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La chanson Française
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La Chanson française

Dans toutes les cultures, la parole chantée est le plus ancien mode d'expression poétique.
La musique, expression en soi, constitue aussi un système mnémotechnique qui permet de mieux retenir les paroles, comme la versification ou la rime.

La chanson française n'échappe pas à ces règles. Il ne nous reste rien de la culture poétique gauloise.
Mais, dès l'époque des serments de Strasbourg (842), un manuscrit, le Carmine juxta rusticorum, aurait conservé les paroles de chansons en langue romane, dans un créole gallo-latin qui deviendra la langue française : dans le chant d'église en latin s'intercalent des variations en langue populaire, les tropes. Pendant tout le Moyen Âge, on observe un va-et-vient permanent entre le profane et le sacré.
L'église adopte des airs profanes pour ses cantiques, le populaire s'empare d'airs d'église pour les chansons qui rythment sa vie quotidienne.

Autre va-et-vient, comme l'a remarqué le parolier Étienne Roda-Gil, la chanson circule de la salle à manger du seigneur au champ du paysan, constituant ainsi un puissant facteur d'unification de la langue française.
Soulignons cependant que le gros des paroles de la chanson traditionnelle française ne remonte pas à la nuit des temps mais aux XVIIIe et XIXe siècles.
L'analyse musicale plaide néanmoins en faveur d'origines extrêmement anciennes, médiévales, pour des chansons comme La Légende de saint Nicolas ou J'ai vu le loup, le renard, la belette – encore très populaire au Québec ou en Louisiane.

De la révolution occitane à la chanson populaire
La Chanson de Roland, vers 1100 et d'autres chansons de geste, psalmodiées, accompagnées d'instruments, les lais de Marie de France, poétesse établie en Angleterre, active entre 1160 et 1185, relèvent-ils de la chanson, hors du système couplets-refrain ?
Une chose est certaine : la première grande révolution chansonnière se situe en Occitanie, avec l'apparition des troubadours, dans la première moitié du XIIe siècle.
Dans cette société extrêmement raffinée qui bénéficie des apports de l'Espagne musulmane, la chanson est le véhicule privilégié de l'amour courtois.
Avec la répression du catharisme, les armées de Simon de Montfort écrasent aussi le fin'amor mais ramènent dans la langue d'oïl du nord du pays quelques-unes des idées civilisatrices du miracle occitan.
Des troubadours d'oc, on passe aux trouvères d'oïl. Le plus souvent, le poète appartient à la noblesse et ne peut chanter en public ; il se fait donc accompagner par un jongleur, qui sera son porte-voix.

Pour le Moyen Âge, il n'existe pas de poésie non chantée. Mais, au XIIe siècle, une révolution musicale, l'essor de la polyphonie, avec Pérotin-le-Grand et l'école de Notre-Dame, va peu à peu créer une fracture entre musique savante et musique populaire.
Au fil des siècles, celle-ci va s'accentuer.
Mais, parmi les premiers ouvrages imprimés en langue française figurent des recueils de chansons, pèle-mêle de chansons de ville et de chansons paysannes.
Nouveaux va-et-vient entre les cultures urbaines et les cultures rurales, entre les chansons aux mille versions anonymes de la tradition et les chansons de lettrés ou de semi-lettrés.
Si un Guillaume de Machaut entre1300 et environ1377 est autant auteur-compositeur que poète et musicien, si les poèmes de Ronsard ou ceux qui sont attribués à Louise Labbé, comme ceux de leurs homologues italiens, s'agrémentent de luth et de roulades de voix, la polyphonie de Clément Janequin entre 1485 environ et 1558, dont la complexité rend le texte quasi incompréhensible, consomme le divorce entre chanson savante et chanson populaire.
Jusqu'à aujourd'hui, certains lettrés en garderont une nostalgie et, en marge de leurs œuvres "sérieuses", écriront des "petites chansons".

Henri IV achève les travaux du Pont-Neuf, qui pendant trois siècles va être le haut-lieu de la chanson.
C'est là que des artistes de rue lanceront les chansons qui rayonneront sur toute la France.
"Gare aux Ponts-Neufs !" : pendant la Fronde, le prince de Condé rappellera à ses soldats qu'une chanson satirique peut tuer sinon un homme du moins sa réputation, même si les 5 000 chansons contre Mazarin, les fameuses "mazarinades" qui ont été recensées ne viendront pas à bout du cardinal, qui ne manquait pas d'humour :
" Laissez-les chanter, ils paieront les violons."

À côté de la chanson urbaine populaire et de la chanson rurale, une chanson de cour, œuvre de lettrés, s'établit dès la Renaissance.
Ma Belle si ton âme, encore chantée aujourd'hui, est l'œuvre de Guy Durant, avocat au barreau de Paris, anobli par le roi en "de la Bergerie".
Est-ce parce qu'il compose des "bergeries", ces chansons vouées aux amours bucoliques de la bergère et du berger, et qui sont en quelque sorte les ancêtres de la romance et de notre chanson d'amour à la Francis Cabrel ?

Deux types de chansons vont désormais coexister : l'une est écrite en langage "poissard" – le français populaire citadin –, l'autre en un français poli, "classique".
Mais, ne nous y trompons pas, à la cour on s'amuse du style poissard : les rois font venir les grands amuseurs "vulgaires", et plus d'un lettré livre des parodies, que le peuple adopte.
En ces temps où l'analphabétisme est la règle, la chanson reste la seule culture accessible au peuple.

La chanson politique et sociale

La romance de salon, accompagnée au clavecin, à la harpe puis à la guitare ou au pianoforte, constitue une passerelle entre la musique savante – elle est écrite pour être chantée par des amateurs – et la musique populaire.
Un Florian ne dédaigne pas d'écrire Plaisir d'amour ; Chateaubriand lui emboîtera le pas. Une petite société de chansonniers – au sens d'auteurs de chansons – naît : il s'agit de la société du Caveau,ou "des dîners du Caveau", fondée en 1733 par Alexis Piron, Crébillon fils et Charles Collé, et qui se réunit dans un restaurant de la rue de Buci, à Paris.
Elle envoie dans toute la France des chansons nouvelles, édite un recueil d'airs – les " timbres " – sur lesquels se composent les chansons : sur un seul timbre, pendant la Révolution française, pourront ainsi se décliner des dizaines de chansons manifestant les opinions les plus divergentes.
Le grand nom qui demeure de cette époque est celui d'un royaliste, le romanesque Ange Pitou : les paysans vendéens en révolte ont leur "romancero".
La plus belle chanson de cette époque est peut-être "La Liberté des nègres", écrite par Pierre Antoine Augustin de Piis pour célébrer l'abolition de l'esclavage, en 1794.
Mais de Piis se ralliera à Napoléon, et le totalitarisme impérial va étouffer toute velléité de contestation dans la chanson ; il ne pourra cependant pas empêcher le jeune Pierre Jean de Béranger de brocarder les appétits de conquête de l'empereur dans "Le Roi d'Yvetot" en 1813.

Béranger est la grande gloire chansonnière du XIXe siècle, le "Poète National", comme l'affirme la plaque figurant sous le médaillon en bronze réalisé par David d'Angers pour sa tombe au Père-Lachaise.
Son œuvre est à cheval entre la chanson "de bonne compagnie" du Caveau, où officie notamment son ami Marc-Antoine Désaugiers, auteur du Tableau de Paris à cinq heures le matin (1802), et celle, plus antisociale, des goguettes, ces assemblées libres où le petit peuple se réunit pour écouter des chansons et fronder Charles X, puis Louis-Philippe.
On préfère souvent s'étonner de la popularité de "l'immortel Bérangeré", idole des goguettes, que de recenser les beautés dans son œuvre souvent ironique : ses petits portraits, "Les Cinq Étages", "Jeanne la Rousse", "Lève-toi Jacques"et ses professions de foi libertine comme "Le Bon Dieu" sont des chefs-d'œuvre incontestables unanimement célébrés en leur temps.
Même s'il l'a regretté ensuite, Béranger fut l'un des plus grands propagateurs de la légende napoléonienne, mais ne se compromit pas avec le pouvoir qu'il avait aidé à mettre en place.
Napoléon III va juguler les tendances sociales de la chanson, à coups d'interdictions, voire d'emprisonnements.

La chanson revendiquée révolutionnaire et sociale circule plus ou moins sous le manteau et dans des cabarets que l'on qualifierait aujourd'hui d'alternatifs.
Elle est très surveillée, et persécutée.
Ce qui n'empêchera pas pour autant la création d'œuvres désormais mythiques comme, en 1866, Le Temps des cerises de Jean-Baptiste Clément (1836-1903) ou, en 1871,
L'Internationale d'Eugène Pottier (1816-1887), dans la veine des Chants et chansons de Pierre Dupont (1821-1870), célébré par Baudelaire.
Parallèlement, une sorte d' "industrie" de la chanson se crée, le café-concert.
Autant la politique en est presque bannie, mais Darcier – Joseph Lemaire –, qu'a célébré Hector Berlioz, y lance "La Canaille, j'en suis" en 1865, autant, sur le plan des mœurs, on est libre : éloge de la femme légère, du cocuage, personnages interlopes comme Joseph Kelm et bien d'autres... La seule soupape, c'est l'absurde où l'extrême de la bêtise devient du surréalisme involontaire : "la scie" ;"En voulez-vous des z'homards", "Il avait des bottes Bastien".


La chanson réaliste


Une société d'auteurs, ancêtre de la S.A.C.E.M., est créée en 1851 : désormais, un auteur ou un musicien pourront gagner leur vie avec ce qui est devenu un travail.
Le café-concert – le caf-conc' – établit le vedettariat.
Il ne nous reste aucun enregistrement de Thérésa, Emma Valendon, 1837-1913, ou de Paulus, Jean-Paul Habens, mais d'innombrables caricatures, photographies, mémoires, textes des plus grands littérateurs de l'époque les célèbrent.
Les imitatrices de Thérésa, enregistrées, nous donnent cependant une idée du style de la créatrice de La Femme à barbe ou des Canards tyroliens.
Entre-temps, le phonographe est né, qui nous restitue plus ou moins la présence des grands du caf-conc' 1900 : le rugissement puissant d'Aristide Bruant, la voix acérée d'Yvette Guilbert, le miel de Mayol, Félix Mayol, le naturalisme d'Eugénie Buffet, la revendication mélodramatique de Montehus, Gaston Mardochée Brunschwig.
Mais un des plus grands poètes de la chanson d'alors, Gaston Couté, mourra sans léguer aucune trace de sa voix à la postérité, comme Maurice Rollinat, ami de George Sand.
Notre mémoire est aussi la mémoire d'une censure.

À l'orée du XXe siècle, avec le développement des moyens de reproduction – phonographe et cinéma –, une révolution démarre depuis un tout petit espace, un cabaret de Montmartre : Le Chat noir, fondé en 1881 par le Viennois Rodolphe Salis.
Une bande de poètes, de peintres, de musiciens, héritiers d'autres clubs non conformistes comme les Zutistes ou les Incohérents, investissent un cabaret situé au-dessus de Pigalle.
En remettant au premier plan la poésie, ils se réclament de Baudelaire, de Verlaine, du Parnasse, qui s'étiolait sous les scies des comiques troupiers, ils régénèrent la chanson française avec leur haine du conformisme bourgeois, puis hélas ! deviennent des faiseurs comme les autres.
À côté des chanteurs"à voix" s'imposent les" diseurs" – le plus souvent des "diseuses", comme Esther Lekain, Ernestine Nickel, Anna Judic, Anne-Marie-Louise Damiens, et Yvette Guilbert.

C'est à la charnière du XXe siècle que se constitue le genre dit "chanson réaliste".
On peut lui trouver plusieurs ancêtres, au premier plan desquels la complainte traditionnelle, qui raconte des faits-divers sanglants, et la chanson de prison en argot, dont Victor Hugo a fait des pastiches.
Parmi ses influences figurent le roman naturaliste à la Zola, et son versant le plus antibourgeois, qui s'attache à la vie des "filles soumises", par exemple chez les frères Goncourt, Germinie Lacerteux, 1864 ou Joris-Karl Huysmans.
Aristide Bruant a certainement lu ces œuvres, mais il est aussi allé se documenter sur place, hantant les bas-fonds, s'imprégnant des réelles "chansons de pègre" qu'on pouvait y entendre.
Autant Bruant se complaît – avec génie – dans l'étalage de la misère, autant Jules Jouy , qui mourra fou, est un imprécateur, avec par exemple Fille d'ouvrier ou La Veuve, sur la guillotine; ses chansons ont mieux vieilli que le répertoire, alors très en faveur, des chantres de la revanche après la défaite de 1870, et la perte de l'Alsace-Lorraine.

Erik Satie tient le piano de Paulette Darty, Paulette Joséphine Combes," reine de la valse lente", créatrice de "Fascination" et de "Je te veux".
Paul Delmet met en musique les romances de Maurice Boukay, Charles-Maurice Couyba, dont Verlaine préface le recueil.
Dranem, Armand Ménard, hisse la chanson idiote jusqu'au pur génie, "Les P'tis Pois", "Pétronille", "tu sens la menthe".
Maurice Chevalier débute sur scène à l'âge de dix ans.
De grands musiciens classiques comme Maurice Ravel vendent, sans les signer, des mélodies à des marchands de chanson.
Si Paris regorge de cafés-concerts, la grande diffusion de la chanson reste "le petit format", feuille imprimée avec juste le texte et la mélodie de la chanson, sans accompagnement, vendue par les chanteurs de rues.
Il peut s'en vendre plusieurs millions d'exemplaires.
Harry Fragson – qui chante en anglais à Londres et en français à Paris – introduit timidement la syncope dans la chanson française ; Mayol et son exubérance efféminée, sa diction étincelante et ses mains papillonnantes règne sur la chanson de charme "Les Mains de femme", les gauloiseries monotones, et s'aventure à l'occasion dans un sous-genre en gestation : la chanson coloniale "Bou-dou-ba-da-bouh", "À la Martinique".
Avec le succès de La Paimpolaise, il révèle au grand public Théodore Botrel, géant réactionnaire chantre d'une Bretagne de carte postale.

La chanson revancharde va déboucher sur nombre d'hymnes haineux durant la Première Guerre mondiale.
Mais c'est une chanson à boire, La Madelon, que les poilus vont adopter.
Montéhus le pacifiste retourne sa veste, et aura du mal à s'en remettre après la guerre, même avec un chef-d'œuvre comme La Butte rouge en 1922.
En 1917, Gaby Deslys, Marie-Élise Gabrielle Caire, ramène de New York le premier orchestre de jazz américain à s'être fait entendre à Paris, et le danseur Harry Pilcer, pour une revue à grand spectacle sur le thème des bombardements, Laissez-les tomber.

Pendant les années folles de l'après-guerre, la chanson réaliste et ses clichés semble le seul endroit où une critique sociale peut se faire entendre.
Les femmes qui la portent – Fréhel, Marguerite Boulc'h, 1891-1951, Damia, Marie-Louise Damien, 1889-1978, Berthe Sylva, Berthe Faquet, 1886-1941, révélée par la radio, Andrée Turcy 1891-1974, bientôt Édith Piaf, 1915-1963 – sont aussi "viriles" que les "ténorinos" à la mode – Tino Rossi, Constantino Rossi, 1907-1983, Jean Sablon 1906-1994, Réda Caire Joseph Gandhour, 1905-1963 – sont douceâtres.
Avec son entraînement de boxeur et sa silhouette athlétique, Maurice Chevalier impose ses allures de gouape jusqu'à Hollywood.
Quelques musiciens trustent les succès : Vincent Scotto 1876-1952, Jean Lenoir 1891-1976, Maurive Yvain, 1891-1965 ; beaucoup écrivent en même temps pour l'opérette et le music-hall.
Des auteurs comme Albert Willemetz 1887-1964, excellent dans le genre léger, Maurice Aubert ou Raymond Asso, 1901-1968 ont le pessimisme heureux.
Capable de passer du rire aux larmes, la fantaisiste Marie Dubas, 1894-1972 est la parfaite incarnation, avec sa devancière Mistinguett, Lucienne Boyer, Jeanne Bourgeois, de ce qu'une avant-garde voit dans le music-hall : un "spectacle total", fait de théâtre, de chants, de danses, de mime. Joséphine Baker, Freda McDonald, 1906-1975 – rêve universaliste ? rêve colonial ? – dompte sa voix bluesy et la porte jusqu'aux trilles parisiennes.

Évolutions et révolutions

Avec les années 1930 plusieurs révolutions vont changer la face de la chanson française : le cabaretier Louis Leplée découvre la môme Piaf dont la mère travaillait dans un de ses cabarets.
Sous l'influence du jazz, les compositeurs inventent une nouvelle écriture ; les textes percutants de Jean Tranchant , l'arrivée de Charles Trenet , les chansons de Mireille (1906-1996) et Jean Nohain (1900-1981) modifient profondément le paysage, pendant qu'un Suisse, Gilles, Jean Villard, 1895-1982), réinvente la chanson contestataire Dollar, 1932, avant de s'établir à Lausanne pendant l'Occupation pour y écrire des chansons antinazies.

Lys Gauty , Alice Gauthier, 1908-1994 démontre qu'on peut à la fois chanter des rengaines et interpréter Kurt Weill.
Interprète de Je suis seule ce soir, Léo Marjane, Thérèse Gérard, née en 1912 ? se situe au confluent de plusieurs styles et influences : ceux de la chanson réaliste, du jazz, des musiques d'Europe centrale, avec des emprunts au jazz klezmer des Andrews Sisters. Marianne Oswald , Alice Bloch, 1901 ou 1903-1985 importe l'expressionnisme berlinois dans la chanson ; elle, la ténébreuse, et le joli oiseau Agnès Capri, Sophie Rose Friedmann, 1915-1976 seront les premières à interpréter Jacques Prévert, premiers jalons de Saint-Germain-des-Prés.

L'Occupation, ce sont d'abord les persécutions dont sont victimes les artistes juifs, chassés des théâtres de la zone occupée, puis de toute la France, des ondes, des sociétés d'auteurs. Casimir Oberfeld, 1903-1945, auteur de succès de Mistinguett, est assassiné en déportation, à Auschwitz.
Certains patriotes gagnent Londres, comme Germaine Sablon, son frère Jean restant aux États-Unis.
D'autres passent en Suisse, comme Marie Dubas ou Renée Lebas, qui se fait connaître au micro de Radio-Lausanne.
La situation est difficile pour ceux qui restent, et qui doivent continuer à chanter en essayant d'éviter les ornières ; certains s'y enliseront.
Était-il si facile de refuser une invitation à chanter à Berlin ?
La vogue du swing et ses Irène de Trébert (1921-1996) était-elle un pied de nez à l'occupant ?
Comme ces emprunts au blues de la Piaf de l'époque ? Une chose est certaine : la Révolution nationale prônée par le régime de Vichy n'aimait pas les zazous comme Trenet. Une chanson nostalgique, "Mon Amant de Saint-Jean", créée en 1942 par Lucienne Delyle (1917-1962), relevant du pur réalisme – une jeune femme rencontre un souteneur dans un bal –, a passé la barrière du temps jusqu'à aujourd'hui.


De Saint-Germain-des-Prés aux yéyés


La chanson de l'après-guerre louvoie entre plusieurs courants.
À Saint-Germain-des-Prés, comme les dadaïstes de 1918, une jeunesse ne croit plus aux certitudes de ses aînés.
Une école du non-sens, de la poésie – avec à sa tête Jacques Prévert –, cependant que les musiques louchent vers le jazz sans jamais le plagier, va amener un grand souffle de nouveauté, dans lequel le jeune Yves Montand, Ivo Livi, 1921-1991 va trouver son auteur de choc, Francis Lemarque, Nathan Korb, 1917-2002.
C'est Juliette Gréco qui chante Queneau, Prévert et Vian, c'est Nicole Louviers, 1933-2003, jeune femme poète et romancière qui serait la première à s'être produite sur scène avec un répertoire qu'elle s'est entièrement constitué.
C'est le temps de la rive gauche. Léo Ferré végète en attendant que Catherine Sauvage le révèle au public.
Stéphane Golmann 1921-1987 n'est pas encore haut fonctionnaire à l'U.N.E.S.C.O.
Cora Vaucaire impose sa simple préciosité. Les Frères Jacques constituent le pendant sophistiqué des Compagnons de la chanson.
Piaf, elle, s'impose à New York et gagne ainsi le statut de "chanteuse nationale".
Germaine Montero, Germaine Heygel, 1909-2000 oscille entre théâtre et chanson.
Rive droite, la mode new look sévit : les chanteuses doivent être "chics", et Christian Dior habille Lucienne Delyle.
La chanson française s'exporte : une Jacqueline François, une Line Renaud, une Renée Lebas chantent qui aux États-Unis, qui à Moscou, qui à Alexandrie.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Québec, privé des imports français, a développé une industrie de la chanson autonome.
Alys Roby et ses espagnolades succèdent aux "turluttes" de La Bolduc, Mary-Rose-Anna Travers, 1894-1941.
Et c'est un Québécois armé d'une guitare, de fraîcheur et de poésie, Félix Leclerc 1914-1988, qui va détrôner la chanson rive droite, si corsetée, menacée par l'insignifiant.
Après lui, on peut écouter Georges Brassens, Léo Ferré qui peinait tant, Jacques Brel venu de Belgique, Charles Aznavour qui languissait, guidé par Piaf.
Catherine Sauvage est populaire et racée, exigeante, bouleversée par Brecht.
Et déjà, Gilbert Bécaud allie des talents de mélodiste hors pair, un jeu de piano original, des arrangements qui se souviennent de Duke Ellington et des textes polis, voire désuets. Tenace, Barbara travaille peu à peu à sa légende, à contre-courant des modes, à l'instar d'Anne Sylvestre.
Gréco se cherche dans une chanson plus accessible que précédemment.

Pendant que la jeune génération de la rive gauche, déplacée vers la rue Mouffetard, prépare une modernisation des musiques de la chanson poétique, Jehan Jonas, c'est le raz de marée des yéyés.
À partir de 1958, sur ce qui est alors la première radio commerciale, Europe n0 1, "Salut les copains !" , une émission aux méthodes contestables – " matraquages ", faux hit-parades – ravage le paysage de la chanson française.
Beaucoup de talents prometteurs, comme Guy Bontempelli, ne s'en remettront pas, beaucoup de carrières s'arrêteront brutalement : il n'y a plus de débouché pour la chanson intelligente.
Les monstres restent, ou tournent casaque, comme Serge Gainsbourg.
Et les nouvelles idoles – Johnny Hallyday et Eddy Mitchell mis à part – ne sont pas exportables dans le pays de leurs rêves : les États-Unis.
Leur répertoire est somme toute médiocre, leurs prestations scéniques parfois poussives, avec de surcroît l'utilisation du play-back sur scène.
Par ailleurs, cette nouvelle jeunesse se montre politiquement très conform

Le Français Serge Gainsbourg (1928-1991), auteur-compositeur-interprète, et l'actrice et chanteuse britannique Jane Birkin, se détachent cependant de ce paysage quelque peu monotone des artistes prometteurs comme Françoise Hardy née en 1944 et Jacques Dutronc né en 1943.
L'essor des "marginaux"
Claude Nougaro 1929-2004 sort du lot, qui doit composer avec les yéyés pour faire passer sa différence : faire de la poésie avec un accent toulousain, c'était courageux !
Et c'est après Mai-68 que vont apparaître, très mal vus au début, des marginaux qui finiront par prendre le pouvoir : Bernard Lavilliers né en 1946, Jacques Higelin né en 1940, Brigitte Fontaine née en 1940 – qui se doute alors que cette auteur-interprète singulière, qui fait exploser la forme de la chanson moderne, puis subit une éclipse de vingt ans, deviendra la grande référence des jeunes artistes à l'orée du XXIe siècle ?
Moins solide, trop intransigeante, Mama Béa Tékielski ne résistera pas au show-business. Sur les radios FM, une autre différence s'installe, celle de Véronique Sanson née en 1949 et de Michel Berger 1947-1992, qui cultivent un américanisme doux, tempéré de paroles sensées et d'une sensibilité vraie.
Le tandem Laurent Voulzy-Alain Souchon le premier né en 1948, le second en 1944 fait preuve d'une réelle invention langagière.
Alain Bashung 1947-2009 mêle habilement des influences aussi diverses que celles de Gainsbourg ou du rock américain.
Mais, peu à peu, la musique anglo-saxonne supplante la musique francophone sur les ondes françaises, peu à peu le paysage se scinde entre le show-business et ses artistes au message aseptisé, parfois talentueux néanmoins, et les tenants d'une rive gauche qui se serait ouverte aux nouvelles tendances musicales – un jazz moderniste et les musiques du monde –, au premier rang desquels Higelin, Lavilliers et Brigitte Fontaine.

Ferré fut le gourou des années 1970. Le cynique Gainsbourg sera celui des années 1980 ; mais le succès l'atteint quand son talent s'amenuise, ses grandes chansons demeurant celles de sa période rive gauche.
À la fin de sa carrière, il lance une mode de chansons faites de jeux de mots unis bout à bout qui peu à peu vide le genre de son sens.

Au tournant du XXe siècle


On ne pouvait imaginer que l'introduction du jazz dans la chanson française des années 1930 allait régénérer l'écriture de celle-ci.
On ne peut pas plus deviner que l'importation du rap américain va ramener le sens dans la chanson.
En même temps qu'une loi de quotas pour les radios est votée – au Québec, elle a sauvé l'expression francophone –, le rap français impose des textes qui parlent du quotidien, qui dénoncent, qui revendiquent.
Un autre mouvement, dit "alternatif" , essaie de s'éloigner du modèle américain et de se réinventer un arbre généalogique, en se réappropriant l'accordéon et la chanson populaire des années 1920.
Confrontés à un show-business hostile, Les Têtes raides, apparus en 1988, mettront vingt ans à imposer leur "java-rock", tout comme leurs amis de La Tordue, formée en 1989, ou les Rita Mitsouko.
Et un groupe qui semblait pourtant bien parti, dès 1987, Les Négresses vertes, connaîtra rapidement la déconfiture.

À côté de la chanson " médiatique ", qui peut friser des abîmes de nullité, le boys band des 2Be3 !, une chanson de qualité résiste : Allain Leprest le maudit, Gilbert Lafaille, Michèle Bernard, Véronique Pestel...
Les parcours sont cependant difficiles : même avec un réel soutien du public, l'inclassable Juliette et son bagage musical sérieux devra patienter vingt ans avant qu'une grande maison de disques la prenne sous contrat.
La nouvelle génération du XXIe siècle éprouve moins de complexes à l'égard de la chanson anglo-saxonne, mais présente des problèmes d'identité.
La vogue des musiques du monde a rappelé qu'on pouvait avoir du talent en espagnol, en arabe ou en wolof, pas uniquement en anglais.
Et c'est une nouvelle explosion de chansons qui racontent des histoires, à la limite de la chanson de chansonnier des années 1930 : Vincent Delerm, Bénabar, Jeanne Cherhal... Les enfants des soixante-huitards détestent la rhétorique : sous l'égide de Dominique A, une nouvelle école se dessine, volontiers minimaliste, avec moins d'emphase, de la sobriété.
Une Camille s'impose par son talent musical, ses textes originaux et sa présence scénique. Un nouveau tabou tombe : les enfants des émigrés ont le droit d'aborder la chanson et ne sont plus cantonnés dans les genres "exotiques" comme le rap ou le rhythm and blues Ridan.

L'abandon programmé du CD et le téléchargement des albums remettent les chanteurs de scène en avant.
Ils foisonnent : tout un chacun peut mettre son clip sur des sites Internet comme MySpace et rêve de devenir chanteur professionnel.
Mais il faut compter avec les médias, leur idéologie où la notoriété prime sur le talent et le travail, cette volonté de vouloir créer des idoles à partir de rien, ce cynisme qui pousse à toujours jouer sur le conflit des générations.
De même, pour des questions financières, les maisons de disques invitent les chanteurs à écrire textes et musique.
Loin de la France métropolitaine suivons des trajectoires exemplaires : celle du Québécois Richard Desjardins, révélé par un album autoproduit lancé en 1987, Les Derniers Humains, qui impose son parler régional au milieu de chansons en français "international", et met entre parenthèses son statut de vedette pour réaliser des documentaires ; celle du Congolais Zao, dont le premier album, Ancien Combattant 1984, est devenu un classique ; sa chanson L'Aiguille 2006 témoigne de l'atroce guerre civile que connut son pays, et appelle à la réconciliation. Il y a encore place pour de grandes chansons.

Posté le : 17/08/2013 18:17
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Re: La chanson Française
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De Bel AIr
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“créole gallo-latin qui deviendra la langue française “

Le terme “ créole” qui est un mot espagnol, m’interpelle puisqu’il ne se rapporte qu’aux langues nées de la traite des esclaves noirs.

Quant au “gallo-latin” on sait que le français ne contient que peu de mots puisqu’on n’ y récence qu’ une centaine de mots .
Je crois qu’il serait plus judicieux de parler des langues celtes .
Par ailleurs, le français n’est qu’un un patois préféré à d’autres patois puisque chaque région avait sa langue.
C’est l'interconnexion de ces dialectes qui a fait le français .
Pour revenir au sujet , oui,sans doute les poètes, les chansons qui ont fait circuler les mots .
Dans votre article , vous citez “ le Temps des cerises de Jean-Baptiste Clément comme chanson revendiquée révolutionnaire et sociale “ or ce qu’il faut savoir c’est que cette chanson existait bien avant la commune , c’est la résonance des mots qui en a fait l'emblème des communards mais ceci après les “événements”
Je déplore l’oubli du courant “folk “ Imago par exemple et du groupe ange entre autres….Colette Magny., François Béranger,….
Vous me direz on ne peut citer tout le monde et je le comprends bien /-)
Quant à Jehan Jonas , qu’on salut ici ce garçon me fait bien du plaisir.
Amaury

Posté le : 08/09/2013 18:38
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Re: La chanson Française
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Cette vision du créole est restreinte, la création d'une langue créole est plus complexe.
Le mot créole est anglais, le mot espagnol est "criollo" Le créole en linguistique est une variante d'une langue transformée par une utilisation imparfaite en communication avec une autre langue. On peut dire que toutes les langues de la planète subissent ce sort et par interaction avec un autre dialecte voient leurs idiomes se transformer, elles subissent une dérive de forme et de sonorité. Certes on ne parle pas de créole lorsqu'il est question d'une mutation linguistique lente, naturelle et généralisée, mais lorsqu'il s'agit d'une mutation faisant émerger une création artificielle soudaine, et seulement lorsque les nouveaux idiomes se greffent sur un langage étranger. La construction du créole se fait par des choix influencés par la langue maternelle de la communauté qui se construit ainsi un dialecte propre, par des choix originaux en accord avec sa culture première.
Il existe autant de "créoles" que de lieux d'intercultures durables. On trouve donc des créoles à base lexicales chinoise, indienne, anglaise, espagnole, arabe, française, malaise, indochinoise ... et cela dans toutes les parties du monde. L'esclavage n' est pas le seul substrat linguistique qui produit une langue "créole".les changements linguistiques peuvent apparaître dans une société multilingue dont l'évolution est basée sur un processus économique.

Sur le Gallo-latin, le gaulois, Galli en latin, signifie celtes.
Les gaulois étaient des celtes.
Mais le celte comme le latin sont des langues indo-européennes et il est donc impossible de déterminer avec certitude l'origine de tels ou tels mots ayant déjà subit des transformations, et dont les bases lexicales sont très proches.
Si on peut affirmer que 150 mots environ, nous viennent du gaulois presque inchangés, en revanche on peut estimer à plusieurs milliers les mots issus du gaulois et ayant subit une créolisation.

Pour le chant révolutionnaire "Le temps des cerises" le poème a été écrit par Jean-Baptiste Clément en 1866 et la musique composée par Antoine Renard en 1868, et la commune éclate début 1971.
Il est vrai que ce chant existait depuis déjà trois ans, là on ne peut pas dire qu'il existait depuis "longtemps", mais il est commun que les chants repris au moment d'un évènement social aussi sensible qu'un mouvement populaire soient déjà connus de tous, c'est même la condition sine qua none pour qu'une foule les reprenne et les chante. Un chant révolutionnaire ne peut-être issu que de chants déjà intégrés à la culture, adopté pour pouvoir s'imposer et agir en rassembleur" Il en est de même pour l' émergence d' un chant de célébration comme le fut "I will survive" pour la coupe de France.
C'est vrai que tous les mouvements ne sont pas cités, mais c'est impossible et je le regrette, car en fait, j'aime passionnément la chanson et les groupes et chanteurs que tu cites.
Merci pour l'échange.

Posté le : 08/09/2013 23:48

Edité par Loriane sur 09-09-2013 20:18:14
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Re: La chanson Française
Plume d'Or
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Merci de nous faire profiter de votre érudition.
La chose dont je suis à peu prés sûr c'est que la chanson française est chantée en français.
(Je m'avance peu être un peu trop?):)

Posté le : 09/09/2013 20:13
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Re: La chanson Française
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Voui Tchano tout juste c'est du du bon vieux français.
Comme ici :

http://youtu.be/Lv1Yc621nVg



Dans l´quartier d´la gare du Nord
Tout le monde connaît Victor
Ce garçon fait un métier
Très particulier!
Il passe les rails de chemin d´fer
Chaque jour au papier d´verre
Et comme il n´est pas feignant
Chacun s´écrie en le plaignant :

{Refrain:}
Totor t´as tort tu t´uses et tu te tues
Pourquoi t´entêtes-tu?
Vas-y doucement
Presse pas l´mouvement
C´est pas normal
Tu t´feras du mal
Totor t´as tort tu t´uses et tu te tues
Pourquoi t´entêtes-tu?
Sois moins pressé
Rien n´est cassé
Fais ton boulot
Piano Piano!
Tu perds toutes tes vitamines
Regarde un peu ta bobine!
T´as pas bonne mine
Totor t´as tort tu t´uses et tu te tues
Pourquoi t´entêtes-tu?
variante pour les deux dernières lignes :
T´as tout un tas de tics et tu t´éteins
Tu t´attaques à ton teint

En amour c´est bien kif kif,
Totor est très excessif!
Il n´est jamais à zéro
C´est un brasero!
Mais quand elle est dans ses bras
Sa moitié ne s´en plaint pas!
Il la serre tellement fort
Qu´elle soupire en perdant le nord :
{au Refrain}

Est-c´ les rails ou bien l´amour
Mais Totor maigrit chaque jour
Il a dû l´autre matin
Voir un grand médecin
L´docteur a pris sa tension
Sa fièvre et ses pulsations
Il a pris cent francs aussi
Simplement pour lui dire ceci :
{au Refrain}

Posté le : 03/10/2013 12:04
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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