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De Montpellier
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Qu'est-ce que la Dîme royale ?
En effet, la contribution majeure de Vauban à la réforme des impôts question lancinante tout au long du XVIIIe siècle jusqu'à la Révolution française de 1789 est la publication en 1707 malgré son interdiction de cet ouvrage publié à compte d'auteur, intitulé : Projet d'une dixme royale qui, supprimant la taille, les aydes, les doüanes d'une province à l'autre, les décimes du Clergé, les affaires extraordinaires et tous autres impôts onéreux et non volontaires et diminuant le prix du sel de moitié et plus, produiroit au Roy un revenu certain et suffisant, sans frais, et sans être à charge à l'un de ses sujets plus qu'à l'autre, qui s'augmenteroit considérablement par la meilleure culture des terres Dans cet ouvrage, il met en garde contre de forts impôts qui détournent des activités productives. Vauban propose dans cet essai de remplacer les impôts existants par un impôt unique de dix pour cent sur tous les revenus, sans exemption pour les ordres privilégiés le roi inclus. Plus exactement, Vauban propose une segmentation en classes fiscales en fonction des revenus, soumises à un impôt progressif de 5 % à 10 %42. L'impôt doit servir une politique, les classes fiscales doivent être plus ou moins favorisées à fins d'enrichir la société et par conséquent l’État. Bien qu'interdit, cet ouvrage bénéficie de nombreuses éditions à travers toute l'Europe - une traduction anglaise paraît dès 1710 - et ce texte alimente les discussions fiscales pendant une grande partie du XVIIIe siècle. Mais, contrairement à la légende, le projet : n’est pas révolutionnaire : Boisguilbert avait déjà fait des propositions analogues, dont Vauban s’inspire ainsi que de son secrétaire, l'abbé Vincent Ragot de Beaumont, et la capitation, impôt très semblable, est établi en 1695, et l'impôt du dixième, en 1710 ; n'est pas ignoré par le pouvoir. Le contrôleur général Chamillart a lu la Dîme royale sans doute à la fin de l’année 1699. De même, en août 1700, le premier président au Parlement de Paris, Achille III de Harlay. Et enfin et surtout, en 1700 toujours, Vauban présente au roi, en trois audiences successives - qui ont lieu dans la chambre de madame de Maintenon- la première version de sa Dîme royale par écrit et oralement. C’est ce qu’il explique dans sa lettre à Torcy : J’en ai présenté le système au roi à qui je l’ai lu, en trois soirées de deux heures et demie chacune, avec toute l’attention possible. Sa Majesté, après plusieurs demandes et réponses, y a applaudi. M. de Chamillart, à qui j’en ai donné une copie, l’a lu aussi, de même que M. le premier Président Achille de Harlay à qui je l’ai aussi fait voir tout du long. Je ne me suis pas contenté de cela. Je l’ai recommandé au Roi de vive voix et surtout d’en faire faire l’expérience sur quelques-unes des petites élections du royaume, ce que j’ai répété plusieurs fois et fait la même chose à M. de Chamillart. Bref, j’ai cessé d’en parler au roi et à son ministre pour leur en écrire à chacun une belle et longue lettre bien circonstanciée avant que partir pour me rendre ici, où me trouvant éloigné du bruit et plus en repos, j’y ai encore travaillé de sorte qu’à moi, pauvre animal, cela ne me paraît pas présentement trop misérable. Et Nicolas-Joseph Foucault, intendant de Caen, note à la date du 6 novembre 1699 : M. Chamillart m’a envoyé un projet de capitation et de taille réelle, tiré du livre de M. Vauban . Une expérimentation est tentée en Normandie qui se traduit par un échec : ce projet, ajoute-t-il, sujet à trop d’inconvénients, n’a pas eu de suite. En fait, ce qui déplait, c’est la publication et la divulgation publique en pleine crise militaire et financière. Vauban transgresse un interdit en rendant publics les mystères de l’État et lui dit-on se mêle d’une matière qui ne le regarde pas… C’est bien ce qu’explique Michel Chamillart, qui cumule les charges de contrôleur général des finances et de secrétaire d’État à la Guerre : Si M. le maréchal de Vauban avait voulu écrire sur la fortification et se renfermer dans le caractère dans lequel il avait excellé, il aurait fait plus d’honneur à sa mémoire que le livre intitulé La Dîme royale ne fera dans la suite. Ceux qui auront une profonde connaissance de l’état des finances de France et de son gouvernement n’auront pas de peine à persuader que celui qui a écrit est un spéculatif, qui a été entraîné par son zèle à traiter une matière qui lui était inconnue et trop difficile par elle-même pour être rectifiée par un ouvrage tel que celui de M. de Vauban. Et il avoue : j’ai peine à croire, quelque soin que l’on ait de supprimer les exemplaires et puisque ce livre a passé à Luxembourg et qu’il vient de Hollande, qu’il soit possible d’empêcher qu’il n’ait cours. — Lettre au comte de Druy, gouverneur de Luxembourg, 27 août 1707 Effectivement, en 1708, un éditeur de Bruxelles imprime le livre avec un privilège de la cour des Pays-Bas et en 1710 une traduction parait en Angleterre. Et en France, un marchand de blés de Chalon-sur-Saône vante en 1708 une espèce de dîme royale, et un curé du Périgord écrit en 1709 : On souhaiterait fort que le Roi ordonnât l’exécution du projet de M. le maréchal de Vauban touchant la dîme royale. On trouve ce projet admirable …. En ce cas, on regarderait ce siècle, tout misérable qu’il est, comme un siècle d’or, cité par Émile Coornaert dans sa préface à l’édition de La Dixme royale, Paris, 1933, p. XXVIII. son échec est plutôt à attribuer à son mode de recouvrement en nature, choix coûteux il est nécessaire de construire des granges et désavantageux en temps de guerre où on préfère un impôt perçu en argent. Grosso modo, pour tous ceux qui connaissaient la question en vue d'une application directe, le projet de Vauban n'était pas faisable et mal pensé, Au contraire, pour tous ceux qui n'avaient pas à gérer immédiatement la chose fiscale, il fut un slogan au moins, une utopie, une solution, au plus, d'autant plus séduisante qu'elle n'était pas approfondie.
Où et comment la Dîme royale a-t-elle été imprimée ?
Peut-être à Rouen hypothèse Boislisle, peut-être à Lille, peut-être même en Hollande (hypothèse Morineau. Nous sommes donc à la fin de l'année 1706 et au tout début de l'année 1707. Ce que nous savons, c’est qu’une demande de privilège de librairie pour un in-quarto intitulé Projet d’une Dixme royale a été déposée, sans nom d’auteur, auprès des services du chancelier, le 3 février 1707. Cette demande est restée sans réponse. L’auteur n’est pas cité, mais à la chancellerie, il est connu puisque nous savons que le chancelier lui-même est en possession du manuscrit. Sans réponse de la chancellerie, Vauban décide de poursuivre quand même l’impression. À partir de ce moment et de cette décision, il sait bien qu’il est hors-la-loi : son amour du bien public vient de l’emporter sur le respect de la loi. L’impression achevée, sous forme de feuilles, est livrées en ballots. Mais comment les faire entrer à Paris, entourée, on le sait, de barrières, bien gardées ? L’introduction de ballots suspects aurait immédiatement éveillé l’attention des gardes, et tous les imprimés non revêtus du privilège sont saisis. Aussi, Vauban envoie deux hommes de confiance Picard, son cocher, et Mauric, un de ses valets de chambre, récupérer les quatre ballots enveloppés de serpillières et de paille et cordés, au-delà de l’octroi de la porte Saint-Denis. Chaque ballot contient cent volumes en feuilles. Les gardiens de la barrière laissent passer, sans le visiter, le carrosse aux armes de Vauban, maréchal de France. À Paris, rue Saint-Jacques, c’est la veuve de Jacques Fétil, maître relieur rue Saint-Jacques, qui broche la Dixme royale, jusqu’à la fin du mois de mars 1707, sous couverture de papier veiné, et relia quelques exemplaires, les uns en maroquin rouge pour d’illustres destinataires, les autres plus simplement en veau, et même en papier marbré 300 sans doute en tout. Ce sont des livres de 204 pages, in-quarto. Vauban en distribue à ses amis et les volumes passent de main en main les jésuites de Paris en détiennent au moins deux exemplaires dans leur bibliothèque… À noter qu’aucun exemplaire n’est vendu : aux libraires qui en demandent, Vauban répond qu’il n’est pas marchand.
Voici le témoignage de Saint-Simon :
Le livre de Vauban fit grand bruit, goûté, loué, admiré du public, blâmé et détesté des financiers, abhorré des ministres dont il alluma la colère. Le chevalier de Pontchartrain surtout en fit un vacarme sans garder aucune mesure et Chamillart oublia sa douceur et sa modération. Les magistrats des finances tempêtèrent et l’orage fut porté jusqu’à un tel excès que, si on les avait crus, le maréchal aurait été mis à la Bastille et son livre entre les mains du bourreau. Le 14 février 1707, le Conseil, dit conseil privé du roi se réunit. Il condamne l’ouvrage, accusé de contenir « plusieurs choses contraires à l’ordre et à l’usage du royaume. Et le roi ordonne d’en mettre les exemplaires au pilon et défend aux libraires de le vendre. Pourtant aucun auteur n’est mentionné. Cette première interdiction n’affecte pas, semble-t-il, Vauban qui, tout au contraire, dans une lettre datée du 3 mars à son ami Jean de Mesgrigny, gouverneur de la citadelle de Tournai, manifeste sa fierté face au succès de son livre : … Le livre de la Dixme royale fait si grand bruit à Paris et à la Cour qu’on a fait défendre la lecture par arrest du Conseil, qui n’a servi qu’à exciter la curiosité de tout le monde, si bien que si j’en avois un millier, il ne m’en resteroit pas un dans 4 jours. Il m’en revient de très grands éloges de toutes parts. Cela fait quez je pourray bien en faire une seconde édition plus correcte et mieux assaisonnée que la première… Et nous apprenons en même temps que l’abbé Vincent Ragot de Beaumont l'homme de l’ombre qui a joué un rôle capital dans la rédaction de la Dixme royale, installé à Paris près de Vauban, prépare cette seconde édition : … L’abbé de Beaumont est ici qui se porte à merveille, et je le fais travailler depuis le matin jusqu’au soir. Vous savez que c’est un esprit à qui il faut de l’aliment, et moi, par un principe de charité, je lui en donne tout autant qu’il en peut porter… Un second arrêt est donné le 14 mars. Louis Phelypeaux, comte de Ponchartrain 1674-1747, en personne, le chancelier, a lui-même corrigé le texte de l’arrêt, dont l’exécution est cette fois confiée au lieutenant-général de police de Voyer de Paulmy, marquis d’Argenson. Et Pontchartrain ajoute en marge de l’arrêt : le dit livre se débite encore, c’est-à -dire, au sens exact du mot, se vend facilement et publiquement. Au même moment, Vauban continue la distribution de son livre : ainsi, Jérôme de Pontchartrain, le fils du chancelier, et secrétaire d’État à la marine, accuse réception, le 20 mars, d’un exemplaire qui lui a été adressé le 16 mars.
Les derniers jours de Vauban
Antoine Étex, Mausolée de Vauban 1852, où est déposé le cœur de Vauban. Paris, hôtel des Invalides. Grâce aux dépositions de son valet de chambre, Jean Colas, de la veuve Fétil, de sa fille et de leur ouvrier Coulon, il est possible de savoir comment se sont passés les derniers jours de Vauban. Colas, le valet de Vauban, qui fut interné pendant un mois au Châtelet, raconte dans une déposition conservée aux archives la réaction du vieux maréchal, le 24 mars, quand il commence à s’inquiéter : Toute cette après-dînée, le Maréchal parut fort chagrin de la nouvelle que M. le Chancelier faisait chercher son livre. Sa réaction fut d’ordonner à son valet d’aller promptement chez la veuve Fétil retirer les quarante exemplaires restés chez elle. Toute la journée, il reste assis dans sa chambre, en bonnet, près du feu. Deux dames lui ont rendu visite ce jour-là la comtesse de Tavannes et Madame de Fléot, femme du major de la citadelle de Lille et il a accordé sans doute, à chacune d’elle un exemplaire de sa Dixme. Sur le soir, la fièvre le prend. Il se met au lit, et fut fort mal le vendredi et samedi suivant… Le dimanche, la fièvre est légèrement tombée : ce dimanche matin, explique Colas, il donne ordre de prendre dans son cabinet deux de ses livres et de les porter au sieur abbé de Camps, rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain, et de le prier de les examiner, et de lui en dire son sentiment. Et le soir même, il en fait aussi porter un aux Petits-pères de la place des Victoires, et un autre à son confesseur, un frère jacobin qui prêche pendant le cours de cette année au couvent de l’ordre, rue Saint-Honoré, et ne donnant ledit livre [à son valet le dit sieur maréchal lui dit qu’il priait ce frère de le lire et de lui dire si, en le composant, il n’avait rien fait contre sa conscience. Le mercredi 30 mars, dit Colas, sur les neuf heures trois-quarts du matin, le Maréchal mourut…. Dès l’instant de sa mort, les exemplaires restants sont retirés, par Ragot de Beaumont, qui logeait dans une chambre de l’hôtel Saint-Jean, hôtel mitoyen et dépendant de celui de Vauban. Et dans cette chambre, explique Colas, on y monte par un escalier qui débouche dans le cabinet du Maréchal. Vauban meurt dans une maison aujourd'hui détruite qui se situait au no 1 de la rue Saint-Roch actuelle. En 1933, à l'occasion du tricentenaire de la naissance de Vauban, la ville de Paris y fait apposer une plaque commémorative.
Le no 1 de la rue Saint-Roch À gauche l'emplacement de la maison où mourut Vauban en 1707 et à droite la plaque, posée en 1933, qui rappelle son souvenir. C’est Saint-Simon, on le sait, qui a fait naître l’idée que Vauban serait mort de chagrin : Vauban, réduit au tombeau par l’amertume . Et surtout, ce passage : Le roi reçut très mal le maréchal de Vauban lorsqu’il lui présenta son livre, qui lui était adressé dans tout le contenu de l’ouvrage. On peut juger si les ministres à qui il le présenta lui firent un meilleur accueil. De ce moment, ses services, sa capacité militaire, unique en son genre, ses vertus, l’affection que le roi y avait mise jusqu’à se croire couronné de lauriers en l’élevant, tout disparut à l’instant à ses yeux ; il ne vit plus en lui qu’un insensé pour l’amour du bien public, et qu’un criminel qui attentait à l’autorité de ses ministres, par conséquent à la sienne ; il s’en espliqua de la sorte sans ménagement : Testament de Sébastien Le Prestre de Vauban, rédigé le 23 mars 1702. Archives nationales de France. L’écho en retentit plus aigrement dans toute la nation offensée qui abusa sans ménagement de sa victoire ; et le malheureux maréchal, porté dans tous les cœurs français, ne put survivre aux bonnes grâces de son maître, pour qui il avait tout fait, et mourut peu de mois après, ne voyant plus personne, consommé de douleur et d’une affliction que rien ne put adoucir, et à laquelle roi fut insensible, jusqu’à ne pas faire semblant de s’apercevoir qu’il eût perdu un serviteur si utile et si illustre. Il n’en fut pas moins célébré par toute l’Europe et par les ennemis mêmes, ni moins regretté en France de tout ce qui n’était pas financier ou suppôt de financier. Mais tout cela est une légende : Vauban n’a été ni inquiété ni disgracié et il est bien mort de maladie, d’une pneumonie fluxion de poitrine, des conséquences de ce rhume » dont il ne cesse de se plaindre depuis des dizaines d’années dans sa correspondance. Reste que la Dixme royale est bel et bien une affaire, l’ultime recours d’un homme qui a voulu, par tous les moyens, se faire entendre… Et les mesures de censure n’ont pas réussi à empêcher la diffusion et le succès du livre, comme l’atteste cette lettre de Ponchartrain du 14 juin 1707 à l’intendant de Rouen Lamoignon de Courson : Nonobstant les deux arrests du conseil dont je vous envoie copie qui ordonne la suppression du livre de feu le maréchal de Vauban, la Dixme royale, ce même livre n’a pas cessé d’être imprimé à Rouen en deux volumes in 12. On soupçonne le nommé Jaure de l’avoir fait imprimer, ce particulié ayant esté chassé de Paris pour avoir imprimé plusieurs livres défendus. Effectivement, nous savons que les libraires de Rouen ont imprimé le Projet d’une dixme royale de Vauban en 1707, 1708, 1709… Et à partir de Rouen, le livre est diffusé dans toute l’Europe : le 9 septembre 1707, un éditeur néerlandais demande à Antoine Maurry l’imprimeur de Rouen qui a fabriqué le livre six Dixme royale de Vauban in quarto… Et en 1713, Jérôme de Pontchartrain, secrétaire d’État de la Marine et de la Maison du roi expédiait à Michel Bégon, intendant du Canada un exemplaire de la Dixme royale en lui recommandant d’étudier avec Vaudreuil, le gouverneur, les possibilités d’appliquer au Canada les principes développés par Vauban. Et c’est la Régence, avec l’expérience de la polysynodie, qui confirme l’actualité, toujours présente, et réformatrice de Vauban : dans le Nouveau Mercure galant, organe officieux du gouvernement, on peut lire, en octobre 1715 p. 258 que « S.A.R le Régent travaille tous les jours pendant trois heures à examiner les Mémoires de feu M. le duc de Bourgogne, de même que ceux de M. de Vauban »… Vauban est inhumé dans l'église de Bazoches, petit village du Morvan proche du lieu de sa naissance et dont il avait acheté le château en 1675. Mais son cœur est aux Invalides depuis la décision de Napoléon en 1808.
Héritage Un bon Français
Louis XIV reconnait en Vauban un bon Français. Et à sa mort, contrairement à une légende tenace de disgrâce légende dont Saint-Simon est en partie responsable, il parle de lui avec beaucoup d’estime et d’amitié et déclare à l’annonce de sa mort : Je perds un homme fort affectionné à ma personne et à l’État. Vauban est un homme de caractère, qui paie de sa personne, exigeant dans son travail et très soucieux du respect de ses instructions. Mais c'est aussi un humaniste, qui se passionne pour la justice sociale : on rapporte par exemple qu'il partage ses primes et ses soldes avec les officiers moins fortunés, et prend même parfois sur lui les punitions des soldats sous son commandement lorsqu'il les trouve injustes… Il mène une vie simple et ses rapports avec son entourage sont très humains, qu'il s'agisse de ses proches ou des gens de sa région natale, où il aimait à revenir lorsqu'il le pouvait c'est-à -dire rarement !. Son père, Urbain le Prestre l'a éduqué très jeune dans le respect des autres, quelles que soient leurs origines. Ses origines modestes — famille de hobereaux provinciaux désargentés — ont sans doute contribué à forger l'humanité de son caractère. On peut dire aussi que Vauban est un noble malcontent. Mais au lieu d’emprunter le chemin de la révolte armée comme le font les gentilshommes du premier XVIIe siècle, il utilise la plume et l’imprimé, au nom d’un civisme impérieux, pleinement revendiqué, au service de la nation France et de l’État royal qu’il veut servir plus que le roi lui-même. Toute son œuvre de pierre et de papier en témoigne : son action ne vise qu’un but, l’utilité publique, en modelant le paysage, en façonnant le territoire, en transformant l’ordre social. Vauban, apôtre de la vérité, apparaît, avec quelques autres contemporains Pierre de Boisguilbert, par exemple, ou l’Abbé de Saint-Pierre, comme un citoyen sans doute encore un peu solitaire. Mais au nom d’idées qu’il croit justes, même si elles s’opposent au roi absolu, il contribue à créer un espace nouveau dans le territoire du pouvoir, un espace concurrent de celui monopolisé par les hommes du roi, l’espace public, et à faire naître une force critique appelée à un grand avenir : l’opinion. Par ses écrits progressistes, Vauban est considéré comme un précurseur des encyclopédistes, des physiocrates et de Montesquieu.
Bilan de ses fortifications
Selon Napoléon, la fontière de fer édifiée par Vauban a sauvé la France de l'invasion à deux reprises : sous Louis XIV lors de la Bataille de Denain, puis sous la Révolution.
Hommages
Timbres Timbre à l'effigie de Vauban, série célébrités , Dessin de André Spitz, d'après Rigaud. Graveur: Claude Hertenberger, impression taille-douce France No 1029, catalogue Yvert & Tellier année d'émission 13 juin 1955. Timbre à l'effigie de Vauban et une fortification en arrioère-plan valeur 0,54 € France No 4031, catalogue Yvert & Tellier, année 2007. vignette commémorative sans valeur postale De nombreuses rues et établissements publics portent le nom du Maréchal, à travers la France. Monnaies La monnaie de Paris pour célébrer l'année Vauban a émis quatre monnaie créées par Fabienne Courtiade En or 1/4 once massif, à valeur faciale de 10 € et à tirage limité à 3 000 exemplaires En, argent 5 once, en BE, BU Pièce de 20 €
Armoiries
Figure Blasonnement D'azur, au chevron d'or, surmonté d'un croissant d'argent et accompagné de trois trèfles du second.
Propriétés
Château d'Epiry, provient de sa femme Domaine de Creuzet, voisin d'Epiry lui est adjugé le 15 février 1676 par décret du bailliage de Saint-Pierre-le-Moûtier, pour remboursement de la dette de 15,000 livres contractée par le comte de Crux, en 1671, soit 120 arpents de bois 41 hectares, avec la justice à la Collancelle, attenants à Epiry et au Creuset Château de Bazoches, acquis en 1675 soit 130 hectares de terre et de prés ainsi que 400 hectares de bois, acquis aux enchères par un certain Lemoyne le 17 août 1679 pour le compte de Vauban. Cette vente avait pris quatre ans avant de se faire. seigneurie de Pierre-Perthuis acquise en 1680 au comte de Vitteaux soit 30 hectares de terre et 12 hectares de vignoble, le fief, le château en ruine ainsi que le moulin de Sæuvres Seigneurie de Cervon, acquise en 1683 Château Vauban à Bazoches, manoir familial qu'il achète 4 700 livres en 1684, à laquelle son père fut contraint de renoncer en 1632, et qu'il achète à son cousin Antoine Le Prestre de Vauban endetté, soit 500 hectares de terre et de brousailles avec le château. En 1693, il achète à comte de Nevers:Philippe Mancini 1641-1707, la seigneurie de Neuffontaines à l'ouest de Bazoches, comprenant le domaine d'Armance, ainsi que 110 hectares de terre et prés Le Manoir de Champignolles qui jadis propriété des Le Prestre, était passé par mariage aux Magdelenet, revient dans son patrimoine par son secrétaire Friand le 17 juillet 1704, qui se fait rembourser une dette contractée par le président de l'élection de Vézelay: Jean Magdelenet. Seigneurie de Domecy, acquise en 1690 à Claude La Perrière, représentant 3 fermes et 70 hectares de terres et de prés. La Chaume, achetée en 1690 En 1693 il possède 1 200 hectares de terres dont quatre cents de bois. Dont plus de la moitié des 91 actes d'affaires agricoles des Le Prestre passés devant maître Ragon, notaire à Bazoches de 1681 à 1705, signés par Jeanne d'Osnay épouse de Vauban qui lui a donné une procuration.
Sources
Les papiers personnels de Sébastien Le Prestre de Vauban sont conservés aux Archives Nationales sous la cote 260Ap et 261AP. Ils sont consultables sous forme de microfilms.
Bibliographie
Luc Mary, Vauban, le maître des forteresses, Paris, Éditions de l'Archipel,‎ 2007, 277 p; Bernard Pujo, Vauban, Albin Michel,‎ 1991 ; Anne Blanchard, Vauban, Fayard,‎ 1996 ; Joël Cornette, Le Roi de guerre. Essai sur la souveraineté dans la France du Grand Siècle, Paris, Payot, coll. Petite bibliothèque, Payot, 2000,‎ 1993, 488 p; Michèle Virol, Vauban : De la gloire du roi au service de l’État, Champ Vallon,‎ 2003 réimpr. 2007; Arnaud d'Aunay, Vauban, génie maritime, Gallimard,‎ 2007; Michel Parent et Jacques Verroust, Vauban, Jacques Fréal,‎ 1971, 319 p. OCLC 306446; Lieutenant-colonel Pierre Lazard, Vauban, Paris,‎ 1934 thèse de doctorat ; Émilie d' Orgeix, Victoria Sanger et Michèle Virol, Vauban. La pierre et la plume, Paris, Éditions du Patrimoine, Gérard Klopp,‎ 2007; A. Allent, Histoire du corps impérial du génie, vol. 1 seul paru : Depuis l'origine de la fortification moderne jusqu'à la fin du règne de Louis XIV, Paris,‎ 1805, p. 45-526 Étude sur Vauban ; Franck Lechenet, Plein Ciel sur Vauban, Éditions Cadré Plein Ciel,‎ 2007 Livre de 240 pages de photographies sur une centaine de sites Vauban en vue aérienne. Textes historiques ; Guillaume Monsaingeon, Vauban un militaire très civil, Éditions Scala,‎ 2007 150 lettres de Vauban entre 1667 et 1707 ; Martin Barros, Nicole Salat et Thierry Sarmant, Vauban, l'intelligence du territoire, Paris, Service historique de la défense et Nicolas Chaudun,‎ 2006 réimpr. 2007; Les Oisivetés de Monsieur de Vauban, ou ramas de plusieurs mémoires de sa façon sur différents sujets, Champ Vallon,‎ 2007 Édition intégrale établie sous la direction de Michèle Virol, Seyssel Il s'agit de la première édition intégrale des vingt-neuf mémoires laissés à l'état manuscrit par Vauban. Chaque mémoire est préfacé et annoté par un historien spécialiste. Guillaume Monsaingeon, Les Voyages de Vauban, Marseille, Parenthèses,‎ 2007 Édition brochée de 190 pages couleurs et mêmes quelques photographies… Daniel Auger, Vauban sa vie son oeuvre, Association "Les Amis de la Maison Vauban",‎ 1998 Daniel Auger, Bibliographie des ouvrages de Vauban ou concernant Vauban, Association "Les Amis de la Maison Vauban",‎ 2007 Vauban 1633-1707 : 6 octobre-24 octobre 2007/Guy Thuillier ;Carnet de dessins Arnaud d'Aunay.-Nevers :Bibliothèque Municipale de Nevers et Société Académique du Nivernais, 2007 Vauban : Traité de l'attaque et de la deffence des places Manuscrit Vauban: Le directeur general des fortifications Alain Monod, Vauban ou la mauvaise conscience du roi, Riveneuve Editions, coll. Bibliothèque des idées; Arnaud de Sigalas, Guide du château de Bazoches-en-Morvan, rédigé et publié par A. de Sigalas, cahiers de 34.p. s.d., Luc-Normand Tellier, Face aux Colbert : les Le Tellier, Vauban, Turgot… et l'avènement du libéralisme, Presses de l'Université du Québec, 1987, 816 pages.Etexte Lucien Bély, Dictionnaire Louis XIV, éditions Robert Laffont, coll. Bouquins,‎ 2015, 1405 p. Robert Dauvergne, Vauban et la détresse économique dans la région de Vézelay, Clamecy, Impr. générale de la Nièvre, 1954, 7 p.
Iconographie
Angers, École supérieure d'Application du Génie : Louis-Eugène Larivière, Portrait de Vauban, huile sur toile, copie d'après ? ; Aunay-en-Bazois, château d'Aunay : Le Maréchal de Vauban XIX siècle, buste en plâtre ; Anonyme, Portrait de Vauban, huile sur toile ; Avallon, place Vauban : Auguste Bartholdi, Monument à Vauban, inauguré le 9 septembre 1873 ; Bazoches, château de Bazoches : Antoine Coysevox, Vauban, buste en terre cuite ; Hyacinthe Rigaud, Portrait de Vauban, huile sur toile ; Anonyme, Portrait de Vauban, huile sur toile ; Briançon : Vauban, buste à mi-corps en marbre blanc ; Cambrai : Vauban à Cambrai, non signé, non daté, huile sur toile ; Dijon, musée des beaux-arts : anonyme, Portrait de Vauban, huile sur toile , copie d'après Hyacinthe Rigaud ; Gap : Augustin Lesieux 1877-1964, Vauban, 1937, sculpture en pierre, conseil général des Hautes-Alpes ; Paris, département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France : Portrait de Vauban de trois-quart, en armure, dans un ovale, gravure éditée chez E. Desrochers ; Nicolas-Gabriel Dupuis 1695-1771, Portrait de Vauban, gravure ; Pierre François Bertonnier, Portrait de Vauban, gravure ; Robert Bonnart 1652-1733, Portrait de Vauban, en pied prenant une prise de tabac, estampe éditée chez N. Bonnart rue Saint-Jacques ; Paris, hôtel des Invalides : Antoine Étex, Mausolée de Vauban, 1846-1847 ; Paris, Monnaie de Paris : Michel Petit, Vauban, médaille 41 mm ; Paris, musée du Louvre : Antoine Étex, Vauban, buste en plâtre, esquisse pour le Mausolée de Vauban commandé par le ministère de l'Intérieur le 6 juin 1843 et destiné à l'hôtel des Invalides, érigé en 1852 dans le bras du transept de l'église du Dôme des Invalides. Le 22 décembre 1855, la commission refuse sa statue pour la façade des places Napoléon et du Carroussel ; Antoine Coysevox, Vauban, buste en plâtre ; Paris, place Salvador-Allende : Henri Bouchard, Monument au maréchal Vauban, 1962 ; Saint-Léger-Vauban : Anatole Guillot, Monument à Vauban, bronze, inauguré le 10 décembre 1905 par Bienvenu Martin, ministre de l'Éducation et ces cultes ; Valenciennes, musée des beaux-arts : Gustave Crauk , Statuette en pied de Vauban, esquisse pour la statue destinée à la façade du palais du Louvre en 1855-1856 ; Verdun, hôtel Vauban : Lucien Lantier, Portrait du maréchal Vauban, vers 1923, huile sur toile ; Versailles, musée de l'Histoire de France : Charles-Antoine Bridan, Statue de Vauban ; Atelier de François de Troy, Portrait de Vauban, huile sur toile ; Vincennes, bibliothèque du Génie, service historique de la Défense : Charles Le Brun, Portrait de Vauban, pastel
Posté le : 30/04/2016 19:07
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