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Le port de l'étoile jaune 1 Septembre 1941 (suite)
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Un phénomène international

Constitutionnellement attachés à la liberté de conscience depuis l'origine, les États-Unis, nation profondément imprégnée de biblisme protestant, n'en ont pas moins gardé jusqu'à la fin de la guerre de Sécession des lois discriminatoires contre les juifs concernant le droit de vote et l'accès aux charges publiques.

L'antisémitisme importé d'Europe à la fin du siècle est présent dans le discours populiste de certains leaders ouvriers et dans celui des groupes extrémistes américains tels que le Ku Klux Klan, sans jamais pourtant prendre les proportions qu'il allait connaître en Europe.

Le nationalisme qui se développe, dans le sillage des révolutions de 1848, contre les Habsbourg en Europe centrale, tout comme celui qui voit le jour dans les Balkans avec l'affaiblissement de l'Empire ottoman ne sert pas seulement à légitimer l'autodétermination nationale, mais aussi à propager l'idée que l'ethnicité serait le principe le plus adapté à la formation de l'État.
La situation des juifs ne fait ainsi que se détériorer avec la fin de ces Empires multinationaux, mieux disposés à gérer les questions de minorités.
Dans ces contextes multiethniques, le nationalisme de la nation dominante sert désormais de fondement au nouvel État.

En Allemagne, avec l'appui de Bismarck qui vient d'interdire le parti socialiste des travailleurs (le futur S.P.D.), Adolf Stöcker, pasteur à la cour de Guillaume Ier, fonde en 1878 le parti ouvrier chrétien-social sur la base d'un programme dénonçant la domination des juifs sur la presse et la finance.
Les pangermanistes allemands tiennent des discours similaires.
À l'instar de l'organisation de Wilhelm Marr, les ligues antisémites se multiplient. En 1893, seize députés appartenant à l'Antisemitische Volkspartei fondé par Otto Böckel sont élus au Reichstag.
L'exclusion des juifs de la fonction publique et de l'enseignement, voire l'abolition pure et simple des lois d'émancipation est réclamée par tous ces mouvements.

En Autriche aussi, l'antisémitisme devient une force politique et en 1897, Karl Lueger est élu maire de Vienne sur un programme antisémite.
Il sera réélu jusqu'à sa mort en 1910, malgré la ferme désapprobation du gouvernement impérial. L'Europe centrale connaît dans son ensemble une fièvre d'antisémitisme, avec une résurgence de la vieille accusation de meurtre rituel, comme à Tisza Eszlar, en Hongrie, en 1882.

En Russie, qui abrite depuis le partage de la Pologne au XVIIIe siècle la plus grande population de juifs – environ cinq millions –, l'antisémitisme est érigé en politique d'État, attisant une haine populaire vivace, nourrie de siècles d'antijudaïsme orthodoxe.
L'assassinat du tsar Alexandre II en 1881 provoque la première grande vague de pogroms dans le sud de l'Ukraine. Alexandre III impose aux juifs des restrictions économiques en 1882.
Au fil des années, les discriminations ne font que s'aggraver. Vers la fin des années 1880, on introduit des quotas pour l'admission des juifs dans les écoles russes, les universités et diverses professions. En 1891-1892, plus de 20 000 juifs sont expulsés de Moscou. Le 6 avril 1903, c'est le pogrom de Kishinev.
En 1904, les juifs sont accusés d'intelligence avec les Japonais contre qui la Russie est en guerre, ce qui occasionne de graves émeutes. L'agitation antijuive qui s'étend atteint son point culminant avec l'affaire Beilis, une affaire de calomnie de meurtre rituel en 1911-1912.
Chacune de ces flambées d'antisémitisme dans l'empire déclenche une nouvelle vague d'émigration.

Dès le XIXe siècle, les effets de l'antisémitisme européen n'épargnent plus même l'Orient musulman qui n'avait pourtant connu jusque-là que des accès plutôt rares et circonscrits de violence contre les juifs.
L'hostilité s'exprime là aussi par des accusations de meurtre rituel lancées contre les juifs par les populations chrétiennes, spécialement grecques.
Elle s'inscrit dans un contexte de concurrence économique exacerbée et trouve des relais chez les puissances européennes qui se servent des minorités non musulmanes pour étendre leur influence.

Une des plus célèbres calomnies de meurtre rituel de cette période est celle de Damas, laquelle intervient dans le cadre des visées impérialistes de la France de Louis-Philippe, au Proche-Orient. En 1840, un moine et son serviteur disparaissent. On ne les retrouvera jamais.
Sur l'instigation du consul de France, le crime est imputé aux juifs, qui sont arrêtés, emprisonnés, torturés. Adolphe Thiers valide la thèse du crime rituel.
Cette affaire secoue les juifs d'Europe qui s'organisent pour éviter que ne se reproduisent de telles calomnies, vestiges moyenâgeux qui, à leurs yeux, ne devraient plus avoir leur place dans la société moderne.
Parallèlement, les États-nations chrétiens orthodoxes nés sur les terres de l'Empire ottoman démembré, Grèce, 1830 ; Serbie et Grande Bulgarie, 1878, entretiennent un climat d'antisémitisme comparable à celui que connaît l'Occident.

L'antisémitisme de 1914 à 1945

En France, la Grande Guerre dilue l'antisémitisme dans l'élan patriotique de l' Union sacrée prônée par Barrès, qui consent enfin à admettre les juifs parmi Les Diverses Familles spirituelles de la France, titre de son ouvrage paru en 1917.
Le prix du sang versé à la patrie donnait la preuve la plus haute de la loyauté nationale des juifs : il fut oublié par bon nombre aussitôt la guerre finie.
Enraciné dans le terrain idéologique constitué à la fin du XIXe siècle, l'antisémitisme réapparaît dans l'après-guerre plus fort que jamais ; les causes en sont multiples.
La guerre avait occasionné une dépression économique importante. La société européenne avait subi un traumatisme de taille avec ses millions de morts.
Le nationalisme forcené des nouveaux États européens indépendants, comme la Pologne, la Roumanie, la Lituanie et la Lettonie, la peur du bolchevisme, la résistance à la démocratie parlementaire à la suite des soulèvements révolutionnaires qui se produisirent à la fin de la guerre se combinent pour créer un climat très favorable au développement de l'antisémitisme.

Nationalisme et antisémitisme

À partir de 1919, la mise en circulation, à l'Ouest, des Protocoles des Sages de Sion, d'abord sous forme manuscrite, va devenir une arme clé de la propagande antisémite.
La première édition allemande paraît en 1920. Le livre connaît un succès rapide.
Il fut réédité deux fois au cours du mois qui suivit la publication, cinq fois avant la fin de 1920. 120 000 exemplaires en furent écoulés en moins d'un an.
Le livre a certainement beaucoup contribué à la propagation de la folie nazie sous le régime démocratique et libéral de la République de Weimar.
La première édition anglaise, anonyme, parut sous le titre de Péril juif, en janvier ou février 1920.
Le 8 mai 1920, le Times de Londres lui consacrait un long article.
Son exploitation à grande échelle ne venait que de commencer.
Il s'agit en fait d'un faux fabriqué au début du XXe siècle par la police tsariste pour fournir la preuve parfaite du complot juif pour dominer le monde.
Toute une littérature se développe autour de ce faux à partir des années 1930, qui sont aussi celles de la faillite de l'ordre international pacifique incarné par la S.D.N.

L'Allemagne, l'Autriche et la Hongrie, sorties vaincues de la guerre, connaissent les formes d'antisémitisme les plus virulentes. Humiliée par les conditions du traité de Versailles, la première reste abasourdie par la défaite de son armée, soi-disant invaincue sur le champ de bataille .
L'idée d'une trahison des politiciens, d'un coup de poignard dans le dos , d'une collusion contre l'Allemagne des juifs bolcheviques et des juifs capitalistes est colportée dès l'armistice.
Crise politique, chute de l'empire, révolution spartakiste et économique se conjuguent pour reconvertir nombre des six millions de soldats démobilisés dans une multitude de formations paramilitaires, et banaliser la violence de guerre dans la société civile.
On dénombre en Allemagne plus de 300 assassinats d'hommes politiques entre 1919 et 1924. Les formations d'extrême droite s'en prennent aux juifs et aux hommes politiques de la république enjuivée de Weimar.
L'une d'entre elles, le Parti national socialiste des travailleurs allemands (N.S.D.A.P.) est dirigée dès sa fondation, en 1920, par un obscur caporal, Adolf Hitler.
En 1922, le ministre juif allemand des Affaires étrangères, Walter Rathenau, est assassiné par deux membres de l'organisation Consul, persuadés d'éliminer l'un des sages des Protocoles.

Dans l'Europe issue du démembrement des empires centraux, l'antisémitisme fait partie intégrante du discours nationaliste des nouveaux États.
Sur le vieux fond d'hostilité chrétienne vient se greffer la dénonciation de la dernière version de l'internationalisme juif, le judéobolchevisme, agent corrupteur de valeurs nationales si chèrement conquises.
Ainsi en Hongrie, traumatisée par l'épisode de la République des Conseils de Béla Kun et par la terreur blanche qui lui succède, puis par le traité de Trianon qui lui enlève 60 p. 100 de son territoire.
Sous la férule du régent Horthy, militaire calviniste, le pays cultive une idéologie antimoderniste qui proclame contraire à la tradition et à l'esprit national hongrois le capitalisme, la démocratie parlementaire et la culture urbaine de masse.
Cette modernisation entamée au XIXe aurait été importée par des étrangers, en particulier par les juifs, et n'aurait servi que leurs intérêts.
Les juifs ne sont jamais tenus pour des Hongrois, quel que soit leur degré d'assimilation.
Cet antisémitisme vise non plus seulement les immigrés juifs galiciens refusant l'assimilation mais aussi la classe moyenne, les citoyens juifs cosmopolites et germanophones, intégrés à la société hongroise depuis l'empire.
Toujours selon la rhétorique nationaliste, leur présence provoquait une corrosion du caractère national.
Elle risquait de porter atteinte à son intégrité et de finir par le corrompre.
C'est ainsi qu'en 1920 la Hongrie adoptait la première loi de discrimination raciale d'Europe, imposant aux étudiants juifs un numerus clausus pour l'entrée à l'université.

Quant à la Pologne, d'après le recensement de 1931, elle compte 3,5 millions de juifs représentant près de 10 p. 100 de sa population.
Contrairement au modèle assimilationniste qui prévaut en Occident, les juif polonais bénéficient du statut de minorité nationale garanti constitutionnellement, en application du traité des minorités de 1919, annexé au traité de Versailles pour régler le problème des minorités en Europe orientale. Ils ont ainsi leurs écoles subventionnées par l'État, leurs partis et syndicats, leurs députés à la Diète, leur presse – yiddish ou polonaise.
Jamais accepté par les Polonais catholiques, ce système imposé de l'extérieur favorise les phénomènes de rejet mutuel et influe sur la perception que les juifs ont d'eux-mêmes.
Même assimilés et convertis, ils sont considérés comme des étrangers. En dépit de cette étrangeté, une large part de la culture polonaise de cette époque a été produite par des juifs polonais acculturés.

L'ère nazie : 1933-1945

La crise économique et politique qui secoue l'Europe après le krach de 1929 va encore aggraver la xénophobie et l'antisémitisme.
L'année 1933 marque l'arrivée de Hitler au pouvoir et la mainmise de l'idéologie raciste nazie sur l'Allemagne.
L'Europe de l'Est est secouée par l'essor de mouvements antisémites qu'on retrouvera collaborant activement à l'élimination physique des juifs pendant les années noires de la Seconde Guerre mondiale.

En France, une série d’évènements vient attiser l'antisémitisme.
L'affaire Stavisky, 1933-1934, scandale financier provoqué par un escroc, juif d'origine russe, fournit le prétexte à l'émeute du 6 février 1934.
La publication en français, la même année, du Mein Kampf de Hitler lui sert de caution.
Avec la victoire en 1936 du Front populaire et la formation du gouvernement de Léon Blum, tous les motifs de haine sont réactivés : l'alliance judéobolchevique, les juifs envahisseurs et apatrides, éternels étrangers inassimilables, êtres nuisibles, maléfiques, déicides, responsables de tous les maux et de tous les désordres.
Au côté de l'Action française qui réunit quelque 60 000 adhérents en 1934, les organisations d'extrême droite, Camelots du roi, Croix de feu, Parti franciste, Parti national populaire remettent en cause les fondements mêmes de l'ordre républicain, mais ne parviennent pas à l'abattre comme en Allemagne.

Une grande partie de l'opinion publique est sensible à cette propagande.
La presse antisémite regroupe près de cinquante titres en 1938 dont Gringoire, Candide et Je suis partout, auquel collaborent Robert Brasillach et Lucien Rebatet.
Des écrivains comme Louis-Ferdinand Céline, Pierre Gaxotte, Marcel Jouhandeau, Paul Morand, Robert Brasillach, Jean Giraudoux, qui souhaite la création d'un grand ministère de la Race en 1939, Pierre Drieu La Rochelle, Camille Mauclair, Maurice Bedel et Maurice Constantin-Weyer, respectivement prix Goncourt en 1927 et 1928, sont de la partie.
Le décret Marchandeau du 21 avril 1939, du nom du ministre de la Justice prévoit des sanctions pénales pour l'incitation à la haine raciale, mais il arrive bien tard.
Le Parti communiste et la C.G.T. sont également gagnés par la xénophobie, et la classe ouvrière s'en trouve imprégnée.

Face à ce discours de haine, des chrétiens se rangent avec la majorité des progressistes et des modérés au côté des juifs pour lutter contre le racisme.
De jeunes publications chrétiennes comme La Vie Catholique, la revue Esprit, l'hebdomadaire des dominicains Sept, les périodiques de la jeunesse ouvrière catholique et des Pères de Sion diffusent les idées des chrétiens philosémites.
En même temps, des voix s'élèvent à partir de 1933 pour réclamer haut et fort qu'on interdise l'entrée en France aux juifs et aux réfugiés juifs allemands, accusés tantôt de pouvoir devenir des espions pour l'Allemagne en cas de conflit, tantôt de pousser la France à la guerre contre l'Allemagne.
Certains exigent déjà un statut juridique qui ferait des juifs des citoyens de seconde zone.

En Allemagne, l'arrivée au pouvoir des nazis anéantit toute l'œuvre d'émancipation.
Le régime adoptera environ 2000 lois et règlements discriminatoires à l'encontre des juifs.
La toute première exclusion des non-aryens figure au paragraphe 3 de la loi du 7 avril 1933 sur la fonction publique.
Le 15 septembre 1935, les lois de Nuremberg – l'une sur la nationalité et l'autre pour la protection du sang et de l'honneur allemands –, déchoient les juifs de leur citoyenneté et les mettent hors du droit et de toute vie sociale.
Mariages et relations sexuelles entre aryens et non-aryens sont également interdits.
L'application de ces dispositions requiert une définition du juif : est considéré comme tel celui qui a au moins trois grands-parents juifs, ainsi que celui qui a seulement deux grands-parents juifs mais appartient à la communauté religieuse juive ou est marié à un juif.
Cette preuve religieuse était aussi un aveu de l'impossibilité pour les nazis de parvenir à une définition raciale des juifs.
Le 3 août 1938, l'Italie fasciste de Mussolini adopte à son tour une loi excluant les juifs de la société.

L'assassinat, le 7 novembre 1938, de Ernst vom Rath, secrétaire de l'ambassade d'Allemagne à Paris, par Herschel Grynszpan, juif polonais immigré d'Allemagne en situation illégale, fournit le prétexte au déclenchement par les nazis, dans la nuit du 9 au 10 novembre, d'un pogrom dans tout le pays, appelé Nuit de cristal.
Entre 1933 et 1939, environ la moitié des 500 000 juifs d'Allemagne ont quitté le pays.

Juifs allemands

Une nouvelle étape commence avec la conquête de la Pologne en septembre 1939. Les nazis y réintroduisent aussitôt les ghettos, comme plus tard sur l'ensemble des territoires occupés à l'Est.
Les conditions de travail, les épidémies, la faim dans ces ghettos causent la mort d'un demi-million de juifs polonais.
Loin de faire revivre la logique traditionnelle de ségrégation, cet enfermement prépare l'organisation et le transit étalé dans le temps de l'ensemble des populations juives vers les camps d'extermination.

En France, les premières mesures discriminatoires en zone occupée sont l'œuvre des autorités allemandes. Dès le 27 septembre 1940, les Allemands promulguent une ordonnance définissant qui est juif.
Ceux qui répondent à cette définition sont tenus de se faire recenser jusqu'au 20 octobre, auprès de la sous-préfecture de leur domicile. Mais le 3 octobre 1940, une semaine après l'ordonnance allemande, le gouvernement de Vichy, de sa propre initiative et sans qu'il y ait eu pression allemande, décrète son statut des juifs.
Vichy compte affirmer sa souveraineté sur les deux zones et promulgue sa propre législation.
Ce sont les Allemands qui, le 29 mai 1942, obligent les juifs à porter l'étoile jaune en zone occupée

Des Juifs déportés, l'étoile jaune cousue sur leur vêtement, arrivent au camp d'extermination d'Auschwitz.

Le bilan global du génocide des juifs d'Europe se situe entre 5,5 et 6 millions de victimes. Sur ce total, les Einsatzgruppen, unités spéciales chargées, après l'offensive à l'Est, d'exterminer sur place, sont à l'origine de la mort de 1,25 million de personnes. Environ 3,5 millions ont été anéantis dans les camps d'extermination.
Les marches forcées de la fin de la guerre, dites « marches de la mort », effectuées lors de l'évacuation des camps, ont provoqué 250 000 décès.
Le reste a péri de malnutrition, de maladie, d'épuisement.
La solution finale n'a pas fonctionné à la même échelle partout : le Danemark a par exemple protégé et sauvé presque toute sa communauté juive, 485 furent déportés à Theresienstadt, et entre 7 000 et 8 000 juifs furent transportés en Suède pour y être mis à l'abri, quand la Pologne l'a perdue presque totalement, sur 3 350 000 juifs polonais, il n'en restait que 50 000 en 1945.
En France, sur une population juive estimée à 300 000-330 000 personnes en 1939, 75 721 ont été déportés, dont 2 500 ont survécu. En 1939, 60 p. 100 de l'ensemble des juifs vivaient en Europe ; en 1951, cette proportion était tombée à 30 p. 100.

L'après-guerre

L'Église et les juifs après le génocide
Malgré l'engagement de nombreux catholiques dans la lutte contre le nazisme et le soutien déployé individuellement par certains pour sauver des juifs, les silences de la hiérarchie catholique face au déchaînement de la haine nazie dès 1933, l'existence avérée d'un antisémitisme clérical appuyant activement les nazis, en Allemagne, en Autriche, en Croatie notamment, enfin l'absence de condamnation officielle du génocide par le pape pourtant informé dès 1941 des déportations de juifs vers des destinations inconnues à l'Est, ne pouvaient que susciter questionnements et interpellations.
Il n'est certes pas évident que les officiels du Vatican, le Conseil mondial des Églises à Genève, ou même les organisations juives situées en dehors de la sphère contrôlée par les nazis aient immédiatement réalisé les intentions génocidaires du Reich.
Les chrétiens n'en devaient pas moins se pencher sur leur propre passé, sur des siècles d'incompréhension, sur cet enseignement du mépris, selon l'expression de Jules Isaac, qu'ils reçurent et qui modela leurs mentalités.

Les soixante-cinq personnalités catholiques, protestantes et juives réunies dans la ville suisse de Seelisberg, à l'instigation de Jules Isaac, souhaitent se concerter sur cette question. Parmi les présents, aucun représentant des Églises catholique et protestante de France.
La déclaration qu'ils adoptent le 5 août 1947 est un message aux Églises, qui dicte en quelque sorte aux chrétiens la bonne conduite à adopter à l'endroit des juifs.
Jules Isaac fonde l'année suivante l'Amitié judéo-chrétienne pour favoriser les rapprochements entre juifs et chrétiens.

Le pape Jean XXIII lance le processus de révision de l'enseignement chrétien sur les juifs le Vendredi saint de 1959, pendant la cérémonie solennelle, en demandant l'abandon, dans la célèbre prière pour les juifs, de la mention de la erfidie judaïque et des juifs perfides.
Le 25 octobre 1965, on aboutit à la promulgation officielle d'un texte, la déclaration Nostra Aetate no 4, qui affirme le lien spirituel entre l'Église catholique et Israël et reconnaît, le grand patrimoine spirituel commun aux chrétiens et aux juifs, sans pour autant totalement supprimer la notion de déicide.
Pour le vingtième anniversaire de la promulgation de Nostra Aetate, la Commission du Saint-Siège pour les relations avec le judaïsme fait paraître Notes pour une correcte présentation des juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de l'Église catholique.
Enfin, Jean-Paul II publie, en décembre 1992, le nouveau Catéchisme universel de l'Église catholique qui adopte un ton nuancé et bienveillant sur les juifs. Les évêques de R.D.A., de R.F.A. et d'Autriche, en 1988, les évêques français, en 1997, s'engagent dans des déclarations de repentance pour le silence de leurs Églises face aux persécutions. Enfin, le 16 mars 1998, dans un texte intitulé Nous nous souvenons.
Une réflexion sur la Shoah, le Vatican condamne « les interprétations erronées et injustes du Nouveau Testament relatives au peuple juif et à sa culpabilité » qui ont nourri l'hostilité à son endroit mais nie le lien direct entre antijudaïsme chrétien et antisémitisme nazi. Cette prise de position suscite des critiques en Israël et dans les milieux juifs en Europe.

L'Europe de l'Est

Après la guerre, pour la première fois de leur histoire en Europe de l'Est, des juifs accèdent au pouvoir politique.
Dans ces régions détruites par la guerre et sous domination soviétique, avec une partie importante de ses nouveaux cadres dirigeants issue de la résistance juive, les conditions étaient réunies pour nourrir largement l'antisémitisme populaire.
L'opposition anticommuniste, encore représentative à l'époque, reproche aux juifs leur connivence avec le stalinisme et leur attribue tous les maux du régime ainsi que ses dysfonctionnements.
En Pologne, outre de violents incidents en 1945 à propos de terres confisquées aux juifs, le pogrom de Kielce, le 4 juillet 1946, auquel participent des nationalistes polonais et quelques communistes (42 victimes), révèle la persistance des mêmes mécanismes de haine en dépit du génocide commis pour ainsi dire la veille.
De son côté, Staline exploite dès 1946 cet antisémitisme populaire, en ordonnant l'élimination des membres du Comité antifasciste juif, qui débute avec l'assassinat du célèbre acteur de théâtre yiddish Salomon Mikhoels à Minsk, en janvier 1948.
Les purges visent les juifs à tous les échelons du système.
Le procès Slansky à Prague, en 1952, est l'un des tout premiers d'une série dont le plus célèbre est celui des blouses blanches , à Moscou, qui n'est interrompu que grâce à la mort de Staline en 1953.
Mais même lorsque les juifs ont disparu du pouvoir, l'antisémitisme des pays du bloc communiste persiste, maquillé sous les accusations de cosmopolitisme et de sionisme reprises invariablement par la propagande contre les ennemis du socialisme.

Depuis la chute du communisme, les actes d'inspiration antisémite commis aujourd'hui à l'Est ne sont plus guère différents dans leur forme de ceux qu'on rencontre régulièrement en Europe occidentale et aux États-Unis : graffitis, paroles non contrôlées, utilisation de stéréotypes, profanations de tombes juives, vandalisme sur des monuments ou des biens juifs, hooliganisme.
En Allemagne de l'Est, dès la chute du régime communiste, le Parlement, abandonnant l'interprétation marxiste du génocide, produit du fascisme, vrai visage du capitalisme, admet la responsabilité du peuple dans la Shoah. Comme la R.F.A. quarante ans plus tôt, il accepte de payer des indemnités à Israël comme préalable à l'établissement de relations diplomatiques avec ce dernier, et ouvre les portes du pays aux juifs fuyant l'antisémitisme d'Union soviétique.
Ce qui n'empêche pas les skinheads néo-nazis de pratiquer un antisémitisme de rue.
Ce phénomène persiste dans l'Allemagne réunifiée, sans qu'on puisse le considérer comme significatif.

L'antisémitisme populaire observé dans ces régions se nourrit notamment de la peur de l'avenir, des incertitudes économiques, et les couches les plus fragiles sont directement concernées.
Point d'antisémitisme de masse pourtant, plutôt une tolérance à l'antisémitisme qui, dans un contexte de crise, pourrait devenir préoccupante.
Le danger venant des juifs est perçu comme invisible, lié à une conspiration, où ils n'ont pas besoin d'être véritablement présents.
Les stéréotypes anciens et nouveaux se conjuguent, se ressourçant dans la tradition, le folklore, l'injure, le langage quotidien et bien sûr les fantasme sur un juif imaginaire.
Les éditions des Protocoles se multiplient.
C'est un complot juif ou franc-maçon qui expliquerait les changements intervenus au cours des dernières années. Le juif est à la fois le capitaliste d'aujourd'hui et le communiste d'hier, sources de tous les malheurs.
Toutefois, antisémitisme et philosémitisme cohabitent étrangement.

Le nationalisme, si fortement ancré dans la culture politique des États de l'Est, fait son grand retour, glorifiant certaines pages d'histoire que le communisme avait disqualifiées.
La réinstauration des valeurs et des mythes nationaux conduit à promouvoir l'idée d'États ethniquement purs ne se définissant plus comme des sociétés civiles.
Aujourd'hui, les politiciens de ces pays se proclament à l'envie vrais Polonais ou Hongrois chrétiens , le christianisme entrant nécessairement dans l'équation du citoyen authentique.
La judaïsation des objets de haine et de rejet n'habite leur discours que parce que le stéréotype du juif maléfique est resté ancré dans les mentalités.
Cette manipulation politique de l'antisémitisme concerne encore un groupe restreint mais pas vraiment marginal de leaders comme C. V. Tudor en Roumanie, Istvan Čsurka en Hongrie, ou Miroslav Sladek en République tchèque.

Europe de l'Ouest et Moyen- Orient

En Europe de l'Ouest, hormis chez les groupuscules néo-nazis, l'antisémitisme ouvert demeurait un phénomène marginal marginal jusqu'à la projection du conflit israélo-palestinien sur la scène européenne.
Contrairement aux États-Unis, certains États européens sanctionnent l'expression des opinions racistes, antisémites et négationnistes.
Le Japon, pour sa part, développe un antisémitisme sans juifs et connaît une floraison récente d'écrits antisémites et négationnistes. Version dissimulée d'antisémitisme, le négationnisme est diffusé dans le monde entier par de pseudo-historiens depuis les années 1950.
Il prend des formes multiples, soit qu'on accuse les juifs d'avoir inventé de toutes pièces le génocide ou d'avoir grossi le nombre des victimes, soit qu'on prétende que le soutien apporté par l'Ouest à l'État d'Israël repose sur sa culpabilité entretenue et très exagérée dans l'extermination pendant la Seconde Guerre mondiale.

Depuis la fondation de l'État d'Israël, le monde musulman nourrit une hostilité latente et parfois violente à l'encontre des juifs. Des traductions des Protocoles des Sages de Sion y sont largement diffusées. L'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël à la suite de la guerre de Six Jours en 1967 n'a pas aidé à faire baisser la tension.
La littérature antisémite et les stéréotypes traditionnels ont fait leur chemin avec vigueur et ont envahi les livres de classe, formant les jeunes esprits à la haine du juif confondu avec l'Israélien.
Chaque épisode du conflit entre Palestiniens et Israéliens génère des réactions violentes et passionnées dans les pays arabes et, plus largement, musulmans.

En France, la réévaluation ces dernières décennies du régime de Vichy et du rôle de l'antisémitisme français des années 1930-1940 a pris valeur de réparation morale pour les familles victimes du génocide, tout en faisant prendre conscience à la collectivité dans son ensemble de la responsabilité de l'État français dans le processus de déportation qui aboutit à l'extermination des juifs.

Les attaques antijuives liées à la tension au Moyen-Orient ne sont pas nouvelles dans l'histoire du conflit israélo-arabe. Depuis la seconde Intifada commencée en octobre 2000 et l'aggravation du conflit au Moyen-Orient, auxquelles s'est greffé le choc du 11 septembre 2001, des actes antijuifs commis par de jeunes maghrébins issus de l'immigration, originaires de quartiers et banlieues pauvres où juifs et arabes cohabitent, ont remis en France la question de l'antisémitisme au devant de la scène.
On signale chaque année quelques centaines d'incidents antijuifs allant de simples graffitis à des incendies de synagogues ou d'écoles.
Sans cadre idéologique précis, ces jeunes agissent sous l'effet de l'hostilité qu'ils éprouvent à l'endroit d'Israël et d'une projection du conflit israélo-palestinien qu'ils lisent sous l'angle de leurs propres exclusion et échec dans la société française.
Les replis communautaires constatés ces dernières années n'aident nullement au rapprochement entre juifs et arabes en France.
La seconde Intifada a aussi fourni un prétexte aux antisémites honteux pour s'exprimer plus librement.
Tout cela prend place également dans le regain de xénophobie qui touche la France comme les autres pays d'Europe.
Cet antisémitisme reste sensible à la conjoncture et n'a rien d'irréversible. De même, les travaux récents montrent que l'antisémitisme traditionnel recule en France, excepté la persistance des stéréotypes associant les juifs à l'argent et au progrès, et leur attribuant une influence disproportionnée avec la réalité.
De même, le négationnisme est unanimement rejeté, les demandes de réparations pour les spoliations subies pendant la guerre sont approuvées.
La minorité juive est de mieux en mieux acceptée dans la société française. L'antijudaïsme auquel elle doit faire face confond Israël en tant qu'État et les juifs pris globalement. Il ressemble à celui qui a cours actuellement dans les États arabes. En cela, il constitue une nouvelle forme d'antisémitisme.
Les dirigeants français dénoncent avec vigueur les actes antijuifs recensés dans le pays et ont mis en place des mesures de sécurité destinées à les prévenir.
Le rejet du juif semble plus grand dans les milieux populaires peu instruits inquiets pour leur avenir, parmi les personnes âgées et dans les strates politiquement situées à l'extrême droite.
Dans certains milieux de l'extrême gauche non organisée, anti-sharonisme, anti-israélisme et antisionisme se confondent et peuvent parfois donner lieu à certains glissements antisémites.

Les effets déstabilisants de la mondialisation, les incertitudes concernant l'élargissement de l'Union européenne ont préparé le terrain à la recrudescence de discours identitaires nationalistes.
Si elles se distinguent de l'antisémitisme historique, les formes d'hostilité antijuive contemporaine ne s'en inspirent pas moins. Antisémitisme, mais aussi xénophobie, islamophobie et racisme sont les déclinaisons diverses et multiples d'une attitude d'exclusion et de rejet contre laquelle chaque citoyen est appelé à mener un combat au quotidien. L'antisémitisme n'est pas une fatalité.

Liens

http://youtu.be/j--0Y8b1M4w Petit simon
http://youtu.be/ySZBnMukO8g Comme toi
http://youtu.be/ySZBnMukO8g Né en 17 à Leindenstadt
http://youtu.be/nCHMCvjvT3U La liste de Schindler musique
http://youtu.be/OCSuC7XSFVw La liste de Schindler Extrait du film
http://youtu.be/CwGaG5IMiyE Ferrat
http://youtu.be/lebwzRjREEU nuit et brouillards 1
http://youtu.be/9frXX1qOqSY nuits er brouillards 2
http://youtu.be/-oA4OBuaWYY nuits et brouillard 3
http://youtu.be/oCe07rhjOhw Auschwitz



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Posté le : 31/08/2013 13:45
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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