| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Les Forums - Tous les messages

 Bas   Précédent   Suivant

« 1 ... 17 18 19 (20) 21 22 23 ... 29 »


.Le cauchemar d'une journée vécue
Modérateur
Inscrit:
03/05/2012 10:18
De Corse
Messages: 1186
Niveau : 30; EXP : 5
HP : 0 / 726
MP : 395 / 25552
Hors Ligne
.

Posté le : 20/08/2013 19:00

Edité par Loriane sur 06-09-2013 09:41:55
Edité par Bacchus sur 01-10-2013 23:07:05
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi thème d'écriture : "Le jeu des sentiments", du 19 août
Modérateur
Inscrit:
03/05/2012 10:18
De Corse
Messages: 1186
Niveau : 30; EXP : 5
HP : 0 / 726
MP : 395 / 25552
Hors Ligne
J'ai été le témoin désolé, il y a bien longtemps d'affrontements ardents où les sentiments jouaient un rôle essentiel. En voici l'histoire :

J'ai partagé, il y a bien longtemps, un lourd secret avec un vieil ami. Un chagrin que je n'avais pas le pouvoir d'apaiser ni de faire oublier; un de ces chagrins qui vous bouleverse et vous marque pour tout le reste de votre existence, qui est dans votre coeur, dans votre âme et dans votre peau, comme une blessure qui ne cicatrisera jamais et dont la douleur vous lancine chaque fois qu'une brise de vent, un air de musique, un lieu ou un parfum vient à vous et vous bloque la poitrine, vous voit prendre un air rêveur et triste.
J'ai, maintes fois, vu mon ami devenir silencieux, un sourire triste sur son visage. Il ne m'entendait plus lui parler . Je lui disais alors :
-" Marco ! oh ! reviens ! arrête un peu de gamberger..."
- " Non non, je ne pense à rien de précis; non, tu te trompes, je t'assure."
Je lisais en lui comme en un livre ouvert...

J'avais été le témoin de son histoire depuis son origine.
Marco avait un bon copain de son âge, un copain de quartier et d'école, et ils se fréquentaient assidûment, pratiquement chaque jour depuis la communale. Comme tous les jeunes gens de leur âge, ils avaient l'habitude de partager leurs petits chagrins et leurs divers plaisirs . Les filles n'étaient jamais un élément de discorde et il s'accommodaient, l'un et l'autre, des brèves périodes nécessaires à chacun pour vivre un petit intermède sentimental.
Je n'appréciais pas trop Franck, ce fameux copain: je le trouvais manipulateur et pas très franc d'approche. Il avait des manières que j'appelle ' grimacières', c'est à dire qu'il jouait beaucoup d'expressions de faciès pour exagérer ses sentiments. Mais bon. Je n'avais pas de lien particulier avec lui et je pensais bien que Marco savait à quoi s'en tenir sur ses manières.

J'appris un jour, par Marco, que Fanck avait une nouvelle petite copine, un 'canon', selon Marco. Normal, Franck avait une belle petite gueule et les manières pour trouver de jolies filles.
Peu après, je les rencontrais tous les trois, avec Sylvia, la fameuse copine. C'était, effectivement, une bien jolie fille, aux traits fins et au regard intelligent.
Intelligente, elle l'était indiscutablement. Je m'en rendis vite compte à l'occasion d'un pot que nous avons pris tous les quatre. Elle a fait preuve de beaucoup de finesse, d'esprit et d'humour. Je ne voudrais pas être victime d'une censure en ajoutant que c'était plutôt surprenant pour une fille. Je l'ai dit ? Pardonnez-moi...
Par la suite, le trio devint inséparable. Inclure une fille dans leurs sorties n'étant pas ordinaire, il fallait bien penser que Sylvia savait assurer et l'amour de l'un et l'amitié de l'autre.
Leur petite équipe fonctionnait parfaitement depuis plusieurs semaines Je crois qu'ils se voyaient pratiquement tous les soirs, qu'ils sortaient parfois en boîte, au resto, en balade. Bref, leur entente était parfaite.
Je sais que l'issue paraît évidente pour beaucoup. Connaissant bien Marco et sa droiture, je sais pertinemment qu'il n'avait aucune pensée autre qu'amicale envers Sylvia.

Pour des raisons de travail, Franck dû s'absenter quelques semaines pour aller à Paris. C'était une époque durant laquelle on ne remettait jamais en condition les obligations de travail, et il partit.
Marco me racontait qu'il tenait parfois compagnie à Sylvia pour ne pas qu'elle s'ennuie. Je commençais à me poser des questions quand il me dit qu'il passait des soirées chez elle, à regarder la télé. Je sais que c'était vrai, mais je connaissais aussi les risques d'une telle situation. Quand je lui en fis la remarque, il s'indigna réellement :
- " Quoi ? La nana d'un vrai copain ? Tu ne piges rien ... "
Je crois bien que, justement, je commençais à piger quand il me demanda la recette des escalopes à la crême, plat que j'avais eu l'occasion de lui faire et qu'il avait beaucoup aimé. Sylvia aussi, me dit-il le lendemain.
Je devins conseiller culinaire de temps en temps, puis plus souvent, puis presque chaque jour .
Marco m'avoua un matin qu'ils se sentaient particulièrement heureux tous les deux et que cela le mettait un peu mal à l'aise, mal dans ses godasses, comme il disait.
Et un autre matin, il m'avoua qu'ils étaient maintenant bien plus que copains et qu'ils n'envisageaient pas d'avoir à se séparer. Je me souviens lui avoir dit qu'il fallait qu'il agisse proprement, d'une manière ou d'une autre, que, pour le moment, ils étaient en train de faire leur petite histoire en douce, à l'insu du copain qui était loin et qui ne savait pas ce qui se passait.

C'est Sylvia qui a pris la décision.
Le vendredi soir suivant, ils prenaient le train pour Paris, afin d'aller trouver Franck et lui expliquer la situation et la décision qu'ils avaient prise de rester ensemble.
Leur retour fut déplorable.....
Marco me raconta, par brides que je lui arrachais, le lamentable échec de leur démarche, échec dont il se faisait le reponsable, mais l'explication était bien plus tordue qu'il ne le croyait.

Lorsque Sylvia, avec détermination et fermeté eut annoncé sa décision , en mettant fin à sa liaison avec Franck, celui-ci déploya alors tout son talent de grimacier, toute la gamme d'expressions qu'il maîtrisait si bien, allant jusqu'à s'étouffer dans ses larmes.
Sylvia ne devait pas être démunie de tendresse et de souvenirs communs. Elle serra la tête de Franck contre son sein et eut des mots de consolation pendant qu'il l'inondait de ses larmes.
Je suppose qu'il connaissait parfaitement bien son copain. Bien sûr qu'une réaction de ce type était à prévoir, mais j'imagine que Marco ne l'avait pas imaginée de cette envergure. Voyant le comportement de Sylvia et en ressentant probablement du dépit et de la jalousie, il s'écria alors que, puisqu'ils semblaient ne pas pouvoir se séparer l'un de l'autre, il savait ce qu'il lui restait à faire et qu'il avait décidé de les laisser ensemble.
Le retour des deux ex-tourtereaux fut celui que vous imaginez.

Marco cessa de me demander des recettes de cuisine.

Etrangement, lorsque Franck revint de Paris, leur trio amical se reforma. Ils sortirent de nouveaux ensemble, comme avant. J'eus l'occasion de comprendre qu'il s'agissait là d'une manoeuvre de Sylvia pour tenter de renouer avec Marco.
Le pot que nous avons pris un soir, eux, moi et quelques copains m'a semblé pathétique. Bravant toutes les conventions, Sylvia se fraya un passage devant la banquette pour aller s'asseoir près de Marco ! Aussitôt, le visage de Franck se mit à jouer de tous les petits trucs qu'il maîtrisait si bien. Sylvia resta ostensiblement tournée vers Marco.
L'imbécile à joué son rôle de copain sûr et intraitable.
Les tentatives de Sylvia ont duré quelques semaines, et puis elle s'est lassée.
Franck s'est dépêché d'officialiser son union avec Sylvia.
Marco, longtemps après, s'est fait une famille.


Je le connais bien, mon vieux copain... Je connais bien la raison de son air triste et rêveur qu'il prend souvent. J'ai eu le courage de lui en parler une fois, une seule fois.Il était vraiment malheureux.












Posté le : 19/08/2013 14:50
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi théme d'écriture: "J' ai râté le train ".du 12 août 2013
Modérateur
Inscrit:
03/05/2012 10:18
De Corse
Messages: 1186
Niveau : 30; EXP : 5
HP : 0 / 726
MP : 395 / 25552
Hors Ligne
Ah ces gares, ces trains, lieux de séparations et de chagrins... Ce n'est sûrement pas par hasard si, en argot, le train de dit " le dur..."

Posté le : 18/08/2013 21:30
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi théme d'écriture: "J' ai râté le train ".du 12 août 2013
Modérateur
Inscrit:
03/05/2012 10:18
De Corse
Messages: 1186
Niveau : 30; EXP : 5
HP : 0 / 726
MP : 395 / 25552
Hors Ligne
Ben ? et ton tien ? J'ai toujours crû que c'était celui qui dit qui y est !

Posté le : 18/08/2013 18:51
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Les expressions
Modérateur
Inscrit:
03/05/2012 10:18
De Corse
Messages: 1186
Niveau : 30; EXP : 5
HP : 0 / 726
MP : 395 / 25552
Hors Ligne
Tu viens de me faire comprendre une expression Cauchoise que j'ai entendu très souvent et dont je ne saisissais pas trop le sens.
Quand quelqu'un se plaignait de ce qu'il avait dans son assiette ou ennuyait parce qu'il n'aimait jamais ce qu'on lui donnait à manger, il s'entendait dire:
- " Si t'aimes pas ça, t'as qu'à manger du brun."
J'ai toujours pensé que cela faisait référence à la couleur...et ce à quoi elle pouvait faire allusions.
On s'instruit à tout âge.
Merki !

Posté le : 17/08/2013 18:11
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi théme d'écriture: "J' ai râté le train ".du 12 août 2013
Modérateur
Inscrit:
03/05/2012 10:18
De Corse
Messages: 1186
Niveau : 30; EXP : 5
HP : 0 / 726
MP : 395 / 25552
Hors Ligne
Information à l'attention des curieuses, au sujet de la composition des boissons hyper-fortes, la composition du 'Lancaster' :


Tout d'abord, le nom. Hormis celui de la ville même, le Lancaster est le nom d'un bombardier Britannique, celui-là même qui a rasé le port du Havre et ses alentours, généreusement..
J'ai eu l'occasion de travailler sur Lancaster dès mon arrivée à la 55 S à Agadir, fin 60 . En février 61, la base a été dissoute et la 55 S a été scindée en deux. Les Lancaster ont été envoyés à Karouba, près de Bizerte, en Tunisie, et les Beechcraft, à Aspretto-Ajaccio, en Corse.
La nostalgie des lancaster pour les marins ayant travaillé sur ces appareils a fait qu'un soir, au bar du foyer, nous avons célébré son souvenir en inventant un cocktail portant son nom: le " Lancaster " !
Sa composition dépendait des alcool dont nous disposions à volonté, la voici : ( chaque ingrédient à dose égale, pas de fioriture sophistiquée ) Vodka 1/3, Wisky 1:3, Cognac 1/3, Rhum 1/3, Téquila (selon livraison) 1/3, Marsala ( pour sa délicatesse ) 1/3 largement, Pastis 1/3. Malgré l'insistance du quartier-maître Rémy, nous avons refusé d'y inclure la bière qui aurait pû fausser le goût de ce mélange. Rémy, Breton et têtu, se versait sa propre bière dans sa ration.
Mais pour vos palais délicats et plus exigeants, mesdames, je vous conseillerais plutôt un petit 'lait de tigre' tel que nous le confectionnions quand des dames nous honoraient de leur présence à l'occasion des pots exceptionnels que nous organisions chaque semaine. Ce nectar, quoi que violemment alcoolisé, possède un petit je-ne-sais-quoi qui faisait que nos invitées en raffolaient.

Pour les besoins de ma petite histoire, j'ai attribué à Furdo, qui a vraiment existé ( Furdo pour 'faux dur' ), la paternité du Lancaster. Usurpateur !

Posté le : 17/08/2013 13:58
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Challenges du 12 août 2013
Modérateur
Inscrit:
03/05/2012 10:18
De Corse
Messages: 1186
Niveau : 30; EXP : 5
HP : 0 / 726
MP : 395 / 25552
Hors Ligne
J'ai raté mon train

Le réveil sonna, ce lundi matin-là, à 06h30, comme chaque jour.
J'ouvris un oeil lourd et douloureux qui ne supporta pas le mince rayon de jour filtrant entre les tentures de la fenêtre. Je me dépêchais de le refermer.
Bon dieu, qu'est-ce qui m'avait pris de sortir hier soir et d'avoir accepté de prendre un verre avec la joyeuse équipe de vieux copains de pension ! Je les avais rencontrés alors que j'étais sur le point de rentrer chez moi, ayant pris la sage décision de me coucher tôt afin d'être en pleine forme pour attaquer la semaine, le lendemain matin.
Un verre. Tu parles...Chacun avait mis un point d'honneur à être celui qui paierait le dernier verre, et on était tous remplis d'honneur, hier au soir. Je crois bien que ce fut ' Furdo' qui a remporté le championnat d'honneur en confectionnant lui-même, après être passé derrière le bar, son dangereux et redoutable 'lancaster' dont nous espèrions tous qu'il en avait oublié la recette. D'après lui, il l'avait améliorée.
Voilà pourquoi, ce lundi matin, je décidais de refermer mon oeil héroïque en me disant que je ne me lèverai qu'à la troisième sonnerie de mon réveil.Il me vint à l'esprit que, compte tenu du fait que je ne l'avais jamais entendu de ma vie, cette troisième sonnerie, ce serait marrant que ce soit un cocorico.
A la troisième sonnerie, j'eus le réflexe de sortir une jambe du lit, puis ce fut de nouveau le néant......
Ce doit être mon ange gardien qui m'a éveillé brusquement, en sursaut, une seconde après.C'est du moins le temps qu'il m'avait semblé avoir passé entre les deux opérations. Je jetais un coup d'oeil angoissé à mon réveil : 06h55 ! Ventrebleu, m'écriais-je , innovant en la circonstance. Et je sautais du lit, affolé et fébrile .
Voyons...Je prenais chaque jour le train Le Havre -Rouen à la gare d'Yvetot où il s'arrêtait et repartait à 07h22 très prècises pour arriver en gare de Rouen à 07h58, après quoi, j'avais tout mon temps pour me rendre à mon bureau à pied, en flânant.
Tout en calculant le temps dont je disposais, je me hâtais pour m'habiller, faisant fi de tous les petits rites habituels que j'avais coutume d'observer chaque jour.
Un coup de peigne, un passage de gant de toilette sur le museau, j'attrapais ma sacoche et sortis en courant en claquant la porte derrière moi.
En parcourant les quelques centaines de mètres me séparant de la gare, je me reprochais de ne pas m'être encore décidé à passer ce fameux permis de conduire qui, j'en étais bien conscient en cet instant, me simplifierait beaucoup mes lendemains de 'Lancaster'.
Quand je parvins devant la gare, son horloge affichait 07h22:Je vis la grande aiguille se déplacer pour l'indiquer.
A l'instant même où je déboulais sur le quai, j' aperçus l'arrière du dernier wagon de mon train qui s'éloignait.
Atterré, je m'affalais sur un banc, en bord de quai pour reprendre mon souffle et m'apitoyer sur mon sort, j'en avais maintenant tout le temps.
Les émotions doivent avoir sur moi un effet soporifique je m'endormis aussitôt....

Quelque chose m'éveilla brusquement.Je ne saurais dire; une sensation bizarre, une vibration particulière de l'air, un je-ne-sais-quoi d'indéfinissable qui me secoua comme une main sur mon épaule.
J'ouvris brusquement les yeux. Un train achevait de marquer l'arrêt, devant moi. en fait, en dehors des horaires de mon train d'aller et celui du retour, j'ignorais totalement quels pouvaient être les horaires des autres trains.
Celui-ci m'intriguait et réveillait en moi des souvenirs plutôt plaisants. C'était un bon vieux train des années soixante, un de ceux qui avaient des wagons à compartiments desservis par un couloir latéral.
Le train, maintenant à l'arrêt, laissait chuinter quelques panaches de vapeur aux jonctions des tuyauteries reliant les wagons .
Mes yeux se portèrent sur le panneau accroché sur le flanc du wagon, face à moi : " Le Havre- Yvetot- Rouen- Machinville " . Le premier souci de mon cerveau fut de chercher à localiser Machinville. Machinville...Un terminal de trajet, en plus...Puis je réalisais que ce train s'arrêtait à Rouen, et la chose me parut suffisamment importante pour que j'en oublie toute l'étrangeté de la situation. Je ne me fis même pas la remarque que personne ne semblait s'intéresser à ce train, pas même le chef de gare qui lui tournait le dos en scrutant le ciel.
Pour moi, l'occasion était miraculeuse. Alors même que le train, sans sommation ni information de départ, commençait à démarrer, très lentement dans un bruit lointain d'échappement de vapeur, je me levais d'un bond et sautais sur le marchepied qui se présentait en face de moi. En soufflant de soulagement, je claquais la portière derrière moi et me retrouvais dans le couloir vide du wagon. Par réflexe, je donnais un coup d'oeil à ma montre. Elle était arrêtée à 07h22, exactement. L'heure de mon départ habituel. Je fis quelques pas dans le couloir.
Aussitôt, une vague d'odeurs,et de souvenirs m'assaillirent . Ces bons vieux trains de naguère... à l'époque où nous passions parfois dix à douze heures debouts, serrés comme des sardines, quand l'air sentait les départs ou les retours de vacances, le saucisson et les remugles de toilettes, toujours squattées par les plus débrouillards !
J'entrai dans le premier compartiment qui se présentait à moi, et là, je restais un moment interloqué. J'étais en présence d'une très grosse femme, au visage rouge couvert de transpiration, vêtue d'une tenue de squaw, coiffure à plumes incluse, d'un vieux monsieur très sec qui semblait sur le point de se casser en morceaux à tout moment, vêtu, en toute simplicité d'un pagne en peau de léopard et d'une énorme massue dont il tenait le manche, le reste reposant sur le plancher, d'une bonne soeur habillée en bonne soeur, avec col blanc et grande coiffe à cornettes, et une petite fille de 8-10 ans, adorable petite blondinette vêtue d'une belle robe longue de mariée.
j'ai vite compris ! Quelle merveilleuse idée que cet happening, dans un train !
Avec un grand sourire, je pris une des places disponibles en m'écriant :
-" Salut les rigolos ! "Merci de me changer un peu mes idées qui étaient un peu moroses, ce matin ! "
Le regard qu'ils me lancèrent tous était chargé de mauvaise humeur et d'incompréhension. Je devais sûrement surgir durant un de leurs moments de pose. Je comprenais : on ne peux pas être disponible en permanence, même pour la rigolade.
Devant le peu d'enthousiasme qu'avait soulevé mon entrée, je préférais rejoindre le couloir , où je me mis devant une vitre afin de regarder le paysage.
La petite mariée sortit du compartiment et, mine de rien, se plaça près de moi, en jouant av...Je faillis m'étrangler de stupéfaction ! Elle tenait une tête de poulet par le cou, qui était coupé à une dizaine de centimètres de la tête, et faisait ouvrir et fermer le bec du poulet et tirant sur un nerf blanchâtre que pendait, comme une tirette. Et elle commença une petite discussion avec le poulet ! Décidément, en matière d'Happening, j'avais beaucoup à apprendre.
Je fis celui qui trouvait cela très naturel :
- " Il s'appelle comment, ton copain ? Il y a longtemps que tu l'as ? "
La petite me regarda avec beaucoup de mépris.
- " Elle est bête, ta question. Je prends le train tous les jours !"
-" Et alors ? " lui dis-je, sans comprendre.
- " Alors , des têtes de wizzes, je peux en changer tous les jours ! "
- " Mais bien sûr, que je suis bête..."
-" C'est sûr, que t'es bête. Tu dis des drôles de trucs "
Bon, laissons tomber, c'est pas ma fille. Et je tournais la tête pour regarder le paysage.
Le paysage ! Mais où je suis, là, bon dieu ! J'avais l'impression que nous étions en train de traverser l'Amazonie, pour autant que je puisse m'imaginer ce à quoi elle peut ressembler ! Bon sang de bois ! cela faisait des années que je faisais ce trajet chaque jour, et j'étais suis bien certain de ne jamais être passé par un tel paysage !
Aussitôt, mon cerveau se mit à chercher des explications rationnelles et en déduisit que ce train, que je n'avais jamais pris auparavent, avait un itinéraire passant par une des forêts Normandes. Par un processus sécuritaire, mon cerveau omettait de me signaler que des forêts de ce type, dans cette région, étaient peu probables. D'autant moins qu'il me semblait bien avoir aperçu un envol de proquets multicolores sur la canopé. Je me passais la main sur le front, en fermant les yeux . Hou ..ces Lancasters à effets prolongés..
Lorsque j'ouvris de nouveau les yeux, ma première pensée fut :
- " Alors c'est ça, le delirium tremens ! "
Sous mes yeux, dans un grand pré d'herbe bleue, des vaches... à trompe d'éléphant broutaient paisiblement . Leurs petites ailes atrophiées vrombrissaient autour d'elles, en chassant des oiseaux multicolores qui tentaient de se poser sur leur dos.
Cette fois-ci, je me mis à bafouiller en tremblant:
-" Mais...mais..mais...""
-" Pourquoi tu fais la chèvre, monsieur ? "
- " Mais...de l'herbe bleue !"
-" Ben oui, c'est la vilabre ! on est en début crazembre, non?" J'étais prêt à tout admettre.
- " Oui, d'accord, mais les vaches à trompe ??" La petite fonça vers notre compartiment en criant :
- " Maman ! maman ! y'a le monsieur qui me demande pourquoi les meurblicks elles ont une trompe et il ne sait pas qu'en crazembre, à la vilabre, l'herbe rouge, elle devient bleue ! "
Je titubais devant cette situation que je ne maitrisais pas .
La cornette de la bonne soeur apparut à la porte du compartiment :
- " Allons, ma chérie, calme-toi. Le monsieur est en train de plaisanter. Excusez-là, monsieur, elle est encore jeune et n'est pas capable de comprendre l'humour, même au premier degré.
Bon dieu de bon dieu ! A quel degré ils pratiquaient le leur, d'humour !
La petite fille revint vers moi, en prenant un peu de distance et en me regardant avec suspicion. Je pris l'air du monsieur qui plaisante, bien sûr, pour lui dire
- " Bon, alors, mademoiselle je sais tout, qu'est-ce qu'elles font là ces....bestioles ? hein? hein ? "
La gamine fonça de nouveau vers le compartiment :
- " Maman ! maman ! le monsieur, il sait pas que les meurbicks, elles font du wapp !" La tête de la bonne soeur réapparut.
- " Allons, Belzebutha, laisse le monsieur tranquille. "
La fillette revint vers moi, mais avec une zone de sécurité plus marquée. Je me sentais complètement sonné.
- " Tu ne comprends vraiment pas les blagues, toi ! bien sûr que je sais ce que les..elles font ! mais toi, je suis sûr que tu ne sais pas pourquoi ."
Tant de bêtise de la part d'un adulte semblait incroyable à l'adorable Belzebutha.
- " Monsieur, tout le monde sait parfaitement que les meurbicks, quand vient la vilabre, en crazembre, mangent l'herbe devenue bleue pour faire du wapp, aussi jaune quela neige, qui servira à fabriquer du poltrich pour toute l'année. Vous me prenez pour un bébé ? "
Le temps d'avaler de travers et la petite était retournée, courroucée, dans le compartiment. Le paysage me mettant mal à l'aise, je décidais d'aller m'asseoir un peu.
Je marquai un brusque arrêt, à la porte du compartiment . Qu'est-ce que c'était que cette nouvelle trouvaille ! Tous mes compagnons de voyage étaient fort occupés à plumer des poulets ! j'en bafouillais de nouveau :
- " Mais..mais..qu'est-ce que vous êtes en train de faire ,
La grosse indienne me toisa avec mépris et me dit d'un ton sec et agressif :
- " Comme PRESQUE tout le monde ! on paye notre place ." Et, en grommelant à voix basse, pleine de sous-entendu que je n'entendais pas, justement !
-" On n'est pas comme certains qui peuvent payer en dents de canards, nous ."
Assommé par tout ce qui se déroulait depuis que j'étais monté dans ce train, je me suis assis et je les ai regardé plumer leurs poulets. C'est alors qu'apparut un drôle de personnage, en slip de bain, portant masque, tuba et palmes et poussant un chariot à demi empli de poulets plus ou moins bien plumés.
- " Contrôle ! Vous avez vos wizzes ? " Puis, s'avisant de ma présence :
- " Ah bonjour, monsieur Ballus ! j'ai déjà débité vos dents de canard. Vous n'aurez pas à pédaler, comme les deux, sans wizzes, que j'ai attrapés tout à l'heure " me dit-il en riant.
L'indienne me jeta un regard assassin et l'homme de cromagnon gloussa en traînant sa massue sur dix centimètres.
Je me levais de nouveau et fonçais dans le couloir. Tient ! le paysage avait changé. Je voyais maintenant défiler des petits hameaux de maisons gauloises, avec de la fumée s'échappant par un trou, au haut du toit d'éteule. Bof...pourquoi pas.je me laissais maintenant dériver vers une sereine indifférence. Par moment, pour le principe, je me plaisais à me répéter que je ne boirai plus jamais de lancaster, mais sans conviction, à défaut de plus explicite.
Plongé dans ma perplexité, mon oeil n'en fut pas moins attiré par une particularité dans le paysage. Je monopolisais mon attention sur tout ce qui défilait sous mes yeux.
Je ne me trompais pas il me semblait bien reconnaître un endroit que je voyais chaque jour. Mais oui ! ce clocher d'église, là-bas, la nationale qui longe la voie de chemin de fer ! des voitures de mon époque !

Et, petit à petit, le train fit son entrée dans la banlieue Rouennaise, dans Rouen même . Rien ne différait de l'ordinaire .
Quand le train entra en gare et s'arrêta, sans un bruit ni grincement ni secousse, je ne cherchais pas à comprendre ce qui venait de m'arriver et sautais précipitamment sur le quai. Plusieurs voyageurs étaient là, mais nul ne fit cas de ce train qui venait d'entrer en gare , nul ne monta dedans .
Sans bruit, le train, qui ne semblait n'avoir attendu que le moment où j'en descendrais, démarra en douceur..
Sidéré, comme hypnotisé, je l'ai regardé s'éloigner. J'aperçus la petite mariée qui me saluait avec sa main, puis tout s'effaça.

Je marchais comme un somnambule sur le quai, en direction de la sortie, et tombait nez à nez avec le chef de gare. On se connaissait depuis longtemps.

-" Ah, bonjour, monsieur Ballus ! Toujours ponctuel ! toujours fidèle aux habitudes ! " Il me souria amicalement et s'éloigna.
Mes yeux accrochèrent la grosse pendule dominant la sortie :
La grosse aiguille fit un bond et marqua l'heure .Il était 07h 58, très exactement. Incrédule, je jetais un coup d'oeil à ma montre. C'était bien la première fois qu'elle ne retardait pas .

















Posté le : 17/08/2013 12:39
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Le canard Réveillon
Modérateur
Inscrit:
03/05/2012 10:18
De Corse
Messages: 1186
Niveau : 30; EXP : 5
HP : 0 / 726
MP : 395 / 25552
Hors Ligne
Ce sera dur, Couscous : il se laisse approcher, mais pas attrapper.... J'ai essayé.

Posté le : 14/08/2013 21:49
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Les bons mots de la semaine 33
Modérateur
Inscrit:
03/05/2012 10:18
De Corse
Messages: 1186
Niveau : 30; EXP : 5
HP : 0 / 726
MP : 395 / 25552
Hors Ligne
- On passe une moitié de sa vie à attendre ceux qu'on aimera et l'autre à quitter ceux qu'on aime ( Victor Hugo )

- Si l'homme a été créé avant la femme, c'était pour lui permettre de placer quelques mots. ( Jules Renard )

- L'homme exploite l'homme, et parfois, c'est le contraire. ( Woody Allen )

- Les cons, ça ose tout.C'est même à ça qu'on les reconnait. ( Michel Audiard )

- Il y a un mariage qui rend un homme heureux, c'est celui de sa fille ( Michel Audiard )

- Il n'y a que les imbéciles qui ne changent jamais d'avis, c'est ce que j'ai toujours dit. ( Jacques Chirac )

- Un jour, Dieu a dit ,il faur partager : Les riches auront de la nourriture, les pauvres auront de l'appétit. ( Coluche )



Posté le : 12/08/2013 23:42
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Le collier de perles de Couscous
Modérateur
Inscrit:
03/05/2012 10:18
De Corse
Messages: 1186
Niveau : 30; EXP : 5
HP : 0 / 726
MP : 395 / 25552
Hors Ligne
Ah, je pourrais en filer, des perles ! notamment une de Bacchus, en 3ème, pendant une interro orale sur les risques des os :
- " La fraction et la luxure .."
Merci Couscous pour ce petit digest bien amusant

Posté le : 12/08/2013 17:06
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut
« 1 ... 17 18 19 (20) 21 22 23 ... 29 »




Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
42 Personne(s) en ligne (28 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 42

Plus ...