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Léon-Paul Fargue
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Le 24 Novembre 1947, meurt Léon-Paul Fargue, à Paris dans le 6e arrondissement,

Ville où cet écrivain et poète français, est né le 3 Mars 1876


Aussi parisien que Baudelaire et, la plupart du temps, aussi désargenté, mais moins pathétique et pas du tout dandy ; aussi difficile que Mallarmé quant à l'utilisation du vocabulaire, aussi convaincu de la supériorité de la poésie, toutefois moins ambitieux de pensée, mais plus communicatif, plus attiré par le tumulte des sentiments, que l'auteur du Coup de dés jugeait indiscrets ; aussi déchiré, aussi vagabond que Verlaine, mais moins dissolu, Léon-Paul Fargue est de la même race que ses trois grands devanciers et doit être placé sur le même rang.
Du premier, il tenait le goût des marches solitaires dans les plis sinueux des vieilles capitales.
Comme Mallarmé, il partait de ce principe qu'il faut parler autrement que les journaux et entendait se présenter, dans le moindre texte, lavé de toute banalité.
Enfin, semblable en cela à Verlaine, qu'il connut également, il était sensible à l'inflexion des voix chères qui se sont tues et se demandait souvent ce qu'il avait fait de sa jeunesse.

Son originalité fut d'apporter des valeurs poétiques nouvelles en certains aspects de la durée infinie : la rêverie, la couleur, le souvenir, les règnes, les bruits de la terre et la solitude de l'homme devant le destin. D'offrir en même temps au vers et à la phrase une saveur à laquelle on goûtait pour la première fois, aux analogies et métaphores un agrément, mais surtout une vérité, et comme une nécessité sans exemple littéraire, du moins de cette qualité.
De plus, et cela compte particulièrement dans son cas, il était tel sur le papier qu'à la bouche, si bien que ses propos non moins que ses œuvres provoquèrent, dès ses débuts, l'enthousiasme des plus exigeants.

Un fantaisiste sérieux

Léon-Paul Fargue est né à Paris, de Marie Aussudre et de Léon Fargue, ingénieur, qui ne devait le reconnaître que seize ans plus tard ; ce dont il souffrira sa vie durant.
Presque toutes ses démarches seront guidées du subconscient par cette frustration, qui fournira la matière de maint récit.
Mais il n'oubliera pas non plus ce que son père, instruit de tout et tendre, lui fit visiter, écouter et feuilleter.
D'abord placé à l'institution de jeunes gens de la rue Montaigne, il fit ses études au collège Rollin, dont le professeur d'anglais était précisément Mallarmé, puis au lycée Janson de Sailly, où enseignait le pittoresque Émile Faguet.
Bachelier ès lettres, mais ne sachant encore s'il choisirait de continuer ses études, de peindre ou de versifier, Fargue commença par se plonger en d'immenses lectures d'où il émergea pourvu d'une mémoire extraordinairement riche et d'un esprit d'observation d'une grande justesse et d'une drôlerie qui souvent stupéfiait autant qu'elle amusait.
À vingt ans, il était déjà en relations parfois très amicales avec Claudel, Valéry et Gide, Debussy, Florent Schmitt, Henri de Régnier, Albert Thibaudet, Pierre Bonnard, Maurice Denis. Dès ce moment, en compagnie d'Alfred Jarry, son ancien condisciple, il vit autant la nuit que le jour. Tous deux s'éprennent à l'envi des merveilles de la belle époque, à commencer par la tour Eiffel, à continuer par les fiacres et le métro ; ensemble ils exploitent les trésors du verbe et s'entichent de haute caricature littéraire.
En 1907, Jarry meurt à trente-quatre ans, sans avoir pu réaliser toutes ses immenses promesses satiriques. Demeuré seul, Fargue fait son entrée dans le monde en fantaisiste sérieux et entreprend ses fameuses pérégrinations dans les milieux les plus étrangers les uns aux autres. Tancrède, le premier texte signé de lui, paraît dans la revue Pan en 1895, en volume en 1911. Poèmes et Pour la Musique en 1912 font sa réputation d'écrivain.
En 1924, il devient directeur de la revue Commerce ; en 1932, le prix de la Renaissance lui est décerné et il entre à l'académie Mallarmé.
À partir de 1943, frappé d'hémiplégie et marié à domicile avec la fille du critique Ernest-Charles, il reçoit chez lui, le dimanche, à son chevet, des écrivains, des peintres, des amis et continue d'être le causeur joyeux, d'une invention et d'une générosité toujours renouvelées, qu'il avait été pour tous les publics. Il meurt à Paris en 1947.

Ensemble symphonique

L'œuvre de Fargue est faite de proses poétiques et de poèmes déchirants ou cocasses où la sensibilité, l'ironie et l'émotion se répondent, de tableaux parisiens, d'improvisations sur les motifs les plus simples, de suites inspirées par la longévité de ses souvenirs d'enfance ainsi que de ses accommodements avec le monde populaire ou la vie privée des objets. Ensemble symphonique où se révèlent un lyrisme neuf, une sagesse indulgente, un grand esprit, et rendu, développé, voire joué dans une langue souple et diaprée qui n'appartient qu'à lui. Une langue qui tient souvent de la berceuse et de l'incantation sans s'écarter d'un style limpide, qui fait corps avec le sujet traité, le paysage évoqué, le passé interrogé, et communique insensiblement au lecteur le sentiment de la présence chaleureuse du narrateur, venu en camarade, avec une âme à la disposition de tous.

Humain, trop humain, démagogue s'il l'eût fallu, Fargue savait mettre en phrases, comme on met en musique, la douceur des bonnes amitiés, « le fumet de l'actualité pour tous qui cuit à feu doux dans les rues », la face cachée des choses données, le bruissement des familles, la mélancolie et la tendresse éparses. Une fois, dans Vulturne, il s'élève jusqu'aux visions cosmiques, invente son monde futur, issu du monde flagrant, en voie d'éclatement sur « les dernières occasions de la distance lumineuse ». Comme ses pairs en ce domaine métaphysique et onirique, Rimbaud, Lautréamont, Mallarmé, Valéry, il se voit pensant, imaginant et créant au milieu d'un chaos, il affronte son double, « se mire et se voit ange ». Mais toujours il y a la fraîcheur qui vient du cœur et y retourne. Bientôt la confidence perce et Fargue, à l'écoute de ses émotions, finit par inviter le lecteur à pénétrer dans son passé et à regretter avec lui l'affection familiale dont il fut si douloureusement privé.

Ceux qui l'ont connu et écouté savent que Fargue fut aussi un personnage doué d'un pouvoir d'adaptation, pour ne pas dire d'un mimétisme, peu commun. Si le poète et l'homme, l'écrivain et le citoyen ne se distinguaient pas, le causeur prenait le ton de chaque milieu, triomphait sur toutes les scènes et savait enchaîner les conversations mondaines aux conversations de café. Il lui plaisait d'écrire solennellement aux percepteurs et fonctionnaires imbus de principes, mais familièrement aux puissants, comme Marot à François Ier et Diderot à Catherine ; d'être aussi intime avec les grandes dames qu'avec les boutiquières, d'admirer le même jour des reliures d'art, des ustensiles ou des insectes. Toujours, en tous lieux, ses propos relevaient de la plus fine et de la plus agréable littérature. Personne n'aurait su s'installer aussi confortablement dans l'ubiquité. Ce fut son démon. S'il eut parfois la tentation des honneurs, ce n'était, précisément, que pour ne rien laisser dans l'ombre et avoir partout ses entrées de poète, pour se trouver dans le rayonnement de ce qui se passe, enfin pour ne pas manquer le bonheur promis.


Fargue s'exprime le plus souvent en vers libres, voire en prose, dans un langage plein de tendresse et de tristesse, sur des sujets simples, parfois cocasses, on l'a parfois comparé au photographe Robert Doisneau, plus rarement absolument onirique, voir Vulturne en 1928 cependant.
Parisien amoureux de sa ville, lire :D'après Paris, 1932 ; Le Piéton de Paris, 1939, il écrit aussi la solitude oppressante et noyée de nuit et d'alcool : Haute solitude en 1941.
Il est également un chroniqueur étincelant de la société parisienne : Refuges, Déjeuners de soleil, 1942, ou encore La lanterne magique 1944.
Il est frappé d'hémiplégie en 1943 et meurt en 1947 à Montparnasse, au domicile de sa femme, le peintre Chériane, sans avoir cessé d'écrire cependant.
Il était devenu membre de l'Académie Mallarmé en 1937. En revanche, il fut, en 1946, un candidat malheureux à l'Académie française.

Poème

Nocturne
Un long bras timbré d'or glisse du haut des arbres
Et commence à descendre et tinte dans les branches.
Les feuilles et les fleurs se pressent et s'entendent.
J'ai vu l'orvet glisser dans la douceur du soir.
Diane sur l'étang se penche et met son masque.
Un soulier de satin court dans la clairière
Comme un rappel de ciel qui rejoint l'horizon.
Les barques de la nuit sont prêtes à partir.
D'autres viendront s'asseoir sur la chaise de fer.
D'autres verront cela quand je ne serai plus.
La lumière oubliera ceux qui l'ont tant aimée.
Nul appel ne viendra rallumer nos visages.
Nul sanglot ne fera retentir notre amour.
Nos fenêtres seront éteintes.
Un couple d'étrangers longera la rue grise.
Les voix,
D'autres voix chanteront, d'autres yeux pleureront
Dans une maison neuve.
Tout sera consommé, tout sera pardonné,
La peine sera fraîche et la forêt nouvelle,
Et peut-être qu'un jour, pour de nouveaux amis,
Dieu tiendra ce bonheur qu'il nous avait promis.
Poèmes, NRF, Paris, 1912.

Citations

"Vous faites le ménage de l'univers avec les ustensiles du raisonnement. Bon. Vous arrivez à une saleté bien rangée."
"Le génie est une question de muqueuses. L'art est une question de virgules."

Iconographie

Une médaille à l'effigie de Léon-Paul Fargue a été réalisée par le graveur Raymond Corbin en 1947, quelques jours avant la mort du poète. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet.

Å’uvres

Poésie
Poèmes Premier cahier. Nancy, Royer, 1907.
Tancrède. Saint-Pourçain-sur-Soule, 1911.
Poëmes. Paris, NRF-Marcel Rivière & Cie, 1912.
Pour la musique. Paris, NRF, 1914.
Poëmes, suivis de Pour la musique. Paris, NRF, 1919.
Banalité. Paris, NRF, 1928.
— Banalité. Paris, NRF, 1930, photographies de Roger Parry
Vulturne. Paris, NRF, 1928.
Suite familière. Paris, Émile-Paul, 1928.
— Suite familière. Paris, NRF, 1929.
Sur un piano bord, NRF, 1928.
Épaisseurs. Paris, NRF, 1928.
Sous la lampe. Paris, NRF, 1929.
Espaces. Paris, NRF, 1929.
Ludions. Paris, J.-O. Fourcade, 1930.
D'après Paris. Paris, Librairie de France, 1931.
— D'après Paris. Paris, NRF, 1932.
Haute solitude. Paris, Émile-Paul, 1941.
Pour la musique, Tancrède, suivi de Ludions. Paris, Gallimard, 1943.
Poésies. Paris, Gallimard, 1963. Préface de Saint-John Perse.
Chroniques, essais
Le Piéton de Paris. Paris, Gallimard, 1939.
Déjeuners de soleil. Gallimard, 1942.
Refuges. Paris, Émile-Paul, 1942.
Lanterne magique. Marseille, Robert Laffont, 1944.
Composite avec André Beucler. Paris, O.C.I.A., 1944.
Méandres. Genève, Milieu du monde, 1946.
Poisons. Paris, Daragnès, 1946.
Portraits de famille. Paris, Janin, 1947.
Hernando de Bengoechea ou l'âme d'un poète. Paris, Amiot-Dumont, 1948.
Etc.... Genève, Milieu du monde, 1949.
Maurice Ravel. Paris, Domat, 1949.
Les XX arrondissements de Paris. Lausanne, Vineta, 1951, rééd. Fata Morgana, 2011.
Dîners de lune. Gallimard, 1952.
Pour la peinture. Gallimard, 1955.
Les grandes heures du Louvre. Paris, Les deux Sirènes, 1948.
Correspondance
Valery Larbaud et Léon-Paul Fargue, Correspondance 1910-1946 (éd. Th. Alajouanine). Gallimard, 1971.

Références critiques

Hommage à Léon-Paul Fargue, Les Feuilles libres, n° 45-46, juin 1927
André Beucler, Dimanche avec Léon-Paul Fargue, Paris, Le Point du Jour, 1947
André Beucler, Vingt ans avec Léon-Paul Fargue, Genève, Milieu du monde, 1952
Jean-Claude Walter, Léon-Paul Fargue ou l'homme en proie à la ville, Paris, Gallimard, 1973
Henri Thomas, À la rencontre de Léon-Paul Fargue, Montpellier, Fata Morgana, 1992
Jean-Paul Goujon, Léon-Paul Fargue, poète et piéton de Paris, Gallimard, Biographies, 1997
Barbara Pascarel, Léon-Paul Fargue, Paris/Rome, Memini, « Bibliographie des écrivains français », 2000
Léon-Paul Fargue poète et chroniqueur (dir. Pierre Loubier et Barbara Pascarel), RITM, hors série, Université Paris X-Nanterre, 2001
Fargue... variations, textes réunis par Pierre Loubier, Revue des Sciences Humaines, n° 274, 2/2004

Liens

http://youtu.be/Qv_vH-p8vjs visitation préhistorique
http://youtu.be/aLnEA4BpxbA Chanson dit par Claude Nougaro
http://youtu.be/XYulmRagqEw Déjeuners au soleil
http://youtu.be/L_Tj3e5njNM Un Dimanche avec Léon-Paul Fargue
http://youtu.be/eCivD_pqSNA Le piéton de Paris




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Posté le : 23/11/2013 20:55
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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