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De Montpellier
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Le 8 mai 1945 signature de la capitulation de l'Allemagne
à 23 h 01, heure de Berlin, soit le 9 mai 1945 à 1 h 01, heure de Moscou, cette signature est la seconde, la première capitulation a été signée à Reims le 7 mai 1945 à 2 h 41. Les Actes de capitulation du Troisième Reich sont constitués par les deux versions de l’Acte de reddition militaire — en anglais : Act of military surrender — qui constituent le texte légal de la capitulation du Troisième Reich par lequel le Haut Commandement des forces armées allemandes s'est rendu de manière simultanée sans condition aux hauts commandements suprêmes des forces expéditionnaires alliées en Europe et de l'Union soviétique, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en Europe.
Première capitulation
Les deux pages de l’acte de capitulation allemand, signé à Reims le 7 mai 1945 par le Generaloberst Jodl et visé par les représentants alliés sur place. La délégation allemande est composée du Generaloberst Alfred Jodl, de l'amiral von Friedeburg et du major Wilhelm Oxenius. Le 7 mai 1945 à 2 h 41, dans une salle du Collège technique et moderne de Reims actuel musée de la Reddition qui était alors occupée par l'état-major du général Eisenhower, est signée la reddition sans condition des forces armées allemandes par Alfred Jodl, au nom du Haut Commandement des forces armées en allemand : Oberkommando der Wehrmacht et en tant que représentant du nouveau Reichspräsident, le Großadmiral Karl Dönitz. Le document, rédigé en quatre langues, est signé pour le SHAEF par le général Walter B. Smith, chef d’état-major du général Eisenhower qui signe au nom des Alliés occidentaux, et par le général Ivan Sousloparov, seul représentant de l'Union soviétique à Reims et commandant la mission de liaison militaire. Le général français François Sevez, convoqué in extremis, est invité à le contresigner comme témoin en tant que chef d'état-major du général de Gaulle. Le texte en anglais était le seul texte faisant autorité. L'étendue des pouvoirs dont est investi le général Susloparov n'est pas vraiment claire et il ne dispose d'aucun moyen de contacter rapidement le Kremlin. Il prend néanmoins le risque de signer pour la partie soviétique. Il fait noter cependant que le document pourrait être remplacé dans le futur par une nouvelle version (voir l'article 4). Staline se révèle très mécontent de la tournure de l'événement. Il exige que la capitulation allemande ne puisse être acceptée qu'en présence d'un représentant du Haut Commandement des forces de l'Union soviétique et il insiste pour que le protocole de Reims ne soit considéré que comme un préliminaire à la cérémonie officielle qui se tiendrait à Berlin en présence du maréchal Joukov.
Texte de l'acte de capitulation du 7 mai 1945 Ã Reims
traduction française Seul le texte en anglais fait autorité
Acte de redition militaire
Nous soussignés, agissant au nom du Haut Commandement allemand, déclarons par la présente que nous offrons la reddition sans condition au Commandant suprême des Forces expéditionnaires alliées et, simultanément au Haut Commandement soviétique, de toutes les forces de terre, de mer et de l'air qui sont à cette date sous contrôle allemand. Le Haut Commandement allemand transmettra immédiatement à toutes les autorités militaires navales et aériennes allemandes et à toutes les autorités militaires sous contrôle allemand, l'ordre de cesser de prendre part aux opérations actives à 23 heures 01 heure d'Europe centrale le 8 mai et de rester sur les positions qu'elles occuperont à ce moment. Aucun navire ni avion ne sera sabordé et aucun dégât ne sera fait à leur coque, à leurs machines ou à leur équipement. Le Haut Commandement allemand adressera immédiatement aux commandants des forces intéressées tous les ordres donnés par le Commandant suprême des Forces expéditionnaires alliées et par le Haut Commandement soviétique, et s'assurera de leur exécution. Cet acte de reddition militaire ne préjuge pas de l'avenir et sera remplacé par tout autre instrument général de reddition qui sera imposé par ou au nom des Nations unies et applicable à l'ALLEMAGNE et aux forces armées allemandes dans leur ensemble. Dans le cas où le Haut Commandement allemand ou certaines forces sous son contrôle manqueraient d'agir conformément à cet acte de reddition, le Commandant suprême des Forces expéditionnaires alliées et le Haut Commandement soviétique prendront toutes actions punitives ou autres qu'ils jugeront appropriées. Signé à Reims France à 2 heures 41, le 7 mai 1945. Au nom du Haut Commandement allemand. Signature du général JODL En présence de Au nom du Commandant suprême des Forces expéditionnaires alliées Signature du général BEDELL-SMITH Au nom du Haut Commandement soviétique, Signature du général SOUSLOPAROV Général, Armée française Témoin
Seconde capitulation
Le Generalfeldmarschall Wilhelm Keitel signe la capitulation de l’Allemagne à Berlin le 8 mai 1945. Le 8 mai peu avant minuit, la seconde capitulation allemande est signée3 à Karlshorst, en banlieue sud-est de Berlin, dans une villa qui abrite aujourd'hui le musée germano-russe. Les représentants de l'URSS, de la Grande-Bretagne, de la France et des États-Unis arrivent peu avant minuit. Après l’ouverture de la cérémonie par le maréchal Joukov, les représentants du Haut Commandement allemand, emmenés par le Generalfeldmarschall Keitel, sont invités à signer l'acte de capitulation entrant en vigueur le 8 mai à 23 h 01, heure d'Europe centrale, soit le 9 mai à 1 h 01 à l’heure de Moscou : ceci explique pourquoi la victoire est célébrée le 9 Mai, au lieu du 8, dans les pays de l'ex-URSS, notamment en Russie.
Texte de l'acte de capitulation du 8 mai 1945 Ã Berlin
traduction en français à partir du texte original en anglais
Acte de capitulation militaire :
1. Nous, soussignés, agissant au nom du Haut Commandement allemand, déclarons par la présente que nous présentons la reddition sans condition, au commandant en chef de la Force expéditionnaire alliée et simultanément au Haut Commandement suprême de l'Armée rouge, de toutes les forces terrestres, navales et aériennes qui sont à ce jour sous contrôle allemand. 2. Le Haut Commandement allemand transmettra immédiatement l'ordre, à toutes les autorités militaires terrestres, navales et aériennes allemandes et à toutes les forces sous contrôle allemand, de cesser leurs actions de combat à 23 h 01 heure de l’Europe centrale le 8 mai, de rester sur les positions qu'elles occupaient à ce moment et de se désarmer complètement, remettant leurs armes et équipements aux commandants alliés ou aux officiers locaux désignés par les représentants des commandements suprêmes alliés. Aucun bateau, navire ou avion ne doit être sabordé, ou aucun dommage ne doit être fait à leur coque, machines ou équipement, ainsi qu'aux machines de toutes sortes, aux armements, appareils et à tous les moyens techniques permettant la poursuite de la guerre en général. 3. Le Haut Commandement allemand transmettra immédiatement aux commandants concernés tous nouveaux ordres publiés par le commandant en chef de la Force expéditionnaire alliée et par le Commandement suprême de l'Armée rouge, et il s'assurera de leur bonne exécution. 4. Cet acte de reddition militaire ne tient pas compte de tout éventuel nouvel acte de reddition général imposé par les Nations unies ou en leur nom et applicable à l'ALLEMAGNE et aux forces armées allemandes dans leur ensemble, lequel nouvel acte remplacera le précédent. 5. Si le Haut Commandement allemand ou toute force sous son contrôle n’agissaient pas selon les termes de cet acte de reddition, le commandant en chef de la Force Expéditionnaire Alliée et le Haut Commandement suprême de l'Armée rouge exerceraient toutes actions punitives ou autres comme ils le jugeraient opportun. 6. Le présent acte est établi en anglais, russe et allemand. Seuls les textes anglais et russe font foi. Signé à Berlin, le 8 mai 1945. Keitel von Friedeburg Stumpff Pour le Haut Commandement allemand En présence de : Air chief marshal A. W. Tedder Au nom du commandant en chef de la Force expéditionnaire alliée G. Joukov Au nom du Haut Commandement suprême de l'Armée rouge À la signature étaient également présents comme témoins : J. De Lattre de Tassigny, Général commandant en chef de la 1re armée française Carl Spaatz Général, commandant des Forces stratégiques aériennes des États-Unis.
La Seconde Guerre mondiale se termine officiellement en Europe le 8 mai 1945, à 23h01 (heure allemande), au lendemain de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie, signée le 7 mai à Reims. Elle laisse un bilan sans équivalent dans l'Histoire avec plus de cinquante millions de morts militaires et majoritairement civils (400.000 Américains, autant de Britanniques, 600.000 Français, huit millions d'Allemands, dix à vingt millions de Soviétiques etc). Défaite totale de l'Allemagne nazie Le tournant de la guerre s'est produit lors de la bataille d'El-Alamein, en octobre 1942. À partir de cette date, les armées allemandes subissent défaite sur défaite et reculent sur tous les fronts. En février 1945, Dresde est écrasée sous les bombes. La jonction des troupes soviétiques et anglo-américaines a lieu le 25 avril 1945 au milieu de l'Allemagne, sur l'Elbe. Le 30 avril, le suicide de Hitler, terré dans son bunker de Berlin avec son dernier carré de fidèles, sonne le glas des espoirs allemands. Il revient à son successeur, l'amiral Dönitz, de demander la cessation des combats aux puissances alliées. Celui-ci envoie le général Alfred Jodl, chef d'état-major de la Wehrmacht, à Reims, au quartier général des forces alliées du général Dwight Eisenhower. Signature de la capitulation à Reims 7 mai Le général Alfred Jodl signe dans la nuit du 6 au 7 mai, à 2h41 du matin, la capitulation sans condition de l'Allemagne. Quelques mois plus tard, il sera condamné à mort par le Tribunal de Nuremberg pour avoir contresigné des ordres d'exécution d'otages ou de prisonniers. Le chef d'état-major du général Eisenhower, commandant suprême des Alliés, et le général soviétique Ivan Sousloparov signent l'acte de capitulation au nom des vainqueurs. Le général français François Sevez, chef d'état-major du général de Gaulle, est invité à le contresigner à la fin de la cérémonie en qualité de simple témoin. La cessation des combats est fixée au lendemain 8 mai, à 23h 01. Ratification de la capitulation à Berlin 8 mai Pour Staline, il ne suffit pas que la capitulation ait été signée à Reims, dans la zone occupée par les Anglo-Saxons. Il faut aussi qu'elle soit ratifiée à Berlin, au coeur du IIIe Reich, et accessoirement dans la zone d'occupation soviétique. Bien que la France se fût officiellement retirée de la guerre avec l'armistice du 22 juin 1940, le gouvernement du général de Gaulle obtient de Staline de se faire représenter par le chef de la 1ère armée française, le général Jean de Lattre de Tassigny. Cette formalité se tient au quartier général des forces soviétiques, sous la présidence du maréchal Gueorgui Joukov. Après que le maréchal Wilhelm Keitel, chef d'état-major de la Wehrmacht, a signé les protocoles de la capitulation, la délégation allemande est poussée vers la sortie et les vainqueurs donnent libre cours à leur joie dans un banquet qui se prolonge jusqu'au matin. NB : la ratification de la capitulation à Berlin ayant été enregistrée en URSS le lendemain, à 00h01 (heure de Moscou), c'est le 9 mai que, depuis lors, Soviétiques et Russes commémorent leur victoire dans la Grande Guerre patriotique. La capitulation n'est pas la paix Les chefs d'État et de gouvernement alliés, dont le général de Gaulle, peuvent annoncer simultanément sur les radios la cessation officielle des hostilités en Europe. Mais malgré la capitulation de l'Allemagne nazie, son allié le Japon poursuit un combat désespéré contre les Américains dans l'océan Pacifique. Il faudra les deux explosions atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, pour le contraindre à capituler, près de quatre mois après l'Allemagne. Les Français n'ayant eu aucune part à la capitulation militaire de l'Allemagne, à Reims, le 7 mai 1945, ils ont choisi par la suite de commémorer exclusivement la fin des combats, le 8 mai 1945. En 1975, le président Giscard d'Estaing a souhaité mettre un terme à cette commémoration dans le désir de se réconcilier avec les Allemands... mais au grand scandale des associations d'anciens combattants. En 1981, le président Mitterrand a voulu prendre le contrepied de son prédécesseur. Il ne s'est pas contenté de refaire du 8 mai un jour férié. Il en a aussi fait un jour chômé... sans rencontrer d'objections chez les citoyens (faut-il s'en étonner ? un jour de congé supplémentaire, ça ne se refuse pas). Cela fait, avec le 11 novembre, deux jours chômés pour autant de victoires sur nos « amis allemands » ! L'attention portée à cette célébration paraît d'autant plus incongrue que le 8 mai 1945 est aussi marqué par la répression sanglante de Sétif. À noter que ni les Anglais, ni les Américains ne chôment le 8 mai bien qu'ils aient les meilleures raisons du monde de commémorer cet anniversaire. Quant aux Russes, rappelons-le, c'est le 9 mai qu'ils célèbrent la capitulation de l'Allemagne, la cessation des combats ayant été enregistrée ce jour-là à Moscou en raison du décalage horaire. Notons enfin que cette date du 8 mai 1945 marque avant tout une victoire militaire. Le nazisme proprement dit est mort avec son fondateur dans le bunker de Berlin, le 25 Avril 1945
La fin du IIIe Reich
L'Allemagne envahie, cependant que les villes du Reich étaient soumises par l'aviation anglo-américaine à des bombardements destructeurs, les chefs du IIIe Reich n'en continuèrent pas moins la lutte, rêvant de contre-offensives victorieuses ou d'armes miracles, espérant jusqu'au bout susciter la discorde entre les Alliés et demandant à la population de nouveaux sacrifices, mobilisant, dans les derniers mois, jusqu'aux adolescents de quinze ans dans le Volkssturm. Le 30 avril 1945, dans le Bunker de la chancellerie à Berlin, Hitler se donna la mort, bientôt imité par Goebbels ; le Führer avait confié le pouvoir à l'amiral Karl Dönitz qui, espérant encore négocier séparément avec les Anglo-Américains, composa un gouvernement d'où étaient exclus les dirigeants nazis, et se résigna à capituler le 4 mai. Les principaux responsables nationaux-socialistes – quand ils n'avaient pas péri ou disparu – ont été jugés après la guerre par le tribunal international de Nuremberg. Un certain nombre d'entre eux ont été condamnés à mort et exécutés, d'autres se virent infliger des peines d'emprisonnement, quelques-uns furent acquittés. Ont été jugés également, mais par un tribunal exclusivement américain, quelques industriels (Krupp, Flick). Parfois condamnés, ils ont été libérés au bout de peu de temps et ont repris leur place à la tête de leurs entreprises, ou Konzern. Dans sa grande majorité, le peuple allemand avait accepté jusqu'au bout un régime qui lui avait apporté quelques maigres profits et beaucoup de souffrances. Goebbels avait réussi à persuader un grand nombre d'Allemands qu'ils étaient – volens nolens – solidaires du régime et de ses actes, et que la seule alternative était la victoire ou la disparition de l'Allemagne.
Conséquences
L'effondrement du IIIe Reich a eu pour l'Allemagne et les Allemands des conséquences graves. Parce qu'elle avait envahi et pillé la plupart des pays européens, l'Allemagne a suscité longtemps la haine et la méfiance des peuples qu'elle avait tenté d'asservir. Pendant les décennies qui ont suivi, plusieurs pays ont craint une renaissance du nazisme et se sont efforcés de se prémunir contre elle. Au lendemain de la guerre et jusqu'en 1949, l'autorité suprême a été exercée en Allemagne par les Alliés Union soviétique, États-Unis, Grande-Bretagne, France. Le territoire du Reich s'est trouvé notablement réduit à l'est Prusse-Orientale, territoires situés au-delà de la ligne Oder-Neisse. Sur le territoire du Reich furent établis, de 1949 à 1990, deux États à systèmes sociaux et politiques différents : la république fédérale d'Allemagne à l'ouest, la République démocratique allemande à l'est. Telles sont les principales conséquences pour l'Allemagne et son peuple de la politique menée par les nationaux-socialistes.
Jugements et problématique
Sans doute aucune autre période de l'histoire de l'Allemagne n'a-t-elle suscité, de la part des historiens, à la fois autant d'intérêt et de jugements passionnés, souvent contradictoires. Le IIIe Reich a fait naître et fait naître encore une littérature surabondante et de qualité fort inégale. Trop d'auteurs ont semblé vouloir réduire l'histoire de ce régime fasciste à la biographie de quelques-uns des personnages apparus sur le devant de la scène. Plus tard, on a insisté à l'excès sur les aspects « secrets » ou « fantastiques » du IIIe Reich. Pour les uns, le IIIe Reich est un accident tout à fait fortuit et, à la limite, presque inexplicable dans la longue histoire de l'Allemagne. Il constituerait une césure totale, comme en témoigne l'expression « année zéro » employée à propos de 1945. Nous avons, au contraire, tenté de montrer que le national-socialisme surgissait à un moment précis de l'histoire allemande, que les nazis n'avaient pas accédé au pouvoir sans de multiples appuis et qu'ils ne l'avaient pas assumé seuls : le succès et le triomphe de ce mouvement sont liés à certains intérêts économiques. L'idéologie du national-socialisme elle-même s'alimente pour une part aux traditions nationalistes et chauvines qui existaient en Allemagne avant Hitler. La tentative d'hégémonie européenne de Hitler s'inscrit dans la ligne des visées pangermanistes qui se sont exprimées avant et pendant la Première Guerre mondiale. Le national-socialisme est un fascisme auquel l'époque et les particularités de l'histoire allemande donnent sa spécificité. Qui est responsable des crimes du IIIe Reich ? Faut-il attribuer au peuple allemand une responsabilité collective ou faut-il rejeter tout le poids des crimes commis sur quelques coupables que l'on chargera d'autant plus qu'ils sont morts ? Quelques voix courageuses se sont élevées en Allemagne même, au lendemain de la guerre (Karl Jaspers), contre cette dernière interprétation. Les électeurs qui ont donné 12 millions de voix au national-socialisme, les Allemands qui ont approuvé l'établissement de la dictature hitlérienne, sans parler de ceux qui ont élaboré, encouragé ou exécuté les mesures répressives ou racistes, portent, à n'en pas douter, une part de responsabilité qu'on ne saurait, par contre, faire supporter aux victimes, par exemple aux Allemands qui ont résisté, parfois au péril de leur vie. La période du IIIe Reich a longtemps été, en Allemagne occidentale, après la guerre, une période taboue. Dans les familles, tout comme dans les livres d'histoire, on en parlait peu ou on n'en parlait pas. Tout un peuple semblait se refuser à assumer un passé qui le plongeait dans un malaise collectif, refusant du même coup de prendre la mesure exacte des conséquences du IIIe Reich (Unbewältigte Vergangenheit). Dans les pays de l'Est, au contraire, où le jour de la capitulation hitlérienne était célébré comme une fête nationale, on expliquait, quelquefois non sans schématisme, le IIIe Reich comme l'aboutissement de la politique de la grande bourgeoisie allemande impérialiste, sans étudier suffisamment ce qu'avait eu de spécifique ce régime politique, sans essayer de découvrir les motivations concrètes et le comportement réel des diverses couches de la population allemande. De nombreux historiens occidentaux ont tenté de faire de Hitler et de son équipe les maîtres absolus du IIIe Reich et donc les seuls responsables, assez machiavéliques pour abuser leurs alliés (la droite conservatrice) et les évincer du pouvoir. Dans la même ligne s'inscrivent toutes les « explications » qui recourent à la fascination qu'aurait exercée Hitler, à la puissance démiurgique qui aurait émané de ce personnage. C'est passer du domaine de l'histoire à celui de la magie. Hitler et ses ministres n'ont jamais été des hommes seuls. Des forces politiques et économiques connues ne leur ont pas ménagé leur appui, même après la dissolution des partis. Aussi bien un État moderne de 70 millions d'hommes, et qui plus est un système dominant ou s'efforçant de dominer l'Europe entière, requiert-il la collaboration active de centaines de milliers de personnes : le IIIe Reich a bénéficié de la collaboration d'un corps de fonctionnaires conservateur et antirépublicain que le régime précédent avait laissé subsister. Il est plus intéressant et plus important de rechercher pourquoi ces milliers ou ces millions de personnes ont suivi, approuvé le national-socialisme, de découvrir les intérêts que ce système politique a favorisés, d'étudier l'idéologie qu'il incarnait et propageait. Car, si l'on a pu dire qu'avant leur accession au pouvoir les nazis promettaient tout à tout le monde, il est bien évident que certaines catégories sociales ont tiré profit du IIIe Reich et que d'autres en ont été les victimes, fussent-elles parfois consentantes. Enfin il est un autre type de « jugement » qui paraît fort contestable, celui qui consiste à distinguer dans le IIIe Reich deux périodes : l'une bénéfique, l'autre néfaste. On oppose le Hitler bâtisseur des autoroutes au chef de guerre responsable du désastre de Stalingrad et finalement de la défaite avec toutes ses conséquences. « En sa qualité de nation la plus puissante du continent, l'Allemagne [en sept. 1938] pouvait obtenir satisfaction en ce qui concernait ses légitimes revendications nationales (mais non impérialistes) et devenir le pilier oriental d'un bloc quadripartite dressé en face de la Russie bolcheviste », écrivent H. Mau et H. Krausnick, et par « légitimes revendications » ils entendent l'annexion de l'Autriche et le dépècement de la Tchécoslovaquie. Porter pareil jugement, c'est se refuser à voir que les autoroutes avaient d'abord des buts stratégiques, que toute la politique nationale-socialiste débouche sur la tentative d'instaurer l'hégémonie allemande en Europe et de soumettre les autres peuples à la loi nazie. C'est par le réarmement qu'a été résolue la crise économique, c'est vers la guerre d'agression et de conquête que toute l'économie du Reich a été orientée à partir de 1936. À la veille de la guerre, l'Allemagne possède 3000 kilomètres d'autoroutes, objet de prestige international mais aussi et d'abord instrument stratégique dont la réalisation a été confiée par Hitler à Fritz Todt dès 1933. D'une façon générale, pendant longtemps les historiens se sont plus attachés à étudier l'idéologie du régime dont on a bien montré la genèse et les variations, l'organisation du parti et les institutions politiques que les résultats économiques. On peut se demander si l'importance donnée par Goebbels, avec un art certain de la mise en scène, à la propagande n'avait pas précisément pour but de masquer aux yeux du plus grand nombre les problèmes économiques ou d'en détourner l'attention. En République démocratique allemande surtout, les aspects économiques du IIIe Reich ont fait l'objet d'une étude approfondie. Peut-être a-t-on un peu trop insisté parfois sur l'irrationalité du système. S'il est vrai que Hitler maintenait volontiers côte à côte, dans les domaines diplomatique et militaire, des organismes parallèles, aux compétences volontairement mal définies de façon à s'assurer un rôle d'arbitre, il n'en reste pas moins que, tout compte fait, la machine de guerre allemande était fort bien organisée. L'extermination dans les camps d'une main-d'œuvre potentielle s'explique aussi par une contradiction inhérente au système. Ces milliers de prisonniers constituaient, certes, une main-d'œuvre possible, mais ils étaient aussi des adversaires politiques souvent irréductibles que le régime, à ce titre, s'efforçait d'anéantir. Est-ce à dire que l'histoire du IIIe Reich ne comporte plus désormais de vastes zones de clair-obscur ou même d'ombre ? On est assez bien informé sur la composition sociologique du Parti nazi. On sait que les classes moyennes y étaient surreprésentées et que les cadres du parti en sont issus dans leur majorité. Or le régime, en dépit de ses promesses antérieures, n'a nullement servi les intérêts de la petite bourgeoisie. Comment expliquer ce phénomène ? Ou encore, dans le succès de la propagande hitlérienne, quelle part attribuer aux arguments nationalistes, quelle part aux arguments socialisants ? Et quelles fractions de la classe ouvrière ont cédé à cette argumentation ? (On sait qu'avant 1933 le national-socialisme a remporté ses plus grands succès dans les régions rurales à dominante protestante, alors qu'il « mordait » plus difficilement sur le prolétariat urbain et sur les zones catholiques, mais en fut-il de même après 1933 ?) Plus généralement, on n'a sans doute pas encore assez étudié en quoi le national-socialisme se distinguait des autres fascismes. Quelles étaient ses composantes nationales ? Ce ne sont là que quelques-unes des questions que soulève ce régime. Gilbert Badia
Posté le : 06/05/2016 19:13
Edité par Loriane sur 07-05-2016 14:41:07 Edité par Loriane sur 07-05-2016 14:41:50 Edité par Loriane sur 07-05-2016 14:42:35
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