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Accueil >> newbb >> Défi du 10 Octobre 2015 [Les Forums - Défis et concours]

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Re: Défi du 10 Octobre 2015
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Iste,

Quel voyage d'enfer !
Les consignes de sécurité m'ont bien fait rire. Pourquoi sauver des cyber-humains s'ils n'ont pas d'âme et qu'ils pètent une durite une fois en vol ?

Je vois que tu as emmené Athéna avec toi et elle a assuré.

Ouf, tout est bien qui finit bien... enfin je crois.

Merci

Couscous

Posté le : 12/10/2015 08:28
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Re: Défi du 10 Octobre 2015
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Merci pour ce défi Athéna, auquel ce jour je réponds pour rendre hommage à des amis qui sont chers à mon cœur. De fait j’ai enlevé mon nez de clown, comme dirait l’adorable couscous, et mes habits a grelots.



12 heures à Roissy Charles de Gaulle.
Notre départ est fixé à 12 heures mais la fébrilité qui nous habite nous a fait prendre un peu d’avance, nous sommes à l’aéroport depuis 8 heures !!!: pas question de rater le départ, il y a si longtemps que l’on attend ce jour !!

A l’instant de prendre place dans le Boeing 707, me revient en mémoire le jour ou le facteur, nous a déposé le courrier qui nous annonçait la bonne nouvelle ; ’’ Si j’en juge d’après le timbre de l’enveloppe, je pense que c’est la lettre que vous attendez depuis tellement de temps !!’’.

Je n’aurai jamais songé avoir un jour, autant d’affection pour mon facteur, au demeurant fort sympathique, mais à la lecture de ce courrier j’avais eu l’envie de le serrer dans mes bras et l’embrasser !!

Depuis des mois et des mois nous attendions cette missive, et lors de cette attente le découragement a bien souvent succédé à l’espoir, trop souvent déçu.
C’est hélas, le lot de tous ceux qui aspirent à cette ambition ou, comme à l’armée, les contre ordres succèdent aux ordres !!

Le commandant de bord nous souhaite la bienvenue: ’’ Bonjour, je suis le commandant Dubois et suis heureux de vous accueillir à bord, notre vol sera d’une durée d’environ 12 heures pour une distance de 8000 km, les conditions de vol sont parfaites et nous arriverons sur l’aéroport de……………..’’, mais je ne l’écoute déjà plus !!

Si le comandant Dubois est heureux, son bonheur n’est rien à coté de celui qui est notre, après toutes ces années de doutes et de galères pour enfin toucher au but: les démarches, les agréments à obtenir, les enquêtes diverses pour s’assurer du bien fondé des intentions des postulants à ce bonheur unique. Et puis, à ce parcours du combattant, succède l’attente, cette terrible attente avec ses informations qui se contredisent vous faisant passer de la joie la plus intense à la déprime la plus profonde, sans même comprendre les raisons de ces atermoiements.

Plus de deux ans de larmes d’espoir et de désespoir, d’envie de tout arrêter puis d’envie furieuse de se battre contre ces règlements appliqués sans aucune humanité, sans tenir compte de la détresse qui vous taraude jusqu’ a haïr ces instances et tous ces technocrates qui ne raisonnent que le biais d’une réglementation d’où les mots cœur et amour sont à jamais exclus !!

Alors que je me remémore ces pénibles années d’attente, l’angoisse et le doute de nouveau m’envahissent, doublés d’une certaine inquiétude: ai-je le droit moral d’une telle action, est ce la bonne solution pour nous tous, vais-je être à la hauteur de cet engagement ?

Mais il est déjà trop tard pour se poser ces nobles et magnanimes questions, l’avion vient de se poser, et la boule qui s’est invitée sur mon estomac rend ma respiration un peu plus difficile, comme si l’air venait subitement de se raréfier.

Yves, mon époux m’invite à descendre, mais si, d’habitude, à la descente de l’avion je me précipite à l’extérieur pour profiter au plus tôt du nouvel environnement, ce jour je prends tout mon temps pour rassembler mes effets, laissant passer tous les passagers, pour enfin me décider à descendre.

Le car pour rejoindre l’aérogare et récupérer nos bagages, le taxi pour aller à l’hôtel, toutes ces démarches se passent en plein brouillard, je suis Yves mon mari, sans même rien voir autour de moi, comme un automate, incapable de chiffrer l’espace temps passé entre l’aéroport et l’hôtel.

Le lendemain matin, heureusement j’avais repris mes esprits, et nous attendions fébrilement dans le hall de l’hôtel ou nous nous avions rendez vous, quand elle est arrivée !!! accompagnée d’une dame de l’association qui lui a dit, en nous voyant :’’ta maman est là’’.

Maïna, petite fille aux yeux marron et cheveux bouclés en venant timidement vers nous est alors tombé en accrochant le tapis du hall de l’hôtel et s’est mise à pleurer.
La dame de l’association a voulu l’aider, mais elle l’a rejeté et s’est tournée vers moi, j’ai alors soufflé sur son genou meurtri, elle était guéri, et s'est blottie dans mes bras: elle était désormais ma petite fille !!!

Le plus beau voyage de ma vie est à tout jamais celui qui m’a conduit vers Maîna, MA petite fille adoptée un jour de septembre 2015, du coté d’Haîti !!


Histoire contée pour mes amis Sylvie et Yves, et tous les parents en attente d’un tel bonheur.

‘’Qui a beaucoup d’argent et pas d’enfant n’est pas riche,
qui a beaucoup d’enfants et pas d’argent, n’est pas pauvre’’



Posté le : 12/10/2015 11:54
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Titi
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Re: Défi du 10 Octobre 2015
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Cher kjtiti,

Quelle belle histoire et surtout quel beau vol!!!

Voilà un des plus beaux vols de ma carrière : j'ai eu le bonheur d'avoir à bord un couple qui ramenait à Paris le fils qu'il attendait depuis si longtemps..il fallait voir le visage de ces parents, les yeux de l'enfant en soif de tendresse...cette tendresse que ce jeune couple lui offrait sans concession, il fallait voir les voisins d'allées , émerveillés par ce bonheur qui irradiait la cabine, oui c'était un très beau vol

Merci pour ce très beau moment!

Athéna

Posté le : 12/10/2015 18:59
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Re: Défi du 10 Octobre 2015
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Mon Titi,

Je me demandais vers quoi (ou plutôt qui) allait ce couple. Qu'est-ce qu'ils avaient attendu si longtemps ? Et enfin on comprend !
C'est un récit plein de tendresse.
Il est bien vrai que les enfants sont au coeur de nos vies et elle serait vide sans eux.

Merci

Couscous

Posté le : 12/10/2015 19:32
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Re: Défi du 10 Octobre 2015
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Merci Athéna, j'imagine fort bien le bonheur qui devait habiter ces nouveaux parents, lors de ton vol quand on sait la difficulté, pour parvenir aux fins d'une adoption.

Le défaut de postérité n'est il pas responsable d'une certaine amputation du bonheur??


Ma chère Delphine, je suis heureux de t'avoir embarqué dans une histoire dont tu ne devinais pas la finalité!!
D'autant que tu me connais bien avec mes clowneries et mes chutes quelquefois scabreuses!!

Merci les fifilles de votre retour, que les bises Tourangelles que je vous adresse viennent se poser sur vos âmes et vos cœurs débordants de tendresse.

Un Papy, amoureux du défi et de celles qui s'y dévouent.

Kjtiti, ce jour en mode câlinerie!!!


Posté le : 12/10/2015 20:40
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Re: Défi du 10 Octobre 2015
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Envolée de plumes

Aujourd’hui nous sommes le 24 novembre… dans mon autre vie active, le 24 était le jour béni du mois où j’allais enfin recevoir mon planning définitif pour le mois suivant , non, ce n’est pas si facile que cela de s’envoyer en l’air : Prévoir ses sorties longtemps à l’avance, prendre rendez-vous chez les médecins, sachant qu’il y a quelques mois d’attente, tout cela n’est pas fait pour nous.
J’aurais peut-être du épouser un médecin ou faire la belle et vanter mes faveurs auprès des agents de planning.

Je ne l’ai pas fait.
J’aurais dû ?
A présent je n’exerce plus…

Nous sommes le 24 novembre, quelle surprise !
Dans ma boite aux lettres je viens de recevoir un document émanant de la Compagnie Orée des rêves avec pour mention : Veuillez assurer vol ODR 001 le 31 décembre CDG…….à 12 h pour un vol de prestige

Au cours de ma carrière, j’en ai fait quelques-uns : Lancement de la Fusée Ariane, ouverture de ligne, vol affrété pour des médecins à l’occasion du lancement d’un médicament très apprécié des malades des intestins etc……
Alors avec ce vol de prestige, mon adhésion est presque acquise
Un vol ? J’ai quelques heures de vol justement, peut-être un peu trop d’ailleurs ; reprendre les allées, « remonter sur les planches » aurais-je encore la patience ?
Quelle est donc cette compagnie ? Quelle est la destination de ce voyage ?
Un 31 décembre ?
Une navigante en retraite ?
Mon sang ne fait qu’un tour, une compagnie de rêves me propose de rendosser mon uniforme.
Excitée, comment ne pas l’être, et quelle compagnie !
Qui mène les rennes de cette compagnie ? Je tapote et clique et bientôt hoquète de plaisir.
Orée des rêves : site où toute plume peut s’exercer, où tout amoureux des mots peut rêver, où ami devient frère, où une femme engendre le soleil….

Orée des rêves, ligne aérienne ?
Orée des rêves, une compagnie de plumes …..Le rêve à l’état pur.
Je confirme ma présence à bord oui, je reprends du service….une clientèle de choix s’offre à moi, peu importe les rides et les douleurs, je vais m’envoler pour le plaisir des mots.
J’ai donc un mois pour apprendre à connaître cette société à laquelle je vais très vite adhérer

Au fil des jours qui me séparent de cette envolée, ma main inscrit des mots, tutoie les rimes, s’exerce à des nouvelles, je deviens accro à cette si belle entreprise.
Nombreux sont ceux qui me ravissent l’esprit.

Le jour J approche, le voilà, je jubile.
Arrivée à Roissy je prends connaissance du dossier de vol…
ODR OO1
Vol prestige, oui !!!!!230 plumes, la présidente de la compagnie sera à bord.
Plats spéciaux pendant le vol : Humour à servir froid ou chaud ; imagination débordante servir sans modération
Destination : le pays de l’amitié
Aucune mention du nombre de PNC (personnel navigant commercial) et du Commandant de bord Oups !
Une surprise m’attend peut être ?
Durée du vol : Eternité Loréenne

J’ai oublié de vous dire, 13 ans plus tard, je rentre encore dans mon uniforme, mais oui !!!!!
Au fait, ces plumes appartiennent bien à des hommes et femmes, et ceux-là n’ ont- ils pas besoin de protection, d’encadrement voire de surveillance ?
Je sens monter en moi l’étonnement, voire de l’angoisse
Une fois à bord j’accueille ces plumes célèbres je vous l’ai dit, me suis renseignée….certaines sont particulièrement renommées)
Il faut que je vous dise, peu importe la renommée des passagers de ce vol, dans un avion tout client est important.

Récapitulons, ce vol a été affrété par une femme, meneuse de revue poétique et lyrique qui a voulu offrir à ses plumes une traversée pour bien terminer l’année et les remercier pour leur talent.
230 invités pour une croisière ? Cette femme a du cœur, beaucoup de cœur, la compagnie des plumes est le soleil qui inonde sa vie.
Pour avoir flirté, surfé sur le site qu’elle mène telle une diva des mots, je comprends l’attrait toujours nourri par des plumes de plus en plus nombreuses et très assidues.
Oui, je suis très fière de la rencontrer enfin, encore plus fière qu’elle m’ait choisi pour embarquer ces esprits parfois tourmentés et souvent joyeux dans une aventure que je connais : le confinement dans un espace restreint pour une durée souvent longue et vers une destination de…mais au fait où allons-nous ?
Ce confinement est très révélateur du caractère de chacun…j’y ai découvert des personnalités que je croyais autres. Qui peut résister à plusieurs heures de vol, assis sans appeler Morphée ?
Mettre un visage sur l’auteur de la Franc Comtoise, entendre la voix de celui qui a jeté son miroir,
Rire des bons mots d’un petit batracien si joli, écouter le message des tourmentés, entendre la jolie musique de certains vers, échanger avec l'auteur des défis.
Un sacré challenge s’offre à ces plumes aussi, en fait, car je viens de l’apprendre, beaucoup d’entre eux ne se connaissent pas.
A lire leurs prose et leur poésie, à parcourir leur vie qui se dévoile peu à peu, je pensais que oui.
Le mystère du poète allait-il, grâce à notre diva, être enfin dévoilé ?

Allez savoir ! En tous les cas notre chère diva a eu la lumineuse idée de nous rassembler pour une envolée…vous avez, pour l’avoir observé pendant de longues années, l’homme se dévoile peu à peu dans un avion, il n’est pas dans son élément naturel, une euphorie l’empare, surtout quand plusieurs gouttes de tel ou tel nectar s’engouffrent dans son gosier souvent avide.

Je vous rassure, je ne vais pas faire boire toutes ces plumes, quoique j’aimerais bien……j’aime tant rire.
Puis vint le moment de l’annonce de bienvenue juste avant la phase de roulage et de décollage :

« Mesdames, Messieurs bienvenue à bord de l’Orée des rêves 001, je suis votre chef de cabine mon nom est Catherine…….
Mon nom ne sort pas de ma bouche, je souffle et m’efforce de crier mon nom pour que chacun puisse l’entendre.

C’est alors que mon mari me secoue :
« Oui, d’accord j’ai compris qui tu es….ce n’est pas la peine de le crier sur tous les toits, et surtout de me réveiller »

C’était un rêve merveilleux que cette envolée de plumes.
Je vais vous avouer quelque chose, je fais souvent des rêves prémonitoires.

Merci à Couscous de m’avoir offert de poster ce défi, et merci à la diva des mots, notre chère Loriane

Posté le : 13/10/2015 09:38
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Re: Défi du 10 Octobre 2015
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Délicate envolée, délicieux vol, et remarquable envol sur le défi ma chère Athéna, avec un juste un regret : que ce vol ne soit qu'un rêve!!!

Mais pourquoi, ton mari t'a t-il réveillé??? Nous étions avec toi dans ce vol pour ce voyage poétique vers le pays de la belle langue et du vieux François !!!

Aussi continuons de rêver : qui sait, peut être un jour, l’occasion nous sera donnée de nous rencontrer dans une contrée nommée Parnasse, capitale d’une région ayant pour nom : ORée des rêves, ou trôneraient les muses du site et ou la plume servirait de blason.

Merci Athéna pour ce récit plein de poésie, conté avec grâce, talent et tellement de gentillesse.

Amitiés
Serge.

Posté le : 13/10/2015 10:28
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Titi
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Re: Défi du 10 Octobre 2015
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Merci beaucoup Serge

Non ce n’est pas un rêve, c'est..un souhait....de rencontrer quelques plumes...

J'aurais pu faire décoller cet avion...

Et découvrir certains d'entre vous, taquiner la bouteille en votre compagnie et vous faire parler

Peut être vais je vous réserver une petite surprise?

Belle et lumineuse journée !

Catherine

Posté le : 13/10/2015 11:16
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Re: Défi du 10 Octobre 2015
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Hello les amis Loriens (ou Loréens),

Je vois que ce défi vous a inspiré.

@ Couscous: je ne savais pas que tu regardais le Juste Prix.
@Istenozot: de la SF un peu déjantée ? Terminer par une aussi belle chanson des Bee Gees, ça c'est décalé.
@Kjtiti: un bel hommage, tes amis doivent être contents de compter une telle plume dans leur entourage.
@Athéna: un bel hommage à ce site.

Bon, si j'ai bien compté, seuls Arielle (pour changer) et moi sommes un peu à la bourre. Je m'en vais corriger tout ça, à la sauce Donald.

Posté le : 13/10/2015 19:48
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Re: Défi du 10 Octobre 2015
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Le voyageur de l'absurde


La nuit éclairait l’esprit fatigué d’Arnold, avec des étoiles lointaines et une lune sans éclat. Le jeune homme se sentait comme Pierrot loin de Colombine, vide et triste à la fois. Il n’avait même pas la force de tomber dans un spleen profond, de voir défiler sa vie entière en quelques secondes ou d’entamer une phase d’introspection. Arnold déprimait, simplement.

Le sommeil tardait à venir, l’insomnie frappait à la porte de sa conscience, ses yeux tiraient de l’intérieur. Rester allongé lui pesait, malgré son manque de force et sa volonté défaillante. Arnold décida de se lever, descendit au salon et chercha une occupation pas trop fatigante. Il inspecta son courrier, vieux déjà de plusieurs jours, tria parmi les factures et les publicités, puis isola l’intrus mêlé à la masse de papiers. Une enveloppe à l’ancienne, ornée d’une magnifique écriture manuscrite, sortait largement du lot. Arnold l’ouvrit avec précaution, sortit la lettre de son écrin et la déplia.

« Ce trente et un décembre de l’année deux mille quatre vingt-dix-neuf, vous êtes convié, cher Arnold, à célébrer l’entrée dans le nouveau siècle. Nous vous offrons un voyage vers une destination encore tenue secrète, pour une durée de trois jours. »

La suite consistait en une série de modalités pratiques. La signature était très artistique mais indéchiffrable, une sorte d’idéogramme chinois. Aucune contrainte, aucune condition préalable n’étaient indiquées dans le courrier. Si Arnold n’était pas intéressé par le voyage, il n’avait même pas à répondre, juste à ne pas se présenter sur place à l’heure du départ. Dans le cas contraire, il n’avait pas besoin de vaccins ou de visas, seulement d’un petit bagage à sa convenance. Le lieu de rendez-vous ne lui disait rien ; il s’agissait a priori d’un astroport privé situé dans la vallée de Chevreuse.

Bizarrement, après cette lecture, Arnold trouva le sommeil. Il s’allongea sur son sofa, bailla une douzaine de fois puis ferma les yeux. Son cerveau fatigué commença à distiller des touches artistiques, d’abord musicales puis picturales. Arnold entendit, distinctement, une mélodie atonale, un mélange de notes enchainées telles des figures géométriques dans un ensemble cubiste où le haut et le bas importaient aussi peu que le proche ou le lointain. Le piano régnait en maître des lieux, le roi de l’univers mélodique, au milieu des instruments à cordes et des voix féminines. Une fois bien installée dans ses oreilles, la musique afficha son pendant graphique, un tableau mouvant et fait de carrés déclinés en ronds, de courbes déguisées en ellipses, de triangles fusionnés en étoiles, en un déluge de couleurs primaires. Arnold résista à l’envie de comprendre le pourquoi du comment. Il s’endormit.

L’astroport était une construction très récente, à la limite du futuriste. Le personnel d’accueil souriait en permanence, personne ne se plaignait et tout semblait fluide, presque parfait. Arnold se retrouva dans une salle de transport, avec comme seul bagage une petite valise autrichienne ramenée de Vienne quelques années auparavant. Ses compagnons de voyage paraissaient tout autant étonnés que lui mais aucun n’osait rompre le silence. Arnold se lança.
— Je me demande bien où nous allons.
— Vers nos rêves, répondit une petite femme fripée.
— Loin de nos cauchemars, en tout cas, renchérit un homme rond.
— L’essentiel est de voyager, affirma, péremptoire, une très jolie fille aux cheveux dorés et aux yeux teintés d’azur.
— Trois jours, ça parait court et à la fois long, reprit Arnold, pas vraiment satisfait des réponses génériques de ses interlocuteurs.
— Qu’importe la durée tant qu’il y a le voyage, philosopha un vieux Chinois.
— Amen, conclut une grande femme aux allures de dame patronnesse.

Les murs commencèrent à clignoter, d’abord dans les tons orange puis vers le rouge. Arnold s’inquiéta.
— Que veulent dire ces points clignotants ?
— Je ne vois pas de points, répliqua la fille aux cheveux d’or. Juste des vagues bleues.
— Pour moi, il n’y a que des nuages blancs, précisa l’homme rond.
— Chacun voit selon ses peurs intérieures, expliqua le vieux Chinois.
— C’est la base même de la psychanalyse freudienne, confirma la grande femme.

Arnold refusa de se lancer dans un débat stérile sur les phobies de chacun, l’interprétation des rêves et les théories du grand Sigmund. Il focalisa son attention sur les murs lumineux, tenta de découvrir une séquence dans les clignotements mais n’arriva à rien de satisfaisant. Les autres continuèrent à discourir, en un bruit de fond. Arnold décida de les ignorer, de les considérer comme des éléments de contexte dans un environnement improbable. Il ferma les yeux.

Les oiseaux réveillèrent Arnold. Il n’était plus dans la salle de transport mais dans une forêt aux allures tropicales, territoire d’un peuple ailé et très bavard.
— Regarde celui-là, caqueta une sorte de perroquet multicolore. Il ne ressemble à rien avec sa petite valise.
— Encore un voyageur de l’absurde, répondit un ara.
— Pourquoi nous les envoient-ils, à nous ? On a déjà assez à faire avec les Indiens, renchérit le perroquet.
— D’après la légende, ils ne choisissent pas leur destination, précisa une chouette bigarrée. En fait, le voyageur décide, inconsciemment, en fonction de ses fantasmes, ses peurs et ses expériences passées.
— Ils sont fous, ces humains, conclut le perroquet. Et toi, le bipède, qu’est-ce que tu fais chez nous ?

Arnold ne s’offusqua même pas. Il se lança dans une discussion avec les oiseaux.
— J’ai répondu à une invitation.
— Tu vas fêter l’entrée dans le nouveau siècle, répondit la chouette.
— C’est exactement l’énoncé de l’invitation, au mot près.
— Et ça va durer trois jours, répliqua le ara.
— Exact !
— Trois jours avec un bipède, le temps va me sembler long, se plaignit le perroquet.
— Je ne vais pas rester avec vous, affirma Arnold.

Sur cette dernière affirmation, les oiseaux commencèrent à piailler, dans un langage fluté inconnu de l’espèce humaine. Arnold se demanda s’il n’avait pas manqué de politesse.
— Ne le prenez pas mal, dit-il. Je ne faisais que supposer. Trois jours, c’est suffisant pour parcourir cette forêt, découvrir d’autres animaux, peut-être même des humains.
— Tu ne verras aucun humain, répliqua la chouette.
— Pourtant, vous avez parlé des Indiens tout à l’heure.
— Ce ne sont pas des humains. Plus. Juste des spectres, des images d’antan, expliqua la chouette. Tu ne le sais pas, pourtant ils ont bel et bien été décimés par tes pairs, il y a des dizaines d’années.
— Je ne le savais pas, s’excusa Arnold.
— C’est bien là le problème, bougonna le perroquet. Vous détruisez notre forêt, la planète, sans comprendre pourquoi ou comment.
— Je m’excuse. Mon aveuglement ne me disculpe pas, je l’admets.
— Tu es ici pour ouvrir les yeux, dit la chouette. Comme les autres, tes compagnons de voyage.
— C’est donc ça, le voyage ? Constater les dégâts ?

Arnold sentit le spleen remonter dans sa poitrine. Il se demanda pourquoi un musicien comme lui, inconnu du grand public, débutant dans le métier de compositeur, avait été choisi pour représenter l’espèce humaine dans un voyage initiatique où passé et présent allaient se rencontrer.
— Qui suis-je pour revenir avec des solutions et les expliquer au reste du monde ?
— Tu les mettras en musique, expliqua la chouette.
— C’est ce que nous faisons depuis des années, ajouta le ara, mais visiblement personne ne nous comprend, à part les enfants. Et encore, ils oublient trop vite.
— Toi, ils te comprendront, affirma la chouette.
— Au début, tu passeras pour un fou, ricana le perroquet.

Arnold respira une bouffée d’air frais, de vapeurs tropicales. Les odeurs l’enivrèrent, au-delà des paroles lâchées par des oiseaux philosophes. Il se sentit de nouveau important, pas le petit musicien incompris raillé dans les écoles, suivi par peu de ses pairs, considéré en excentrique.
— Le fou n’est pas toujours celui qu’on croit, osa-t-il en pensant au vieux Chinois de la salle de transport.
— Peut-être sommes nous tous fous, finalement, répondit le ara.
— Nous avons trois jours pour célébrer notre folie avec toi, conclut le perroquet.
— Faites-moi découvrir ce monde !

Arnold s’enfonça dans la forêt, accompagné de ses nouveaux amis, un perroquet trop bavard, une chouette remplie de sagesse et un ara élevé à la philosophie chinoise. La première journée s’annonçait bien dans son esprit, loin de son spleen initial, de ses idées noires et d’un quotidien rythmé par les matérialistes. Arnold avait désormais hâte de rencontrer d’autres habitants de ce monde intemporel et magique où les animaux glosaient sur les hommes, se targuaient de visions écologistes et gardaient l’espoir de sauver leur mère nourricière.

Posté le : 13/10/2015 19:48
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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