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Re: Nouveau défi du 18/04/2014
Plume d'Or
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Excellent ma chère Couscous, comme d'habitude.

En plus, je me fais vanner sans vergogne alors que je ne chausse que du cinquante sept.
J'ai adoré la séquence où il embrasse la moquette (alors que moi je la fume d'ordinaire) et ses relations avec son épouse.
J'avoue que j'en ris encore et je vais de ce pas (palmé) me la relire encore.
Bravo !
Donald

PS: C'est ton texte qui m'a le plus fait rire depuis que je te lis.

Posté le : 20/04/2014 00:08
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Re: Nouveau défi du 18/04/2014
Plume d'Or
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Les chanceux anonymes


— Bonjour, je m’appelle Donald et cela fait quatre-vingt dix jours que j’ai gagné à l’Euro-million.
— Bonjour Donald !
— Je suis venu ici ce soir parce que je n’arrive plus à rejoindre la réalité depuis ce gain inespéré.
— C’est pour cela que notre association existe, Donald. Raconte nous sans ambages ce qui t’est arrivé. Nous ne te jugerons pas car beaucoup de nos membres ont, un moment ou un autre, vécus les mêmes événements que toi, connus les mêmes situations et peut-être pris les mêmes décisions.
— Merci de cet accueil ; je ne savais vraiment plus vers qui me tourner.
— Il y a trois mois, je vais comme d’habitude chez mon buraliste de quartier valider mon ticket de Loto et acheter mon journal. Vous avez tous connu cette fausse déception quand la machine vous annonce que vous n’avez rien gagné, sans même vous réconforter par un message d’encouragement.
— Dans ma procédure classique, je contrôle d’abord mes éventuels gains et ensuite je choisis mon journal, de préférence un magazine scientifique ou géopolitique. Autant vous dire qu’au fur et à mesure des années, le choix du périodique a plus mobilisé mes neurones que le reste du processus.
— Ce jour n’était pourtant pas différent des autres jours ; Paris sentait des pieds, le commerçant racontait ses sempiternelles platitudes et les mémés de service me poussaient à coup de caddy. Rien de neuf sous un soleil toujours absent du ciel. J’étais parti pour une énième remise en cause de ma petite addiction à ce jeu de hasard qu’on surnomme la loterie nationale et qui depuis des années a pris de multiples formes pour attirer le gogo.
— Vous n’êtes pas n’importe qui, Donald. Vous êtes un élu. La main divine s’est posée sur vous et votre vie a changé.
— Merci ! Je disais donc ; je passe le ticket devant l’œil électronique qui déclare qui a gagné ou perdu et je regarde l’écran, sans la moindre illusion. Devinez ce qui est arrivé à ce moment précis.
— La machine vous a signifié votre gain et vous a indiqué qui contacter pour le récupérer. C’est ce que nous avons tous vécus ; je croyais que vous le saviez.
— Diantre ! J’oubliais que vous êtes déjà au courant de tout ça. Je vais accélérer et vous passer les détails du délire chez le buraliste, de la mémé qui tombe dans les pommes, du cérémonial à la Française des Jeux, des innombrables rendez-vous avec moult banquiers et conseillers fiscaux sans compter les psychologues spécialisés dans le dégonflage de tête.
— J’ai de la chance dans mon malheur car je dis que gagner une telle somme n’est pas forcément la meilleure chose qui puisse arriver. Ce qui me sauve en partie c’est que ma famille est peu nombreuse. Mes parents n’ont pas besoin de mon argent pour vivre mieux étant donné que leur vie aisée dans une retraite paisible et sans dettes leur suffit. Je n’ai ni frère et sœur et mon seul cousin germain, Gontran le chanceux, a déjà eu de la chance en épousant une très riche héritière assez évaporée pour le confondre avec le prince charmant.
— En fait, mon plus grand problème a été moi-même ; j’ai connu le syndrome d’Harpagon. J’ai cru que tout le monde en voulait à ma fortune récemment acquise et je me suis enfermé dans une tour d’ivoire. J’ai pourtant usé de stratagèmes plutôt bien fichus ; une fois l’énorme somme à huit chiffres déposée sur mon compte, j’ai pris un congé d’une semaine pour organiser tranquillement mon évasion fiscale. Évidemment, j’ai informé ma compagne de mes gains car c’est une femme divorcée et mère de deux enfants de sept et huit ans avec qui je ne vis pas, mais j’en ai minimisé l’importance ; d’abord dans les chiffres en divisant par dix la somme réelle et aussi dans l’urgence que je prenais à traiter ma nouvelle situation. Puis je lui ai dit que je prenais un répit de sept jours pour me remettre de la nouvelle et aussi parce que j’en avais besoin depuis longtemps. En quatre ans de relation je ne lui avais jamais menti auparavant. J’en ai encore honte.
— Vous avez certainement un peu exagéré dans le registre de la paranoïa, Donald, mais il y a beaucoup de gagnants qui se font dépouiller en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le plus souvent par leur propre famille. Il faut savoir que les pires prédateurs au sein de la famille sont, dans ce cas bien précis, la femme ou la conjointe ainsi que les enfants. Les statistiques les placent devant les pères et mères ou les frères et sœurs. Enfin, sans pour autant vouloir vous dédouaner de votre coupable faiblesse, les situations dont je parle peuvent aller jusqu’au crime de sang.
— Je ne dirais pas que cela me rassure. J’ai continué dans le mensonge en prétextant une envie de me ressourcer à la campagne. Je savais que ma compagne ne pouvait pas m’accompagner car son ancien mari ne lui aurait jamais facilité la tâche pour me rejoindre dans des vacances impromptues.
— Une fois cette dernière écartée, je pouvais préparer ma future vie de rentier. J’ai visité des endroits où tout est organisé pour faciliter l’existence des gens fortunés. J’ai également contracté avec une agence spécialisée pour mettre en œuvre ma prochaine disparition des radars de mon ancienne existence. Il ne me restait plus, de retour à Paris, qu’à démissionner de mon poste de consultant en stratégie et le tour était joué.
— Quelle est votre situation actuelle, Donald ?
— J’habite sur une île paradisiaque loin de la communauté européenne, mes comptes sont dispersés dans plusieurs paradis fiscaux, mon identité numérique est en passe de devenir vierge de tout passé et je me suis débarrassé de ma précédente compagne par une rupture savamment orchestrée. Je mène désormais une vie de riche célibataire dans une maison somptueuse avec majordome, femmes de chambre, cuisinier et tout ce qui rend le quotidien si facile. Quant à ma vie sociale, elle suit le rythme de mon club d’hommes friqués, entre parties de pêche en haute mer et cocktails luxueux, agrémentée de nuits torrides avec des beautés scandinaves et des geishas japonaises en nombre illimité.
— Je ne vois pas dans ce tableau de raison de vous sentir malheureux à moins d’un retour à la religion, d’une crise mystique ou de remords de la dernière heure.
— Détrompez-vous mon cher ; le syndrome d’Harpagon ne cesse de me pourrir chaque minute de chaque jour. Je lis mes relevés de comptes sur un rythme horaire, de mon téléphone mobile à mille dollars ou à partir d’un terminal bancaire, l’essentiel est que je connaisse précisément le montant de mes avoirs. Je fais contrôler mon conseiller fiscal par un de ses concurrents ; j’engage des détectives privés pour me briefer sur mes amis nouveaux riches et je fais signer un protocole aux femmes que je mets dans mon lit. Je ne fais plus confiance en personne, même pas à mes parents et pourtant je dépense des sommes folles pour m’assurer que nul ne puisse me trahir et partir avec ma cassette.
— Je n’apprécie plus cette vie facile à sa juste valeur ; celle où l’oisiveté n’est pas la mère de tous les vices contrairement à ce que prétendent les tartuffes catholiques et les leaders populistes aux gueux qui galèrent chaque jour avec un salaire minimal et pas toujours garanti. Je devrais normalement me satisfaire de bien boire, de bien manger, de passer des nuits torrides avec des femmes sculpturales et dédiées entièrement à me donner du plaisir. Pourtant derrière toute cette luxure, j’ai constamment peur qu’un événement imprévu ou qu’un escroc caché dans mes rideaux ne me prive de mes biens et de mon argent adoré.
— Vous n’allez quand même pas me dire que vous étiez plus heureux avant ?
— Je n’en suis pas encore arrivé là et c’est la raison pour laquelle je sollicite votre aide.
— Nous sommes tout à votre service, mon cher Donald.
— Tant mieux ! Je ne vous demanderais au préalable qu’à signer ce petit protocole d’accord. Au cas où. Les bons comptes font les bons amis et les bons contrats améliorent les rapports.
— Comme il vous plaira. Nos juristes sont habitués à ces documents et aux procédures qu’ils impliquent. Je suppose que vous avez déjà enquêté sur notre groupe et sur moi en particulier.
— Plutôt deux fois qu’une !

Posté le : 19/04/2014 13:06
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Re: Nouveau défi du 18/04/2014
Plume d'Or
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Belle ode à la simplicité mon cher Bacchus.
Entre poètes, on ne se rate pas à ce que je vois.
Bravo !

Posté le : 19/04/2014 12:57
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Re: Nouveau défi du 18/04/2014
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Ahaha, sacré kjtiti, tu vas passer au vingt heures pour détournement de ... défi.
J'ai encore bien aimé ce poème.
Je vais boire à ta santé un peu de ce nectar bourguignon que m'a laissé mon dernier visiteur, celui qu'Igor a déposé dans la crypte pour un repos bien mérité même si éternel.
Profite bien de ton week-end.
Donald.

PS: Demain est un autre jour (j'adore cette phrase que je dédie à ma Belge préférée).

Posté le : 18/04/2014 19:00
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Re: Nouveau Défi !!!!!!
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Le poète kjtiti a frappé fort.
Excellent !
Et tu rejoins la vision sociale du premier texte.
Bravo, j'ai adoré.
Merci !
Donald

Posté le : 16/04/2014 20:36
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Re: Nouveau Défi !!!!!!
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Maurizio, je crois que ton poème est plus inquiétant que toutes nos histoires.
Depuis que je l'ai lu, je porte des lunettes infrarouges qu'un copine de la CIA, une belge qui se ballade nue avec ses gaufres liégeoises, m'a fourni. Et si ça ne suffit pas, j'ai un vieux GPS normand qu'une Havraise m'a fourgué contre quelques bibines. Pourquoi un GPS normand ? Parce que c'est le seul instrument de navigation capable de repérer le mont Saint Michel dans la brume et la pluie.
Avec ça, je devrais te percevoir avant que tu ne m'étrangles.
Arggg. Trop tard.
Tu m'as eu.

Posté le : 15/04/2014 00:00
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Re: Nouveau Défi !!!!!!
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Merci Couscous pour ton commentaire.
Je ne sais pas s'il m'a rejoint vu que j'ai quitté ma chambre la veille.
Mais je crois quand même qu'il n'en est pas loin.
A bientôt pour un autre défi.
Donald.

Posté le : 14/04/2014 23:55
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Re: Nouveau Défi !!!!!!
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Ahah, sacré Bacchus.
Dis, tu ne serais pas un petit peu asocial, par hasard ?
Bravo en tout cas pour cette histoire.
Donald

Posté le : 14/04/2014 23:53
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Re: Nouveau Défi !!!!!!
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Ahahah, le coup de la femme invisible qui travaille à la C.I.A.
Impayable !
Bravo, Couscous, je reconnais bien là ton légendaire humour.
Donald.

Posté le : 13/04/2014 20:07
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Re: Nouveau Défi !!!!!!
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Pour une poignée de croissants


Ce dimanche matin, j’émerge difficilement après une nuit de débauche dont je ne me rappelle même pas la fin. Mon estomac gargouille ; il me faut le contenter et je décide tout de go de descendre sur le boulevard Voltaire acheter des viennoiseries dont mon boulanger habituel a fait sa spécialité. L’ascenseur est en panne et je demande à mes jambes de me porter jusqu’en bas de ces quatre étages. Je suis enfin dans la rue ; le soleil est déjà haut et les nuages dansent, annonçant une averse parsemée de coups de vent. Je marche tranquillement sur le pavé parisien, sans nul mal de crâne malgré la lumière qui éblouit mes yeux. J’arrive à la boulangerie qui est déjà bondée ; je patiente dans la queue pendant que les vendeuses servent les nombreux clients et écoutent les mémés raconter leur samedi. Je ne comprends rien à ce qu’elles disent mais cela ne m’intéresse pas de toutes façons. Enfin mon tour arrive ; je demande deux croissants et une baguette de pain. La jeune femme derrière son comptoir ne semble pas m’entendre alors je réitère ma commande. Elle m’ignore encore et s’occupe d’une dame forte placée juste dans mon dos. Cette impolitesse me sidère et je commence à m’énerver. Personne ne remarque ce manège et je ne peux compter que sur moi-même pour rétablir la justice. J’élève la voix, disant d’une voix audible que j’étais là avant cette cliente et que je suis un habitué et que de telles choses ne se font pas dans un pays civilisé. Le résultat n’atteint pas la hauteur de mes espérances et je reste invisible aux yeux de la grosse blonde censée servir la clientèle de ce commerce de quartier. Je baisse les bras car rien ne sert d’insister en face de ces abruties qui ne m’ont jamais aimé. Pour elles, je suis le pigeon de service, le célibataire endurci arrivé récemment dans ce petit village gaulois où même les touristes japonais évitent de circuler.

Je remonte le boulevard à la recherche d’une petite supérette qui saurait me fournir les friandises sucrées que mon organisme demande pour se reconstituer. J’en trouve une rapidement et j’entre en ces lieux ; les rayons sont plutôt bien achalandés avec des produits frais et d’apparente qualité. Une musique orientale agrémente le magasin et calme mon humeur devenue massacrante par la conduite stupide d’une boulangère obèse. Je choisis des gaufres liégeoises, en souvenir de mon amie belge, Delphine, qui m’a fait connaître ce délice la dernière fois que je l’ai vue au Salon du Livre à Bruxelles. J’ajoute à mes emplettes un pack de soda d’une marque inconnue sauf de ce boutiquier. Je me dirige vers la caisse tenue par un homme d’age mûr et cette fois je suis seul. Je pose mes articles sur le comptoir de sa caisse et demande au brave commerçant le montant de la note. A ma plus grande stupeur, il ne me répond pas et continue de lire son journal. Je répète ma phrase dans un français moins complexe, car je suis conscient que mon langage châtié n’est pas toujours compris du commun des mortels. Le caissier n’entend pas le son de ma voix mâle alors je lui livre une version un petit peu plus flûtée, que j’agrémente de quelques noms d’oiseaux dans le souci légitime d’attirer toute son attention. Au fur et à mesure que son silence persiste, je durcis ma posture et je donne un concerto pour insultes et jurons. Rien n’y fait, l’impolitesse demeure la constante dans cette situation ubuesque où je ne suis plus rien. Mon mauvais caractère risque de déclencher une colère que je ne veux pas vivre en ce premier jour de printemps. J’opte donc pour une retraite pacifique.

Je me remets en quête de cette nourriture dont mon corps a besoin pour évacuer les restes chimiques de ma soirée précédente. J’essaie quand même de ne pas penser à cet univers de malotrus qui a ce matin remplacé mon voisinage habituel. Pourtant, malgré les injonctions de mon cerveau à mes membres supérieurs, je sens mes mains trembler dans un délire frénétique. Il me faut trouver un banc au plus vite où calmer mes esprits. Je scrute l’horizon d’un regard concentré.

Ma vision devient floue ; le trottoir passe de rectiligne à elliptique tandis que les passants s’estompent et laissent place à des porte-manteaux. J’assiste désormais à un défilé de mode, entre vestes zazoues, pantalons en cuir et chapeaux de cow-boys. Il n’y a plus de rue mais un champ de tulipes. Les bâtiments haussmanniens sont remplacés par des dunes multicolores au sommet desquelles trônent de grands moulins à vents. Je lève la tête pour contempler le ciel et constate simplement que le soleil est devenu vert au milieu de beaux nuages bleus. Une légère brise commence à souffler, parfumée de violette et parsemée de fleurs. On se croirait dans une publicité pour une marque d’eau de toilette japonaise. Il ne manque plus qu’une musique céleste et je pourrais me croire Alice au pays des merveilles. Je me surprends à rire, à déployer mes dents comme les touches d’un piano dont le malheureux concertiste aurait perdu le contrôle. Des voix résonnent à mes oreilles dans une mélopée qui ne me rappelle rien de connu, du moins dans mes souvenirs.

Le temps se gâte soudain ; je reçois des trombes d’eau sur la tête et des claques sur les joues. Je me dis que la météo ne s’annonçait pas aussi brutale ce matin quand je me suis levé. Je ris de plus en plus, de manière hystérique. Des cloches sonnent dans mon crâne et des lumières brillantes aveuglent mes yeux tandis que je sens mon corps léviter en position horizontale. Je me trouve à présent sur un tapis volant, entouré de génies habillés de bleu qui me disent des mots doux dans un vocable magique. Mon bras me pique un peu ; je vois le dard d’une guêpe translucide qui me transperce une veine et envahit mon corps d’un liquide venimeux. J’entre dans une caravane sans chameau, une sorte de rectangle coloré de blanc et de rouge et le carillon dans ma tête se déchaîne à présent. Je tente de m’échapper, criant de toutes mes forces à qui veut bien l’entendre que plus jamais je ne ferais de scandale quand je commanderais mes croissants. Les génies bleus m’entendent enfin et l’un d’eux me sourit. Une main me caresse le front, une autre me drape dans une toile mystérieuse tandis que des vapeurs rougeâtres obscurcissent ma vue. La caravane m’emporte, au son de multiples trompettes, vers une autre dimension où les génies sont des femmes voilées d’un masque blanc. J’entends une dernière fois une voix douce me dire que tout va bien. J’aurais donc mes croissants.

Posté le : 13/04/2014 20:04
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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