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« S'en moquer comme de colin-tampon »
S'en moquer complètement.
On connaissait déjà colin-maillard et nous voici maintenant face à colin-tampon. Aucun des deux n'étant une race de colin, il va nous falloir trouver ce qu'est ce tampon.
Mais commençons par 'colin'. Ce mot est un ancien diminutif du prénom Nicolas, qui est d'ailleurs toujours en usage dans les pays anglo-saxons. Tout comme aujourd'hui, on utilise certains prénoms pour désigner certaines personnes "c'est mon Jules", "faire le Jacques", "c'est une Lolita"..., au XVIe siècle, un Colin désignait un personnage un peu nigaud. Mais en quoi un nigaud peut-il être responsable de la naissance de notre expression ?
Revenons d'abord à nos 'tampons' ! Ce mot est ici un déverbal de 'tamponner' (aussi peu étrange que cela puisse paraître) au sens de cogner ou taper. Et qui est-ce qui tape à tout va, sinon un joueur de tambour ? Eh bien par un hasard aussi bizarre qu'étrange, le nom de Colin-Tampon a été donné à une batterie de tambours suisses après la bataille de Marignan qui, je vous le rappelle, a eu lieu en 1515. Bien que le pourquoi de cette appellation ne soit plus certain, on suppose qu'elle vient de ce que, outre le fait que les tambours 'tamponnent' sans s'arrêter au début d'une bataille, il fallait être un peu nigaud pour faire partie d'une batterie de tambours dont les individus n'étaient que de la chair à canon, cibles privilégiées au début des combats. C'étaient d'ailleurs souvent des jeunes hommes, pas forcément futés ni très forts (aucune des deux qualités n'était nécessaire pour taper sur un tambour) qui jouaient ce rôle. Donc des colins qui tamponnent, ça donne bien des colin-tampons.
Mais pourquoi s'en moquait-on tant que ça ? Là encore il n'y a aucune certitude. Littré suppose que cette totale indifférence vis-à-vis des colin-tampons vient de ce que, dans la bataille, l'ennemi se moque complètement des roulements de tambour adverses.
Exemple « Mais qu'il soit Dreyfusard ou non, cela m'est parfaitement égal puisqu'il est étranger. Je m'en fiche comme de colin-tampon. » Marcel Proust - À la recherche du temps perdu
Compléments Au XVIIe siècle, un colin-tampon a ensuite désigné un "gros homme ridicule".
Ailleurs Espagne es Importarle (a uno) un rábano. Importer (à quelqu'un) autant qu'un radis. Espagne es Importar (a uno) un pito. Intéresser (à quelqu'un) un sifflet. Espagne es Importarle (a uno) un comino. Importer (à quelqu'un) comme un grain de cumin Canada (Québec) fr Je m'en foute comme dans (l'an) quarante Roumanie ro Nici capul nu-l doare La tête ne lui fait même pas mal Roumanie ro A i se rupe (în paispe) Se lui rompre (en quatorze) Roumanie ro A-l durea in spit Lui faire mal dans la pointe Roumanie ro A-l durea in cot Lui faire mal dans le coude Roumanie ro A nu-i pasa nici cat negru sub unghie Se ficher comme du noir sous l'ongle Belgique (Wallonie) wa S'en moquer comme de sa première culotte
Posté le : 23/04/2015 08:52
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« Aller à Canossa »
Céder complètement devant quelqu'un. S'humilier devant quelqu'un.
Pour aller à Canossa de nos jours, il vous suffit de suivre la charmante voix de votre GPS qui va normalement vous orienter vers l'Émilie-Romagne, pas très loin de Modène. Las ! À l'époque de la naissance de cette expression, les véhicules n'étaient pas encore équipés de cette merveille technologique.
Ce qui n'a pas empêché le pape Grégoire VII, en 1077, d'y aller séjourner et d'y rencontrer l'empereur Henri IV d'Allemagne. Ce petit plaisantin d'empereur avait en effet cru bon de proclamer la déchéance du pape après le conflit des Investitures . Le pontife décida alors de l'excommunier. Du coup, les vassaux de l'empereur refusèrent de continuer à le suivre. Ce qui l'obligea finalement à aller rencontrer le pape pour le supplier de lui accorder son pardon. C'est au château de Canossa qu'eut lieu cette rencontre où l'empereur fut humilié de devoir "se coucher" devant le pape qui ne lui donna une réponse positive que trois jours plus tard, après l'avoir bien laissé ruminer en costume de pénitent et pieds nus dans le froid en plein mois de janvier. L'excommunication fut alors levée.
C'est Bismarck qui, en 1872 utilisa l'expression "nous n'irons pas à Canossa" devant le Reichstag. Il voulait ainsi exprimer son désaccord avec le Vatican qui soutenait le parti catholique allemand, et son refus de céder aux injonctions du pape, alors que Bismarck, qui avait des volontés trop laïques aux yeux du pape Pie IX, venait de se voir refuser l'envoi d'un ambassadeur allemand au Vatican. Bismarck voulait donc dire par là : "Nous ne nous humilierons pas en cédant aux Catholiques".
Exemple « Pourtant, le lendemain, le président du Conseil constitutionnel, Pierre Mazeaud, faisait savoir discrètement qu'une censure pour ce motif de procédure ne pouvait être écartée. Allant à Canossa, Renaud Donnedieu de Vabres a dû alors annoncer le rétablissement de l'article 1er mercredi soir. » Le Figaro du 10 mars 2006 dans Droits d'auteur : la licence globale tombe
Ailleurs Angleterre en To go to Canossa Aller à Canossa Espagne es Bajarse los pantalones Abaisser son pantalon Argentine es Ir a Canosa Aller à Canossa Grèce gr Στήνω κώλο (Stìno kòlo) Dresser (présenter) son cul Italie it Andare a Canossa Aller à Canossa Pays-Bas nl Naar Canossa gaan Aller à Canossa Pays-Bas nl De gang naar Canossa maken Faire le chemin vers Canossa Pays-Bas nl In je blote kont staan (expr. vuilgaire) Se montrer à cul nu (exposition humiliante) Pologne pl Iść do Canossy Aller à Canossa Suède sv Gå till Canossa Aller à Canossa
Posté le : 24/04/2015 08:28
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« Convoquer le ban et l'arrière-ban »
Convoquer / réunir toutes ses connaissances, ses amis, sa famille.
Les organisations pyramidales existent depuis longtemps. Ainsi, à l'époque féodale, si le roi trônait au sommet, les ducs et les comtes étaient ses vassaux qui, eux-mêmes, avaient d'autres vassaux, et ainsi de suite.
Lorsque, au XIIe siècle, un seigneur faisait crier le 'ban' pris dans son ancien sens de 'proclamation' pour enjoindre à tous les nobles qui lui devaient obéissance de prendre les armes et de se regrouper avec lui, il convoquait alors le 'ban' ainsi nommé par métonymie entre la convocation / proclamation et les personnes convoquées, c'est-à-dire les vassaux directs, et l 'arrière-ban' les vassaux des vassaux, ou les arrière-vassaux.
Le mot 'arrière-ban' viendrait d'une déformation du francique 'hariban' (convocation à l'armée des hommes libres en état de porter les armes) qui aurait ensuite été altéré.
À l'origine, cette expression était un appel au rassemblement de toutes les forces disponibles. Au milieu du XIXe siècle, elle a pris le sens figuré "s'adresser à tous ceux dont on peut attendre aide ou secours". De nos jours, les convocations guerrières ou les appels au secours généralisés n'étant plus tellement d'actualité, l'expression ne s'applique plus qu'à la réunion d'un cercle le plus large possible de ses connaissances.
Exemple « Jamais on n'avait vu une armée française ni si grande ni si belle. Le ban et l'arrière-ban avaient été convoqués. » Prosper Brugière, baron de Barante - Histoire des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois
Ailleurs Espagne es El ciento y la madre La centaine plus la mère Israël he Kol ha'olam ve'ishto כל העולם ואשתו Tout le monde et sa femme Belgique (Flandre) nl God en klein Pierke Dieu et petit Pierre Pays-Bas nl De leenmannen en achterleenmannen bijeenroepen Convoquer les vassals et les arrière-vassals Pays-Bas nl De hele kliek bijeenroepen Convoquer toute la clique
Posté le : 25/04/2015 11:17
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« Ecrire / envoyer un poulet (à quelqu'un) »
Écrire / envoyer un billet doux (à quelqu'un)
Toute personne sensée sait qu'un poulet, ça peut se dessiner et éventuellement s'envoyer, mais certainement pas s'écrire. Et pourtant, l'expression existe bel et bien !
En effet, depuis le milieu du XVIe siècle, un poulet ou 'poullaict', à l'époque a d'abord eu le sens figuré de 'missive' ou de 'lettre' avant de se spécialiser en "billet doux" ou "billet galant".
Il y a au moins deux explications pour cette dénomination bizarre.
Selon certains, ceux qui étaient chargés de remettre le billet doux au destinataire, portaient des poulets sous prétexte de les vendre, mais en dissimulant le fameux billet sous l'aile de l'un d'entre eux. Par métonymie, le billet serait serait devenu le poulet lui-même.
Mais pour Furetière, on a ainsi nommé ces billets parce que, en les pliant, on y faisait deux pointes qui représentaient les ailes d'un poulet. Cette explication semble être aussi celle de Molière puisque dans "L'école des maris" (acte II, scène III), Isabelle dit à Sganarelle :
« J'ai vu dans ce détour un jeune homme paraître, Qui d'abord, de la part de cet impertinent, Est venu me donner un bonjour surprenant, Et m'a droit dans ma chambre une boîte jetée Qui renferme une lettre en poulet cachetée. »
Si l'explication de Furetière était confirmée, la "lettre en poulet" sous-entendrait donc "lettre pliée en poulet".
Exemple « Un gentlemanm à Londres demande sans inconvénient l'affiche du spectacle à une femme ... qui se trouve sa voisine : bon moyen pour un téméraire Français de glisser un poulet en rendant l'affiche » Henri Beyle dit Stendhal - Journal
Ailleurs Allemagne (Bavière) de Ein Liebesbriefchen schreiben/schicken Écrire/envoyer un billet doux Brésil pt Enviar um bilhete de amor Envoyer un billet d'amour
Posté le : 26/04/2015 08:42
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« Manger son chapeau »
Se déjuger, se renier. Convenir de s'être trompé.
Cette expression récente en France est une traduction littérale de l'anglais "I'll eat my hat if..." qui dit quelque chose comme "Je mangerai / je veux bien manger mon chapeau si...".
Elle s'emploie lorsqu'une personne, après avoir affirmé quelque chose de faux, est contrainte de reconnaître son erreur lorsque celle-ci est avérée. Quand on sait mais il faut avoir essayé à quel point avaler un chapeau est difficile, on imagine bien l'ardeur avec laquelle le fautif accepte son erreur.
La première version écrite connue connue d'une formule approchante se trouve chez Charles Dickens en 1837 dans "The Pickwick Papers" où il dit "If I knew as little of life as that, I'd eat my hat and swallow the buckle whole", ce qui peut se traduire par "Si j'en savais aussi peu sur la vie que cela, je mangerais mon chapeau et avalerais la boucle en entier". La particularité de cette version, c'est qu'en plus du chapeau, le locuteur s'engage aussi à avaler la boucle de la sangle qui permet de maintenir le chapeau sur la tête. On lui souhaite bon appétit !
Exemple « ...Dans plusieurs discours, il a multiplié les gages pour expliquer que la France ne serait pas inféodée à l'Amérique s'il est élu Président. Et, lors de son congrès d'investiture du 14 janvier, il s'est fendu d'un mea culpa avec cet hommage tardif : "Jacques Chirac a fait honneur à la France quand il s'est opposé à la guerre en Irak, qui était une faute." Ce qui s'appelle manger son chapeau. » Libération, le 25/01/2007 dans un article intitulé "Chez Bush, la bourde de Sarkozy l'Américain"
Compléments Une autre explication évoque la confusion entre les verbes 'avaler' et 'manger', le premier voulant dire autrefois 'abaisser' ou 'descendre'. "Abaisser son chapeau" c'était donc prendre une position de respect, d'humilité face à quelqu'un. Tout comme celui qui reconnaît son erreur doit faire preuve d'humilité ou doit 'ravaler' sa fierté. Mais il ne semble pas y avoir de trace de cette expression, que ce soit avec 'avaler' ou 'manger', qui soit contemporaine de ce sens aujourd'hui disparu.
Ailleurs États-Unis en To eat one's hat Manger son chapeau Espagne es Comerse/Tragarse sus palabras Manger/Avaler ses mots Italie it Rimangiarsi la parola Ravaler ses mots Pays-Bas nl Ik eet mijn hoed op als.... Je mangerai mon chapeau, si.... Pays-Bas nl Zijn ongelijk bekennen Avouer son tort Pays-Bas nl Zijn hoet opeten Manger son chapeau Brésil pt Dar o braço a torcer Donner le bras à tordre Turquie tr Tükürdüğünü yalamak Lécher son crachat
Posté le : 27/04/2015 10:44
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« Faire suer le burnous »
Faire travailler, souvent durement, la main-d'œuvre indigène. Par extension, exploiter, faire travailler exagérément.
Le burnous, de l'arabe 'burnus' selon une des transcriptions existantes, est un grand manteau en laine, avec une capuche, initialement porté par les populations du Maghreb. Par métonymie, on a aussi appelé 'burnous' le porteur du vêtement.
Cette expression, qui est attestée au début du XXe siècle, vient de l'époque coloniale, lorsque les colons faisaient travailler dur, voire très dur, leurs employés indigènes, donc implicitement porteur d'un burnous.
On imagine bien que faire travailler ces gens exagérément, dans des pays chauds, ne pouvait que les faire transpirer ou suer. Mais l'image est plus proche de de la viande que l'on fait suer en la cuisant pour en extirper un maximum de jus, l'employeur essayant de tirer un maximum de son employé.
On ne peut s'empêcher de penser aussi au sens argotique de "faire suer" euphémisme de "faire chier" car il est certain que cette exploitation abusive pléonasme ? devait sérieusement enquiquiner ceux qui la subissaient.
Exemple « ... ces quelques familles dont je parlais tout à l'heure, et qui sont habituées à faire suer le burnous depuis des siècles. » Jérôme et Jen Tharaud - Alerte en Syrie !
Compléments Au XVIIIe siècle, il y avait déjà "faire suer le paysan" utilisé à propos des soldats en campagne qui, cantonnés dans une ferme, exigeaient toujours plus de leur logeur "désigné volontaire".
Ailleurs Allemagne / Autriche de Schuften / arbeiten wie ein Ochse Travailler (dur) comme un boeuf États-Unis en To be a slave driver Être un négrier Argentine es Hacer transpirar la camiseta Faire suer la chemisette Espagne es Hacer sudar la gota gorda Faire suer la grosse goutte Espagne es Hacer trabajar a alguien como un negro Faire travailler quequ'un comme un negre Israël he העביד אותו בפרך (heevid oto baparekh) Faire travailler durement Pays-Bas nl werken als een paard travailler comme un cheval (travailler durement comme un mercenaire) Pays-Bas nl een slavendrijver zijn être un esclavagiste Pays-Bas nl iemand opjutten mettre quelqu'un sous une haute pression (pour le faire travailler p.ex.) Belgique (Flandre) nl Slavendrijver zijn être meneur d'esclaves Pays-Bas nl iemand achter de vodden zitten être derrière les chiffons de quelqu'un (faire pression à travailler rapidement/beaucoup) Belgique (Flandre) nl achter iemand zijn vijzen zitten pourchasser les vrilles de quelqu'un Brésil pt Tirar o sangue de alguém Extraire le sang de quelqu'un Roumanie ro A lua şapte piei de pe om Prendre les sept peaux sur l'homme Russie ru Работать до седьмого пота (rabotat do sedmogo pota) Travailler jusqu'à la septième suée
Posté le : 28/04/2015 09:52
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« Ce n'est pas ma tasse de thé »
Ça ne me plaît pas, ça ne me convient pas. Ce n'est pas mon activité préférée.
Cette expression assez récente en France est la traduction littérale de la même expression en anglais "it's not my cup of tea".
L'origine de cette expression anglaise semble perdue ; on ne sait plus pourquoi "cup of tea" s'est mis à désigner une chose, un sujet ou une personne. Ce qu'on sait, c'est que la forme négative est apparue vers 1920, bien après la forme positive "he is / it's my cup of tea" attestée à la fin du XIXe siècle pour désigner des choses ou des personnes qui plaisaient à la personne employant l'expression Exemple « Il fut maçon un peu parce qu'il le fallait bien. Mais touiller le béton tout l'hiver comme l'été, ce n'était pas du tout, du tout sa tasse de thé » Rémo Forlani - Un Roi qu'a des malheurs
Ailleurs Danemark da Det er ikke min kop te Ce n'est pas ma tasse de thé Allemagne (Bavière) de Das ist nicht mein Bier. Ce n'est pas ma bière. Autriche de Das ist nicht mein Kaffee Ce n'est pas mon café Allemagne de Das ist nicht mein Ding. La traduction proposée "Das ist nicht mein Bier" correspond plutôt à "Ce ne sont pas mes oignons" Ce n'est pas mon affaire / ma chose Allemagne de Das ist nicht mein Fall Ce n'est pas mon genre Allemagne de Es ist nicht meine Tasse Tee Ce n'est pas ma tasse de thé Angleterre en It's not my cup of tea Ce n'est pas ma tasse de thé États-Unis en It's not my dish of tea Ce n'est pas mon plat (assiette) de thé États-Unis en It's not my bowl of rice Ce n'est pas mon bol de riz Espagne es No es santo de mi devoción Ce n'est pas un saint pour qui j'ai de la dévotion Argentine es No es mi onda. Ce n'est pas mon onde. Côte d'Ivoire fr Min tchêtchê lê-i ! Ce n'est pas mon cauris Canada (Québec) fr C'est pas mon bag Israël he לא בראש שלי (lo baroch cheli) Ce n'est pas dans ma tête Israël he לא מוצא חן בעיני (lo motsé hen béénay) Ca ne me plaît pas Hongrie hu Ez nem az én asztalom. Ce n'est pas ma table. Italie it Non è pane per i miei denti Ce n'est pas du pain pour mes dents Italie it Non é il mio forte Ce n'est pas mon fort Pays-Bas nl Dat is niet mijn ding Ce n'est pas ma chose Pays-Bas nl Dat is mijn pakkie-an niet Ce n'est pas ma "costume-ette" Belgique (Flandre) nl Dat is niet mijn meug (argaïsch woord afgeleid van mogen) Ce n'est pas mon goût (ancien mot dévier de apprécier) Brésil pt Não é minha praia Ce n'est pas ma plage Russie ru Это не моё Ce n'est pas le mien
Posté le : 29/04/2015 10:46
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« Des espèces sonnantes et trébuchantes »
De la monnaie sous forme de pièces métalliques, pas de billets. Par extension, de l'argent liquide.
Point n'est besoin d'être grand clerc pour comprendre pourquoi on parle d'espèces 'sonnantes'. Quiconque aura déjà manipulé des pièces de monnaie, à la manière de Blaze devant Don Salluste de Bazan dans le film "la folie des grandeurs", aura compris que cette monnaie fait un bruit reconnaissable lorsque les pièces s'entrechoquent, à la condition qu'elles ne soient pas fausses.
Mais pourquoi utilise-t-on aussi le qualificatif 'trébuchantes' ? Oncques on ne vit une pièce de monnaie déambuler, puis trébucher et se casser lamentablement la figure.
Vous avez sans doute déjà entendu ou lu le terme 'trébuchet' sans forcément savoir ce qu'il signifie ou, du moins, sans en connaître toutes les significations. Celle qui nous intéresse ici vient du XIVe siècle où un 'trébuchet' était une petite balance à plateaux servant pour la pesée de petits poids comme de l'or, de l'argent ou des bijoux .
Une pièce 'trébuchante' se disait d'une pièce dont on avait pu constater qu'elle avait le poids requis après qu'elle a été 'trébuchée' c'est-à-dire pesée sur un trébuchet.
C'est à partir du XVIe siècle que des espèces sonnantes et trébuchantes a été une manière plaisante de désigner de bonnes vraies pièces de monnaie avant, par extension, de désigner l'argent liquide, tous supports confondus, par opposition aux chèques, cartes bancaires, virements et autres moyens de paiement.
Il ne s'agit pas ici de la catapulte d'autrefois, sens le plus souvent connu.
Exemple « Car les pieux errants emportent peu de provisions ; ils ont dans la poche ce qu'ils ont pu recueillir avant de partir comme espèces sonnantes et trébuchantes et pourvoient ainsi à leur entretien » Pierre Rousseau - Histoire des transports
Compléments Pour ceux qui auraient besoin de se rappeler pourquoi on appelle 'espèces'... des espèces, vous pouvez vous reporter à l'expression "payer en espèces"
Ailleurs Maroc ar Utiliser le sanq utiliser les pieces en argent et en or autrefois.monnaie courante chez lez les ararbes. Allemagne de klingende Münze espèces sonnantes Angleterre en Hard cash / Hard money Argent dur / Monnaie dure Angleterre en In coins of the realm En pièces (de monnaie) du Royaume États-Unis en Cold hard cash Des espèces froides et dures Espagne es Dinero contante y sonante Argent comptant et sonnant Pérou es Dinero contante y sonante. Argent comptant et sonnant. Argentine es En efectivo En especes Italie it Moneta sonante / Denaro contante Monnaie sonnante / Argent comptant Italie (Sicile) it Sòrdi spìcci Des sous liquides Belgique (Bruxelles) / Pays-Bas nl In klinkende munt En espèces sonnantes Brésil pt Moeda soante Monnaie sonnante Portugal pt Em dinheiro vivo En argent vif (chaud) / dur Brésil pt Dinheiro vivo De l'argent vivant
Posté le : 30/04/2015 14:36
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« Coûter la peau des fesses / la peau du cul / la peau des couilles / les yeux de la tête »
Coûter très cher.
Bizarrement, voilà une expression dont la troisième variante proposée ici a un sens complètement opposé à "peau de balle" qui désigne pourtant la même chose.
Toujours est-il qu'on n'a pas de certitude quant à l'origine de cette série d'expression. Ce qu'on peut dire à coup sûr, c'est qu'au XIXe siècle, Alphonse Allais utilisait simplement "coûter la peau" avec le même sens, prouvant ainsi qu'à cette époque, toute la peau et pas seulement celle de certaines parties du corps avait de l'importance, ce qui se comprend, et que la première attestation de la version avec les fesses ne daterait que de 1976, dans un article du Nouvel Observateur, même s'il est probable qu'elle était utilisée avant.
Parmi les trois variantes proposées,les deux premières sont postérieures, sans jeu de mot à notre expression. La première n'est jamais que la même mais employant un mot plus vulgaire, et la seconde est une version encore plus triviale, réservée à la gent masculine qui tient bien évidemment à cette peau-là comme à la prunelle de ses yeux.
Et à propos des yeux, cela nous amène à la dernière variante proposée, sans peau cette fois, qui date du XIXe siècle chez Balzac, entre autres et qui insiste à juste titre sur l'importance que tout-un-chacun donne à ses yeux, mais avec une formulation bizarre "coûter les yeux" aurait suffit qui s'explique peut-être à la fois par une volonté de renforcement "oui, c'est bien les yeux de ma tête qui valent très cher !" et par l'existence de locutions comme "arracher les yeux de la tête" ou "faire sortir les yeux de la tête".
Compléments Contrairement à ce que certains croient, et le dessinateur Greg en particulier, cette expression n'a rien à voir avec une ancienne ville de Turquie, autrefois célèbre pour la fabrication des sifflets destinés à attirer les oiseaux. En effet le prix de l'appeau d'Éphèse n'a jamais été très élevé. Pas plus d'ailleurs que le tout aussi inexistant appeau d'Écouilles ou Hécouilles ou Écouyes, selon les variantes qui, si son histoire est amusante, reste de la pure invention.
Cela dit, on peut remarquer qu'en anglais, 'leurre' se dit 'decoy'. Or qu'est-ce qu'un appeau, sinon un leurre. Alors d'ici à ce que appeau-decoy ait pu, chez un bilingue, donner l'idée de cette variante phonétique, dans le prolongement des premières versions...
Ailleurs Allemagne (Bavière) de Sündhaft teuer sein Coûter faramineux (cher) Autriche de Es kostet das Weisse aus den Augen Ca coûte le blanc des yeux Allemagne de Das kostet ein Heidengeld Ça coûte un argent de païen Angleterre / États-Unis en To cost an arm and a leg Coûter un bras et une jambe États-Unis en To cost one's firstborn child Coûter son enfant premier-né Espagne es Valer un cojon Valoir une couille Espagne (Catalogne) es Valer un collò i part del'altre Valoir une couille et la moitié de l'autre Espagne es Costar un riñon Coûter un rein Argentine (Buenos Aires) es Costar un Perú Coûter un Pérou Espagne es Costar un ojo de la cara Coûter un oeil du visage Espagne es Valer un Potosí Valoir un Potosi (célèbre pour ses gisements de métaux précieux en Bolivie) Espagne es Costar un ojo y la mitad del otro Coûter un oeil et la moitié de l'autre Espagne es Costar un huevo Coûter un testicule Espagne es Costar un huevo Coûter un oeuf Canada (Québec) fr Coûter un bras et la moitié de l'autre Italie it Costare un occhio della testa / l'ira di Dio Coûter un oeil de la tête / la rage de Dieu Italie it Costare un occhio Coûter un oeil Italie (Sicile) it Custàri 'n patrimòniu Coûter un patrimoine Pays-Bas nl Stervensduur zijn Etre cher comme la mort Belgique (Flandre) nl Dat kost stukken van mensen ça coûte des pièces des hommes Brésil pt Custar os olhos da cara Coûter les yeux du visage Roumanie ro A costa cat ochii din cap Coûter les yeux de la tête Vietnam vi Gia cat cô Prix couper gorge
Posté le : 02/05/2015 08:48
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« La quille »
La fin du service militaire pour un appelé. La libération pour un prisonnier.
Maintenant que le service militaire obligatoire n'existe plus, les jeunes Français ne peuvent plus connaître la joie des travaux de nettoyage des toilettes, de balayage des couloirs ou de peinture des bordures de trottoirs. Ils ne peuvent pas non plus goûter aux activités viriles comme le parcours du combattant ou la course sur vingt kilomètres en treillis et rangers en portant un sac à dos plein de pierres. Enfin, ils ne peuvent plus apprécier les manifestations de franche et juvénile camaraderie comme le lit en portefeuille ou le seau d'eau pris en pleine poire pendant le sommeil, par exemple. Du coup, il ne savent pas non plus ce qu'est le plaisir de décompter laborieusement les jours qui restent avant la fin du service, cette fameuse 'quille' que tout appelé normalement constitué fête avec un immense bonheur.
Mais pourquoi appelle-t-on 'quille' ce retour tant attendu à la vie civile ? Eh bien, au risque d'en décevoir quelques-uns, je dois avouer qu'on ne le sait pas. On dispose bien de quelques hypothèses, émises par d'éminents lexicographes ou d'anonymes individus, dont certaines un peu loufoques, mais il n'y a aucune certitude. Je vais donc vous proposer deux explications parmi les plus plausibles.
Autrefois, lorsqu'on était prisonnier parce que pour ces gens-là aussi, la libération c'est la quille ou bidasse, le décompte des jours restant se faisait à l'aide de bâtons tracés sur des support divers. Il est alors aisé d'imaginer comparer ces bâtons, droits comme des I et placés côte à côte, à des quilles qui sont éliminées une par une, jusqu'à ce que la dernière, LA quille subisse enfin le même sort. Voilà pour la première hypothèse.
À l'époque où cette locution est apparue, en 1936, il était courant pour la hiérarchie militaire, paraît-il, de tenter de limiter les ardeurs sexuelles des jeunes et bouillants appelés en mêlant à leur alimentation du bromure de potassium, produit anaphrodisiaque par excellence. La fin du service militaire était donc, pour les militaires libérés, la promesse du retour d'une véritable et belle érection, une grosse 'quille', pour les plus modestes. L'expression 'la quille bordel !', maintes fois proférée, pourrait d'ailleurs être une confirmation de cette hypothèse, cette virilité retrouvée permettant effectivement d'aller fréquenter avec efficacité un tel lieu de débauche.
On peut encore ajouter trois pistes parmi les moins capillotractées :
Vers 1900, le verbe 'quiller' signifiait 'abandonner', 'quitter' ou 'partir'. 'Quille' pourrait donc être un subtantif tiré de ce verbe pour désigner le départ.
Il pourrait aussi y avoir un lien avec l'argotique 'quille' qui désigne aussi une bouteille "une quille de roteux", le genre de récipient que le libéré va enfin s'empresser de vider avec joie une fois son paquetage rendu.
Enfin, au milieu du XIXe siècle, "jouer des quilles" c'était "s'enfuir", les 'quilles' désignant les jambes. Alors y aurait-il un lien avec ces quilles que l'appelé s'empresse d'utiliser pour fuir son lieu de casernement ?
Et même si l'usage du bromure n'est qu'une légende -il paraît qu'une intense activité physique, comme celle qu'on pouvait pratiquer au début de son service militaire, suffit à provoquer une baisse importante des besoins sexuels- le manque de ce type d'activité en milieu militaire et l'idée de pouvoir pratiquer librement à la libération pouvait suffire à associer cette dernière à une 'quille' pouvant s'exprimer pleinement.
Exemple « Un troufion qui arrosait la quille Vient lui faire un compliment grotesque Genre vous êtes belle comme que'que chose qui brille Elle en tombe amoureuse aussi sec Elle est quand même déçue d'être triste D' pas tomber sur un parachutiste. » Renaud [Séchan] - Le retour de la Pépette
Compléments Une légende très répandue dit que "La Quille" était le nom d'un bateau qui ramenait les bagnards libérés de Cayenne ou des forçats d'un éventuel autre endroit, ce qui pouvait suffire à expliquer l'origine réelle de cette fameuse 'quille'. Mais, interrogé et après des recherches, le Musée de la Marine à Paris a indiqué n'avoir aucune trace d'un bateau ayant ce nom et ayant servi à ce type de transport.
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Posté le : 03/05/2015 09:16
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