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Maurice Genevoix
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Le 8 Septembre 1980 à Alicante décéde Maurice Genevoix,

Romancier-poète français, héritier du réalisme.


Il naît le 29 Novembre 1890 dans une île de la Loire, près de Nevers, Maurice Genevoix passe son enfance au contact de la nature.

Maurice Genevoix connut l'épreuve de la Première Guerre mondiale où il y fut gravement blessé, il se fit tout d'abord connaître avec "Ceux de Quatorze" inspiré par ses souvenirs de soldat. Habile à percevoir les liens familiaux, il s'attacha ensuite à célébrer son pays de Loire, évoquant avec une tendresse pudique gens et bêtes auprès des bois, landes et étangs de Sologne : Rémi des Rauches, puis Raboliot qui fut distingué par le prix Goncourt de 1925, ces ouvrages peignent des êtres, passionnés jusuq'à la violence, mais toujours en accord avec le pays qui les entoure, la nature étant pour eux le refuge et l'exemple.
Les récits de Genevoix illustrent sans emphase un naturalisme optimiste, que ce soit dans Marcheloup en 1934, dans La Forêt perdue en 1967 ou encore dans La chèvre aux loups. Particulièrement inspiré pour évoquer avec un réalisme poétique des figures d'animaux, l'écrivain a rattaché des réflexions morales à ses descriptions dans Tendres bestiaires en 1969, suivi de Bestiaire enchanté et Bestiaire sans oubli ouvrages tous nourris de sa vie intérieure.
Maurice Genevoix est également l'auteur de nombreux ouvrages pour enfants comme Milot et Bridinette, reprenant les thèmes qui lui sont chers.
Les étiquettes d'écrivain régionaliste et animalier, souvent utilisées à propos de Genevoix, sont réductrices, car l'amoureux de la nature et des gens du terroir est d'abord un profond humaniste.
Secrétaire perpétuel de l'Académie française de 1958 à 1973, il fut aussi un grand voyageur, Canada en 1945, Afrique noire, Afrique blanche en 1949
Ses études sont brillantes : une voie d'universitaire et d'enseignant toute tracée.

L’ensemble de son œuvre témoigne des relations d’accord entre les hommes, entre l’Homme et la Nature, mais aussi entre l'Homme et la Mort.
Son écriture est servie par une mémoire vive, le souci d'exactitude, et le sens poétique. Normalien, il admire tout autant l’éloquence des artisans ou des paysans. D’une grande vitalité malgré ses blessures reçues lors de la Première Guerre mondiale près du village des Éparges, en avril 1915, et animé de la volonté de témoigner, il écrit jusqu’à ses derniers jours.
Son œuvre, portée par le souci de perpétuer ce qu'il a tenu pour mémorable, produit d'une grande longévité littéraire, rassemble 56 ouvrages.
Maurice Genevoix est surtout connu pour ses livres régionalistes inspirés par la Sologne et le Val de Loire comme son roman Raboliot (Prix Goncourt 1925).
Il a cependant dépassé le simple roman du terroir par son sobre talent poétique qui, associé à sa profonde connaissance de la nature, a donné des romans-poèmes admirés comme la Dernière Harde (1938) ou la Forêt perdue (1967).
Genevoix a également témoigné des épreuves de la génération qui a fait la Grande Guerre de 14-18, particulièrement dans Ceux de 14, recueil de récits de guerre rassemblés en 1949. Il s'est aussi penché plus largement et plus intimement sur sa vie en écrivant une autobiographie : Trente mille jours, publiée en 1980.


Biographie

Enfance

Descendant d'un ancêtre genevois catholique ayant fui la Genève calviniste vers 1550-1560 pour rejoindre la Creuse, et dont le patronyme prend alors un x final, Maurice Genevoix est issu d'une famille de médecins et pharmaciens par sa lignée paternelle.
Son père, Gabriel Genevoix, rencontre en 1889 Camille Balichon, fille d'un épicier en gros, à Châteauneuf-sur-Loire. Il naît le 29 novembre 1890 à Decize, dans la Nièvre, à 35 km en amont de Nevers.
Un an plus tard, ses parents migrent à Châteauneuf-sur-Loire pour reprendre une affaire familiale, un « magasin » réunissant une épicerie et une mercerie.
Il puisera de cette période la plupart des souvenirs évoqués dans Trente mille jours et Au cadran de mon clocher.
Il tiendra pour un privilège d'avoir passé son enfance dans une bourgade rurale d'avant 1914. Son frère René, qui deviendra médecin, naît en 1893.
Alors qu'il n'a que douze ans, sa mère meurt le 14 mars 1903 d'une attaque d'éclampsie.
De cette perte, il gardera une éternelle déchirure qui transparaîtra dans plusieurs romans, comme Fatou Cissé ou Un Jour. Le veuvage de son père le laisse esseulé. Il trouve cependant un réconfort sur les bords de la Loire où il passe son temps libre et où il puisera l'inspiration de ses futurs écrits (Rémi des rauches, la Boîte à pêche, Agnès, la Loire et les garçons).

Études

Reçu premier du canton au certificat d’études, il entre interne au lycée Pothier à Orléans. Il découvre alors « l’encasernement, la discipline, les sinistres et interminables promenades surveillées. »
Il retracera cette période de sa vie dans l’Aventure est en nous. Puis il entre pensionnaire au lycée Lakanal à Sceaux, où il est khagneux durant trois années (1908-1911). Il est admis à l’École normale supérieure de la rue d'Ulm. Il effectue une des deux années de service militaire, comme le permettait alors le statut particulier des jeunes Français admis aux grandes écoles. Il est affecté à Bordeaux, au 144e Régiment d’infanterie.
Il entre ensuite à l’École normale supérieure et, deux ans plus tard, présente son diplôme de fin d'études supérieures sur « le réalisme dans les romans de Maupassant ». C’est à cette période qu’il envisage une carrière littéraire. Mais ce seront les encouragements de Paul Dupuy l’incitant à écrire son témoignage de guerre qui l’emporteront sur l’orientation du jeune Genevoix.
Il est alors cacique de sa promotion.
Il lui reste à accomplir une dernière année d’études universitaires pour se présenter à l’agrégation et aborder une carrière universitaire. Il pense alors à se faire nommer comme lecteur dans une université étrangère pour connaître des formes de cultures originales, mais également afin de disposer de temps pour écrire.

La guerre

Il est mobilisé lors de la Première Guerre mondiale, le 2 août 1914, et sert comme sous-lieutenant dans le 106e régiment d’infanterie.
Sa division, la 12e DI, appartient à la IIIe armée commandée par le général Ruffey. Il participe à la bataille de la Marne et à la marche sur Verdun. Le 17 février 1915, la 12e division est envoyée à l'assaut pour reprendre le village des Éparges. Pendant plusieurs mois, le commandement français tente de tenir les positions conquises.
C'est tout à la fin de cette bataille que Maurice Genevoix est très grièvement blessé de trois balles le 25 avril 1915 sur la colline des Éparges.
Son meilleur ami dans cette guerre, un saint-cyrien, le lieutenant Robert Porchon, avait été tué quelques jours plus tôt16. La lettre du docteur Lagarrigue, adressée à Maurice Genevoix le 2 mai 1915, témoigne de la gravité de ses blessures : « Je suis navré de vous savoir si grièvement touché. Mon pauvre vieux, c'est avec une émotion profonde que je vous ai vu, accablé de fatigue et j'oserais dire de « gloire », sur cette poussette incommode qui vous amenait à Morilly.
Je n'ai pensé qu'à vous expédier au plus vite à Verdun, car votre pâleur m'inquiétait beaucoup. Je suis navré certes, mais rassuré maintenant ; je craignais le pire, et l'absence de nouvelles m'impressionnait péniblement. ».
Il est soigné sept mois durant, conduit d'un hôpital à l'autre : Verdun, Vittel, Dijon, puis Bourges. Il doit peut-être en partie sa survie à sa remarquable condition physique.
Les blessures reçues au bras et au flanc gauche le marquèrent pour le restant de sa vie. Il est réformé à 70 % d'invalidité et perd l'usage de la main gauche.
Il retourne alors à Paris où il assure un service bénévole à la Father's Children Association, logeant à l'École normale. Le nouveau directeur de l'école, Gustave Lanson, lui propose de reprendre ses études afin de présenter l'agrégation. Maurice Genevoix refuse afin d'entreprendre la rédaction de son témoignage de guerre.

La rencontre des Vernelles

Maurice Genevoix avait cherché une maison sur les bords de la Loire : il n'en trouva pas à Chateauneuf-sur-Loire et « vala » ainsi jusqu'aux Vernelles, à Saint-Denis de l'Hôtel
Gravement atteint de la grippe espagnole en 1919, il retourne chez son père dans le Val de Loire, retrouvant le village de son enfance19.
Après avoir été écrivain de guerre, il entreprend la peinture du pays de Loire.
En 1927, tirant parti du prix Goncourt décerné pour Raboliot (1925), il rachète une vieille masure au bord de la Loire à Saint-Denis-de-l'Hôtel, au hameau des Vernelles « une vieille maison, rêveuse, pleine de mémoire et souriant à ses secrets.
» Il y passe un premier été avec le chat Roû, période dont
il tirera un roman du même nom. Après la mort de son père en juillet 1928, il s'y installe en 1929, pour un premier séjour de vingt ans. C'est dans cette maison, dans un bureau donnant sur la Loire, qu'il écrira la plupart de ses livres.
Le 25 aoüt 1937, il épouse Yvonne Louise Montrosier, médecin originaire d'un village proche de Saint-Affrique, qui mourra l'année suivante. Il apprend la déclaration de guerre française alors qu'il est en voyage au Canada.
De juin 1940 à début 1943, il quitte les Vernelles, en zone occupée, pour s'installer en Aveyron, chez ses beaux-parents. Il y écrit Sanglar (rebaptisé plus tard La Motte rouge), un épisode romanesque des guerres de religion, dont l'épigraphe d'un moine de Millau évoque à mi-mot l'Occupation : « c'était un temps fort calamiteux et misérable ».
Il épouse le 27 février 1943 Suzanne Neyrolles (1911-2012), veuve, déjà mère d'une fille prénommée Françoise, puis rejoint les Vernelles, qu'il retrouve saccagées.
En 1944 naît sa fille, Sylvie.

L’Académie française

Il est élu sans concurrent à l’Académie française le 24 octobre 1946, le même jour qu’Étienne Gilson, puis reçu le 13 novembre 1947 par André Chaumeix au fauteuil de Joseph de Pesquidoux. Il s’était porté candidat plus tôt la même année au fauteuil de Louis Gillet mais s'était retiré devant Paul Claudel.
Quatre ans plus tard, il s’installe à Paris, ville qu’il apprend à aimer, dans un appartement de l’Institut, quai Conti.
Il devient Secrétaire Perpétuel de l’Académie Française en octobre 1958, succédant à Georges Lecomte. De 1958 à 1963, il rédige personnellement le discours d'attribution à chaque lauréat des grands prix de littérature, du roman, de poésie, ou d’histoire (prix Gobert). Sous son impulsion, l’Académie française affirme sa présence et sa compétence au sein du Haut Comité de la langue française, créé en 1966, et du Conseil international de la langue française.
Sous son autorité, ont été créées les commissions ministérielles de terminologie qui proposaient des équivalents aux termes anglais proliférant dans les vocabulaires scientifiques et techniques.
Les propositions étaient soumises à l'Académie des Sciences et à l'Académie Française avant d'être officialisées par arrêté ministériel (le premier arrêté ministériel date de 1972, source Monique Feyry (Rapporteur du Haut Comité de la Langue Française de 1968 à 1973).
Il démissionne du poste de secrétaire général de l’Académie en janvier 1974, ce qu’aucun secrétaire perpétuel n'avait plus fait avant lui ni depuis Raynouard en 1826. À quatre-vingt-trois ans, il pense en effet qu’il a encore d'autres livres à écrire, devant pour cela se démettre de ses fonctions. D’aucuns verront dans cette démission l’expression de son goût pour la liberté.

La retraite aux Vernelles

Maurice Genevoix quitte alors Paris pour retrouver "Les Vernelles" qu'il considère comme son port d'attache. Devenu octogénaire, il écrit régulièrement et publie Un Jour (1976), puis Lorelei (1978) et Trente mille jours (1980).
À l'âge de 89 ans, il nourrit encore un projet de roman, traitant du passage de l'enfance à l'adolescence, avec l'intention de mettre en épigraphe une citation de Victor Hugo : « l'un des privilèges de la vieillesse, c'est d'avoir, outre son âge, tous les âges ».
Il conserve jusqu'à sa mort ses facultés intellectuelles.
Il succombe d'une crise cardiaque le 8 septembre 1980, alors qu'il est en vacances dans sa maison d'Alsudia-Cansades, près de Jávea (province d'Alicante) en Espagne. Sur sa table d'écrivain, il laisse inachevé son projet de roman30 intitulé Vent de mars, de même qu'un autre projet, Nouvelles espagnoles31. Il est enterré au cimetière de Passy à Paris.

L'Å“uvre

L'ensemble de l'œuvre de Maurice Genevoix procède du témoignage de ce qu'il tient pour mémorable : la vie dans une bourgade de province au bord de la Loire à la fin du xixe siècle, les premiers mois de la Grande Guerre, les scènes de la nature et de la chasse en Sologne ou au Canada, le quotidien des hommes dans les colonies françaises. Ses livres sont plus souvent des récits que des fictions. Il est généralement présenté comme un écrivain sensible animé du désir de perpétuer.
Il fait appel à sa mémoire sensorielle peu commune, mais chaque ouvrage est précédé d'une minutieuse recherche documentaire.

Les livres de guerre

L'œuvre de Maurice Genevoix doit à sa formation initiale d'écrivain de guerre. Il trouvera son registre dès le premier livre. Par la suite, il gardera le même souci d'exactitude et de précision dans l'évocation des instants gardés en mémoire. Il se révèle persuadé que toute exagération ne peut qu'affaiblir l'effet de la réalité, et n'aspire qu'à rester un témoin fidèle et scrupuleux. Ses lectures l'y avaient préparé : à l'école de Maupassant, comme à celle de Stendhal et de Tolstoï, Maurice Genevoix avait appris la simplicité de la narration.
En décembre 1915, ses carnets de guerre rassemblent quelques notes griffonnées (ordres de bataille, instructions diverses, liste des secteurs, dates). Les quatre premiers chapitres de Sous Verdun sont esquissés sur le front, dans les intervalles de repos. Le reste tient à l'exercice de la mémoire. Ces notes de guerre s'achèvent en effet très tôt, le 6 septembre 1914.
Maurice Genevoix regrettait que l'on eût souvent donné une importance exagérée à ces carnets. Les lettres de 1915 qu'il écrivit, du front, au secrétaire général de l'École normale supérieure, Paul Dupuy, sont davantage documentées.
Ernest Lavisse, directeur de l'école, avait chargé Paul Dupuy de conserver tout une correspondance des élèves envoyés au front, qui devait servir de documents pour rédiger plus tard une histoire de la guerre. Cette correspondance semble avoir depuis été égarée.
Quelques mois plus tard, au terme du séjour hospitalier de Genevoix, Dupuy devient l'intercesseur auprès des éditions Hachette, en la personne de Guillaume Bréton, qui remet alors à l'ancien normalien un contrat pour un livre qu'il rédigera en quelques semaines.
Entre-temps, Dupuy n'aura cessé d'exhorter Genevoix d'écrire, alors même que celui-ci n'avait pas encore quitté l'hôpital de Dijon, l'encourageant à reprendre jour par jour tous ses souvenirs. Ainsi écrit-il le 16 juin 1915 : « C'est votre pouvoir à vous de charger de sens les moindres mots ou les gestes les plus simples. » Puis le 20 juin 1915, se faisant plus pressant : « J'aurais un grand chagrin si tout ce qu'il y a d'art en toi demeure en l'état de puissance latente et ne se réalise pas dans la plus riche des matières. »
C'est le désir de témoigner qui le décide à écrire. Son récit, parfois interprété comme une thérapie par l'écriture, est servi par une mémoire sensorielle peu commune. Son témoignage de soldat, relaté dans cinq volumes écrits entre 1916 et 1923, tous parus chez Flammarion, et rassemblés par la suite sous le titre Ceux de 14, est un document précieux sur la vie des poilus.
La censure s'est attardée sur les deux premiers récits qui, la guerre n'étant pas encore achevée, montrait trop la réalité des combats et, plus encore, relatait parfois des paniques. Les coupes furent de ce fait nombreuses plus de 269 pages lors de la première édition. Ces écrits sont considérés comme l'une des plus grandes œuvres de guerre.

Les livres régionalistes

Une seconde période démarre avec Rémi des Rauches, roman publié en 1922, qui vaut à son auteur un Prix Blumenthal.
Le roman est une transposition littéraire de la guerre, la crue de la Loire évoquant la boue des Eparges, la nostalgie du village aimé, et le souvenir des camarades tués.
Cette période féconde est couronnée par Raboliot qui obtient le prix Goncourt en 1925.
Raboliot est un roman sur la Sologne où un anti-héros braconnier défend sa condition d'homme libre. Le soir même du prix, il reprend le train pour Châteauneuf, mettant comme son héros cette liberté au-dessus de tout. L'écrivain ne donnera pas suite à ce qui était alors, comme il s'en expliquera dans la préface à sa biographie Au cadran de mon clocher, les premiers volumes d'un cycle consacré au peuple de la Loire. Sa curiosité, tout autant qu'un constant besoin de poésie. Ses livres rapportant ses voyages à l'étranger, ses écrits de guerre, de même que les thèmes universels qu'il aborde, témoignent cependant d'une dimension beaucoup plus large de l'ensemble de son œuvre.

Les livres du voyageur

Maurice Genevoix voulait enseigner à l'étranger. Contraint par ses blessures de choisir une autre orientation, il conserve cependant le goût du voyage.Il visite les grandes villes d'Afrique du Nord en 1934, puis parcourt le Canada durant quelques mois en 1939, de la Gaspésie aux Rocheuses. De sa rencontre avec deux trappeurs « alliant une bonhommie et une morosité agressive », il tire un roman, La Framboise et Bellehumeur. Puis il visite l'Afrique, précisément le Sénégal, la Guinée, le Soudan (1947) et le Niger, quelques années plus tard (1954). De son voyage en Guinée naît Fatou Cisse, un roman sur la condition des femmes en Afrique Noire.
Il part également en Suède en 1945, et au Mexique en 1960. Mais il reste avant tout séduit par ce Canada sauvage qui le ramène à ses propres fondements : la forêt, le fleuve, mais aussi les bêtes libres.

Les romans-poèmes.

(Forêt voisine, la Dernière Harde, la Forêt perdue) que Maurice Genevoix écrit aux Vernelles sont des œuvres où il manifeste son talent poétique.


La Loire coule dans l'œuvre entière de Maurice Genevoix

Dans une interview relative à la Forêt perdue, il reconnaît que cette poésie convole avec la magie. Certains critiques considèrent ces romans-poèmes, qui accordent une grande part à la description de la vie animale et à la chasse, comme des romans spécialisés.
La Dernière Harde, pourtant dénué de péripéties mais touchant, comme la Forêt perdue, à une certaine grandeur épique, est considéré par certains écrivains comme le meilleur roman de Maurice Genevoix.
Le songe n'est jamais loin dans cette partie de l'œuvre. « L'histoire que voici, je l'ai rêvée à partir d'un mot », prévient-il en préface de la Forêt perdue. Les décors aquatiques de la Loire, présents dans plusieurs autres romans, invitent au rêve.
Maurice Genevoix fera partie des premiers comités de la Société des poètes et artistes de France à la fin des années 1950 et au début des années 1960

Les thèmes

Maurice Genevoix est marqué par son enfance où il puise son inspiration : « Il suffit que j'y songe encore pour retrouver une très lointaine ivresse : de joie de vivre, d'augmentation de l'être, de capiteux et éternel printemps. Et comment me tromper à ce délicieux vertige ? C'est l'enfance! ». C'est de l'enfance qu'il se réclame, la comparant à une plaque hypersensible.
Rares sont ses romans qui ne font pas directement référence à sa propre enfance. Rémi des Rauches (1922) puis la Boîte à pêche (1926), remettent à jour des souvenirs d'enfance parsemés de lieux-dits où il aimait pêcher, comme la Ronce, le Chastaing ou l'Herbe Verte. Les Compagnons de l'Aubépin (1938) rapporte le séjour au bord de l'eau d'un groupe de jeunes garçons « dépositaires du chevaleresque. »
Dans L'Aventure est en nous, se retrouve, sous les traits de François Montserrat, le lycéen Genevoix, vif et frondeur.
Mais c'est aussi dans les derniers écrits (Trente Mille jours, Jeux de glaces) que se révèle le plus fidèlement son enfance. L'amitié qu'il accorde à ses proches, est présente d'un bout à l'autre de son œuvre, du Porchon de Sous Verdun (1916) au d'Aubel de Un Jour (1976).

La mort

À l'âge de quatre ans, durant l'hiver 1894, il échappe de peu à la mort alors qu'il contracte le croup.
La mort continuera de hanter l'ensemble de son œuvre. À neuf ans, il voit pour la première fois « couler le sang », le sentant refroidir et se figer autour de sa jambe brisée qu'il s'agit de guérir dans l'échaudoir d'un boucher. « Une médication de Bantou », lâchera-t-il l'année précédant sa mort. À douze ans, la perte de sa mère le confronte à la réalité de la mort.
Mais c'est au Front qu'il la côtoie sous sa forme la plus effroyable. Il y fera l'expérience de ce « vide glacial » que laisse à ses côtés le compagnon fauché dans sa course, et qui ne cessera jamais de le poursuivre. Un épisode qu'il remettra notamment en scène dans la Dernière Harde où le Cerf rouge, fuyant avec sa mère sous les balles des chasseurs, sent à son tour contre lui ce même « vide glacial, extraordinairement profond, qui le suivait dans son élan". Il publie en 1972 un essai sur ce thème, La Mort de près, s'agissant d'une mort dont il s'attache à dépeindre la fréquentation quotidienne au cours de la guerre. Là encore, il se pose en simple témoin
.
La nature

Le procès de Renart
Tous les romans de Maurice Genevoix sont un hymne à la vie où il évoque notamment une complicité à la vie animale67. Qualifié parfois de naturaliste lyrique, il évite cependant l'excès de style, la profusion de sentiment, et s'en tient à la poésie des harmonies présentes dans la nature. Son travail est lié à son aptitude à capter et exprimer les sensations du fond de l'être, y compris dans sa nature la plus proche de l'animal, et à se mettre parfois à la place, par des procédés littéraires relevant de l'anthropomorphisme, d'un autre vivant, d'un cerf ou d'un chat.
La complicité avec l'animal trouve son apogée dans Le Roman de Renard, dont le héros se bat également pour une soif de liberté, et dont l'écriture évoque La Dernière Harde72. Genevoix s'affirme alors avec Louis Pergaud comme l'un des meilleurs écrivains animaliers.
Bien que ses romans s'y réfèrent il se défend d'aimer la chasse. La guerre lui en a ôté le goût, qu'il reconnaît avoir eu auparavant. Il y retrouve son propre goût de la quête, très présent dans Raboliot, mais il réprime ce qui s'apparente à la tuerie, qu'incarne le Grenou de La Dernière Harde.

La mémoire

Genevoix reste pour une bonne part de son œuvre le chantre de la mémoire. Les mots qu'il emploie montrent son travail de mémorisation puis de témoignage, tel le titre donné à l'un de ses Bestiaires, qualifié de Bestiaire sans oubli. Il conservera des traces de son enfance, notamment ses cahiers scolaires, et gardera les travaux de création de ses romans. L'homme est à ses yeux « comptable de ce qu'il est en mesure de transmettre ». Cette mémoire lui est un instrument d'investigation qu'il met au service de ses camarades de guerre, mais également afin de perpétuer les scènes de son enfance.

Les influences littéraires

Lectures d'enfance et d'adolescence
Il s'avoue marqué par l'Enfant des bois, d'Élie Berthet, qui l'invitera à de premières rêveries, puis par Le Livre de la jungle de Kipling dont il restera marqué76 et qui, bien plus tard, l'invitera au voyage. Adolescent, le besoin d'écrire se manifeste sous la forme de premiers poèmes. Il découvre Daudet, puis Balzac.
Il découvre également Stendhal, Tolstoï et Flaubert. Maurice Genevoix admire sa capacité à s'investir dans ses propres personnages. Devenu Normalien, il étudie Maupassant, qu'il apprécie pour la simplicité de son écriture, son honnêteté et son naturel. Mais si l'on retrouve l'ombre de Maupassant chez Genevoix, c'est sous un jour « moins amer, plus humain ».
Au lycée Pothier d'Orléans, il a pour professeur de lettres Émile Moselly (Émile Chenin de son vrai nom), auteur de Jean des Brebis, qui reçut le prix Goncourt en 1907. Celui-ci adressera à l'auteur frais émoulu de Sous Verdun une lettre émouvante datée du 28 mai 191680 : « Je désirerais savoir si l'auteur de Sous Verdun et le petit Genevoix, l'élève intelligent et vif que j'ai eu comme élève à Orléans, ne sont qu'une seule et même personne. Dans ce cas, permettez-moi d'embrasser tendrement et fortement le lieutenant Genevoix pour l'âme vaillante qu'il me révèle. Permettez-moi surtout de dire au Normalien Genevoix, qu'il est déjà un grand artiste, de la race des beaux écrivains, et que son maître un jour sera très fier de lui. »

Lectures universitaires

Conscient des limites de son art, il évite les controverses littéraires69. Il se tient en retrait de la psychanalyse et raille volontiers les critiques qui croient déceler chez lui les clés de l'écriture de certains de ses romans.
Il conduit son existence d'Académicien en dehors des chapelles littéraires », peu sensible aux thèses générales81 ». Dans Un Jour, Genevoix cite Thoreau : « Nous savons plus que nous n'assimilons ».

Place de l'écrivain dans la littérature du xxe siècle

Maurice Genevoix et "les écrivains de terroir"

Le terroir constitue dans l’entre deux-guerres un axe narratif essentiel. Les écrivains qui s’y consacrent visent l’universalité des relations de l’homme à la nature, recherchant par d’autres voies une réponse aux questions sur la condition humaine83. La description de la nature y présente des valeurs poétiques spécifiques, qui guident certaines œuvres de Charles-Ferdinand Ramuz, Henri Pourrat, Jean Giono, Henri Bosco et Maurice Genevoix.
Ces écrivains qualifiés de « régionalistes », ou « de terroir », renouvellent ainsi la tradition du roman rustique inaugurée par George Sand. Ils manifestent une adhésion à l’ordre naturel du monde face à une civilisation moderne, sorte de rousseauisme commun à ces écrivains de terroir. Descripteurs des scènes naturelles, ils s’identifient chacun à un peintre : Ramuz à Cézanne, Bosco à Van Gogh, et Genevoix à Maurice de Vlaminck. Ce réalisme optique sera développé par la suite par le nouveau roman. Mais les romans des écrivains de terroir sont aussi parfois de véritables études de mœurs. Chez Genevoix, la description de Raboliot, braconnier solognot, en constitue un exemple.
Chez Genevoix, le réalisme disparaît parfois sous des réseaux de correspondances et de symboles, telles que l’exigeaient leur considération romantique84. Le symbole, ou le signe, comme s’en exprimera Maurice Genevoix dans Un Jour, reste un moyen privilégié de relation entre l’homme et l’univers. Avec ces autres écrivains, Maurice Genevoix abolit parfois le temps.
Plusieurs de ses romans, comme La Forêt perdue, sont présentés comme relevant tout simplement de temps anciens. D’autres scènes, tel le mouvement en avant du Cerf Rouge de la Dernière Harde, consentant à sa propre mise à mort, sont propices à l’effacement du temps

Maurice Genevoix parmi les autres écrivains de guerre

À la remise du Prix Blumenthal pour Rémi des Rauches, Genevoix raconte que André Gide lui précisa que la littérature de guerre ne relevait pas à ses yeux de la création littéraire, mais que son roman l'avait rassuré. En retour, la littérature apparaissait incompatible avec la vérité historique. Or, Ceux de 14 inaugure l’association de la vérité documentaire et d’une technique littéraire qui autorise l’expression d’un point de vue scrupuleusement objectif86.
La plupart des témoignages de la Grande Guerre ont fait passer leur témoignage du niveau de la sphère intime à celui de la sphère publique. Les quelque 300 ouvrages publiés à Paris et analysés par Jean-Norton Cru, qui épingle Roland Dorgelès (les Croix de bois) comme Henri Barbusse (Le Feu), relèvent souvent de cette ve. Jean-Norton contribuera à porter Genevoix au pinacle des écrivains de guerre, d’où naîtront notamment les « classes Genevoix », mises en œuvre en 1998 et 1999. Il s'agissait pour les élèves d’appréhender la Grande Guerre à travers Ceux de 14, non seulement en confrontant les points de vue historique et littéraire lors d’une étude en classe, mais encore en se rendant sur la crête des Éparges. Ceux de 14 est souvent mise en vis-à-vis de Orages d’acier, le journal de guerre d’Ernst Jünger publié en Allemagne en 1921.

Le style

La volonté de témoigner accompagne les récits de Maurice Genevoix, où il relate les faits d'histoire dans leur exactitude objective, mais également dans ses romans-poèmes, où il s'attache à dépeindre les sentiments qui l'unissent à la nature. Il cède volontiers aux élans de la poésie, qu'il juge la mieux apte à faire apparaître les choses dans leur réalité première. Écrire, c'est à ses yeux livrer à autrui ce que l'on croit avoir en soi de plus précieux et de plus rare. Ainsi est-il conscient de sa singularité, de sa façon propre de percevoir et de sentir. Il revendique le don de création et raille les écrivains cédant aux tentations de la virtuosité. Il s'attache à voir les choses dans la fraîcheur de leur création. Il fut il est vrai, dès sa plus tendre enfance, initié par les « simples ». Ainsi dira-t-il de Daguet, un valet piqueux, qui deviendra La Futaie dans la Dernière Harde, puis La Brisée dans la Forêt perdue, qu'il lui a appris « à lire sur la feuille morte, dans la coulée de glaise, sur la grève du ru forestier ». Il en conservera à jamais le sens des signes, qu'il relève partout au cours de ses promenades.
Le mot est sûr et simple. Ses manuscrits sont peu raturés. « Mais cela ne prouve qu'une chose, précise-t-il : c'est que je ne fixe la phrase, noir sur blanc, qu'après l'avoir élaborée mentalement, orientée, affermie, retouchée. Les ratures, les corrections, ne sont guère qu'une dernière toilette : comme on lime ou polit les bavures, après la fonte. » Un lyrisme pudique81, dominé et serein, anime continuement le texte. La richesse du vocabulaire, qui intègre volontiers des termes régionaux ou de l'ancien Français, contribue à renforcer son écriture. Maurice Genevoix a la passion des mots exacts. On lui reprochera pourtant parfois une virtuosité sémantique, un excès verbal qu'il reconnaitra lui-même dans certains de ses romans, notamment à propos des dernières pages de Sanglar. C'est cependant par la précision du vocabulaire, qui permet de témoigner sans trahir, que Genevoix entend assurer le rôle de témoin qu'il s'est assigné. Au reste, il se garde d'en abuser. Il lui eût été aisé, dans ses romans du Moyen Âge (Le Roman de Renard et La Forêt perdue) d'y recourir, mais il a préféré l'exactitude de la narration.

Musée Maurice-Genevoix

Son domicile de Saint-Denis-de-l'Hôtel, "Les Vernelles", reste une demeure familiale à l'écart du village; sur la place de l'église (Place du Cloître), une vieille maison vigneronne a été transformée en musée.
L'entrée en est libre et assurée les samedi, dimanche et jours fériés, de 10 h à 12 h, et de 14 h à 18 h.
Une exposition permanente sur l'écrivain s'appuie sur la présentation de panneaux thématiques abondamment illustrés et nommés comme suit, dans l'ordre d'une visite en sept étapes :
l'Enfance, la Guerre, l'Écrivain, Les Vernelles, le Val de Loire et la Sologne, l'Académicien français, et un Univers enchanté. Des expositions temporaires sont présentées au premier étage. Une extension de la salle d'exposition est prévue.
À Saint-Denis-de-l'Hôtel, une promenade dite Promenade Maurice Genevoix a été aménagée le long du Chastaing en mémoire de l'écrivain.
Wikipédia





Liens

http://www.ina.fr/video/CPB80054907 maurice Genvoix "apostrophes"

http://youtu.be/9ghlv7bNFAs Maurice Genevoix, son Techkel et sa chatte

http://youtu.be/RfB3KT2oYcA Maurice Genevoix l'appel d'un homme

http://youtu.be/RfB3KT2oYcA extrait de Rabolio en russe

http://youtu.be/5em9fejOUWA Michel delpech Le chasseur




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Posté le : 07/09/2013 17:00
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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