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#41 Vincent de Paul
Loriane Posté le : 25/09/2015 20:58
Le 27 septembre 1660, à 79 ans meurt Vincent de Paul

ou Vincent Depaul, à Paris au prieuré de saint-Lazare, né au village de Pouy ou Tamarite de Litera, près de Dax le 24 avril 1581 ou 1576 béatifié le 12 août 1729 par Benoît XIII et canonisé par Clément XII le 16 juin 1737, il est fait Saint patron des Œuvres charitables, fêté le 27 Sepetembre.fut une figure marquante du renouveau spirituel et apostolique du xviie siècle français, prêtre, fondateur de congrégations qui œuvra tout au long de sa vie pour soulager la misère matérielle et morale. Fils du pays landais, il est ordonné prêtre en 1600. Aumônier de la reine Marguerite de Valois 1610, curé de Clichy 1612, puis de Châtillon-sur-Chalaronne 1617 et aumônier général des galères 1619, il se convertit à la charité au contact de l'effroyable misère de son temps. Après avoir regroupé les confréries des dames de Charité sous l'autorité de Louise de Marillac, il fonde, avec cette dernière 1633, la communauté des Filles de la Charité ; en même temps, il se consacre à l'œuvre des Enfants trouvés et aux réfugiés chassés par la guerre de Trente Ans puis par la Fronde. Frappé de l'état déplorable du clergé, Monsieur Vincent crée la Société des Prêtres de la Mission 1625, dits lazaristes, pour la formation des séminaristes et la réévangélisation des campagnes. Auréolé d'une autorité morale et d'un rayonnement exceptionnels, il assiste Louis XIII mourant 1643 et entre au Conseil de conscience.

En bref

Fondateur de la Société des prêtres de la Mission ou lazaristes, et des Filles de la Charité, figure marquante du renouveau spirituel et apostolique du XVIIe siècle français, Vincent de Paul était originaire d'une famille paysanne des Landes. Élevé chez les franciscains de Dax, il poursuivit ses études à l'université de Toulouse. Peu après son ordination sacerdotale, il fut pris par des corsaires et retenu captif en Tunisie pendant près d'un an. Étant parvenu à se faire libérer, il se rendit à Rome, puis vint à Paris en 1609 comme aumônier de la reine Marguerite de Valois, chez qui il resta deux ans, avant de succéder au père Bourgoing, prêtre de l'Oratoire, comme curé de Clichy. Cette période fut pour lui celle d'une véritable conversion, d'une transformation de sa vie intérieure, sous l'influence de Pierre de Bérulle, qu'il commença à fréquenter vers 1610. Vincent ne rejoignit pourtant pas les rangs de l'Oratoire naissant, sans doute parce que cette formule de vie religieuse lui paraissait trop exclusivement intellectuelle. C'est néanmoins Bérulle qui le fit entrer, en 1617 comme aumônier chez Philippe Emmanuel de Gondi, général des galères. Familier des « dévots » de la cour, Vincent prend la défense de Saint-Cyran, qu'on accuse d'illuminisme ; il rencontre alors François de Sales, qui a sur lui une certaine influence. Par ses fonctions d'aumônier des galériens et des matelots et comme prêtre de campagne sur les terres des Gondi, il est de plus en plus frappé par la misère matérielle et morale. Dès son entrée dans la famille de Gondi, il réunit les premières servantes des pauvres, les Dames de la Charité, et leur donne un statut. En 1625, il fonde pour les hommes une association analogue, la Congrégation de la Mission destinée à l'évangélisation des populations pauvres, surtout dans les campagnes. Les missionnaires, qui se présentent en grand nombre et dont l'activité s'étendra bientôt hors de France, notamment en Irlande et, en 1648, à Madagascar, se forment dans le prieuré parisien de Saint-Lazare, ce qui leur vaudra leur nom de lazaristes.
C'est en cette maison qu'en 1628 Monsieur Vincent reçoit, sur la demande de l'archevêque de Paris, un certain nombre d'aspirants à la prêtrise pour les préparer à l'ordination. Ces exercices, par lesquels passeront notamment Bossuet et l'abbé de Rancé, sont répétés chaque année avec un tel succès que Vincent de Paul en vient à ouvrir, avec l'aide du cardinal de Richelieu, des séminaires qui, dirigés par les prêtres de la Mission, forment pendant un an ou deux à la spiritualité et à la théologie morale les futurs pasteurs. Les lazaristes seront ainsi, vers la fin du siècle, à la tête d'une trentaine de séminaires diocésains.
Cette œuvre en faveur du clergé se complète par l'action que Vincent déploie au sein de l'officielle congrégation des affaires ecclésiastiques, dite Conseil de conscience. Il intervient par là dans les nominations épiscopales, appuyant les candidats qu'il a connus, dans ses séminaires ou à l'occasion de ses conférences du mardi sur la vie spirituelle, pour leurs qualités intérieures et apostoliques. Avec Bérulle et Olier, il travaille, en dépit de l'opposition de Mazarin, à faire de l'épiscopat autre chose qu'une dignité honorifique ou l'étage d'une carrière mondaine.
Si la préparation par Monsieur Vincent des prêtres et des évêques à leurs fonctions profita d'abord à la France, sa décision de fonder, en 1633, avec l'aide de Louise de Marillac, la communauté des Filles de la Charité eut très rapidement des répercussions dans le monde entier. Vincent incita le petit groupe de simples filles de la campagne réuni autour de Louise de Marillac à se consacrer au service des pauvres et des malades. Les sœurs, placées sous la direction des lazaristes, n'habitaient pas dans des couvents, mais dans les paroisses où elles exerçaient leurs fonctions d'assistance ; elles portaient les habits de leurs provinces d'origine, circulaient librement et ne constituaient pas des communautés religieuses au sens traditionnel. L'entreprise, par tous ces aspects, témoignait pour l'époque d'une grande audace.
Par de telles fondations autant que par sa personnalité d'apôtre de la charité, Vincent de Paul fut ainsi l'un des principaux artisans du renouveau catholique en France au XVIIe siècle et du rayonnement de cette école de spiritualité et d'apostolat au-delà des frontières. Il a été canonisé en 1737. Jean-Robert Armogathe.

Sa vie

Les incertitudes de sa naissance,k Vincent de Paul serait né le 24 avril 1581, à la ferme de Ranquines près du village du Pouy. Vincent de Paul est né dans une petite maison à la périphérie du village de Pouy qui, depuis le XIXe siècle, est appelé Saint-Vincent-de-Paul en son honneur, situé à environ cinq kilomètres de la ville de Dax dans le département des Landes, dans le sud-ouest de la France. Le lieu de sa naissance, connu aujourd'hui sous le nom de Berceau de saint Vincent de Paul, propose un modeste bâtiment de briques et de poutres de bois d'allure maison landaise, très proche de la maison où Vincent serait né en avril 1581. Il n'existe aucun enregistrement de sa naissance, les registres de catholicité aussi anciens ayant disparu.
Dans sa biographie le père José-Maria Roman ne doute pas de l'origine landaise et française de saint Vincent de Paul. J-M Roman Saint Vincent de Paul, Biographie éd. Alzani Le saint lui-même parlait de son origine gasconne. Un autre lazariste le père Bernard Koch après des recherches dans les différentes archives française s'est rendu compte que le nom des Depaul ou Paul était courant dans toute la moitié sud, dans le pays de langue d'Oc. Les différents biographes Abelly, Collet, Maynard, etc parlent d'un parent de Vincent de Paul qui était prieur de Poymartet pas très loin de Notre-Dame de Buglose sanctuaire marial landais fondé en 1620 sur la commune actuelle de Saint Vincent de Paul. D'après un document de 1577, Étienne Depaul était en possession d'un prieuré sur le chemin de Saint-Jacques, en fort mauvais état à cause des guerres de religion. Mais cette parenté a été récemment contestée.

Une enfance pieuse et laborieuse

Il est le troisième d’une fratrie qui comprend quatre garçons et deux filles. Son père Jean de Paul est un petit exploitant agricole, sa mère Bertrande de Moras appartenait en revanche à une famille de la petite noblesse locale.
Vincent est amené très tôt à apporter son aide à ses parents qui peinent à nourrir une famille nombreuse. Aussi il passe ses premières années à garder comme berger des moutons, des vaches et des porcs. Il doit quitter toutefois son foyer familial pour Dax où son père l’inscrit au collège des Cordeliers, tenu par les franciscains. Son père espère ainsi le préparer à obtenir quelques bons bénéfices grâce auxquels il pourra compléter les revenus familiaux.
Vincent y resta trois ans et y suivit avec succès des cours de grammaire et y apprit le latin. Il était, pour ses camarades un exemple de travail acharné, si bien qu’au bout de peu de temps, Monsieur Comet, un ami de famille, lui demanda de devenir le précepteur de ses fils. Il prit le goût de l’apostolat et le désir de devenir prêtre grandit en lui. À 16 ans, lors d’une cérémonie où l’Évêque coupe quelques cheveux aux futurs prêtres, Vincent reçut la tonsure. Cela signifiait qu’il entrait dans le clergé et que désormais il devait porter l'habit ecclésiastique.

La prêtrise

En 1597, il rejoint l'université de Toulouse où le jeune apprenti bachelier étudia la théologie pendant sept ans.
Il est ordonné prêtre le 23 septembre 1600 à Château-l'Évêque par l'évêque de Périgueux, François Ier de Bourdeille, bien qu'il ne soit pas prêt à exercer ce ministère, étant au début plus en quête des avantages de cette condition sacerdotale. Il est nommé par le Vicaire Général de Dax curé de la paroisse de Tilh mais ne semble pas y être allé.

L'expérience de la captivité

Selon ses dires, capturé en 1605 au large d'Aigues Mortes, par des Barbaresques sur la voie du retour d'un voyage pour Marseille où il se rendait pour recueillir un modeste héritage, il aurait été vendu comme esclave à plusieurs maîtres successifs notamment à un alchimiste pour lequel il marquera un intérêt profond dont le dernier, un renégat originaire de Nice vivant à la musulmane qu'il aurait convaincu de se repentir et se sauver avec lui. Après deux années d'esclavage, il se serait évadé de Tunis avec ce dernier maître et ses trois femmes, les emmenant à Rome pour qu'ils se fassent pardonner par le pape. L'authenticité de cet événement, pour célèbre qu'il fut12, est débattue par les historiens.

Aumônier, curé, confesseur

Grâce aux recommandations du Saint-siège, il devient en 1610 aumônier de Marguerite de Valois qui consacre alors un tiers de ses revenus à des œuvres de charité, notamment à la Confrérie des frères de Saint-Jean-de-Dieu connus sous le nom de Frères de la Charité et dont il s'inspirera pour créer les Filles de la Charité.
En 1612, il remplaça à Clichy le curé François Bourgoing qui souhaitait rentrer à l'Oratoire. Âgé de 31 ans, il devient donc le curé de Saint-Sauveur-Saint-Médard à Clichy maintenant dans les Hauts-de-Seine, où il fait ses débuts en pastorale paroissiale. Il reconstruit l'église qui tombait en ruine avec les deniers du culte, des paroissiens et des notables de 1622 à 1630. Cette église existe toujours. Le Cardinal de Bérulle le fit nommer curé. Il prit possession de la cure le 2 mai 1612. En 1613, Vincent de Paul entra comme précepteur, dans la maison de Philippe-Emmanuel de Gondi, général des galères de France. Pendant son séjour dans la maison de Gondi, où il devait faire sa résidence continuelle et actuelle, il pouvait aussi retourner aisément dans sa paroisse, surtout lorsque les Gondi séjournaient à Paris dans leur hôtel de la rue Pavée Saint-Sauveur.
Il devint confesseur de Madame de Gondi qui l'emmena en Picardie où il découvrit la misère des paysans. Vincent de Paul traversait une grave crise spirituelle et morale et vivait dans le désenchantement. En janvier 1617, il fut appelé auprès d’un vieillard mourant dans le village de Gannes qui lui fit une confession publique et générale. Le lendemain, 25 janvier, à la demande de Madame de Gondi, il lança un appel à la confession au cours d'un sermon mémorable dans l'église de Folleville. La réponse massive des villageois à cet appel lui fit brusquement prendre conscience de l'importance de sa mission.
Il se fit ensuite affecter comme curé de campagne dans la paroisse de Châtillon-sur-Chalaronne, dans la Dombes.

Aumônier général des galères en 1619

Aumônier du général des galères Philippe-Emmanuel de Gondi et visitant régulièrement les prisons détenant les criminels condamnés aux galères, le marquis de Belle-Île obtient sa nomination, le 8 février 1619, comme Aumônier général des galères.

Le fondateur de congrégations

Fresque de Saint Vincent de Paul dans la salle de conférences de la bibliothèque régionale d'Aoste.
Il y fonde, avec les dames aisées de la ville, les Dames de la Charité pour venir en aide aux pauvres. En 1623, il créa la Compagnie des Filles de la Charité. Elle prirent ensuite le nom de Compagnie des Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul. Leur nombre se multiplia rapidement. Cet ordre eut à Clichy sa maison mère depuis le début du XVIIe siècle jusqu'aux années 1970. Il quitta la paroisse en 1627.
Grâce au soutien financier de madame de Gondi, il fonda, en 1625 la Congrégation de la Mission. Vouée à l'évangélisation des pauvres des campagnes, la congrégation prendra le nom de Lazaristes car demeurant dans le quartier Saint-Lazare de Paris, l'enclos Saint-Lazare. De Paul, qui formera de nombreux prêtres, créa un séminaire de la Mission. Les premiers lazaristes furent envoyés à Alger en 1646, à Madagascar en 1648, en Pologne en 1651.
Le 29 novembre 1633, il fonda les Gardes des Pauvres, origine de la congrégation des Compagnie des Filles de la Charité sous la responsabilité de Louise de Marillac parmi lesquelles Marguerite Naseau. Les Filles de la Charité, aussi appelées Sœurs de Saint Vincent de Paul, étaient vouées au service des malades et au service corporel et spirituel des pauvres ; il en confia la formation à la veuve Le Gras.
En 1635, il envoya des secours aux populations du Duché de Lorraine et du Bar ravagés par les troupes françaises et suédoises.
En 1638, débuta l'œuvre des "Enfants-Trouvés". En 1648 il convoqua une assemblée de dames charitables et prenant la parole il rappela que l'œuvre avait déjà sauvé six cents enfants mais que les ressources manquaient pour poursuivre l’œuvre entreprise. Ses paroles furent pathétiques et convaincantes, puisque le jour même l'Hôpital des Enfants-Trouvés de Paris reçut les capitaux nécessaire pour poursuivre sa tâche.
En 1651, Vincent organisa également des collectes à Paris pour porter secours aux victimes de la guerre en Picardie, Champagne et Île-de-France. Bien que membre de la compagnie du Saint-Sacrement, il prêcha pour la modération à l'égard des protestants.

En 1653, il fonde l'hospice du Saint-Nom-de-Jésus.

Vincent de Paul institua également des retraites spirituelles au cours desquelles se retrouvaient des gens de toutes conditions, le pauvre et le riche, le laquais et le seigneur priaient ensemble et prenaient leurs repas au même réfectoire.

Proche du pouvoir

Vincent Depaul présentant Louise de Marillac et les premières Filles de la Charité à la reine Anne d'Autriche.
Vincent de Paul sut mobiliser au service des pauvres les grandes dames de la noblesse et de la bourgeoisie françaises, parmi lesquelles :
Madame de Gondi, épouse du général des galères de France ;
La Présidente Goussault, veuve du président de la Cour des Comptes qui fut la première présidente des Dames de Charité.
Mademoiselle de Fay qui avait une jambe hydropique ;
La Duchesse d'Aiguillon, nièce du Cardinal de Richelieu ;
La Reine Anne d'Autriche, veuve de Louis XIII ;
La Princesse de Condé, mère du vainqueur de Rocroy, appui financier de Louise de Marillac ;
Louise de Gonzague, très mondaine, très assidue à visiter les malades de l'hôtel-Dieu. Devenue reine de Pologne, elle tint absolument avoir des Sœurs de Charité et des Missionnaires ;
Madame de Miramion, qui fonda une Maison d'Enfants Trouvés et un Refuge pour filles perdues ;
Madame de Polaillon, qui ouvrit un foyer pour jeunes filles en danger moral ;
Madame de Lamoignon, épouse du Premier Président du Parlement de Paris, qui recevait les pauvres dans son hôtel particulier.
Louis XIII voulut être assisté par lui dans ses derniers moments et mourir dans ses bras le 14 mai 1643.
Il fut ensuite nommé au Conseil de Conscience Conseil de Régence pour les affaires ecclésiastiques par la régente Anne d'Autriche dont il était également le confesseur.
Il fonda encore un hospice pour les personnes âgées, qui devint l'hôpital de la Salpêtrière en 1657.

La canonisation

Mort en odeur de sainteté le 27 septembre 1660, il fut inhumé dans l'église Saint-Lazare, qui faisait partie de la maison Saint-Lazare du faubourg Saint-Denis, le 28 septembre 1660, dans un caveau creusé au milieu du chœur de la chapelle.
Vincent fut béatifié par Benoît XIII le 13 août 172919 et canonisé par Clément XII le 16 juin 1737. Actuellement son corps est exposé dans la chapelle des Lazaristes, 95, rue de Sèvres, à Paris VIe, où ses reliques furent disposées dans une châsse en argent ciselé en 1830 à l'exception de son cœur conservé dans un reliquaire dans la chapelle de la maison mère des Filles de la Charité.

En 1885, le pape Léon XIII l'institua patron de toutes les œuvres charitables.

Le Paris de saint Vincent de Paul

La châsse de saint Vincent de Paul dans la chapelle à Paris
L'église Saint-Séverin, 1, rue des Prêtres-Saint-Séverin, 5e arr. - M° Saint-Michel
C’est sur le territoire de cette paroisse que monsieur Vincent et Louise de Marillac commencent leur mission. Saint Vincent y fait baptiser le premier enfant abandonné qu’il recueille rue de la Huchette. Voir les vitraux évoquant « les Enfants trouvés à l’entrée de l’église .
La chapelle Saint-Vincent-de-Paul et maison-mère des lazaristes, 95, rue de Sèvres, 6e arr. - M° Vaneau
Fondée par saint Vincent de Paul en 1625, la congrégation des Lazaristes s’installe rue de Sèvres en 1817. Dans la chapelle se trouvent la châsse avec le corps de saint Vincent de Paul transporté en ce lieu en 1830. Au bas de la chapelle se trouve un autel dédié au Bienheureux Jean-Gabriel Perboyre, lazariste martyrisé en Chine en 1840. Une salle de reliques près de la chapelle, contient de nombreux souvenirs de saint Vincent de Paul, de Louise de Marillac et des martyrs de la congrégation lazariste.
À l’église Saint-Louis-en-l'Île il avait un Bureau de Charité situé près du Château de la Tournelle qui accueillait les hommes condamnés aux galères avant leur enchaînement.
107, rue du Faubourg Saint-Denis, 10e arr. - M° Gare de l'Est
À cet emplacement se trouvait la maison de saint Lazare, où saint Vincent de Paul transporta les prêtres de la Mission en 1632. Devenu lieu de détention ou de correction sous la Terreur, elle disparut en 1935.
Angle de la rue des Écoles et de la rue du Cardinal Lemoine 5e arr. - M° Cardinal Lemoine
Emplacement du collège des Bons-Enfants que Mgr de Gondi, archevêque de Paris, donne à saint Vincent de Paul, en vue de la fondation de la Congrégation de la Mission 1625. Ce collège sera abandonné par la suite pour le prieuré de Saint-Lazare.
Le 2 septembre 1792, cette maison, qu’on nommait aussi Saint-Firmin, et qui avait été transformée en prison, fut le théâtre de massacres voir : les massacres de Septembre.
Église Saint-Laurent, 119, rue du Faubourg Saint-Martin, 10e arr. - M° Gare de l’Est
C’est la paroisse de monsieur Vincent lorsqu’il réside à la maison de Saint-Lazare.
L'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet est le lieu de prière de la confrérie de la Charité fondée par Louise de Marillac sous la direction de saint Vincent qui habitait le quartier avec son fils.
Chapelle Notre-Dame-de-la-Médaille-miraculeuse, 140, rue du Bac, 7e arr. - M° Sèvres-Babylone
La chapelle garde le cœur de saint Vincent et la châsse où est conservé le corps de sainte Louise de Marillac.
Église Saint-Vincent-de-Paul, place Franz-Liszt, 10e arr. - M° Gare du Nord
Elle est proche du quartier parisien dénommé à cette époque Ferme Saint-Lazare, centre des activités de monsieur Vincent. Il y vécut de 1632 à sa mort en 1660.
Saint Vincent a sa chapelle à Notre-Dame, à Saint-Sulpice où il prêcha, à Sainte-Marie-des-Batignolles, dont le territoire dépendait de Clichy, sa première cure, à Saint-Laurent qui était son église paroissiale, et dans plus d’une vingtaine d’églises parisiennes.
Le musée de l'Assistance Publique de Paris possède le portrait et la chasuble de saint Vincent de Paul.
Monuments portant le nom de saint Vincent de Paul
Statue de Saint Vincent de Paul dans les Hauts-de-Seine, derrière l'église à Clichy.
Statue de Saint Vincent de Paul à Châtillon-sur-Chalaronne.

En France

Église Saint-Vincent-de-Paul

à Paris
Chapelle Saint-Vincent-de-Paul
Église Saint-Vincent-de-Paul de Paris
Hôpital Saint-Vincent-de-Paul
près de Paris
École St-Vincent-de-Paul à Paris 10e
Église Saint Vincent de Paul à Clichy
à Avignon
A Marseille
Église Saint-Vincent-de-Paul de Marseille dite Église des Réformés
Lycée catholique privé Saint-Vincent-de-Paul
à Nîmes
Lycée privé St-Vincent-de-Paul
Lycée professionnel privé Vincent-de-Paul Avignon
à Strasbourg Meinau
à Arles :
École primaire Saint-Vincent-de-Paul
dans l'Isère :
Clinique Saint-Vincent-de-Paul
Église Saint-Vincent de Villepreux
Collège-lycée Saint-Vincent-de-Paul
à Rennes
Lycée privé Saint-Vincent-de-Paul au Havre
à Châtillon-sur-Chalaronne
statue de Saint Vincent de Paul près de l'ancien hôpital
à Lille
Hôpital Saint-Vincent de Paul
à Clermont-Ferrand
Chapelle de l'ancien hôpital général dédiée à saint Vincent de Paul
à Nice
Lycée privée st-vincent de paul
à Nantes
vedette à passagers ST VINCENT de PAUL armée par la compagnie maritime Finist'mer
à Toulouse
église St-Vincent-de-Paul
inaugurée en 1965, fête du cinquantenaire le 13 juin 2015

A Limoux

statue de Saint Vincent de Paul
à Saulieu (Cote d'Or)
Basilique Saint Andoche : Statue de Saint Vincent de Paul au pied de l'autel latérale droit et tableau le représentant catéchisant des enfants
à Beauvais
Lycée privé St-Vincent-de-Paul
à Dompierre sur Mer
Eglise St Vincent de Paul
Médaille Saint Vincent de Paul 1576-1660. Graveur : Edmond Henri Becker 1871
Médaille Saint Vincent de Paul 1576-1660. Graveur : Edmond Henri Becker 1871.

Aux États-Unis

Université DePaul à Chicago
College of Mount Saint Vincent de New York
Église Saint-Vincent-de-Paul de New York, seule paroisse nationale française des États-Unis.

En Tunisie

A Tunis
Cathédrale Saint-Vincent-de-Paul

au Brésil

A Rio de Janeiro

Colégio São Vicente de Paulo
Hospital São Vicente de Paulo

au Burkina Faso

à Bobo-Dioulasso
à Koko
Paroisse saint Vincent de Paul, église Saint-Vincent-de-Paul.

au Liban

à Beyrouth, Quartier Ashrafieh
École St Vincent de Paul

Bibliographie

Henri Martin, Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1789, Paris, Furne, 1858.
Henri Lavedan, Monsieur Vincent, aumônier des galères, Plon, 1928.
Pierre Miquel, Vincent de Paul, Fayard, Paris, 1996
Marie-Joëlle Guillaume, Vincent de Paul : Un saint au Grand Siècle, Éditions Perrin, 2015, 450 pp.
Les Exercices des Ordinands
CDROM : Documents des origines vincentiennes
Vincent de Paul: l'amour à l'infini - Jean-Yves Ducourneau, 2000.
Ses œuvres et ses biographies

Filmographie

Maurice Cloche a réalisé le film Monsieur Vincent en 1947. Le film a obtenu le Grand prix du cinéma français en 1947, l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1949, et la même année, le Prix du meilleur film décerné par la presse cinématographique belge. Le rôle principal y est tenu par Pierre Fresnay, qui a obtenu le prix d´interprétation à la Mostra de Venise en 1947. Les dialogues sont de Jean Anouilh. On y remarque aussi une des premières apparitions à l'écran du jeune Jean Carmet et la première apparition au cinéma de Michel Bouquet.

Congrégation de la Mission
Doctrine sociale de l'Église
École française de spiritualité
Étienne Pierre Morlanne
Sœurs de Saint Vincent de Paul
Lazaristes
Louise de Marillac
Marguerite Naseau
Liste d'ordres religieux catholiques
Saint dont le corps est visible à Paris
Société de Saint-Vincent-de-Paul
Union des œuvres françaises de saint Vincent de Paul
Église Saint-Jacques-le-Majeur-et-Saint-Jean-Baptiste de Folleville
Clichy



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#42 Mata Amritanandamayi
Loriane Posté le : 25/09/2015 20:57
Le 27 septembre 1953 naît Mata Amritanandamayi

à Parayakadavou, sur la côte du Kérala en Inde, figure spirituelle contemporaine de l’Inde et la fondatrice de l'ONG Embracing the World à but humanitaire et écologique dont le siège est au Kérala extrême Sud-Ouest de l'Inde. Appelée communément Amma Mère en hindi, elle est hindoue de naissance mais déclare que sa seule religion est l'amour. Son enseignement est basé sur les voies traditionnelles de la non-dualité advaïta védanta et de la dévotion bhakti.
Elle parcourt le monde pour y proposer des assemblées au cours desquelles elle aurait pris 33 millions d'individus dans ses bras, dont l'ancien Président de l'Inde A.P.J. Abdul Kalam. Cette étreinte darshan est devenue emblématique de son action
.

Sa vie

Elle naît le 27 septembre 1953 à Parayakadavou, un petit village de la côte du Kérala, au Sud de l'Inde, au sein d'une famille de modestes pêcheurs qui ont treize enfants. Ses parents l'appellent Soudhamani. Dès l'âge de cinq ans elle montre des tendances mystiques et dévotionnelles que ses parents ne comprennent pas : elle leur vole par exemple du beurre et du lait qu'elle va distribuer aux pauvres, comme le fait Krishna dans la mythologie hindoue. Par voie de conséquence ils lui infligent de mauvais traitements, elle doit réaliser de nombreuses tâches ménagères et est parfois battue. Elle interrompt l'école à dix ans et devient servante chez des voisins. À treize ans elle a sa première extase samadhi.
En 1975, à 22 ans, elle obtient la libération moksha à la suite d'une intense période d'identification avec Krishna. Finalement, à la suite de divers problèmes avec sa famille, elle est contrainte de quitter le toit familial et de vivre sans abri.
En 1978, à 25 ans, à la suite d'un épisode où elle se fait passer pour morte auprès de son père, elle est finalement acceptée par lui. Débute alors une période où prend fin l'hostilité qui régnait à son encontre. Elle devient Mata Amritanandamayi, littéralement la Mère de la Béatitude immortelle et commence à guider ceux qui viennent la voir avec une quête spirituelle. En 1981, le Mata Amritanandamayi Math, le premier et le plus important de ses ashrams, est constitué près de Kollam dans le KéralaAmritapuri.
En 1987, à 34 ans, elle fait son premier tour du monde. Aujourd'hui, son temps est partagé entre son ashram principal en Inde et les tournées qu'elle fait chaque année aux États-Unis, en Europe, au Japon, en Inde. Elle y rencontre aussi bien ses disciples que des curieux, venus faire l'expérience du darshan. Des communautés autour de son message existent partout dans le monde.

Faits légendaires

L'hagiographie mentionne les faits suivants :
À sa naissance elle aurait été étrangement bleue, comme le dieu Krishna, et n'aurait ni pleuré ni crié, affichant à la place un sourire. Elle aurait parlé sa langue maternelle le malayalam dès l'âge de six mois.
Jeune adulte, elle aurait été l'auteur de plusieurs prodiges, comme par exemple chasser en l'embrassant un cobra qui terrorisait un village.

Le darshan d’Amma

Dans la religion hindouiste, le darshan est un moment de contact visuel avec un maître spirituel ou sa représentation et la transmission d'énergie spirituelle associée à cette vision. Il peut prendre différentes formes suivant les maîtres. Certains jours, Amma passe jusqu'à une vingtaine d'heures d'affilée avec ses dévots à leur parler, à écouter leurs problèmes et à leur donner le darshan.

Actions humanitaires

Le M. A. Math, l'ONG fondée par Amma, a développé depuis plus de 20 ans un vaste réseau d’œuvres caritatives, incluant distribution de nourriture, construction de logements gratuits, pensions pour des veuves, orphelinat, éducation et formation professionnelle, santé (soins gratuits, hôpitaux….
Le M. A. Math a aussi développé un campus universitaire qui, en quelques années, est devenu une figure de proue dans le domaine de l'informatique et de la recherche. L'université travaille avec le gouvernement de l'Inde pour développer l'éducation dans toutes les couches de la société ainsi que dans les lieux reculés lancement du projet Amrita-ISRO avec le président de l'Inde, et accord avec les universités des États-Unis, avec le premier ministre indien

L'Organisation M.A. MATH, entre autres distinctions, a reçu en juillet 2005 le statut d'ONG consultative auprès du Conseil économique et social de l'Organisation des Nations unies ONU.
La Croix-Rouge française, à la recherche d’organisations locales présentant toutes garanties, a signé avec le M. A. Math un accord de coopération pour l’aide aux victimes du tsunami.
Dernièrement, les efforts de tous les bénévoles ont été concentrés sur l'aide aux victimes du tsunami en Inde et au Sri Lanka ce qui a valu à Amma d'être honorée par la Récompense du Centenaire du Rotary International pour son Service à l'Humanité, à l'hôtel Méridien de Cochin, le 23 février 2005.
En 2009, l'ONG change de nom pour s'appeler Embracing The World.

Points de vue sur les activités d'Amma La Miviludes en France

Un rapport mis en ligne en 2003 sur le site de la Miviludes dénonçait le prétendu pouvoir d'Amma de guérir la lèpre ou le cancer d'un baiser », mais cette accusation a été abandonnée dans la version du rapport publié par la Documentation française. Selon le journal La République du Centre, le secrétaire général de la Miviludes de l'époque aurait alors déclaré : C'est une erreur. On n'avait pas assez d'éléments pour affirmer cela. Amma n’a jamais dit cela. Nous sommes dans une approche mystico-religieuse, mais le mouvement ne refuse pas les soins. Ce n'est pas un mouvement à dérive sectaire.

Publications critiques

En 2013, Gail Tredwell, la première disciple occidentale d'Amritanandamayi – elle était surnommée Gayatri, l'ombre d'Amma, au sein de l'ashram –, a publié un livre autobiographique décrivant les vingt années qu'elle y a passées. Elle y lance des allégations au sujet d'Amritanandamayi qui aurait eu des comportements agressifs et violents lors de la vie à l'ashram, allégations qui ont été rejetées par Amritanandamayi et ses représentants20.
Sreeni Pattathanam, le président de la Fédération des Associations Rationalistes Indiennes, est l'auteur de Matha Amritanandamayi: Divya Kathakalum Yatharthyavum Matha Amritanandamayi : Histoires sacrées et réalités, un livre publié pour la première fois en 1985, où il affirme, entre autres choses, que tous les miracles d'Amritanandamayi sont faux. En 2004, le gouvernement de l'État du Kerala a poursuivi en justice l'auteur, le propriétaire de la maison d'édition et l'imprimeur du livre, au motif que les sentiments religieux des dévots avaient été offensés par le contenu diffamatoire du livre. Cette procédure faisait suite à une plainte déposée par T. K. Ajan, un résident du Mata Amritanandamayi Math. Thengamam Balakrishnan, dirigeant du CPI, a protesté contre cette atteinte à la liberté d'expression.

Prix et Distinctions

Son action humanitaire et son message lui ont valu de nombreux prix et distinctions.

1993, President of the Hindu Faith à Chicago pour le centenaire du Parlement des religions du Monde
1993, Hindu Renaissance Award Hinduism Today
1998, Prix du Soin et du Partage Humanitaire International de l'Année Chicago Care & Share International Humanitarian of the Year Award
2002, Karma Yogi of the Year Yoga Journal
2002, Genève : Amma reçoit le prix Gandhi-King pour la non-violence au siège de l'ONU, à la suite de Kofi Annan, Nelson Mandela, et la primatologue le Dr. Jane Goodall
2005, Mahavir Mahatma Award Delhi
2005, Centenary Legendary Award of the International Rotarians Cochin
2006, New York, Prix inter religieux "James Parks Morton"
2006, The Philosopher Saint Sri Jnaneswara World Peace Prize Pune
2007, Le Prix Cinéma Vérité Paris
2010, L'université de l'état de New-York SUNY, State University of New York a décerné à Amma le titre de Docteur Honoris Causa es Lettres Humaines le 25 mai 2010 à l'Université de New York au Campus de Buffalo.

Discours et Conférences Internationales

1993, Chicago : 'Que vos cœurs s'épanouissent' au 100e anniversaire du Parlement des Religions du Monde
1995, New York : pour les célébrations du 50e anniversaire de l'Organisation des Nations unies ONU.
2000, New York : lors du Sommet mondial de la Paix au siège de l'Organisation des Nations unies ONU
2002, Genève : Intervention à la Conférence des Femmes pour la Paix mondiale organisée par l'Organisation des Nations unies (ONU) et qui rassemblait les femmes leaders spirituelles du Monde entier
2004, Barcelone au Parlement des religions du Monde
2006, New York Prix inter religieux James Parks Morton
2007, Paris : 'La Compassion comme seul voie vers la paix' Prix Cinéma Vérité 2007 remis par Sharon Stone
2008, Jaipur : 'Le potentiel infini des femmes' Discours de l'Initiative des Femmes pour une Paix Globale
2009, New Delhi : 'Cultiver la force et la vitalité' inauguration de la Fondation Internationale Vivekananda New Delhi

Filmographie Documentaires

1999 Rivière d'Amour : Un documentaire sur la vie d'Amma
2000 Louis Theroux's Weird Weekends -- "Indian Gurus" BBC-TV
2004 fr La Réponse d'Amma vidéo à la tragédie du Tsunami en 2004 » consulté le 22 octobre 2014
2005 Darshan de Jan Kounen, sélection officielle hors compétition au festival de Cannes 2005.
2007 fr Étreindre le Monde consulté le 22 octobre 2014
2007 In God's Name - Directed by Jules Clément Naudet and Thomas Gédéon Naudet
2009 Étreindre le Kenya : la première visite d'Amma au Kenya où elle inaugure et finance entre autres un orphelinat vidéo

Vidéos des Conférences Internationales

2002 fr Discours vidéo d'Amma à la réception du prix Gandhi-King pour la non-violence au siège de l'Organisation des Nations unies ONU, à la suite de Kofi Annan, Nelson Mandela, et la primatologue le Dr Jane Goodall consulté le 22 octobre 2014
2004 fr Discours vidéo au Parlement des religions du Monde à Barcelone consulté le 22 octobre 2014
2006 frDiscours vidéolors de la remise du Prix Interfaith en 2006 : Compréhension et Coopération entre les Religions" consulté le 22 octobre 2014
2007 fr Discours vidéo lors de la remise du Prix Cinéma Vérité en 2007 remis par Sharon Stone à Paris consulté le 22 octobre 2014
2008 fr Discours vidéo "Le potentiel infini des femmes - Rendre disponible la Féminité pour le bénéfice de la communauté Jaipur, Rajastan consulté le 22 octobre 2014


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#43 Gottlieb Thaddeus von Bellingshausen
Loriane Posté le : 19/09/2015 18:43
Le 20 sept. 1778 naît Fabian Gottlieb Thaddeus von Bellingshausen

en russe, Фаддей Фаддеевич Беллинсгаузен prononcé Faddeï Faddeïevitch Bellinsgauzen explorateur né à Lahetaguse sur l'île d' Ösel aujourd'hui Saaremaa en estonie, mort à 73 ans le 25 janvier 1852 à Kronstadt, amiral de la flotte impériale russe qui fut explorateur de l'Antarctique. Entre les années 1819 et 1821, il effectue son second tour du monde, avec deux sloops, le Vostok, Восток - L'Orient et le Mirny Le Paisible - Мирный placés sous le commandement de l'amiral Lazarev. Il navigue dans l'océan Antarctique à bord du sloop Vostok qu'il commande.
Il fut l'un des pionniers de l'Antarctique, explorateur de l'Australie, de l'Océanie et prit part en tant qu'amiral à la Guerre russo-turque de 1828-1829.


Sa vie

Bellingshausen naît le 20 septembre 1778 dans une famille noble germano-balte au domaine de Lahhetagge, aujourd'hui Lahetaguse sur l'île d'Ösel dans le gouvernement de Livonie actuelle Estonie, qui était à l'époque une province de l'Empire russe. En 1789, Bellingshausen entre au Corps naval des Cadets. Il est diplômé de l'Académie navale de Kronstadt à 18 ans. Il prend part à une expédition au grade de garde-marine au large des côtes d'Angleterre. Il est promu en 1797 jusqu’au grade de capitaine. Grand admirateur des voyages de Cook, il embarque lors de la première expédition russe autour du monde sur le vaisseau Nadejda, Espoir sous le commandement d'Adam Johann von Krusenstern en 1803 et achève sa mission en 1806 à bord de la frégate Nadejda Надежда placée sous le commandement de Krusenstern 1770-1846. Il commande ensuite de 1810 à 1819 différents navires en mer Baltique et en mer Noire. En 1819, il est élevé au grade de capitaine de 2e rang.

Expédition en Antarctique, en Océanie Expédition Bellingshausen.

En 1819, quand le tsar Alexandre Ier autorise une expédition dans les mers polaires australes, l'amirauté choisit Bellingshausen pour la diriger. Parti de Kronstadt le 4 juin 1819, le 5 septembre de la même année, il quitte Portsmouth avec 2 navires, une corvette de 600 tonneaux, le Vostok l'Orient et un navire de soutien de 530 tonneaux le Mirnyi le Pacifique, commandé par Lazarev à destination de la Géorgie du Sud. Il jette l'ancre dans le port de Rio de Janeiro le 2 novembre et atteint la Géorgie du Sud en décembre.
En hommage au marquis de Traversay, organisateur de cette expédition polaire, il attribue le nom de Marquis de Travers à un archipel puis se dirige au sud des îles Sandwich du Sud et à l'extrême sud.
Le 2 février 1819, un glacier situé à l'est de la côte Princesse Martha Antarctique est est baptisé glacier Bellingshausen. Les 17 février et 18 février 1819, ils approchent de la rive. Des études scientifiques débutent, une description des lieux est entreprise, ainsi qu'un recensement de la flore et de la faune. Grâce au journal de bord tenu par Bellingshausen au cours de ses 721 jours de navigation dans le Pacifique, l'Atlantique et l'Antarctique, une documentation très précise permit de découvrir les mœurs et coutumes des peuples autochtones et les découvertes scientifiques. En outre, vingt-et-une îles sont découvertes au cours de ce long périple.
Le 26 janvier 1820, il est le premier explorateur à franchir le cercle polaire antarctique après James Cook. Le 28 janvier, l'expédition découvre les terres continentales de l'Antarctique, approchant des côtes au point de coordonnées 69° 21′ 28″ S 2° 14′ 50″ O. C'est la première expédition inaugurale officielle en Antarctique.
Les deux navires quittent l'Antarctique et se dirigent vers l'Australie, accostant à Port Jackson en avril 1820. Les différentes réparations ayant été effectuées Bellingshausen et Lazarev appareillent vers de nouveaux horizons. Ils découvrent alors les îles Tuamotu, et attribuent des noms de personnalités militaires et politiques russes à plusieurs îles habitées 29 : îles Russes, île Lazarev, et d'autres. En septembre 1820, les deux sloops ancrent de nouveau à Port Jackson.
Une nouvelle expédition en Arctique occidentale est entreprise. Dans le courant de janvier 1821, une nouvelle île est découverte et reçoit le nom de Pierre Ier. Une nouvelle terre est baptisée Alexandre Ier. Les deux sloops se dirigent ensuite vers les Shetland, de nouvelles îles sont alors l'objet d'études minutieuses, chacune d'elles recevant le nom d'une grande bataille de la Guerre patriotique de 1812 : Borodino, Smolensk, Waterloo, Leipzig et d'autres, également des noms de personnalités de la Marine impériale de Russie.
Son journal de bord, avec le rapport au ministre de la Marine impériale en date du 21 juillet 1821 et d'autres documents attestent qu'il a bien découvert le continent, bien que les coordonnées rapportées soient à 20 milles de la côte antarctique. Rassemblant toutes ces preuves, les Russes réclament que Bellingshausen soit considéré comme le découvreur de la Terra Australis plutôt qu'Edward Bransfield, un officier anglais de la Royal Navy ou que Nathaniel Palmer, un navigateur américain. Durant son voyage, Bellingshausen visite aussi les îles Shetland du Sud et découvre et nomme l'île Pierre Ier. L'expédition continue dans le Pacifique en remontant vers les tropiques. Il arrive à Rio de Janeiro en mars 1821. Fin juillet 1821, Le Vostok et Le Mirny reprennent le chemin de Kronstadt. Cette expédition fut très enrichissante concernant les études hydrographiques et climatiques. Elle livra des trésors botaniques, zoologiques et ethnographiques.
Après son retour à Kronstadt le 4 août 1821, sans accueil triomphal, Bellingshausen continue de servir le tsar. Bellingshausen tente de découvrir une possibilité de navigation sur le fleuve Amour, mais cette tentative échoue. En raison de mauvaises conditions météorologiques, il est dans l'incapacité d'apporter la preuve de la méprise de La Pérouse, qui déclarait en 1787 que les îles Sakhaline étaient une péninsule reliée à un isthme sableux d'un continent. Bellingshausen est élevé au grade de contre-amiral.
L'expédition Bellingshausen fut considérée comme l'une des plus importantes et difficiles après celles de James Cook. En outre, le Vostok et le Mirny n'étaient pas adaptés pour la navigation dans les glaces.
En 1826, il épousa Anna Dmitrievna Baïkovaga. Sept enfants naquirent de cette union : Elise von Bellingshausen : Épouse de Paul Gerschauga ; Catherine von Bellingshausen ; Helena von Bellingshausen ; Maria von Bellingshausen 1836-1863.
Il combat pendant la Guerre russo-turque de 1828-1829, prenant part au siège et à la prise de la forteresse de Varna. Le 6 décembre 1830, il est promu vice-amiral. La même année, le commandement d'une escadre de la flotte de la Baltique lui est confié. En 1839, il occupe le poste de gouverneur militaire de Kronstadt et il est promu la même année amiral de la Marine impériale et décoré de l'Ordre de Saint-Vladimir 1ère classe. En 1845, il est nommé membre de la Société de Géographie et en 1848, membre honoraire du Comité scientifique de la marine.

Il meurt le 25 janvier 1852 à Kronstadt.

Distinctions

1839 : Ordre de Saint-Vladimir 1ère classe

Postérité

Timbre soviétique de 1965, émis à l’occasion du 145e anniversaire de l’expédition géographique russe - F.F.Bellingshausen et M. P.Lazarev

Monument érigé en mémoire de l'amiral von Bellingshausen

Un monument de bronze fut érigé dans le jardin d'été de Kronstadt le 11 septembre 1870, construit grâce à des fonds collectés parmi les amiraux de la Marine impériale de Russie. Le monument possède une hauteur totale de 2,02 mètres. La statue est haute de 2,01 mètres. Elle est l'œuvre du sculpteur Ivan Schroeder 1835-1908.

Toponymie

Son nom a été donné à différents lieux de l'Antarctique et d'ailleurs :
Mer de Bellingshausen : Une des mers de l'océan Austral
Cap Bellingshausen : Situé sur l'île Sakhaline;
Île Bellingshausen : Située sur l'archipel des Tuamotu;
Îles Taddeus : Situées dans la mer de Laptev;
Baie Taddeus : Située sur la mer de Laptev sur la côte de Taymir;
Glacier Bellingshausen : Plateau de glace situé à l'est de la côte Princesse Martha est Antarctique de près de 100 kilomètres de long;
Cratère Bellingshausen : Situé sur la lune;
Station polaire Bellingshausen : Station russe antarctique située sur l'Île du Roi-George dans les îles Shetland du Sud, fondée le 22 février 1968 par l'URSS, près de la station fut construite l'église orthodoxe de la Sainte-Trinité ;
Manoir Bellingshausen : Situé dans le village de Lopouhinka;
Plaque Bellingshausen : Ancienne plaque tectonique de la lithosphère de la planète Terre. Elle fusionna avec la plaque antarctique, elle est située à proximité de la Terre Marie Byrd;
Bellingshausen, autre nom de l'atoll Motu One dans les îles de la Société en Polynésie française
Timbre poste émis par l'Union soviétique en 1965.



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#44 Annie Besant 1
Loriane Posté le : 19/09/2015 10:02
Le 20 septembre 1933 à Madras meurt à 85 ans Annie Besant

née Wood le 1er octobre 1847 à Londres, conférencière, féministe, libre-penseuse, socialiste et théosophe britannique, qui prit part à la lutte ouvrière avant de diriger la Société théosophique, puis de lutter pour l'indépendance de l'Inde.
Issue d'une famille anglo-irlandaise et orpheline de père à cinq ans, elle fut éduquée de façon privée par une dame charitable. Elle fit de nombreuses lectures philosophiques qui développèrent ses questionnements métaphysiques et spirituels. Elle prit aussi conscience, à la même époque, de la condition ouvrière. Jeune femme de la classe moyenne victorienne, elle n'avait alors pas d'autre avenir que le mariage. En décembre 1867, elle épousa Frank Besant, un pasteur anglican. Le mariage fut malheureux. Après avoir eu deux enfants, le couple se sépara en 1873.
Excellente oratrice, Annie Besant commença une carrière politique en faisant des tournées de conférences sur le féminisme, la libre-pensée et le sécularisme. Elle travailla alors aux côtés de Charles Bradlaugh avec qui elle publia en 1877 une brochure présentant des méthodes de limitation des naissances. Ils furent jugés et condamnés à six mois de prison pour obscénité. L'appel fut suspensif et le verdict fut cassé pour vice de forme. Elle perdit cependant la garde de sa fille qu'elle avait obtenue lors de la séparation avec son mari.
Elle profita de la modification des statuts du University College de Londres pour y entamer des études scientifiques brillantes. Elle en fut cependant exclue en 1883 du fait de sa réputation et de ses activités politiques et ne put terminer sa troisième année de baccalauréat. En parallèle, elle dispensa des cours publics d'éducation populaire dans le Hall of Science de South Kensington.
Annie Besant s'intéressa à la pensée socialiste dès le début des années 1880 et adhéra à la Fabian Society en 1885. Elle devint rapidement membre du comité directeur. Elle s'engagea alors dans la lutte sociale. Elle était présente lors du Bloody Sunday du 13 novembre 1887 : cette manifestation pacifique dispersée par la force protestait contre la politique du gouvernement en Irlande ainsi que contre les conditions misérables de travail et de vie des milieux populaires. Elle organisa ensuite la grève victorieuse des allumettières de l'entreprise Bryant and May dans l'East End de Londres à l'été 1888. Elle fut élue de ce quartier populaire au London School Board où elle réussit à faire adopter le concept de repas gratuits pour les enfants pauvres dans les écoles de la capitale.
En 1889, William Thomas Stead, rédacteur en chef de la Pall Mall Gazette, lui demanda d'écrire un compte-rendu de l'ouvrage d'Helena Blavatsky, la Doctrine Secrète, qui lui fit découvrir la théosophie. Elle y trouva les réponses à ses interrogations métaphysiques et spirituelles et s'y convertit rapidement. Elle devint une des dirigeantes de la société théosophique. En 1893, elle partit s'installer en Inde où était basée la société. Là, elle adopta et éduqua Krishnamurti pour qui elle devint une mère spirituelle. Elle prit la direction de la Société théosophique en 1907 et l'assuma jusqu'à sa mort en 1933.
En Inde, elle s'engagea pour l'auto-détermination, puis l'indépendance du pays, par des articles, des discours et des activités éducatrices. Elle mécontenta le pouvoir britannique qui l'assigna à résidence en 1917 mais dut la relâcher rapidement sous la pression de l'opinion publique indienne. La même année, Annie Besant fut élue présidente du Parti du Congrès. Elle s'effaça peu à peu face à Gandhi et consacra les dernières années de sa vie à la théosophie.

En bref

Entrée en contact avec la Fabian Society, elle milita pour l'athéisme et écrivit dans les Fabian Essays 1889. Puis, établie en Inde, elle se convertit à la théosophie et dirigea la Société de théosophie de 1907 à sa mort. Elle présida l'Indian National Congress en 1917. Elle devint la protectrice de Krishnamurti.
Un peu plus tard, en 1889, l'Anglaise Annie Besant 1847-1933, femme de pasteur, qui avait été gagnée au socialisme matérialiste, se convertit au théosophisme en lisant La Doctrine secrète de H. P. B. Elle fait la connaissance de l'auteur et devient rapidement un des chefs de la Société théosophique. Puis elle part pour les Indes en 1893, y répand l'enseignement de H. P. B. et d'Olcott, en développant, parallèlement, l'instruction publique dans ce pays. Annie Besant connaît là-bas un succès personnel certain, mais seulement dans les milieux anglais ou anglophiles, aidée dans son œuvre par C. W. Leadbeater, dont la pensée fantaisiste s'exprime de manière assez spéciale en ce qui concerne l'éducation des jeunes gens. Malgré cela, la Société théosophique continue son essor. En 1909, A. Besant et Leadbeater essaient de persuader un jeune hindou, Krishnamurti Jiddu , qu'il est une réincarnation de grands maîtres passés. En 1929, ce jeune homme aura fini par désavouer ses instructeurs et par prendre définitivement ses distances avec la Société théosophique.
Après sa conversion, Annie Besant a oublié le matérialisme, mais elle n'a pas abandonné son rêve de contribuer à l'émancipation des femmes. Invitée à Paris en 1902 dans la loge mère du Droit humain, première obédience mixte de la franc-maçonnerie fondée en 1893 par Georges Martin et Maria Deraisme, elle fonde la même année à Londres la loge numéro 6 Human Duty, origine de la fédération britannique du Droit humain. Une loge unie des Théosophes est fondée en 1909, entreprise sérieuse, vouée à l'étude ainsi qu'à la propagation d'une théosophie authentique. Cela n'empêche pas l'Autrichien Rudolf Steiner 1861-1925, membre de la Société théosophique, mais qui reproche à celle-ci son antichristianisme, de se détacher de la Société théosophique en 1913. À Paris, l'édifice Adyar, square Rapp, est aujourd'hui à la fois un lieu accueillant où des conférenciers d'obédiences intellectuelles fort diverses peuvent venir s'exprimer et un siège où diverses branches de la Société théosophique se montrent actives.
Isis dévoilée 1877, de H. P. B., suggère le programme doctrinal de la Société théosophique, en une profusion de symboles et d'images. La Doctrine secrète, 1888, son ouvrage le plus fascinant et sans doute le plus lu, se présente comme une compilation d'éléments syncrétiques auxquels elle a su donner une dimension vraiment originale. Elle déclare exposer la Tradition primordiale ; mais, bien entendu, il ne s'agit pas là d'un enseignement reflétant la théosophie judéo-chrétienne ou musulmane. Une certaine idée, occidentalisée, du bouddhisme, un intérêt marqué pour les phénomènes psychiques, une érudition fantaisiste et peu sûre, ainsi qu'un enseignement « réincarnationniste » ne suffisent pas cependant à constituer une doctrine homogène. Si trop d'éléments disparates ont souvent rebuté les lecteurs, l'attrait que cette œuvre ne cesse légitimement de susciter a inspiré des peintres, des romanciers et des philosophes. Les rapports de la Société théosophique avec le scoutisme sont certains (A. Besant fut la protectrice des scouts du monde entier. Voilà qui témoigne, parmi d'autres choses, d'un ardent esprit de propagande, trait particulièrement occidental qui apparente l'histoire de la Société à celle de nombreuses sectes protestantes, surtout anglo-saxonnes, avec lesquelles cette dernière n'a pas manqué d'entretenir des rapports suivis. Depuis lors, elle est devenue, en tant que société, à la fois plus universelle et plus indépendante, et tout porte à croire que la Doctrine secrète continuera sa carrière d'inspiratrice. Antoine Faivre

Maître spirituel indien qui fut mis en vedette, dans sa jeunesse, par la Société théosophique, Krishnamurti Jiddu était né dans une famille de brahmanes. Il y fut remarqué par un membre influent de ce mouvement, Charles Webster Leadbeater, et initié en janvier 1910, puis adopté par la présidente de l'organisation, Annie Besant, comme devant être le Messie, la réincarnation de Jésus ou d'autres grands maîtres du passé et la manifestation même du seigneur Maitreya, le Buddha futur. En 1911, Annie Besant fonda l'ordre de l'Étoile d'Orient, qui était chargé d'entourer le jeune prophète et dont les membres vouaient à celui-ci une véritable adoration. De 1912 à 1920, Krishnamurti séjourna en Grande-Bretagne, hébergé par des adeptes de la Société théosophique. C'est en août 1922, en Californie, qu'il connut les débuts de ce qu'il a appelé son processus : le jeune homme, qui donnait des signes d'extase, faisait l'expérience de la compassion universelle, comme lien absolu avec le monde. Peu à peu, au cours de ses conférences dans différents pays, il en vint à se détacher du mouvement d'Annie Besant, au nom de la liberté du changement intérieur dans la vérité propre à chacun. Il prononça en 1929 la dissolution de l'ordre de l'Étoile d'Orient, puis démissionna de la Société théosophique, déclarant alors : « Dès l'instant où vous suivez quelqu'un, vous cessez de suivre la vérité.

Sa vie

Annie Besant, issue d'une famille anglo-irlandaiseN 2 de la classe moyenne, est née à Londres le 1er octobre 1847. Son père, William Burton Persse Wood appartenait à une bonne famille du Devon. Matthew Wood, grand-oncle d'Annie, fut Sheriff et Lord Maire de la City puis Membre du Parlement pour cette même City à partir de 1817. Il est resté célèbre pour avoir pris la défense de la reine Caroline lors de son procès en divorce puis du duc de Kent, le père de la reine Victoria qui lui accorda le titre de baronnet. Ses fils firent aussi des carrières couronnées de succès dans l'Église anglicane, l'armée, la justice, les finances et au Parlement. Le grand-père d'Annie par contre était issu de la branche cadette moins fortunée. Il se maria avec une Irlandaise et s'installa à Galway où naquit le père d'Annie.
Le père d'Annie, William Wood fit des études de médecine au Trinity College de Dublin et épousa lui aussi une Irlandaise, Emily Morris. Touchés indirectement par la famine des années 1840, le couple quitta l'Irlande pour Londres où William Wood abandonna la profession de médecin pour un emploi de secrétaire dans la City. Installés dans le quartier de St. John's Wood, ils eurent trois enfants : Henry, Annie et Alfred
Le père d'Annie mourut alors qu'elle avait cinq ans. S'il avait abandonné la pratique de la médecine, il accompagnait parfois ses amis médecins. Il se blessa au doigt en disséquant une personne morte de tuberculose osseuse et contracta lui aussi la maladie dont il finit par mourir en 1852. Quelques mois plus tard, Alfred, le plus jeune des enfants
William Wood laissa sa famille sans ressources. Celle-ci partit d'abord pour un quartier bien moins huppé que celui où elle avait jusque là habité : Richmond Terrace, à Clapham, banlieue de Londres au sud de la Tamise où était déjà installé le reste la famille irlandaise. Une des dernières volontés de William Wood était que son fils Henry fît du droit. Pour la respecter, Emily Wood s'installa bientôt à Harrow, où se trouve la célèbre public school du même nom. Elle voulait que son fils pût y entrer en bénéficiant des frais d'inscription réduits pour les habitants de la ville. Elle y ouvrit une pension pour les élèves de l'école à l'automne 1855 afin de gagner sa vie. L'année suivante, Annie fut confiée à Ellen Marryat, sœur de Frederick Marryat et tante de Florence Marryat. Cette vieille fille de 41 ans fortunée et charitable se chargerait de son éducation, en même temps que celle d'une de ses nièces, Amy Marryat. Annie Besant dans son autobiographie raconte qu'elle eut le cœur brisé de quitter sa mère pour aller s'installer dans le Dorset, à Fern Hill près de Charmouth. Elle reconnaissait aussi tout ce qu'elle devait à Ellen Marryat qui lui donna une solide éducation. Elle apprit ainsi la géographie, le latin et diverses langues étrangères dont le français et l'allemand. Miss Marryat avait une conception de l'enseignement assez différente de ce qui se faisait à l'époque : elle ne croyait pas en l'apprentissage par cœur ; elle préférait que ses élèves apprissent par elles-mêmes. Ainsi, elles devaient exprimer leurs propres pensées dans les compositions qui leur étaient données. L'éducation religieuse était cependant très fortement présente, Miss Marryat étant très marquée par le courant évangélique, mais cela convenait à Annie qui était alors très pieuse et très curieuse des Écritures.
En 1861, Ellen Marryat décida de voyager à travers l'Europe avec Annie alors âgée de treize ans, son neveu et une nouvelle protégée Emma Mann nièce du principal de Harrow et de Arthur Penrhyn Stanley. Ils passèrent plusieurs mois à Bonn puis s'installèrent à Paris pour sept mois où aux leçons quotidiennes s'ajoutèrent les visites des musées et églises. Annie y découvrit le catholicisme et principalement ses messes qui lui plurent beaucoup plus que l'évangélisme austère auquel elle était habituée. Elle pensa se convertir avant de se rapprocher du courant High Church au sein de l'anglicanisme. Celui-ci, dit parfois anglo-catholicisme, était très proche des rites catholiques. Au printemps 1862, elle reçut cependant sa confirmation anglicane de l'évêque anglican de l'Ohio, alors à Paris. Elle raconte qu'elle se sentit à cette occasion comme touchée par le Saint-Esprit. De retour en Angleterre, Miss Marryat entreprit de donner de plus en plus de latitude intellectuelle à sa pupille avant de lui permettre de retourner chez sa mère, à Harrow, à quinze ans et demi.
Là, elle poursuivit son éducation grâce à la bibliothèque de la public school tout en ayant une vie sociale un peu plus développée. Elle continua à lire des ouvrages en français et en allemand et lut aussi Homère, Dante ou Platon. Elle accepta des invitations à des parties de croquet et à des bals, où elle rencontra les amis de son frère. Elle aurait plu à un certain nombre d'entre eux, mais elle était alors plus intéressée par la religion que par les garçons. Elle se rapprocha de plus en plus du catholicisme, se mit à se signer et à communier toutes les semaines et tenta même l'auto-flagellation. Cependant, elle ne se convertit pas, préférant toujours le Mouvement d'Oxford (autre nom du mouvement High Church. Elle décida aussi, comme le lui avait enseigné Ellen Marryat, d'aller voir par elle-même aux sources. Elle étudia alors les écrits des Pères de l'Église, principalement Origène, saint Jean Chrysostome et saint Augustin. Elle y découvrit les concepts, acceptés ou condamnés, de transmigration des âmes, d'accès à Dieu par la connaissance, des vertus du célibat, de la magie, du pouvoir des images et des idoles, de la signification des nombres ou des incantations. Elle découvrit par ailleurs la mythologie grecque, mais aussi la magie chaldéenne, le brahmanisme, le culte d'Isis et Hermès Trismégiste. À Pâques 1866, la ferveur chrétienne d'Annie atteignit un paroxysme. Elle parcourut en esprit les stations du chemin de Croix. Afin de mieux comprendre la Semaine sainte, elle entreprit de comparer les différentes versions des Évangiles et fut alors surprise par les incohérences du texte. Elle rejeta cependant ses doutes. Ce fut dans cet état d'esprit qu'elle rencontra son futur mar.

Mariage malheureux

Annie Wood rencontra Frank Besant à l'église de Clapham dont dépendait sa famille et où il officiait provisoirement à Noël 1865 puis à nouveau à Pâques 1866. Sa mère, jugeant que le jeune pasteur pouvait être un prétendant convenable pour sa fille, l'invita à passer une semaine durant l'été avec elles. Annie discuta de longs moments avec lui. Cependant, alors qu'il considérait que lors de ces discussions il lui faisait la cour, Annie, elle, n'en avait pas même l'idée. Aussi, fut-elle complètement surprise lorsqu'il la demanda en mariage à la fin de la semaine. Elle ne sut quoi répondre et il prit son silence pour une réponse positive. Il considérait aussi qu'il devait épouser Annie car les longs moments qu'il avait passés seul avec elle pouvaient compromettre l'honneur de la jeune fille. Fils d'un marchand de vin et frère de l'écrivain Walter Besant, Frank Besant avait 25 ans et était alors instituteur à Clapham où en tant que futur pasteur anglican, il remplaçait parfois des pasteurs responsables de cure afin d'arrondir ses fins de mois. Issu d'une famille très anglicane, il avait fait ses études dans des établissements profondément anglicans eux-aussi King's College de Londres et Emmanuel College à Cambridge. Il se spécialisa en mathématiques et dès sa sortie de l'université, il retourna dans son ancienne grammar school enseigner les mathématiques tout en espérant être rapidement ordonné prêtre. Il était très timide et par conséquent considéré comme très cassant.
La demande en mariage, réitérée à Londres, fut acceptée par la mère d'Annie puisqu'elle l'avait plus ou moins suscitée. La jeune femme accepta elle aussi, mais en conçut du ressentiment contre sa mère. Annie passa la fin de l'été à voyager en Suisse avec la famille de William Prowting Roberts. Cet avocat s'était engagé dans la cause chartiste puis pour la défense des conditions de travail et de vie des mineurs et des classes populaires urbaines en général. Il fit découvrir la question ouvrière à Annie lors de leurs conversations. Elle conçut alors que ce dont les classes populaires avaient besoin n'était ni la pitié ni la charité, mais la justice. Lorsqu'elle rendit visite aux Roberts, à l'été 1867, à Manchester, peu de temps avant son mariage, elle assista aux manifestations autour du procès puis de la condamnation à mort des membres de l'Irish Republican Brotherhood. Ces expériences, d'une foule en colère et de ce qu'elle considéra comme un verdict injuste, la marquèrent pour le reste de sa vie.
À l'automne 1866, Annie essaya de rompre ses fiançailles. Sa mère l'en dissuada avec deux arguments principaux : en tant que femme de pasteur, Annie serait en position idéale pour faire le bien et de toute façon, elle n'avait pas réellement d'autre perspective que le mariage. Elle l'accepta finalement. De plus, Frank venait d'être ordonné prêtre. Il était devenu, selon les mots d'Annie, un être semi-angélique qui pouvait répondre aux aspirations spirituelles de la jeune femme alors : il serait son époux terrestre comme Jésus était pour elle son époux céleste.
Le 21 décembre 1867, Annie Wood épousa Frank Besant à St Leonards-on-Sea où s'était installée sa mère, près d'HastingsN 5. La nuit de noces fut une abomination pour la jeune femme qui n'avait aucune idée de ce qui se passerait. Elle la ressentit comme un véritable viol et n'en retira que du dégoût et de la peur.

Autorité victorienne du mari

Le couple s'installa à Cheltenham en janvier 1868. Frank Besant avait obtenu un poste d'enseignant de mathématiques au Cheltenham college, une public school et Annie s'occupa d'une pension pour les élèves, comme sa mère l'avait fait à Harrow. Elle eut du mal à s'intégrer dans le groupe des épouses d'enseignants : elles ne faisaient que « parler de domestiques et de bébés . De plus, toute l'école était Low Church alors qu'elle était, elle, High Church Annie Besant avait une impression de plus en plus forte d'isolement intellectuel. En réalité, certaines de ces femmes et de leurs filles étaient au moins aussi éduquées qu'elle, voire se battaient pour le droit à l'éducation des femmes. Il semblerait que son mariage ait eu une influence défavorable sur son moral et son état d'esprit16,18.
La pension ne l'intéressait guère et elle se montra peu douée pour la gestion de la maison (tâches ménagères et domesticité). Il semblerait qu'elle ait laissé faire son mari (très autoritaire) afin de ne pas tout à fait devenir une « femme au foyer ». Elle passait ses journées à s'ennuyer, d'autant plus que l'étiquette ne lui permettait pas de sortir seule. Les relations de couple étaient très tendues. En février 1870, selon un affidavit de 1878, Frank la frappa en lui hurlant de rentrer chez sa mère.
Annie Besant se tourna à nouveau vers la lecture puis vers l'écriture : des pamphlets religieux que son mari appréciait peu car ils étaient trop High Church ; un livre sur la spiritualité qui semble avoir été accepté mais ne fut finalement jamais édité ; un roman qui fut rejeté car trop politique et une nouvelle qui fut publiée dans le Family Herald, un magazine d'informations domestiques. Elle gagna alors 30 shillingsN 6, les premiers revenus de sa vie. Ils furent immédiatement récupérés par son époux. La loi disposait en effet que les revenus de la femme appartenaient à son mari, son « propriétaire comme se mit alors à dire Annie. Elle déclara qu'elle n'avait pas besoin de cet argent, mais qu'elle fut choquée d'apprendre qu'il n'était pas à elle du tout.
Elle eut avec lui deux enfants : Arthur Digby, né le 16 janvier 1869 et Mabel Emily, née le 28 août 1870. Elle souffrit beaucoup durant ses grossesses. La seconde fut même plus difficile que la première, car elle arriva très vite alors qu'elle était à peine remise de la première. Elle s'occupa elle-même de ses enfants : le couple ne pouvait se permettre une nourrice. Il semblerait que la violente dispute de février 1870 fût liée à une demande d'Annie de ne plus avoir d'autres enfants, pour des raisons matérielles. La seule véritable contraception pour un pasteur anglican était l'abstinence ; or, il semblerait que Frank ait pris très à cœur de forcer son épouse à l'accomplissement du devoir conjugal. Elle se remit difficilement de son second accouchement, tandis que les disputes se faisaient de plus en plus régulières et de plus en plus violentes. Dans l'affidavit de 1878, elle l'accusa de cruauté ; il expliqua que son attitude à elle justifiait sa conduite à lui.
En 1871, Mabel tomba très gravement malade. Annie Besant s'épuisa à la soigner puis fit une dépression. Elle perdit alors la foi face aux épreuves et injustices que lui envoyait Dieu. Dans les mois qui suivirent, son mari essaya de la lui faire retrouver, luttant contre ce qu'il appelait ses doutes et lui présentant un autre pasteur anglican de Cheltenham qui lui servirait de guide spirituel. Celui-ci ne put rien faire : les solutions anglicanes, comme le Repentir, qu'il proposait n'avaient plus aucun écho en Annie qui désirait alors trouver une autre voie d'accès à la connaissance de Dieu. Pour lutter contre sa dépression et distraire son esprit de ses angoisses existentielles, son médecin lui suggéra de lire des ouvrages de science, d'anatomie et de physiologie. Finalement, pour lui changer définitivement les esprits, Frank quitta son poste d'enseignant à Cheltenham College pour prendre une cure qu'un cousin de sa femme, William Wood, lui avait obtenue à Sibsey, un tout petit village dispersé, d'un millier d'habitants, dans le Lincolnshire. Dans ce petit village, sans vie sociale, Annie était plus libre que dans la ville de Cheltenham et pouvait sortir sans risquer de se compromettre.

Rupture

À Sibsey, elle remplit ses fonctions de femme de pasteur en rendant des visites caritatives aux pauvres et aux malades. À nouveau, elle fut confrontée à la misère populaire renforcée alors par de mauvaises récoltes sans que le propriétaire (absent) ait baissé les loyers. De plus, les ouvriers agricoles qui prenaient contact avec les syndicats perdaient définitivement toute possibilité de trouver à s'employer. Dans son Autobiographie, Annie Besant dit qu'elle apprit beaucoup politiquement à ce moment-là. Elle se posa à nouveau la question de sa foi. Elle se remit à lire de la théologie et découvrit les ouvrages de Matthew Arnold et son idée de morale comme religion. Ces lectures déplurent à son époux qui se remit, lui, à la frapper, au point qu'en juin 1872, elle s'enfuit chez sa mère à Londres.
Là, elle alla écouter les prêches de Charles Voysey, un pasteur anglican qui venait d'être condamné pour hérésie par le Privy Council. Il refusait les idées de péché originel et de châtiment éternel ainsi que la divinité du Christ et le Repentir. Il déclarait aussi que la Bible n'était pas la parole divine. Après avoir quitté l'Église anglicane, il fonda une Église théiste. Annie se lia d'amitié avec lui. Voysey lui présenta diverses personnalités libres-penseurs de Londres, comme l'éditeur Thomas Scott qui publiait des pamphlets rationalistes ou républicains, l'indianiste John Muir, le réformateur socialiste Charles Bray ou l'évêque du Natal John William Colenso, défenseur de la cause des Zoulous. Lorsque Frank l'apprit, sa colère ne fit que croître.
Le fait que la femme d'un pasteur ait perdu la foi posait un gros problème social. Elle fit une dernière tentative et réussit à rencontrer Edward Bouverie Pusey, un des maîtres à penser du mouvement d'Oxford. Mais, personnalité intransigeante, Pusey se heurta de front avec elle et lui dit : No, no, you have read too much already; you must pray, you must pray. Non, non, vous avez déjà trop lu ; vous devez prier maintenant, vous devez prier.
Elle retourna à Sibsey à l'automne. Les époux s'installèrent dans deux pièces séparées de la maison. Elle reprit ses activités caritatives durant l'hiver : la région était en proie à une épidémie de typhoïde et Annie Besant, par sa dévotion aux malades, gagna le respect des villageois malgré le caractère choquant pour eux de son attitude à l'église. En effet, elle quittait l'office quand celui-ci évoquait des aspects de l'anglicanisme auxquels elle ne croyait plus, comme la communion. Elle s'enfermait parfois seule dans l'église vide et y prêchait. Les mots lui venant naturellement et sans effort, elle comprit alors qu'elle était douée pour les discours. Elle publia deux pamphlets avec pour seul nom d'auteur épouse d'un ecclésiastique. Cela irrita fortement son époux, notamment parce qu'ils étaient préfacés par Voysey : Frank Besant craignait en lui étant associé, même via sa femme, de se voir retirer sa cure. Il aurait été encouragé en ce sens par son frère aîné qui lui avait peur de perdre la protection de ses propres employeurs.
Le 20 juillet 1873, elle quitta Sibsey et son mari. La famille Besant lui fit savoir que la rupture était définitive. Elle entrait en marge de la société victorienne. Elle s'installa à Londres chez son frère et sa mère. Là, elle fit une nouvelle dépression nerveuse. En septembre, Frank Besant vint faire un scandale qui poussa Henry Wood à entamer une procédure de séparation entre sa sœur et son beau-frère car un divorce était hors de question pour le pasteur Frank Besant. La séparation fut prononcée le 25 octobre 1873. Elle divisait la garde des enfants : Mabel à Annie et Digby à Frank. Ce dernier avait d'abord refusé l'arrangement, mais céda finalement lorsqu'on menaça de révéler son attitude vis-à-vis de sa femme : la cruauté était une cause de divorce acceptée. Il consentit également à lui verser une pension, soit le quart de son revenu. Après avoir quitté son mari, Annie dut quitter aussi le domicile de son frère, dans la mesure où il exigeait lui aussi qu'elle rompît tout contact avec Voysey. Restant mariée, Annie Besant conserva son nom de femme mariée comme la loi l'y obligeait, elle en changea simplement la prononciation.

Féministe et socialiste Difficultés matérielles

Sans revenu, Annie Besant dut chercher du travail d'autant plus que ses relations lui fermèrent leur porte, en raison du scandale moral et religieux qu'elle avait causé. Après diverses tentatives infructueuses, elle fut accueillie finalement par un couple américain installé à Londres, Ellen et Moncure Daniel Conway. Ce dernier avait été un ardent défenseur de Voysey et se sentait en partie responsable de la situation d'Annie Besant. Elle travailla un temps avec lui, l'aidant en traduisant des ouvrages allemands dont il avait besoin pour la rédaction d'un des siens. Puis, elle fut engagée comme gouvernante chez un pasteur de Folkestone. En avril 1874, sa mère Emily Wood, tomba gravement malade et Annie se rendit à ses côtés pour l'assister dans ses derniers instants. Sur son lit de mort, sa mère tenta de la faire revenir dans le giron de l'Église anglicane et de lui faire à nouveau accepter la communion. Elle accepta la communion, administrée aux deux femmes par Arthur Penrhyn Stanley, les autres pasteurs appelés ayant refusé.
Après le décès de sa mère, pour payer le loyer de ses deux pièces sur Colby Road, Annie Besant écrivit de nombreux pamphlets pour l'éditeur Thomas Scott. Elle signa de son nom de femme mariée et s'y déclarait théiste. Elle passait ses journées à travailler dans la reading room » de la British Library. Elle prit aussi contact avec la National Secular Society de Charles Bradlaugh avec qui elle se lia d'amitié. Elle évolua alors vers l'athéisme. Le 25 août 1874, malgré l'opposition de son mari, elle donna sa première conférence, intitulée « The Political Status of Women .

Engagement séculariste.

Charles Bradlaugh lui proposa alors de contribuer, pour une guinéeN 11 par semaine, au National Reformer, l'hebdomadaire de la société séculariste National Secular Society) qu'il avait fondée en 1866. Ce travail et ce salaire lui assuraient non seulement une indépendance financière, mais aussi le début de la carrière intellectuelle qu'elle envisageait. Le 30 août 1874, elle adopta pour son premier article le pseudonyme qu'elle utiliserait dorénavant : Ajax. Elle écrivit sur de nombreux sujets. Elle couvrit par exemple en octobre 1874, la campagne électorale pour une élection législative partielle à Northampton à laquelle se présentait Bradlaugh. Ses articles décrivaient la misère ouvrière de la ville. Dans d'autres, elle attaquait les membres des clergés opposés à la libre-pensée ou les hommes politiques opposés aux réformes. Elle continua également à prononcer des conférences, tâche qu'elle considérait comme essentielle à son travail de propagande pour la libre-pensée et la réforme sociale. Elle y était annoncée en tant que célèbre Ajax.
Au début de l'année 1875, elle publia un nouveau pamphlet : On the Nature and Existence of God De la Nature et de l'existence de Dieu. Elle y écrivait que nul n'avait jamais encore eu de preuves de l'existence d'un dieu. Elle critiquait aussi les prêtres et les religions qui n'étaient capables selon elle de ne produire que des dégâts et du désespoir. Elle y considérait que la morale devait être séparée de la religion et ne venir que de la réflexion et l'expérience. Elle rejetait la prière à Dieu mais considérait qu'admirer la grandeur, la beauté et l'ordre du monde était une sorte de prière34. Annie Besant considérait l'athéisme non seulement comme une libération du joug de la religion, mais aussi comme une véritable morale. Elle craignait en effet que celle-ci ne disparût avec la religion car, au moins en Occident, la morale n'était fondée que sur la Bible. Elle souhaitait donc la mise en place d'une morale fondée sur la science et donc conforme aux exigences de la Nature. Afin d'y parvenir, elle s'intéressa alors à la philosophie positiviste d'Auguste Comte.
La même année, elle fit une tournée de conférences à travers le Royaume-Uni pour la National Secular Society. Elle appréciait de plus en plus parler en public, chose pour laquelle elle se révélait aussi de plus en plus douée. Elle fut cependant attaquée verbalement par des spectateurs à Leicester, qui lui reprochèrent ses liens avec Bradlaugh. Les critiques reposaient sur un compte-rendu favorable écrit par ce dernier dans le National Reformer à propos de l'ouvrage Physical, Sexual and Natural Religion de George Drysdale qui défendait l'amour libre en considérant que tous les organes du corps devaient être régulièrement exercés pour rester en bonne santé. Bradlaugh fut alors la cible de nombreuses critiques qui rejaillirent sur Annie Besant, une femme dont le statut marital et sexuel n'était pas clair pour ses adversaires. De plus, Bradlaugh était séparé de sa femme. S'il semble qu'Annie Besant ait pu avoir une certaine attirance pour Bradlaugh, celui-ci avait alors une relation stable avec une vicomtesse française, Mme Mina de Brimont-Brissac souvent citée dans ses lettres, alors qu'Annie Besant en est absente. Cependant, la réputation d'Annie Besant en souffrit. Cette situation, ajoutée à son athéisme, poussa Frank Besant à refuser de rendre à sa mère sa fille Mabel, âgée de cinq ans, dont elle avait pourtant la garde à la fin de son séjour chez lui pendant l'été. Elle tenta d'aller la reprendre à Sibsey avec l'aide de Bradlaugh, sans effet. Elle menaça ensuite son mari d'un procès et retrouva sa fille
À nouveau, elle tenta de fuir ses problèmes personnels en se réfugiant dans le travail. Elle se lança alors dans la rédaction de longs articles pour le National Reformer sur la Révolution française qu'elle considérait comme le deuxième plus important événement de l'histoire humaine, après la naissance du Christ. Au printemps 1876, elle entreprit avec Bradlaugh une longue tournée de conférences sur la libre-pensée durant laquelle le public et les journaux la considérèrent comme la plus venimeuse » des deux. Un fort mouvement se développa alors pour l'empêcher de continuer à parler. Cette opposition issue des milieux religieux) était très organisée, ce qui indique que la campagne menée par les libre-penseurs avait de l'effet : les opposants se rendaient au préalable dans les villes où Annie Besant devait parler pour préparer les attaques du public, toujours centrées autour de Physical, Sexual and Natural Religion et pouvant aller jusqu'à la violence physique.
Entre la pension que lui versait son mari, son salaire au National Reformer, les profits générés par ses conférences ainsi que, semble-t-il, une aide financière de la part de la branche aisée de la famille Wood qui désirait que la petite Mabel ne vécût pas dans la pauvreté, Annie Besant réussit à retourner dans le quartier de son enfance St. John's Wood où elle loua, avec sa tante maternelle, une maison avec jardin et écurie où elle logeait une jument.
Au printemps 1876 toujours, Annie Besant participa à la campagne républicaine contre la liste civile de la famille royale en cherchant à recueillir le maximum de signatures finalement un peu moins de 103 000 pour une pétition la dénonçant. Elle attaqua ensuite dans ses articles et ses pamphlets la politique extérieure, principalement concernant la Question d'Orient, de Benjamin Disraeli, le Premier ministre conservateur. Au contraire, elle vantait les mérites de son adversaire libéral, William Gladstone. Celui-ci l'en remercia chaudement.

Limitation des naissances Le procès Knowlton

Bradlaugh et Besant créèrent le 20 janvier 1877 une maison d'édition Freethought Publishing Company, destinée spécifiquement à rééditer The Fruits of Philosophy, un pamphlet écrit en 1832 par Charles Knowlton. Ce médecin américain y justifiait le contrôle des naissances et, surtout, décrivait des méthodes pour y parvenir. L'ouvrage avait été condamné aux États-Unis pour indécence, mais son succès était resté constant au Royaume-Uni. Il semblerait que Bradlaugh et Besant aient désiré un procès afin d'en faire une tribune pour la cause néo-malthusienne. La première réédition parut le 23 mars 1877, ils vendirent cinq cents exemplaires en vingt minutes. Même après le début du scandale et la campagne de presse contre l'ouvrage, ils continuèrent à le vendre en grand nombre, principalement dans les milieux pauvres, mais aussi à des épo
Bradlaugh et Besant en firent livrer directement au tribunal et à la police. La semaine suivante, ils se rendirent au poste de police pour demander pourquoi ils n'avaient pas encore été inquiétés40,43. Le 7 avril 1877, ils furent finalement arrêtés. Les deux éditeurs étaient accusés de corrompre la jeunesse en l'incitant à des pratiques indécentes, obscènes, contre nature et immorales »44. Bradlaugh qui maîtrisait le droit décida de se défendre lui-même. Annie Besant décida de l'imiter. Ses amis, Bradlaugh compris, tentèrent de l'en dissuader : cela ne serait pas convenable pour une lady et son mari risquerait d'utiliser les débats contre elle3,45. Elle prépara sa défense en comparant les Fruits of Philosophy avec des textes médicaux et les écrits d'auteurs, comme John Stuart Mill, qui s'accordaient avec Malthus sur la nécessité de limiter la croissance de la population, mais sans entrer dans les détails techniques.
L'accusation fut conduite par le Solicitor General, le numéro 2 de la justice britannique, Hardinge Giffard. Selon le ministère public, l'ouvrage, défendant la contraception, incitait à l'amour libre, à l'abandon de la chasteté et donc à la fin de la civilisation. Annie Besant se défendit en déclarant que c'était calomnier les femmes de Grande-Bretagne de considérer que la seule raison pour laquelle elles seraient chastes était la peur de la maternité. Elle ajouta que les femmes qui désiraient avoir une sexualité hors mariage étaient déjà suffisamment dépravées et n'avaient pas besoin des Fruits of Philosophy. Il s'agissait ici pour elle de bien marquer sa désapprobation de la prostitution. Elle devint la première femme à publiquement défendre le contrôle des naissances en insistant sur le fait qu'une information sur celui-ci (dans le cadre du mariage donc) était nécessaire. Elle cita les témoignages qu'elle avait reçus de femmes mariées qui vivaient dans l'angoisse de leur prochaine grossesse durant laquelle elle risquaient leur vie. Elle évoqua les quartiers misérables peuplés d'enfants mourant de faim. Elle récusa l'accusation d'« obscénité », déclarant qu'il n'y avait pas eu intention de nuire, élément essentiel dans ce type d'accusation. Elle insista enfin sur le fait que les ouvrages médicaux, comme le livre de Knowlton, devaient nécessairement être exclus d'accusation d'obscénité. Elle ne demandait que le droit de rendre public le débat sur la limitation de la population. En tant que mère d'une petite fille, elle ne voulait pas, dit-elle, que celle-ci restât trop longtemps ignorante des fonctions des organes sexuels, peut-être ici inspirée par sa propre expérience malheureuse. Elle termina sa défense en demandant au jury de ne pas l'envoyer en prison, au milieu de femmes perdues dont le simple contact serait pour elle une souffrance. Ici encore, il s'agissait de condamner la prostitution.
Finalement, le jury, très partagé, déclara le livre condamnable, mais exonéra les accusés de toute volonté de nuire. Le verdict fut mis en délibéré. Le lendemain même, Besant et Bradlaugh tinrent une conférence au cours de laquelle ils vendirent ouvertement les Fruits of Philosophy. Aussi, lorsque la sentence fut prononcée, le juge se montra plus sévère que prévu. Ils furent condamnés à six mois de prison et 200 d'amende avec interdiction de continuer à vendre le livre. La sentence fut suspendue en attendant que la Court of Error équivalent de la Cour de Cassation ait statué sur un vice de forme : on n'avait pas notifié aux accusés les passages obscènes qui étaient la cause du procès le juge avait déclaré que tout le livre était obscène et avait refusé de le lire.
Finalement, en janvier 1878, la Court of Error cassa le verdict. Le ministère public décida de ne pas relancer de procédure. De même, Besant et Bradlaugh retirèrent discrètement l'ouvrage du catalogue de la Freethought Publishing Company et le remplacèrent par l'ouvrage qu'Annie Besant avait entre temps rédigé : Law of Population. Le procès eut cependant pour conséquence ultime une scission dans la National Secular Society. Ceux qui considéraient que Besant et Bradlaugh étaient allés trop loin quittèrent le mouvement pour fonder la British Secular Society.

Poursuite de la lutte

Annie Besant persista dans son engagement pour la limitation des naissances. Elle adhéra ainsi à la Ligue malthusienne dont elle devint rapidement Secrétaire. Elle publia en octobre 1877 un essai sur ce sujet : Law of Population: Its Consequences, and Its Bearing upon Human Conduct and Morals, dont elle vendit 40 000 exemplaires en trois ans. Un de ses arguments était la situation en Inde. L'augmentation de la population, due à une amélioration des conditions de vie, n'était pas contrôlée et les famines se multipliaient. Au passage, elle rappelait que l'année des pires famines (1876) avec 500 000 morts était aussi l'année où Disraeli avait proclamé Victoria Impératrice des Indes ; la politique était donc toujours présente. Elle décrivait ensuite très clairement des techniques anticonceptionnellesN 14 tout en condamnant l'avortement criminel selon elle et le célibat non-naturel.
La relation professionnelle entre Annie Besant et Charles Bradlaugh devint plus étroite à cette époque. Ils habitaient dans le même quartier et passaient leur journée à travailler dans le bureau d'Annie Besant, dînaient souvent ensemble mais Bradlaugh rentrait chez lui tous les soirs. Leur proximité cependant permettait, d'autant plus qu'ils s'étaient rendus célèbres par le « procès Knowlton », le développement d'une campagne de commérages. Tous leurs amis, comme Moncure Daniel Conway, témoignèrent plus tard que leur relation avait toujours été chaste. Il semblerait par ailleurs que son expérience maritale malheureuse ait définitivement dégoûté Annie Besant de toute vie sexuelle.
Annie Besant continuait aussi ses tournées de conférences où elle était accueillie en héroïne et quasiment adulée. Ainsi, à Northampton le 4 août 1877, une jeune femme lui baisa le bas de la robe. Son public, de plus en plus nombreux, était aussi de plus en plus divers politiquement et socialement. Elle élargit alors son discours : en plus du sécularisme et de la limitation des naissances, elle se déclarait opposée à l'impérialisme et partisane de la paix, de la justice sociale et de la fraternité.

Perte de la garde de sa fille

Les conférences, les publications, le procès et les rumeurs autour de la relation entre Annie Besant et Charles Bradlaugh, offrirent à Frank Besant le prétexte pour demander en mai 1878 devant la justice à récupérer la garde de sa fille Mabel. Besant et Bradlaugh décidèrent à nouveau d'utiliser le procès pour faire avancer la cause des femmes et celle de la libre-pensée. Par ailleurs, les décisions de justice seraient importantes car le procès était le premier depuis la nouvelle loi 1873 concernant la garde des enfants : elles feraient donc jurisprudence. Le procès fut donc confié à George Jessel, le Master of the Rolls. Dès le début, celui-ci se montra hostile à Annie Besant : il considérait qu'il était impropre pour une lady de se défendre elle-même et surtout, il n'appréciait pas la publicité qu'elle voulait donner au procès.
Le débat porta principalement sur la question de son attitude vis-à-vis de la religion puis sur sa capacité à élever une jeune fille, à la lumière du procès Knowlton puis de Law of Population. Annie Besant se défendit en affirmant qu'elle n'avait jamais eu l'intention d'expliquer les moyens de limiter les naissances à une enfant et que si elle avait fait excuser sa fille des cours de religion à l'école et ne lui avait pas fait encore lire la Bible, c'était qu'elle voulait qu'elle fût en âge d'en comprendre la signification. Elle fit remarquer aussi l'ambiguïté de la loi : si elle n'avait pas été mariée à Frank Besant, les enfants seraient uniquement à elle ; mais comme elle était mariée, les enfants appartenaient à leur père. Elle conclut en disant qu'une femme mariée perdait ses droits de mère, alors que la maîtresse d'un homme les conservait5.
Le juge Jessel statua entre autres que, après comme avant la loi de 1873, le père avait légalement la garde de ses enfants ; qu'Annie Besant avait non seulement choisi d'ignorer la religion, mais de rendre ce choix public ; que priver Mabel de toute éducation religieuse était répréhensible et détestable ; qu'enfin, le contenu du livre « obscène », The Fruits of Philosophy reflétait la personnalité réelle d'Annie Besant, qu'aucune femme digne de se nom ne saurait fréquenter ; en conséquence, il retirait immédiatement Mabel de la garde de sa mère. Au-delà du verdict légal, il y avait là une condamnation sociale faisant d'Annie Besant un paria : aucune femme digne de ce nom ne saurait la fréquenter.
Mabel fut immédiatement retirée à sa mère. Frank Besant obtint même une injonction interdisant à son épouse de l'approcher. Elle fit une nouvelle dépression nerveuse et passa plusieurs semaines alitée avec de la fièvre, parfois délirante. Lorsqu'elle fut remise, elle se lança à nouveau à corps perdu dans le travail. Elle prépara ainsi en 1879 un long article pour le National Reformer sur les nécessaires réformes politiques en Inde et Afghanistan. Elle y proposait d'amener rapidement l'Inde au self-government. Elle reprit les mêmes idées lors de son discours inaugural en tant que Présidente de l'Indian National Congress en 1917. Elle décida aussi de s'inscrire au University College de Londres qui venait de changer ses statuts et d'autoriser les femmes, pour y faire son droit afin de mieux défendre ses intérêts et ceux des femmes à l'avis..
Annie Besant perdit son procès en appel l'année suivante. Ce fut à cette occasion que l'affidavit concernant la violence de son mari fut rédigé. Il ne nia pas mais n'admit pas non plus les accusations. Annie Besant ne retrouva pas la garde de sa fille. Elle obtint un droit de visite, mais dans des conditions telles qu'elle ne réussit pas à voir ses enfants pendant les dix années qui suivirent. Ils ne virent pas non plus beaucoup leur père qui les plaça en pension. Enfin, elle n'obtint pas non plus le divorce et resta mariée à Frank Besant jusqu'à la mort de celui-ci en 1917.

Étudiante et éducatrice

Afin de réussir l'examen d'entrée au University College de Londres, Annie Besant dut prendre des cours particuliers pour se remettre à niveau. Son tuteur en sciences, ainsi que celui des filles de Charles Bradlaugh, Hypatia et Alice, qui avaient décidé d'accompagner à l'université l'amie de leur père, fut Edward Aveling. Rapidement, il lui fit partager sa passion pour les sciences et elle abandonna son projet d'étudier le droit pour s'y consacrer. L'influence était réciproque : Aveling insista toute sa vie sur la profonde admiration respectueuse qu'il avait pour Annie Besant. Ainsi, alors qu'il écrivait déjà pour le National Reformer, sous un pseudonyme, il décida, influencé par son élève, à partir de juillet 1879 de signer de son propre nom ses articles et de se déclarer ouvertement séculariste. Il devint bientôt un des principaux orateurs lors des conférences de la National Secular Society et en mai 1880, il en fut élu vice-président. L'engagement séculariste d'Aveling lui causa des difficultés au King's College de Londres où il enseignait la botanique. La Freethought Publishing Company de Besant et Bradlaugh l'engagèrent au Hall of Science South Kensington, où la NSS organisait un programme d'éducation populaire. Annie Besant, ainsi que les sœurs Bradlaugh, étudièrent et enseignèrent au Hall of Science avec Aveling Annie Besant enseignait la physiologie, Hypatia Bradlaugh les mathématiques et sa sœur Alice le français. En parallèle, les trois femmes, admises sans problème au University College, s'y distinguèrent immédiatement, recevant des First Class Honours l'équivalent de mentions Très Bien. Annie Besant excella ainsi en chimie, mathématiques, mécanique, botanique, biologie et physiologie animale. Cependant, afin de ne pas choquer les généreux donateurs, l'université se garda de faire apparaître le nom d'Annie Besant sur les listes affichées des admis.
Les résultats des cours dispensés au furent tels qu'en 1881, le Parlement britannique leur accorda un financement pour la poursuite de l'œuvre éducatrice, malgré l'opposition de certains députés, en raison du sécularisme des enseignants.

Poursuite de la défense de la liberté de pensée

Le 10 février 1880, Besant et Bradlaugh organisèrent une conférence sur la réforme agraire avec Edward Aveling, Stewart Headlam, Joseph Arch ainsi que de nombreux représentants des trades-unions. La discussion s'élargit rapidement aux conditions de vie des classes populaires rurales et urbaines puis à la nécessité de justice sociale en général. L'idée avancée dans les jours précédant la conférence était de redistribuer les immenses jardins de la noblesse et de faire du pays une nation de petits propriétaires exploitants. Cependant, Besant et Bradlaugh se firent déborder d'abord par le London Trades Council qui réclamait la nationalisation des terres puis par la Irish Land League de Michael Davitt, un Fénien de l'Irish Republican Brotherhood, qui dans son discours critiqua très violemment la Chambre des Communes. La conférence décida finalement de créer une Land League, au programme modéré, présidée par Bradlaugh qui y voyait surtout un instrument pour son élection au Parlement. Annie Besant en fut élue vice-présidente. En mars, lors des élections législatives, Charles Bradlaugh fut élu pour Northampton.

Annie Besant — années 1880


Cependant, un problème se posa dès l'ouverture de la session. Tous les nouveaux Membres du Parlement devaient prêter serment d'allégeance à la Couronne et ce serment comprenait les mots : So help me God avec l'aide de Dieu. Le Speaker, Henry Brand déclara qu'un tel serment par un athée déclaré ne pouvait avoir de valeur. Lorsque le Speaker annonça à Bradlaugh qu'il ne serait pas autorisé à prêter serment, celui-ci refusa de quitter la Chambre des Communes, arguant qu'on ne pouvait empêcher un élu de siéger. Il fut immédiatement arrêté et enfermé dans la tour de Big Ben. Annie Besant édita alors dans l'urgence une édition spéciale du National Reformer et un tract (Law Breakers and Law Makers) demandant que la volonté populaire, surtout celle des électeurs de Northampton, fût respectée, sans succès. En mars 1881, Bradlaugh fut finalement démis de son siège par la justice, immédiatement réélu par sa circonscription et les incidents à la chambre se répétèrent. Régulièrement, les rumeurs à propos de la relation entre Bradlaugh et Besant, ainsi que l'immoralité supposée de celle-ci, étaient utilisées contre Bradlaugh élu ou candidat. Un meeting de soutien fut organisé sur Trafalgar Square le 2 août 1881. Annie Besant s'y adressa à une foule estimée à 15 000 personnes. Le lendemain, accompagné d'une foule de supporters qui venait présenter des pétitions en sa faveur, Bradlaugh tenta de prêter serment. L'entrée aux Communes lui fut refusée par la force. Annie Besant fut empêchée par la force d'accéder aux galeries du public. La foule dans le Lobby commença à gronder menaçant de forcer le passage. Annie Besant réussit à la retenir. Finalement, Bradlaugh, après trois nouvelles victoires électorales, et une réforme du fonctionnement parlementaire, réussit enfin à siéger en 1886.
Pendant les démêlés politiques et judiciaires de Bradlaugh, dans lesquels elle ne pouvait intervenir, Annie Besant continua le travail en faveur de la libre-pensée. En août 1880, elle se rendit à Bruxelles, au premier congrès de l'Internationale de Libre-pensée dont elle fut élue vice-présidente. Elle rencontra à cette occasion le penseur allemand Friedrich Büchner, un moniste. Il avançait que tout sur les plans matériel et spirituel découlait d'une seule source, la matière. Ces idées rejoignaient les réflexions d'Annie Besant qui cherchait toujours une spiritualité qui lui convint. Büchner et Besant se lièrent rapidement d'amitié : ils correspondirent pendant de nombreuses années et Annie Besant entreprit de traduire en anglais les ouvrages de Büchner, principalement Mind in Animals puis Force and Matter.

Thomas Henry Huxley

Au printemps 1883, Annie Besant ne put renouveler son inscription au University College, en raison de la mauvaise influence qu'elle était supposée avoir sur ces condisciples. Même Thomas Henry Huxley, un de ses tuteurs, déclara ne pas être opposé à son exclusion, non sur des bases religieuses il était lui-même incroyant, mais pour des raisons morales : la libre-pensée ne signifiait pas l'amour libre. Miss Rosa Morison, la Lady Superintendent le signifia à Annie Besant en lui rappelant les mots de George Jessel, qui était aussi Fellow du College, qu'« aucune femme digne de ce nom ne saurait la fréquenter. Alice Bradlaugh fut elle aussi exclue alors. Edward Aveling lança une pétition au sein de l'université pour défendre les deux femmes ; il fit aussi une campagne de presse, sans succès. Cette exclusion en entraîna d'autres : les adversaires des lois concernant les maladies contagieuses »N 19 lui annoncèrent qu'ils n'avaient pas besoin de son soutien ; le Secrétaire du jardin botanique de Regent's Park lui en refusa l'accès, à part à l'aube. Ses proches subirent aussi des attaques : Aveling perdit son poste d'enseignant au London Hospital. Stuart Headlam perdit sa cure et n'en retrouva plus.

Socialiste Premiers contacts

Comme de nombreux autres partisans de Gladstone et des libéraux dans les années 1870, Annie Besant fut déçue par leur politique une fois au gouvernement, principalement en matière sociale et en Irlande. Dès 1881, Henry Hyndman fonda la Democratic Federation. Hyndman, converti au marxisme, était un grand admirateur d'Annie Besant qui avait, selon lui, su se détacher de la religion et des préjugés contre les femmes. Bradlaugh, de son côté, considérait les socialistes comme des concurrents et décida de les affronter sur le plan intellectuel en les invitant à écrire dans le National Reformer, à venir parler lors des réunions du mouvement ou à venir enseigner au Hall of Science. Il espérait ainsi prouver leurs erreurs grâce à la qualité de ses collaborateurs, dont Annie Besant, qui fut donc en contact très tôt avec la pensée socialiste.
L'inverse se produisit. La National Secular Society servit même de tremplin au marxisme. Edward Aveling fut un des premiers convertis dès 1884. Annie Besant essaya alors de le convaincre de revenir à la libre-pensée. Il semblerait qu'elle ait désapprouvé le concept marxiste de révolution violente. Bradlaugh, dans son opposition au socialisme, était un ardent défenseur de la réforme. Il condamnait la lutte des classes qu'il considérait comme un fratricide.
La personnalité d'Edward Aveling envenima les premières relations difficiles entre les marxistes d'un côté et Besant et Bradlaugh de l'autre. Aveling commença à fréquenter avec assiduité Eleanor Marx. Annie Besant essaya de prévenir la jeune femme : Aveling était un séducteur, déjà marié, à qui on ne pouvait faire confiance. Eleanor Marx considéra que ce n'était que de la jalousie. Bradlaugh se serait aussi brouillé avec Aveling en lui demandant de ne plus fréquenter la fille de Marx. Par ailleurs, Aveling passait son temps à emprunter de l'argent, à la National Secular Society, au National Reformer et à tous ses proches, sans jamais rembourser. En 1884, il fut exclu de la National Secular Society, dont il était vice-président, en raison de ses emprunts réguliers, mais cela se fit juste au moment où il devenait membre du comité exécutif de la Social Democratic Federation qui venait d'ajouter «social à son nom. La National Secular Society essaya alors de prévenir la Social Democratic Federation des travers d'Aveling, sans succès.

Conversion lente

Annie Besant, tout en restant dans la pensée réformatrice de Bradlaugh, multiplia les discours et articles de plus en plus sociaux, et considérait que la dénonciation du capitalisme par Hyndman faisait sens. À l'automne 1884, elle prépara une série d'articles suggérant aux libres-penseurs de se rapprocher des socialistes avec qui ils avaient des points communs
La même année, elle lança le magazine Our Corner dont elle était à la fois propriétaire et rédacteur en chef. Elle désirait élargir l'éventail des articles publiés : non seulement politiques et sociaux, mais aussi culturels et artistiques. Elle le publiait depuis sa nouvelle adresse, une grande maison dans St. John's Wood, le quartier de son enfance. Elle y logeait aussi ses collaborateurs désargentés. Le magazine avait un objectif d'éducation populaire mais servait aussi à aider de jeunes auteurs impécunieux à gagner de l'argent : George Bernard Shaw, qui y publia ses premiers romans, disait que Our Corner avait l'étrange habitude de payer ses auteurs. Shaw, qui avait adhéré à la Fabian society en mai 1884, présenta à Annie les idées socialistes de ce groupe, moins révolutionnaire que la SDF, moins virulente que la SDF envers Bradlaugh, mais en même temps proche des idées des radicaux.

Fabienne

Elle adhéra à la Fabian Society le 19 juin 1885, un an et demi après la fondation de celle-ci. De nombreux détracteurs d'Annie Besant alors et ensuite considéraient que son adhésion était surtout due à l'influence de George Bernard Shaw. Ce dernier le suggéra même dans ses Mémoires, mais les sources de l'époque prouvent que ce ne fut pas le cas. Ce type d'affirmation fait partie du discours misogyne autour d'Annie Besant qui la décrit comme incapable de la moindre pensée autonome et toujours influencée par les hommes qu'elle fréquentait. Son évolution politique et intellectuelle est bien plus cohérente et individuelle, et en même temps caractéristique de son époque. Il est cependant vrai que ce fut Shaw qui présenta Annie Besant à la société fabienne. Cette conversion au socialisme l'éloigna de Bradlaugh.

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#45 Annie Besant 2
Loriane Posté le : 19/09/2015 10:01
William Morris.

Dans ses premières années, la Fabian Society n’avait pas encore de stratégie propre et hésitait dans sa définition du socialisme du marxisme des « époux » Marx-Aveling au refus du capitalisme de William Morris en passant par les idées d'Hyndman. Annie Besant participa à la formulation de la pensée socialiste fabienne, avec par exemple sa participation à l'ouvrage Fabian Essays in Socialism 1888 ouvrage fondateur du socialisme britannique. Elle écrivit le chapitre Industry under Socialism L'industrie sous le socialisme. Elle joua aussi un rôle dans l’engagement des Fabiens dans le jeu politique parlementaire.
Annie Besant était influencée par la pensée évolutionniste de Darwin et Spencer et la pensée positiviste d'Auguste Comte. Pour elle les sociétés passaient de la barbarie au féodalisme puis à l'âge industriel. L'étape suivante dans l'évolution était le socialisme, caractérisé par l'association coopérative et la fraternité. De l'évolutionnisme, elle retenait la survie du plus apte mais elle refusait le darwinisme social qu'elle appliquait à la structure économique et sociale. Ainsi, le capitalisme, système le moins efficace serait appelé à disparaître, remplacé par le socialisme. Dans ce mode de production socialiste, l'État jouerait un rôle primordial avec des grandes entreprises étatiques ou municipales concurrentes des entreprises capitalistes et avec une protection sociale pour les plus démunis. La transformation de la société se ferait selon elle de façon graduelle grâce à des lois qui corrigeraient d'abord les excès les plus dévastateurs du capitalisme avant d'accentuer le rôle de l'État dans la régénération économique, sociale, physique mais aussi morale de la société. Cette évolution graduelle ferait qu'il n'y aurait jamais de moment précis où la société passerait de l'individualisme au socialisme. Elle considérait donc que la révolution serait plutôt un obstacle à cette évolution. Cependant, une centralisation étatique n'était pas son objectif : elle préférait organiser les travailleurs en petites structures exploitations agricoles ou ateliers industriels où ils ne travailleraient plus que huit heures par jour.
De même, Annie Besant fut à l'origine de l'implication des Fabiens dans le jeu parlementaire. Elle tenta sans succès, en juin 1886, de rassembler les divers groupes de réflexion de gauche et d'extrême gauche radicaux, socialistes, réformateurs, athées, etc. autour d'une base d'action commune en vue de leur représentation au parlement britannique. À l'automne, au sein de la Fabian Society, elle créa la Fabian Parliamentary League avec George Bernard Shaw, Hubert Bland et Sidney Olivier. La League vantait les succès de la social-démocratie continentale et annonçait son intention de s'impliquer dans les élections locales et législatives. En 1888, la League réintégra la Fabian Society qui s'était finalement rangé à l'idée d'une action parlementaire et avait donc infléchi sa route sous l'action d'Annie Besant.

Sidney Webb.

Elle fut élue membre du comité directeur de la Fabian Society le 19 mars 1886 : elle avait gravi les échelons dans le socialisme aussi rapidement que dans le sécularisme. Pour se préparer à un rôle politique plus vaste, la Fabian society organisa à l'été 1887 le Charing Cross Parliament, sorte de Shadow cabinet qui simulait ce que pourrait être un gouvernement social-démocrate : Sidney Webb avait par exemple le portefeuille de l'économie et Annie Besant celui de l'intérieur.
Elle milita aussi au sein de la société pour que celle-ci dépassât son cadre uniquement londonien et s'élargît socialement et géographiquement avec la création de branches locales en province. Ainsi, elle fut très active lors de la tournée de conférences fabiennes en 1890 dans le Lancashire ce fut son dernier grand engagement fabien. L'idée, avec les Essays et les branches locales de la société, était de fonder un véritable parti politique.
L'intense activité déployée par Annie Besant en 1886 direction de Our Corner, codirection du National Reformer, tournées de conférences pour la National Secular Society et pour les Fabiens, cours au Hall of Science, poursuite de ses études, écriture et diffusion de pamphlets, etc. la laissa épuisée : elle souffrait d'érysipèle et de diverses affections qui mettaient des semaines à se soigner. Son engagement socialiste était de moins en moins bien accepté au sein du sécularisme. Elle finit par démissionner de la direction du National Reformer en octobre 1887.

Bloody Sunday 1887

L'agitation sociale se faisait de plus en plus forte au Royaume-Uni en 1887, aussi bien à propos de la condition ouvrière que sur la question irlandaise. Our Corner s'en faisait l'écho régulièrement. Depuis quelques années déjà, la répression policière touchait les rassemblements socialistes. Pour aider juridiquement les militants arrêtés et traduits en justice, Annie Besant fonda avec William Morris la Socialist Defense League en octobre 1887 : elle leur évita ainsi souvent les travaux forcés. Dès le 15 octobre, elle participa à des meetings quotidiens défendant la liberté de parole et réclamant une amélioration de la condition ouvrière, aux côtés d'autres orateurs comme Morris ou Shaw sur Trafalgar Square, lieu de manifestation populaire symbolique car à la frontière sociale entre l'East End et le West End de Londres. L'affluence du public finit par bloquer une grande partie de la place. Le 8 novembre, celle-ci fut interdite au public, alors qu'un grand rassemblement avait été prévu pour le dimanche suivant, principalement pour protester contre les conditions d'incarcération de William O'Brien ainsi que contre l'exécution des anarchistes accusés du massacre de Haymarket Square à Chicago. Jusqu'au vendredi 11 novembre, Annie Besant tenta s'obtenir l'autorisation du Home Secretary Henry Matthews, sans succès. Le samedi, il fut décidé de manifester sur Trafalgar Square dimanche après dimanche.

13 novembre : Bloody Sunday

Le dimanche 13 novembre 1887, plusieurs cortèges se dirigèrent vers Trafalgar Square depuis diverses directions. Annie Besant en dirigeait un. Sur Shaftesbury Avenue, la police chargea en distribuant des coups de matraques. Le cortège d'Annie Besant se dispersa en désordre, Shaw disparaissant dans la foule. Annie Besant se précipita vers Trafalgar Square où les manifestants étaient encerclés par les forces de police. Elle tenta, en vain, de dresser une barricade. Elle décida alors de se faire arrêter. Après avoir poussé sur le cordon de police en déclarant être une des oratrices prévues, elle se vit déclarer par un officier que pousser n'était d'un point de vue technique pas un délit et lui enjoignit de circuler. Elle quitta donc la place pour le Hall of Science de Kensington où Shaw faisait ce soir-là une conférence sur le socialisme pratique. Pendant ce temps, la dispersion violente de ce rassemblement pacifique par la police montée se poursuivit. Elle est depuis connue sous le nom de « Bloody Sunday ». Elle fit deux morts et cent-cinquante blessés. Il y eut aussi trois-cents arrestations. La Metropolitan Radical Federation qui regroupait toutes les formations londoniennes de gauche renonça, à l'initiative de Shaw, à organiser une nouvelle manifestation le 20 novembre..

Conséquences

Annie Besant entreprit d'aider ceux qui avaient été arrêtés et étaient jugés. L'argument principal qu'elle avança pour leur défense était qu'ils ne faisaient ce jour-là qu'exercer leur droit à la liberté de pensée et d'expression : elle poursuivait donc la lutte de ses premiers engagements. Elle créa le 18 novembre avec le journaliste W. T. Stead la Law and Liberty League dans ce but. Ils furent rejoints par Henry Hyndman, William Morris, John Burns, Stewart Headlam, Charles Bradlaugh, mais aussi Richard Pankhurst ou Jacob Bright. Une des premières actions d'Annie Besant au sein de cette ligue fut d'organiser les funérailles grandioses d'Alfred Linnell, mort des blessures reçues durant le Bloody Sunday. Elle soutint aussi moralement et financièrement les épouses de militants emprisonnés Robert Bontine Cunninghame Graham ou John Burns par exemple.
Les relations entre Annie Besant et Charles Bradlaugh s'étaient déjà dégradées lorsqu'elle s'était engagée dans le socialisme. Bloody Sunday accentua le ressentiment de la part de Bradlaugh. Il lui en voulut d'avoir suggéré qu'il aurait pu faire partie des orateurs le 13 novembre. Il insistait sur le fait que cela lui avait nui auprès de ses collègues députés aux Communes et qu'il était ainsi moins efficace pour la cause des militants emprisonnés.
Annie Besant et W. T. Stead fondèrent à la même occasion le journal The Link, l'organe de la LLL, afin de protester contre les injustices sociales en général. Elle suggéra de créer localement des cercles de vigilance, liés à la LLL, afin de surveiller les policiers et les propriétaires et de protéger les pauvres et la liberté d'expression. Une quarantaine d'organisations de gauche participa au congrès fondateur de ces cercles. Cependant, ils amenèrent plus ou moins l'échec de la LLL car leur fonctionnement semblait un peu trop proche de celui d'une société secrète, du type Fenian Brotherhood. Dès janvier 1888, le journal Justice de Hyndman s'en désolidarisa. Ensuite, Bradlaugh ou le Fabien Graham Wallas refusèrent d'y participer. Le journal The Link poursuivit et son existence et son combat. Le journal avait des rubriques régulières comme « The People's Pillory » où le gouvernement, et surtout le Home Secretary, jugé responsable du Bloody Sunday, étaient en permanence remis en cause. Le journal servit aussi de relais aux revendications populaires des deux îles britanniques, en offrant par exemple une plate-forme régulière à Michael Davitt2,86,89,94,95. Durant les premiers mois de 1888, elle essaya, au nom de la liberté d'expression, d'organiser de nouvelles manifestations sur Trafalgar Square toujours interdit. Elle ne fut cependant pas suivie par ses alliés de gauche et ostensiblement ignorée par les forces de l'ordre. À l'été, elle réussit malgré tout à organiser ce qu'elle appelait des « conversazione démocratiques, tous les après-midi, de 16 h à 17 h. Les manifestants se contentaient de se promener en discutant et à chaque quart d'heure, ils chantaient des slogans pour l'Irlande, la réforme agraire ou la liberté d'expression avant de reprendre promenade et conversations. L'efficacité en était cependant limitée.
Les événements de Trafalgar Square firent radicalement évoluer Annie Besant, à l'inverse même de ses collègues fabiens. Alors que Shaw, Bland ou Webb prirent peur et abandonnèrent tout discours révolutionnaire, elle, au contraire se rapprocha de la Social Democratic Federation de Hyndman, dont elle avait pourtant jusque là critiqué la rhétorique révolutionnaire. En août 1888, elle finit même par y adhérer et sa première contribution à Justice parut le 1er septembre. En juillet 1889, elle participa à Paris, comme déléguée de la SDF, aux débats qui menèrent à la création de l'Internationale ouvrière. Son discours, en français, très remarqué, lui valut d'être élue vice-présidente de la dernière journée.

Grève des allumettières de Bryant & May

Grève des ouvrières des manufactures d’allumettes à Londres en 1888.
Le 15 juin 1888, Annie Besant, alertée lors d'une réunion de la Société fabienne par une militante socialiste, Clementina Black, découvrit à cette occasion les conditions de travail déplorables de ce qui était alors la plus importante fabrique d'allumettes de Londres, Bryant & May. Après avoir visité la manufacture, révoltée par la situation imposée aux ouvrières, elle publia le 23 juin 1888 dans The Link un article retentissant sur l'« esclavage blanc à Londres White Slavery in London. Annie Besant y dénonçait les conditions de travail des ouvrières : des adolescentes qui travaillaient de 6 h 30 à 18 h pour quatre shillings par semaine soit moins que le loyer d'une seule pièce et qui ne mangeaient que du pain beurré trempé dans du thé. Du reste, les salaires étaient souvent amputés à cause des nombreuses amendes imposées par la direction pour pieds ou vêtements sales par exemple. Enfin, les gaz du phosphore blanc utilisé pour fabriqué les allumettes leur pourrissaient les dents et les gencives. Annie Besant voulait faire comprendre à ses lecteurs et aux actionnaires de ce genre d'entreprises les conditions de vie de jeunes filles qui avaient l'âge de leurs propres enfants alors qu'eux touchaient des dividendes monstrueux. Une liste d'actionnaires fut publiée, pointant les personnes respectables tels des pasteurs qui s'enrichissaient de cette façon. Elle concluait en appelant au boycott des produits de l'entreprise et réclama avec d'autres l'emploi du phosphore rouge, moins dangereux pour la santé des ouvrières. Les propriétaires de Bryant & May déclarèrent dans le Daily Telegraph que l'article n'était qu'un tissu de mensonges et d'inventions et licencièrent les ouvrières qui avaient parlé à Annie Besant. Ils exigèrent ensuite des autres qu'elles signent un texte qui dénonçait les mensonges de l'article et disait qu'elles étaient très heureuses dans leur travail. Elles refusèrent. Quant à Annie Besant, elle demanda publiquement pourquoi la direction de l'usine ne l'attaquait pas en diffamation. Le 26 juin, avec Burrows et un autre membre de la SDF, John Williams, elle distribua des copies des articles à la sortie de l'usine.
Le 2 juillet 1888, Annie Besant participa à un meeting de protestation des allumettières. Le 5 juillet, l'agitation crût et les ouvrières qui avaient cessé le travail défilèrent dans les rues du quartier depuis l'usine. Une nouvelle réunion eut lieu le samedi 8 juillet : 1 400 ouvrières votèrent une résolution déclarant que l'article d'Annie Besant disait la vérité, demandant l'intervention du gouvernement et la création d'un syndicat. La grève fut décidée pour le 11 juillet. En l'absence de syndicat alors quasiment réservé aux hommes, il n'y avait pas de caisse de grève. Annie Besant, Herbert Burrows et la SDF apportèrent leur soutien direct au mouvement tandis que les Fabiens apportaient une aide financière. En six heures, 700 £ furent réunies. Les journaux se divisèrent : The Times soutint la thèse des patrons tandis que les autres crurent l'article d'Annie Besant et les témoignages des ouvrières, d'autant plus que la direction ne pouvait prouver que ces affirmations étaient fausses. Charles Bradlaugh suscita un débat au Parlement sur cette question ; il y fit même recevoir une délégation des grévistes. Devant le mouvement d'opinion publique, la direction de Bryant & May finit par céder. Le 17 juillet, une délégation d'ouvrières, menée par Besant et Burrows rencontra des représentants de l'entreprise. Les jeunes filles licenciées furent réembauchées ; les conditions de travail s'améliorèrent ; les salaires furent augmentés et les amendes supprimées. Un syndicat fut même créé dans l'entreprise, Annie Besant en fut élue Secrétaire et Burrows trésorier.
Cette grève et son issue heureuse ne furent pas sans retentissement dans le pays et constituèrent de fait une étape importante dans l'histoire sociale du Royaume-Uni, dans la mesure où il s'agit du premier mouvement social mené par des personnes situées au plus bas de l'échelle sociale britannique : des travailleuses sans qualification106. Grâce à cette grève victorieuse, de nombreux ouvriers et ouvrières de l'East End se tournèrent vers Annie Besant, pour l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail : ouvriers des usines et sweatshops, fabricants de chaîne, conducteurs de tramways, peintres en bâtiment, employés de magasins, etc. Elle fut essentielle dans la grande vague de syndicalisation qui traversa le Royaume-Uni à la fin des années 1880, dite New Unionis.
Élue locale

L'engagement politique d'Annie Besant prit un tour nouveau quand elle décida de se faire élire. Le Royaume-Uni fonctionnait alors avec un suffrage masculin, mais, le London School Board, l'institution, créée par l’Elementary Education Act de 1870, qui s'occupait de l'enseignement élémentaire à Londres, avait accordé le droit de vote et de se présenter aux femmes. Elle se présenta pour la circonscription de Tower Hamlets dans l'East End en 1889. Un de ses objectifs était de mettre en place des repas gratuits pour les enfants des quartiers pauvres qui ainsi mangeraient au moins une fois par jour puisque l'école était obligatoire depuis 1880. Lors de la campagne électorale, elle ne cacha pas ses convictions socialistes, insistant sur le fait que l'éducation était un facteur d'égalité. Ses adversaires l'attaquèrent sur le fait qu'elle était contre l'éducation religieuse obligatoire. Elle fut cependant élue.
Pendant les trois ans de son mandat au London School Board, Annie Besant siégea dans les principaux comités, comme celui sur le travail des enfants. Elle milita pour la mise en place d'une éducation laïque. Elle obtint les repas gratuits qui grâce à la London Schools’ Dinner Association nourrit à la fin de 1889 36 000 enfants pauvres. Elle lança aussi l'idée de services médicaux dans les écoles. Enfin, elle obtint que les contrats que passaient le London School Board fussent avec des entreprises qui respectaient les droits syndicaux et qui payaient des salaires décents le minimum syndical. Le London County Council adopta cette politique peu de temps après. C'était en fait obtenir un soutien des institutions publiques aux trades-unions.
Son engagement et ses activités politiques lui coûtèrent temps et argent, au point qu'elle finit par renoncer à la direction et la publication de The Link et Our Corner.

Théosophie

Annie Besant avait depuis son enfance des interrogations spirituelles. Les réponses des Églises établies ne l'avaient pas satisfaite. Elle avait surtout des difficultés à en accepter les dogmes, comme l'idée d'un châtiment éternel sans rédemption possible, ou les dérives hypocrites et le patriarcat. Cependant, elle avait aussi du mal à concevoir une morale qui ne serait qu'une règle de conduite sans réel fondement. De même, elle commençait à considérer que si l'athéisme lui avait apporté la paix en supprimant un Dieu injuste, il n'était cependant pas la réponse à ses questionnements. Les liens noués entre W. T. Stead et Annie Besant au moment du Bloody Sunday avaient eu pour celle-ci une autre conséquence. Le journaliste avait le même genre d'interrogations spirituelles qu'elle. Il avait même créé une Église destinée à régénérer le christianisme.
En 1889, William Thomas Stead demanda à Annie Besant de préparer pour la Pall Mall Gazette un compte-rendu de la Doctrine Secrète d'Helena Blavatsky appelée souvent Madame Blavatsky. Elle en fut émerveillée : elle avait trouvé la réponse à toutes les interrogations métaphysiques et spirituelles qui la taraudaient depuis l'enfance. La théosophie, inspirée des sagesses orientales, considère que toutes les religions ne sont que des variations d'une Sagesse universelle première. Elle sembla à Annie Besant être la Vérité qu'elle avait toujours cherchée. Elle rencontra Madame Blavatsky et fut impressionnée malgré elle par la culture de cette femme de plus de cent kilos qui ne se déplaçait plus qu'en fauteuil roulant. Elle lut les diverses critiques adressées à la théosophie et à Madame Blavatsky : elle n'y vit pas plus que les critiques qui lui avaient été adressées à elle tout au long de sa carrière. Elle se déclara donc ouvertement théosophe et devint membre de la Société théosophique.
Ses amis qui devinrent rapidement ses anciens amis en furent horrifiés : Charles Bradlaugh le premier, même s'ils s'étaient déjà éloignés lorqu'Annie Besant était devenue socialiste, mais aussi George Bernard Shaw. Ils considéraient qu'ils perdaient une des plus ardentes militantes de la libre-pensée et de la réforme sociale. Elle quitta en effet d'abord la National Secular Society puis la Fabian Society puis le London School Board et enfin la Social Democratic Federation. Malgré tout, elle n'abandonna pas la lutte politique pour autant : dans son tout premier article théosophe Practical Work for Theosophists, elle suggérait aux membres de la société d'acheter des actions des entreprises qui exploitaient leurs ouvriers afin d'en prendre le contrôle et de les réformer. Elle fonda dès 1891 une ligue des ouvriers théosophes. Elle consacra ses conférences à la théosophie dont elle devint rapidement une des principales animatrices et pour laquelle elle transforma sa maison pour en faire un lieu de réunion.
En 1890, ses deux enfants, Digby vingt-et-un ans et Mabel dix-neuf ans la rejoignirent, comme elle l'espérait, dès qu'ils se trouvèrent en âge de pouvoir décider de leur sort, hors de l'autorité paternelle.
En 1891, lorsque Madame Blavatsky décéda, Annie Besant prit la direction de la Société théosophique pour l'Europe et l'Inde. En 1893, après avoir participé au Parlement mondial des religions lors de l'Exposition universelle de Chicago, elle s'installa en Inde. Elle déclara y avoir trouvé sa patrie spirituelle et prit l'habitude de s'habiller à l'indienne. Cependant, elle y trouva la société théosophique en pleine tourmente. De nombreux scandales avaient été en effet révélés par la presse : usage de faux ou mœurs de certains membres. Elle se battit alors pour rétablir la réputation de sa société. En 1907, elle en devint la présidente, succédant au colonel Henry Steel Olcott et fut réélue à ce poste jusqu'à sa mort. Elle établit le centre de la société à Adyar, près de Chennai. Elle y découvrit Krishnamurti en 1909. Elle voyait en lui le futur guide spirituel World Teacher et participa à son éducation. S'il renonça à la théosophie en 1929, il ne renia ni sa mère adoptive, ni son rôle spirituel.

Autonomie de l'Inde Lutte ancienne

L'intérêt d'Annie Besant pour la cause indienne était ancien. Dès septembre 1875, elle avait lancé, avec Charles Bradlaugh une grande pétition contre le voyage du Prince de Galles dans la région. Pour elle, il s'agissait d'une manœuvre politique de Benjamin Disraeli pour faire avancer la cause de l'Empire. Annie Besant considérait alors que la Monarchie et l'Empire étaient deux institutions encombrantes et coûteuses : le Parlement vota en effet un budget de £42 000 pour cette tournée princière. Les 100 000 signatures de la pétition furent regroupées sur un long rouleau de plus d'un kilomètre et demi de long. Il fut présenté aux Communes, qui n'en tint pas compte. Durant le voyage, le Prince fut reçu somptueusement alors qu'une partie du pays mourait de faim. Au retour de son fils, Victoria fut proclamée Impératrice des Indes, au grand dam d'Annie Besant
En 1879, Annie Besant démontra encore son opposition à l'impérialisme tel qu'il se développait alors en publiant son long article A Plea for the Weak Against the Strong (Plaidoyer pour les faibles contre les forts dans le National Reformer. Elle y reprenait les arguments des libéraux de Gladstone contre la politique coloniale de Disraeli et des conservateurs. Elle y ajoutait cependant ses propres arguments humanistes évoquant les villages incendiés au nom de la pacification et de la civilisation. Elle dénonçait les ambitions purement matérialistes ayant poussé à la conquête de l'Inde. Elle rappelait que si la mission civilisatrice se voulait réelle, alors elle devait apporter les idéaux démocratiques britanniques et l'éducation afin d'amener la région à l'autonomie. Ce pamphlet se vendit à plusieurs milliers d'exemplaires.
Lorsque Gandhi faisait ses études de droit à Londres, il s'intéressa à nouveau à sa culture, grâce à ses amis théosophes. À cette occasion, il rencontra pour la première fois Annie Besant qui venait d'adhérer à la société théosophique. Enfin, Charles Bradlaugh exprima tout au long de sa carrière politique son soutien à la cause indienne, au point qu'il fut surnommé Member for India. Il s'y était même rendu en 1889 pour assister aux réunions du Congrès national indien, à un moment où Annie Besant travaillait encore avec lui. Dans son cortège funèbre en 1891 se trouvait aussi Gandhi.

Renouveau intellectuel de l'Inde

En 1893, Annie Besant se rendit pour la première fois en Inde, en lien avec la société théosophique. Celle-ci était déjà critique de la situation politique de la région. Selon Madame Blavatsky, l'Inde védique était la source de toute sagesse et spiritualité. Cependant, pour elle et les théosophes, l'hindouisme tel qu'il se pratiquait alors s'était éloigné de sa pureté originelle, en grande partie à cause de la colonisation britannique qui avait importé individualisme et matérialisme. Dès lors, se développa une réflexion pour chercher à restaurer l'Inde à elle-même. A. O. Hume ou A. P. Sinnett, Anglo-Indiens réformateurs, étaient membres de la société théosophique qui attira aussi des intellectuels indiens. Dès son premier séjour en Inde, Annie Besant s'exprima dans le même sens. Pour elle, l'Inde est la mère de la spiritualité, le berceau des civilisations. Elle renversa alors le fardeau de l'homme blanc cher à Rudyard Kipling : pour elle, l'Inde avait le devoir de sauver le monde occidental du matérialisme en y portant le flambeau de la spiritualité. Pour Annie Besant aussi, le joug politique, économique et moral du Royaume-Uni sur la région était néfaste. Elle considérait que l'attitude britannique était en train de briser l'Inde.
En 1895, Annie Besant s'installa définitivement en Inde et adopta le mode de vie traditionnel et le sari, considérant qu'il était absurde de s'habiller à l'occidentale. Elle ne porta plus dorénavant en Inde qu'un sari blanc, couleur du deuil afin de rendre hommage aux souffrances de la population indienne. Dès cette année-là, préfigurant Gandhi, elle suggéra aussi de préférer les produits locaux à ceux importés, afin de soutenir l'activité économique indienne. Ces différents gestes la mirent définitivement en marge de la communauté anglo-indienne qui depuis la révolte des cipayes s'était repliée sur elle-même dans des quartiers réservés où elle vivait dans la méfiance de la population locale. De leur côté, les théosophes considéraient tous les Indiens comme des égaux. La société théosophique accueillait toutes les dénominations religieuses du sous-continent, sans distinguer entre hindous, musulmans, chrétiens ou sikhs. Annie Besant souhaitait aussi une unité spirituelle de l'Inde, alors même que les autorités britanniques jouaient sur les divisions religieuses pour asseoir leur domination.
Pour Annie Besant, la première étape de ce renouveau passait par l'éducation, et d'abord celle des élites sociales et des castes supérieures en qui elle voyait un exemple pour l'ensemble de la population. L'idée était aussi de détacher les classes supérieures du Royaume-Uni qui menait une politique pour se les gagner. Annie Besant rejetait cependant l'éducation à l'occidentale qui ne pouvait mener qu'au matérialisme, préférant les principes théosophes d'autonomie et de développement harmonieux adapté au rythme de chaque enfant. Dans ce but, elle créa le Central Hindu College en 1898, un lycée de garçons, avec l'aide du Maharaja de Bénarès, Prabhu Narayan Singh, qui fournit les terrains et de la haute société indienne qui participa au financement. Jusqu'en 1904, seuls les dons des Indiens étaient acceptés. L'établissement compta parmi ses généreux donateurs Motilal Nehru et parmi ses élèves son fils Jawaharlal Nehru. Les frais d'inscription étaient très faibles. Les enseignants étaient indiens ou anglo-indiens et souvent théosophes dans ce cas. Annie Besant elle-même y donna des conférences. Le lycée proposait des cours de mathématiques, sciences, logique, anglais, sanskrit, histoire et enfin étude comparée des religions. D'ailleurs, à partir de 1908, l'établissement fut aussi ouvert aux élèves qui n'étaient pas hindous.
Suite à la partition du Bengale en 1905, le mouvement Swadeshi connut un renouveau. En 1908, pour lutter contre la montée de cette opposition, les autorités britanniques interdirent aux élèves et étudiants indiens de se mêler de politique. En réaction, Annie Besant organisa au Central Hindu College un parlement sur le modèle du parlement britannique. Elle poursuivait en cela deux buts. Elle désirait faire discuter le jeunes Indiens de problèmes politiques, économiques et sociaux dans des formes démocratiques et constitutionnelles. Il y a cependant ici une ambiguïté intrinsèque dans la démarche d'Annie Besant : pour amener l'Inde au renouveau intellectuel et politique, elle lui proposait le Royaume-Uni, le colonisateur, comme modèle politique. Malgré tout, des militants indiens dont elle était très proche, comme Womesh Chunder Bonnerjee, Mahadev Govind Ranade ou Gopal Krishna Gokhale, partageaient ce point de vue. En organisant ce parlement, elle voulait aussi détourner les jeunes Indiens de la tentation d'une dérive violente, à laquelle elle les considérait peu préparés. Son refus du recours à l'action violente reposait sur ses souvenirs douloureux du Bloody Sunday de 1887. Afin de trouver un lieu d'expression aux volontés d'action de la jeunesse indienne, elle créa cette même année 1908 Sons and Daughters of India Fils et Filles de l'Inde qui organisait des actions caritatives et éducatives.
En 1911, Annie Besant se rapprocha de Madan Mohan Malaviya en vue de fonder l'université hindoue de Bénarès. Après un vote favorable du parlement britannique, l'établissement fut fondé en 1916 et le Central Hindu College y fut intégré. En 1913, avec le même Malaviya, elle réussit à ouvrir aux jeunes Indiens le scoutisme, alors réservé aux seuls Anglo-Indiens. La même année, elle mit sur pied le Theosophical Education Trust in India Fondation théosophique pour l'éducation en Inde qui créa ensuite une trentaine d'établissements scolaires, du primaire au lycée. Elle fonda aussi la Central Hindu Girls’ School, un lycée de filles, en 1904. Elle milita pour les droits sociaux des Indiens, mais aussi des Indiennes.

All-India Home Rule League

Drapeau de la All-India Home Rule League.
La partition du Bengale de 1905 constitua un tournant pour Annie Besant. Son action se fit alors plus politique. La voie de l'éducation ne lui parut plus suffisante. Elle s'éloigna alors de Gopal Krishna Gokhale pour se rapprocher de Bal Gangadhar Tilak, un des théoriciens et animateurs du mouvement Swadeshi, ainsi que des deux autres membres du triumvirat Lal Bal Pal : Bipin Chandra Pal et Lala Lajpat Rai. Elle considérait que le gouvernement britannique n'avait pas tenu ses promesses à l'Inde et lui conseillait de commencer à traiter les Indiens comme des égaux faute de quoi il verrait le pays lui échapper. Elle ne critiquait pas l'idée de l'Empire britannique ou de la présence britannique en Inde. Elle suggérait d'en revoir le fonctionnement, principalement via l'auto-détermination. Elle se heurta là à l'opposition de certains théosophes. Ses idées politiques et sociales étaient diffusées à travers les journaux New India et Commonwealth. Un de ses premiers actes ouvertement politiques qui marqua les esprits fut la lettre ouverte qu'elle écrivit en janvier 1910 au gouverneur général des Indes, le comte de Minto. Elle y dénonçait le racisme des fonctionnaires britanniques suite à l'agression d'un ancien élève du CHC et demandait l'autonomie de l'Inde. Lord Minto réagit en plaçant le CHC sous surveillance et en retardant la création de l'université hindoue de Bénarès. Cependant, la réputation d'Annie Besant auprès des indépendantistes indiens était définitivement faite.
Entre 1905 et 1915, elle publia nombre de textes réclamant le droit à l'auto-détermination du pays, regroupés en 1917 dans The Birth of a New India. Elle y suggérait une nouvelle organisation de l'Empire britannique en une fédération de nations autonomes dans Federation d'avril 1914 disposant chacune du Home Rule, à l'image de l'IrlandeN 25. Cette fédération serait présidée par le souverain britannique qui n'aurait qu'un rôle symbolique et un parlement où chacune des nations de la fédération serait représentée à égalité. Sa vision de l'Inde autonome fut précisée en 1915 dans Indian Self-Government. Annie Besant envisageait une pyramide d'assemblées. La base serait l'assemblée du panchayat villageois ou du quartier urbain ; au-dessus, une assemblée de district regroupant plusieurs panchayats ou quartiers s'occuperait des questions d'éducation, de santé et de production ; l'assemblée provinciale disposerait du budget ; l'assemblée au niveau national se chargerait de la défense, des chemins de fer et de la poste. L'Inde serait enfin intégrée dans la fédération impériale. Chaque niveau serait mis en place graduellement, en commençant immédiatement par celui des panchayats ; le district devant être mis sur pied après la guerre. Cependant, le système électoral envisagé était compliqué et élitiste. L'assemblée de panchayat ou de quartier serait élue dans le cadre d'un suffrage quasiment universel pères et mères de famille, âgés de plus de 21 ans. Au-dessus, les assemblées seraient élues par un collège constitué des membres des assemblées de l'échelon inférieur et d'électeurs et électrices disposant d'un niveau d'éducation suffisant et de plus en plus élevé avec le niveau des assemblées. Cette approche lui fut beaucoup reprochée. Il y aurait ici l'expression de la différence entre égalité et fraternité élément de base de la théosophie : dans la fraternité, les grands frères et grandes sœurs sont responsables des plus jeunes qu'ils doivent aider à grandir. Dans l'Inde britannique, ceux qui étaient éduqués devaient donc guider les moins éduqués vers les moyens de leur autonomie.

Bal Gangadhar Tilak.

En 1913, elle adhéra au Congrès national indien. Les conférences qu'elle donna en septembre et octobre à Madras furent ensuite regroupées sous le titre Wake Up India. Elle y critiquait, ainsi que dans son journal New India l'année suivante, l'inaction du Congrès national indien, dominé par les modérés qui se contentaient de voter les mêmes résolutions tous les ans et se coupaient ainsi de plus en plus de la population. La mort de Ghokale en 1915 permit le retour au sein du Congrès national indien des extrémistes, dont Tilak qui sortait de prison. Ils devaient malgré tout prêter serment d'agir par des moyens strictement constitutionnels. Annie Besant et Tilak unifièrent à l'automne 1915 les divers mouvements qui réclamaient le Home Rule au sein de la All-India Home Rule League. Au début de la Première Guerre mondiale, Annie Besant avait en effet déclaré que l'Inde pouvait aider le Royaume-Uni mais ne devait pas cesser de réclamer le Home Rule. La direction de la section britannique de la ligue fut confiée à George Lansbury.
La ligue avait divers buts : l'autonomie de l'Inde, l'éducation politique de la population ainsi que redonner confiance au peuple pour le sortir de son inaction. À l'automne 1916, Tilak et Annie Besant parcoururent le sous-continent pour recruter, aussi bien hindous que musulmans ainsi que modérés ou extrémistes. La campagne fut un succès, à l'image de la pétition en faveur de la ligue qui reçut alors 700 000 signatures. Si elle comptait 60 000 adhérents, l'impact de la ligue était plus vaste, comme Ghandi le reconnaissait : Annie Besant a fait du Home Rule le mantra de tous les foyers.
Annie Besant avait aussi réussi à fonder une alliance entre la All-India Home Rule League et la All-India Muslim League de Muhammad Ali Jinnah. Aussi, lorsque le Congrès national indien se tint en décembre 1916 à Lucknow, où était basée la Ligue musulmane, un accord fut signé entre les deux organisations. Le pacte de Lucknow stipulait qu'elles exigeraient conjointement, dès la fin du conflit mondial, des concessions du gouvernement britannique pour plus d'autonomie pour la population indienne, tout en protégeant la place des musulmans. Depuis plusieurs années déjàN 26, Annie Besant avait critiqué les divisions religieuses qui jouaient en faveur des Britanniques, qui eux-mêmes en jouaient pour asseoir leur pouvoir. Le Congrès à Lucknow fut une grande victoire pour Annie Besant et Tilak.

Congrès national indien.

Annie Besant devint alors très populaire en Inde, beaucoup moins en Grande-Bretagne. Le nouveau gouverneur-général, Lord Chelmsford la fit d'abord surveiller, puis interdire de séjour à Bombay et dans les provinces du centre. Il désirait aussi l'empêcher de s'exprimer par voie de presse. Finalement, il fut décidé de l'interner. Le motif invoqué, dans le cadre du Defence of India Act 1915, était la publication de textes considérés comme séditieux, car nationalistes indiens dans son journal New India. Comme elle était âgée de soixante-dix ans, elle fut assignée à résidence à Ooty le 15 juin 1917. Elle s'y installa avec George Arundale et B. P. Wadia, leader ouvrier de Madras et rédacteur en chef de New India. Elle fit immédiatement flotter au dessus de sa résidence le drapeau de la All-India Home Rule League
Sa mise en résidence surveillée souleva une immense protestation en Inde. Elle reçut le soutien de Motilal et Jawaharlal Nehru, de Gandhi et de Jinnah. Un nouveau boycott des produits britanniques fut organisé. En métropole, les socialistes protestèrent. En août, le nouveau Secrétaire d'État à l'Inde Edwin Samuel Montagu évoqua la mise en place graduelle d'institutions autonomes. Maintenir Annie Besant en résidence surveillée ne se justifiait plus, à partir du moment où le gouvernement proposait quasiment la même chose qu'elle. Elle fut libérée le 17 septembre. Sur le chemin du retour, elle fut ovationnée par la foule qui chantait Vande Mataram. Malgré l'avertissement de Lord Chelmsford qui lui demandait de se réfréner, elle reprit immédiatement ses activités politiques. Le 26 décembre 1917, elle fut acclamée par 300 000 personnes rassemblées à Kolkata au moment du Congrès national indien. Elle en fut élue présidente (pour un an, comme tous les présidents du mouvement, la première femme à ce poste. Lord Chelmsford déclara peu après : personne parmi ceux qui ont fait l'expérience des conséquences de la mise en résidence surveillée de Mrs Besant ne refera une telle erreur.
Le discours inaugural que prononça alors Annie Besant The Case for India, Plaidoyer pour l'Inde constatait que les Britanniques avaient échoué dans l'éducation, la santé ou la prospérité de l'Inde. Elle suggérait donc de laisser les Indiens « travailler pour leur propre pays. Si elle reconnaissait être née en Grande-Bretagne, elle avait choisi l'Inde et espérait être le symbole de l'union entre les deux. Gandhi la considéra alors comme un des plus puissants leaders d'opinion. En 1918, elle soutint les grèves dans les filatures de Madras et aida les ouvriers à créer le premier syndicat indien : le Madras Textile Workers’ Union.
Lors de sa tournée en Inde en 1917-1918, Edwin Montague la rencontra. À son retour en métropole, le projet de réforme institutionnelle qu'il proposa suggérait une administration démocratique locale et des « mesures de responsabilisation au niveau provincial. Il n'évoquait cependant pas du tout le Home Rule. De plus, la Commission Rowlatt qui travailla lors des grèves et l'épidémie de grippe espagnole conclut à la nécessité de prolonger l'état d'urgence en Inde. La loi sur le gouvernement de l'Inde de 1919 ne suivit pas les recommandations de Montague et donc Annie Besant, mais plutôt des suggestions de la Commission Rowlatt. En parallèle, la loi Rowlatt sur l'ordre public fut promulguée : elle n'était quasiment qu'une prolongation du Defence of India Act de 1915.

Effacement devant Gandhi

La loi Rowlatt fut un tournant politique pour la lutte pour l'indépendance de l'Inde et pour Annie Besant. Gandhi commença en effet à s'affirmer, en proposant ses moyens spécifiques de lutte : la satyagraha désobéissance civique et la résistance passive ahimsa. Les relations entre le deux personnalités furent complexes. D'un côté, elle conféra le titre, à l'image de la pensée théosophe, de mahatma à Gandhi ; de l'autre, elle condamna les diverses actions de Gandhi, qu'elle considérait à terme comme dangereuses. Son expérience politique lui avait en effet fait adopter comme principe de ne pas envoyer de manifestants là où ils couraient le risque de perdre la vie. Les incidents liés à la grève générale organisée à Delhi en avril 1919 : attaques des non-grévistes par les grévistes et intervention de l'armée qui tua plusieurs manifestants, lui firent écrire un article où elle expliquait before a riot becomes unmanageable brickbats must inevitably be answered by bullets avant qu'une émeute ne devienne incontrôlable, les fusils ne peuvent que répondre aux pierres. Cette phrase est ambiguë : le must peut se comprendre comme une certitude désabusée vis-à-vis de l'attitude des autorités britanniques qui répondraient à coup sûr par la force ou, comme certains de ses adversaires dans le mouvement indépendantiste commencèrent à le suggérer un soutien d'Annie Besant à la répression par les autorités britanniques qui doivent répondre par la force.
Le problème pour Annie Besant fut que cette polémique se déclencha au moment du massacre d'Amritsar. Alors qu'elle s'était prononcé sur les émeutes de Delhi, ses adversaires entretinrent la confusion, suggérant que son brickbats and bullets, comme la phrase fut surnommée, s'appliquait à Amritsar. Sa popularité connut alors un fort déclin. Un an et demi après son triomphe au Congrès national indien, elle dut laisser la direction de la All-India Home Rule League à Gandhi. En décembre 1919, le Congrès national indien réuni à Amritsar sous la présidence de Motilal Nehru adopta définitivement les tactiques prônées par Gandhi. Prédisant un bain de sang, Annie Besant démissionna du Congrés en août 1920, au moment où était lancée la première satyagraha. Elle ne participa qu'aux congrès de 1924 à Belgaum et 1928 à Calcutta. En même temps, malgré son amour pour le pays et sa popularité, il lui était devenu évident qu'une vieille femme blanche n'était pas la meilleure personne pour incarner la population indienne. Même si elle avait été une des premières inspiratrices du mouvement d'indépendance, elle ne pouvait continuer à en être une des chefs de file. Elle continua à participer dans l'ombre aux différents mouvements, comme celui de la non-coopération.

Lutte pour l'Inde au Royaume-Uni

Les liens politiques qu'Annie Besant avait tissés dans les années 1880-1890 avec les libéraux et les socialistes purent lui servir pour faire avancer la cause de l'Inde à partir du moment où ses amis politiques avaient accédé aux hautes fonctions. Dès 1918, lorsque les femmes obtinrent des droits politiques au Royaume-Uni, le Parti travailliste proposa à Annie Besant de se présenter au parlement britannique pour les élections législatives de décembre 1918. Elle accepta, mais les autorités britanniques interceptèrent son télégramme qui n'arriva pas à destination, l'empêchant de se présenter. Elle revint cependant au Royaume-Uni en 1919. Elle adhéra alors au Parti Labour en juillet. Elle assista à toutes les réunions de la commission parlementaire qui discutait sur le futur statut de l'Inde. Elle fit un important discours devant 6 000 personnes dans le Royal Albert Hall. Elle y dénonçait la violente répression en Inde. Elle demandait l'autodétermination mais aussi que le modèle occidental ne fût pas imposé aux futures institutions indiennes qui devraient être aussi inspirées des traditions locales. Elle réclamait que le droit de vote fût accordé aux femmes indiennes.
Après l'emprisonnement de Gandhi en 1922, Annie Besant revint sur le devant de la scène. Elle put s'y maintenir même après sa libération pour raison de santé en 1924 car, pour l'obtenir, il avait dû renoncer à l'action politique. Dans son journal New India, Annie Besant publia un long article demandant aux militants nationalistes de s'atteler à la rédaction d'une constitution pour l'Inde. Le moment était à nouveau propice. Les travaillistes étaient au pouvoir : le Premier ministre Ramsay MacDonald avait lui aussi participé au Bloody Sunday de 1887 et le ministre chargé de l'Inde Sidney Olivier avait participé à la grève des allumettières en 1888. De plus, Olivier n'acceptait pas les revendications d'indépendance totale de Gandhi ; cependant, il trouvait aussi que ce qu'Annie Besant demandait allait trop loin.
Dans un premier temps, l'appel d'Annie Besant à la rédaction en Inde d'une constitution pour l'Inde ne rencontra que peu d'enthousiasme. Elle tenta alors une nouvelle démarche et proposa une convention nationale multipartite en avril 1925 à Cawnpore. Cette Indian National Convention fut une réussite. Elle rédigea le Commonwealth of India Bill un projet de self-government pour l'Inde qui deviendrait un dominion ; le vice-roi garderait le temps de la transition l'armée, la marine et la politique étrangère. Le projet prévoyait aussi la garantie des libertés individuelles et l'égalité des sexes. Annie Besant se rendit au Royaume-Uni pour soutenir ce projet. Il reçut le soutien de Sidney Olivier, mais, le gouvernement tomba avant que le projet pût être proposé au parlement. George Lansbury qui avait conservé son siège le soumit malgré tout aux Communes : il fut rejeté en première lecture par la majorité conservatrice.
Elle fut invitée en 1928 à participer à la Commission Nehru multipartite et multireligieuse qui prenait le contre-pied de la Commission Simon, composée exclusivement de blancs. Les deux commissions avaient pour but de réfléchir à l'évolution de l'Inde depuis la loi sur le gouvernement de l'Inde de 1919. Le rapport Nehru suggérait aussi la transformation de l'Inde en dominion. Il proposait les libertés individuelles et l'égalité des sexes. Il refusait l'idée de religion officielle ou de collèges électoraux séparés en fonction de la religion. L'organisation du futur pays se ferait selon des critères linguistiques pour le respect des minorités. Annie Besant retourna alors en Grande-Bretagne pour défendre ce projet et faire une tournée de conférences. Cependant, dans le même temps, Gandhi avait fait son retour en politique. Au Congrès national indien de Lahore en 1929, présidé par Nehru, il fit adopter l'idée d'indépendance totale proclamée officiellement le 26 janvier 1930. Les rapports Nehru et Simon furent discutés lors de tables-rondes en 1930-1932. Au final, la loi sur le gouvernement de l'Inde de 1935 ne s'inspirerait que du rapport Simon. En 1931, devant la montée des tensions, principalement ethniques, Annie Besant constata l'impossibilité d'une constitution pour l'Inde et en prédit la partition. Elle fit la même année une ultime tentative de conciliation avec la All-India Humanitarian Conference pour apaiser les tensions. Cette initiative lui valut d'être présentée pour le prix Nobel de la paix.

Franc-maçon

Annie Besant fut l'une des fondatrices en 1893 de l'ordre maçonnique The Order of Universal Co-Freemasonry, lié à l'Ordre maçonnique mixte international le Droit humain de Maria Deraismes. Ce fut d'ailleurs, en uniforme de maçon, qu'elle participa à la manifestation des femmes suffragistes au moment des cérémonies de couronnement de George V le 17 juin 1911.

Décès

Annie Besant mourut le 20 septembre 1933 à Adyar. Son corps, recouvert d'un drapeau indien, fut brûlé sur un bûcher, selon la tradition hindoue. Elle avait demandé que son bûcher fut installé au bord du Gange à Kashi, le nom donné à Bénarès dans les Rig-Véda. Si ce souhait ne put être exaucé, par contre ses cendres furent dispersées en partie dans le Gange et en partie dans le jardin de la société théosophique d'Adyar. La bourse de Bombay n'ouvrit pas le jour des funérailles, en hommage à Annie Besant

Œuvres d'Annie Besant Ouvrages politiques

On the Deity of Jesus of Nazareth, by the Wife of a Beneficed Clergyman., Thomas Scott, 1872.
The Political Status of Women., 1874.
The True Basis of Morality., Charles Watts, 1874.
Auguste Comte; his Philosophy, his Religion and his Sociology., Charles Watts, 1875.
The Legalisation of Female Slavery in England., édité par Annie Besant et Charles Bradlaugh, 1876.
« Landlords, Tenant Farmers, and Labourers » in The National Reformer, 1877.
The Law Of Population: its Consequences and its Bearing upon Human Conduct and Morals. Freethought Publishing C°, 1877.
In the High Court of Justice, Queen's Bench Division, June 18th, 1877: The Queen V. Charles Bradlaugh and Annie Besant. Specially Reported. High Court of Justice, King's Bench Division 1877., Cornell University, 2009.
My Path to Atheism., Freethought Publishing C°, Londres, 1877.
English Republicanism., Freethought Publishing Company, Londres, 1878.
England, India and Afghanistan, Freethought Publishing Company, Londres, 1878.
Marriage, As It Was, As It Is, And As It Should Be: A Plea For Reform, 1878.
The Story of Afghanistan ; or, Why the Tory Government Gags the Indian Press. A Plea for the Weak against the Strong, 1879.
The Transvaal, 1881.
Coercion in Ireland and its Results. A Plea for Justice, 1882.
Egypt, 1882.
Force no Remedy, 1882.
The Atheistic Platform. V. The Story of Sudan, 1884.
Autobiographical Sketches., Freethought Publishing C°, Londres, 1885.
Woman's Position according to the Bible., édité par A. Besant et Ch. Bradlaugh, 1885.
Why I Am a Socialist., édité par A. Besant & Ch. Bradlaugh, 1886.
Modern Socialism., Freethought Publishing C°, Londres, 1886.
England’s Jubilee Gift to Ireland, 1887.
Is Socialism Sound? Verbatim Report Of A Four Nights' Debate Between Annie Besant And G. W. Foote (1887), Kessinger Publishing, 2009. Is Boycotting Moral ?, Our Corner, 1er avril 1888, vol. XI, Freethought Publishing Company, Londres, 1888.
The Organization of Society: Industry under Socialism, in Bernard Shaw ed., Fabian Essays in Socialism 1889, New York : The Humboldt Publishing Co., 1891.
Wake up, India: a Plea for Social Reform., Theosophical Publishing House, 1913.
War Articles and Notes., Theosophical Publishing Society, 1915.
The Case for India The Presidential Address Delivered by Annie Besant at the Thirty-Second Indian National Congress Held at Calcutta 26 December 1917
Britain’s Place The Great Plan Four Lectures delivered at the North Indian Convention, T.S., held at Varanasi, September, 1920 and in London in 1921., Theosophical Publishing House, Adyar, 1920.
India, Bond or Free ?, Putnam’s, 1926.

Ouvrages spirituels et théosophiques

Why I became a Theosophist 1889, Freethought Publishing C°, Londres. Trad. fr. : Pourquoi je suis devenue théosophe, Publications théosophiques, 1911
The Seven Principles of Man 1892, édition revue et corrigée, Theosophical Publishing Society, Londres, 1909.
A Study in Karma. 1892, Theosophical Publishing House, Adyar, 1912. Trad. : Réincarnation. Karma, Adyar, 1996 5° éd., 188 p.
An Autobiography 1893 T. Fisher Unwin, Londres.
Vers le Temple 1895, trad., Adyar, 170 p. Cinq conférences à Londres : la purification, l'entraînement mental, la construction du caractère, l'alchimie spirituelle.
Man and his Bodies 1896, Theosophical Publishing House, Londres & Madras. Trad. : L'homme et ses corps, Adyar, 158 p., Adyar 1994, 158 p.
The Riddle of Life: and How Theosophy answers It (1897), Theosophical Publishing House, Adyar, 1911.
The Ancient Wisdom 1897, Theosophical Publishing House, Adyar, 1911. Trad. : La sagesse antique. Exposé sommaire de l'enseignement théosophique, Adyar, 2008 14° éd. 307
Evolution of life and form 1898. Trad. : L'évolution de la vie et de la forme, Éditions théosophiques, 1948, 172 p.
Thought Power 1901. Trad. fr. : Le pouvoir de la pensée, sa maîtrise et sa culture
Thought Forms 1901 en collaboration avec Chatles D. Leadbeater. Theosophical Publishing House, Adyar, 1911. Trad. : Les formes-pensées, Adyar, 2000 6° éd., 78 p.
The Laws of the Higher Life 1902. Trad. : Les lois de la vie supérieure. Une conscience élargie, la loi du devoir, la loi du sacrifice.
The Pedigree of Man 1903. Trad. : La Généalogie de l'Homme. La première "race", la deuxième race, la race Lémurienne, la race Atlante, la race Aryenne.
Esoteric Christianity or the Lesser Mysteries 1905, Theosophical Publishing Society, Londres & Benares, 1905 2nd ed.. Trad. : Le christianisme ésotérique ou les Mystères mineurs, Adyar, 1969, 292 p.
Bhagavad Gita; or, The Lord’s Song Traduction 1905, The Theosophical Publishing House.
Death and after 1906. Trad. fr. : La mort et l'au-delà
Study in Consciousness - A contribution to the science of psychology vers 1907, Theosophical Publishing House, Madras. Trad. : Étude sur la conscience, Adyar, 2003, 356
Introduction to Yoga. Lectures delivered at the 32nd Anniversary of the Theosophical Society held at Benares, on Dec. 27th, 28th, 29th, and 30th, 1907., Theosophical Publishing House, Adyar, 1908. Trad. : Introduction au Yoga, Adyar, 158 p.
Australian Lectures 1908
Buddhist Popular Lectures 1908, Theosophist Off
Man's Life in This and Other Worlds 1913, Theosophical Publishing House, Adyar. Trad. : La vie occulte de l'homme, Adyar, 2005, 89 p.
The Masters and the Way to Them 1912. Trad. : Les Maîtres, Publications Théosophiques, 1917
Man: Whence, How and Whither: a Record of Clairvoyant Investigation (en collaboration avec C. D. Leadbeater 1913, Theosophical Publishing House, 1925.
« Theosophy and Social Reform 1914, in Annie Besant et al., Theosophical Ideals and the Immediate Future, Theosophical Publishing Society, Londres, 1914.
The Basis of Morality 1915, Theosophical Publishing House, Adyar.
The Bearing of Religious Ideals on Social Reconstruction 1916, Theosophical Publishing House.
The Ancient Indian Ideal of Duty 1917, Theosophical Publishing House.
Occult Chemistry: Clairvoyant Observations on the Chemical Elements 1919 en collaboration avec Charles W. Leadbeater, édition révisée par A.P. Sinnett, Theosophical Publishing House, Londres. Trad. : La chimie occulte, Adyar, 2004, 362 p.
The Doctrine of the Heart (1920). Trad. : La doctrine du cœur. extraits de lettres indiennes adressées à Annie Besant par des amis hindous), Adyar, 2004, 80 p.
Civilisation’s Deadlocks and the Keys (1924), Theosophical Publishing House.
The Coming of the World Teacher 1925, Theosophical Publishing House.
Talks on the Path of Occultism: A Commentary on “At the Feet of the Master,” “The Voice of the Silence" and “Light on the Path." Written in collaboration with Charles Leadbeater. Trad. fr. : La voie de l'occultiste, Adyar, 1927-1928.
T. I : Commentaires sur "Aux pieds du maître", 351 p. voir Alcyone/Krishnamurti, Aux pieds du maître, 1910
T. II : Commentaires sur "La voie du silence", 304 p. voir Helena Petrovna Blavatsky, "La voie du silence". Fragments choisis du "Livre des préceptes d'or", 1889.
T. III : Commentaires sur "La lumière sur le sentier" voir Mabel Collins, Lumière sur le sentier, 1885, 336 p., Adyar, 1927-1928.
Principles of Education 1932, Theosophical Publishing House.
Old Memories and Letters 1936, Theosophical Publishing House, Adyar.




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#46 Re: Alcide Charles Victor Marie Dessalines d'Orbigny
Istenozot Posté le : 13/09/2015 21:03
Souvenirs, souvenirs,

Cela me rappelle mes études de paléontologie.
Il est un grand au panthéon des paléontologistes qui nous ont éclairé sur l'origine des espèces.

Merci Loriane.

Amitiés de Bourgogne.

Jacques


#47 Alcide Charles Victor Marie Dessalines d'Orbigny
Loriane Posté le : 04/09/2015 17:21
Le 6 sept. 1802 naît Alcide Charles Victor Marie Dessalines d'Orbigny

à Couëron Loire-Inférieure, mort le 30 juin 1857 à Pierrefitte-sur-Seine Seine, naturaliste, explorateur, malacologue et paléontologue français, célèbre pour son voyage en Amérique du Sud et ses travaux en paléontologie.

En bref

Appartenant à une famille de scientifiques qui participa à la grande révolution scientifique du XIXe siècle, Alcide d'Orbigny est né à Couëron Loire-Atlantique. Jeune, il voyage à travers l'Amérique du Sud, qu'il explore de 1826 à 1834. Il se lance alors dans l'étude des fossiles ; son activité dans ce domaine est immense, surtout dans la description et l'identification de milliers d'espèces. On lui doit la connaissance de certains groupes peu connus alors, tel celui des foraminifères.
Il fut le premier titulaire de la chaire de paléontologie au Muséum. En 1840, il entreprend la description méthodique de tous les fossiles trouvés en France ; de là sortira la Paléontologie française. Vers 1849, dans un autre ouvrage, Prodrome de paléontologie stratigraphique, il ne recense pas moins de 18 000 espèces de fossiles. Ces études ont permis aux amateurs de déterminer plus facilement les fossiles, et ont beaucoup contribué à répandre le goût de la géologie et de la paléontologie.
Enfin, son cours de paléontologie stratigraphique dont les éléments essentiels sont dus à A. Brongniart a servi de base à la nomenclature des différents terrains avec leurs fossiles caractéristiques. Son frère Charles a également collaboré à son œuvre géologique par la publication de divers ouvrages : Description des environs de Paris 1838, Tableau général des terrains et principales couches qui constituent le Bassin parisien 1849, Description des roches composant l'écorce terrestre 1868.
D'Orbigny est mort à Pierrefitte-sur-Seine en 1857. Il était resté un partisan acharné de la théorie fixiste de Cuvier ; on peut même dire qu'il l'a exagérée dans une certaine mesure : il distingue en effet vingt-huit étapes successives au cours des temps géologiques et, à l'époque, l'échelle ne descend que jusqu'au Silurien ; pour lui, chacune de ces vingt-huit étapes possède ses fossiles distincts, et elle est séparée de l'époque précédente par un cataclysme qui détruit faune et flore ; l'histoire géologique ne serait donc que le résultat d'une suite de catastrophes et de créations. Jacques Philippon

Sa vie

Son père, Charles Marie d'Orbigny 1770-1856, est un médecin qui sert d’abord dans la marine française avant de se fixer et d’exercer à Couëron. Passionné d’histoire naturelle, il emmène souvent ses fils ramasser des coquillages sur le littoral de l’Atlantique et les initie à l’observation scientifique, notamment à l’aide de microscope, mais aussi au dessin. Son fils l’assiste à étudier des coquilles minuscules que sa presbytie l'empêche de voir correctement1. Deux de ses quatre fils choisiront une carrière en histoire naturelle : Alcide et son frère cadet Charles 1806-1876.

Les foraminifères

Au cours de son adolescence, il se prend de passion pour l’étude de minuscules coquilles connues pourtant depuis l’Antiquité mais classées, à tort, dans les Mollusques Céphalopodes : les foraminifères, nom qu’il leur donnera quelques années plus tard. C’est Félix Dujardin 1801-1860 qui déterminera plus tard, en 1835, la nature unicellulaire de ces organismes.
La famille d’Orbigny s’installe d’abord à Esnandes, en 1815, puis à La Rochelle en 1821. Alcide y fait des études classiques avant de venir à Paris en 1824. Dans la capitale, il complète sa formation en suivant les cours de Georges Cuvier 1769-1832 ainsi que d’Étienne Geoffroy Saint-Hilaire 1772-1844, d’Alexandre Brongniart 1770-1847, de Pierre André Latreille 1762-1833, de Henri-Marie Ducrotay de Blainville 1777-1850 et de Louis Cordier 1777-1861.

Il fait paraître en 1826, dans les Annales de sciences naturelles un travail qui est le fruit de ses observations sur les foraminifères intitulé Tableau méthodique de la classe des Céphalopodes décrivant plusieurs centaines d'espèces nouvelles et qui le fera remarquer dans le monde naturaliste. Il y présente environ 600 espèces, actuelles ou fossiles1. Durant sa vie, il recensera plus de 1 500 foraminifères, la plupart nouveaux. Il est ainsi considéré comme l’inventeur de la micropaléontologie. Outre cette première publication, il réalise, grâce à des sculptures dans de l’argile, des modèles en trois dimensions de certains spécimens. Des répliques en plâtre sont commercialisées1.

Son voyage en Amérique du sud

Ce travail remarquable attire sur lui l’attention des professeurs du Muséum national d'histoire naturelle et notamment Georges Cuvier 1769-1832. En 1825, il se voit confier une mission en Amérique du Sud afin de compléter les connaissances naturalistes de ce continent acquises depuis Alexander von Humboldt 1769-1859 et Aimé Bonpland 1773-1858 en Amérique équatoriale, ou Auguste de Saint-Hilaire 1779-1853 au Brésil. Le jeune d’Orbigny se passionne depuis longtemps par les récits de voyages comme ceux de Louis Antoine de Bougainville 1729-1811, de James Cook 1728-1779 ou de Nicolas Baudin 1754-1803. La ville de La Rochelle comptait aussi deux voyageurs illustres : John James Audubon 1785-1851 et Aimé Bonpland. Comme les autres naturalistes voyageurs envoyés par le Muséum, il apprend les techniques de naturalisation des spécimens et de la préparation des herbiers. Quelque temps avant de s'embarquer, il rencontre Alexander von Humboldt. Lui et d’autres attirent l’attention de d’Orbigny sur la faiblesse de la somme fournie par le Muséum pour l’expédition : 6 000 francs par an. Il obtient de François Victor Masséna, duc de Rivoli 1799-1863 la somme de 3 000 francs par an durant quatre ans.
Le voyage s'effectuera depuis le Brésil, l'Uruguay, jusqu'à l'Argentine, le Chili puis le Pérou et la Bolivie. Il embarque le 30 juin 1826, à bord de la corvette La Meuse : son voyage va durer sept années et sept mois.

Durant son voyage, il va collecter, observer, décrire dans tous les domaines de la zoologie aussi bien en invertébrés qu'en vertébrés, de la botanique, de l'anthropologie et de l'ethnologie. Les formidables collections qu'il rassemble sont expédiées directement au Muséum. Il rapporte ainsi les premiers poissons connus du Chili, des dizaines d'espèces de Crustacés, des centaines d'Oiseaux, des milliers de parts d'herbier... tandis qu'il décrit des centaines d'espèces de mollusques. Tout ce qu'il expédie est envoyé directement au Muséum pour étude et description éventuelle. Il décrira lui-même un grand nombre d'espèces. De très nombreuses espèces lui ont été dédiées comme en botanique, où 54 plantes portent son nom, sans compter le genre Orbignya.

Il embarque, fin 1833, à bord du Philanthrope et débarque en France le 24 janvier 1834.

Le retour en France

De retour en France, il consacre treize années, de 1835 à 1847, à la rédaction de ses mémoires, soit un ensemble de neuf tomes en onze volumes et 4 747 pages ainsi que de nombreuses cartes et 555 planches. Cette œuvre magistrale en fait l'une des plus importantes monographies jamais réalisées d'une région du monde. Charles Darwin 1809-1882 jugea l’œuvre comme un monument de la science du XIXe siècle. L’ouvrage connut un premier tirage de 500 exemplaires et sera réédité à plusieurs reprises.
Blainville, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.
Parti en juillet 1826, Alcide d'Orbigny ne revient en Europe qu'en février 1834. Durant son long voyage, il parcourt quelque 3 000 km du nord au sud et 3 600 d'est en ouest. Il remonte le Paraná, l'une des grandes voies d'eau de l'Amérique du Sud, chevauche dans la pampa entourant Buenos Aires, effectue la première véritable exploration scientifique de la Patagonie, se rend au Chili et, de là, en Bolivie. Il va passer trois ans dans ce pays plus étendu que la Bolivie actuelle et encore mal connu à l'époque : après avoir visité les environs de La Paz et la Bolivie andine, il redescend vers Santa Cruz de la Sierra, sur le versant atlantique de la Cordillère des Andes ; il se rend dans les anciennes missions jésuites et effectue diverses explorations qui tantôt le ramènent sur les hauteurs des Andes, tantôt le conduisent dans la forêt vierge tapissant les vallées humides du río Mamoré, où il est dévoré par les fièvres, ce qui le décide finalement à préparer son retour vers la France.
Il a affronté, durant son voyage, les attaques de pirates, d'Amérindiens en révolte et de bêtes sauvages, les tempêtes, le mal des montagnes, les piqûres d'insectes et les morsures de serpents, le froid glacial et le soleil brûlant des déserts, mais il a engrangé pour la science un riche butin. Il a collecté de très nombreux spécimens d'animaux et de plantes dont beaucoup étaient jusqu'alors inconnus. Il n'a pas seulement étudié la faune et la flore des pays visités, mais aussi les peuples, la géologie, le climat, la géographie. Le Voyage dans l'Amérique méridionale (1834-1847), ouvrage illustré en onze volumes, constitue la description la plus complète qui ait été faite jusqu'alors de l'Amérique du Sud. Il contient aussi la première carte d'ensemble du continent.
À partir de 1840, Alcide d'Orbigny s'oriente de plus en plus exclusivement vers la paléontologie. Ses deux ouvrages fondamentaux dans ce domaine sont Paléontologie française et Prodrome de paléontologie stratigraphique universelle des animaux mollusques et rayonnés. Comme George Cuvier, il s'attache à la théorie dite « des créations successives », selon laquelle les faunes auraient été détruites à la fin de chaque étage géologique (il n'en distingue, pour sa part, pas moins de vingt-sept) par de grandes catastrophes, les révolutions du globe. Cette théorie sera ruinée par la parution, en 1859, de l'Origine des espèces. Mais Alcide d'Orbigny l'ignorera, il a succombé deux ans plus tôt à une maladie de cœur.

Les collections rapportées sont riches de 9 000 espèces dont de nombreuses nouvelles espèces5 :

157 espèces de mammifères,
783 espèces d’oiseaux,
94 espèces de reptiles,
25 espèces d’amphibiens,
166 espèces de poissons,
718 espèces de mollusques,
4 834 espèces d’arthropodes,
17 espèces d’annélides,
163 espèces d’échinodermes,
81 espèces de foraminifères et
2 370 espèces de végétaux5.
En 1840, il entame sa Paléontologie française, monumentale monographie qui devait lui conférer une notoriété mondiale. Les volumes de cet ouvrage, malheureusement inachevé, seront publiés jusqu'en 1860, les dernières livraisons l'étant à titre posthume, représentant au total plus de 4 000 pages, 1 440 magnifiques lithographies et 2 800 espèces. Cette œuvre déjà immense ne devait être qu'un avant-goût de son projet bien plus audacieux intitulé Paléontologie universelle des animaux mollusques et rayonnés fossiles, dont seul le prodrome parut en trois volumes recensant 40 000 invertébrés qu'il ordonna et classa pour n'en retenir que 18 000.

De 1849 à 1852, il rédige dans un colossal ouvrage de 1 146 pages intitulé Cours élémentaire de paléontologie et de géologie stratigraphiques, dans lequel il donne une vision synthétique et extrêmement détaillée de la stratigraphie. Cet ouvrage fait suite à son Prodrome de paléontologie stratigraphique universelle.

Les stratotypes

Entre 1840 et 1852, au cours de la rédaction de sa Paléontologie française, de son Prodrome de paléontologie stratigraphique universelle et de son Cours élémentaire de paléontologie et de géologie stratigraphiques, il propose un découpage des temps géologiques, principalement pour les périodes Jurassique et Crétacé, en étages stratigraphiques basés sur des stratotypes ou coupes géologiques de référence. Il prend ses exemples en France et en Angleterre pour définir ces étages.
Pas moins de neuf des étages géologiques qu'il a inventés sont aujourd'hui officiellement reconnus par la Commission stratigraphique internationale et l'Union internationale des sciences géologiques UISG.

Blainville, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.

Pour la période Jurassique, 5 étages sur un total de 11 :
Sinémurien de Semur-en-Auxois Côte d'Or,
Toarcien de Thouars Deux-Sèvres,
Bajocien de Bayeux Calvados,
Callovien de Kellaways Bridge dans le Wiltshire anglais,
Kimméridgien de Kimmeridge dans le Dorset anglais ;
Pour la période Crétacé, 4 étages sur un total de 12 :
Aptien d'Apt Vaucluse,
Albien de Alba, la rivière Aube,
Cénomanien en latin Cenomanum du Mans Sarthe,
Turonien de Tours Indre-et-Loire;

Son héritage

À la mort d'Alcide d'Orbigny est créé un Comité de la paléontologie française pour continuer son œuvre. C'est ainsi que Louis Édouard Gourdan de Fromentel 1824-1901, Gustave Cotteau 1818-1894, Perceval de Loriol 1828-1908, Louis Charles Joseph Gaston de Saporta 1823-1895 ou encore Henry Testot-Ferry 1826-1869, etc. rédigèrent dans le même esprit 16 nouveaux volumes de la Paléontologie française. Cet ensemble 25 volumes au total reste fondamental et toujours largement utilisé aujourd'hui par les paléontologues du monde entier.
Alcide d'Orbigny a décrit plus de 3 000 espèces dont 2 500 sont nouvelles. Sa collection paléontologique, déposée au Muséum national d'histoire naturelle, est évaluée à 14 000 espèces pour un total de 100 000 spécimens.
Des dizaines d'espèces animales vivantes ou fossiles ont été nommées en l'honneur d'Alcide d'Orbigny. Par exemple :
en 1841, Duméril et Bibron créent une espèce sud-américaine d'amphibien de la famille des Bufonidae : Rhinella dorbignyi ;
en 1982, les zoologistes Julio Rafael Contreras et Andrés Oscar Contreras, lui rendent hommage en nommant une nouvelle espèce de rongeur argentin : Ctenomys dorbignyi.

Autres hommages

Depuis 1997, un lycée porte son nom dans la commune de Bouaye Loire-Atlantique. Il a aussi donné son nom au lycée français de La Paz Bolivie ainsi qu'à une station de la ligne 5 du tramway d'Île-de-France. Une rue de La Rochelle longeant le Jardin des plantes porte son nom.


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#48 Anna Politkovskaïa
Loriane Posté le : 29/08/2015 21:43
Le 30 août 1958 Naît Anna Stepanovna Politkovskaïa

en russe : Анна Степановна Политковская, née Mazepa Мазепа, à Nex-York, assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou, à 48 ans, journaliste russe et militante des droits de l'homme connue pour son opposition à la politique du président Vladimir Poutine, sa couverture du conflit tchétchène et ses critiques virulentes envers les autorités actuelles de la république caucasienne. Le procureur général de Russie, Iouri Tchaïka, supervise l'enquête sur ce meurtre, confiée au service des affaires particulièrement graves du Parquet général de Russie. Les enquêteurs privilégient l'hypothèse selon laquelle sa mort est liée à ses activités professionnelles. Le 9 octobre 2007 le procureur général Tchaïka a déclaré que l'affaire Politkovskaïa a été élucidée. Auparavant, il a annoncé l'arrestation de dix suspects dont les noms n'ont pas été divulgués. Le Parquet déclara cependant être en train de rechercher le commanditaire du meurtre. Le 14 décembre 2012, l'ancien lieutenant-colonel Dmitri Pavlioutchenkov a été condamné à 11 ans de camp à régime sévère par un tribunal de Moscou pour avoir organisé l'assassinat d'Anna Politkovskaïa.

En bref

Anna Stepanovna Politkovskaïa est née à New York, le 30 août 1958. Son père était diplomate auprès de l'O.N.U. Celle qui allait devenir l'une des journalistes indépendantes russes les plus respectées, critique inlassable de la politique russe menée en Tchétchénie, a été assassinée par balles, devant son domicile à Moscou, le 7 octobre 2006. Détentrice de la double nationalité, américaine et russe, elle aurait pu aisément choisir une autre vie. Mais c'est en Russie qu'elle a exercé son métier de journaliste et son activité de défenseur des droits de l'homme.
En 1980, diplômée de la faculté de journalisme de l'université de Moscou, elle commence sa carrière en collaborant aux journaux Izvestia et Transport aérien ainsi qu'au collectif Eskart et au magazine Megapolis express. Bénéficiant de la liberté de parole apportée par la perestroïka, elle peut enquêter sur des phénomènes de société jusque-là passés sous silence, comme les vétérans de la guerre d'Afghanistan, les orphelinats, la toxicomanie, etc. De 1994 à 1999, elle est responsable de la rubrique faits divers pour l'hebdomadaire Obschaïa Gazeta. Mais c'est sa contribution au journal Novaïa Gazeta, à partir de juin 1999, et notamment sa couverture de la deuxième guerre de Tchétchénie, déclenchée en août, qui lui apportera la notoriété.
Anna Politkovskaïa se consacre avec ardeur au conflit tchétchène, s'efforçant de rendre compte de la guerre et de ses conséquences pour la population. Dans ses nombreux articles, elle décrit les souffrances des Russes et des Tchétchènes vivant dans cette république du Caucase, les horreurs de la guerre et l'impact délétère qu'elle a sur l'ensemble de la société russe. Elle se rend en Tchétchénie à plus de quarante reprises, mais aussi dans les républiques voisines Daghestan, Ingouchie, Ossétie du Nord que la guerre ébranle et où les réfugiés affluent. Elle réalise de nombreuses interviews, d'anonymes, mais aussi de personnalités engagées dans le conflit comme Akhmed Kadyrov président pro-russe de la Tchétchénie, tué en mai 2004 à Grozny lors d'un attentat ou Aslan Maskhadov élu président de la République tchétchène en 1997, tué lors d'une opération russe le 8 mars 2005. Elle dénonce les opérations de nettoyage, les disparitions, le commerce des morts qu'endure la population de Tchétchénie. Ses articles s'appuient sur des exemples concrets, précis et documentés, et sur un véritable travail d'enquête. Ils mettent en cause des individus précis, questionnent les autorités avec opiniâtreté. La publication, en 2001, d'un article consacré à l'assassinat d'un jeune Tchétchène, Zemlikhan Mourdalov, arrêté par les troupes spéciales russes et dont la famille était sans nouvelles aboutira, en 2005, à la condamnation d'un policier, Sergueï Lapine, à onze années de prison pour faits de torture. L'engagement d'Anna Politkovskaïa excède largement son devoir de journaliste et l'amène à s'impliquer en faveur de la défense des droits de l'homme et aux côtés des victimes oubliées de la guerre.
En 2001, lors d'un reportage sur les camps de détention en Tchétchénie, dans le district de Vedeno, elle est détenue quelques jours par les forces russes. Menacée de mort et de viol, elle est finalement expulsée du territoire tchétchène. Après la parution de l'article qui devait mener à l'arrestation de Sergueï Lapine, Anna Politkovskaïa reçoit des courriers électroniques assez menaçants pour que la journaliste bénéficie d'une protection. Sa popularité est croissante. En octobre 2002, lors de la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka, elle tente une médiation entre les forces de l'ordre et le commando tchétchène. Malheureusement, cette proposition n'obtient pas le soutien du Kremlin. En septembre 2004, lors de la prise d'otages, au village de Beslan, en Ingouchie, la journaliste décide de se rendre sur les lieux. Après avoir bu un thé dans l'avion, elle est prise de malaise et doit être hospitalisée à Rostov-sur-le-Don. Elle présente les symptômes d'une intoxication alimentaire aiguë et mettra de longs mois à se remettre de ce qui est, elle en est convaincue, une tentative d'empoisonnement.
Anna Politkovskaïa a consigné ses réflexions sur la politique russe, dont elle dénonçait l'arbitraire croissant, dans des livres, non publiés en Russie pour la plupart. Quatre d'entre eux ont été traduits en français : Voyage en enfer, journal de Tchétchénie 2000, Tchétchénie, le déshonneur russe 2003, La Russie selon Poutine 2004 et Douloureuse Russie, journal d'une femme en colère 2006. Elle a été récompensée pour l'ensemble de son activité par de nombreux prix et a notamment reçu la Plume d'or de Russie en 2000, le prix du Pen Club en 2002, le prix du journaliste et de la démocratie de l'O.S.C.E. en 2003, le prix Olof Palme en 2004. Juste avant sa mort, Anna Politkovskaïa travaillait sur un article consacré à la torture en Tchétchénie. Celui-ci a été publié sous sa forme inachevée dans l'édition du 9 octobre de Novaïa Gazeta. La nouvelle de sa mort a entraîné une vague de déclarations et de protestations au sein de la communauté internationale. Le 10 octobre, ses obsèques ont attiré une foule impressionnante où se pressaient de nombreux représentants de l'élite libérale du pays, ainsi que des journalistes, représentants étrangers et anonymes. Il n'y avait, en revanche, aucun émissaire officiel du Kremlin. Elsa Vidal

Sa vie

Née à New York, elle est fille de diplomates. Son père, Stepan Mazepa, travaillait à la mission de la RSS d'Ukraine auprès de l'ONU. Après des études de journalisme à Moscou qu'elle termine en 1980, elle commence sa carrière au journal Izvestia. Depuis juin 1999, elle écrivait des articles pour le journal en ligne Novaïa Gazeta.
En 2001, elle s'était réfugiée plusieurs mois en Autriche après avoir reçu des menaces par courriers électroniques. Les messages affirmaient qu'un officier de police, qu'elle avait accusé de commettre des atrocités contre des civils, avait l'intention de se venger. Sergueï Lapine avait été interpelé en 2002 à propos de ces accusations, mais les charges contre lui avaient été abandonnées l'année suivante. Celles-ci furent reprises en 2005 et Sergueï Lapine fut condamné à une peine de onze années d'emprisonnement.
Anna Politkovskaïa fut détenue plusieurs jours en février 2001 par les forces russes en Tchétchénie dans la région de Chatoï sud de la Tchétchénie pour avoir enfreint les règlements en vigueur pour les journalistes, alors qu'elle effectuait une enquête sur un centre de détention de l'armée. Elle dit avoir été menacée de viol et de mort, et qu’on s’en prendrait à ses enfants, fait remarquer la Fondation internationale des femmes œuvrant dans les médias International Women's Media Foundation, IWMF. Elle avait reçu en 2002 le prix Courage en journalisme de l’IWMF.
Elle s'est engagée dans de nombreuses affaires, notamment en défendant les victimes de la guerre en Tchétchénie. Elle a participé aux négociations lors de la prise d'otages du théâtre de la rue Melnikov en 2002 à Moscou. Lors de la prise d'otages de l'école de Beslan en 2004, Anna Politkovskaïa a été empoisonnée, probablement en buvant un thé, dans l'avion qui l'amenait à Rostov-sur-le-Don, sur la route de Beslan pour participer aux négociations avec les preneurs d'otages. Elle est tombée gravement malade et n'a donc pas participé à ces négociations. La nature du poison n'a jamais été déterminée, les analyses de sang ayant été détruites par mégarde. La journaliste considère avoir été victime des services spéciaux, qui voulaient à tout prix l'empêcher de se rendre à Beslan.
Son dernier ouvrage Douloureuse Russie, est paru en septembre 2006 aux éditions Buchet-Chastel. Dans ce livre, véritable réquisitoire contre la politique de Vladimir Poutine en Russie aujourd'hui, la journaliste prédit que si une révolution éclate en Russie, elle ne sera ni orange, ni de velours, mais rouge comme le sang.
Elle a été plusieurs fois primée pour ses enquêtes, notamment en 2002 par le Pen Club International, et en 2003 au Danemark, où elle a reçu le prix du journalisme et de la démocratie, décerné par l'OSCE. En 2004, Anna Politkovskaïa avait reçu le prix Olof Palme pour les droits de l'Homme4 et en Espagne le Prix International de Journalisme Manuel Vázquez Montalbán. Elle avait partagé ce prix avec ses compatriotes Lyudmila Alekseyeva et Sergey Kovalyov. Le prix Olof Palme, doté de 50 000 dollars, avait récompensé par le passé Amnesty International.
Anna Politkovskaïa restera synonyme des années Poutine et des guerres de Tchétchénie. Elle aura sans relâche dénoncé les dérives du pouvoir russe. Elle était connue pour sa couverture critique des campagnes du pouvoir russe en Tchétchénie. Ironie du sort - Polikovskaïa a été assassinée le 7 octobre, le jour de l'anniversaire de Vladimir Poutine né le 7 octobre 1952.

Assassinat

Anna Politkovskaïa a été assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou, jour de l'anniversaire du chef de l'État Vladimir Poutine. Son corps a été découvert dans la cage d'escalier, devant l'ascenseur de son immeuble, dans le centre de Moscou, rue Lesnaïa, a expliqué à l'Associated Press l'officier de permanence au commissariat central de la capitale russe. Un pistolet et quatre balles ont été retrouvés à ses côtés. Ces informations ont été relevées par Interfax, Associated Press, Reuters, puis AFP.
Anna Politkovskaïa, mère de deux enfants, une fille, Vera, et un garçon, Ilia, avait dénoncé à plusieurs reprises les violations des droits de l'Homme dont se rendaient coupables les forces fédérales en Tchétchénie, ainsi que la milice de Ramzan Kadyrov. Elle dénonçait également la dégradation des libertés publiques et la corruption dans l’ensemble de la Russie.
Selon l'agence de presse Interfax, c'est une voisine qui a découvert son corps dans l'ascenseur de son immeuble samedi 7 octobre à 17 h 10. Les policiers ont retrouvé dans l'ascenseur un pistolet Makarov 9 mm et quatre douilles, ajoute l'agence.
À la date de sa mort, Anna Politkovskaïa est la 21e journaliste assassinée en Russie depuis l'élection de Vladimir Poutine en 2000.
Anna Politkovskaïa repose désormais au cimetière Troïekourovskoïe de Moscou.

Réactions à son assassinat

Reporters sans frontières : Nous sommes abasourdis par cette nouvelle tragique, qui est annoncée le jour même de l'inauguration à Bayeux, par l'organisation, du Mémorial des reporters, bâti pour rendre hommage aux journalistes tués dans le monde depuis 1944. Les meurtres de nos confrères ... doivent faire réaliser à la communauté internationale à quel point il est urgent d'agir pour assurer la protection des reporters.
Il est temps aujourd'hui de passer des mots aux actes pour que les incidents macabres que nous avons connus aujourd'hui ne puissent plus se reproduire. C'était l'une des rares journalistes indépendantes en Russie et elle s'était fait un nom. Elle voyageait souvent en Tchétchénie et avait publié un livre, a déclaré à Paris Jean-François Julliard, de Reporters sans frontières RSF.
À chaque fois que la question se posait de savoir s'il y avait un journaliste honnête en Russie, le premier nom qui venait à l'esprit était pratiquement toujours celui de Politkovskaïa, selon Oleg Panfilov, directeur du Centre pour le journalisme dans des situations extrêmes, qui lui rendait hommage, lui aussi basé à Moscou. Selon lui, elle avait reçu des menaces à plusieurs reprises et des inconnus avaient tenté il y a plusieurs mois de pénétrer dans la voiture que sa fille Vera conduisait.
Vitali Tretiakov, rédacteur en chef du journal Novost : Il est évident que la première version qui vienne à l'esprit est celle d'un meurtre lié à ses activités professionnelles.
Tatiana Lokchina, directrice de l'ONG Demos et auteur de nombreux rapports sur les violations des droits de l'Homme en Tchétchénie: Elle a écrit tant de choses la mettant en danger, elle était devenue si célèbre ces dernières années, qu'il semblait qu'elle était intouchable. Elle ne disait pas se sentir menacée. Pour la Tchétchénie, c'est une grande tragédie, c'était une des dernières journalistes à couvrir la guerre, à rapporter avec constance les violations des droits de l'Homme. Elle critiquait beaucoup Kadyrov, elle était l'une des rares à se le permettre.
La Fédération internationale des droits de l'homme FIDH, rappelle que la journaliste avait été victime de représailles dans le cadre de son travail au cours de ces dernières années. Les autorités russes, doivent se conformer aux instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits de l'Homme, afin de garantir en toutes circonstances les libertés d'expression et de la presse.
Aujourd'hui, nous ne savons pas qui l'a tuée, écrit l'équipe de Novaïa Gazeta sur son site Web, en avançant tout de même deux scénarios. C'était soit une vengeance de Ramzan Kadyrov l'homme fort et Premier ministre à Grozny, soutenu par le Kremlin, dont elle a beaucoup parlé et écrit, ou de ceux qui voulaient que le soupçon tombe sur lui, écrit le bi-hebdomadaire. L'hebdomadaire en ligne a par ailleurs déclaré qu'il publierait certaines de ses notes et de ses photographies.
Ce qui vient immédiatement à l'esprit, est qu'Anna avait beaucoup d'ennemis, notait Joel Simon, directeur exécutif du Comité pour la protection des journalistes CPJ. Anna était une héroïne pour beaucoup d'entre nous, et elle nous manquera, a-t-il ajouté. Aucun de ces meurtres n'a fait l'objet d'une enquête correcte, ajoute Simon. Nous savons que cela crée un environnement dans lequel ceux qui auraient voulu mener à bien ce meurtre pourraient avoir l'impression qu'il n'y aurait guère de conséquences. Selon le CPJ, Anna Politkovskaïa est au moins la 13e journaliste victime d'un assassinat de ce type depuis l'arrivée au pouvoir du Président Vladimir Poutine.
Buchet-Chastel, éditeur d'Anna Politkovskaïa : Elle dérangeait beaucoup de monde en Russie, surtout dans les hautes sphères, elle ne voulait pas d'une Russie bâtie sur le sang et le mensonge.
Mikhaïl Gorbatchev, ancien Président d'Union soviétique, a qualifié l'assassinat d'Anna Politkovskaïa de coup contre toute la presse démocratique et indépendante.
Amnesty International a exprimé sa colère après le meurtre à Moscou d'Anna Politkovskaïa, visée en raison de son travail de journaliste.
l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a adopté, le 25 janvier 2007 à Strasbourg, Résolution 1535 2007 sur les menaces contre la vie et la liberté d’expression des journalistes.
Alexeï Venediktov, rédacteur en chef de la radio Écho de Moscou, a déclaré à l'agence Associated Press qu'Anna Politkovskaïa était un reporter infiniment honnête... Chacun des faits qu'elle relatait était le fruit d'une enquête. C'était aussi une médiatrice et une militante des droits de l'Homme. On avait confiance en elle. Elle était unique.
Le 7 décembre 2006, l'Institut international de la presse IPI, organisation principale de défense de la liberté de la presse selon l'UNESCO déclarait Anna Politkovskaïa 51e Héros de la liberté de la presse mondiale.
Anna Politkovskaïa a donné son nom à la promotion 2007 de l'Institut d'études politiques de Strasbourg.

Réactions officielles

Sean McCormack, porte-parole du Département d'État des États-Unis : Les États-Unis sont choqués et profondément attristés par la nouvelle du meurtre brutal de la journaliste russe indépendante, Anna Politkovskaïa, une journaliste d'investigation, infatigable et hautement respectée, ayant travaillé sous la pression constante de menaces de mort. Les États-Unis demandent de toute urgence au gouvernement russe de mener une enquête immédiate et exhaustive afin de retrouver, poursuivre et juger tous les responsables de ce meurtre haineux. Déclaration, 7 octobre 2006
Alou Alkhanov, le Président tchétchène : Bien que notre approche sur les événements en Tchétchénie fût complètement différente, Anna Politkovskaïa n'était pas indifférente au sort du peuple tchétchène. Mes collègues et moi regrettons sincèrement ce qui est arrivé et transmettons nos condoléances à sa famille et ses amis. Une enquête doit être ouverte et tous ceux qui sont derrière doivent être punis. On ne doit pas tuer les journalistes.
Thomas Hammarberg, Commissaire européen aux droits de l'homme : Ce meurtre est le signal d'une crise majeure concernant la liberté d'expression et la sécurité des journalistes en Russie. Les autorités russes ne sont jamais parvenues à enquêter sur des tentatives de meurtre visant Anna Politkovskaïa et des menaces d'attenter à sa vie, regrette le commissaire. Maintenant, elles n'ont plus d'excuses pour enquêter en profondeur sur les circonstances de sa mort et de punir ceux qui ont commis ce crime déplorable. Se déclarant triste et en colère, il salue en Anna Politkovskaïa un des plus importants défenseurs des droits de l'homme dans la Russie d'aujourd'hui. Si tout le monde ne partageait pas ses analyses, personne ne remettait en cause son professionnalisme, son courage et son engagement personnel pour faire la vérité sur des questions politiques controversées. Sa mort est une grande perte pour la Russie et pour la cause des droits de l'homme. Communiqué du 8 octobre 2006.
Terry Davis, secrétaire général du Conseil de l'Europe : Je suis très inquiet quant aux circonstances dans lesquelles cette journaliste d'un courage et d'une détermination exceptionnels a perdu la vie. Ses reportages ont permis à la population russe, mais aussi au monde entier d'avoir un regard indépendant sur le sort des gens ordinaires piégés dans le conflit en Tchétchénie et nous perdons une voix forte, de celles qui sont nécessaires dans toute démocratie authentique. Terry Davis considère comme étant essentiel que les circonstances de son décès soient rapidement éclaircies et de façon convaincante, Communiqué, 8 octobre 2006.
En France, le ministre des affaires étrangères Philippe Douste-Blazy a fait part de sa vive émotion et de sa profonde tristesse. La brutalité même de ce crime horrible bouleverse tous ceux qui sont attachés à la liberté de la presse, souligne le ministre dans un communiqué. Nous souhaitons que les autorités russes mettent en œuvre au plus vite tous les moyens nécessaires pour faire la lumière sur cet assassinat et identifier les coupables, a ajouté le ministre des Affaires étrangères pour qui ce crime ne peut rester impuni. Lors du lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, Dominique de Villepin a fait part de sa très profonde émotion, en rendant hommage à une femme remarquable, une grande journaliste. Le combat qu'elle menait pour cette liberté d'informer était un combat essentiel, a-t-il souligné.
Lundi 9 octobre 2006, le président de la République française, Jacques Chirac, se disant profondément ému et choqué par l'assassinat de Madame Anna Politkovskaïa, a demandé à l'ambassadeur de France en Russie, M. Jean Cadet, de remettre le lendemain en son nom un message de condoléances et de solidarité à ses enfants. Il souhaite que toute la lumière soit faite sur ce crime odieux qui porte gravement atteinte à la liberté de la presse. Mais l'ambassadeur ne s'est pas déplacé pour les obsèques, se contentant de s'y faire représenter Le Figaro du 11 octobre 2006
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Réactions du Kremlin

Vladimir Poutine n'a réagi que le 10 octobre à l'occasion d'un voyage officiel en Allemagne, il a déclaré « quel que soit l'auteur du crime et ses motivations, nous devons déclarer que c'est un crime horrible et cruel. Bien sûr, il ne doit pas rester impuni. Par ailleurs, il a estimé que cet assassinat était plus préjudiciable aux autorités établies à Moscou et en Tchétchénie que ses publications, car leur influence sur l'opinion russe était selon lui insignifiante.
En visite à Helsinki le 24 novembre 2006, Vladimir Poutine a appelé à conjuguer les efforts dans la lutte contre les meurtres commandités, au lieu de les politiser.
Sergueï Iastrjembski, représentant spécial du président russe, a qualifié de coïncidence inquiétante les décès d'opposants au régime russe en place avec la tenue de forums internationaux où le président de la Fédération de Russie participe.
Un nombre manifestement excessif de coïncidences de morts retentissantes de personnes qui, de leur vivant, se sont positionnées en opposants au pouvoir russe en place, avec les manifestations internationales auxquelles participe le président de la Fédération de Russie est pour le moins inquiétant, a notamment déclaré le représentant spécial du président russe pour les relations avec l'Union européenne, intervenant vendredi devant les journalistes à Helsinki à l'issue du Sommet Russie-UE.
Sergueï Iastrjembski, conseiller du président Vladimir Poutine, a dit ne pas être partisan de ce qu'il appelle la théorie des complots. Quoi qu'il en soit, on a bien l'impression d'être en présence d'une campagne bien orchestrée ou même de tout un plan de dénigrement continu de la Russie et de sa direction, a-t-il ajouté.

La suite après sa mort Procédure judiciaire

L'enquête sur l'assassinat de la journaliste a été close en juin 2008 par la mise en examen de quatre suspects, dont trois originaires de Tchétchénie et un officier du FSB. Seuls les exécutants ont été identifiés, aucun commanditaire n'a été retrouvé ni inculpé. Le principal exécutant de l'assassinat, identifié, demeure en fuite. Puis le 19 février 2009, un tribunal militaire de Moscou a acquitté les suspects, les frères Djabraïl et Ibraguim Makhmoudov et Sergueï Khadjikourbanov.
En 2010, la Cour suprême russe a renvoyé l'affaire au parquet et l'enquête a été rouverte avec les mêmes suspects, les frères Roustam, Ibraguim et Djabraïl Makhmoudov.
Le 14 décembre 2012, l'ancien lieutenant-colonel Dmitri Pavlioutchenkov a été condamné à 11 ans de camp à régime sévère par un tribunal de Moscou pour avoir organisé l'assassinat d'Anna Politkovskaïa. Il a reconnu l'avoir prise en filature, et remis l'arme au tueur. Auparavant, Lom-Ali Gaïtoukaïev a été condamné pour avoir recruté Dmitri Pavlioutchenkov pour organiser l'assassinat. Le commanditaire de l'assassinat reste lui, inconnu.

Dernier article d'Anna Politkovskaïa

Le journal russe d'opposition Novaïa Gazeta a publié jeudi 12 octobre 2006 une ébauche du dernier article de la journaliste Anna Politkovskaïa, où elle accusait les forces tchétchènes de recourir à la torture contre des civils ou des rebelles.
Le bi-hebdomadaire a publié à partir des notes laissées par la journaliste une pleine page sur la politique antiterroriste de torture dans le Caucase du Nord.
L'article, intitulé " Nous te nommons terroriste", n'est pas complet, puisque Anna Politkovskaïa n'a jamais pu le finir, et reprend essentiellement la lettre d'un prisonnier tchétchène qui affirme que des hommes des forces de l'ordre lui ont soutiré des aveux de terrorisme après l'avoir longuement torturé.
Le journal publie également quatre photos, floues, tirées d'une vidéo montrant un homme qui a été, selon Novaïa Gazeta, arrêté par des policiers tchétchènes puis tué.
Après sa mort, son journal Novaïa Gazeta avait écrit qu'il s'agissait d'une vengeance de Ramzan Kadyrov, sur lequel elle a beaucoup écrit et parlé, ou bien d'une vengeance de la part de ceux qui veulent que les soupçons se portent sur le Premier ministre tchétchène Ramzan Kadyrov.
Ce dernier a déclaré mercredi 11 octobre 2006 qu'il n'avait pas commandité le meurtre de la journaliste, affirmant qu'elle ne le dérangeait pas.
Le président russe Vladimir Poutine a également exclu toute implication du Premier ministre tchétchène dans l'assassinat.
Les balles ont arrêté la journaliste Anna Politkovskaïa, mais personne n'a pu arrêter ce sur quoi elle travaillait, a lancé le militant des Droits de l'homme Chamil Tangiev. Les organisations de défense des droits de l'homme n'arrêteront pas tant que la vérité sur les violations des droits dans notre république n'aura pas été rendue publique.
samedi 21 octobre 2006 - La secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice a profité d'une visite à Moscou consacrée au dossier nord-coréen pour mettre l'accent sur les atteintes aux libertés en Russie en rencontrant la famille et les collègues de la journaliste assassinée Anna Politkovskaïa.
Selon un haut responsable du Département d'État, Mme Rice considérait cette initiative comme une possibilité d'une part de présenter ses condoléances et d'autre part de soutenir ce qu'il reste de presse libre en Russie. Il a nié cependant que cette entrevue symbolique soit un affront infligé au président russe. C'était juste la bonne chose à faire, a-t-il dit.

Née à New York de parents diplomates soviétiques, Anna Politkovskaïa possédait également la nationalité américaine.

En annonçant dans la matinée son intention de voir les journalistes de Novaïa Gazeta, la secrétaire d'État américaine avait déclaré que le sort des journalistes en Russie est un sujet majeur d'inquiétude pour les États-Unis. Après le meurtre de Mme Politkovskaïa, elle avait averti la Russie que la communauté internationale suivait avec attention le déroulement de l'enquête, soulignant qu'Anna Politkovskaïa était l'incarnation de ce que doit être la presse libre en Russie.
Mme Politkovskaïa qui avait publié plusieurs articles à ce sujet entre 2002 et 2005 dans Novaïa Gazeta estimait que les officiers pouvaient être impliqués dans le meurtre de plusieurs dizaines de civils tchétchènes, ajoute le journal russe Kommersant.
Près de trois cents médias russes ont publié jeudi 26 octobre 2006 une édition spéciale consacrée à l'assassinat de leur collègue Anna Politkovskaïa, critique acerbe du Kremlin et réputée pour ses enquêtes sur les exactions en Tchétchénie.
« Nous avons été agréablement surpris que près de 300 médias russes, principalement de la presse régionale, aient mis leur logo sur notre édition spéciale, même si leurs rédacteurs comprenaient que cela ne serait pas bien vu par le pouvoir, a déclaré à l'AFP le secrétaire de l'Union russe des journalistes Pavel Goutiontov, citant en exemple le quotidien russe Izvestia, proche du Kremlin.
Tirée à 100 000 exemplaires et distribuée gratuitement dans toute la Russie, cette édition spéciale financée par l'Union des journalistes évoque sur 16 pages les enquêtes les plus retentissantes de Mme Politkovskaïa et son dernier texte non-publié sur la liberté de la presse peut-être destiné à une tribune en Occident qu'elle avait écrit avant d'être tuée.
Cette édition est un test sur la liberté d'expression, estime M. Goutiontov, notant cependant que les quotidiens les plus lus en Russie, Komsomolskaïa Pravda et Moskovski Komsomolets, ainsi que le journal d'opposition Kommersant n'ont pas participé à cette action.

Bibliographie

Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Bibliothèque nationale de la Diète • Bibliothèque nationale d'Espagne • WorldCat

Ouvrages d'Anna Politkovskaïa publiés en français

Les références indiquées sont celles des éditions en français.
Voyage en enfer : Journal de Tchétchénie, trad. Galia Ackerman et Pierre Lorrain, Robert Laffont, mai 2000, 209 p.
Tchétchénie, le déshonneur russe, trad. Galia Ackerman, préf. André Glucksmann, Buchet-Chastel, 2003, 185 p.
rééd. Gallimard, coll. Folio Documents no 24, 2005, 315 p
La Russie selon Poutine, trad. Valérie Dariot, Buchet-Chastel, 2005, 271 p.
rééd. Gallimard, coll. Folio Documents no 33, 2006, 374 p.
Douloureuse Russie : Journal d'une femme en colère, trad. Natalia Rutkevich, sous la dir. de Galia Ackerman, Buchet-Chastel, septembre 2006, 420 p
rééd. Gallimard, coll. Folio Documents no 44, 2008, 561 p.
Qu'ai-je fait ?, trad. Ada et Galia Ackerman, Buchet-Chastel, 2008, 238 p

Ouvrage sur Anna Politkovskaïa

Galia Ackerman, Nicolas Bokov, Elena Bonner, et al. trad. de l'anglais par Sylvie Filkenstein et du russe par Galia Ackerman, Hommage à Anna Politkovskaïa, Buchet-Chastel,‎ 2007, 244 p.
Igort trad. de l'italien par Laurent Lombard, Les Cahiers russes, Futuropolis avec le soutien d'Amnesty International,‎ 2012, 176 p.

Filmographie

Une femme à abattre, téléfilm, 2008, 90 min., réal. Olivier Langlois, prod. Arte France, France 2, Raspail Production
Lettre à Anna
Anna Politkovskaïa Une vie pour la liberté, documentaire, 2011, 86 min., réal. Marina Goldovskaïa


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#49 Louis Blériot
Loriane Posté le : 01/08/2015 19:32
Le 1er août 1936 à Paris meurt Louis Charles Joseph Blériot

à 64 ans, né le 1er juillet 1872 à Cambrai était un constructeur de lanternes d'automobiles, d'avions, de motocyclettes et de chars à voile, et un pilote pionnier de l'aviation française. Il fut le premier à traverser la Manche en avion le 25 juillet 1909 avec le Blériot XI. Ingénieur de l'École centrale promotion 1895, il a volé pour la première fois en 1907 dans un avion de sa conception. En 1910, il obtiendra le premier brevet de pilote délivré en France. Louis Blériot appartient à cette première génération d'aviateurs, constructeurs d'avions, à ces héros de la « Belle Époque », dont la mémoire collective a gardé une image quasi légendaire. Mais Blériot est aussi le premier industriel de l'aéronautique.
La traversée de la Manche
Blériot, à qui l'on doit le Spad, avion de chasse qui s'illustra pendant la guerre de 1914-1918, fut également le concepteur du Blériot 110, qui effectua la traversée de l'Atlantique et permit à Bossoutrot et Rossi de battre, en 1932, le record de distance en circuit fermé 10 601 km, et à Rossi et Codos, en 1933, le record de distance en ligne droite 9 104 km. L'hydravion Blériot Santos-Dumont, lancé en août 1933, équipé de 4 moteurs Hispano-Suiza d'une puissance totale de 650 CV, fut le dernier modèle sorti des ateliers Louis Blériot. Il fut utilisé avec succès sur la ligne postale de l'Atlantique Sud.


En bref

Ingénieur de Centrale, et d'abord fabricant de phares pour automobiles, Blériot fait construire par Gabriel Voisin un planeur biplan que Voisin lui-même expérimente sur la Seine 1905 ; on frise la catastrophe.
Louis Blériot 1872-1936, ingénieur français, industriel et pionnier de l'aviation, fut le premier à traverser la Manche, le 25 juillet 1905
Un projet d'aéroplane suscite une brève association, puis, reprenant sa liberté, Blériot s'installe près du champ de manœuvres d'Issy-les-Moulineaux, où il va construire et piloter ses monoplans. Deux ailes courbes postérieurement et entoilées par-dessous, un fuselage également habillé de tissu, le moteur Antoinette, 24 ch et les gouvernes à l'arrière, ainsi se présentent ces appareils dont les essais et les capotages se succèdent jusqu'au Blériot VII compris 1907. Un premier vol concluant est enfin réalisé, en octobre 1908, au-dessus de la Beauce : Toury-Avillers aller et retour, soit 7 kilomètres, en 6 minutes 24 secondes, à 20 mètres d'altitude ; la veille même, H. Farman avait effectué le premier voyage en avion, couvrant, de Bouy près de Châlons-sur-Marne à Saint-Honoré près de Reims, une distance de 27 kilomètres. C'est alors que le directeur du Daily Mail annonce, pour une première traversée de la Manche en aéroplane, un prix de 1 000 livres. Latham, sur monoplan Antoinette, échouera le 19 juillet 1909, à 15 kilomètres des côtes anglaises, sauvé de justesse par un navire escorteur. Deux biplans Wright s'apprêtent ensuite à partir : montés à Wissant, ils attendent un moment favorable. Sur place, lui aussi, le Blériot XI s'envole le 25 juillet, au lever du jour, peu après 4 h 40. Il dépasse rapidement le destroyer qui prétendait l'accompagner, plafonne entre 80 et 100 mètres d'altitude et atterrit à Douvres, après une traversée de 33,7 km, dans un temps de 37 minutes. L'émotion est considérable à travers le monde, et l'événement sera décisif pour l'essor de l'aéronautique. À peine vingt ans plus tard, Blériot accueillera à Paris Lindbergh, le premier pilote ayant traversé l'Atlantique 1927. Jacques Mérand

Sa vie

Louis Blériot naît le 1er juillet 1872, de Louis Charles Blériot et Clémence Marie Eugénie Candeliez, tous deux cambrésiens, au 13 bis de la rue de l'Arbre-à-Poires actuelle rue Sadi-Carnot à Cambrai.
Il commence ses études à l'Institution Notre-Dame en 1882. En 1887, il quitte Cambrai pour le lycée d'Amiens, le collège Sainte-Barbe à Paris et l’École Centrale des Arts et Manufactures, où il est admis en 1892.

Les débuts

Sorti de l’École centrale Paris avec la promotion de 1895, ingénieur, il rentre chez Baguès puis effectue son service militaire dans l'Artillerie à Tarbes au 24e régiment d'artillerie comme sous-lieutenant puis lieutenant de réserve au 36e régiment d'artillerie. Les Établissements L. Blériot qu'il a créés connaissent un succès certain dans la fabrication de phares à acétylène pour l’industrie automobile alors en pleine expansion.
Découvrant l'Éole de Clément Ader, il se lance dans la fabrication d’un premier modèle d'aéroplane, un oiseau mécanique à ailes battantes, d'1,50 mètre d'envergure, pesant 10 kilos et mû par un moteur léger à acide carbonique de son invention fournissant environ deux chevaux. En janvier 1901, ce modèle s'envole. Cette année 1901 est également marquée par sa rencontre avec Ferdinand Ferber, auquel il voue une sincère admiration.
En 1903, il travaille avec le mécanicien et futur aviateur Julien Mamet, avec lequel il préparera la traversée de la Manche, en 1909.

Blériot II et Blériot III, Blériot-Voisin I. En 1905, découvrant les travaux de Gabriel Voisin par l'entremise de Ferber, Blériot demande à Voisin de lui construire le Blériot II ; ils fondent en ce même mois de mai 1905 le premier atelier d'aviation français "Blériot & Voisin" dans lequel Blériot se donne le rôle de concepteur et où Voisin devait jouer celui de mécanicien et dont naît le Blériot III, qui est dépourvu de moteur et fut remorqué sur la Seine par le canot Antoinette. Il capote après s'être brièvement détaché de l'eau à la suite d'un coup de vent.
Blériot IV, Blériot-Voisin II. Ayant besoin d'un moteur et grâce à Ferber, il rencontre Léon Levavasseur qui est soutenu financièrement par Gastambile et Mengin. Il le décide à créer une société anonyme de construction de moteurs Antoinette dans laquelle il s'investit financièrement et place son frère Maurice Blériot comme administrateur. Après avoir équipé le précédent modèle d'un moteur Antoinette et ayant cédé à Voisin qui est contre les ellipses, il construit le Blériot IV, un hydravion qui ne connut pas le succès. Ayant failli périr noyé lors des essais précédents, Gabriel Voisin refusa de nouveaux essais sur la Seine ; ainsi le Blériot IV reçut des roues et devint le Blériot IV bis. Le concepteur essaya sa création le 12 novembre 1906 à Bagatelle. Il brisa son appareil contre une pierre et un caniveau alors que son concurrent brésilien Santos-Dumont réussit un vol de 220 mètres ce même jour au même endroit. C'en est fini de l'association Blériot-Voisin.

Recherches Aéronautique Louis Blériot

En 1907, Blériot installe un atelier d'avionnerie boulevard Victor-Hugo à Neuilly, engage du personnel et fait fabriquer à ses frais de nombreux modèles d'avions dont :
Blériot V : construit en 1907, monoplan à configuration canard.
Le 21 mars 1907, Blériot essaie son monoplan dénommé "le Canard", no 5 de la nomenclature Blériot. Les ailes, gauchissables et incurvées, rappellent par leur profil l'aile de certains oiseaux planeurs. L'hélice du moteur Antoinette de 24 ch est placée à l'arrière de l'appareil, tandis que la gouverne de profondeur est placée devant l'appareil configuration canard.
Tandis que les appareils précédents avaient été pilotés par le contremaître Peyret chef d'atelier de Louis Blériot dont l’atelier était situé boulevard Victor-Hugo à Neuilly, c'est désormais le constructeur qui pilote lui-même ses œuvres. Le Canard, doté d'une grande vitesse pour l'époque, parvient à quitter le sol avant qu'une fausse manœuvre ne lui fasse piquer du nez et n'entraîne son écrasement le 22 avril 1907.
Blériot VI : juin 1907, avion à ailes en tandem, surnommé la Libellule. Il réussit seulement quelques vols.
Le Blériot VI, un double monoplan ou biplan inspiré du type de Langley, est doté de deux paires d’ailes placées en tandem, pour une surface totale de seulement 16 m², sur un fuselage entièrement enveloppé de papier verni avec trois roues porteuses et un moteur Antoinette 24 ch placé à l'avant, les gouvernails étant situés à l’arrière. Le premier vol, réalisé en juillet 1907, donne l'occasion au constructeur de réaliser une distance de 80 mètres qui l'encourage à doter l'appareil d'un moteur de 60 ch. Au cours d'un essai, l'appareil atteint une hauteur de 25 mètres avant que le moteur ne tombe en panne après seulement 300 mètres parcourus : l'appareil tombe alors à pic, sans dommage pour le pilote alors que les ailes et le fuselage de l'appareil sont brisés.
Le no 7 est analogue au précédent ; c'est plus exactement un monoplan à grand empennage, avec la différence que les ailes arrières sont mobiles et servent pour le contrôle en tangage et en roulis. Cet avion est le prototype de toute l'aviation moderne : il comportait en effet un fuselage totalement recouvert, des ailes basses, une hélice tractrice montée sur un moteur intégré au fuselage, un atterrisseur classique et des gouvernes arrières 6 Avec un moteur de 50 ch, il réalise quelques vols dont un de 184 mètres le 17 septembre 1907 à une vitesse de 80 à 90 km/h. Une fois de plus, l’appareil est accidenté à l’atterrissage à la suite de l’exiguïté du terrain d’Issy-les-Moulineaux.
Blériot VIII : construit à partir du Blériot VII entre février et juin 1908, il est proche par sa forme du Blériot XI, mais les ailerons de bord de fuite sont remplacés par des parties pivotantes. Le 24 novembre 1908, il est détruit. À la mi-juin 1908 apparaît le no 8, qui possède un corps fuselé quadrangulaire de 10 mètres de long, deux ailes de 11,80 m d’envergure, réduite progressivement à 11,20 m puis 8,50 m. Le moteur Antoinette de 50 ch est placé à l’avant, les gouvernails de direction et de profondeur étant placés à l’arrière. Des ailerons mobiles autour d’un axe horizontal sont montés à l’extrémité des ailes pour assurer l’équilibre latéral. Les roues axiales avec béquilles latérales au comportement médiocre dans la phase de roulage sont remplacées par deux roues montées sur un châssis élastique orientable, assez écartées et placées en avant du centre de gravité. La partie arrière du fuselage est soutenue par une 3e roue ou une béquille placée dans son axe. Les essais de cette version débutent à la mi-juin 1908 pour être interrompus à la suite d’incidents à l’atterrissage.
Le modèle IX diffère du précédent par le dispositif de gauchissement de l’extrémité arrière des ailes à la place des ailerons et par l’augmentation de la puissance du moteur à 65 ch.
Le Blériot X est un biplan de 60 m² de surface portante à moteur Antoinette de 50 ch avec démultiplicateur 30/12, avec gouvernail de direction avant, stabilisateur et gouvernail de profondeur arrière, ailerons derrière les ailes remplaçant le gauchissement des ailes Wright, châssis renforcé à roues analogue à celui des monoplans. Cet appareil, bien que présenté au Salon de l'aéronautique de 1908, n’a, semble-t-il, jamais volé.
Le Blériot XI conçu par Raymond Saulnier est un appareil frêle, construit en bois et consolidé par des cordes à piano, les ailes recouvertes de papier parcheminé. Il est motorisé par un Anzani à trois cylindres en étoile à soupapes passives développant 25 ch. Cet appareil, d’une envergure de 7,20 m, après quelques améliorations, allait devenir le célèbre Blériot XI de la traversée de la Manche. L'appareil a volé 50 minutes à Juvisy avant de couvrir 46 kilomètres en 56 minutes entre Étampes et Orléans, puis traverser la Manche.

Un Blériot XI en vol

Avec le Blériot XII, il réalise le premier vol avec deux passagers, le Brésilien Santos-Dumont et le Français A. Fournier le juin 1909.

Moteurs et vols

Louis Blériot entre en conflit avec Hubert Latham, le président de la société Antoinette, et Léon Levavasseur car leurs moteurs, malgré une conception prometteuse, sont impropres au vol. Blériot abandonne Antoinette et s'adresse au motoriste Robert Esnault-Pelterie de Billancourt pour équiper ses types X et XI et à la société Motors E.N.V limited de Courbevoie pour armer son type XII. Mais le mauvais fonctionnement des moteurs REP le contraint, sur le conseil de son mécanicien Ferdinand Collin, à s’adresser à Alessandro Anzani, qui copie les moteurs tricylindres de 25 ch refroidis par air, brevetés par Joseph-Ambroise Farcot, décédé.
Le 31 octobre 1908, Louis Blériot effectue son premier véritable voyage touristique aérien, entre Toury et Artenay et retour.
Le 3 juillet 1909, Louis Blériot participe au premier meeting aérien mondial au Champ d'aviation de la Brayelle avec son monoplan. Louis Paulhan y participe également sur biplan Voisin.
Le 13 juillet 1909, Louis Blériot s'octroie le prix du Voyage de l’Aéro-Club de France en volant de Mondésir à Chevilly avec son monoplan no 11, soit 41,500 kilomètres parcourus en 56 minutes.
Louis Blériot s'installe à Buc, tout près de Versailles le 25 juillet 1909 sur 200 hectares, où il implante son aérodrome privé l'aéroparc de Buc, puis, en 1913, une école de pilotage.

Première traversée de la Manche en 1909 Monument Louis Blériot à Blériot-Plage

Le mémorial Blériot sur le site de son atterrissage près des falaises de Douvres à l'arrière du château les poignées de bicyclette ne font pas partie du mémorial
La course pour être le premier à rejoindre la Grande-Bretagne par la voie des airs fait rage en ce mois de juillet 1909. Cependant, Blériot laisse la priorité à Hubert Latham dans la mesure où ce dernier s'est engagé dès le 2 juillet. Au lieu d'envoyer son no XI à Calais, il l'envoie à la ferme de Mondésir située à 6 km au sud d'Étampes. Comme Henri Farman, il y installe une école de pilotage, qui deviendra militaire. L'aérodrome d'Étampes - Mondésir existe toujours. Blériot y reste du 6 au 8 juillet avant de rejoindre Douai du 9 au 11 juillet avec son no XII. Il revient le 12 à la ferme de Mondésir d'où il gagne le Prix du voyage de l'Aéro-Club de France, doté de 4 500 F, en volant jusqu'à Chevilly près d'Orléans sur un parcours de 41,2 km effectué en 44 min 30 s à bord du type XI. Son prix sera d'ailleurs redistribué à raison de 1 500 F pour Anzani moteur et 1 000 F à Chauvière constructeur de l'hélice. Poursuivant sur sa lancée, il remporte le prix Mahieu et le prix de vitesse à Douai le 18 juillet.

Le 19 juillet dans l'après-midi, Louis Blériot s’inscrit dans la course à la Manche puis s'installe à Calais le 21.

Apprenant l'échec de Latham après être rentré à Paris, échec qui le laisse sur la touche pour plusieurs jours, Blériot se voit contraint de tenter sa chance pour éviter que le comte de Lambert – de nationalité russe même s'il est originaire d'une famille française émigrée à la Révolution – ne parvienne au but avant lui.
Louis Blériot est le premier à traverser la Manche, le 25 juillet 1909 en décollant au lever du soleil, condition exigée par le Daily Mail, journal britannique qui est à l'origine du défi et lui remettra la somme de 25 000 francs-or mise en jeu. Malgré une blessure au pied, il effectue la traversée en 37 minutes, ralliant Les Baraques, près de Calais à Douvres, aux commandes du Blériot XI qu'il a conçu en collaboration avec Raymond Saulnier, équipé d'un moteur Anzani.
Le hameau Les Baraques, faisant partie de la commune de Sangatte, sera plus tard rebaptisé Blériot-Plage en son honneur.
La traversée de la Manche réussie, le fidèle Alfred LeBlanc lui avance les fonds pour lancer rapidement la fabrication en série du modèle de cette traversée. Blériot crée une école de pilotage à Pau, ville qu'il a connue lors de son service militaire à Tarbes et où il s'est marié. Le terrain qu'il choisit est situé dans la lande de Pont-Long à 10 km au nord de Pau. C'est un terrain vague à peu près rectangulaire, long de 1 800 mètres et large de 500 mètres environ, couvert d'ajoncs, d'où les eaux s'écoulaient vers le nord-ouest. Il y avait jalonné une ligne médiane via deux pylônes espacés de 1 250 mètres, et dégagé, entre cette médiane et les limites du terrain, une piste large de 100 mètres devant les hangars, réduite à 25 mètres vers les extrémités et se refermant sur elle-même en contournant les pylônes.
Après l'exploit qui le rendit célèbre dans le monde entier, Blériot participe à la Grande Semaine d’Aviation de la Champagne fin août 1909. Par la suite, il cesse le pilotage pour se concentrer sur le développement et l’industrialisation de ses machines. La compagnie Blériot sait très vite tirer parti de la publicité, notamment avec son premier pilote de démonstration, Adolphe Pégoud.
Le 7 octobre 1909, le gouvernement décide de décerner un brevet de pilote à seize pionniers de l'aviation. Personne n’osant faire passer un examen à ces pionniers, on prit la liste des pilotes et on les classa… par ordre alphabétique. Son nom commençant par un B, Louis Blériot se voit attribuer le brevet de pilote numéro 1. L’instauration du brevet de pilote intervient le 1er janvier 1910.
En 1910, il construit l'Aérobus qui inaugure l'ère du transport de passagers. Son pilote d'essai Léon Lemartin bat le record du monde avec 7 passagers.
De 1910 à l'automne 1913, Blériot retire d'importants bénéfices de sa firme. Les commandes affluent et il doit agrandir ses ateliers. Il adopte un mode de vie aristocratique et s'établit dans un hôtel du XVIe arrondissement avec ses sept enfants. Il devient également son propre banquier. Sa renommée outre-Manche lui permet de développer ses ventes au Royaume-Uni ; il met en service à Brooklands une base de montage et de réglage d'avions destinés à l'armée britannique.
Au début de l'année 1911, il est invité à participer au Circuit d'Angleterre au cours duquel ses aéroplanes récoltent près de 100 000 francs.
Le 8 février 1914, il est candidat à l'élection du conseiller général du canton de Versailles Sud mais perd face à Jean Périnard.
À la veille du premier conflit mondial, Alfred LeBlanc, son vieux compagnon de route, assure la gestion courante de Blériot-Aéronautique dont le pionnier en est l’actionnaire quasi unique et le banquier. François Max-Richard, de son côté, assure la gestion de la firme SPAD, issue de la reprise des avions Deperdussin entre décembre 1914 et mars 1915, qui, bientôt, équipera un grand nombre d'escadrilles françaises.
Dès le début de la guerre, après la publication du Rapport Hirschauer Quoi ?, Blériot, comme les autres constructeurs aéronautiques, est invité à fabriquer en masse. La production de Caudron G3 qui lui est assignée ne débutera qu'en février 1915, Caudron n'ayant pas fourni les plans. En mars 1915, il apparaît que le programme a deux bons mois de retard. Afin de satisfaire la demande, Blériot fabrique finalement 126 avions de sa marque au lieu des trois initialement prévus.
En 1917, le groupe Blériot-S.P.A.D., qui regroupe plusieurs firmes, assure 10 % de la production d’avions en France. Blériot achète des sites industriels hors de Paris comme à Suresnes où le bâtiment original existait toujours au début du xxie siècle, intégré dans le centre de recherche d’EADS ; il devient le banquier de ses sociétés et fait des placements considérables dans l’industrie des loisirs, en particulier à Monte-Carlo.
Au total, Blériot produisit beaucoup d'avions environ 10 000 pendant la Première Guerre mondiale, essentiellement dotés de moteurs Gnome et Rhône.

Aéroplage et char à voile

Louis Blériot s'intéresse dès 1909 au développement du char à voile, qu'il baptise plaisamment aéroplage, un nom qu'il fera déposer comme marque commerciale pour les chars à voile fabriqués dans ses usines, sur des brevets pris par un de ses employés, l'ingénieur Cazin.
Blériot utilise ses aéroplages sur le terrain de Buc, lorsque le vent est trop fort pour se risquer en l'air en aéroplane, puis sur les plages de la Manche et de la Mer du Nord, en particulier à Hardelot sur la côte du Pas-de-Calais, où il possède une villa.
La plage d'Hardelot est encore aujourd'hui un des hauts lieux de ce sport qui se structurera rapidement et connaîtra ses premières compétitions internationales dès avant la guerre de 1914 - 1918.

Motos Blériot

Les mosaïques de l’ancienne usine de Blériot Aéronautique à Suresnes sont exposées à leur emplacement d’origine. Le bâtiment actuel est occupé en partie par le groupe Airbus.
Ses succès en aéronautique lui assurèrent des commandes militaires pour la guerre de 14-18, ce qui l'amena à s'agrandir pour produire davantage, mais l'Armistice de 1918 fit annuler de nombreuses commandes, ce qui le conduisit à développer son activité moto, avec un succès très mitigé.

Il produisit de 1920 à 1923 une motocyclette dotée :

Moteur : bicylindre
Position : vertical
Temps : 4
Soupapes latérales
Cylindrée : 497 cm3
Puissance : 12 ch à 3 000 tr/min
Vitesses : 3
Transmission : secondaire par courroie
Roues : pleines
Suspensions avant : fourche oscillante à roue tirée
Suspensions arrière : en option
Frein avant : sans
Frein arrière : tambour et patin
Cadre double arceau ininterrompu attelable à un side-car.
Vitesse maxi : environ 65 km/h.

Louis Blériot est mort au 288, boulevard Saint-Germain, dans le 7e arrondissement de Paris, en 1937

SPAD

En 1920, Louis Blériot décide la fusion de Blériot Aéronautique et de la société de production des aéroplanes Deperdussin SPAD., la nouvelle entité s'appelant Blériot-S.P.A.D. À cette date, les actifs de Blériot-S.P.A.D. comprennent l’usine de Suresnes 28 000 m2, l’école de pilotage de Pau, les ateliers et l’école de Buc et les installations annexes de Bègles.
En 1923, Blériot reprend Blanchard, une firme qui avait déjà construit plusieurs centaines d'hydravions à coque. Le chasseur S.P.A.D.-Herbemont, type 83, fait son apparition dans le but de procéder au recyclage des surplus de stocks de moteurs Hispano-Suiza. Quatre-vingt commandes sont reçues pour cet appareil entre 1924 et 1926.
De 1925 à 1926, le type 61 constitue le meilleur chasseur. Il se présente comme un sesquiplan à structure de dural et coque en bois mû par un moteur Hispano 500 ch. Il ne voit le jour que grâce à quelques commandes polonaises en 1926 et 1927.
En mai 1927, la première personne que Charles Lindbergh demande à voir à l'issue de sa traversée de l'Atlantique n'est autre que Louis Blériot. L'année suivante, une commande du Service technique de l'aéronautique pour le modèle 127 permet à la firme de survivre. Il s'agit d'un lourd monoplan dont l’aile haute était montée sur pylône, avec deux moteurs 500 ch en nacelle et baptisé multiplace de combat
Jusqu’en 1932, la firme du pionnier de la traversée de la Manche devient peu à peu un marchand de prototypes et un réparateur. L'usine de Suresnes travaille en discontinu et aucune série d'avions ne dépasse les 100 unités.
En 1933, Blériot, exsangue, doit négocier un rapprochement avec Farman-Frères. Suresnes ne ferait plus que de petits Farman tandis que le reste de l'activité serait décentralisée à Bègles.

Décès

Épuisé par ses longues luttes, Louis Blériot passe la main avant de mourir précocement le 1er août 1936, à son domicile au 288 boulevard Saint-Germain, emporté par une crise cardiaque. Il est enterré au Cimetière des Gonards à Versailles 78.
Après la mort du grand pionnier, ses affaires passent entre les mains de Farman-Frères et des A.N.F.-Mureaux, associés depuis novembre 1934 dans une Union Corporative Aéronautique U.C.A.
En 1937, le gouvernement français décide la nationalisation de toutes les entreprises françaises travaillant pour la Défense Nationale. La société Blériot-Aéronautique rejoint la société nationale des constructions aéronautiques du sud-ouest SNCASO, qui fusionnera en 1957 avec la société nationale des constructions aéronautiques du sud-est SNCASE pour former Sud-Aviation, qui fusionnera en 1970 avec Nord-Aviation et Société pour l'étude et la réalisation d'engins balistiques SEREB pour former la société nationale industrielle aérospatiale, qui fusionnera en 2000 avec Matra, puis en 2001 avec Daimler Chrysler Aerospace DASA et Construcciones Aeronáuticas Sociedad Anónima CASA pour former European Aeronautic Defence and Space company EADS, devenue Airbus Group en 2014.
L'aéroparc de Buc sera occupé par les Allemands, en 1940, puis utilisé conjointement par l'Armée française, avec des hélicoptères et par des aéroclubs civils, avant de subir la fermeture administrative, en 1970.
Numismatique
L'aviateur est l'effigie d'une pièce de 10 € en argent éditée en 2012 par la Monnaie de Paris, pour la collection Les Euros des Régions afin de représenter le Nord-Pas-de-Calais, sa région natale.

Philatélie

Pour commémorer le 25e anniversaire de la traversée de la Manche par Louis Blériot, la Poste française émet un timbre en 1934

Botanique

Le rosier Aviateur Blériot obtenteur : Fauque, 1910

Distinctions

Commandeur de la Légion d'honneur;
Officier d'académie;
détenteur du Prix Osiris de l'Institut de France en 1909 avec Gabriel Voisin;
Gloire du sport ;
Commandeur de l'Ordre de la Couronne Roumanie en 1910 ;
Officier de l'Ordre de la Couronne d'Italie en 1910.


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#50 Les premiers morts de la grande guerre
Loriane Posté le : 01/08/2015 18:00
Le 2 aout 1914 Jules andré Peugeot et Albert Mayer meurent

premiers morts de 21 et 22 ans ans de la grande guerre alors que celle-ci n'est pas encore déclarée
De manière symétrique, le dernier poilu français mort au combat est Augustin Trébuchon, tué le 11 novembre 1918 à 10 h 55, soit 5 minutes avant l'heure du cessez-le-feu fixée par l'armistice du 11 novembre 1918.


Jules André Peugeot

Jules André Peugeot, né le 11 juin 1893 à Étupes dans le Doubs et mort le 2 août 1914 à Joncherey dans le Territoire de Belfort, est un caporal de l’armée française. Il est le premier mort militaire français de la Première Guerre mondiale.
Issu d'un milieu modeste, il est en octobre 1912 instituteur au Pissoux sur la commune de Villers-le-Lac. Une plaque commémorative sur le mur de l’école rappelle sa nomination à sa sortie de l’école normale de Besançon. Son nom figure sur le monument commémoratif de tous les morts enseignants à l’IUFM de Besançon.
À partir du 28 juin 1914, date de l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand, héritier du trône d'Autriche-Hongrie, et de son épouse Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg, à Sarajevo, le jeu des alliances a conduit l’Europe au bord de la guerre. Le 1er août, l’Allemagne et la France décrètent leur mobilisation pour le lendemain.
Depuis le mois d'avril, Jules André Peugeot, qui effectue son service militaire, est caporal. Au cours de l'été suivant, il prépare le concours des officiers de réserve. Son régiment faisant partie des troupes de couverture, il a pour mission de surveiller la frontière franco-allemande, en cas de tension entre les deux pays.

Incident de Joncherey, et

premiers morts d'une guerre non encore déclarée

Commandant une escouade de la 6e compagnie du 2e bataillon du 44e régiment d'infanterie de Lons-le-Saunier, le caporal Peugeot fait barrage le 2 août 1914 à un détachement de reconnaissance allemand de huit hommes du Jäger-Regiment zu Pferde Nr. 5, le 5e régiment de chasseurs à cheval de Mulhouse, qui progresse vers Joncherey en venant de Faverois après avoir violé la frontière française. Le sous-lieutenant Albert Mayer commande ce détachement. Après avoir sabré sans la tuer la sentinelle française postée en avant de l'escouade, Mayer tire trois fois en direction de Peugeot. Ce dernier riposte et atteint le cavalier d’une balle dans le ventre. Mais la deuxième balle allemande a mortellement blessé le caporal Peugeot. Revenant sur ses pas, il s’affaisse devant la maison des Docourt et meurt à 10 h 7. Il est le premier mort militaire français d'une guerre qui ne commença officiellement que le lendemain 3 août, avec la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France, et qui devait coûter la vie à dix millions d'hommes. Atteint d'une seconde balle française après celle de Peugeot, le sous-lieutenant Mayer est quant à lui, le premier tué allemand. Les deux jeunes hommes avaient presque le même âge, 21 et 22 ans.

Hommages

En souvenir de la mort de Jules André Peugeot, M. Docourt met en place sur la façade de la maison une plaque avec une croix et le texte : « Ici mourut le caporal Peugeot, 2 août 1914 .
Le 26 juillet 1922, Raymond Poincaré, à l'époque ancien président de la République, inaugure devant 5 000 personnes à Joncherey le monument érigé pour le caporal Peugeot. Dans son discours, il explique que le caporal Peugeot a été « assassiné » car il a été tué un jour avant la déclaration de guerre avec l'Empire allemand. En juillet 1940, le monument de Joncherey est détruit par l'occupant allemand. Mais en 1959, il est reconstruit sous la forme d'un mur souvenir.
En juillet 1930, la rue Anatole-France située dans le 17e arrondissement de Paris, à la limite avec Levallois-Perret, est rebaptisée au nom du caporal Peugeot. Un petit square adjacent porte également son nom.
Le 2 août 2014, une cérémonie est organisée à Joncherey, en mémoire des deux premières victimes de la Grande Guerre, Jules André Peugeot et Albert Mayer.

Albert Mayer

Albert Otto Walter Mayer, né le 24 avril 1892 à Magdebourg et mort le 2 août 1914 à Joncherey dans le Territoire de Belfort, est un officier allemand de la Deutsches Heer. Âgé alors de 22 ans, il est considéré comme le premier militaire allemand tombé au combat, lors de la Première Guerre mondiale1.
Cavaliers du Jäger-Regiment zu Pferde Nr. 5, lors d'une pause.
Albert Otto Walter Mayer naît à Magdebourg, en Saxe-Anhalt, le 24 avril 18921. Ses parents déménagent par la suite dans la région de Mulhouse2, une ville industrielle dynamique du Reichsland Elsaß-Lothringen, un ancien Land correspondant aujourd'hui aux trois départements de l'Alsace-Moselle.
Il s'engage en 1912 dans la Deutsches Heer, l'armée impériale allemande, avec le grade de Leutnant, sous-lieutenant. Après ses classes, il est affecté au Jäger-Regiment zu Pferde Nr. 5, le 5e régiment de chasseurs à cheval, dont la garnison est à Mulhouse.
Lors de la mobilisation allemande qui commence le 2 août 1914, la défense de toute la Haute-Alsace est confiée temporairement aux unités en garnison à Mulhouse, formant la Deckungstruppen Oberrhein, soit la 58e brigade d'infanterie badoise et la 29e brigade de cavalerie, celle-ci regroupant le 5e chasseurs à cheval et le 22e dragons badois.

Incident de Joncherey, et

premiers morts d'une guerre non encore déclarée

Le 2 août 1914, premier jour de la mobilisation allemande, le sous-lieutenant Mayer est affecté au 3e escadron, au commandement d'un détachement de reconnaissance de huit hommes, dans le Sundgau. Les positions françaises sont à une dizaine de kilomètres de la frontière. Il reçoit la mission de faire une reconnaissance armée en profondeur pour les repérer, ce qui implique de franchir la frontière, en armes. Tôt dans la matinée, il quitte Seppois-le-Bas où il est cantonné. Il traverse la frontière franco-allemande en direction de Courtelevant dans le sud du Territoire de Belfort, puis dépasse Faverois.
Juste avant dix heures du matin, à la tête de sa patrouille, il aborde le village de Joncherey par la route. En face de la ferme Docourt, il rencontre l’escouade française du caporal Jules-André Peugeot. Albert Mayer sabre la première sentinelle postée sur la route, puis tire à trois reprises en direction du caporal Peugeot qui sort de la ferme, le blessant mortellement. Celui-ci riposte et blesse Albert Mayer au ventre. Une seconde balle tirée par un autre militaire français le touche ensuite à la tête, le tuant sur le coup et faisant de lui le premier tué allemand d'une guerre non encore déclarée. Le caporal Peugeot meurt quelques instants plus tard des suites de ses blessures, devenant à son tour le premier tué français du conflit à venir3,4. Les deux jeunes hommes, premières victimes d'une guerre qui allait tuer des millions d'hommes, avaient presque le même âge, 21 et 22 ans.
Le 3 août 1914, Albert Mayer est enterré à Joncherey. Sa dépouille est par la suite transférée au cimetière militaire allemand d'Illfurth, non loin de Mulhouse, où il repose aujourd'hui5. Son casque est conservé au musée de l'Armée à Paris.

Hommages

Le 2 août 2014, une cérémonie6 a lieu à Joncherey, en mémoire des deux premières victimes de la Grande Guerre, Jules André Peugeot et Albert Mayer. À cette occasion, une gerbe est déposée sur sa tombe au cimetière militaire allemand d'Illfurth dans le Haut-Rhin, par la commune et les anciens combattants de Joncherey.
André Peugeot et Albert Mayer, les premiers morts de la guerre le 02 août
Dans chaque ville et chaque village de France, à côté de l'église et de la mairie, se dresse un monument aux morts. Il égrène les noms des hommes qui ont donné leur vie pendant la Grande Guerre. Des inconnus auxquels on doit un peu de notre liberté. Certains noms, de part leur célébrité, restent gravés dans la mémoire collective comme ceux d'hommes qui donnèrent leur vie pour leur patrie : Charles Peguy, Alain Fournier, Louis Pergault, incarnent dans nos esprits ces victimes du conflit, françaises et allemandes. Parmi ce Panthéon de noms de tombés au champ d'honneur, deux anonymes ont une place particulière et symbolique. Leurs noms ? Jules André Peugeot et Albert Mayer. Ils n'étaient ni poètes, ni écrivains. Pourquoi L'Histoire, si prompte à oublier les noms des millions de morts, a-t-elle retenu leurs noms?
Ils sont le premier mort français et le premier mort allemand de la guerre. Le 2 Aout 1914, il y a 101 ans, leur rencontre leur fut fatale.

Itinéraire de Jules André Peugeot

Jules André Peugeot est né le 11 Juin 1893 à Etupes, dans le Doubs. Fils d'un ouvrier d'usine et d'une institutrice, il désire très jeune suivre le chemin de sa mère. Il entre à l'école normale de Besançon, dont il sort en octobre 1912, prenant son premier poste d'instituteur à l'école du Pissoux, sur la commune de Villers le Lac, à la rentrée de cette même année. Il enseigne un an dans cette école, habitant le village.
Le 26 Novembre 1913, ce hussard noir de la République, appelé pour son service militaire, rejoint l'infanterie. Après s'être présenté à Belfort, il est affecté au 44e Régiment d'infanterie, à Montbéliard, qui appartient à la 14e Division. Incorporé dans la 27e bataillon, au fort du Lomont, il se fait à la vie militaire, et, le 1er Avril 1914, il est promu au grade de caporal. Il suit aussi, à partir de juillet, le peloton des élèves officiers, et réussit des examens qui lui auraient permis, en 1916, une fois ses trois ans de service terminés, de devenir officier de réserve. Il est estimé des hommes sous son commandement et de ses supérieurs.
En Juillet 1914, son unité est déplacée à Montbéliard, en perspective d'une guerre avec l'Allemagne. Après la mobilisation, le gouvernement, en gage d'apaisement, ordonne aux troupes des frontières de reculer de 10 km. Le bataillon de Peugeot, appartenant au 44 RI, s'établit dans le village de Joncherey, près de Delle, au matin du dimanche 2 août. Il met en place deux postes d'observation, sur deux hauteurs du village, pour surveiller les routes de Favellois et de Boron. Le poste de la route de Boron fut installé dans une maison en face du cimetière, et Peugeot, chargé de celui de Favellois, prit place dans la maison de la famille Drocourt, à environ 700 m à l'est du village, où il fut accueilli avec ses 4 hommes. Il place un soldat en sentinelle à une cinquantaine de mètres de la maison.

Itinéraire d'Albert Mayer

Albert Otto Walter Mayer est né le 24 avril 1892, à Magdeburg en Saxe-Anhalt. Lors de son enfance, sa famille déménage à Mulhouse, en Alsace. Il y passe sa jeunesse, et s'engage en 1912 dans l'armée allemande. Il est en 1914 lieutenant du 5e Régiment de Chasseurs à cheval, qui fait partie de la 29e brigade de cavalerie, affectée à la 29e division d'infanterie, basée à Mulhouse.
Début août, son unité reçoit l'ordre de patrouiller le long de la frontière. Voyant qu'il n'y a pas de troupes françaises dans le secteur, on donne au leutnant Mayer l'ordre de pousser plus en avant la reconnaissance. À la tête d'une patrouille de 7 cavaliers, il couche à Bisel, puis, le lendemain, pénètre sur le territoire français aux alentours de 8 heures. La patrouille traverse le village de Rechesy, puis, dans la localité suivante, Courtelevant, Mayer aurait déclaré à une jeune fille "Nous allons faire de grandes choses".

Récit d'une rencontre tragique

Alors que la section du caporal Peugeot s'apprêtait à prendre son petit déjeuner, la patrouille de Mayer longe le bois des coupes voisins. Nicolet, la fille de 9 ans de M Docourt, aperçoit des casques à pointe dans le champ voisin. Elle courre vers la maison et crie "Voilà les Prussiens ! Voilà les Prussiens !", tandis que la sentinelle voit la patrouille et alerte ses camarades au cris de "Aux armes, aux Armes !".
Mayer, qui voit la sentinelle avertir les Français, charge le soldat, sabre au clair et revolver sorti. Il lui assène un coup de sabre, qui, arrêté par l'équipement et l'uniforme, ne le blesse heureusement que très légèrement, et l'envoie dans le bas côté de la route. Il fonce alors à bride abattue vers le village.
Peugeot, sorti de la maison, s'interpose en criant à l'agresseur"Halte-là !". Il met en joue Mayer, et en réponse, le leutnant tire trois balles de son Luger Parabellum. La première et la troisième se perdent, mais la seconde atteint Peugeot à l'épaule et ressort part l'autre épaule, sectionnant l'aorte, ce qui constitue la cause de la mort presque immédiate de Peugeot. Avant de s'écrouler, il réussit à tirer lui même une balle, qui atteint Mayer à l'estomac. Il fait quelques pas, lâche son fusil et s'effondre sur le pas de la porte. Les autres soldats français ouvrent le feu à leur tour, et une balle atteint le jeune officier à la tempe. Il continue sa course quelques mètres puis tombe de son cheval.

Suite des événements

Le soldats de Mayer, constatant la mort de leur officier, se débandent. Trois se jettent dans le bois tout proche. Deux d'entre eux réussiront à regagner la frontière allemande, le troisième sera porté disparu. Trois cavaliers tentent de contourner le village, mais, sous le feu du deuxième poste de garde, leurs chevaux sont tués, et ils se dispersent à pied. Deux sont récupérés dans la journée, soignés par les infirmiers du 44e RI et partent pour Belfort, où la population accueille dans l'enthousiasme les premiers prisonniers de guerre.
Le troisième, Peters, reste deux jours dans les bois, se nourrissant de baies, avant de décider le 4 de se rendre. Alors qu'il s'approche, à bout de force, de Joncherey, la sentinelle lui tire dessus. La balle lui transperce le poumon gauche. Il est ramené au village, et de là transporté à l'hôpital de Delle. Aucun vaisseau important n'étant touché, il est soigné et se fait apprécier des habitants de la ville, qui lui apportent du vin et des friandises, mais aussi des soldats en convalescence, qui ne le considèrent pas comme un ennemi, mais plutôt comme un ami. Le 1er Septembre, il est évacué vers l'hôpital de Montbéliard, qu'il quitte en décembre.

Sort de Peugeot et Mayer

Les dépouilles des deux jeunes hommes sont transportées dans une grange au centre du village, où deux infirmiers font leur toilette funèbre. Les corps sont examinés par le médecin du 44e RI, le docteur Lihierge, qui note avec soin les détails de leurs blessures.
Le corps du caporal Peugeot est ensuite transporté en voiture à Etupes, et placé "Dans le lit où il était né", selon les mots de sa mère. Celle ci a conservé pieusement la chemise que portait Jules André Peugeot au moment des faits, percée aux deux épaules par les trous d'entrée et de sortie de la balle qui l'a tué. Le 4 août, soit le lendemain de la déclaration de guerre officielle, il est inhumé dans la tombe du colonel Pechin, son grand-père maternel.
Quant à Mayer, il fut enterré avec les honneurs militaires le 3 août, dans un cercueil fourni par l'hospice de Delle, et aux frais des officiers du 44e RI. Durant toute la durée de la guerre, il reposa au cimetière de Joncherey, sa tombe étant surmontée d'une croix de bois indiquant "Officier allemand, tué le 2 août 1914 ".
A la fin de la guerre, sa famille réclama son corps et il fut transféré dans un caveau à Mullheim, puis au cimetière militaire d'Illfurt.

Monument commémoratif

M Docourt, pour commémorer la mort tragique du caporal et du lieutenant, posa sue le mur de la maison une plaque, avec une une croix, qu'il incrusta de verroterie. Il grava sous cette croix la date de l'engagement, et l'accompagna de l'inscription"Ici mourut le caporal Peugeot".
En 1922, suite à une souscription, on éleva un monument à la mémoire du caporal Peugeot, qui fut inauguré par le président Poincaré. Il se constituait d'un pylône, surmonté d'une effigie de Peugeot. Au bas de ce pylône, une oeuvre en relief de l'artiste Armand Block montre Germania poignardant dans le dos un soldat français.
Sur le socle du monument figuraient le nom de villes ayant participé à la souscription mondiale et un inscription relatant les circonstances de la mort du caporal.
Ce monument fut détruit en juillet 1940 par l'occupant allemand.
Le 20 Septembre 1959, pour le 45e anniversaire des événements, un nouveau monument est érigé.

Conclusion

La rencontre entre cette patrouille allemande et ce poste de garde français, qui aurait pu n'être qu'un banal incident frontalier, fit des deux victimes de ce drame les premiers morts français et allemand de la Grande Guerre. Comment ne pas faire de ces deux victimes des symboles des millions à venir? Ils étaient jeunes, ils avaient la vie devant eux, ils avaient grandi à 30 km l'un de l'autre. Pourtant, aucun des deux n'hésita lorsqu'il mit en joue le jeune homme qui lui faisait face, et lorsqu'il pressa la détente. Et maintenant, ils reposent à 30 km l'un de l'autre. Comme pour nous rappeler l'absurdité de cette guerre. Comme pour donner un exemple tragique à Victor Hugo, qui disait

Article de Marie Quenet - Le Journal du Dimanche

Les morts du jour d'avant…
Ils sont tombés le 2 août 1914, avant même la déclaration de guerre. Samedi, un siècle plus tard, le caporal français Peugeot et le sous-lieutenant allemand Mayer ont été honorés. Ensemble.

Le Français avait 21 ans, l'Allemand, 22. Le caporal Jules-André ­Peugeot et le sous-lieutenant Albert Mayer ont été tués le 2 août 1914, lors d'un échange de tirs, un jour avant que l'Allemagne ne déclare la guerre à la France. Cent ans après, jour pour jour, une cérémonie leur a hier rendu hommage, à Joncherey Territoire de Belfort, là où ils sont tombés. Et pour la première fois on a commémoré, ensemble, la mort de ces deux premières victimes militaires de la Grande Guerre.
Ce dimanche matin de l'été 1914, tout est calme. Les troupes françaises avaient reçu l'ordre de reculer d'une dizaine de kilomètres par rapport à la frontière allemande afin d'éviter le moindre incident. Le caporal Peugeot a installé un poste de surveillance dans une ferme isolée près de Joncherey, à 12 km de la frontière. Il vient de finir une lettre à ses parents – "Il n'y a encore rien de grave, ne vous désolez pas" – quand la fille de la maison, partie chercher de l'eau à une source voisine, revient paniquée : "Voilà les Prussiens!" Elle vient d'apercevoir le sous-lieutenant Mayer et ses six hommes.
Quelques jours auparavant, le soldat allemand a en effet été désigné à la courte paille pour une mission de reconnaissance en territoire français. Le voilà donc qui galope vers le poste tenu par le caporal Peugeot. Celui-ci sort de la ferme, le met en joue, et crie : "Halte-là!" L'Allemand tire trois fois et blesse mortellement Peugeot. Mais ce dernier a lui aussi le temps de faire feu. Le lieutenant Mayer est touché à l'aine. Il s'effondre 200 mètres plus loin, atteint à la tête par un autre soldat français. Il est 10h07 ce 2 août 1914.
Les dépouilles des deux hommes reposent quelques heures côte à côte sur un lit de paille. Le sous-lieutenant allemand est inhumé le lendemain dans le cimetière de Joncherey, puis transféré à ­Illfurth, dans le Haut-Rhin. Le caporal français, lui, est enterré le 4 août à Étupes, son village natal. En 1922, une stèle à sa mémoire est inaugurée à Joncherey avec cette inscription accusatrice : "Plus de trente heures avant qu'elle ne déclare la guerre à la France, l'Allemagne impériale et royale répandit le premier sang français." Le monument, détruit par les troupes allemandes en 1940, sera reconstruit en 1959. Chaque année, le village commémore la mort du caporal Peugeot, jeune instituteur qui faisait alors son service militaire. Nommé caporal en avril, il devait commencer une formation d'officier. Aujourd'hui, des rues, une école, un square portent son nom. À Joncherey, son képi est conservé dans un coffre-fort de la mairie, sa visière soigneusement cirée.
"Nos familles ont perdu un fils beaucoup trop jeune"
Mais cette année, on célèbre aussi Mayer, premier soldat allemand tué sur le sol français. Aîné d'une famille aisée de quatre enfants, passionné d'équitation, le jeune homme avait rejoint un régiment de chasseurs à cheval. "Jusqu'à maintenant, nous évoquions plutôt le lieutenant Mayer en tant qu'agresseur et non comme victime. Mais le déroulé de la cérémonie a changé, les mentalités aussi", explique Maurice Nicoud, l'ancien maire de Joncherey.
Les descendants des victimes, présents hier à la cérémonie, approuvent. "C'est bien de rassembler nos deux familles. Elles ont connu le même destin, chacune a perdu un fils beaucoup trop jeune", estime Sibylle Frey, petite-nièce du Prussien. De la terre provenant des deux tombes a été déposée hier aux pieds du mémorial Peugeot. "Comme l'a dit le général Foch au lendemain de la bataille de la Marne : dans cette affaire, il n'y a rien à fêter, il y a eu trop de morts", conclut le général Irastorza, qui préside la mission du centenaire de la Première Guerre mondiale. "Il faut simplement essayer de comprendre comment on a pu en arriver là, et honorer tous les combattants de la Grande Guerre dans un esprit de réconciliation." Dix millions de soldats ont été tués pendant le conflit.

Une guerre entre européens, c'est une guerre civile.

Discours de Nicolas Sarkosi

Président de la République Française, à l'occasion de la mort de Lazare Ponticelli, dernier poilu, le Lundi 17 mars 2008

Le dernier survivant vient de rejoindre le premier mort de la plus atroce des guerres.
Qui se souvient de ce premier mort ?
Il était Caporal. Le 2 août 1914, en poste dans le village de Joncherey au sud-est du Territoire de Belfort, il s’oppose à une patrouille allemande qui a violé la frontière. Il fait les sommations d’usage.
En réponse, l’officier qui commande la patrouille sort son revolver et tire. Il est mortellement touché.
Avant de mourir il a le temps de riposter et de blesser mortellement à son tour celui qui vient de luiôter la vie.
On pose les deux corps dans une grange côte à côte sur un lit de paille.
Le Français a 21 ans à peine. Il est instituteur. Il s’appelle Jules-André Peugeot.
L’Allemand est Alsacien, natif de la région de Mulhouse. Il a tout juste 20 ans. Il s’appelle Camille Mayer.
Ils aimaient la vie comme on l’aime à 20 ans. Ils n’avaient pas de vengeance, ils n’avaient pas de haine à assouvir.
Ils avaient 20 ans, les mêmes rêves d’amour, la même ardeur, le même courage.
Ils avaient 20 ans et le sentiment que le monde était à eux.
Ils avaient 20 ans, ils croyaient au bonheur.
Ils sortaient à peine de l’enfance et ils ne voulaient pas mourir.
Ils sont morts tous les deux par un beau matin d’été, en plein soleil, l’un d’une balle à l’épaule, l’autre d’une balle en plein ventre, ils étaient les premiers acteurs inconscients d’une même tragédie dont le destin aveugle et la folie des hommes avaient depuis longtemps tissé secrètement la trame sinistre qui
allait prendre dans ses fils une jeunesse héroïque pour la conduire au sacrifice.
Ces deux morts de 20 ans ne virent pas la suite effroyable de ce qu’ils avaient commencé, ces millions de morts tombés face contre terre fauchés par les mitrailleuses, noyés dans la boue des tranchées, déchiquetés par les obus. Ils ne virent pas non plus l’immense foule de ces millions de blessés, de paralysés, de défigurés, de gazés, qui vécurent avec le cauchemar de la guerre gravé dans leur chair.
Ils ne virent pas les parents qui pleuraient leurs fils, les veuves qui pleuraient leurs maris, les enfants qui pleuraient leurs pères.
Ils n’éprouvèrent pas la souffrance d’un soldat qui fume cigarette sur cigarette pour vaincre l’odeur des morts abandonnés par les leurs qui n’ont même pas eu le temps de jeter sur eux quelques mottes de terre, pour qu’on ne les vît pas pourrir .
Ces deux jeunes de vingt ans ne connurent pas les nuits de pluie, l’hiver, dans les tranchées, l’attente
silencieuse et grelottante, les minutes longues comme des heures ».
Ils ne croisèrent pas les colonnes qui revenaient du feu « avec leurs plaies, leur sang, leur masque de souffrance et leurs yeux qui semblaient dire à ceux de la relève : N’y allez surtout pas !
Ils ne se battirent pas sans relâche contre la boue, contre les rats, contre les poux, contre la nuit, contre le froid, contre la peur.
Ils n’eurent pas à vivre pendant des années avec le souvenir de tant de douleurs, avec la pensée de tant
de vies foudroyées à côté d’eux et des corps qu’il fallait enjamber pour monter à l’assaut.
...
Fan de Bruce et de BaT !

There are two kinds of pain. The sort of pain that makes you strong, or useless pain, the sort of pain that's only suffering. I have no patience for useless things.
Frank J Underwood
Si vis Pacem, para Bellum.
Publius Flavius Vegetius Renatus


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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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