Aspirant
Inscrit: 01/09/2013 01:58
De Plaine d'eau vive
Niveau : 5; EXP : 11 HP : 0 / 102 MP : 13 / 3175
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L'accident....
Je roulais depuis des heures déjà , le front en sueur, le rimmel en coulées sombres, des cheveux de bataille, des chats dans les fourrés. Mon ventre se plaignait, grognait, tonitruait. Mes mains semblaient gravées sur le guidon, des serres accrochées à la laine du dernier mouton. Je cherchais mon nid, mon abri, ma maison... On m'avait dit "Quand tu verras la fumée, va vers elle. Tu seras presque arrivée." Je levais le nez, guettant cette foutue fumée qui tardait à venir. Je voyais des oiseaux, des perdreaux de Pâques, des volettes d'appentis, des courbettes de copeaux, pas le moindre trouble au ciel, désespérément translucide. Un ciel sans débordement, comme une gaine vide. Je pris un chemin de terre, tremblant la glotte et frisant les yeux. Je m'amusai, pour me détendre, à entonner quelques chansons. Ma voix grelottait en passant sur les pierres comme si l'hiver m'avait cernée de blanc. Ma robe se secouait en montée de cuisse. Le vent est farceur quand on le laisse chahuter. J'allais donc bon train, les semelles poussiéreuses, des lames dans le dos, des insectes gourmets au fil des dents. Quand soudain, je la vis! Elle était là , à une centaine de mètres, s'étirant timidement au dessus d'un bosquet. L'émotion me fit rater la pédale en passant sur une pierre. Le déséquilibre qui s'ensuivit me projeta en avant, évitant de peu de croquer la sonnette. Je me retrouvai à terre, les jambes emmêlées aux rayons, les genoux égratignés. Par bonheur, ma tête avait trouvé un coussin de verdure, de l'herbe grasse et fraiche pour amortir le choc. Quelques dos de sauterelles, des ailes de coccinelles happées. Je fus pourtant sonnée, et n'osai pas bouger de peur de découvrir des craquements suspects.. Le soleil m'éblouissait, je distinguais des ombres qui frémissaient sur mes jambes nues. A ma bouche un goût de sang. J'avais dû me mordre la lèvre... J'y passai ma langue. Juste un picotement. Bon... Il me semblait être prise dans un jeu de mikado de chairs. Des membres et puis des barres, des chaines, des bouts d'étoffes. Tout semblait se confondre, soudé par la poussière et les feuillages accrochés aux maillons. Une ombre se projeta au dessus de moi. Je frissonnai... "Alors! A quoi tu joues ? On t'attend depuis une heure! La cabane est presque terminée. On a même fait un feu pour se réchauffer." Momo... Il ne saurait jamais combien ce jour je l'ai aimé. Comme je me serais jetée dans ses bras lorsqu'il m'a remise debout. "Et puis pourquoi tu t'es maquillée? T'es pas belle comme ça. On dirait que t'es déguisée." D'une main douteuse, j'ai frotté mes yeux. ça me piquait un peu, mais en lui prenant la main, je souris, oubliant mes genoux en courant avec lui.
Posté le : 22/09/2013 18:49
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