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De Montpellier
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Préparation de la Constitution
L'idée républicaine, déjà en chemin, va s'accélérer subitement à l'occasion de la fuite manquée du roi. Le 24 juin 1791, une pétition réclamant l'instauration d'une République réunit 30 000 signatures à Paris. Le 27 juin, les Jacobins de Montpellier réclament à leur tour la création d'une République. Thomas Paine fonde à la fin juin le club de la Société républicaine, aux idées plus avancées que celui des Jacobins, au sein duquel il élabore un manifeste républicain, où il appelle les Français à en finir avec la monarchie : La nation ne peut jamais rendre sa confiance à un homme qui, infidèle à ses fonctions, parjure à ses serments, ourdit une fuite clandestine, obtient frauduleusement un passeport, cache un roi de France sous le déguisement d'un domestique, dirige sa course vers une frontière plus que suspecte, couverte de transfuges, et médite évidemment de ne rentrer dans nos états qu'avec une force capable nous dicter sa loi. Cet appel est placardé sur les murs de la capitale puis, le 1er juillet 1791, sur le portail de l'Assemblée nationale ; cette initiative ne manque pas de choquer un certain nombre de députés, lesquels se désolidarisent de ce mouvement : Pierre-Victor Malouet parle de violent outrage à la Constitution et à l'ordre public, Louis-Simon Martineau demande l'arrestation des auteurs de l'affiche et Robespierre, enfin, s'écrie : On m'a accusé au sein de l'Assemblée d'être républicain. On m'a fait trop d'honneur, je ne le suis pas! Le 16 juillet, le Club des Jacobins se déchire sur la question de la république ; l'aile majoritaire hostile à un changement de régime se rassemble autour de La Fayette et crée le Club des Feuillants. Le 17 juillet, le Club des Cordeliers (dirigé par Danton, Marat et Desmoulins notamment lance une pétition en faveur de la république. Le texte et les 6 000 signatures sont déposées sur l'autel de la Patrie érigé au Champ-de-Mars pour la 2e Fête de la Fédération du 14 juillet précédent. L'Assemblée ordonne la dispersion de la foule : Bailly ordonne la loi martiale et La Fayette fait appel à la Garde nationale. La troupe tire sans sommation malgré les ordres reçus et fait plus de 50 morts parmi les manifestants. Cet épisode tragique, connu sous le nom de Fusillade du Champ-de-Mars, va constituer un tournant dans la Révolution, aboutissant dans l'immédiat à la fermeture du Club des Cordeliers, à l'exil de Danton, à la démission de Bailly de sa fonction de maire de Paris à l'automne, et à la perte de popularité de La Fayette dans l'opinion. L'Assemblée poursuit la rédaction de la Constitution à partir du 8 août et adopte le texte le 3 septembre. Précédée de la Déclaration des droits de l'homme, elle reconnaît l'inviolabilité du roi, écarte la Constitution civile du clergé réduite au statut de loi ordinaire, maintient le suffrage censitaire et prévoit la nomination des ministres par le roi hors de l'Assemblée. Pour le reste, l'essentiel du pouvoir est dévolu à l'Assemblée, élue pour deux ans. En revanche, rien n'est prévu en cas de désaccord entre les pouvoirs législatif et exécutif : le roi ne peut dissoudre l'Assemblée et celle-ci ne peut censurer les ministres. Ce texte jugé plutôt conservateur déçoit les députés de gauche. Louis XVI prête serment sur la nouvelle Constitution le 14 septembre. L'Assemblée constituante se réunit la dernière fois le 30 septembre pour laisser place, dès le lendemain, à l'Assemblée législative.
Politique extérieure
L'un des premiers domaines qui va échapper au roi est celui de la politique extérieure, qu'il avait jusqu'alors menée avec fierté et efficacité. La Belgique tout d'abord qui, influencée par l'essor révolutionnaire de la France, connaît l'indépendance et la déchéance de l'empereur Joseph II le 24 octobre 1789, lequel est aussitôt remplacé par son frère Léopold II. L'Autriche reprend le contrôle de la Belgique et la République liégeoise prend fin le 12 janvier 1791. Le 22 mai 1790, l'Assemblée profite de la crise de Nootka opposant l'Espagne alliée de la France à la Grande-Bretagne pour décider qui, du roi ou de la représentation nationale, dispose du droit de déclarer la guerre. La question est tranchée ce jour là par le Décret de Déclaration de paix au monde aux termes duquel l'Assemblée décrète que cette décision n'appartient qu'à elle seule. Elle affirme en effet que La nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans le but de faire des conquêtes ... elle n'emploiera jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple. Le 27 août 1791, l’empereur Léopold II et le roi Frédéric-Guillaume II de Prusse rédigent en commun la Déclaration de Pillnitz aux termes de laquelle ils invitent tous les souverains européens à agir d'urgence au cas où ils seraient prêts pour organiser des représailles si l'Assemblée nationale française n'adoptait pas une constitution conforme aux droits des souverains et au bien-être de la nation française. Les comtes de Provence et d'Artois adressent le texte à Louis XVI en l'accompagnant d'une lettre ouverte incitant le roi à rejeter le projet de constitution. Louis XVI est affligé par cette lettre, ayant lui-même adressé peu avant une lettre secrète à ses frères où il leur indiquait jouer la carte de la conciliation ; il leur reproche leur attitude en ces termes : Ainsi vous allez me montrer à la Nation acceptant d'une main et sollicitant les puissances étrangères de l'autre. Quel homme vertueux peut estimer une pareille conduite ?
L'Assemblée nationale législative 1er octobre 1791 - 21 septembre 1792
Composition de l'Assemblée législative en 1791
Louis XVI est appelé Roi des Français par la nouvelle Constitution. Il n'est plus roi par la grâce de Dieu, mais roi des Français, c'est-à-dire non plus un souverain de droit divin, mais en quelque sorte le chef, le premier représentant du peuple français. Il conserve la totalité des pouvoirs exécutifs, qu'il exerce en vertu de la loi humaine85. Cette constitution maintenait en outre le changement du titre du dauphin en prince royal qui avait eu lieu le 14 août 1791.
Le 14 septembre 1791, Louis XVI jure fidélité à ladite constitution.
La nouvelle Assemblée, élue au suffrage censitaire, ne comporte aucun député de l'ancienne Assemblée constituante. Elle comprend 745 députés : 264 inscrits au groupe des Feuillants, 136 à celui des Jacobins et 345 Indépendants.
Crise économique
La France traverse une nouvelle crise à la fin de l'année 1791 : l'agitation populaire qui gagne les Antilles provoque une réduction du sucre et du café, et donc la montée de leur prix. La valeur des assignats se dégrade, le prix du blé augmente et le peuple a faim.
Déclaration de guerre de la France à l'Autriche 1792.
Les 30 octobre et 9 novembre, la nouvelle Assemblée adopte deux décrets sur l'émigration : dans le premier, elle demande au comte de Provence de revenir en France dans les deux mois sous peine de perdre ses droits à la Régence ; le second exhorte l'ensemble des émigrés à rentrer sous peine d'être accusés de conjuration contre la France71 », passible de la peine de mort. Le roi valide le premier décret mais oppose son veto à deux reprises au second, les 11 novembre et 19 décembre. L'Assemblée adoptera plus tard la loi du 28 décembre 1793 mettant à disposition de la Nation les biens mobiliers et immobiliers confisqués aux individus considérés comme ennemis de la Révolution, c'est-à-dire les émigrés et fugitifs, les prêtres réfractaires, les déportés et détenus, les condamnés à mort, les étrangers ressortissants des pays ennemis. Le 21 janvier 1792, l'Assemblée obtient du roi d'adresser un avertissement officiel à Léopold II lui demandant de dénoncer la Déclaration de Pillnitz. L'empereur meurt le 1er mars, sans avoir répondu à cet appel, mais en ayant pris soin quelques semaines plus tôt de signer avec la Prusse un traité d'alliance. Son fils François II lui succède et entend faire plier la Révolution, affirmant : « Il est temps de mettre la France ou dans la nécessité de s'exécuter, ou de nous faire la guerre, ou de nous mettre en droit de la lui faire. Les Girondins suspectent la reine de connivence avec l'Autriche. Louis XVI renvoie alors ses ministres modérés et appelle de Grave à la Guerre ainsi qu'un certain nombre de Girondins : Roland de la Platière à l'Intérieur, Clavière aux Finances et Dumouriez aux Affaires étrangères. Ce sera "le ministère jacobin". Unique preuve de sa sincérité de roi des Français, sous l'influence de ce ministère Louis XVI sanctionne le 4 avril le décret législatif du 24 mars qui impose dans les colonies l'égalité des Blancs et des hommes de couleur libres86. Un ultimatum est adressé à François II le 25 mars lui enjoignant de chasser les émigrants français de son pays, lequel demeure sans réponse. Le roi accepte donc, à la demande de l'Assemblée, de déclarer la guerre à l'Autriche le 20 avril 1792. Beaucoup reprocheront au roi ce double jeu : si la France l'emporte, il sortira renforcé des événements ; si elle perd, il pourra retrouver ses pouvoirs monarchiques grâce à l'appui des vainqueurs. La Révolution ayant désorganisé les forces armées, les premiers temps sont désastreux pour la France : déroute de Marquain le 29 avril, démission de Rochambeau, désertion du Régiment de Royal-Allemand notamment. Un climat de soupçon s'ouvre alors et l'Assemblée, méfiante de la rue et des sans-culottes, décide la création d'un camp de 20 000 Fédérés à proximité de Paris ; le 11 juin, le roi oppose son veto à la création de ce camp pour éviter un affaiblissement de la protection des frontières et en profite pour rejeter le décret du 27 mai sur la déportation des prêtres réfractaires. Face aux protestations de Roland de la Platière notamment, Louis XVI opère un remaniement ministériel qui ne convainc pas l'Assemblée.
Journée du 20 juin 1792
Caricature de Louis XVI, coiffé du bonnet phrygien, buvant à la santé de la Nation auteur anonyme, 1792. Face à la déroute de l'armée, au renvoi des ministres Servan, Roland et Clavière, et au refus du souverain d'adopter les décrets sur la création du camp de fédérés et la déportation des prêtres réfractaires, les Jacobins et les Girondins entreprennent une épreuve de force pour le 20 juin 1792, date anniversaire du serment du Jeu de paume. Plusieurs milliers de manifestants parisiens, conduits par Santerre, sont ainsi encouragés à se rendre au Palais des Tuileries pour protester contre la mauvaise gestion de la guerre. Seul, Louis XVI reçoit les émeutiers. Ceux-ci exigent du roi qu'il annule ses vetos et rappelle les ministres congédiés. Pendant cette longue occupation qui dura de 14 heures à 22 heures, le roi ne cède rien mais garde un calme saisissant. Il affirme : La force ne fera rien sur moi, je suis au-dessus de la terreur. Il accepte même de porter le bonnet phrygien et de boire à la santé du peuple. Pétion par lever le siège en assurant au roi : Le peuple s'est présenté avec dignité ; le peuple sortira de même ; que votre Majesté soit tranquille
[size=SIZE]Prise des Tuileries 10 août 1792 [/size] Face aux avancées autrichienne et prussienne dans le nord, l'Assemblée déclare le 11 juillet la Patrie en danger. Le 17 juillet, quelques jours après la 3e commémoration de la Fête de la fédération, les fédérés de province et leurs alliés parisiens remettent à l'Assemblée une pétition demandant la suspension du roi. Les événements vont s'accélérer davantage le 25 juillet par la publication du Manifeste de Brunswick où le duc de Brunswick avertit les parisiens que s'ils ne se soumettent pas immédiatement et sans condition à leur roi, Paris sera promis à une exécution militaire et à une subversion totale, et les révoltés ... aux supplices qu'ils méritent. Le couple royal est dès lors soupçonné d'avoir inspiré l'idée de ce texte. Robespierre demande la déchéance du roi le 29 juillet. Le 10 août vers 5 heures du matin, les sections des faubourgs, ainsi que les fédérés marseillais et breton, envahissent la Place du Carrousel. La défense du Palais des Tuileries est assurée par 900 gardes suisses, leur commandant le marquis de Mandat ayant été convoqué à l'Hôtel de ville où vient de se former une Commune de Paris avant d'y être assassiné. Le roi descend dans la cour du palais à 10 heures et se rend compte que l'édifice n'est plus protégé. Il décide donc d'aller trouver refuge avec sa famille à l'Assemblée. C'est alors que les insurgés s'engouffrent dans le palais et massacrent tous ceux qu'ils y croisent : gardes suisses, domestiques, cuisiniers et femmes de chambre. Le château est pillé et les meubles dévastés. L'assaut fera plus d'un millier de morts dont 600 suisses sur 900, et les survivants seront par la suite jugés et exécutés. La Révolution vient de prendre un nouveau tournant qui aboutira à l'extinction de la monarchie constitutionnelle. La Commune insurrectionnelle obtient de l'Assemblée la suspension immédiate du roi et la convocation d'une convention représentative. Le soir même, le roi et sa famille sont transportés au Couvent des Feuillants où ils vont rester trois jours dans le plus grand dénuement.
Transfert de la famille royale à la Maison du Temple
Le 11 août, l'Assemblée élit un conseil exécutif de 6 ministres et fixe pour début septembre l'élection de la Convention. Elle rétablit par ailleurs la censure et demande aux citoyens de dénoncer les suspects. Elle demande enfin que la famille royale soit transférée au Palais du Luxembourg mais la Commune exige que ce soit à la Maison du Temple, sous sa garde. C'est donc le 13 août que la famille royale est transférée, conduite par Pétion et escortée par plusieurs milliers d'hommes armés. Elle n'occupe pas pour le moment la grande Tour du Temple non encore aménagée, mais le logement de l'archiviste réparti sur trois étages : Louis XVI vit au deuxième étage avec son valet de chambre Chamilly qui sera remplacé par Jean-Baptiste Cléry, la reine et ses enfants au premier étage, et Madame Élisabeth la cuisine du rez-de-chaussée en compagnie de Madame de Tourzel. Les membres de la famille peuvent librement se voir mais ils sont étroitement surveillés. Louis XVI occupe son temps entre la lecture, l'éducation du dauphin et la prière. Il s'adonne parfois au jeu de ballon avec son fils et à des parties de trictrac avec les dames. La reine s'occupe également de l'éducation de ses enfants, par l'enseignement de l'histoire au dauphin et les exercices de dictée et de musique à sa fille .
Massacres de septembre
La journée du 10 août 1792 a laissé à Paris un climat agité où les ennemis de la Révolution sont traqués. Les nouvelles extérieures nourrissent un climat de complot contre celle-ci : franchissement de la frontière par les Prussiens, siège de Verdun, soulèvement de la Bretagne, de la Vendée et du Dauphiné. Les prisons parisiennes renferment entre 3 000 et 10 000 détenus, constitués de prêtres réfractaires, agitateurs royalistes et autres suspects. La Commune veut en finir avec les ennemis de la Révolution avant qu'il ne soit trop tard. Un officier municipal informe le roi, enfermé à la Maison du Temple, que le peuple est en fureur et veut se venger. Pendant une semaine, à partir du 2 septembre, les insurgés les plus virulents de la Commune vont massacrer environ 1 300 détenus répartis dans les prisons suivantes : prison de l'Abbaye, couvent des Carmes, prison de la Salpêtrière, prison de la Force, prison du Grand Châtelet et prison de Bicêtre.
Victoire de Valmy 20 septembre 1792 Bataille de Valmy.
Le 14 septembre, les Prussiens franchissent l'Argonne, mais les armées françaises de Kellerman et Dumouriez successeur de La Fayette passé à l'ennemi se rejoignent le 19. L'armée française se retrouve en supériorité numérique et dispose d'une nouvelle artillerie que l'ingénieur Gribeauval lui a donnée quelques années plus tôt sous l'impulsion de Louis XVI. La bataille s'engage à Valmy le 20 septembre et se déroule dans une rare violence. Les Prussiens sont rapidement défaits et se réfugient derrière leur frontière. L'invasion de la France est stoppée nette et, comme l'affirmera Goethe qui accompagnait alors l'armée prussienne : D'ici et de ce jour commence une ère nouvelle dans l'histoire du monde.
Mise en place de la Convention Élections législatives françaises de 1792.
Composition de la Convention
L'Assemblée législative décide de mettre en place une convention élue à la suite de la journée du 10 août. Les élections ont lieu du 2 au 6 septembre dans un contexte de peur et de suspicion dû à la guerre franco-autrichienne et aux massacres de septembre. À l'issue du scrutin, 749 députés sont élus dont beaucoup de révolutionnaires déjà réputés : Danton, Robespierre, Marat, Saint-Just, Bertrand Barère, l'abbé Grégoire, Camille Desmoulins, le duc d'Orléans rebaptisé Philippe Égalité, Condorcet, Pétion, Fabre d'Églantine, Jacques-Louis David et Thomas Paine notamment. Alors que les électeurs de Paris ont plutôt voté pour les Jacobins, ce sont les Girondins qui l'emportent en province. C'est dans le contexte de la victoire de Valmy qui galvanise les esprits que la Convention se réunit pour la première fois le 21 septembre 1792, marquant dès son arrivée l'abolition de la Monarchie. Abolition de la Monarchie et derniers mois de Louis Capet 21 septembre 1792 - 21 janvier 1793
Premières mesures de la Convention
La Convention nationale décrète, lors de sa première séance le 21 septembre 1792 que la royauté est abolie en France et que l'An I de la République française partira du 22 septembre 1792. Louis XVI perd alors tous ses titres, les autorités révolutionnaires le désignent sous le nom de Louis Capet (en références à Hugues Capet, dont le surnom est considéré, de manière erronée, comme un nom de famille. Les décrets bloqués par le veto de Louis XVI sont alors appliqués. Le 1er octobre, une commission est mise en place pour instruire un éventuel procès du roi, en s'appuyant notamment sur les documents saisis au Palais des Tuileries. Transfert de la famille royale à la Tour du Temple Le 29 septembre, le roi, son valet de chambre Jean-Baptiste Cléry sont transférés dans un appartement du deuxième étage de la Tour du Temple. Il quitte ainsi le logement de l'archiviste de la Maison du Temple dans lequel il demeurait depuis le 13 août. Marie-Antoinette, sa fille Madame Royale, Madame Élisabeth et leurs deux servantes sont transférées dans l'étage supérieur de la tour le 26 octobre suivant, dans un appartement similaire à celui du désormais ancien roi.
Procès de Louis XVI et Votes sur la mort de Louis XVI.
La Convention nationale avait dès le 1er octobre mis en place une commission chargée d'instruire le procès. Celle-ci lui remet un rapport le 6 novembre aux termes duquel elle conclut que Louis Capet doit être jugé pour les crimes qu'il a commis sur le trône. Un tel procès est désormais juridiquement possible puisque sous une République, l'inviolabilité du roi n'existe plus. Le 13 novembre, un débat crucial s'engage sur le point de savoir par qui le procès sera conduit. Le député de Vendée Morisson affirme que le roi a déjà été condamné en ayant été déchu. En face de lui, certains comme Saint-Just réclament sa mort, déclarant notamment que le roi est l'ennemi naturel du peuple, et qu'il n'a pas besoin de procès pour être exécuté. Les preuves de la culpabilité du roi sont ténues jusqu'au 20 novembre, jour de la découverte aux Tuileries d'une armoire de fer dissimulée dans l'un des murs des appartements du roi. Selon le ministre de l'Intérieur Roland de la Platière, les documents qui y ont été trouvés démontrent la collusion du roi et de la reine avec les émigrés et les puissances étrangères ; il affirme également, sans plus de précision, que certains députés y sont compromis. Bien que selon certains historiens, comme Albert Soboul, les pièces rapportées n'apportent pas la preuve formelle de la collusion du roi avec les puissances ennemies, elles vont néanmoins convaincre les députés à inculper le roi. Dans un discours du 3 décembre resté célèbre, Robespierre prône solennellement la mort sans délai du roi déchu, déclarant que les peuples ... ne rendent point de sentences, ils lancent la foudre ; ils ne condamnent point les rois, ils les replongent dans le néant .... Je conclus que la Convention nationale doit déclarer Louis traître à la patrie, criminel envers l'humanité, et le faire punir comme tel .... Louis doit mourir parce qu'il faut que la patrie vive. Après des débats houleux, la Convention décide que Louis Capet sera bel et bien jugé, le tribunal étant la Convention elle-même. Elle confirme le 6 décembre que Louis Capet sera « traduit à la barre pour y subir son interrogatoire. Saint-Just croit alors bon de préciser que ce n'est pas un monarque que nous allons juger ; c'est la monarchie et la conspiration générale des rois contre les peuples. Le lendemain, Louis XVI et son épouse se voient confisquer tous les objets tranchants dont ils se servent, à savoir rasoirs, ciseaux, couteaux et canifs.
Déroulement
Procès de Louis XVI devant la Convention nationale
Le procès de l'ancien roi, jugé comme un citoyen ordinaire et désormais appelé sous le nom de Citoyen Capet, s'ouvre le 11 décembre 1792. À partir de ce jour, il sera séparé du reste de sa famille pour vivre isolé dans un appartement du deuxième étage de la maison du Temple, avec pour seule compagnie celle de son valet, Jean-Baptiste Cléry. Son logement, sensiblement le même que celui dans lequel il vivait avec les siens à l'étage supérieur, mesure environ 65 m2 et comprend quatre pièces : l'antichambre où se relaient les gardes et dans laquelle a été accrochée un exemplaire de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, la chambre à coucher du roi, la salle à manger et la chambre du valet. Le 1er interrogatoire a lieu le 11 décembre. Vers 13 heures, deux personnalités viennent le chercher : Pierre-Gaspard Chaumette procureur de la Commune de Paris et Antoine Joseph Santerre commandant de la garde nationale. L'appelant désormais sous le nom de Louis Capet, ils se voient rétorquer par l'intéressé : Capet n'est pas mon nom, c'est le nom d'un de mes ancêtres.... Je vais vous suivre, non pour obéir à la Convention, mais parce que mes ennemis ont la force en main. Arrivé dans la salle du Manège au grand complet, l'accusé est accueilli par Bertrand Barère, le président de la Convention, qui le prie de s'asseoir et lui annonce : Louis, on va vous lire l'acte énonciatif des délits qui vous sont imputés. Barère de reprendre ensuite un par un les chefs d'accusation et de demander au roi de répondre à chacun d'entre eux. Les motifs d'inculpation sont nombreux : massacres des Tuileries et du Champ-de-Mars, trahison du serment prêté à la Fête de la Fédération, soutien des prêtres réfractaires, collusion avec les puissances étrangères, etc. Répondant à chacune des questions avec calme et brièveté, Louis XVI soutient qu'il a toujours agi dans le respect des lois qui existaient alors, qu'il a toujours combattu l'usage de la violence et qu'il a désavoué l'action de ses frères. Pour finir, il nie reconnaître sa signature sur les documents qu'on lui montre, et obtient des députés l'aide d'un avocat pour assurer sa défense. Après quatre heures d'interrogatoire, le roi est ramené à la Tour du Temple et confie à Cléry, son seul interlocuteur désormais : J'étais bien éloigné de penser à toutes les questions qui m'ont été faites. Et le valet de chambre de remarquer que le roi se coucha avec beaucoup de tranquillité. Louis XVI accepte la proposition de défense que lui proposent trois avocats : François Denis Tronchet futur rédacteur du Code civil, Raymond de Sèze et Malesherbes. Il refuse néanmoins l'aide que lui propose la féministe Olympe de Gouges. Le procès du roi est suivi de près par les grandes puissances étrangères, notamment la Grande-Bretagne dont le premier ministre William Pitt le Jeune refusa d'intervenir en faveur du souverain déchu et l'Espagne qui fit savoir à la Convention qu'une condamnation à mort du roi remettrait en cause sa neutralité face aux événements de la Révolution. Les interrogatoires se succèdent sans rien donner, chacune des parties campant dans ses positions. Le 26 décembre, de Sèze s'adresse aux députés en ces termes : Je cherche parmi vous des juges, et je ne vois que des accusateurs. Le 28 décembre, Robespierre réfute l'idée que le sort du roi soit remis entre les mains du peuple par le biais d'assemblées primaires ; il affirme en effet que les Français seraient en ce sens manipulés par les aristocrates : Qui est plus disert, plus adroit, plus fécond en ressources, que les intrigants ..., c'est-à-dire que les fripons de l'ancien et même du nouveau régime? La conclusion des débats revient à Barère le 4 janvier 1793, au moyen d'un discours dans lequel il souligne l'unité de la conspiration, les divisions des Girondins sur l'appel au peuple, et enfin l'absurdité du recours à celui-ci. La reprise des délibérations est programmée pour le 15 janvier suivant, où trois points seraient abordés : la culpabilité du roi, l'appel au peuple et la peine à infliger. D'ici là, le roi consacre ses journées à la prière et à l'écriture ; à ce titre, il avait le 25 décembre 1792 rédigé son testament.
Verdict
L'issue du procès prend la forme du vote de chaque député sur les trois questions évoquées par Barère, chacun des élus votant individuellement à la tribune. La Convention se prononce le 15 janvier 1793 sur les deux premières questions, à savoir : culpabilité du roi pour « conspiration contre la liberté publique et la sûreté générale de l'État : 691 pour, soit l'unanimité des députés présents ; recours au peuple pour ratifier le jugement : 424 pour, 287 contre, 12 abstentions. Du 16 janvier à 10h00 au 17 janvier à 20h00 se déroule le vote relatif à la sentence à appliquer, chacun des votants est amené à justifier sa position. Résultat du scrutin : 366 voix pour la mort immédiate du roi, 34 voix pour la mort avec sursis, 319 voix pour la détention et le bannissement, 2 voix pour les travaux forcés. Une partie de l'Assemblée demande un nouveau vote, arguant que certains députés n'étaient pas d'accord avec la catégorie dans laquelle leur voix était classée. Le 17 janvier se déroule un nouveau scrutin : la mort immédiate obtient 361 voix contre 360 ; Louis XVI est donc condamné à mort à une voix près. Le 19 janvier a lieu un nouvel appel nominal : Sera-t-il sursis à l'exécution du jugement de Louis Capet ?. Le vote est terminé le 20 à 2 h du matin : sur 690 suffrages, 310 sont pour, 380 contre.
L'exécution 21 janvier 1793 Exécution de Louis XVI.
Monuments funéraires à la mémoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette, basilique Saint-Denis. Louis XVI est guillotiné le lundi 21 janvier 1793 à Paris, place de la Révolution actuelle place de la Concorde. Avec son confesseur l'abbé Edgeworth de Firmont, le roi monte à l'échafaud. Le couperet tombe à 10 heures 22, sous les yeux notamment de cinq ministres du conseil exécutif provisoire. Selon son bourreau, il déclare lors de son installation sur l'échafaud : Peuple, je meurs innocent !, puis au bourreau Sanson et ses assistants Messieurs, je suis innocent de tout ce dont on m'inculpe. Je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français.. Dans son ouvrage Le Nouveau Paris, paru en 1798, l'écrivain et essayiste politique Louis Sébastien Mercier raconte l'exécution de Louis XVI en ces termes : … est-ce bien le même homme que je vois bousculé par quatre valets de bourreau, déshabillé de force, dont le tambour étouffe la voix, garrotté à une planche, se débattant encore, et recevant si mal le coup de la guillotine qu'il n'eut pas le col mais l'occiput et la mâchoire horriblement coupés ? » Il est enterré au cimetière de la Madeleine, rue d'Anjou-Saint-Honoré, dans une fosse commune et recouvert de chaux vive. Les 18 et 19 janvier 1815, Louis XVIII fait exhumer ses restes et ceux de Marie-Antoinette pour les faire inhumer à la basilique Saint-Denis le 21 janvier. En outre, il fait édifier en leur mémoire la Chapelle expiatoire à l'emplacement du cimetière de la Madeleine. Le 3 mai 1826, place de la Concorde, Charles X pose la première pierre du monument à la mémoire de Louis XVI. Mais la statue ne sera en fait jamais édifiée. Son socle servira de base à l'obélisque de Louxor dressé en 1836. L'actuel pont de la Concorde portait le nom de Louis XVI avant la Révolution.
Acte de décès de Louis XVI dans l'état civil de Paris
L'acte de décès de Louis XVI est rédigé le 18 mars 1793. L'original de l'acte a disparu lors de la destruction des archives de Paris en 1871 mais il avait été recopié par des archivistes. Voici ce que dit le texte : Du lundi 18 mars 1793, l'an Second de la République française. Acte de décès de Louis CAPET, du 21 janvier dernier, dix heures vingt-deux minutes du matin ; profession, dernier Roy des Français, âgé de trente-neuf ans, natif de Versailles, paroisse Notre-Dame, domicilié à Paris, tour du Temple ; marié à Marie-Antoinette d'Autriche, ledit Louis Capet exécuté sur la Place de la Révolution en vertu des décrets de la Convention nationale des quinze, seize et dix-neuf dudit mois de janvier, en présence 1° de Jean-Antoine Lefèvre, suppléant du procureur général sindic du département de Paris, et d'Antoine Momoro, tous deux membres du directoire dudit département et commissaires en cette partie du conseil général du même département ; 2° de François-Pierre Salais et de François-Germain Isabeau, commissaires nommés par le conseil exécutif provisoire, à l'effet d'assister à ladite exécution et d'en dresser procès-verbal, ce qu'ils ont fait ; et 3° de Jacques-Claude Bernard et de Jacques Roux, tous deux commissaires de la municipalité de Paris, nommés par elle pour assister à cette exécution ; vu le procès-verbal de ladite exécution dudit jour 21 janvier dernier, signé Grouville, secrétaire du conseil exécutif provisoire, envoyé aux officiers publics de la municipalité de Paris cejourd'huy, sur la demande qu'ils en avaient précédemment faite au ministère de la justice, ledit procès-verbal déposé aux Archives de l'état civil ; Pierre-Jacques Legrand, officier public signé Le Grand.
Descendance
Le 16 mai 1770, le dauphin Louis Auguste épouse l’archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche, fille cadette de François de Lorraine, grand-duc de Toscane et empereur souverain du Saint-Empire romain germanique et de son épouse Marie-Thérèse, archiduchesse d'Autriche, duchesse de Milan, reine de Bohême et de Hongrie. Cette union est la concrétisation d’une alliance visant à améliorer les relations entre la Maison de Bourbon France, Espagne, Parme, Naples et Sicile et la Maison de Habsbourg-Lorraine Autriche, Bohême, Hongrie, Toscane. Les époux bien qu'étant alors âgés de 14 et 15 ans ne consommeront réellement leur mariage que sept ans plus tard. De leur union, quatre enfants naissent, mais ils n'auront pas de descendance : Marie-Thérèse de France 19 décembre 1778 – 19 octobre 1851, dite Madame Royale, qui épouse en 1799 son cousin germain le duc d’Angoulême 1775-1844 ; Louis Joseph Xavier François de France 22 octobre 1781 – 4 juin 1789, premier dauphin ; Louis Charles de France 27 mars 1785 – 8 juin 1795, duc de Normandie, second dauphin et futur Louis XVII, surnommé l'Enfant du Temple pendant sa captivité ; Sophie-Béatrice de France 9 juillet 1786 – 19 juin 1787.
Portrait physique
Durant son enfance, Louis XVI était d'une santé fragile et certains lui prêtaient une composition faible et valétudinaire. Son corps malingre paraissait être exposé à toutes les maladies infantiles. Puis à 6 ans, selon l'historien Pierre Lafue, son visage était déjà formé. Il avait les yeux ronds et gris de son père, avec un regard qui devait devenir de plus en plus flou à mesure que sa myopie s'accentuerait. Son nez busqué, sa bouche assez forte, son cou gros et court annonçaient le masque plein auquel les dessins satiriques se plairaient, plus tard, à donner un aspect bovin. À l'âge adulte pourtant, le roi se caractérise par un certain embonpoint et une taille hors du commun pour l'époque : 6 pieds et 3 pouces de haut, soit environ 1 mètre 93. Il est également doté d'une forte musculature lui donnant une force étonnante : le roi fait à plusieurs reprises la démonstration de soulever à bras tendu une pelle contenant un jeune page accroupi.
Personnalité Caractère et traits de personnalité
Enfant, le futur roi se montre taciturne, austère et sérieux. Sa tante Madame Adélaïde l'encourage ainsi : Parle à ton aise, Berry, crie, gronde, fais du tintamarre comme ton frère d'Artois, casse et brise mes porcelaines, fais parler de toi. Depuis Louis XIV, la noblesse est en grande partie domestiquée par le système de cour. L'étiquette régit la vie de la cour en faisant du roi le centre d'un cérémonial très strict et complexe. Cette construction de Louis XIV vise à donner un rôle à une noblesse qui avait été jusque là souvent rebelle et toujours menaçante pour le pouvoir royal. Au sein de la cour, la noblesse voit sa participation à la vie de la nation organisée en vase clos dans un subtil système de dépendances, de hiérarchie et de récompenses, et ses velléités d'autonomie vis-à-vis de l'autorité royale nettement réduites. Louis XVI hérite de ce système. La noblesse est au service du roi et en attend des récompenses et des honneurs. Même si l'écrasante majorité de la noblesse n'a pas les moyens de vivre à la cour, les textes montrent bien l'attachement des nobles de province au rôle de la cour, et l'importance que pouvait prendre la présentation au roi. Comme son grand-père Louis XV, Louis XVI a les plus grandes peines à entrer dans ce système qui avait été construit un siècle auparavant par son quadrisaïeul pour répondre à des problèmes qui ne sont plus d'actualité. Ce n'est pas par manque d'éducation : il est le premier monarque français à parler couramment anglais ; nourri des philosophes des Lumières, il aspire à trancher avec l'image Louis-quatorzienne du roi en constante représentation. Cette image du roi simple rejoint celle des despotes éclairés de l'Europe, comme Frédéric II de Prusse. Bien qu'ayant conservé les longues cérémonies du lever et du coucher royaux, Louis XVI tente de réduire les fastes de la cour. Alors que Marie-Antoinette passe beaucoup de temps dans les bals, les fêtes et les jeux d'argent, le roi s'adonne à des loisirs plus modestes tels que la chasse, la lecture et les sciences. Le refus d'entrer dans le grand jeu de l'étiquette explique la très mauvaise réputation que lui fera la noblesse de cour. En la privant du cérémonial, le roi la prive de son rôle social. Ce faisant, il se protège également. Si à l'origine la cour sert à contrôler la noblesse, la situation se renverse très vite : le roi se trouve à son tour prisonnier du système. La mauvaise gestion par Louis XV puis par Louis XVI de cette cour, le refus par les Parlements lieu d'expression politique de la noblesse et d'une partie de la haute bourgeoisie judiciaire de toute réforme politique, ainsi que l'image apparente - souvent désastreuse - de capricieuse véhiculée par la reine, dégraderont peu à peu son image : beaucoup de pamphlets le ridiculisant et des clichés encore actuellement en vigueur proviennent d'une partie de la noblesse d'alors, qui supporte mal le risque de perdre sa place particulière, le décrivant non pas comme le roi simple qu'il était, mais comme un roi simplet. Il arrive enfin parfois au roi de réagir étrangement avec son entourage, en se livrant parfois à des farces enfantines, comme chatouiller son valet de chambre ou pousser un courtisan sous une lance d'arrosagea. La faiblesse que ses contemporains lui attribuaient fera dire au roi : Je sais qu'on me taxe de faiblesse et d'irrésolution, mais personne ne s'est jamais trouvé dans ma position, signifiant ainsi que sa personnalité n'est pas une cause exclusive des événements de la Révolution.
Ses centres d'intérêts
Louis XVI a été longtemps caricaturé comme un roi un peu simplet, manipulé par ses conseillers, peu au fait des questions de pouvoir, avec des marottes comme la serrurerie et une passion pour la chasse. Cette image est en partie due à son attitude envers la cour, et surtout en raison des calomnies du parti lorrain et en premier M. de Choiseul, le comte de Mercy, l'Abbé de Vermond et enfin Marie-Thérèse d'Autriche. Grand chasseur, Louis XVI est aussi un prince studieux et érudit, qui aime autant la serrurerie et la menuiserie que la lecture. Il est féru d'histoire, de géographie, de marine et de sciences. Il fait de la marine une priorité de sa politique étrangère, et en a une connaissance théorique si pointue, qu'il se plaît, quand il visite le nouveau port militaire de Cherbourg et voit pour la première fois la mer, à faire des remarques dont la pertinence stupéfie ses interlocuteurs.
La géographie Expédition de La Pérouse.
Louis XVI donnant ses instructions au capitaine de vaisseau La Pérouse pour son voyage d’exploration autour du monde, par Nicolas-André Monsiau, 1817 Passionné de géographie et de science maritime, Louis XVI mandate Jean-François de La Pérouse pour effectuer le tour du monde et cartographier l'océan Pacifique qui restait alors encore mal connu, malgré les voyages de Cook et de Bougainville. Le roi est à l'origine de toute l'expédition, tant dans le lancement de celle-ci que dans le choix du navigateur, en passant par les détails du voyage. La Pérouse lui-même ayant des doutes sur la faisabilité de ce projet, il suggère au roi de renoncer au projet ; comme le note un des amis du navigateur, c'est Sa Majesté qui a choisi La Pérouse pour l'exécuter, il n'y a pas eu moyen qu'il s'en débarrassât. Le programme de l'expédition est écrit de la main du roi. Le but est simple : faire le tour du monde en une seule expédition, en parcourant le Pacifique par la Nouvelle-Zélande, l'Australie, le cap Horn et l'Alaska notamment, prendre contact avec les civilisations locales et les étudier, établir des comptoirs, et enfin étudier les données naturelles rencontrées. Pour cela, un important équipage de savants et de scientifiques prend part à l'expédition. Très précis sur ses instructions, Louis XVI autorise néanmoins La Pérouse à faire les changements qui lui paraîtraient nécessaires dans les cas qui n'ont pas été prévus, en se rapprochant toutefois autant qu'il lui sera possible du plan qui lui est tracé. L'expédition part de Brest le 1er août 1785 à bord de deux navires : La Boussole et L'Astrolabe. Le roi n'a plus de nouvelles régulières à partir du 16 janvier 1788. On pense alors que l'équipage a été massacré par une peuplade de l'île de Vanikoroa. En 1791, Louis XVI obtient de l'Assemblée constituante qu'une expédition soit envoyée à la recherche des marins et savants perdus. Cette nouvelle expédition, menée par Antoine Bruny d'Entrecasteaux, se révèle infructueuse. Sur le chemin le menant à l'échafaud, le roi aurait posé à son valet cette question : A-t-on des nouvelles de La Pérousea ?
La chasse
La chasse est un des loisirs préférés du roi ; à l'issue de chaque sortie, il note dans son carnet le bilan détaillé des pièces abattues par ses soins. C'est ainsi que l'on sait qu'il ne se passa rien le 14 juillet 1789 c'est-à-dire qu'il ne réussit aucune prise, et qu'au bout de 16 ans de règne il aura inscrit à son tableau de chasse 1 274 cerfs et un total de 189 251 animaux abattus par lui seula Il aime avant tout la chasse. Comme son grand-père il a la chasse dans le sang. Il chasse cent dix-sept fois en 1775, cent soixante et une en 1780. Il voudrait bien sortir plus souvent - son grand-père, lui, sortait jusqu'à six fois par semaine - mais ce n'est pas possible à cause du travail et de toutes les exigences de son état. (…). Il chasse à courre le cerf, le chevreuil et le sanglier. Il aime bien aussi les chasses au fusil appelées “tirés” pour les faisans, les bécassines et les lapins. En 1780, dans sa récapitulation de fin d'année, il dénombre 88 chasses du cerf, 7 du sanglier, 15 du chevreuil et 88 tirés. Toutes ces chasses sont de véritables hécatombes. le nombre des pièces varie de mille à mille cinq cents par mois. La plupart sont des volatiles, mais il n'est pas rare de prendre le même jour quatre ou cinq sangliers ou deux ou trois cerfs.
La lecture
Louis XVI lit beaucoup : en moyenne 2 ou 3 livres par semaine. Au cours des 4 mois passés à la Tour du Temple, il dévorera un total de 257 volumesa. Il maîtrise à merveille la langue britannique, lit quotidiennement la presse outre-manche et traduit intégralement en français Richard III d'Horace Walpole. Après la chasse, la lecture est l'occupation préférée du roi. Il ne peut pas vivre sans lire. Il est curieux de toute lecture. Il a constitué lui-même sa bibliothèque. …. Au premier rang de ses lectures favorites figurent les journaux.
La serrurerie et l'horlogerie
De l'habileté manuelle de ce prince et de son goût pour la serrurerie et l'horlogerie, on a beaucoup parlé. …. Lui plaît aussi beaucoup le dessin d'architecture.
Les sciences
Comme son grand-père, il se passionne aussi pour la botanique. Il aime aussi se promener dans les combles du château de Versailles pour mieux admirer son parc et ses plans d'eau. Le 21 novembre 1783, il assiste au château de la Muette à l'envol de la première montgolfière, avec à son bord Jean-François Pilâtre de Rozier. Il assiste à un nouveau vol le 23 juin 1784, cette fois-ci depuis Versailles, où le ballon baptisé en l'honneur de la reine La Marie-Antoinette, s'élève devant le couple royal et le roi de Suède, emmenant à son bord Pilâtre de Rozier et Joseph Louis Proust.
Rapports personnels avec Marie-Antoinette
En matière de politique étrangère, la reine a peu d'influence sur son époux malgré les pressions qu'elle exerce régulièrement sur lui. Dans une lettre écrite à Joseph II, elle déclare à celui-ci : Je ne m'aveugle pas sur mon crédit, je sais que surtout pour la politique étrangère, je n'ai pas grand ascendant sur l'esprit du Roi … je laisse croire au public que j'ai plus de crédit que je n'en ai véritablement, parce que si on ne m'en croyait pas, j'en aurais moins encore
Louis XVI et la franc-maçonnerie
Louis XVI a-t-il appartenu à la franc-maçonnerie ? L'historien Louis Amiable le confirme très clairement : Le roi Louis XVI était franc-maçon. Le 1er août 1775 naît à Versailles la loge maçonnique dite des Trois Frères Unis. Soulevant l'hypothèse probable selon laquelle les trois frères en question sont Louis XVI, Louis XVIII et Charles X, l'historien Bernard Vincent ne confirme cependant pas cette idée mais admet qu'une loge établie à deux pas du château ne pouvait qu'avoir reçu l'assentiment du roia. Il rappelle par ailleurs qu'il a été retrouvé une médaille de Louis XVI datée du 31 décembre 1789, renfermant le compas, l'échelle graduée, l'équerre, la poignée de truelle et le soleil. Enfin, pour consolider son avis sur les accointances du souverain avec les francs-maçons, Bernard Vincent rappelle que lorsque le roi se rend à l'Hôtel de ville de Paris pour adopter la cocarde tricolore, il est accueilli sur les marches par la voûte d'acier, une double haie mécanique formée par les épées croisées des gardes nationaux et qui symbolise les honneurs maçonniquesa . L'historien Albert Mathiez écrit quant à lui que Louis XVI et ses frères, Marie-Antoinette elle-même, maniaient la truelle à la Loge des Trois Frères à l'Orient de Versailles. Selon Jean-André Faucher, Marie-Antoinette aurait eu cette phrase en parlant de la franc-maçonnerie : Tout le monde en est !
Citations
Citations sur Louis XVI Pendant sa vie qui ne fut qu'un long martyre, il eut toujours le malheur d'entrevoir le bien, de le vouloir sincèrement, et de manquer de la force nécessaire pour l'exécuterAdolphe Thiers
Historiographie
Louis XVI, statue colossale de Nicolas Raggi 1829, commandée par la ville de Bordeaux en hommage au roi-martyr. Sous la phase jacobine de la Révolution française, Louis XVI est traité de tyran et considéré comme un traître à la patrie, jouant double jeu : il aurait fait semblant d'accepter les mesures de la Révolution française, pour sauvegarder sa vie et son trône, tout en souhaitant secrètement la guerre, de connivence avec les princes étrangers qui déclarent la guerre à la France révolutionnaire. De son côté, le courant royaliste contre-révolutionnaire a dressé dès la même époque le portrait d'un roi martyr, conservateur, très catholique, aimant son peuple mais incompris de lui.
Sur sa personnalité
Extrait du journal de Louis XVI 1762-1769.
En 1900, le leader socialiste Jean Jaurès, juge Louis XVI indécis et pesant, incertain et contradictoire . Il estime qu'il n'a pas compris la révolution dont lui-même avait reconnu la nécessité et dont il avait ouvert la carrière ce qui l'a empêché d'en prendre la tête pour former une démocratie royale car il en était empêché par la persistance du préjugé royal ; il en était empêché surtout par le poids secret de ses trahisons. Car il ne s'était pas efforcé seulement de modérer la Révolution : il avait appelé l'étranger pour la détruire. Les historiens de la Révolution française du xxe siècle, Albert Soboul, Georges Lefebvre, Alphonse Aulard, Albert Mathiez, s'inscrivent dans la lignée jacobine qui considère que Louis XVI a trahi la Révolution française. Un courant historiographique, de réhabilitation, place Louis XVI dans la filiation des Lumières. C'est par exemple la biographie de l'historien Jean de Viguerie université de Lille Louis XVI le roi bienfaisant, 2003. Pour lui, Nourri de Fénelon, ouvert aux Lumières, croyant que gouverner était faire le bien, Louis XVI, roi singulier, prince attachant, ne pouvait qu'être sensible à l'aspect généreux de 1789, puis choqué - voire révolté - par les dérives révolutionnaires. Roi bienfaisant, il fut emporté par une tourmente imprévisible, presque imparable. Dans la même lignée se situe la biographie de l'écrivain Jean-Christian Petitfils Louis XVI, 2005 pour qui Louis XVI est : un homme intelligent et cultivé, un roi scientifique, passionné par la marine et les grandes découvertes, qui, en politique étrangère, joua un rôle déterminant dans la victoire sur l’Angleterre et dans l’indépendance américaine. Loin d’être un conservateur crispé, en 1787, il voulut réformer en profondeur son royaume par une véritable Révolution royale. Pour le Dictionnaire critique de la Révolution Française de François Furet, Mona Ozouf 1989, les historiens « ont pu le peindre tantôt en roi sage et éclairé, désireux de maintenir le patrimoine de la couronne en conduisant les évolutions nécessaires, tantôt en souverain faible et imprévoyant, prisonnier des intrigues de cour, naviguant au jugé, sans pouvoir jamais peser sur le cours des choses. À ces jugements, il existe des raisons politiques, puisque le malheureux Louis XVI est pris au premier rang dans la grande querelle de l’Ancien Régime et de la Révolution ». François Furet croit en un double jeu du roi.
Fuite de Louis XVI et arrestation à Varennes.
Dans l'article spécifique à l'épisode de Varennes, le paragraphe intitulé Controverses est consacrée au téléfilm Ce jour-là, tout a changé : l'évasion de Louis XVI, diffusé en 2009 sur France 2, dont le conseiller historique est l'écrivain Jean-Christian Petitfils. Il y est montré un Louis XVI, toujours très populaire en province, qui s'évade de la capitale où il est prisonnier pour organiser un nouveau rapport de forces avec l'Assemblée afin de proposer une nouvelle constitution, équilibrant mieux les pouvoirs.
Sur son procès
Le procès de Louis XVI s'appuie principalement sur l'accusation de trahison envers la patrie. Les écrivains Paul et Pierrette Girault de Coursac estiment que la faute des liens de Louis XVI avec l'étranger revient à un parti réactionnaire qui menait la politique du pire Leur ouvrage de réhabilitation de Louis XVI Enquête sur le procès du roi Louis XVI, Paris, 1982 affirme que l'armoire de fer contenant la correspondance secrète du roi avec les princes étrangers aurait été fabriquée de toute pièce par le révolutionnaire Roland pour accuser le roi. L'historien Jacques Godechot a vivement critiqué les méthodes et conclusions de cet ouvrage, estimant pour sa part que la condamnation de Louis XVI était inscrite d'office dans son procès, car le souverain déchu était traité comme un ennemi à abattre par les révolutionnaires. Jean Jaurès avait reconstitué dans un chapitre de sa fresque "ce qu'aurait dû être la défense de Louis XVI".
Posté le : 21/08/2015 17:03
Edité par Loriane sur 22-08-2015 12:42:33 Edité par Loriane sur 22-08-2015 12:44:07
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