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Raymond VI
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Le 27 octobre 1156 Naît à Saint-Gilles dans le Gard, Raymond VI comte de Toulouse,I

Il fut comte de Melgueil Raymond IV de 1173 à 1190 puis comte de Toulouse, de Saint-Gilles, de Rouergue en 1209, duc de Narbonne, marquis de Gothie et de Provence de 1194 à 1222.
Il était fils de Raymond V, comte de Toulouse, de Saint-Gilles, marquis de Gothie et de Provence et duc de Narbonne et de Constance de France, sœur du roi Louis VII.

Fils du comte Raymond V, il aussi est le neveu de Louis VII de France et le beau-frère de Richard Ier roi d'Angleterre.
Devenu comte en 1194, Raymond VI fait preuve d'une tolérance jugée excessive envers ses nombreux sujets hérétiques.
Aussi, l'Église le soupçonne-t-elle d'avoir une responsabilité dans l'assassinat du légat pontifical Pierre de Castelnau le 15 janvier 1208, venu l'exhorter à agir contre les cathares du Languedoc.
En 1209, le pape Innocent III réagit en lançant la croisade des albigeois. Le comte de Toulouse finit par s'y rallier, apparemment par pénitence.
Les armées croisées, composées en majorité de Français du Nord à la recherche de terres dans le Sud, sont placées sous le commandement du seigneur Simon de Montfort – père de Simon de Montfort, célèbre comte de Leicester, dont le nom a marqué l'histoire de l'Angleterre. À terme, Raymond VI va se retrouver contraint de défendre ses fiefs contre les ambitions des croisés.
À Muret près de Toulouse, le 12 septembre 1213, Raymond VI et son allié Pierre II d'Aragon – son beau-frère par son mariage en deuxième noce – sont mis en déroute par Simon de Montfort, qui se voit attribuer les États du comte par le quatrième concile du Latran 1215.
Mais, avec l'aide des Aragonais, Raymond VI reprend Toulouse en septembre 1217.
Il soutient le siège organisé par Simon de Montfort, qui est tué le 25 juin 1218 devant la ville. De là, le comte reconquiert la plupart de ses possessions avant de disparaître subitement en août 1222.
L'Église, qui l'a excommunié par deux fois, lui refusera un enterrement selon le rite chrétien.

Raymond VI est un prince plus politique que belliqueux. Il se montrera calculateur, temporisateur et d’une grande souplesse politique, faisant mine de se soumettre à plusieurs reprises pour mieux se redresser au meilleur moment. Cela lui a permis de reprendre à Simon de Montfort le comté de Toulouse. Cultivé, il compte parmi ses amis nombre de troubadours.

Sa vie

Son premier mariage lui apporte le comté de Melgueil, que sa première épouse lui cède par testament avant de mourir en 1176. Raymond se remarie ensuite avec Béatrice Trencavel, la sœur de Roger II Trencavel, vicomte de Carcassonne et de Béziers, et rival des comtes de Toulouse.
En 1192, le roi Richard Cœur de Lion et son épouse Bérengère de Navarre, partis en croisade rentrent de Terre Sainte. Leurs navires sont séparés par la tempête, Richard échoue en Autriche où il est capturé et emprisonné, tandis que Bérengère débarque dans le Languedoc.
Elle demande et obtient l’autorisation de Raymond V pour traverser le comté de Toulouse et rejoindre Bordeaux. Raymond V et son fils, le futur Raymond VI, la reçoivent avec faste, et Raymond le jeune, s’éprend d’une des suivantes de Bérengère, Bourgogne de Lusignan, fille du futur roi de Chypre Amaury de Lusignan.
Il répudie immédiatement Béatrice, ce qui occasionne des tensions avec Trencavel, et épouse Bourgogne. Il y avait également dans le cortège de Bérengère Jeanne d’Angleterre, veuve du roi Guillaume II de Sicile et future épouse de Raymond.
Raymond V meurt en décembre 1195.
Son fils est intronisé le 6 janvier 1195. Richard Cœur de Lion, libéré des geôles autrichiennes et revenu dans ses états, reprend à son compte les prétentions des ducs d’Aquitaine sur le Toulousain, mais doit compter avec l’opposition de Philippe Auguste, roi de France.
Plutôt que se lancer dans une guerre hasardeuse, il préfère conclure une alliance avec le comte de Toulouse. Raymond VI répudie Bourgogne, épouse Jeanne d’Angleterre à Rouen en octobre 1196, et reçoit en dot l'Agenais et le Quercy. Pour ne pas perdre un allié, Philippe Auguste donne au comte de Toulouse la ville de Figeac.
Durant les années qui suivent, le catharisme se propage dans le comté de Toulouse et dans des vicomtés languedociennes, sans que Rome, qui ne réalise pas l’ampleur de l’hérésie, ne s’en inquiète. Comme ses prédécesseurs, Raymond VI est en litige avec l’abbaye de Saint-Gilles à propos des bénéfices de l’abbaye et de sa répartition. La lutte lui vaut une excommunication dès 1196, qui n’est levée qu’en 1198.
Mais il gagne l’amitié de Roger II Trencavel et la paix règne dans le Languedoc avec ses principaux vassaux qui sont, outre les Trencavel, le comte d'Armagnac, le comte de Comminges, le comte de Foix et les vicomtes de Montpellier, de Nîmes, de Greze, de Rodez. Cependant le lien féodal est beaucoup plus relâché que chez les capétiens, et l'individualisme et l'insubordination est souvent la règle.
Veuf de Jeanne d’Angleterre, Raymond se remarie avec Eléonore d’Aragon. Ainsi, il a fait la paix avec les fils des deux ennemis de son père. À Toulouse, il maintient les libertés communales, multiplie les exemptions fiscales et étend la sauveté à tout le territoire communal.
Mais Raymond VI est soupçonné d'une coupable indulgence vis-à-vis de l'hérésie cathare.
Depuis 1203, un moine cistercien, Pierre de Castelnau est envoyé par le pape Innocent III pour lutter contre l'hérésie dans le Midi de la France. Raymond VI refuse de collaborer avec le légat pontifical.
Ce dernier l'excommunie et jette l'interdit sur le comté. L'assassinat de Castelnau, le 15 janvier 1208, par un écuyer du comte qui l'embroche, provoque le courroux du pape qui confirme l'excommunication contre Raymond VI accusé d'être pour le moins l'instigateur du crime.
Innocent III lance alors un appel à la croisade des Albigeois auprès de Philippe-Auguste, suzerain théorique du comte de Toulouse, mais le roi de France se dérobe. Raymond VI obtient d'en être relevé en s'humiliant publiquement sur le parvis de l'église de Saint-Gilles, amende honorable en braies et chemise, le 18 juin 1209, devant l'avancée de l'armée croisée, dirigée par Arnaud Amaury, abbé de Cîteaux et nouveau légat envoyé par le pape.
Dès lors, Raymond VI accompagne la croisade, plus en observateur qu'en combattant, se compromettant ainsi aux yeux de son propre camp mais rendant par cette décision ses terres inviolables.
Après les succès remportés par les croisés, prise et massacre de Béziers, siège et prise de Carcassonne et mort de Raymond-Roger Trencavel, la croisade dirigée depuis août 1209 par Simon IV de Montfort fait peser une menace sur sa personne et son fief.
Il essaie de s'entendre avec Monfort, mais il rencontre l'hostilité constante des légats du pape. Il cherche également l'appui de son beau-frère Pierre II, roi d'Aragon.
En janvier 1210, il entreprend un long voyage pour défendre sa position auprès de Philippe-Auguste, d'Innocent III et l'empereur Othon IV, son suzerain pour le marquisat de Provence.
De nouveau excommunié en 1211 par le concile de Montpellier, sentence confirmée le 17 avril 1211 par le pape, il essaie d'organiser la résistance contre les croisés. Mais il ne peut déloger Simon IV de Monfort enfermé dans Castelnaudary.
Le 27 janvier 1213, Raymond VI rend hommage à Pierre II d'Aragon. Les deux hommes et le comte de Foix investissent en septembre 1213 Muret.
Le 12 septembre, les croisés de Simon de Montfort, plus disciplinés, écrasent les coalisés. Pierre II, héros de Las Navas de Tolosa est tué dans la bataille.
Raymond VI, d'ailleurs en butte avec l'évêque Foulques de Marseille ne peut alors éviter la conquête de Toulouse par Simon IV de Montfort en juin 1215 et s'exile à la cour d'Aragon à Barcelone.
Le 17 février 1214, sur ses ordres, son frère Baudouin de Toulouse, ayant participé à Muret aux côtés des croisés, est enlevé de son château de Lolmie et pendu comme traître. En novembre 1215 Raymond est à Rome, où le IVe concile du Latran débat du sort de son comté.
Il est déchu de ses droits au profit de Simon de Monfort, mais le pape préserve le marquisat de Provence au profit de son fils, le futur Raymond VII.
En mai 1216 le père et le fils sont accueillis triomphalement à Marseille et à Avignon.
Tandis que Raymond VI se rend en Aragon, le jeune Raymond, plus entreprenant que son père, met le siège devant Beaucaire qu'il prend le 24 août.
Le 2 septembre 1217, il reprend Toulouse où Simon IV de Montfort met immédiatement le siège.
Ce dernier y est tué mais son fils Amaury prend sa succession. Revenu à Toulouse, Raymond VI y décède, toujours excommunié, des suites d'une brève maladie le 2 août 1222

Mariage et enfants

Raymond VI épouse successivement :
le 12 septembre 1172, Ermessinde Pelet († 1176), héritière du comté de Melgueil, veuve de Pierre Bernard de Sauve et fille de Bernard Pelet, seigneur d’Alais, et de Béatrice, comtesse de Melgueil.
vers 1180, Béatrice de Béziers, fille de Raimond Ier Trencavel, vicomte de Béziers, et de Saure. Elle est répudiée en 1193, après avoir donné naissance à :
Constance, mariée à Sanche VII († 1234), roi de Navarre, puis à Pierre V Bermond, seigneur d’Anduze
en 1193 avec Bourgogne de Lusignan, fille d’Amaury II, roi de Chypre et de Jérusalem, et d’Echive d’Ibelin. Elle est répudiée en 1196.
en octobre 1196, Jeanne d'Angleterre (1165-1199), fille d' Henri II Plantagenêt (1133 † 1189), roi d’Angleterre et d’Aliénor, duchesse d’Aquitaine, qui donne naissance à :
Raymond VII (1197 † 1249), comte de Toulouse
un fils mort né le 4 septembre 1199
en janvier 1203 Eléonore d'Aragon (v. 1182 † 1226), fille d’Alphonse II, roi d’Aragon, et de Sancie de Castille.
D'une liaison, le comte de Toulouse eut aussi une fille illégitime, Indie, mariée à Guillaume, vicomte de Lautrec, puis en 1226 à Bernard II de l’Isle-Jourdain.
Précédé par Raymond VI de Toulouse Suivi par
Raymond V (VII)
comte de Toulouse
marquis de Provence
Raymond VII (IX)


La doctrine cathare

Pour Rome, les cathares sont pires que les infidèles, juifs et musulmans car, tout en étant chrétiens, ils interprètent différemment certaines croyances et contestent la doctrine des sept sacrements que les théologiens catholiques ont fixée dès le début du XIIe siècle. Les cathares poussent à l'extrême le sens du message des Ecritures qui formule la croyance dans l'existence de deux mondes, l'un bon et l'autre mauvais. Le premier, le monde invisible aux créatures éternelles, est l'oeuvre de Dieu le Père ; le second, visible et corruptible, est l'oeuvre du diable.
Désirant exempter Dieu du mal expérimenté dans le monde matériel, les cathares échafaudent leur propre système de croyances, variable selon les périodes et les aires culturelles d'implantation. Il est tout de même possible de tenter la description générale de ces croyances.
Dieu a créé uniquement le monde invisible et éternel ainsi que les créatures qui le peuplent : les anges. Parmi eux, l'un pèche par orgueil en se révoltant contre le Père afin d'égaler sa puissance : c'est le diable.
Cet ange déchu est expulsé du ciel avec d'autres, pécheurs comme lui ou entraînés par lui dans sa chute. Introduits dans des corps charnels fabriqués par le diable, ces anges deviennent les âmes des hommes et des femmes.
Le Christ, fils de Dieu, vient révéler leur origine céleste et montre le moyen de retourner au ciel.
Le Christ est donc uniquement l'envoyé du Père venu porter le message du salut aux hommes, il n'est pas, comme pour les catholiques, le rédempteur du péché. Il n'a pas souffert la Passion, il n'est pas mort sur la Croix car il n'avait un corps de chair qu'en apparence.

Sacrements et rites cathares

Le sacrement du consolamentum, consolation ou baptême d'imposition des mains pratiqué par le Christ est le seul à apporter le salut.
Ce sacrement joue un rôle fondamental dans les communautés cathares car il est à la fois sacrement d'ordination, il fait d'un croyant cathare un "parfait", de pénitence, d'eucharistie et d'extrême-onction appelé "consolamentum" des mourants.
Le consolamentum est conféré par un membre de la hiérarchie et exige de celui qui le reçoit le respect de la Règle, pratique de l'ascèse, abstinence de toute nourriture carnée ainsi que la pratique de la morale évangélique, interdiction de jurer, de mentir, de tuer.
Les cathares considèrent comme inefficace le baptême d'eau que les prêtres catholiques confèrent aux nouveaux nés, incapables selon eux de comprendre l'engagement qu'est le baptême pour celui que le reçoit.
Ils contestent le sacrement de l'eucharistie, refusant de croire dans la transformation des espèces, transubstantiation, c'est-à-dire du pain et du vin devenant le corps et le sang du Christ lors de la consécration de celles-ci par le prêtre lors de la messe.
En mémoire de la dernière Cène du Christ avec ses apôtres, les cathares bénissent le pain lors du repas quotidien pris avec leurs fidèles.
Ils contestent aussi le sacrement du mariage, celui-ci légitimant à leurs yeux l'union charnelle de l'homme et de la femme, union à l'origine du péché du premier couple selon leur interprétation de la Genèse.
Les cathares adoptent le modèle de vie, les rites et les sacrements des premières communautés chrétiennes, leur unique prière est le Notre Père s'appuyant principalement sur les enseignements du Nouveau Testament.
Pour toutes ces raisons, ils considèrent que la médiation des saints, le culte des reliques et des morts, offrandes et messes pour les défunts, et toutes les pratiques instaurées par l'Eglise romaine tout au long du Haut Moyen Age, sont sans effets. De la même manière, ils n'attachent pas d'importance aux églises bâties qui ne sont pas pour eux les seuls lieux du culte car, pour les cathares, la parole du Christ peut être enseignée partout où se réunissent les fidèles.

Son apparition

Le catharisme apparaît dans la Chrétienté occidentale au milieu du XIIe siècle. Ce mouvement chrétien médiéval n'est pas étranger à la spiritualité dominante de son époque. Au contraire il réclame, à l'instar d'autres mouvements religieux contemporains un retour au modèle d'Eglise des premiers temps du christianisme. Le catharisme condamne l'Eglise romaine et sa hiérarchie au prétexte qu'ils ne respectent pas les idéaux du Christ.
Les cathares se considèrent comme les seuls vrais disciples des apôtres, pratiquant comme eux la pauvreté absolue et travaillant de leurs mains pour vivre.

Des communautés dans toute l'Europe

Des communautés cathares d'"apôtres itinérants" sont attestées sous différents noms, cathares, piphles, publicains, tisserands, bougres, patarins, albigeois dans les villes et les campagnes du nord de la Chrétienté médiévale occidentale : en Allemagne, zone d'Empire et Italie, mais aussi dans les principautés du nord du Royaume de France, Flandre, Bourgogne, Champagne et du Midi.
Cependant le catharisme connaît l'accueil le plus favorable et l'implantation la plus durable dans le Midi de la France, ainsi que dans les villes du nord et du centre de l'Italie. Dans ces régions les "bons hommes" ou "bons chrétiens" ainsi que les cathares se désignaient eux-mêmes - seule l'Inquisition les appellera "parfaits", s'organisent en communautés d'hommes ou de femmes dirigées par des anciens, des diacres et des évêques. Ces communautés sont constituées de plusieurs "maisons".
On y pratique souvent des métiers liés à l'artisanat local. Plusieurs communautés constituent une Eglise ou diocèse cathare, à la tête desquels se trouve l'évêque.

Des églises cathares

Au milieu du XIIe siècle, 1167 les Eglises cathares sont au nombre de quatre : Albi, Toulouse, Carcassonne, Val d'Aran. Au XIIIe siècle, deux nouvelles églises se constituent : celles d'Agen et du Razès, celle du Val d'Aran n'est plus mentionnée.
Ces églises sont indépendantes. Elles ne reconnaissent pas d' autorité supérieure à leur évêque, comme celle du pape pour l'Eglise romaine. Le catharisme est pratiquement éradiqué par l'Eglise catholique dans les régions septentrionales de l'Europe au milieu du XIIIe siècle.
Quelques îlots persistent pour peu de temps encore au début du XIVe siècle dans certaines zones du Midi de la France et de l'Italie.

La persécution du catharisme

Leur obstination, leur anticléricalisme intransigeant, leur opposition à la hiérarchie catholique - à laquelle ils reprochent sa richesse ostentatoire et ses abus de pouvoir, valent aux cathares de s'attirer les foudres de l'Eglise romaine.
Ils sont condamnés comme hérétiques. Ainsi que beaucoup d'autres mouvements dissidents ou contestataires, les cathares deviennent l'objectif d'une lutte permanente. L'Eglise romaine tente de purifier la chrétienté occidentale en en excluant systématiquement tout individu ou groupe mettant en péril le projet de société chrétienne qu'elle instruit depuis le début du Xe siècle.

Les moyens de la lutte

L'Eglise catholique confie aux cisterciens, au XIIe siècle, puis, au XIIIe siècle, aux ordres mendiants, franciscains et dominicains le soin de combattre ce danger supposé de la dissidence ou de l'hérésie.
Les cathares sont difficiles à convaincre.
La prédication ou le débat doctrinal instaurés à cette fin dans le Midi de la France par l'Eglise est un échec. Au contraire d'autres "hérétiques" comme les vaudois, les cathares se montrent irréconciliables, préférant presque toujours le martyre à l'abjuration.

La Croisade contre les Albigeois et l'Inquisition

Pour cette raison, le Pape Innocent III lance en 1209 contre les albigeois ou "cathares" la première croisade à se dérouler sur le territoire de la Chrétienté occidentale. La guerre durera vingt ans (1209-1229). La lutte armée se poursuit dans le Midi et ailleurs dans l'Occident chrétien tout au long du XIIIe siècle, relayée plus tard par l'institution de l'Inquisition, créée en 1233 pour traquer la "dépravation hérétique".

La croisade contre les Albigeois ou Cathares


Le terme "albigeois" a servi, dès le milieu du XIIe siècle, à désigner les hérétiques du Languedoc, bien que l'Albigeois ne paraisse pas, aux yeux des historiens modernes qui ont continué à user de cette appellation devenue traditionnelle, avoir été le principal foyer de l' hérésie.
Dès 1146, Geoffroy d'Auxerre signale que le populus civitatis albigensis est infesté par l'hérésie.
Le concile de Tours en 1163 parle des hérétiques albigeois : haeretici albigenses et en 1183, Geoffroy de Vigeois nomme albigeois les hérétiques combattus en 1181 par le légat Henri d'Albano avant le siège de Lavaur.
Pierre des Vaux-de-Cernay nomme le récit de la croisade à laquelle il a participé Historia Albigensis. Et dans le prologue de sa chronique écrite entre 1250 en 1275, Guillaume de Puylaurens dit que son œuvre est
"l'histoire de l'affaire vulgairement appelée albigeoise par les Français, car elle a eu pour théâtre la Narbonnaise et les diocèses de Narbonne, Albi, Rodez, Cahors et Agen ".
Certains contemporains ont fondé sur un jeu de mots philologique, Albigenses = Albanenses ; Albigeois = Albanais, un rapprochement soulignant l'influence des hérétiques balkaniques sur les hérétiques languedociens.

La croisade contre les albigeois, prêchée par le pape Innocent III contre les hérétiques cathares et vaudois du Languedoc, terme qui n'apparaît qu'à la fin du XIIIe siècle dans l'administration royale et contre les seigneurs et villes qui les soutenaient, a duré de 1209 à 1229.
Elle a été menée d'abord par des seigneurs de la France du Nord avec des armées internationales, puis par le roi de France Louis VIII en 1226 et officiellement terminée par le traité de Meaux-Paris en 1229 entre le roi de France, Saint Louis enfant sous la régence de Blanche de Castille et le comte de Toulouse Raimond VII.

Son importance tient d'abord au fait qu'elle est la première extension de la croisade en une lutte armée contre des hérétiques, à l'intérieur de la chrétienté.
Outre cette signification religieuse et idéologique, elle a eu une grande portée pour l'histoire de l'unité française : elle a entraîné le rattachement effectif de la France du Midi à la France du Nord et elle a créé ou consacré, au sein de cette unification, des disparités économiques, sociales, politiques, culturelles, psychologiques, dont le retentissement est encore sensible aujourd'hui.

Antécédents de la croisade

Depuis le milieu du XIIe siècle, l'hérésie dualiste appelée catharisme par les historiens avait pris, comme en Italie du Nord, une extension de plus en plus grande dans le midi de la France où s'était tenu, en 1176, à Saint-Félix de Caraman, près de Toulouse, un concile qui avait précisé l'organisation du culte et d'une véritable Église cathares.
Des réformateurs catholiques, adeptes de la pauvreté, les Vaudois, déclarés hérétiques par la papauté en 1184, prirent aussi de l'importance dans ces régions et, bien qu'ils fussent très hostiles aux cathares et que les théologiens orthodoxes documentés, comme Alain de Lille, les distinguassent soigneusement, la papauté et l'Église eurent de plus en plus tendance à les englober dans une même détestation.
La lutte entreprise par l'Église contre ces hérétiques, avec des moyens traditionnels ou pacifiques, ne connut que des déboires jusqu'au début du XIIIe siècle.
La prédication habituelle animée surtout par des cisterciens – saint Bernard en tête qui prêcha à Albi en 1145 – fut un échec complet.
En 1181, l'abbé de Clairvaux, Henri, cardinal d'Albano, avait conduit contre la ville de Lavaur une expédition militaire sans lendemain.
À partir de 1206, les efforts de l'évêque espagnol Diego d'Osma et de son collaborateur le chanoine Dominique de Caleruega, le futur saint Dominique, n'eurent pas plus de succès.
Ils voulaient promouvoir en milieu hérétique un nouveau type de prédication, fondé sur l'exemple d'une simplicité de mœurs qui contrastait avec le faste des abbés cisterciens, et sur des discussions publiques, en toute égalité avec les hérétiques.
L'effort de la papauté se concentra alors sur le principal seigneur de la région, appelé à diriger la répression de l'hérésie.
Devant la carence du roi Philippe Auguste, suzerain de ces terres, occupé alors à combattre les Anglais et leurs alliés dans le Nord et l'Ouest, le pape mit ses espoirs en Raimond VI.
Arrière-petit-fils de Raimond IV de Saint-Gilles, comte de Toulouse et l'un des chefs de la première croisade en Terre sainte, Raimond VI étendait sa suzeraineté de la Guyenne à la Provence où il avait, en terre d'Empire, des possessions entre Durance et Isère.
Mais en dehors de ses fiefs propres du Toulousain, du Lauragais, du Quercy et du comté de Nîmes, il n'avait guère de pouvoir sur les vicomtes et seigneurs, dont le principal, Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers, de Carcassonne et d'Albi, était maître d'une vaste seigneurie qui coupait en deux les terres qu'il gouvernait directement. Cette seigneurie était, au surplus, le principal foyer de l'hérésie.
En 1207, Raimond VI ayant refusé d'adhérer à une ligue contre les hérétiques, le légat pontifical Pierre de Castelnau l'excommunia.
De son côté, Innocent III, dans une lettre aux évêques du Midi, exposait pour la première fois les principes qui allaient justifier l'extension de la croisade en pays chrétien : l'Église n'est plus obligée de recourir au bras séculier pour exterminer l'hérésie dans une région ; à défaut du suzerain, elle a le droit de prendre elle-même l'initiative de convoquer à cette œuvre tous les chrétiens, et même de disposer des territoires contaminés en les offrant, par-dessus le suzerain, comme butin aux conquérants.
Cette pratique, qu'on appela à l'époque "terram exponere occupantibus" ou "terram exponere catholicis occupandam" "livrer la terre aux occupants, ou à l'occupation des catholiques", reçut aux XVIe-XVIIe siècles le nom d'« exposition en proie ».
Le 15 janvier 1208, après une vaine entrevue avec Raimond VI à Saint-Gilles, le légat Pierre de Castelnau fut assassiné près d'Arles par un personnage que l'on identifia comme étant un écuyer du comte, sans que cette identification et, encore moins, la responsabilité du comte aient été jamais prouvées.
Le 10 mars 1208, les velléités pontificales se changèrent en appel à la croisade.
Selon les principes qu'il avait énoncés, Innocent III excommunia une fois de plus le comte, délia ses vassaux de leur serment de fidélité et offrit ses domaines à qui voudrait partir en croisade. Le même jour il canonisait Pierre de Castelnau.

La croisade de 1209 à 1229
Devant le danger, Raimond VI se soumit. Il fit pénitence à Saint-Gilles le 18 juin 1209 et se joignit aux croisés.

La croisade féodale de 1209 à 1224

Les armées croisées étaient largement internationales. Elles comprenaient des Italiens, des Allemands, des Anglais, des Brabançons, des Frisons et même des Esclavons, c'est-à-dire des Slaves du Sud. Mais la majorité était composée de Français du Nord.
En l'absence du roi Philippe Auguste, et devant l'attitude effacée et prudente des principaux seigneurs croisés – le duc de Bourgogne, les comtes de Nevers et de Saint-Pol – le légat pontifical, chef théorique de la croisade, confia le commandement suprême à un petit seigneur d'Île-de-France, Simon de Montfort.
Ce dernier allait bientôt faire montre de son ambition et de ses talents militaires et administratifs. La composition sociale et la tactique des armées furent très semblables dans les deux camps.
De part et d'autre, l'encadrement fut féodal ; mais dans le camp des Méridionaux, il y eut des bourgeois, des artisans et des paysans, et dans celui des croisés, des indigents venus eux aussi à la curée.
Des chroniqueurs croisés, comme le cistercien Pierre des Vaux-de-Cernay, soulignent la présence de ces derniers qu'ils rattachent à la tradition des croisades de pauvres, dépourvue ici de toute dimension eschatologique.
Les opérations se concentrèrent souvent autour des villes, centres de résistance et réservoirs de richesses. Les armées croisées y déployèrent des ressources techniques remarquables dans la construction et l'usage des engins de siège.
La grande voie de la ruée des croisés vers le Midi fut la vallée du Rhône, qui facilitait l'acheminement des bateaux, des hommes, des bêtes et du ravitaillement, et dont l'occupation coupait les seigneurs et les hérétiques méridionaux de leurs arrières provençaux et italiens.
Les opérations furent souvent hachées par le caractère féodal que conservaient ces expéditions. Une fois achevée la quarantaine de service due à leur seigneur, vassaux et hommes quittaient souvent les armées.
La croisade commença par un coup exemplaire : la prise de Béziers, suivie du massacre d'une partie de ses habitants et de l'incendie de la ville le 22 juill. 1209.
Le 15 août, le jeune vicomte Raimond-Roger Trencavel capitulait dans Carcassonne.
Une assemblée des chefs de la croisade donna, sur proposition du légat, les terres des Trencavel à Simon de Montfort. Celui-ci s'en empara en deux ans de 1209 à 1211. En 1211, les légats envoyèrent un nouvel ultimatum au comte de Toulouse, lui enjoignant de licencier ses routiers, de livrer les juifs et les hérétiques dont on lui fournirait la liste, d'abolir l'usure dans ses États et d'accepter un certain nombre de conditions humiliantes.
Sur son refus et celui de son vassal, le comte de Foix, une nouvelle armée de croisés, sous le commandement de Simon de Montfort, leur infligea une série de défaites. Raimond VI ne gardait que Montauban et Toulouse devant laquelle Simon de Montfort avait échoué en mai-juin 1211.
En novembre 1212, Simon de Montfort réunit à Pamiers une assemblée des évêques, seigneurs et bourgeois de ses nouveaux États, qui mit au point des statuts promulgués le 1er décembre 1212. Sur le modèle des Assises de Jérusalem, ces textes visaient à satisfaire les croisés.

Les cathares sont expulsés de Carcassonne, lors de la prise de la ville par les croisés de Simon de Montfort, en 1209.
Les hérétiques, d'abord exhortés au retour à la vraie foi, se verront, en cas d'opiniâtreté, déférés aux tribunaux de l'Inquisition.
Extrait des Grandes Chroniques de France, XIVe siècle.
En mentionnant le roi de France mais non le roi d'Aragon, qui revendiquait traditionnellement la suzeraineté de ces régions et avait déjà plusieurs fois tenté d'arrêter ou de modérer la croisade, ces statuts décidèrent sans doute Pierre II d'Aragon à répondre favorablement à la demande d'aide de Raimond VI.
Fort de sa qualité de vassal du Saint-Siège et de sa réputation de pourfendeur d'hérétiques dans ses États, auréolé du prestige de sa participation décisive à l'éclatante victoire des chrétiens d'Espagne sur les musulmans à Las Navas de Tolosa le 16 juill. 1212, il obtint d'abord d'Innocent III la condamnation des abus de Simon de Montfort et des croisés.
Mais ceux-ci réussirent à influencer le pape, et Pierre II se résigna à la guerre. À Muret, le 12 septembre 1213, Simon de Montfort mit en déroute l'armée aragonaise de Pierre II, qui fut tué au début de la bataille.
Cet événement confirma sans doute une évolution qui depuis faisait basculer le Languedoc vers la France : il ne serait pas espagnol.
Raimond VI ne se soumettant pas, Simon de Montfort obtint du IVe concile de Latran en 1215, et à la demande d'Innocent III, la déchéance du comte dont toutes les terres, y compris Toulouse, lui furent attribuées.
Le fils de Raimond VI, Raimond VII, ne conservait que Nîmes, Beaucaire et les possessions provençales de la maison de Saint-Gilles.
Mais les Toulousains, oubliant leurs dissensions, se révoltèrent avec Raimond VI. Au cours d'un nouveau siège, Simon de Montfort fut tué par une pierre le 25 juin 1218. Sa mort provoqua la débandade de la maison de Montfort et des croisés. Raimond VII, qui recueillit l'héritage de son père mort en 1222, reconquit tous ses États sur le fils de Simon de Montfort.

La croisade royale de 1224 à 1229

Philippe Auguste, luttant contre l'Angleterre et contre l'Empire, et le plus souvent en mauvais termes avec la papauté, n'avait pas voulu intervenir directement en Languedoc, se contentant d'y sauvegarder la suzeraineté française.
Son fils, Louis VIII, roi de 1223 à 1226, après avoir repris le Poitou aux Anglais en 1224, se tourna vers le Midi, auquel il s'était vivement intéressé dès le règne de son père. Après l'excommunication de Raimond VII par le concile de Bourges, le 28 janvier 1226, et le ralliement de nombreux seigneurs méridionaux, il répondit à l'appel du pape en s'emparant des terres des Trencavel et du Languedoc septentrional et oriental rattachées au domaine royal, sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne mais renonça à attaquer Toulouse.
Louis VIII mourut sur le chemin du retour. Raimond VII cessa toute résistance à la fin de 1228.
La conférence de Meaux, dont les conclusions furent ratifiées par le traité de Paris, rétablit la paix entre le roi de France et le comte. Raimond VII conservait le comté de Toulouse et le Lauragais.
Mais, après sa mort, ces terres devaient revenir à Alphonse de Poitiers, frère du jeune roi Louis IX, qui devait épouser la fille du comte.
Si le couple n'avait pas d'héritier direct, elles seraient annexées au domaine royal.
Le roi de France gardait les terres languedociennes conquises en 1226.
Les clauses du traité de Paris jouèrent dès le XIIIe siècle. À la mort de Raimond VII en 1249, Alphonse de Poitiers et Jeanne de Toulouse lui succédèrent.
Comme ils disparurent en août 1271 sans laisser d'héritier, le comté de Toulouse fut alors réuni au domaine royal qui avait absorbé tout le Languedoc, à l'exception du comté de Foix, demeuré sous la suzeraineté royale.

Les derniers soubresauts hérétiques. Montségur de 1230 à 1244
À partir de 1229, la lutte de l'Église contre les hérétiques prit la forme de l' Inquisition, organisée par le pape Grégoire IX en 1233 et confiée aux ordres mendiants – et surtout aux dominicains.
Elle se heurta à une résistance clandestine. Il y eut pourtant des violences dans les villes, à Narbonne de 1233 à 1235, à Cordes 1233, à Albi 1234, et surtout à Toulouse d'où les dominicains furent expulsés en novembre 1235.
Les victoires de Saint Louis sur les Anglais à Taillebourg et à Saintes persuadèrent le comte, qui avait repris la lutte, de faire la paix avec le roi en 1242. Désormais et jusqu'à sa mort, il lui resta soumis et persécuta à son tour les hérétiques.

Inquisition

L'ordre des Dominicains prit une part active au tribunal de l'Inquisition créé par la papauté au début du conflit.

Un millier de cathares s'étaient réfugiés dans le château de Montségur, vaste forteresse sur un piton dans le comté de Foix.
Montségur résista près d'un an, du 13 mai 1243 au 14 mars 1244.
Les deux cents hommes et femmes qui y étaient restés et qui refusèrent d'abjurer le catharisme furent brûlés le 16 mars 1244.
Cet épisode militaire local marque traditionnellement la fin de la résistance armée des cathares. Une auréole légendaire continue d'entourer cet épilogue héroïque et tragique de la croisade contre les albigeois.
La croisade contre les albigeois soulève interrogations et passions.
Les origines de la croisade, les caractères de la lutte et la personnalité de certains protagonistes – Raimond VI surtout – les raisons de la défaite finale des Méridionaux, l'importance des conséquences du conflit pour l'Église, pour le Languedoc et l'unité française, restent sujets à contestations et même à affrontements scientifiques, idéologiques, sentimentaux.
Les origines de la croisade mettent en cause l'importance de l'hérésie d'une part, les motifs des croisés de l'autre.
Il semble qu'il ne faille ni exagérer ni minimiser le nombre et l'influence des hérétiques en Languedoc. Par-delà la force de leurs convictions et le caractère radical de leur opposition à l'Église, les hérétiques furent dangereux pour leurs ennemis parce que l'hérésie avait cristallisé les mécontentements politiques et sociaux.
Mais l'analyse, qui n'a pas été sérieusement tentée, de la participation des différentes catégories sociales à l'hérésie et à la lutte contre les croisés – qui ne fut pas toujours le fait des seuls hérétiques – est délicate.
Une partie importante de l'aristocratie laïque – par haine de l'Église et par souci de ne pas se couper de ses sujets, et en particulier de la bourgeoisie urbaine – ainsi que des clercs gagnés à la doctrine hérétique ou indignés par le comportement du haut clergé, des bourgeois nouveaux riches surtout et des artisans urbains ou ruraux, parmi lesquels les contemporains mettent en vedette les tisserands, ont fourni à la résistance à la croisade des contingents notables.
L'hostilité aux étrangers, aux Français, qui semble ne s'être développée qu'au fur et à mesure de la conquête, a souvent uni dans la lutte des populations hétérogènes. La participation à la résistance des couches inférieures de la société urbaine et rurale paraît avoir été faible.
Petits artisans, manœuvres, paysans endettés à l'égard de la bourgeoisie souvent hérétique ou opprimés par des seigneurs alliés à ces hérétiques ont même, semble-t-il, assez bien accueilli les croisés, puis l'administration royale. Les succès obtenus, pendant un temps, à Toulouse par le farouche évêque Foulque de Marseille ne s'expliquent probablement pas seulement par ses méthodes terroristes.
Sa milice, la Confrérie blanche, constituée de militants orthodoxes et dirigée autant contre les usuriers que contre les cathares, a surtout recruté ses membres dans le petit peuple encadré par certains représentants de la vieille aristocratie bourgeoise, dépossédés de leur rang par les nouveaux riches.
Si les motifs proprement religieux ont pu jouer chez les croisés, il reste qu'à la différence des expéditions en Terre sainte, le souci de profiter d'une fructueuse entreprise l'a emporté au sein des deux catégories qui ont fourni la majorité des armées croisées et de leur encadrement : les petits seigneurs du Nord et les indigents de toute sorte, pauvres, déclassés et aventuriers. Les motivations économiques – essentiellement le pillage et l'acquisition de terres – ont dominé les motivations commerciales qui n'ont probablement joué, consciemment, qu'un rôle négligeable. Les avantages immédiats de la croisade protection de leurs possessions, impôts spéciaux, butin) ont suffi aux quelques grands seigneurs qui se sont croisés.
Ils n'ont pas été tentés par le Midi turbulent dont l'économie rurale était pauvre au sein de petits domaines morcelés en alleux nombreux, en seigneuries démantelées par les pratiques successorales, et par l'acharnement de l'Église à faire respecter les interdictions canoniques de mariages consanguins. L'activité commerciale de ces régions, situées loin des grands axes de circulation nord-sud, était médiocre.
En 1209, le duc de Bourgogne, le comte de Nevers et le comte de Saint-Pol refusèrent les terres des Trencavel que Simon de Montfort accepta par la suite. Celui-ci fut abandonné par beaucoup de ses compagnons.
L'hypothèse selon laquelle des haines nationales se seraient déchaînées au cours de la croisade doit être ramenée à ses justes proportions. Certes, par leurs brutalités, les croisés apparurent de plus en plus comme des étrangers aux yeux des Méridionaux, sans que d'ailleurs ceux-ci les identifient à l'ensemble des Français. L'accueil reçu par Louis VIII le prouve.
Il est vrai aussi que beaucoup de croisés méprisaient les Méridionaux et, dans leur incompréhension, les traitaient de menteurs et de parjures, exactement comme les croisés de Terre sainte ou d'Espagne le faisaient des musulmans, et comme les missionnaires du XIIIe siècle allaient le faire des Mongols.
Enfin, le comportement des croisés, s'il ne dépassa pas en cruauté les mœurs féodales de l'époque, fut toutefois exceptionnel par la qualité et la quantité des victimes. Les habituels raids féodaux et sièges de châteaux forts n'étaient pas aussi meurtriers que le furent les opérations menées par les croisés, opérations dirigées surtout contre les villes dont les habitants étaient exterminés pour la plupart.
La chrétienté n'avait pas encore connu à l'intérieur de ses frontières pareil déchaînement de férocité, masquée par le fanatisme religieux.
algré tous ces arguments, les sentiments nationaux, les différences de civilisation et de mentalité n'étaient pas encore assez affirmés pour devenir des ressorts importants du conflit.
Les causes de la défaite des Méridionaux sont plus claires. Sauf à de rares moments, ils ne parvinrent pas à surmonter, face aux croisés, leurs dissensions sociales, politiques et religieuses.
Ils étaient soumis à la pression de grandes puissances antagonistes et tentaculaires : la France au nord, l'Angleterre à l'ouest, l'Aragon au sud. Ces données rendaient difficile le jeu d'un Raimond VI, qui avait eu maille à partir avec ses bourgeois, toulousains et nîmois entre autres, avec ses vassaux aussi, et qui se méfiait de ses puissants voisins.
Il ne faut pas non plus minimiser le climat psychologique qui affaiblit la résistance : une croisade était en chrétienté un événement impressionnant, et la religion des cathares, qui leur interdisait le recours à la violence, contribua à les paralyser.
Enfin la faiblesse des structures économiques et sociales du Midi jouèrent contre lui. La prolifération des bourgs avait provoqué une urbanisation parasitaire qui affaiblissait l'économie rurale sans animer pour autant un artisanat et un commerce d'importance. La féodalité du Midi, mal connue, était à coup sûr trop lâche pour encadrer la société comme le faisait la féodalité du Nord.
L'égale faiblesse du quadrillage ecclésiastique, qui ne bénéficia pas d'un essor monastique comparable à celui des régions voisines aux XIe et XIIe siècles, favorisa le développement de l'hérésie, mais la priva de l'organisation et de l'esprit communautaires qui auraient soutenu sa lutte.
Il reste que le bilan négatif de la croisade fut lourd pour le Languedoc et pour la chrétienté.

Si la croisade favorisa le rattachement du Languedoc à la France du Nord, cette intégration du Midi à un ensemble national ne lui apporta pas que des avantages. Plus que les destructions et les aspects d'exploitation coloniale qui accompagnèrent l'installation des gens du Nord en Languedoc, c'est la pétrification, par la croisade, de faiblesses autochtones séculaires qui accrut sa stagnation économique et sociale. La lutte victorieuse contre l'usure supprima des abus, mais stérilisa aussi beaucoup d'activités précapitalistes englobées par l'Église dans sa réprobation de l'usure.
L'installation de l'administration française augmenta le parasitisme urbain au détriment du développement des campagnes et provoqua la prolifération d'un secteur tertiaire envahi par toute une catégorie de rentiers, d'hommes de loi, de fonctionnaires, et par un clergé triomphant et pullulant.
Cette perversion de l'idéal de la croisade il y faut ajouter l'antisémitisme importé par les croisés dans le Midi et les abus de l'Inquisition qui la prolongea jetèrent, dès le XIIIe siècle, le discrédit sur la chrétienté.
Ce discrédit contribua à saper l'unité morale d'un monde où, à l'image du destin du Languedoc, l'évolution historique tendait, certes, à constituer de plus grands ensembles nationaux, mais au détriment de l'unité chrétienne.


Liens

Raymond VI
http://youtu.be/9VejmEBj_Yo Les Cathares documentaire
http://www.youtube.com/watch?v=Y8lx5I ... ZIUF7w7BpKqV7LwlKvga7Azvq Cathares et inquisition Le génocide oublié
http://youtu.be/aSjwy-xRhfg Les Albigeois

La France en 1180


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Posté le : 26/10/2013 23:35
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
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