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Re: Défi du 17/05/14
Plume d'Or
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Chère Couscous, voice une histoire réussie pour plusieurs raisons. Il y a d'abord ton style unique qui prend et nous fait lire sans efforts. Ensuite, cette vision du future nous fait frémir car elle ressemble beaucoup à ce que sera le présent, son embryon. Enfin, nous ne manquons pas de noter en passant, la solitude des gens âgés et seuls, car les enfants sont souvent loins. L'abandon, qu'il soit volontaire ou pas, demeure néanmoins le gouffre où les vieux se trouvent plongés.
Oui, Couscous, j'ai beaucoup aimé ton histoire "Retour" parce qu'elle nous fait retourner au plus profond de notre âme afin d'y trouver notre Vérité. La fin est un soulagement (je ne la dévoilerai pas) mais c'est un soulagement superficiel car après tout, si le Retour est triste, l'Arrivée ne l'est pas moins.

Posté le : 19/05/2014 01:58
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Re: Défi du 17/05/14
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L'effet Doppler est une bonne trouvaille et résume bien cette histoire. De plus cela m'a fait faire un retour à l'école et figure-toi que cet effet Doppler m'a fait souffrir en classe.

Posté le : 18/05/2014 17:10
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Re: Défi du 17/05/14
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Voici mon humble contribution.


Toute la famille était réunie autour de la table.
Edmonde, arrivée de bonne heure, était assise à la place occupée la veille par ma mère. Cette dernière se trouvait maintenant dans le recoin où nous nous étions réfugiés lorsque le mystérieux étranger avait fait son apparition. Elle avait refusé avec entêtement d'aller se joindre aux invités, autour de la table.
Ils étaient tous là. Mes oncles paternels et maternels, mes tantes, mes cousins, mes neveux et ma belle-sœur avec son nouveau mari. Ils semblaient tous heureux d'être venus me faire une surprise. Pour une surprise, c'était une surprise ! Georges, qui devait avoir tout organisé, n'avait oublié personne. Il y avait même ma cousine Delphine, celle qu'on avait baptisée « la voyante » parce qu'elle se disait dotée de double vue et déclarait qu'elle ne pouvait pas faire un mauvais rêve sans que quelqu'un ne mourût de mort violente. Je remarquai avec amusement que personne n'avait osé s'asseoir à côté d'elle.
Tout le monde parlait à la fois, mais, peu à peu, un silence fragile s'établit dans la pièce et je pus entendre la voix d'Edmonde. Elle déclarait qu'elle avait été très touchée par les marques d'affection de tous, et qu'elle souhaitait qu'ils vinssent nous rendre visite à Paris. Elle ajouta qu'elle eût été très heureuse en cette occasion de leur offrir l'hospitalité. J'étais fier de sa générosité et lui en était reconnaissant. Edmonde parla ensuite de notre vie à Paris, répondant au passage aux questions qui jaillissaient de l'assemblée, ces mêmes questions que j'avais déjà entendues. Tout se déroulait à merveille lorsque soudain, une question qu'avait posé mon cousin Étienne, un célibataire d'une quarantaine d'années, devait signaler le début du cauchemar le plus effrayant de par sa qualité quasi-réelle. Ce cauchemar, tissé dans un but incertain allait durer jusqu'à ce que mon esprit pût en saisir le sens.
Étienne avait demandé à Edmonde si les parisiennes étaient aussi jolies qu'on le disait. Cette dernière, sur le point de répondre, dirigea fixement son regard dans la direction de la porte d'entrée…
Flore avait fait son apparition. Elle s'avançait lentement sans que personne n'y fît attention, sauf évidemment, Edmonde. Les deux femmes se fixaient avec défiance. Subitement, la conduite d'Edmonde me causa un tel choc que je crus en perdre la raison. Frappant du poing contre la table, elle se mit à crier à ceux qui l'entouraient :
« Vous n'êtes que des hypocrites ! Je sais que vous faites des efforts pour ignorer sa présence ! Eh bien, épargnez-vous cette peine ! J'étais depuis longtemps au courant de l'existence de Flore vallée ! Je sais tout de la liaison entre elle et mon mari…
- Edmonde ! m'écriai-je, en faisant un bond. »
Flore me retint par le bras et me pria de me taire.
« Mais de quoi parle-t-elle? Quelle liaison ? Il n'y a jamais eu de liaison entre nous ! Tu le sais bien, toi-même ! C'est vrai, je t'aimais, mais je t'aimais en silence !
- Tu crois ?
- Oui ! soutins-je avec désespoir.
- Eh bien, écoute ta femme. »
Edmonde continuait :
«… Je savais que Flore Vallée et Bertrand s'étaient revus.
- Tout ça n'est vraiment pas nécessaire, l'interrompit ma tante Isabelle, la plus âgé de mes tantes. Cela ne peut que nuire à votre santé… C'est du passé… Il faut maintenant lui pardonner…
- De quoi se mêle-t-elle ? lançai-je à Flore.
- Arrête donc une seconde et écoute !
- Je n'ai pas besoin d'écouter !
- Tu n'as jamais besoin d'écouter mais si tu m'avais écouté, tu n'en serais pas arrivé là ! Et moi, non plus, d'ailleurs ! C'est toi qui m'as entraînée ici !
- Bon sang ! Je deviens fou ! Je ne t'ai entraînée nulle part ! La seule chose que j'ai fait de mal, c'est te voler un baiser maudit ! »
En repensant aux lèvres de Flore, je me demandai si c'était cela à quoi se référait Edmonde. Mais comment et par quel miracle aurait-elle pu apprendre ce qui s'était passé la veille entre Flore et moi ? Non ! Cela était impossible !
Edmonde poursuivait :
« Comment pourrais-je jamais lui pardonner !? Comment oublier la honte dont il m'a couverte et l'humiliation qu'il me fait subir en ce moment !?
- Personne ne le demande ! l'interrompit de nouveau ma tante Isabelle.
- Mais si ! Autrement, comment pourrais-je interpréter la présence de Flore, là, à côté de Bertrand !? Comment juger ce crime sans une explication !? Voyez ! Ils nous défient ! Ils nous narguent tous les deux, serrés l'un contre l'autre. Et si ce traître vous semble maintenant repenti, ne vous y laissez pas prendre ! Un traître ne se repent que pour mieux trahir de nouveau !
- Ça suffit !! m'écriai-je.
- …Non, non ! Je dois me justifier… Je peux lire, sur vos visages, le blâme… Je sens vos reproches… »
Je bondis de nouveau et encore une fois, Flore, aidée cette fois-ci par Georges, me maîtrisa et je m'effondrai sur le sol, criant et priant. J'étais venu rendre visite à mes parents, me rebaigner dans l'atmosphère de mon enfance et je m'y étais enlisé. En voulant retrouver mon passé, je venais de perdre mon futur.
« Edmonde, par pitié ! m'écriai-je. »
Ma cousine Delphine, la voyante, détourna la tête à mon appel. Son visage se contracta, ses lèvres élastiques s'étirèrent et je l'entendis prononcer:
- « Bertrand, qu'as-tu à dire ? Je t'écoute. Que veux-tu ? »
Encouragé par ces mots, je me jetai aux pieds de la voyante et la suppliai :
« Delphine ! Delphine ! Je l'aime ! Dites-lui, vous, à Edmonde, que je l'aime ! »
La cousine Delphine s'écria :
« Edmonde, il est près de moi ! Il me parle ! Il me parle mais je n'arrive pas à comprendre ce qu'il me dit… »
- Georges me releva.
« Calme-toi, Bertrand. Tu vois que tout cela ne sert à rien »
J'allais me laisser entraîner lorsque j'entendis murmurer dans la salle :
« Le voilà ! »
J'aperçus alors le petit homme grassouillet que j'avais vu la veille. Il tenait une mallette de cuir à la main. Lorsqu'il s'approcha de la table, tout le monde se leva. Edmonde se mit sur pied et me cria :
« Bertrand ! Bertrand ! Mon amour ! Je te pardonne ! Je t'avais déjà pardonné ! »
A ces mots, toute la famille l'entoura pour l'embrasser. Quant à moi. Comme un naufragé que l'on vient d'arracher à la tempête, je ne pouvais que répéter :
« Merci… Merci… »
Durant ce temps-là, le petit homme, comme il l'avait fait la veille, se dirigea vers le placard. Oubliant un instant mon malheur, vaincu par la curiosité que cet individu ne cessait d'éveiller en moi, je cherchais mes parents des yeux afin de leur rappeler la promesse qu'ils m'avaient faite. Je fus surpris de les retrouver à mes côtés.
« Souviens-toi que c'est psychologique, me dit mon père.
- Tu vas comprendre, me dit ma mère. »
Le petit homme ouvrit le placard Ensuite, il ouvrit sa petite valise. Je le vis en retirer une urne de métal Je me sentais calme et détaché. J'avais soudain l'impression que tous mes sens avaient acquis une acuité infinie. Je pouvais voir à travers tout ce qui m'entourait et percevoir le moindre bruit. Le petit homme leva l'urne en l'air comme s'il eût désiré que tout le mond s'y mirât. C'est à ce moment que je vis Edmonde défaillir. Je voulus aller la ranimer mais une vieille cousine me devança et je sentis d'ailleurs, que ce n'était plus mon rôle…
L'homme plaça l'urne dans le placard et en referma la porte. Derrière moi, j'entendis la voix de Georges qui disait :
« Bienvenu parmi nous, Bertrand… »
Sans lui répondre, je continuai d'observer l'inconnu vêtu de noir. Ce dernier s'éloigna de la porte fermée et la vérité m'apparut gravée en lettre d'or. Un instant, pris de panique, je détournai la tête vers Georges. Il me sourit et son sourire m'apaisa.
Sur la porte de marbre était écrit :
« Ici repose Bertrand Estabiel 1960-2000»

***

Après l'arrivée de mes cendres, mon esprit fut libéré.Je pouvais désormais me souvenir des derniers événements de ma vie. Tout était devenu simple, ridiculement simple. L'accident d'automobile que j'avais eu avec Flore nous avait été fatal. Nos deux corps avaient été retrouvés écrasés l'un contre l'autre. Cause de l'accident : un baiser.J'avais voulu revoir ma famille, le destin m'y avait aidé, à sa manière. J'étais enfin de retour à Argneux.
***
Depuis que mes cendres ont refroidi et qu'elles reposent, selon mes dernières volontés, à côté de celles de Georges et mes parents, je n'ai jamais plus eu de bouffées de chaleur….

FIN

Posté le : 18/05/2014 03:20
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Re: Défi du 17/05/14
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Bon Ani. A +.

Posté le : 18/05/2014 03:14
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Re: Défi Nouveau.
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Mes chers amis ! Mes chers amis !
Je réponds à votre appel exprimant le désir de connaitre Gagzden ! Hélas cette histoire est trop longue our être imprimée ici ou même en texte sur l'Orée.
Mais afin de vous faire plaisir, je vous en mettrai de courts extraits jusqu'au moment où vous vous en lasserez.
Donc, voici.



Perplexe, je jetai un regard distrait sur la carte de visite puis la glissai discrètement dans ma poche. Rose-Marie, également décontenancée par cet incident, n'avait pas encore prononcé un mot. Je lui demandai si elle désirait prendre un autre chocolat chaud. Dès qu'elle me répondit par la négative, je me portai volontaire pour payer l'addition et proposai sans perdre de temps de nous en aller.
Une fois dehors, je prétextai une course urgente pour me débarrasser de ma maîtresse et rentrer chez moi réfléchir sur l'incident qui allait devoir changer le cours de mon existence.
De retour dans mon appartement, je m'interrogeai sur ce qui venait de se passer au café. Je me demandai si je pouvais prendre au sérieux le petit bonhomme. Sur le point de conclure que sa mine ridicule ne pouvait être que celle d'un plaisantin, ses paroles me revinrent en mémoire. Je dus alors me rendre à l'évidence qu'elles formaient dans le cadre de mes propres pensées, une coïncidence si mystérieuse qu'il m'était impossible de l'ignorer. La probabilité, pensai-je, de faire avancer mes recherches grâce à ce savant de passage à Paris était négligeable. Toutefois, si je considérais la vie comme n'obéissant qu'imparfaitement aux lois mathématiques, cette probabilité devenait une possibilité que je ne pouvais me permettre de négliger. Sur cette déduction, j'en conclus que je devais aller rendre visite à ce monsieur Gagzden.
Le lendemain je pris un taxi afin de me rendre à l'adresse indiquée sur la carte de visite que j'avais tirée de ma poche et tendue au chauffeur. Ce dernier était un grand gaillard avec de larges épaules. Une grosse tignasse noire poussait sous sa casquette qui, soumise à cette pression, n'arrivait pas à lui recouvrir la tête et se tenait en état de lévitation au dessus de son front. Ses traits étaient durs et graveleux. Il était doté de trois moustaches : une autour de chaque œil et la troisième, une petite brosse brune qui sortait perpendiculairement de sa lèvre supérieure. Il étudia le bristol, fronça ses moustaches supérieures et lança par dessus son épaule :
« Ah ! Rue de la Bouverie. »
Je craignis un instant qu'il n'allât rouspéter et me prier de descendre du taxi mais, à mon soulagement, il mit la voiture en marche sans protester.
Après un bon bout de chemin - car j'habitais au sud de Paris - nous pénétrâmes dans le quartier des Halles. La Citroën se mit à circuler lentement dans les environs, cahotant sur les pavés et rasant les murs des rues étroites. J'eus, peu à peu, l'impression que nous tournions dans un labyrinthe mais je n'arrivais pas repérer un seul endroit qui, si c'eût été le cas, n'eût pas manqué d'attirer plus d'une fois mon attention dans une ronde où mes passages en un même point se fussent nécessairement répétés. Le bruit du moteur réfléchi par les parois qui nous entouraient de près revenait, amplifié, m'assourdir. Tout ce bruit et toutes ces secousses m'avaient distrait car je réalisai à peine que les rues étaient désertes. Le chauffeur arrêta son véhicule.
« Ça m'a l'air d'être ici, fit-il en pointant une ruelle qui débouchait dans celle où nous nous trouvions. »
Il ajouta brusquement :
« Mon bon monsieur vous allez devoir y aller à pied car moi j'passe pas ! Je regrette beaucoup mais moi j'passe pas. »
Son ton était si catégorique que je ne songeai pas à m'élever contre sa décision bien qu'elle me parût arbitraire et mal fondée puisque la rue qui lui semblait infranchissable m'apparaissait, à moi, être plus large que celle dans laquelle nous étions stationnés. Je lui réglai donc la course sans discuter. Au moment où il allait enclencher la première mes yeux tombèrent sur la plaque et lorsque j'y lus le nom je criai au chauffeur :
« Hé ! Ne partez pas ! Vous vous êtes trompé d'adresse : ça n'est pas la rue de la Bouverie !
- C'est quoi alors ? me dit-il, de mauvaise humeur.
- Rue de la Beuverie ! De la Beuverie !
- Bouverie ! Beuverie ! C'est la même chose !
- Mais non ! Ne vous en allez pas !
- Je regrette, mon bon monsieur, mais de toute façon, moi j'passe pas. »
À ces mots, il porta la main à sa casquette, embraya et la Citroën fit un bond en avant, me laissant sur le trottoir, enveloppé de fumée et fumant de colère.

Posté le : 13/05/2014 16:35
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Re: Défi Nouveau.
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@ Donald,
A ta demande, donc, voice la Suite.


Un jour que j'étais attablé au café avec Rose-Marie, une jeune maîtresse qui s'était éprise de moi plus que je ne l'eusse désiré, cette dernière dirigea habilement la conversation sur le sujet du mariage. Je lui répliquai moins habilement que je n'étais pas libre. Mes recherches sur l'amour m'accaparaient et ma seule demeure demeurait mon laboratoire.
C'est alors qu'un mystérieux petit homme chauve que je n'avais pas remarqué s'approcha de notre table et, s'adressant à moi, dit :
« Permettez-moi, monsieur, de vous féliciter : votre fiancé a des cheveux d'une couleur rare.»
C'était un étrange compliment et une façon plus étrange de me le présenter. Pourtant je n'en fus pas surpris. Les cheveux de Rose-Marie me valaient l'envie de plus d'un. Cette chevelure n'était pas seulement faite de longues et superbes boucles d'une souplesse que l'on ne rencontre que dans les riches et lourds satins de Chine, mais sa couleur était tout à fait unique. Chaque cheveu avait été teint par la Nature d'un ton différent du même or que le soleil répand dans le soir qui tombe. Il n'était donc pas rare lorsqu'elle secouait la tête comme elle en avait l'habitude quand elle riait, qu'on fût ébloui par l'explosion de lumière due à la fusion soudaine des feux de cet astre capillaire.
Je remerciai poliment l'inconnu. Je lui laissai voir aussi, par un jeu d'attitudes maladroit que j'étais désireux de jouir en privé de la bonne fortune pour laquelle il avait cru devoir me complimenter. Il s'inclina légèrement et, alors que je m'attendais à ce qu'il prît congé, il laissa tomber une phrase qui ne manqua pas d'éveiller ma curiosité professionnelle.
« Je vois que le sujet de l'amour vous intéresse énormément, fit-il.»
J'acquiesçai avec enthousiasme. Il ajouta :
« Dans ce cas, il vous faut absolument rencontrer Gagzden !…»
Il lui fut facile de constater la déception que je ressentis en entendant ce nom qui m'était totalement inconnu. Il renchérit aussitôt :
« Gagzden est le conservateur de la bibliothèque de l'université d'U. »
Pour dire franc, je n'avais pas plus entendu parler de cette université, que du conservateur de sa bibliothèque. Conscient de l'effort d'amabilité du petit intrus et me trouvant dans un état chronique d'obnubilation dû à l'obsession que j'avais pour mes recherches, je lui demandai pourquoi pensait-il que ce monsieur Gagzden pût m'aider.
« Mais, fit-il, parce qu'il est le seul à connaître le secret de l'amour, bien sûr ! »
Je le priai de s'asseoir et de m'éclairer sur ses paroles.
« Il se trouve, lui dis-je, que par un coup de hasard extraordinaire, je suis moi-même à la recherche de ce secret. »
Il déclina mon invitation mais me tendit une carte de visite.
« Vous avez de la chance, précisa-t-il, Gagzden est de passage à Paris ! Voici son adresse… Hâtez-vous ! Son séjour ne sera pas long…»
Sur ces mots, l'inconnu fit demi-tour et disparut.


Posté le : 12/05/2014 22:54
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Re: Défi Nouveau.
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Rien que pour pouvoir lire un texte d'Alexis, je crois que ma question aura valu la peine.
J'aime ses textes parce qu'ils portent en eux une espèce de mystère excitant. Il pourrait décrire un home allant se laver les mains qu'on se sentirait angoissé.
Bref. Ce texte m'a fait un peu penser au film de Hitchcock :" Vertigo". On y retrouve cette ambiance rêveuse et mystérieuse dans laquelle un home recherche une femme qu'il a vue une seule fois. Alexis a du talent, et dans son cas, je crois que son veritable amour devrait être : La Muse!
Merci.

Posté le : 12/05/2014 19:24
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Re: Défi Nouveau.
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Je vous encourage tous donc à continuer de rechercher dans ce domaine. Comme je l'ai dit, je suis très curieux à ce sujet. Pour vous le prouver, je vous laisse ici, une copie de la première page de mon Journal où je confie ma vie. Voici.

Mon histoire commença il y a longtemps.
À cette époque l'amour ne m'avait pas encore fait pleurer mais ne me faisait déjà plus rire. Ce sujet m'avait mystérieusement rendu sérieux. Subitement, au lieu de me faire battre le cœur, voilà qu'il me faisait me frapper le front. Il ne s'agissait pas là d'un exercice mental qui consistât à me protéger contre le feu qu'à mon jeune âge la Nature allumait dans mes veines, mais d'une activité intellectuelle. Mon but était de comprendre le phénomène qui provoque au printemps l'invasion des jardins publics par ces créatures liées par les bras, soudées par les lèvres et faisant de la température.
Je voulais étudier théoriquement l'amour au lieu d'en faire l'expérience. Je voulais en démêler le sens au delà des sens. Je voulais en étudier le fond car j'avais acquis la certitude qu'il s'y cachait un secret que j'étais capable de découvrir.
Je me mis au travail, l'esprit échauffé, le cœur ardent et froid. La tête penchée sur le grand lit où dormait Célimène, Rachelle ou Magali, je murmurais en moi ces doux vers de Rimbaud :
Ô splendeur de la chair ! ô splendeur idéale !
Ô renouveau d'amour, aurore triomphale…
J'allais chercher l'amour partout où il se cachait. Dans les plus noirs recoins, j'allais le dénicher pour le disséquer. Après chaque expérience je réfléchissais déjà à celle qui devait suivre et ne vivais dès lors que dans l'attente de la suivante, toujours à la recherche du secret qui m'obsédait.

Posté le : 11/05/2014 18:33
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Re: Défi Nouveau.
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@ Donald

Tu es génial. J'adore ton humour, tes connaissances littéraires (car tu écris bien-en douce-) et ta grande finesse d'esprit. Ta réponse est digne de Charles Cros, l'homme qui fit une étude scientifique de l'amour et en écrivit un roman (J'ignore le nom mais je l'ai lu).
J'ai lu chaque ligne de ton texte comme on mange des spagettis une à une les mordillant chacune pour les faire durer. Le dernier paragraphe est 'immense'. J'ai adoré.
Merci

Posté le : 11/05/2014 18:17
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Re: Défi Nouveau.
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Bonjour à tous, je m'excuse de réagir un peu tard mais, il faut vous dire que mon décalage horaire avec la France est de 6 heures et cela me chamboule tout.

@ Arielle,
On a déjà dit que ton style est reconnaissable. Je le découvre et je le confirme. L'ambiance de ce texte est si puissante qu'on a envie d'entrer dans ton texte et d'y vivre !
Tu as un talent énorme et je me remercie d'avoir contribué ce sujet pour t'avoir découverte. Bravo.

Posté le : 11/05/2014 18:04
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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