors à la peinture, quel paysage mental reflétera-t-elle ? La mort de l'âme signe celle de l'art : c'est le début, pour Picabia, de la grande crise dadaïste et d'un premier cycle d'anti-peintures où, ce n'est certainement pas par hasard, l'artiste se met de nouveau à recycler des images dont il n'est pas l'auteur – schémas de machines, coupes, élévations, images ready-made, proches parentes des objets prélevés et élevés au rang d'œuvres d'art par Marcel Duchamp. Faire des images avec d'autres images : le fonctionnement des œuvres machinistes de Francis Picabia est emblématique d'une attitude envers la création typiquement dadaïste. Au déploiement démiurgique du savoir-faire de l'artiste, Picabia substitue l'image frustrante et déceptive de la machine, réalisée selon des codes graphiques d'une rigueur et d'une monotonie qui ne laissent plus aucune place ni à l'invention, ni à la recherche, ni à la sensibilité, ni à la main, Machine sans nom, 1915, Museum of Art, Carnegie Institute, Pittsburgh. Le dédain du métier et de la mythologie qui l'accompagne est à son apogée dans une œuvre-manifeste comme M'amenez-y 1919-1920, Museum of Modern Art, New York. Réalisée à partir d'un schéma publié à la même époque dans La Science et la vie, elle oppose la sécheresse du dessin technique à une parodie de touche appliquée avec des effets de brosse volontairement bâclés et exagérément visibles ; l'œuvre est en outre parsemée d'inscriptions qui tournent en dérision, par le biais de mauvais jeux de mots, le métier d'artiste et une certaine idée de la peinture : la première d'entre elles la désigne comme un portrait à l'huile, mais... de ricin ! ; une autre, râtelier d'artiste, porte atteinte à la dignité du lieu mythique de la création ; peinture crocodile, enfin, suggère une parenté avec l'expression larmes de crocodile, désignant de fausses larmes, des larmes d'hypocrite – il faudrait donc comprendre, peinture crocodile comme fausse peinture ou fausseté de la peinture... Ailleurs, les inscriptions qui parsèment certaines œuvres visent explicitement les clichés sentimentaux qui s'attachent, par exemple, à l'amour humain, assimilé à une sexualité absurde et répétitive de bielles et de pistons Parade amoureuse, 1918. Ces machines des idées actuelles dans l'amour, comme s'intitule l'une d'elles, sont les petites filles, nées sans mère du Grand Verre de Duchamp et ont leur équivalent dans la poésie que Picabia commence à produire, tout aussi dénuée d'émotion que sa peinture, ainsi que dans sa vaste production d'aphorismes : Notre phallus devrait avoir des yeux, grâce à eux nous pourrions croire un instant que nous avons vu l'amour de près. Ainsi, avec quelques autres esprits forts (Jarry, Roussel, Duchamp, Tzara, qu'il ira rencontrer à Zurich en 1919 avant de l'accueillir à Paris l'année suivante, Picabia chasse les derniers relents d'idéalisme légués par l'époque précédente et nous fait entrer de plain-pied dans la modernité désenchantée du XXe siècle.

Contre le retour à l'ordre

Lorsque, le conflit terminé, Picabia se réinstalle à Paris, il a dans ses bagages 391, une revue qui reste un des témoignages les plus forts de l'activisme dadaïste ; son anti-peinture prend aussi une dimension plus provocante encore dans le contexte de retour à l'ordre que connaissait alors le milieu de l'art parisien – spécialement chez certains de ses anciens amis cubistes. Leur chauvinisme, leur sacralisation du métier et de la tradition nationale deviennent les cibles de Picabia, de même que leur goût pour les références au passé historique, contre lequel il défend une salutaire conception de la table rase et de l'amnésie – l'amnésie que l'on entend justement dans M'amenez-y. Alors qu'elles ont invariablement été décriées comme le signe de son imposture, de l'insincérité de son engagement dadaïste, les Espagnoles réalistes que Picabia dessine et expose en même temps que ses machines servent exactement les mêmes fins subversives ; mais il faut pour cela s'apercevoir qu'elles détournent de célèbres effigies ingresques, comme celle de La Belle Zélie notamment en les affublant des accessoires dérisoires d'un hispanisme de pacotille (peignes ouvragés, châles et mantilles, coiffures fleuries plus extravagantes les unes que les autres. Au moment même où le nom d'Ingres sert systématiquement de caution aux tenants du rappel à l'ordre en peinture, Picabia détourne l'héritage du maître de Montauban et dévalorise ses emprunts en les faisant servir à la fabrication d'images sans aura, fondées sur les poncifs d'un exotisme et d'un érotisme de folklore. Ingres est la cible : c'est ce que montre très littéralement un grand tableau ripoliné, La Nuit espagnole, 1922, Wallraf-Richartz Museum und Ludwig Museum, Cologne, où la silhouette d'un nu empruntée à La Source d'Ingres est transformée en panneau de foire et parsemée d'impacts de tirs. Avec son pendant, La Feuille de vigne, 1922, Tate Gallery, Londres, qui détourne Œdipe et le sphinx d'Ingres, et un tableau immédiatement postérieur, Le Dresseur d'animaux, 1923, Musée national d'art moderne, Paris, La Nuit espagnole parodie les tableaux de salon dont ils ont les dimensions, les sujets, le nu essentiellement et les emprunts aux sources nobles – à la différence que ces œuvres de Picabia, les toiles au Ripolin mobilisant le moins de science picturale possible ne peuvent sérieusement passer pour le manifeste d'un quelconque rappel à la tradition et au beau métier. Ils connaîtront une importante descendance jusqu'au milieu des années 1920 avec la série des Monstres, qui montre des couples d'amoureux bariolés dérivant d'un genre de carte postale très populaire à cette époque, Jeunes Mariés, 1925, coll. part.. Bien après la date officielle du décès de Dada, ces œuvres prolongent très tard une tradition d'anti-peinture dont relèvent aussi plusieurs collages constitués de matériaux hétéroclites englués dans le Ripolin, Pot de fleurs, 1925-1926, musée d'Art moderne de la Ville de Paris.

Sources nobles et vulgaires se croisent dans une des premières œuvres significatives de la série des Transparences : il s'agit de Rocking-Chair, 1928, coll. part., dont le principal motif, une femme nue dans un fauteuil qui démarque une carte postale érotique de la Belle Époque, s'accompagne de citations botticelliennes. Cela pose le délicat problème du statut de ces œuvres à l'aspect porcelainé, exécutées dans une technique raffinée, glacis, vernis et multipliant, par système plus que par nécessité, les références aux exemples les plus accomplis de l'art du passé, entremêlées dans un jeu confus de superpositions créant d'insurmontables difficultés de lecture. Si parodie il y a, celle-ci heurte en tout cas beaucoup moins frontalement le sens commun, et il est intéressant de constater, à cet égard, que ces tableaux ont trouvé à satisfaire à la fois le goût du rêve et de l'énigme des surréalistes, comme celui d'une nouvelle clientèle mondaine, trop heureuse de pouvoir s'offrir les tableaux plus anodins en apparence d'un artiste à la réputation scandaleuse. L'époque des Transparences est en effet celle au cours de laquelle Picabia renoue avec les fastes de ses débuts – par penchant personnel certainement, mais aussi peut-être par nécessité, sa situation matérielle s'étant progressivement compliquée pendant l'entre-deux-guerres. Établi le plus clair de l'année sur la Côte d'Azur, il devient alors l'ordonnateur de fêtes brillantes et le pourvoyeur d'expositions qui sont autant de rendez-vous de la haute société, à laquelle il sert la soupe avec une propension au cynisme difficile à évaluer. Picabia se réserve cependant de discrètes marges de manœuvre, dont il profite par exemple pour produire, à la fin des années 1930, une nouvelle série d'œuvres abstraites, 7091, 1938, coll. part. ou encore un ensemble de paysages truellés qui anticipe curieusement sur la période vache de Magritte ou sur les croûtes de Gasiorowski.

La peinture : grandeur et servitude

Plus homogène, l'ensemble de toiles réalistes, des couples érotiques, des nus jeunes et sportifs, quelques scènes de genre... que Picabia entreprend pendant les années de guerre est celui qui a fait peser les plus graves soupçons sur la valeur du projet artistique de son auteur : soupçon d'attirance inavouée pour certains critères de la peinture académique, soupçon d'adhésion à l'idéologie de la jeunesse sur laquelle s'appuyait la Révolution nationale pétainiste.
Pourtant, sur le plan de la méthode comme du programme qui l'accompagne, la cohérence de cette peinture avec ce que l'on sait des obsessions de Picabia paraît remarquable. Cohérence de méthode, puisque toutes ces mises en scène sont strictement calquées sur les photographies que mettaient à la disposition du peintre les revues de charme de la fin des années 1930, Paris Plaisir, Paris Magazine, Paris Sex Appeal, Mon Paris... ; cohérence de programme, celui de la dévalorisation systématique des ressources de la peinture en soumettant tous ses effets à ceux des documents utilisés. Les toiles de Picabia imitent en effet les photographies dans leurs caractéristiques les plus brutales : éclairages fortement contrastés, points de vue inhabituels, décadrages, raccourcis et aberrations optiques, Nu, 1942-1943, coll. part.. Transposés en peinture, ces effets donnent aux toiles de Picabia leur aspect singulièrement âpre et tranchant, très loin de toute élégance et de toute tentation académique – il suffirait pour s'en convaincre de les comparer aux nus d'un authentique peintre mondain comme Jean-Gabriel Domergue. En outre, de la même manière qu'à l'époque des machines dadaïstes, l'utilisation de plusieurs sources éparses dans la confection de certaines toiles occasionne des étrangetés spatiales et des ruptures d'échelle qui désignent bien ces tableaux pour ce qu'ils sont : de véritables collages peints, comme dans le spectaculaire Cinq femmes env. 1942, coll. part.. Picabia, une fois de plus, se complaît dans la réalisation d'une peinture sans aura, brutalement confrontée au risque que Delacroix, à l'aube du nouvel art photographique, voyait planer sur le peintre qui en ferait mauvais usage, celui de ne plus rien devenir d'autre que cette machine attelée à une autre machine .
La couleur qui est dans ces toiles l'une des seules parts d'arbitraire que puisse s'autoriser Picabia renforce par les teintes outrées le kitsch de ces mises en scène, très peu bien-pensantes, qui utilisent tous les poncifs d'un érotisme de bas-étage, bordels exotiques, alcôves et bonbonnières de fausses marquises. Mais l'iconographie de ces tableaux est parfois aussi celle de la libération du corps, du naturisme et du développement des loisirs qui avait cours dans l'entre-deux-guerres et que les revues de charme détournaient à leurs propres fins en y cherchant systématiquement le côté scabreux, Printemps, 1942-1943, coll. part. ; c'est, par exemple, l'iconographie des photographes de la Nouvelle Vision, comme Jean Moral, un ami de Picabia, dont les clichés de baigneuses étaient parfois reproduits dans Paris Magazine. Replacées dans leur contexte, celui d'une sous-culture populaire, les effigies picabiennes sont ainsi les proches parentes des pin-up qui apparaissent au même moment dans les derniers collages de Schwitters, avant de passer chez Richard Hamilton et Eduardo Paolozzi et d'entrer dans le répertoire de base du pop art.

Après cette période une nouvelle fois hantée par le spectre de la photographie, Picabia se lance, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans une nouvelle forme de peinture qui est, selon ses propres termes, l'expression de ce qu'il y a de plus vrai dans notre être intérieur et une prise de contact de plus en plus profonde avec un univers intérieur – c'est-à-dire que se rejoue, comme en 1912, l'exaltation des pouvoirs de la peinture contre la menace, sinon de sa disparition, du moins de sa réification dans un monde d'images de plus en plus homogène et dominé par un paradigme réaliste issu de la photographie. La peinture de Picabia se recentre alors sur un fort contenu de significations à la fois personnelles et universelles qu'il incarne dans un répertoire mi-abstrait mi-figuratif de signes idéographiques, de symboles archaïques et d'images archétypales, où dominent surtout les symboles sexuels plus ou moins éloquents, vulves ou phallus, Ça m'est égal, 1947, coll. part.. L'ensemble est traité dans un style qui témoigne d'un possible intérêt pour les arts archaïques et primitifs, et d'un goût certain pour les surfaces texturées qui renvoie aux tendances matiéristes de la peinture de ce temps. Cette dernière remarque vaut également pour la série des Points aux champs de couleurs unis parsemés de pastilles rondes, étonnants jalons dans l'histoire encore balbutiante du monochrome, interprétés en termes néo-dadaïstes par Michel Seuphor qui y voyait la même peinture anti-peinture qui est réellement la création, et sans doute le point final à toute possibilité de faire de la peinture.

Point final, en effet. Déjà affaibli par une première attaque en 1944, Picabia succombe à la suivante en 1951 ; lorsqu'il meurt en 1953, il ne peignait plus depuis deux ans. Dans une œuvre au sujet énigmatique Sans titre, 1951, coll. part., Marcel Jean a vu une forme indéfinissable mais précise, enveloppée de bandelettes : ainsi jadis on emmaillotait les nouveau-nés, comme les morts qu'on menait à la tombe. Cadavre ou tout petit enfant prometteur, cet objet indéfinissable et insaisissable n'est sans doute rien d'autre que la peinture elle-même, toujours engagée dans le cycle des morts et des résurrections auquel Picabia l'aura soumis sa vie durant.

À la fin de l'année 1951, Picabia souffre d'une artériosclérose paralysante qui l'empêche de peindre et meurt deux ans plus tard.

Œuvres

Peintures
Les Martigues, 1902, fusain sur papier, Musée Pierre André Benoit, Alès
La Rivière: bord de la Douceline à Munot près de La Charité sur Loire 1906
Udnie, 1913, huile sur toile, 290 × 300 cm, Musée national d'art moderne de Paris
Edtaonisl, 1913, Art institute of Chicago
La Ville de New York aperçue à travers mon corps, 1913, gouache, aquarelle, crayon et encre, 55 × 74,5 cm4
Prostitution universelle, 1916, Yale University Art Gallery, New Haven
Parade amoureuse, 1917, huile sur carton, 97 × 74 cm, Paris, collection particulière.
Danse de Saint-Guy Tabac Rat, 1919, MNAM Paris
L'Enfant Carburateur, 1919, huile, émail, feuille d'or, crayon sur contreplaqué, New York, musée Guggenheim
L'Œil cacodylate, 1921, huile sur toile, MNAM Paris
Chapeau de paille ?, 1921, MNAM Paris
La Nuit espagnole, 1922, Musée Ludwig, Cologne
Optophone II , 1923, huile sur toile, 116 × 88,5 cm, Musée d'art moderne de la Ville de Paris
Le dresseur d'animaux , 1923, Ripolin sur toile, 250 x 200 cm, Centre Pompidou, Musée d'art moderne de la Ville de Paris6
Cure-dents », 1925, huile et collage sur toile, 129 × 110 cm7
Corrida, 1926-1927, Gouache, 104.8 × 75.2, collection privée, Suisse
Idylle, 1927, Musée de Grenoble, huile sur caton 105,7 × 75,7cm
L'Autoportrait de dos avec femme enlacée et masque, 1927-30, Musée Picasso, Antibes
Le Masque et le Miroir, 1930-45, huile sur contre- plaqué, 85,2 × 69,9 cm, Musée national d'art moderne, Paris
Figure et fleurs, 1935-45, huile sur toile, 100 × 73 cm, Musée national d'art moderne, Paris
Maternité, 1936, huile sur toile, 162,4 × 130,3 cm, Musée national d'art moderne, Paris
Printemps, 1938, Galerie Rose Fried
Le Matador dans l'arène, 1941-1943, huile sur carton, 105 × 76 cm Musée du petit palais, Genève
Sans titre masque, 1946/47, huile sur carton, 64,5 × 52,5 cm, Musée national d'art moderne
Chose à moi-même, 1946, huile sur carton, 92 × 72,5 cm, collection particulière
Cherchez d'abord votre Orphée, 1948, huile sur toile, 169 × 70 cm, Musée Pierre André Benoit, Alès
L'Insensé, 1948, huile sur toile, 151 × 10 cm, Musée Ludwig, Cologne
Veuve, 1948, huile sur bois, 153,2 × 116,Musée national d'art moderne, Paris
Déclaration d'amour, 1949, huile sur panneau, 96 × 69 cm, Musée Pierre André Benoit, Alès
Symbole, 1950, huile sur contreplaqué, 100 × 85 cm, Musée Pierre André Benoit, Alès

Écrits

Première édition de Jésus-Christ Rastaquouère, 1920 illustrations de Georges Ribemont-Dessaignes)
Cinquante-deux miroirs, Barcelone, octobre 1917.
Poèmes et dessins de la Fille née sans mère, Lausanne, Imprimeries réunies, avril 1918.
L'Ilot de Beau-Séjour dans le Canton de Nudité, Lausanne, juin 1918.
L'Athlète des Pompes funèbres, Bégnins, décembre 1918.
Râteliers platoniques, Lausanne, décembre 1918.
Poésie ron-ron, Lausanne, février 1919.
Pensées sans langage, Paris, Figuière, avril 1919.
Unique Eunuque Paris, Au Sans Pareil, Coll. Dada, février 1920. Rééd. Paris, Allia, 1992.
Jésus-Christ Rastaquouère, Paris, Au Sans Pareil, « Dada », automne 1920. Rééd. Paris, Allia, 1996.
Caravansérail 1924. Ed. Luc-Henri Mercié. Paris, Belfond, 1975.
Choix de poèmes par Henri Parisot, Paris, Guy Lévis-Mano, 1947.
Lettres à Christine, édition établie par Jean Sireuil. Présentation, chronologie et bibliographie par Marc Dachy. Paris, Champ Libre, 1988.
Écrits, deux volumes. Ed. Olivier Revault d'Allonnes et Dominique Bouissou. Paris, Belfond, 1975 et 1978.
Écrits critiques, préf. Bernard Noël. Ed. Carole Boulbès. Paris, Mémoire du Livre, 2005.

Liens

http://www.ina.fr/audio/P11180790/int ... rancis-picabia-audio.html Interview de Piacabia
http://www.ina.fr/audio/00771740/francis-picabia-audio.html Une vie une oeuvre Picabia
http://youtu.be/sS2av7z7ofs Picabia
http://youtu.be/jTv-vNhPoZs Diaporama
http://youtu.be/SE-4Hxygl8o Les dernières toiles
http://youtu.be/0xtFAIMpFdc Transparence diaporama
http://youtu.be/DdejF4YAjLM Francis Picabia



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#4190 Fernando de Passoa
Loriane Posté le : 29/11/2014 21:38
Le 30 novembre 1935, meurt Fernando António Nogueira Pessoa

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à 47 ans, des suites de son alcoolisme, à Lisbonne Portugal, écrivain, critique, polémiste et poète portugais trilingue anglais, dans une faible mesure français, et principalement portugais.Il a pour autre pseudos Bernardo Soares, Alberto Caeiro, Ricardo Reis, Alvaro de Campos, né le 13 juin 1888 à Lisbonne, ville où il meurt , il a vécu une partie de son enfance en Afrique du Sud.
Théoricien de la littérature engagé dans une époque troublée par la guerre et les dictatures, inventeur inspiré par Cesário Verde du sensationnismecf, ses vers mystiques et sa prose poétique ont été les principaux agents du surgissement du modernisme au Portugal.
... est-ce que je sais que je vis, ou bien seulement que je le sais ?
— Poèmes inconnus d'Alberto Caeiro.
Pessoa flâneur, poète de l'errance, auteur d'une flânerie, Lisbon revisited, et d'un guide touristique posthume anglais

En bref

Né et mort à Lisbonne, mais élevé en Afrique du Sud, alors britannique, poète bilingue, à la fois cosmopolite et nationaliste, sentimental et cynique, rationaliste et mystique, classique et baroque, Fernando Pessoa éprouvait très fortement le sentiment de n'être personne, à moins d'être plusieurs. C'est autour de cette intuition que s'organise son œuvre. Incapable de gérer ses contradictions dans la vie, il en a fait la matière de ses livres. Prenant Shakespeare pour modèle, il définit son entreprise comme un drama em gente, drame en personnes ; il fait dialoguer entre eux les divers moi qui existent virtuellement en lui et leur donne une réalité fictive par l'écriture. Mais on peut aussi lire son œuvre comme une sorte d'épopée intellectuelle, qui décrit l'exploration non de terres lointaines, comme celle de Camões, mais de modes d'être inconnus.
Ce qui déconcerte ou fascine ses lecteurs, c'est l'existence en lui de tous ces auteurs hétéronymes dont il a écrit les œuvres et assumé les personnalités : le poète paysan Alberto Caeiro, le docteur Ricardo Reis, l'ingénieur Álvaro de Campos, l'employé de bureau Bernardo Soares et bien d'autres. L'auteur orthonyme, Fernando Pessoa lui-même c'est, paradoxalement, son vrai nom, qui signifie personne, joue sa partie dans ce concert, au même titre que les autres. Pessoa est donc à lui seul plus qu'une pléiade. Il est à la fois chacun des poètes qui la constituent et le poète total qui les contient tous. Mais cet éclatement de son être en plusieurs personnes distinctes ne serait qu'une curiosité clinique s'il ne s'agissait pas aussi d'un acte créateur, destiné à changer la vie.

Sa vie

L'enfant, qui a grandi en face de l'opéra de Lisbonne, 4 place Saint-Charles dans le quartier du Chiado, perd à l'âge de cinq ans son père, emporté le 13 juillet 1893 dans sa quarante quatrième année par la tuberculose. Ce père, Joaquim de Seabra Pessoa , fils d'un général qui s'était illustré durant la Guerre civile portugaise, travaillait comme fonctionnaire du secrétariat à la Justice et publiait régulièrement des critiques musicales dans le Diário de Notícias il a en outre publié une brochure sur le Hollandais Volant. Le 2 janvier 1894, c'est au tour de son frère né en juillet 1893, Jorge, de mourir. Le garçon, alors que la famille a dû en novembre emménager avec une grand-mère maternelle dans une maison plus modeste 104 rue Saint Marcel, s'invente un double, le Chevalier de Pas, et dédie un premier poème annonciateur de prédilections futures À ma chère maman.
Sa mère, Maria Magdalena Pinheiro Nogueira, îlienne de Terceira, femme de culture quadrilingue et versificatrice à ses heures, de qui le père, directeur général du ministère de la Reine, fréquentait entre autres personnalités le poète Tomás Ribeiro, avait appris l'anglais auprès du précepteur des infants. Elle s'était remariée, par procuration, en décembre 1895 avec le consul du Portugal à Durban, le commandant João Miguel Rosa, qui lui avait été présenté à Lisbonne quatorze mois plus tôt, avant la nomination de celui-ci. Elle embarqua avec son fils le 7 janvier 1896 pour rejoindre son nouvel époux au Natal, colonie autonome d'Afrique du Sud, où l'éducation de l'enfant se poursuivit en anglais. Celui-ci franchit en deux années les quatre de l'enseignement primaire dispensé par les sœurs irlandaises et françaises de l'école catholique Saint-Joseph.

Vie en Angleterre

Introverti et modeste dans ses échanges, Fernando Pessoa se montre un frère amuseur en organisant des jeux de rôles ou en faisant le clown devant la galerie, attitude ambivalente qu'il conservera toute sa vie.
Devenu le crac solitaire et inapte au sport du lycée de Durban il est premier en français en 1900, il est admis en juin 1901 au lycée du Cap de Bonne Espérance. C'est l'année où meurt sa seconde demi-sœur, Madalena Henriqueta, âgée de deux ans, et où il s'invente le personnage d'Alexander Search dans lequel il se glisse pour écrire des poèmes, en anglais, langue qui restera, sans exclusivité, celle de son écriture jusqu'en 1921. Il y en aura cent dix-sept, le dernier datant de 1909. Ses tentatives d'écrire des nouvelles, parfois sous le pseudonyme de David Merrick ou de Horace James Faber, sont des échecs.
Cependant, à la rentrée scolaire, il est avec sa famille sur le paquebot qui conduit via Alexandrie le corps de sa sœur jusqu'à une sépulture lisboète. En mai 1902, le voyage familial se prolonge aux Açores où habite la famille maternelle. Sa belle-famille, rentrant sans lui, le laisse visiter de son côté sa famille paternelle à Tavira en Algarve. C'est seul qu'il regagne Durban en septembre. Préparant seul son entrée à l'université, il suit parallèlement des cours du soir au Lycée de Commerce de Durban. En novembre 1903, il est lauréat d'anglais, sur huit cent quatre-vingt-dix-neuf candidats, à l'examen d'admission à l'Université du Cap de Bonne Espérance.
C'est toutefois de nouveau au lycée de Durban qu'il suit l'équivalent d'une khâgne. Ébloui par Shakespeare, il compose alors, en anglais, Le Marin, première et seule pièce achevée des cinq œuvres dramatiques qu'il produira. Il est publié pour la première fois en juillet 1904 par Le Mercure du Natal pour un poème signé Charles Robert Anon, comme anonyme. Le journal du lycée de décembre 1904 révèle par un article intitulé Macaulay ses talents de critique. Il achève ses études undergraduate en décembre 1904 en obtenant précocement le diplôme Intermediate Examination in Arts.

Immigré à Lisbonne, exilé à soi-même

La dictature ne favorise pas la jeunesse. Les plus riches s'exilent à Paris. Fernando Pessoa rêve alors de s'éditer lui-même. C'est un échec.
En 1905, à l'âge de dix-sept ans, il part pour Lisbonne vivre auprès de sa grand-mère paternelle atteinte de démence à éclipses, Dionísia Perestrelo de Seabra, laissant sa mère à Durban, ce dans le but de devenir diplomate. Une santé fragile qu'il tente de maintenir par psychothérapie et gymnastique suédoise lui fait perdre une année universitaire et en octobre de l'année suivante, il s'inscrit au Cours Supérieur de Lettres, qui n'était pas encore faculté, mais son cursus est compromis par sa participation aux grèves estudiantines suscitées par le coup d'État du dictateur João Franco.
Fernando Pessoa à vingt ans en 1908. Devenu indépendant, tout en poursuivant en autodidacte des études littéraires et philosophiques, il entre alors dans la vie active et simultanément en écriture.
À la mort de sa grand-mère en août 1907, il se fait engager par l'agence américaine d'information commerciale R.G. Dun & Company. En septembre, il utilise la part d'héritage que sa grand-mère lui a laissé, pour ouvrir, 38 rue de la Conception de Gloire, un atelier de typographie et d'édition intitulé Ibisnote 8 et écrit sa première nouvelle aboutie, A Very Original Dinner, récit d'humour noir et de cannibalisme. En quelques mois, l'affaire tourne au désastre financier et en 1908 il se fait embaucher au journal Comércio comme correspondant étranger.
Il trouve également à travailler comme rédacteur de courrier commercial et traducteur indépendant pour différents transitaires du port. C'est en tant que traducteur commercial qu'il tirera jusqu’à la fin de sa vie son revenu de subsistance, revenu précaire qui l'aura fait passer par vingt maisons différentes, parfois deux ou trois simultanément.
C'est encore en 1908 qu'il inaugure une recherche intérieure, une longue marche vers soi, vers la connaissance d'un soi qui se révèle multiple, sous la forme d'un journal intime transcrivant dans ce qui devait devenir un drame en cinq actes, Tragédie subjective, le monologue de Faust, monologue qui ne s’arrêtera qu'avec la mort de l'écrivain et dont seuls des fragments ont été publiés. Cette quête intérieure répond à une errance physique, de chambre louée en chambre louée, de quartier en quartier, qui ne cessera qu'en 1921 et se ponctue de crises cénestopathiques.
Conscient de son état, il lit en 1910 Max Nordau, qui décrit le fou comme un dégénéré enfermé dans une subjectivité artistique, lecture qui le persuade que son génie à objectiver la perception du monde l'écarte de la folie. Aussi, en 1911, commence-t-il la rédaction, en anglais, de poèmes sensationnistes. Dépassant l'interprétation symboliste des correspondances de Baudelaire, le poète tend à travers celles-ci à restituer une perception non teintée de subjectivité d'un au-delà présent. Il réalise ainsi le projet nietzschéen d'une tragédie délivrée du moi de l'artiste. Il est conforté dans le sens mystique d'un tel dépassement par les expériences de dépersonnalisation décrites par Edgar Poe, écrivain qu'il a beaucoup lu depuis son arrivée à Lisbonne et qu'il traduira à l'instar d'un Mallarmé qu'il a également étudié de façon approfondie. Après le refus de Constable & Robinson de l'éditer, le 6 juin 1917, l'expérience sensationniste s'achèvera là sous cette forme, laissant place entièrement au projet futuriste, avant d'être repris comme testament de l'artiste. Les cinquante-deux poèmes composant The Mad Fiddler ne seront publiés qu'après 1979, quatre autres volumes et une tragédie en anglais, que l'auteur jugeait imparfaits, restant inédits.

Du critique au pasticheur maniaque

En 1912, il publie sa première critique en portugais suivies de deux autresnote 10 dans la revue nostalgiste L'Aigle, organe de la Renaissance Portugaise . Introduit par le frère de son beau-père, le général retraité Henrique Rosa, il entre dans le groupe Orpheu, cercle littéraire qui se forme autour de celui-ci et qui se réunit au moderne café A Brasileira. Il propose régulièrement de publier leurs créations à Alvaro Pinto, rédacteur de L'Aigle dans laquelle il prophétise la venue d'un super Camoens. À la fin de l'année, il trouve un hébergement, qu'il conservera jusqu'à la guerre, chez sa marraine et tante maternelle, Ana Luísa Pinheiro Nogueira dite Anica, 18 place des Carmes.
C'est alors, en 1913, qu'il verse dans l'ésotérisme et qu'il entame en la personne lusophone de Bernardo Soares, la rédaction décousue du Livre de l'intranquillité qui s'étalera également jusqu'à la mort de l'écrivain. La même revue, L'Aigle, innove en en publiant un extrait, Dans la forêt du songe, premier poème en prose portugaise, et entérine la mutation, fortement encouragée par l'amitié du poète, dramaturge et nouvelliste Mário de Sá-Carneiro, du critique en poète. Cependant une divergence grandit entre les écrivains avides d'ouverture que soutient Fernando Pessoa et la ligne nostalgiste de L'Aigle. En deux jours, du 11 au 12 octobre, Fernando Pessoa reprend le manuscrit de sa pièce Le Marin qu'il destinait au public anglais dans le but de surpasser en raffinements le prix Nobel de littérature Maurice Maeterlinck, ce à quoi il parvient excessivement.
En février 1914, Renascença, Renaissance publie dans ce qui fut l'unique numéro de la revue ses poèmes Impressions du crépuscule et O cloche de mon village qui rallient la jeune garde littéraire à la bannière d'une forme de post-symbolisme initié par Camilo Pessanha, le paulisme ou succédentisme. Dès lors, il se sentira, comme maints de ses prédécesseurs portugais, investi d'une mission de promouvoir une sorte de révolution culturelle pour sauver la nation de la stagnation. En l'occurrence, il se fait une religion de l'intersectionnisme ou sensationnisme à deux dimensions, application à la littérature du simultanéisme qu'avaient expérimentée Apollinaire et Sá-Carneiro. Le 8 mars 1914, lui apparait au cours d'une transe l'hétéronyme Alberto Caeiro, syncope de Carneiro, qui, pendant plusieurs jours, lui dicte en portugais les trente neuf poèmes en vers libres du Gardeur de troupeau. Suivront les deux disciples de cette allégorie du Poète, le portuan Ricardo Reis, Richard Rois, figure intellectuelle auteur des Odes, et le judéo algarvois Alvaro de Campos, Aubéron des Champs, écrivain du cœur qui lui rédigera sans pause ni rature les quelque mille vers de l'Ode maritime.

Le génie du modernisme

Le n° du 28 juin 1915 dont la rédaction était dirigée par Pessoa & Sá-Carneiro sera le dernier de la revue.
L'effervescence du moment est amplifiée par le retour consécutif à l'entrée en guerre de la France d'une jeunesse exilée, durant le régime de João Franco, à Paris où elle a vécu les expériences d'un surréalisme naissant.
Le 28 mars 1915, avec son alter ego Mário de Sá-Carneiro et l'argent du père de celui-ci, ainsi que d'autres artistes engagés contre les mouvements réactionnaires opposés ou favorables à la Première République, Fernando Pessoa lance une revue, Orpheu , référence à l'orphisme. Plus qu'une revue moderne et plus qu'un objet d'art, Orpheu se veut un acte créateur et même l'art en acte. Calligrammes, vers libres, détournement de la ponctuation, éclectisme de l'orthographe et des styles, néologismes, archaïsmes, anachronismes, ruptures et synchronie du discours, paradoxes amphigouriques et antithèses ironiques, ekphrâsis à satiété, interjections, pornographie et allusions homosexuelles, outrances déclenchent le fracas dans toute la presse lisboète et jusqu'en province. L'avant-gardisme provocateur et suicidaire de la revue, la dénonciation d'une sexualité bourgeoise et hypocrite, le défi lancé à une littérature compassée et conformiste, le mépris affiché pour une critique étouffante choquent tant celle-ci que le public et révèlent au sein de la rédaction des clivages politiques envenimés par une diatribe de Fernando Pessoa contre le chef du Parti Républicain, Afonso Costa. C'est à cette occasion qu'il tue le maître sensationniste Alberto Caeiro. Malgré les maquettes qu'il s'obstinera à concevoir, la revue ne survit pas à l'opposition du pseudonote 16 éditeur, António Ferro et au suicide dandy de Mário de Sá-Carneiro. Elle ne comptera que deux numéros premier et deuxième trimestre 1915 ; le troisième numéro imprimé ne fut pas diffusé.
Thème astral de l'hétéronyme Ricardo Reis élaboré par Pessoa. Après le deuil de Sá-Carneiro, traduction des ouvrages de théosophie et séances de spiritisme lui ont été un secours au point d'envisager la carrière d'astrologue.
En septembre 1917, en pleine guerre, Alvaro de Campos, inspiré par le Manifeste du futurisme du nationaliste italien Marinetti, appelle, par un Ultimatum aux générations futuristes portugaises du XXe siècle publié dans le premier et dernier numéro de la revue Portugal futuriste, au renvoi de tous les mandarins européens et à l'avènement d'une civilisation technicienne de surhommes. Quelques mois après, en 1918, parce qu'ils contiennent des insultes tant contre les Alliés que contre le Portugal qui attisent les divisions entre germanophiles et républicains, la police de Sidónio Pais, dans les suites de l'arrestation d'Afonso Costa et du coup d'état du 5 décembre 1917 que pourtant Fernando Pessoa approuve, saisit les exemplaires restants et poursuit les auteurs au prétexte qu'un des dix poèmes d'Almada Negreiros y figurant, Apologie du triangle féminin, est pornographique. Inversement, Antinoüs, poésie où passion charnelle et spiritualité s'entremêlent, et 35 sonnets, plus élizabethains que Shakespeare lui-même et tout emprunts de métaphysique, valent à Fernando Pessoa une critique élogieuse venue de Londres.

L'écrivain mélancolique

En 1920, il s'installe à Campo de Ourique, un quartier de Lisbonne, au 16 rue Coelho da Rocha, avec sa mère invalide devenue une seconde fois veuve et bientôt reléguée dans un hospice de Buraca, campagne du nord-ouest de Lisbonne. Il déserte désormais le café A Brasileira pour l'antique café Martinho da Arcada, place du Commerce. Une correspondance amoureuse et une relation intense avec une secrétaire de dix-neuf ans très entreprenante rencontrée en janvier chez un de ses employeurs, Ofélia Queiroz, coïncide avec un état qui lui fait envisager son propre internement et se solde en octobre par la rupture.
La prestigieuse revue londonienne Athenaeum avait publié le 30 janvier de cette année Meantime, un des cinquante-deux poèmes de The Mad Fiddler qui avait été refusé en 1917, classant ainsi son auteur au Parnasse anglais. L'année suivante, il fonde avec deux amis la librairie Olisipo qui opère également comme maison d’édition. Celle-ci publie English Poems en trois séries. À partir de 1922, il donne de nombreux textes à la revue littéraire Contemporaine dont Le banquier anarchiste, brûlot à l'humour provocateur fustigeant tant l'ordre bourgeois que l'intellectualisme des révolutionnaires. Destinée à une traduction anglaise, ce fut la seule œuvre que l'auteur considéra comme achevée66 quoique la naïveté de sa construction la fit dédaigner des spécialistes. En octobre 1924, il fonde avec Ruy Vaz la revue de poésie Athena dans laquelle il continue de publier mais en portugais.

Fernando Pessoa martyr de la génération montante des modernes.

Le 17 mars 1925, il perd sa mère, dont il ne désespérera jamais retrouver par delà la mort l'affection69 éteinte par la maladie, renonce à poursuivre sa revue Athena, et c'est sa première demi-sœur Henriquetanote 25 et son beau-frère, le colonel Caetano Dias, qui viennent habiter avec lui. En 1926, alors qu'il envisage à son tour le suicide, un de ses demi-frères le fait venir à ses côtés à la direction de la Revue de Commerce et de Comptabilité.
À partir de 1927, il est, avec maints de ses jeunes admirateurs, un des collaborateurs de la nouvelle revue Presença, laquelle revendique la ligne moderne de l'éphémère revue Orpheu. En 1928, il publie dans la brochure gouvernementale L'interrègne une Justification de la dictature militaire au Portugal, appelant à la remise en ordre du pays et soutenant la répression militaire de février 1927, position qu'il regrettera et reniera après l'instauration de la dictature civile. Alvaro de Campos écrit son désenchantement ironique dans Bureau de tabac et lui-même entame à partir de son poème Mer portugaise publié en 1922 dans Contemporânea la rédaction de ce qui deviendra Message.
Fidèle à l'esthétique paronomastique du futurisme que lui avait fait partager Mário de Sá-Carneiro de trouver la poésie dans la réclame, il forge cette même année le slogan pour Coca-Cola nouvellement implanté au Portugal. Il concevra aussi la publicité d'une laque pour carrosseries d'automobiles.

Approfondissements intérieurs

En septembre 1929, il renoue avec Ofélia, seule histoire d’amour qui lui soit connue, mais leur liaison ne connaîtra pas de suite après 1931. En septembre 1930, il rencontre, en tant que disciple gnostique de la société secrète dite de l'Ordre des Templiers, le thélémite Aleister Crowley, qu'il avait impressionné au cours de leur correspondance par son érudition astrologique, alors que celui-ci est de passage en compagnie d'une magicienne de dix-neuf ans, Hanni Larissa Jaeger. La farce du faux suicide de son hôte à la Boca do Inferno à Cascais, rivage prédestiné à l'ouest de Lisbonne, est tout à fait dans l'esprit mystificateur du poète et devait servir, en alertant toutes les polices d'Europe, au lancement d'une série de romans policiers qui restera à l'état d'ébauche, les enquêtes du Docteur Parcequime, déchiffreur qui se seraient voulues une méthode d'investigation de la criminalité de l'homme. Fernando Pessoa fait l'objet d'un article paru à Paris.
En 1931, il écrit Autopsychographie, art poétique en trois quatrains. Il observe la mode du freudisme auquel il reproche de rabaisser l'homme au sexe tout en prétendant dépasser la psychanalyse et conçoit une nouvelle en forme d'étude psychiatrique, Marcos Alves. Sa candidature au poste de bibliothécaire du musée de Cascais est rejetée en 1932. En 1933, paraissent les premières traductions de ses textes. Dans un poème, il rationalise son sentiment d'une vie double, l'une rêvée et vraie, l'autre vécue et fausse.
En 1934, il publie son premier recueil en portugais, Message. Ces quarante cinq poèmes mystiques composent en trois parties une sorte d’épopée rosicrucienne dont le messianisme sébastianiste prophétise une humanité nouvelle et l'avénement du Cinquième Empire de paix universelle. Présentés par ses soins au jury du prix Antero de Quental fondé l'année précédente par l'ex éditeur de la revue Orpheu, António Ferro devenu chef de la propagande de l'Estado Novo, ils lui valent de remporter le second prix, sa création étant jugée trop éparse pour un premier prix.
Fernando Pessoa vieilli prématurément peu avant son décès à l'âge de 47 ans.
À la suite d'un projet de loi d'interdire les sociétés secrètes, il publie dans la presse une apologie de la franc-maçonnerie85 et des pamphlets contre Salazar. L’année suivante, il refuse d’assister à la cérémonie de remise de son prix présidée par celui-ci. En octobre, en guise de protestation contre la censure, il décide de cesser de publier au Portugal.

Il est enterré un mois et demi plus tard, le 2 décembre 1935, pauvre et méconnu du grand public, estimé d'un petit cercle d'amis. Le 29 novembre, veille de son décès et jour de son admission à l’hôpital Saint-Louis des Français pour une cirrhose décompensée, il écrivait son dernier mot, I know not what tomorrow will bring

Ses œuvres complètes seront éditées de 1942 à 1946. Des recherches plus complexes ont permis de faire resurgir son théâtre en 1952 et des inédits en 1955 et 1956. L'inventaire dressé par la Bibliothèque nationale du Portugal à la suite de son achat, à l'hiver 1978-197926, des manuscrits aux héritiers a permis de composer un certain nombre de publications dont Le Livre de l'intranquillité en 1982 et Faust en 1988. Les articles publiés de son vivant ainsi que les manuscrits inédits font l'objet de reconstitutions qui paraissent sous formes d'essais ou de recueils.

L'homme fait œuvre Hétéronymie

Fernando Pessoa. Hétéronymes.
Pessoa a créé une œuvre poétique multiple et complexe sous différents hétéronymes en sus de son propre nom :

Alberto Caeiro, qui incarne la nature et la sagesse païenne;
Ricardo Reis, l'épicurisme à la manière d'Horace;
Alvaro de Campos, le modernisme et la désillusion;
Bernardo Soares, modeste employé de bureau à la vie insignifiante s'il n'était l'auteur du Livre de l'intranquillité,
et alii soixante-douze en incluant les simples pseudonymes.
Bernardo Soares est considéré par lui comme son semi-hétéronyme, plus proche de l'auteur orthonyme. Il signe aussi quelques textes en prose sous son propre nom, comme Le Banquier anarchiste. L'hétéronymie deviendra sa façon d'être. De multiples autres hétéronymes auront des fonctions diverses, de l'astrologie à l'auteur de rébus.
Il reste que les grands hétéronymes littéraires auront une telle force, seront à l'origine d'une création littéraire si unique que l'auteur leur trouvera même à chacun une biographie justifiant leurs différences. Fernando Pessoa deviendra le cas Pessoa pour grand nombre d'intellectuels, de critiques, de littérateurs, de simples lecteurs.

Nombreux sont ceux qui vivent en nous ;
Si je pense, si je ressens, j’ignore
Qui est celui qui pense, qui ressent.
Je suis seulement le lieu
Où l’on pense, où l’on ressent..
— Version du "je" est un autre rimbaldien de Ricardo Reis, double philosophe de Fernando Pessoa.

Une œuvre transocéanique

Prolifique et protéiforme, Pessoa est un auteur majeur de la littérature de langue portugaise dont le succès mondial croissant depuis les années quatre-vingt a été consacré par la Pléiade. Son œuvre, dont de nombreux textes écrits directement en anglais, a été traduite dans un grand nombre de langues, des langues européennes au chinois. Des hommes de théâtre, des chorégraphes, des compositeurs se sont désormais emparés de cette œuvre très riche pour des spectacles. Le cinéma également a produit des films inspirés par ce poète.
Pessoa a la singularité d'être simultanément un écrivain anglophone. En volume, approximativement un dixième de sa production est anglaise, nonobstant l'apport qualitatif de cette production à la littérature. Élevé à Durban, capitale du Natal britannique, brillantissime diplômé de l'Université du Cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud, c'est en tant que dramaturge shakespearien qu'il y commence en 1904 le métier d'écrivain et en tant que poète anglais qu'il le poursuit jusqu'en 1921 dans sa Lisbonne natale. De son vivant, sa production en portugais a été principalement celle d'un critique et les poèmes portugais qu'il a alors donnés l'ont été bien souvent pour le service de cette critique.
Pessoa a aussi écrit, souvent à des dates inconnues, en français, langue de la relation privilégiée avec une mère réinventée par delà les conflits familiaux. Cinq dossiers de ses archives regroupent ses poèmes français, sa prose française et les traductions qu'il a faites de ses poèmes anglais. De cette production, seuls trois poèmes ont été publiés : Trois chansons mortes, Aux volets clos de ton rêve épanoui, Le sourire de tes yeux bleus. Les poèmes français de Pessoa, tel Je vous ai trouvé, ressemblent plus souvent à des chansons.
Le portugais deviendra, cependant, la langue de sa grande créativité, la perfection de son anglais donnant en revanche à celui-ci un air factice. Il affirmera avec force ma patrie est la langue portugaise alors même qu'il ne cessera de penser en anglais, passant naturellement d'une langue à l'autre au cours d'un même écrit.

L'échec et la gloire

Sa sensibilité avait été blessée dès l'enfance par la mort de son père, le remariage de sa mère et l'arrachement à son village natal, le quartier du Chiado, au centre de Lisbonne. Pessoa passe toutes ses années de formation, de sept à dix-sept ans, à Durban, où son beau-père est consul du Portugal et où il reçoit une formation entièrement anglaise. À son retour, il se fixe à Lisbonne, qu'il ne quittera plus, et décide de se consacrer à la littérature. Il devra se contenter, pour gagner sa vie, d'emplois subalternes dans plusieurs maisons de commerce.
Il fait ses débuts littéraires en 1912 dans la revue du mouvement de la Renaissance portugaise. Dans ces premières années de la République proclamée en 1910, il partage l'exaltation messianique du poète Teixeira de Pascoaes. Il cherche sa voie du côté du symbolisme. La rencontre du jeune poète Mário de Sá-Carneiro, qui vit à Paris, l'oriente vers l'avant-garde. Le tournant de sa carrière se situe en 1914. L'apparition en lui des hétéronymes marque le début d'une période d'extraordinaire fièvre créatrice : il invente une philosophie, le néo-paganisme , découvre la théosophie et l'occultisme, participe au mouvement futuriste, propose une nouvelle esthétique, fonde des écoles littéraires intersectionnisme , sensationnisme. En 1915, il crée, avec Sá-Carneiro et quelques autres amis, dont Almada Negreiros, une revue d'avant-garde, Orpheu, dont la brève existence inaugure le modernisme portugais.
Le suicide de Sá-Carneiro, en 1916, l'affecte très profondément. Désormais, sans cesser de participer à la vie littéraire, il vit de plus en plus à l'écart, sacrifiant tout à son œuvre, y compris le seul amour qu'on lui connaisse, celui de la jeune Ophelia Queiroz. En près de vingt ans de solitude, Pessoa écrit des milliers de pages, mais il n'aura publié de son vivant que trois plaquettes de vers anglais, dont deux sur des sujets érotiques et, tout à la fin, un recueil épique et mystique, Mensagem, Message, considéré aujourd'hui par les Portugais comme leur grand poème national, au même titre que les Lusiades.
Un prix lui est décerné, en décembre 1934, pour ce livre, par le secrétariat à la propagande du gouvernement Salazar, dont il semble avoir, pendant quelque temps, approuvé l'idéologie. Quelques années plus tôt, il avait été redécouvert par les jeunes poètes de Coimbra réunis autour de la revue Presença. Ce n'est donc pas un inconnu qui meurt à quarante-sept ans, détruit par la boisson. Pessoa laisse une œuvre énorme, mais fragmentaire, dont il n'existe encore aujourd'hui aucune édition critique. C'est au fil des années, puis des décennies, que paraissent, dans le désordre, les ouvrages dont les manuscrits s'entassaient dans un coffre arca devenu légendaire, et que commence à se dessiner l'immense figure du poète qui prend place dans le panthéon national portugais auprès des deux gloires du passé, Vasco de Gama et Camões.
Pessoa avait désiré et prévu cet accomplissement posthume, comme il avait accepté l'échec de sa vie terrestre. Son héros emblématique est dom Sébastien, le roi caché, dont la défaite et la mort au combat, en 1578, ont précipité le déclin du Portugal, mais qui doit réapparaître un jour pour fonder en esprit un empire portugais éternel et universel.

Tout sentir de toutes les manières

On peut répartir les ouvrages de Pessoa en six grands massifs : l'œuvre poétique écrite en portugais sous son propre nom Cancioneiro, Message ; l'œuvre dramatique Le Marin, Faust ; l'œuvre poétique en anglais The Mad Fiddler, Sonnets, Antinoüs, Epithalame ; les fictions de l'interlude , regroupant tous les poèmes des hétéronymes Alberto Caiero, Ricardo Reis et Alvaro de Campos ; le Livro do desassossego Livre de l'intranquillité, journal intime attribué au demi-hétéronyme Bernardo Soares ; enfin l'ensemble des autres écrits en prose récits, essais, articles, presque tous posthumes, la plupart inachevés, qui traitent des sujets les plus variés : littérature, philosophie, théologie, beaux-arts, psychologie, sociologie, politique, économie et même comptabilité. Une place à part peut y être faite au seul récit publié du vivant de l'auteur, le Banquier anarchiste, dont l'humour tranche sur la tonalité tragique de l'ensemble de l'œuvre.
L'expérience fondamentale de Pessoa, c'est celle de l'excès de conscience de soi, qui lui donne le sentiment d'une totale irréalité de soi-même et du monde. Plus je vois clair en moi, plus obscur est ce que je vois, dit son Faust, qui éprouve à la fois la douleur d'être lui-même et « l'horreur métaphysique de l'Autre. La poésie élégiaque que Pessoa signe de son nom est la plainte d'une conscience privée d'être, qui s'analyse au lieu de sentir et qui feint l'émotion qu'elle ne ressent pas, ou même celle qu'elle ressent trop confusément pour pouvoir l'exprimer. Cette poésie est un lyrisme critique. Pessoa est le poète de l'ère du soupçon. Il a la nostalgie d'une culture primitive, antérieure au platonisme et au christianisme, où il était possible à l'homme de vivre en relation immédiate avec la nature. C'est pour retrouver cette innocence qu'il devient Alberto Caeiro, puis Ricardo Reis. Sous ces identités différentes, il fait l'expérience d'une autre forme de la condition humaine, où le critère de la vérité n'est plus intellectuel mais sensoriel, sensuel. Au lieu de postuler une valeur transcendante, le poète païen reconnaît dans la diversité des choses la présence concrète et plurielle des dieux, dont le philosophe du néo-paganisme, Antonio Mora encore un hétéronyme annonce le retour. Dans le Gardeur de troupeaux, Alberto Caeiro célèbre ses noces avec la terre : il refuse de penser le monde ; il se borne à constater son existence, pour s'en émerveiller. Ricardo Reis, dans ses Odes horatiennes, exprime la sérénité d'une conscience qui accepte sa condition mortelle et choisit de jouir de l'instant fugitif. Le troisième grand hétéronyme, Álvaro de Campos, choisit la voie dionysiaque. Il s'abandonne à la violence des sensations et des sentiments, jusqu'à éprouver le vertige du sacré. Disciple de Walt Whitman, il est le poète des grands espaces sauvages, mais aussi de la civilisation urbaine industrielle. Il crie l'intensité de son désir dans d'immenses Odes plus de mille vers pour la seule Ode maritime, dont l'éloquence délirante contraste avec la retenue de Caeiro et de Reis.
Pessoa va se débarrasser assez vite des deux premiers poètes païens. Il garde auprès de lui Campos, qui sera de plus en plus son double ; mais c'est un Campos différent. Sa soif de vivre ne peut pas être étanchée ; elle n'est pas à la mesure du réel. Il se fait le chantre de son propre échec et de l'échec humain en général. Si l'auteur orthonyme est le plus harmonieux des poètes de la constellation Pessoa, Caeiro le plus sobre, Reis le plus artiste, le jeune Campos le plus puissant, le Campos des dernières années en est le plus pathétique et le plus ironique. Dans ses poèmes en vers libres, dont le plus célèbre est Bureau de tabac, il met son cœur à nu comme jamais Pessoa « lui-même » n'aurait osé le faire. Insomniaque, alcoolique, angoissé mais cynique, il n'attend plus rien de son existence injustifiable, sinon le sommeil qui procure les rêves, ou alors cette forme d'éveil qu'est peut-être la mort.

Alberto Caeiro

C'est l'un des trois principaux personnages dans lesquels Fernando Pessoa s'est dédoublé. D'après les précisions de Pessoa lui-même, il ne s'agit pas d'un pseudonyme mais d'un hétéronyme, une création véritable tout à fait indépendante de son auteur, douée de sentiments particuliers et même d'un style propre. Il a été considéré comme un maître non seulement par Pessoa, mais aussi par les deux autres hétéronymes majeurs : Ricardo Reis et Álvaro de Campos. Il énonce dans ses poèmes des préceptes qui permettent de vivre sans angoisse, comme une plante, et de mourir sans panique, naturellement, comme le jour se meurt. Caeiro apparaît, en effet, comme une sorte de grande mère, Álvaro de Campos l'appelle dans un de ses poèmes : présence humaine de la terre maternelle, le giron où Pessoa et ses autres se cachent pour échapper à la mort en apprenant, par un certain mimétisme avec les bêtes et les plantes, à entrer pour toujours dans le cycle de la sève. Caeiro est tout le contraire de Pessoa, qui l'a justement créé pour qu'il lui apprenne à prendre le réel tel qu'il est, une présence qui finit en elle-même et ne renvoie à aucune absence. C'est pourquoi il privilégie le sens de la vue, il veut apprendre à ses disciples la sagesse de voir au détriment de la pensée. En écrivant sa biographie, Pessoa l'a conçue comme celle d'un autodidacte vivant à la campagne, une sorte de guérisseur avec lequel il voulait apprendre la santé d'exister des arbres et des plantes. Les poèmes-monologues de Caeiro ont été réunis après la mort de Pessoa dans un seul volume intitulé simplement Poèmes.

Álvaro de Campos

C'est l'hétéronyme le plus fécond de Fernando Pessoa. Tandis que Ricardo Reis et Alberto Caeiro ont été créés pour apprendre à leur auteur une certaine sérénité devant la vie et la mort, Campos feint la douleur que Pessoa réellement ressent. Ainsi, dans la présentation que Pessoa fait de lui, on voit que Campos est le portrait non seulement physique mais aussi moral de son auteur, qui exprime à travers ce personnage sa profonde inquiétude, son incapacité de trouver le chemin qui mène vers la vie. Le culte du paradoxe, si caractéristique de Pessoa – la seule façon pour lui d'approcher la vérité –, prend avec Campos une expression dramatique ; il y a, en effet, deux Campos : un personnage turbulent, provocateur, qui doit un peu au futurisme, et son contraire, un personnage nocturne, tourné vers l'intérieur de lui-même, penché vers le puits qu'il se sent être. Pessoa s'exprime, en prose et en vers, au nom de Campos tout au long de sa vie. Sous ce masque, il fait en quelque sorte son journal de voyage, celui de l'éternel voyageur, une valise à la main, tel que son compagnon de route Almada Negreiros l'a représenté. Pour Campos et pour Pessoa, tout est voyage : sensations Sentir, c'est voyager, aventure esthétique, Je n'évolue pas, je voyage , la vie même, Nous sommes tous nés à bord. Les poèmes d'Álvaro de Campos ont été réunis après la mort de Pessoa dans un volume intitulé Poésies et publié, ainsi que les poèmes des autres hétéronymes et de Pessoa lui-même, par l'éditeur Ática Lisbonne. Ses autres textes sont dispersés dans les recueils de prose de Fernando Pessoa.

Ricardo Reis

C'est le troisième hétéronyme du poète. Son créateur le fait naître à Porto en 1887 et élever dans un collège de Jésuites, où il devient un fervent latiniste. Brun, mat, petit et sec, il se réfugie, comme son modèle Horace, dans une sagesse épicurienne et des Odes qui laissent percer l'angoisse de la mort. Il est probablement le plus énigmatique des hétéronymes, ce qui lui valut de devenir le personnage d'un roman de José Saramago, l'Année de la mort de Ricardo Reis 1984. La postérité de Fernando Pessoa semble ainsi s'affirmer prodigue, et autonom

La vie est un songe

Rêver sa vie, à défaut de pouvoir vivre ses rêves : tel est le parti que prend Bernardo Soares. Petit employé perdu dans la foule anonyme, il domine pourtant le monde de toute la hauteur majestueuse de ses rêves. Dans son recueil de poèmes de jeunesse écrits en anglais, The Mad Fiddler, Pessoa affirmait que seul le rêve est vrai. Naufragé du réel, Soares veut bâtir sa demeure dans l'imaginaire. Il voyage abstraitement, sans sortir de sa chambre, comme Des Esseintes. Puisqu'il n'est pas possible d'atteindre le réel pour en exprimer la beauté, l'art consiste à exprimer la beauté de cette impossibilité même d'en exprimer la beauté.
Écrit dans une prose somptueuse, le Livre de l'intranquillité, révélé au public près d'un demi-siècle après sa mort, est sans doute l'ouvrage où Pessoa accomplit le plus parfaitement son projet paradoxal : vivre l'impossibilité de vivre. Mais le poète orthonyme, Pessoa lui-même, à certains moments, est allé encore beaucoup plus loin dans le refus du monde visible. À la devise que Soares emprunte à Calderón, la vie est un songe, répond, chez le Pessoa occultiste, celle qui s'inspire de la foi gnostique : il n'y a pas de mort. La vie est une forme de mort. C'est ce que nous appelons la mort qui est la vraie vie absente. Passionné par l'alchimie et la magie, pratiquant lui-même l'astrologie, héritier de la tradition secrète du christianisme, issue de la cabale juive et du spiritualisme néo-platonicien, qui affleure, au cours des siècles, dans l'ordre du Temple, la fraternité Rose-Croix ou la franc-maçonnerie, le poète initié décrit, dans Message et dans certains des poèmes lyriques du Cancioneiro, un univers dans lequel le mythe est la réalité absolue, l'échec la valeur suprême et l'absence l'attribut essentiel de Dieu. Il se voit lui-même sous l'apparence du moine-chevalier du Moyen Âge, appelé à poursuivre toute sa vie une quête sans objet, vers des plaines sans horizon.

Écrivain posthume

Les cendres de Fernando Pessoa, monument de la littérature, ont été transférées en 1988 pour le centenaire de sa naissance au Monastère des Hiéronymites à une centaine de pas de Camoens et Gama.
De son vivant, Fernando Pessoa a régulièrement écrit dans des revues littéraires portugaises dont celles qu'il a créées. En outre, il a fait paraître en anglais deux ouvrages mais sa mort prématurée ne lui a laissé le temps de publier qu'un seul livre en portugais, qui eut toutefois un succès retentissant : le recueil de poèmes Message, en 1934.

Le livre de la malle

À sa mort, on découvrit, enfouis dans une malle, 27 543 textes que l'on a exhumés peu à peu. Le Livre de l'intranquillité n'a été publié qu'en 1982 et son Faust en 1988. Tous ces manuscrits se trouvent depuis 1979 à la Bibliothèque Nationale de Lisbonne.
Son apport à la langue portugaise a été comparé au cours de l'hommage national officiel rendu le jour anniversaire de sa naissance, en 1988, à celui de Luís de Camões.
Le nom ou l'image-symbole de Fernando Pessoa ont été donnés à de nombreuses institutions portugaises. Depuis 1996, il existe une Université Fernando Pessoa à Porto.

Œuvres

Fiction

Alexander Search, Un souper très singuliernote 34 inédit en langue originale nouvelle gothique écrite en 1907 en anglais d'environ 60 pp.
Tsarkresko, in M.L. Machado de Sousa, O Horror na Literatura Portuguesa, Instituto de Cultura Portuguesa, Lisbonne, 1989 conte gothique en anglais.
Le vainqueur du temps, inachevé, in Textos Filosóficos, vol. II, Ática, Lisbonne, 1968 conte métaphysique.
Bernardo Soares, Le Livre de l'intranquillité, Ática, Lisbonne, 1982 journal aphoristique.
Fables pour les jeunes nations, Pessoa Inédito, pp. 266-270, Livros Horizonte, Lisbonne, 1993
cinq fablesnote 35 auxquelles s'ajoute Soie rose, parue in Le Journal nº1, Lisbonne, 4 avril 1915.
Le Pèlerin, Mealibra nº 23, Centro Cultural do Alto Minho, Viana do Castelo Portugal, 2009 nouvelle d'environ 88 pp.
Le Banquier anarchiste, Contemporânea, Lisbonne, 1922 pamphlet social.
Marcos Alves, inachevé, in T.R. Lopes, Pessoa por Conhecer - Textos para um Novo Mapa, Estampa, Lisbonne, 1990 portrait psychologique.
Quaresma, déchiffreur, Assírio & Alvim, Lisbonne, 2008, 477 pages nouvelles policières.

Essais en portugais Attribués à des hétéronymes

Fernand Pessoa en flagrant délitre vers 1928.
Álvaro de Campos, Ultimatum, Portugal Futurista no 1, Lisbonne, 1917.
Álvaro de Campos, Notes en mémoire de mon maître Caeiro, in Textos de Crítica e de Intervenção, Ática, Lisboa, 1980 étude littéraire posthume rassemblant autour d'articles publiés du vivant de l'auteur sous ce titre des manuscrits portant sur le même sujet.
António Mora, Introduction à l'étude de la métaphysique, titre prévu par l'auteur d'un essai dont divers manuscrits écrits sous divers hétéronymes à différentes époques font la substance, in Textos Filosóficos, vol. I & II, Ática, Lisbonne, 1968.
António Mora, La morale, titre prévu par l'auteur d'un essai dont la substance morale de la Force, morale de la Domination de soi, morale de l'Idéal, l'Humilité, l'Ascétisme a été retrouvé dans divers manuscrits, in Textos Filosóficos, vol. I, p. 226, Ática, Lisbonne, 1968.
António Mora, Le retour des dieux, inachevé, in G.R. Lind & J. do Prado Coelho, Páginas Íntimas e de Auto-Interpretação, Ática, Lisbonne, 1996 apologie d'un retour à une religion polythéiste.
Bernardo Soares ou baron de Teive, L'éducation du stoïcien, Assirio & Alvim, Lisbonne, 1999 essai sur le suicide.

Attribués à Fernando Pessoa

Chronique de la vie qui passe in M.I. Rocheta & M.P. Morão, Ultimatum e Páginas de Sociologia Política, Ática, Lisbonne, 1980
recueil des articles parus dans cette rubrique du Journal en 1915.
Erostratus in Páginas de Estética e de Teoria Literárias, Ática, Lisbonne, 1966 essai sur la création littéraire.
Recueil de critiques d'économie politique parus dans la presse, Páginas de Pensamento Político, vol. II, Publicações Europa-América, Mem Martins Portugal, 1986.
Lisbonne: ce que le touriste doit voir, Livros Horizonte, Lisbonne, 1992.
Le Paganisme Supérieur, titre prévu par l'auteur99 d'un recueil d'articles ésotériques et métaphysiques parus dans diverses publications posthumes.
Théorie de la République aristocratique, titre prévu par l'auteur100 d'un essai dont des articles parus de son vivant dans des journaux et des manuscrits de nature sociologique et politique parus dans diverses collections posthumes font la substance.
De la dictature à la république, inachevé, in M.I. Rocheta & M.P. Mourão, Da República 1910 - 1935, Ática, Lisbonne, 1979, histoire politique du Portugal moderne.
Le sens du sidonisme, inachevé, in M.I. Rocheta & M.P. Mourão, Da República 1910 - 1935, Ática, Lisbonne, 1979.
Le préjugé des révolutionnaires, inachevé, in M.I. Rocheta & M.P. Mourão, Ultimatum e Páginas de Sociologia Política, Ática, Lisbonne, 1980.
Cinq dialogues sur la tyrannie, inachevé, in M.I. Rocheta & M.P. Morão, Ultimatum e Páginas de Sociologia Política, Ática, Lisbonne, 1980 défense de la liberté individuelle et dénonciation de la dictature.
Commerce et civilisation, traduit du portugais par Simone Biberfeld et Parcidio Gonçalves, Éditions de la Différence, Paris, 2012

Poésie portugaise De Fernando Pessoa, orthonyme

Message, 1ª ed., 1934, troisième et dernier recueil de Pessoa publié de son vivant après ceux parus en anglais en 1918 et en 1921 hormis son manifeste Ultimatum, les poèmes de la revue Athéna, les textes parus dans Orpheu et Contemporânea, ainsi que ses nombreux articles...
Message, Império, Lisbonne, 1934.
Rubaiyat, trente deux quatrains.
Cancioneiro, titre prévu par l'auteur du recueil paru épars en éditions posthumes
Poésies, Ática, Lisbonne, 1942 reprend en sus les poèmes parus en revue du vivant de l'auteur.
Poésies inédites, Ática, Lisbonne, 1956.
Œuvre poètique, José Aguilar, Rio de Janeiro, 1960.
Nouvelles poésies inédites, Ática, Lisbonne, 1973.
Œuvre poétique et en prose, vol. I, Lello, Porto, 1986.
Patésnote 36 d'un goût populaire, Ática, Lisbonne, 1965.
Pessoa inédit, Livros Horizonte, Lisbonne, 1993 poèmes satiriques.

D'Alberto Caeiro, hétéronyme

Le Gardeur de troupeaux in João Gaspar Simões & Luís de Montalvor, Poemas de Alberto Caeiro, Ática, Lisbonne, 1946.
Le Berger amoureux in João Gaspar Simões & Luís de Montalvor, Poemas de Alberto Caeiro, Ática, Lisbonne, 1946.
Autres poèmes et fragments, titre prévu par l'auteur de poèmes parus en éditions posthumes
Fragments in T. Sobral Cunha, Pessoa por conhecer - Textos para um novo mapa, Estampa, Lisbonne, 1990.
Poèmes inconnus in T. Sobral Cunha, Poemas Completos de Alberto Caeiro, Presença, Lisbonne, 1994
Certains étaient parus dans Athena, Presença ou l'édition de 1946
D'António Mora, pseudonyme d'Alberto Caeiro
Le Retour des Dieux, titre prévu par l'auteur de poèmes néopaïens parus dans diverses publications posthumes.
De Ricardo Reis, hétéronyme
Livre premier, Presença no 1, Lisbonne, 1924
Odes, Ática, Lisbonne, 1946.
Poèmes, INMC, Lisbonne, 1994.
D'Alvaro de Campos, hétéronyme
Opiacé, Orpheu no 1, Lisbonne, 1er trimestre 1915.
Ode triomphale, Orpheu no 1, Lisbonne, 1er trimestre 1915.
Ode maritime, Orpheu no 2, Lisbonne, 2e trimestre 1915. Réédition France : Ode maritime et autres poèmes, traduit du portugais par Dominique Touti et Michel Chandeigne, présenté par Claude Michel Cluny, éd. bilingue, Éditions de la Différence, coll. Orphée, Paris, 1990.
Poésies d'Álvaro de Campos, Ática, Lisbonne, 1944.
Livre de vers, Estampa, Lisbonne, 1993.
Poésie des autres hétéronymes lusophones
in T.R. Lopes, Pessoa por Conhecer - Textos para um Novo Mapa, Estampa, Lisbonne, 1990.

Théâtre

Le point central de ma personnalité, en tant qu’artiste, c’est que je suis un poète dramatique
— Pessoa s'expliquant dans une lettre à un jeune universitaire.
Le marin, drame statique en un tableau, Orpheu no 1, Lisbonne, 1er trimestre 1915.
L"heure du Diable, Rolim, Lisbonne, 1988.
Un soir à Lima, inachevé.
Fragments
Dialogue à l'ombre in A. de Pina Coelho, Textos filosóficos vol. I - Fernando Pessoa, Ática, Lisbonne, 1968.
Mort du Prince in T.R. Lopes, Fernando Pessoa et le drame Symboliste, Fondation Calouste Gulbenkian, Paris, 1977..
Salomé in T.R. Lopes, Fernando Pessoa et le drame Symboliste, Fondation Calouste Gulbenkian, Paris, 1977.
Dialogue dans le jardin du Palais in T.R. Lopes, Fernando Pessoa et le drame Symboliste, Fondation Calouste Gulbenkian, Paris, 1977.
Sakyamuni fragments in T.R. Lopes, Fernando Pessoa et le drame Symboliste, Fondation Calouste Gulbenkian, Paris, 1977.
Tragédie subjective en cinq actes, inachevée, publiée sous le titre Faust Presença, Barcarena, 1988.
The Duke of Parm, tragedy, inédit.

Poésie anglaise

117 poèmes signés Alexander Search, Poesia Inglesa, Livros Horizonte, Lisbonne, 1995, devant composés
Delirium106
Agony106
Poésie signée Charles Robert Anon, pseudonyme d'Alexander Search, Pessoa Inédito, Livros Horizonte, Lisbonne, 1993, dont le poème
Meantime, publié dans l’Athenaeum, Londres, 30 janvier 1920.
Poésie inédite signée Thomas Crosse.
Le violoneux foun, INCM, Lisbonne, 1993, 1er pub. non critique Presença, Lisbonne, 1988.
Antinoüs, Monteiro, Lisbonne, 1918 .
35 Sonnets, Monteiro, Lisbonne, 1918.
Poèmes anglais I & II Antinoüs & Inscriptions, Olisipo, Lisbonne, 1921.
Poèmes anglais III Epithalamium, Olisipo, Lisbonne, 1921.
Deux poèmes anglais de Fernando Pessoa sur la Première Guerre mondiale in Ocidente nº 405, Lisbonne, janvier 1972.
Huit poèmes anglais inédits in G.R. Lind107, Estudos sobre Fernando Pessoa, INCM, Lisbonne, 1981.
30 poèmes non hétéronymiques, certains fragmentaires, écrits entre 1911 et 19357, Pessoa Inédito, Livros Horizonte, Lisbonne, 1993.

Essais en anglais

EPITAPH
Here lies who thought himself the best
Of poets in the world's extent;
In life he had not joy nor rest.
Alexander Search, 1907.

Œuvres de jeunesse inachevées signées Alexander Search

The portuguese regicide and the politicical situation in Portugal.
The philosphy of rationalism.
The mental disorder of Jesus
Selected Poems by Jonathan Griffin - Penguin Poetry

Fragments destinés à une publication portugaise

Le temple de Janus in Pessoa Inédito, Livros Horizonte, Lisbonne, 1993.
Le reste de la prose anglaise de Pessoa ou ses hétéronymes anglais n'est pas organisé correspondance, notes diverses, brouillons...

Œuvres traduites en français

Notes en souvenir de mon maître Caeiro
Chronique de la vie qui passe œuvres en prose en dehors du Livre de l'intranquillité
Ode maritime et autres poèmes 1915
Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro avec Poésies d'Alvaro de Campos 1914
Erostratus Erostrate
Lisbonne
Le Marin
Bureau de tabac, traduit par Adolfo Casais Monteiro et Pierre Hourcade, ed. bilingue,éditions Inquérito Limitada, 1952.
Ode Maritime, préface et traduction d'Armand Guibert, éditions Seghers
Bureau de tabac et autres poèmes, préface et traduction d'Armand Guibert, éditions Caractères, 1955.
Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro, traduit par Armand Guibert, Éditions Gallimard, collection blanche, 1960, 224 p.
Visage avec masques, poèmes des principaux hétéronymes, traduits et présentés par Armand Guibert, Alfred Eibel éditeur, Lausanne,1978, , 228 p.
Antinoüs, préfacé et traduit par Armand Guibert, éditions Fata Morgana, collection Dioscures, 1979, 64 p.
Le Gardeur de troupeaux, traduit par Rémy Hourcade et Jean-Louis Giovannoni, 1986. E.O Éditions Unes
L'Ode triomphale & douze poèmes de la fin d'Alvaro de Campos, traduits par Rémy Hourcade et Emmanuel Hocquard, éditions Royaumont, 1986, non paginé.
Cent cinquante-quatre quatrains, traduit et préfacé par Henry Deluy, 1986 Éditions Unes
Le Livre de l'inquiétude, traduit et préfacé par Inês Oseki-Dépré, 1987. E.O Éditions Unes
Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, présentés et traduits par Armand Guibert, Poésie/Gallimard, 1987
Alvaros de Campos, choix de poèmes traduits par Rémy Hourcade et Emmanuel Hocquard, éditions Royaumont, 1988, 64
Quatrains complets, traduit et préfacé par Henry Deluy, 1988. E.O Éditions Unes
Bureau de tabac, préface de Adolfo Casais Monteiro 1952 et postface de Pierre Hourcade 1975, traduit par Rémy Hourcade, 1993 - édition définitive
Ultimatum, 1993 - traduit par Michel Chandeigne et Jean-François Vargas E.O Éditions Unes
Opium à bord, traduit et préfacé par Armand Guibert, 1993 - nouvelle édition Éditions Unes
Sur les hétéronymes, traduit et préfacé par Rémy Hourcade, 1993 - édition définitive Éditions Unes
Quaresma, déchiffreur, 2010
Histoires d'un raisonneur, traduit de l’anglais par Christine Laferrière et du portugais par Michelle Giudicelli, 2014 Christian Bourgois
Publiés dans la collection Pléiade Gallimard, sous le titre Œuvres poétiques, préface par Robert Bréchon, traduction, notices et notes de Patrick Quillier.

Correspondance

Fernando Pessoa, José Blanco, Pessoa en personne, Paris, La Différence, 1986, rééd. coll. "Minos", 2003.
Correspondance avec Ofélia Queiroz, Cartas de Amor, Ática, Lisbonne, 1978.
Correspondance avec Armando Cortes Rodrigues, Cartas de Fernando Pessoa a Armando Côrtes-Rodrigues, Confluência, Lisbonne, 1944.
Correspondance avec João Gaspar Simões, Cartas de Fernando Pessoa a João Gaspar Simões, Europa-América, Lisbonne, 1957.
Correspondance diverse in Escritos Íntimos, Cartas e Páginas Autobiográficas, Europa-América, Mem Martins Portugal, 1986 & in Pessoa Inédito, Livros Horizonte, Lisbonne, 1993.

Œuvres inspirées de Pessoa

Musique
Bévinda : Pessoa em pessoas Celluloïd, 1997
Jean-Marie Machado : Leve leve muito leve - Rêves et déambulations d'après Fernando Pessoa Éditions Hortus, 2003
Mariza : Do vale a montanha, poème de 1932 dans Mensagem chanté sous le titre de Cavaleiro monge dans Fado curvo 2003

Films

Jean Lefaux : Pessoa l'inquiéteur Zaradoc, 1990 sur le site de Zaradoc
Benoît Laure : L'ami poète 2004 Film d'animation imaginant une rencontre poétique entre le poète portugais Fernando Pessoa et l'Argentin Jorge Luis Borges.

Liens
http://youtu.be/KUcZaBoOuyQ Poésie
http://youtu.be/zZoxPhi6rHs poésie
http://youtu.be/MMQ7eCpnp-E Phrases de Pessoa
http://www.ina.fr/video/I08046725/a-propos-de-pessoa-video.html a propos de Pessoa
http://www.ina.fr/video/CPC98003344/poemes-video.html I livre I jour, de Pessoa



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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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