Plume d'Or
Inscrit: 06/08/2013 20:30
De Le Havre
Niveau : 25; EXP : 53 HP : 0 / 613 MP : 268 / 20138
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- Bla, bla, bla. Bla, bla, bla. Bla, bla bla bla bla.
Kjtiti vient de rentrer et sa femme parle, parle parle.
Kjtiti me direz-vous :
- C’est un drôle de nom ! Je sais. C’est lui qui l’a choisi pour protéger son anonymat. Il s’appelle peut-être Kévin ou Jean-Pierre. En tous cas, sa femme le saoule. C’est ce qu’il nous dit en lançant ce défi : « Parler pour ne rien dire, faut savoir que ça lasse….. » Pour comprendre si cette phrase est vraie, il faut se demander si on parle toujours pour dire « quelque chose », qu’est-ce qu’il faut « savoir » et qu’est-ce que la « lassitude » ? Kjtiti est bien gentil, mais là , on rentre dans la philosophie, et il va falloir se triturer les méninges.
Le langage parlé est considéré comme un privilège de l’humanité, les animaux n’ont pas de discours structuré par une grammaire. On peut supposer que notre ami vit avec une personne humaine, nous le savons puisque cet être utilise le langage articulé, et le saoule. Si on utilise cette façon de communiquer, on peut penser que c’est pour dire quelque chose. Et oui Kjtiti, désolée de te le dire mais ta femme, ta compagne, ta moitié cherche à te dire quelque chose ! Y-a-t-il des sujets qu’il faut éviter, des circonstances où il vaudrait mieux se taire. On pourrait penser qu’il serait bon de ne pas parler de ce qu’on ne connaît pas, mais ça, madame Kjtiti s’en moque, elle s’en balance complètement. Cela impliquerait qu’elle ait une connaissance scientifique de tous les sujets qu’elle souhaite aborder, ce qui paraît assez invraisemblable. Notre culture et notre éducation nous apprennent qu’il y a certaines circonstances où il vaut mieux ne pas parler. Le problème est que, suivant les cultures ou les endroits du globe, ces circonstances peuvent changer, nous ne pouvons donc pas décréter qu’il serait bon de se taire dans certaines circonstances mais pas dans d’autres. Il faudrait préciser lesquelles. Madame K sait-elle que selon la culture de son compagnon il faut qu’elle se taise quand il rentre ? Visiblement « non ». Le langage peut-il nous trahir ? La communication orale est le langage préféré des humains. Si l’on se tait, arrête-t-on de communiquer ? Et non mon pauvre Kjtiti ta femme n’arrête pas de communiquer quand elle se tait ! Si l’on regarde une personne qui se tait, on peut souvent savoir, si elle est triste ou préoccupée, son corps ou ses vêtements exprimeront des choses qui ne seront pas dites oralement. Une personne triste et habillée en noir est peut-être en deuil. Si elle pleure et sort un mouchoir, elle nous donne une indication supplémentaire. Si Madame Kjtiti a un rouleau à pâtisserie dans la main, c’est très mauvais signe ! Ne rien dire paraît difficile à partir du moment où la personne est présente, et même son absence peut être signifiante. Une chaise vide à un repas de famille peut créer un drame. Imagine qu’en rentrant, gentil Kjtiti, on peut se tutoyer j’espère puisque nous a fait cette confidence au sujet de ta femme, imagine donc que Madame ne soit pas là : elle t’a peut-être quitté, elle est peut-être avec son amant…
Le syntagme verbal « Il faut savoir » implique que nous serions obligés de « savoir » qu’une lassitude est provoquée par la parole. Qui nous aurait formulé cette obligation et qui nous obligerait à savoir ? Sommes-nous obligés de savoir certaines choses ? Je te l’apprends cher Kjtiti, ta femme ne sait pas qu’elle te saoule quand elle te parle ! Elle pense même t’intéresser au plus haut point.
Au niveau culturel il vaut probablement mieux se taire dans certaines circonstances, si nous ne voulons pas passer pour quelqu’un d’impoli. Nous avons pourtant vu que suivant les pays ce savoir serait différent. Ce savoir viendrait-il de l’école ? De nos parents, des institutions ? Rien de cela.
S’il y a « savoir », il est forcément partagé, un savoir est la somme d’expériences scientifiquement prouvées. Cela voudrait dire qu’une personne qui dirait « Parler pour ne rien dire, faut savoir que ça lasse….. » pourrait prouver ce qu’elle avance par des expériences qui démontrent que c’est vrai dans tous les cas. Il faudrait que ce soit une certitude objective. Autrement dit en changeant de compagne il n’est pas du tout sûr que kjtiti ne soit plus saoulé par des bavardages intempestifs !
Considérons maintenant la lassitude. Dans le dictionnaire Larousse, la définition est : rendre quelqu’un las, fatigué. Tous les êtres humains seront-ils las ou fatigué au même moment ? La notion de fatigabilité entre ici en compte, certains individus seront fatigués très vite, et d’autres auront une capacité à endurer un flot de « paroles qui ne voudraient rien dire », beaucoup plus grande. Kjtiti n’est peut-être pas très endurant, il se fatigue très vite ! Il faudrait que tous les êtres humains soient complètement égaux, c'est-à -dire avec la même résistance physique et psychique. L’humanité est très diverse, nous le savons et nous pouvons le démontrer scientifiquement. C’est d’ailleurs une des richesses de notre espèce. Aurions-nous évolué ou même survécu dans le temps si nous avions tous été pourvus de la même résistance ? Nos capacités sont très diverses et c’est plutôt positif.
Il est impossible de ne rien dire, notre corps parlera malgré nous. Le savoir invoqué n’est pas démontré objectivement et la parole dans ce cas provoquerait une attitude tout aussi subjective « la lassitude ». Si cette phrase était vraie elle impliquerait une absence de diversité de l’humanité, et aurait probablement provoqué sa perte. Il s’agit ici d’une opinion qu’il faudrait argumenter pour donner au lecteur la liberté d’être d’accord ou pas. Il ne s’agit pas d’une vérité universelle. Mon pauvre Kjtiti désolé de te dire que tu es très mal parti ! Changer de femme ne résoudra rien, vivre seul est ta seule option.
Posté le : 11/12/2013 10:47
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