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Vincenzo Bellini
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Le 3 novembre 1801 à Catane en Sicile naît Vincenzo Bellini

Vincenzo Bellini est l'un des représentants majeurs de ce qu'il est convenu d'appeler le second bel canto, et il en est sans doute le plus attachant.
Son œuvre, moins abondante que celle de Donizetti, évite la vulgarité qui dépare certaines partitions du compositeur de Bergame, dans les moments les moins bons.
Elle est plus homogène que celle de Rossini. Mais elle reste relativement stable, et on chercherait en vain chez Bellini la transformation puissante qu'a connue l'art de Verdi.

Élevé à Naples, au conservatoire de San Sebastiano, il a pour maîtres de composition Giovanni Furno, Giacomo Tritto et Niccolò Antonio Zingarelli'.
Il n'a pas encore terminé ses études lorsqu'il fait représenter sur la scène du conservatoire un petit opéra intitulé Adelson e Salvini, joué par trois de ses disciples.
La fortune semble, dès ses débuts, le prendre en main car il se voit presque aussitôt chargé d'écrire pour le Teatro San Carlo le premier de Naples Bianca e Gernando, joué en 1826 par Giovanni Battista Rubini, Luigi Lablache et la soprano Adelaide Tosi. L'ouvrage est si bien reçu que Bellini est immédiatement invité à composer pour la Scala de Milan Il pirata (1827), qui obtient un succès éclatant.
La dizaine d'opéras qu'il a laissés, d'Adelson e Salvini 1825 aux Puritains 1835, témoigne, malgré le passage de Naples à Paris, d'une continuité qui peut même donner l'impression d'un même opéra perpétuellement repris et recommencé.
Fils d'un maître de chapelle, il révéla un talent précoce de compositeur et fut envoyé parfaire ses études au conservatoire de Naples auprès de Zingarelli, l'adversaire de Rossini. Son inclination première pour le style d'église et la musique ancienne se retrouve dans ses compositions de jeunesse dont on retient aujourd'hui quelques mélodies et un Concerto pour hautbois et cordes.

La disparition prématurée de Bellini a privé l'histoire de l'opéra du seul très grand rival qu'aurait eu Verdi ; contemporain de Pacini, Mercadante et Donizetti, il occupa une position déterminante entre le retrait de Rossini, en 1829, et l'avènement véritable de Verdi en 1842. Au confluent d'un art encore aristocratique et de la poussée romantique, il réalisa dans son œuvre l'union parfaite entre la beauté classique et le thème de l'exaltation du héros ­ ou plus souvent de l'héroïne ­ condamné par le sort. Son culte des formes et des techniques du passé nous est attesté par une vingtaine de compositions religieuses écrites de 1810 à 1825 et par 7 symphonies de jeunesse, tandis que ses Polonaises pour piano à quatre mains ainsi que celle de son Concerto pour hautbois nous le montrent déjà sensible à l'art de Weber. N'oublions pas que son maître Zingarelli, tenant du vieil opera seria, n'avait pu l'empêcher de prêter une oreille favorable aux réformes novatrices de Rossini, et que Naples était en outre la ville la plus ouverte aux créations françaises et allemandes.
Ayant étudié l'œuvre de Haydn et, surtout, celle de Mozart, il fut sensible aux courants nouveaux et se trouva naturellement en parfaite communion spirituelle et artistique avec Chopin : de là naquit le frémissement jusque-là inconnu qui parcourt son écriture mélodique expressive, à la respiration plus ample, plus incantatoire et moins mesurée l'invocation Casta diva, dans Norma, qui renouait avec la liberté rythmique monteverdienne la sprezzatura mais héritait encore de la virtuosité belcantiste, exempte d'effets de puissance dans l'aigu.

On note encore, chez Bellini, soit le recours à la formule ancienne des structures par morceaux isolés, soit celle des vastes architectures ouvertes : dans les Puritains, certains actes se déroulent sans solution de continuité.
Enfin, les cahiers d'esquisse de Bellini, aussi éloquents que ceux de Beethoven, révèlent que le don mélodique n'était chez lui que le fruit d'un long labeur, et que, afin de mieux laisser à la voix le contenu émotif du drame, il épurait sans cesse l'harmonie et l'orchestration pour n'en garder que le substrat, ce qui l'a fait méjuger au début du xxe siècle, époque où les paramètres esthétiques se référaient à l'harmonie wagnérienne ou debussyste.
Notre époque a remis à sa vraie place ce compositeur, dont le monde sonore offre une intime parenté avec celui de Chopin.
Bellini est considéré comme l'un des plus grands mélodistes lyriques, ayant influencé Chopin.

Sa personnalité musicale peut difficilement se laisser catégoriser dans un schéma historico-stylistique.
Tout en demeurant fidèle aux concepts musicaux hérités des grands compositeurs qui l'ont précédé, Bellini fut un tenant de la primauté du chant. Toutefois, en son temps, Stendhal soulignera dès la straniera la rupture stylistique avec la tentative rossinienne de renouveler les formes de l'opéra baroque, Bellini participant à la suite de Cherubini et Spontini à la promotion d'un style classique.
Doué d'un prodigieux génie mélodique, il consacra sa vie à la composition et brilla dans l'art de créer des mélodies d'une parfaite limpidité. Certains critiques lui reprochent une légèreté dans l'accompagnement. Il construit ses harmonies et orchestrations de manière simple, mais il excelle dans l'expression des sentiments tendres et mélancoliques.
Il apporta à Milan puis à Paris l'aura de la culture méditerranéenne antique que l'Europe avait idéalisée dans le classicisme. Ce renouveau enthousiasma tellement Wagner qu'il choisit la Sicile pour situer son opéra Das Liebesverbot, oder Die Novize von Palermo, adoptant la clarté du langage lyrique de Bellini.

Une carrière de dix ans

Vincenzo Bellini est encore aujourd'hui l'orgueil de cette ville, qui lui a dédié son théâtre, le Teatro Massimo Bellini, inauguré le 31 mai 1890, avec Norma. La protection d'un riche seigneur a permis à cet enfant d'une famille modeste d'être admis au Real Collegio di Musica de Naples, alors dirigé par Niccolò Zingarelli. Il est remarqué par le puissant impresario Domenico Barbaja, qui va l'orienter vers le théâtre lyrique et l'aider dans sa carrière.

Entre le 11 et le 15 février 1825, Adelson e Salvini, un dramma semiserio en deux actes, est créé au Real Collegio di Musica di San Sebastiano de Naples. Le deuxième ouvrage lyrique de Bellini, un melodramma en deux actes, connaîtra deux versions : Bianca e Fernando, créé au Teatro San Carlo de Naples le 30 mai 1826, et Bianca e Gernando, créé au Teatro Carlo Felice de Gênes le 7 avril 1828. Mais la notoriété de Bellini date surtout d'un mélodrame lyrique en deux actes, Il Pirata, pour lequel il s'est associé pour la première fois comme librettiste Felice Romani : l'œuvre est créée à la Scala de Milan le 27 octobre 1827. Suivra deux ans plus tard le 14 février 1829, sur la même scène, celle du mélodrame en deux actes La Straniera, également sur un livret de Romani.

Puis les théâtres changent, en Italie d'abord : Zaira, tragedia lirica en deux actes sur un livret de Romani, est créée au Teatro Ducale de Parme le 16 mai 1829, la tragedia lirica en deux actes sur un livret de Romani I Capuleti e i Montecchi le 11 mars 1830, à La Fenice de Venise. Pour ce dernier ouvrage, Bellini reprenait un sujet déjà traité par son maître Zingarelli dans son Giulietta e Romeo (1796), dont un air restera traditionnellement inséré lors des représentations de l'œuvre de l'élève.

Pour le melodramma en deux actes sur un livret de Romani La Sonnambula, créé le 6 mars 1831 au Teatro Carcano de Milan, Bellini bénéficie, pour le rôle-titre (Amina), d'une cantatrice d'exception, Giuditta Pasta, à laquelle son destin de compositeur semble désormais lié. Giuditta Pasta tiendra encore les rôles-titres lors des créations de Norma, à la Scala, le 26 décembre 1831, et de Beatrice di Tenda, à La Fenice, le 16 mars 1833.

L'échec de cette dernière œuvre incitera Bellini à renoncer à la collaboration avec Romani et à se rendre à Londres, puis à Paris.
Il va disposer d'un quatuor vocal exceptionnel – Giulia Grisi Elvira, Giovanni Battista Rubini Arturo, Antonio Tamburini Riccardo et Luigi Lablache Giorgio – pour la création de son nouvel opéra, qui sera le dernier, I Puritani, le 24 janvier 1835, au Théâtre-Italien, à Paris, dont le librettiste est Carlo Pepoli.

Vincenzo Bellini meurt à Puteaux, près de Paris, le 23 septembre 1835, dans des conditions qui restent mystérieuses. Mais la thèse de l'empoisonnement a perdu de son crédit au profit d'une brève maladie qui sans doute l'emporta prématurément.

Situation de Bellini

Encore élève, Bellini écrivit l'opéra Adelson e Salvini 1825, dont la perfection formelle fit voir en lui le successeur de Rossini, celui-ci ayant définitivement quitté l'Italie. Le théâtre San Carlo de Naples lui commanda aussitôt Bianca e Fernando 1826 et la Scala de Milan, le Pirate 1827, sur un poème de Felice Romani, le librettiste italien alors le plus en renom.
Il donna ensuite, avec des fortunes diverses, la Straniera Milan, 1829, Zaïra Parme, 1829, I Capuleti e i Montecchi Venise, 1830, puis, en 1831, à Milan, la Somnambule et Norma au succès desquelles contribua considérablement la cantatrice Giuditta Pasta, cependant que la société féminine des salons de la capitale lombarde voyait en Bellini l'image de l'idole romantique, sorte de héros byronien consumé par le mal du temps.
Après avoir donné, à Venise, Beatrice di Tenda 1833, Bellini quitta l'Italie, puis, au retour d'un bref voyage à Londres, s'établit à Paris, où, protégé par Rossini, il se lia notamment avec Chopin et écrivit pour le Théâtre des Italiens les Puritains 1835.


il est mort le 23 septembre 1835 à Puteaux Hauts-de-Seine, en France.Emporté à presque 34 ans par une tumeur intestinale, Bellini a laissé malgré sa courte carrière des opéras parmi les plus joués du répertoire lyrique, dont La sonnambula 1831, Norma 1831 et I puritani 1835.

Le terrible critique Paul Scudo, consacrant en juillet 1848 quelques pages à Donizetti et l'école italienne depuis Rossini à l'occasion de la mort du compositeur à Bergame, savait rendre hommage au maître de Catane, Vincenzo Bellini : celui-ci, note-t-il, échappe à l'influence de Rossini, et s'inspire directement des maîtres du XVIIIe siècle.
Il procède particulièrement de Paisiello, dont il a la suavité, et dont il aime à reproduire la mélopée pleine de langueur.
À cet égard, la Somnambule serait la fille de Nina, l'héroïne de Paisiello.
Trait d'union dans le temps, Bellini est aussi un trait d'union dans l'espace.
Venu à Paris, le compositeur, dont les mérites n'ont jamais été égalés à ceux du maître de Bonn, semait à tous vents, avec une infatigable profusion, des mélodies magnifiques et de la plus rare qualité, les distribuant gratuitement comme il les avait reçues, sans même penser à se reconnaître le mérite de les avoir enfantées. Selon Scudo, Beethoven a constitué à la musique un patrimoine qui semble n'être dû qu'à son labeur obstiné. Bellini a reçu la mélodie sans avoir eu la peine de la demander, comme si le Ciel lui avait dit : „Je te donne tout juste ce qui manquait à Beethoven.
Le risque serait d'accentuer un tel contraste, de ne parler que de la grâce bellinienne, en négligeant la force dramatique de ce théâtre lyrique. Richard Wagner avait déjà su la reconnaître, qui dirigea Norma à Riga en 1837.

Au total, Bellini forme, selon Scudo, un tout exquis, plein de charme et de mystère (Paul Scudo, Critique et littérature musicales, première série, 3e édition, Hachette, 1856, pp. 93-94).
Le jugement du critique n'échappe pas à des poncifs qui sont aujourd'hui heureusement remis en question. Bellini, nature fine et délicate, serait un génie mélodique plus tendre que fort et plus ému que varié.
Il serait le musicien d'un instinct heureux, qu'une éducation hâtive n'avait pas suffisamment développé.
Son instrumentation serait généralement faible. Scudo en fait l'héritier des pâtres de sa Sicile natale, mais il lui reconnaît une qualité d'âme exceptionnelle.

Principales caractéristiques de son œuvre

Pour rendre justice à Bellini, il faut bousculer quelques idées reçues.
Il a fait de solides études musicales et son inclination première le portait au style d'église : nous avons conservé certaines de ses partitions sacrées.
L'art de Bellini repose sur la juxtaposition plus que sur l'insertion dans un développement savamment élaboré.
Mais il a un sens aigu de la progression dramatique, et l'invention mélodique n'est pas indépendante de cette dynamique.
Un air peut être exposé d'une manière brève, presque fugitive, tel l'air d'Arturo Eri tu dunque à l'acte I de La Straniera. Les scènes s'organisent en plusieurs mouvements enchaînés : ainsi pour le don de l'anneau à la fin de l'acte I de La Sonnambula.
Cette juxtaposition, qui incite le compositeur à jeter comme à pleines poignées ses inventions mélodiques, explique des reprises de motifs à l'intérieur d'un même opéra ou d'un opéra à l'autre.
En 1830, par exemple, Bellini a repris dans I Capuleti e i Montecchi, version plutôt lointaine du Romeo and Juliet de Shakespeare, les principaux éléments de sa Zaira antérieure.
Le propre du bel canto tel que le conçoit Bellini n'est pas l'abandon au chant pur, mais l'expression juste des passions.
C'est faute de l'avoir compris que Stendhal s'est montré injuste à l'égard du maître de Catane, et en particulier de La Straniera, une œuvre magnifique et injustement négligée, qui ne se réduit pas au mélodrame L'Étrangère, de Charles-Victor Prévôt, vicomte d'Arlincourt, qui en constitue la trame.
Le moment essentiel, dans un opéra de Bellini, est celui du gel, qui marque un arrêt dans la progression du drame.
Le sublime est atteint lorsque ce suspens conduit à une extase : la cantilène d'Imogene dans Il Pirata Col sorriso d'innocenza, l'aria d'Isoletta dans La Straniera Ah ! se non m'ami più.
Cette caractéristique est celle de Casta Diva, moment absolu de bel canto, sur un accompagnement d'arpèges et avec le déploiement éperdu de la flûte.
Mais, comme dans Le Lac de Lamartine, le sentiment d'un temps immobilisé ne peut être qu'une illusion, et le drame l'emportera.
Si Norma cède à la pente d'une rêverie nostalgique, qui se déploie en de nombreuses fioritures, sa prière à la Lune se transforme en une supplication secrètement adressée au proconsul romain, Pollione, pour qu'il redevienne celui qu'il était et pour qu'il la gratifie à nouveau d'un amour qui aurait retrouvé toute sa fraîcheur d'antan.

Il n'y a pas un opéra de Bellini qui éclipserait tous les autres, même pas le plus célèbre d'entre eux, Norma.
On ne peut qu'être frappé par l'unité de l'ensemble de sa production.
l ne faut négliger ni Bianca e Fernando, ni même Adelson e Salvini, les œuvres de ses débuts. Zaira constitue un très bon exemple de fidélité et de liberté à la fois, dans le traitement que fait subir son librettiste préféré, Felice Romani, au texte de la tragédie Zaïre de Voltaire, avec par exemple le dédoublement du personnage de Corasmino.
D'un point de vue technique, Les Puritains est sans doute l'œuvre qui va le plus loin, les actes cessant d'être une succession de morceaux et se resserrant dans une nouvelle unité. En France d'ailleurs, à sa mort, en 1835, Bellini était avant tout considéré, par Balzac par exemple, comme le compositeur des Puritains.

D'une Norma à l'autre

Pour nous, Bellini est d'abord, c'est vrai, l'auteur de Norma.
À son époque, cet opéra, d'abord médiocrement accueilli, était parvenu peu à peu à plaire au public.
Les Martyrs de Chateaubriand 1809 avaient mis la Gaule à la mode : un opéra druidique ne pouvait que toucher.
Et la cavatine chantée à la Lune par Norma sa prêtresse, Casta Diva, interprétée alors par Giulia Grisi, naguère par Maria Callas ou par Montserrat Caballé, aujourd'hui par June Anderson, reste une des expressions les plus pénétrantes et les plus nostalgiques du genre humain ; quant au finale de Norma, il s'agit de l'une des plus belles scènes qui soient au théâtre lyrique.
Théophile Gautier reconnaissait que dans cette partition "l'instinct passionné de l'art s'élève de lui-même à ce que la science a de plus élevé, et que l'inspiration plane sans peine bien au-delà des régions que l'étude peut atteindre".

Fallait-il pour cela dépasser la tragédie d'Alexandre Soumet ? Plus que jamais se pose le problème du livret, mais d'un livret ici transcendé par une musique géniale. On aurait tort de croire que le compositeur romantique s'inspire toujours nécessairement d'un écrivain romantique.
Sans doute Bellini s'est-il intéressé à Ernani, sans véritablement aboutir, et avant que Verdi ne traite le sujet.
Mais il a composé son premier opéra, Adelson e Salvini, d'après une anecdote anglaise de François-Thomas-Marie de Baculard d'Arnaud, un écrivain du XVIIIe siècle, son cinquième, Zaira, d'après une tragédie de Voltaire.
Pour son huitième opéra, Norma, en 1831, au milieu de sa carrière, la situation est beaucoup plus ambiguë.
En effet, l'écrivain français – Alexandre Soumet 1786-1845 – dont le librettiste Felice Romani a tiré le texte est un néo-classique et un romantique à la fois. Bellini se situera donc à certains égards au-delà et à certains égards en deçà de lui

C'est au théâtre qu'Alexandre Soumet doit ses plus grands succès, à partir de Clytemnestre en 1822, dont le jeune Victor Hugo loue les beaux vers.
Norma, sa nouvelle tragédie, vient en 1831, après Cromwell et sa Préface 1827, et surtout après Hernani, enjeu en 1830 de la célèbre bataille théâtrale qui a abouti au triomphe de Hugo et du drame romantique.
Il fallut la musique de Bellini pour sauver une pièce de théâtre qui était trop romantique pour les classiques, trop classique pour les romantiques.
Soumet avait d'ailleurs collaboré auparavant à des opéras, en particulier au Siège de Corinthe de Rossini (1826). Il a signé Norma, tragédie en cinq actes, avec Jules Lefèvre, un jeune auteur qui, dit-il, promet à la France d'avoir un jour son lord Byron.

La première représentation de la pièce eut lieu le 6 avril 1831 au Théâtre royal de l'Odéon.
Le texte est publié par l'éditeur Barba la même année. L'intention était d'introduire le christianisme dans le monde païen, avec le personnage de Clotilde, présentée comme nourrice chrétienne.
La jeune Adalgise elle-même est tentée par cette nouvelle religion.
Mais Norma, la grande prêtresse du dieu Irminsul, reste la rebelle et montrera, dans la fin de la tragédie, la grandeur païenne d'une Médée. Au contraire, dans le livret écrit par Felice Romani à l'intention de Bellini, l'imagerie chrétienne disparaît, ce qui n'empêche pas le drame d'évoluer vers une rédemption qui est la forme romantique du christianisme.

L'ambiguïté est sensible dès le cadre initial : l'action se déroule en Gaule, pendant l'occupation romaine, à une époque indéterminée. Le décor est constitué par le bois sacré des Druides, avec, au milieu, le chêne du dieu Irminsul et, au pied de l'arbre, une pierre druidique servant d'autel. Il devrait donc s'agir d'une représentation païenne.
Mais on songe aux Martyrs de Chateaubriand, où l'écrivain avait voulu montrer comment, dans un monde païen qui mourait de l'excès de son propre principe, sous le poids de la nature et de la volupté, les vertus éparses elles-mêmes ne pouvaient s'épanouir si elles n'étaient éclairées par la flamme de la foi chrétienne.
On attend avec curiosité et impatience ce qui peut être, dans la Norma de Soumet, l'équivalent du célèbre moment de l'invocation à la Lune.
Quand la grande prêtresse apparaît, elle est l'analogue de la Velléda des Martyrs. Pourtant, la situation n'est pas la même : Norma est liée au proconsul Pollion, dont elle a deux fils, Clodomir et Agénor. Elle va être délaissée par son amant au profit d'une jeune Gauloise qui doit elle-même devenir prêtresse, Adalgise.

Les enfants de Norma sont des personnages à part entière chez Soumet on le voit clairement au début de l'acte II de la tragédie.
Ils ne sont que de simples figurants dans l'opéra. Romani a supprimé tout cet épisode, qu'il a sans doute considéré comme faible et inutile, et qui serait assurément languissant et fastidieux dans un ouvrage lyrique.
Le résultat est heureux : le début de l'acte II est un grand moment dans la Norma de Bellini, et il correspond plutôt, assez vaguement d'ailleurs, au début de l'acte III de Soumet.

Romani a choisi, en plein accord avec Bellini, d'ouvrir le troisième acte sur la méditation saisissante de Norma seule, donc sans dialogue avec les enfants.
Tout se passe alors comme si l'héroïne évacuait de sa pensée le décevant Pollione, à la faveur du chant libérateur, qui atteint le sommet de son intensité. Les scènes 2 et 3 de l'acte III de Soumet sont regroupées dans la scène 3 de Romani-Bellini, pour le célèbre duo Mira, o Norma.
Mais la promesse faite par Adalgise de faire renaître l'amour de Pollione pour Norma ne sera pas tenue. D'où l'inévitable déclenchement de la guerre.
Soumet, dans le même passage, se montrait encore une fois plus proche de Chateaubriand qui, avec Racine, est son grand modèle littéraire et reste proche de ses choix idéologiques.

Dans la tragédie française, à la scène 4 de l'acte IV, Pollion est fait prisonnier dans le bois sacré. Norma exerce d'abord sur lui une manière de chantage, mais elle ne peut s'empêcher ensuite de laisser éclater sa générosité. Curieusement, Soumet allait jusqu'à envisager, dans l'acte V, une possible conversion de Norma à la religion chrétienne.
Il se rabattait en définitive sur un dénouement païen et plutôt désespéré. Le couple était promis au bûcher, mais Adalgise, pardonnée, était sauvée, tandis que Norma, en proie, telle Médée, au furor, précipitait ses deux fils dans la mort.

Romani s'est écarté d'un tel mélange de Sénèque et de Racine. Et Bellini, qui semblait pourtant avoir une prédilection pour les scènes de folie, a refusé cette fois cette possibilité trop facile. Pollione est éperdu devant la conduite sublime de Norma. Oroveso lui-même, l'Orovèse de Soumet, le père de Norma, le chef des Gaulois, est bouleversé.
L'opéra y gagne en humanité par rapport à la tragédie française, un peu raide, et peu nuancée dans sa psychologie.

Avec Norma, Romani et Bellini ont atteint le sublime sans le secours du christianisme, en faisant appel à une rédemption toute romantique et en faisant confiance au déploiement du cantabile. Ce qui explique la place exceptionnelle que tient cet ouvrage auprès de tous les publics depuis deux siècles.

Å’uvres

Opéras

Les opéras ci-après sont en deux actes sauf Adelson e Salvini et I puritani, en trois actes.
Liste des opéras de Bellini par ordre chronologique
Titre original Titre français Livret Genre d'opéra Première (date) Première (lieu)
Adelson e Salvini4 Adelson et Salvini Andrea Leone Tottola opera semiseria 12 février 1825 Naples: Real Collegio di Musica di San Sebastiano
Bianca e Gernando Bianca et Gernando Domenico Gilardoni opera seria 30 mai 1826 Naples: Teatro San Carlo
Il pirata Le Pirate Felice Romani opera seria 27 octobre 1827 Milan: Teatro alla Scala
Bianca e Fernando
(rév. de Bianca e Gernando)5 Bianca et Fernando Felice Romani opera seria 7 avril 1828 Gênes: Teatro Carlo Felice
La straniera L'étrangère Felice Romani opera seria 14 février 1829 Milan: Teatro alla Scala
Zaira Zaira Felice Romani opera seria 16 mai 1829 Parme: Teatro ducale
I Capuleti ed i Montecchi Les Capulets et les Montaigus Felice Romani opera seria 11 mars 1830 Venise: Teatro La Fenice
La sonnambula La Somnambule Felice Romani opera semiseria 6 mars 1831 Milan: Teatro Carcano
Norma Norma Felice Romani opera seria 26 décembre 1831 Milan: Teatro alla Scala
Beatrice di Tenda Béatrice de Tende Felice Romani opera seria 16 mars 1833 Venise: Teatro La Fenice
I puritani Les Puritains Carlo Pepoli opera seria 24 janvier 1835 Paris: Théâtre-Italien

Musique vocale de chambre

Monument à Bellini sur la Piazza Stesicoro à Catane.
(Les compositions ci-après sont, sauf indication contraire, pour une voix et piano.)
La farfallettta, canzoncina (petite chanson) (1813)
Dolente immagine, sur des vers de Giulio Genoino (?)
Non t'accostare all'urna, d'attribution incertaine, sur des vers de Jacopo Vittorelli
Quando verrà quel dì (1828?)
Venticiel che l'ali d'oro
Sei ariette da camera dedicate a Marianna Pollini (six ariettes de chambre dédiées à Marianna Pollini) (1829) :
Malinconia, ninfa gentile, sur des vers d'Ippolito Pindemonte
Vanne, o rosa fortunata
Bella Nice, che d'amore
Almen se non poss'io, sur des vers de Pietro Metastasio
Pour pietà, bell'idol mio, sur des vers de Pietro Metastasio
Ma rendi pur contento, sur des vers de Pietro Metastasio
Guarda che bianca luna, sur des vers de Jacopo Vittorelli (1832)
Vaga luna che inargenti, arietta (1833)
Soirées musicales
L'abbandono (1833-34)
L'allegro marinaro, ballata (Ballade)
La ricordanza, sur des vers de Carlo Pepoli (1834)
Odia la pastorella, sur des vers de Pietro Metastasio (1834)
O crudel che il mio pianto non vedi (1835?)
Rêve d'enfance, sur des vers d'Émilien Pacini
Les joyeux matelots
Viens, prier enfant, d'attribution incertaine, sur des vers de Bay-Harale
Dalla guancia scolorita, canon pour soprano, ténor et piano (1835)
Toujours verser des larmes!, sur des vers de Napoléon Crevel de Charlemagne (1835)
Chi per quest'ombre dell'umana vita, canon libre à quatre voix, vers de Giovanni Guidiccioni (1835)
Le souvenir présent céleste (1835)
Il fervido desiderio, arietta

Arias et cantates

Cour de la maison natale de Bellini, à Catane.
T'intendo, sì, mio cor, vers de Pietro Metastasio, pour quatre soprani, sans accompagnement
No, traditor non curo, aria pour soprano et piano (à l'origine probablement pour soprano et orchestre)
Sì, per te gran nume eterno, cavatine pour soprano et orchestre (avant 1825)
Gioite, amiche contrade, aria de Cerere, pour soprano et orchestre
E nello stringerti a questo core, aria pour voix et orchestre (avant 1825)
Torna, vezzosa Fillide, cantate pour soprano et accompagnement
Imene, cantate nuptiale pour soprano, deux ténors et orchestre (1824?)
Quando incise su quel marmo, scène et aria pour contralto et orchestre, vers de Giulio Genoino (?) (1824?)
Giacché tu dei lasciarmi, scène et aria pour voix et piano

Å’uvres vocales perdues

Scena ed aria di Cerere
Mancar mi sento il cor
Numi, se giusti siete, sur des vers de Pietro Metastasio
Amore, sur des vers de Carlo Pepoli
Malinconia, sur des vers de Carlo Pepoli
La speranza, sur des vers de Carlo Pepoli
Alla luna, sur des vers de Carlo Pepoli (1834-35)

Musique symphonique

Cénotaphe de Bellini au Cimetière du Père-Lachaise, réalisé par Carlo Marochetti.
(Toutes les œuvres ci-après furent composées avant 1825.)
Capriccio, ossia Sinfonia per studio en do mineur
Symphonie en si bémol majeur
Symphonie en ré mineur
Symphonie en ré mineur
Symphonie en ré majeur
Symphonie en ré majeur
Symphonie en mi bémol majeur
Symphonie en mi bémol majeur
Concerto pour hautbois et orchestre en mi bémol majeur

Musique pour piano

Allegretto en sol mineur
Capriccio en sol majeur pour piano à 4 mains
Polacca pour piano à 4 mains
Sonata en fa majeur pour piano à 4 mains
Pensiero musicale (édité par Francesco Paolo Frontini
Tema en fa mineur (~1834)

Musique pour orgue

Sonate en sol majeur
. toccata (from symphonie no 5 opus 42)

Musique sacrée

Inscription sur le tombeau de Bellini avec l'incipit de l'aria de La sonnambula :
« Ah! non credea mirarti / Sì presto estinto, o fiore .
Cathédrale Sainte-Agathe à Catane.
(Toutes les compositions d'église de Bellini remontent à la période de ses études, à savoir avant 1825.)
Compieta (Complies) (Å“uvre perdue)
Cor mundum crea en fa majeur, pour voix soliste et orgue
Credo en do majeur, pour 4 voix et orchestre
Cum sanctis
De torrente
Dixit Dominus pour voix soliste, 4 voix et orchestre
Tecum principium
Domine Deus
Gallus cantavit
Gratias agimus en do majeur, pour soprano et orchestre
Juravit
Kyrie
Laudamus te
Litanie pastorali in onore della Beata Vergine pour 2 soprani et orgue
Magnificat pour 4 voix et orchestre
Messa in Re maggiore pour 2 soprani, ténor, basse et orchestre (1818)
Messa in Sol maggiore pour 2 soprani, ténor, basse et orchestre
Messa in La minore pour soprano, contralto, ténor, basse, 4 voix et orchestre
Pange lingua pour 2 voix et orgue
Qui sedes
Qui tollis
Quoniam pour ténor, 4 voix et orchestre
Quoniam pour soprano et orchestre


Tombeau de Bellini,
Cathédrale Sainte-Agathe à Catane.
Salve regina en la majeur, pour 4 voix et orchestre
Salve regina en fa mineur, pour basse et orgue
Tantum ergo en ré majeur pour contralto et orchestre (1823)
Tantum ergo en mi majeur, pour voix soliste, chœur et orchestre (1823)
Tantum ergo en fa majeur, pour 2 voix et orchestre (1823)
Tantum ergo en sol majeur, pour soprano et orchestre (1823)
Tantum ergo con Genitori en si bémol majeur, pour soprano et orchestre
Tantum ergo con Genitori en mi bémol majeur, pour soprano et orchestre
Tantum ergo con Genitori en fa majeur, pour 2 soprani, 4 voix et orchestre
Tantum ergo en fa majeur, pour soprano et orchestre
Tantum ergo con Genitori en sol majeur, pour chœur et orchestre
Te Deum en do majeur, pour 4 voix et orchestre
Te Deum en mi bémol majeur, pour 4 voix et orchestre
Versetti da cantarsi il Venerdì Santo pour 2 ténors et orchestre
Virgam virtutis

Adaptations et reprises ultérieures

Le réalisateur hongkongais Wong Kar-wai a utilisé la musique de Bellini pour son long métrage 204610.
L'aria Casta diva, extrait de Norma, est l'un des airs les plus célèbres et les plus repris du répertoire lyrique. Il a été popularisé par Maria Callas et Montserrat Caballé.
Å’uvre en rapport

La Piazza Bellini, devant la Porta Capuana, à Naples.
Camille Roqueplan (1802-1855), Les Puritains d'Écosse, huile sur toile 81 x 64,5 cm, coll. du Musée de la Vie romantique, Hôtel Scheffer-Renan, Paris11.

Liens

http://youtu.be/kO3xQWhrePE La Norma
http://youtu.be/tGy0ZDoVIR0 la Norma par Callas
http://youtu.be/8r6td1jRvyo I puritani
http://youtu.be/8r6td1jRvyo Roméo et Juliette
http://youtu.be/Rg4L5tcxFcA Casta Diva Renée Fleming
http://youtu.be/s__RtL0ZdJ0 La straniera Patrizia Ciofi

Vincenzo Bellini - Sinfonia in re minore - II. Allegro con spirito

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Posté le : 03/11/2013 00:05
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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