Administrateur
Inscrit: 14/12/2011 15:49
De Montpellier
Niveau : 63; EXP : 94 HP : 629 / 1573 MP : 3168 / 59699
|
Le 24 Novembre 1864 à Albi naît Henri Marie Raymond de Toulouse-Lautrec-Monfa,
mort à 36 ans le 9 septembre 1901 au château Malromé à Saint-André-du-bois,
c'est un artiste peintre, dessinateur, illustrateur et lithographe français de la fin du XIXe siècle, il incarne l'école postimpressioniste des arts nouveaux Son oeuvre principale est " La Goulue" de 1891.
Toulouse-Lautrec , c'est une vie. Une vie singulière, entièrement commandée par un événement initial, accidentel, aux conséquences effroyables. Comme cet homme ainsi marqué d'un sceau fatal fut un artiste, on ne peut étudier son art sans tenir compte de sa biographie. Au reste, son cas est analogue à celui de quelques grands artistes et grands poètes contemporains, apparus dans une société bourgeoise fortement structurée, ayant ses croyances, ses modes, sa morale, et qui ont trouvé dans les particularités de leur destin une incitation à s'exprimer en totale opposition à tout ce conformisme. Ainsi, il s'est produit, dans le domaine des formes et des idées, au cours des vingt dernières années du XIXe siècle, une rupture due à la subjectivité de quelques hommes de génie. Et le terme de génie prend ici tout son sens de différence radicale et décisive. Toulouse-Lautrec a été un de ces hommes. Si, en tant qu'artiste, il doit être considéré comme une des sources de ce qu'on appellera l' expressionnisme, c'est que son drame personnel a fait naître en lui un besoin d'expression d'une violence extrême. C'est cette violence d'expression qui constitue son art et son style.
La condition de Toulouse-Lautrec
Henri de Toulouse-Lautrec est né à Albi, du comte Alphonse de Toulouse-Lautrec-Monfa et de la cousine de celui-ci, Adèle Tapié de Céleyran. Vieille noblesse occitane, qui remonte peut-être aux comtes de Toulouse, héros des guerres cathares. Et noblesse campagnarde, confinée dans sa province et dans des traditions chimériques.
Le comte Alphonse de Toulouse-Lautrec Monfa avait épousé sa cousine germaine Adèle Tapié de Celeyran.Au XIXe siècle, les mariages dans la noblesse se faisaient couramment entre cousins afin d'éviter la division des patrimoines et l'amoindrissement de la fortune. Ce fut le cas des parents d'Henri, Alphonse de Toulouse-Lautrec-Monfa et Adèle Tapié de Celeyran, qui étaient cousins au premier degré. Ils eurent deux garçons dont Henri était l'aîné ; quatre ans plus tard naquit son frère Richard-Constantin, qui mourut un an après. L'incompatibilité d'humeur entre les deux époux entraîna leur séparation et Henri resta sous la garde de sa mère. Cette consanguinité fut peut-être une des causes de la faible constitution de leur fils. Celui-ci naquit à Albi, mais passa son enfance à Paris et dans l’Aude, au château de Celeyran, dans une atmosphère familiale aristocratique où prévalaient le sens de la gloire et du courage et le goût passionné du cheval et de la chasse. Mais, comme son père, comme son aïeul, comme ses deux oncles, Henri de Toulouse-Lautrec adorait dessiner. Lorsqu’il fut atteint, en 1878, d’un mal osseux qui, après deux fractures des fémurs, s’avéra incurable, il surmonta son infirmité en s’acharnant au travail : il reçut alors des leçons de René Princeteau, peintre animalier de talent, qui était un ami de son père. Très vite, à son exemple, il peignit des chevaux fringants Le jeune garçon est élevé dans les propriétés de la famille, puis il ira au lycée à Paris. Son père est un personnage extravagant, féru de courses et de chasses. D'ailleurs, tout cet énorme groupe tribal vit dans la familiarité des chiens et des chevaux, et ceux de ses membres qui ont un brin de talent de dessinateur ou d'aquarelliste – talent souvent remarquable – en font leurs modèles favoris à côté de portraits de parents. La mère du jeune Henri est une créature malheureuse, d'une douceur et d'une sensibilité qui tranchent avec les allures de ce petit monde féodal. Elle sera adorée de son fils.
Henri de Toulouse-Lautrec eut une enfance heureuse jusqu'au moment où débuta en 1874 une maladie qui affectait le développement des os, la pycnodysostose. Ses os étaient fragiles et, entre mai 1878 et août 1879, il souffrit d'une fracture au fémur à chaque jambe, qui l'empêcha de grandir au-delà d'une taille de 1,52 m. Deux accidents, à quelques mois de distance, en 1878, font de ce fils un nabot. Il a quatorze ans. Son sort est dès lors tracé : celui d'un marginal, sinon d'un monstre. Le buste témoigne encore de l'homme vigoureux, sportif, amateur d'équitation, de natation, de navigation, qu'il eût dû rester, que, furieusement, il s'acharne à rester pour la rame et la voile. Les jambes sont raccourcies, torses, atrophiées. La tête, là -dessus, semble démesurée. Néanmoins, toute blessée, injuriée qu'elle est, la vitalité de cet être se montre encore impatiente, éclate en un besoin forcené de déambulation en une bousculade de propos fantasques. On essaya de le guérir au moyen de décharges électriques et en lui plaçant à chaque pied une grande quantité de plomb. Son tronc était d'une taille normale, mais ses jambes étaient trop courtes. Il avait des lèvres et un nez épais. Il avait un cheveu sur la langue, ce qui le faisait zézayer en parlant. Il en jouait, faisait le provocateur dans les salons. Il se fera même photographier nu sur la plage de Trouville-sur-Mer, en enfant de chœur barbu, ou avec le boa de Jane Avril dit "Mélinite", tout en étant très conscient du malaise que suscitait son exhibitionnisme.
En juillet 1881, Henri échoue au baccalauréat à Paris, mais est reçu à Toulouse à la session d'octobre. C'est alors qu'il décida de devenir artiste. Soutenu par son oncle Charles et René Princeteau, ami de son père et peintre animalier, il finit par convaincre sa mère. De retour à Paris, il rend visite à René Princeteau, dans son atelier au 233, de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. La vocation de Lautrec a éclaté très tôt, encouragée par ce peintre ami de la famille. Princeteau, sourd-muet, donc touché, sans doute, de se découvrir un petit frère dans un autre infirme. Cette vocation, d'emblée, brûle les étapes. Mais il ne se peut que l'avilissement physique ne transperce, dans l'expression du visage, la beauté du regard derrière le binocle, les lèvres épaisses et tristes, encadrées par la faunesque rudesse de la barbe et de la moustache. Cet homme, plus qu'aucun autre, a pris conscience de ce que peut devenir un destin absurde quand plus rien ne l'arrête : on croirait qu'il va toucher au tragique, au sublime. En réalité, il atteint le niveau du grotesque. Le jeune Lautrec trouve, alors, dans le dessin le moyen le mieux approprié à rendre cette vérité de caractère et de relief, presque caricaturale, qui, pour lui, est la vérité des gens et des choses, celle de tous les personnages de son entourage, y compris, bien entendu, les chevaux. En peinture aussi il use d'un coup de brosse léger, nerveux, produisant la même sorte d'effet. En 1882, il s'installe à Paris avec la candide intention de faire son apprentissage en commençant par l'école des Beaux-Arts. Mais bientôt il découvre ce qui, en authentique matière d'art, se passe à Paris : la fondation des Indépendants, la huitième et dernière exposition des impressionnistes, Degas, Van Gogh, Gauguin.
L'osmose montmartroise
Il a loué un atelier au coin de la rue Tourlaque et de la rue Caulaincourt, à Montmartre, désormais sa patrie. Il est chez lui au cirque Fernando, au Moulin de la Galette, au Moulin-Rouge, dans les cabarets, le Mirliton où règne Aristide Bruant, les bals, les buvettes populaires, et çà et là , par contraste, trouve un lambeau de végétation sauvage et obstinée, comme le jardin du père Forest.
On le considérait comme l’âme de Montmartre, le quartier parisien où il habitait. Ses peintures décrivent la vie au Moulin Rouge et dans d’autres cabarets et théâtres montmartrois ou parisiens, il peint Aristide Bruant ainsi que dans les maisons closes qu’il fréquentait et où peut-être il contracta la syphilis. Il avait notamment une chambre à demeure à La Fleur blanche. Trois des femmes bien connues qu’il a représentées étaient Jane Avril, la chanteuse Yvette Guilbert et Louise Weber, plus connue comme La Goulue, danseuse excentrique qui créa le "cancan", enfant de Clichy dans les Hauts-de-Seine où elle travailla comme blanchisseuse avec sa mère. Toulouse-Lautrec donnait des cours de peinture et encouragea les efforts de Suzanne Valadon, un de ses modèles qui fut probablement sa maîtresse
Toulouse-Lautrec est un génie urbain. Il ignore l'air et la lumière de la nature et les problèmes que les éléments ont posés à ses prédécesseurs, ses amis, les impressionnistes. À la ville, surtout la ville des villes, Paris, il en va autrement : on y est presque exclusivement sensible aux êtres humains. La rue n'est pas une atmosphère, ni un site ou un décor, mais le lieu – pareil à certains autres spécifiquement établis et désignés – où des êtres humains se manifestent par leur geste, leur physionomie, leur habillement, et si vite que l'œil n'en retient que quelques traits, une silhouette, un signe graphique. Cette même ville, le malheureux Lautrec est incapable de participer à sa vie tumultueuse par le travail social ou la relation mondaine. Il n'en connaît donc qu'un fragment, et dans lequel toute vie se réduit aux artifices du spectacle et du plaisir, et se concentre dans la nuit. Étourdissant de cocasserie, brûlé d'alcool, il vagabonde à travers la nuit, à l'aide de son petit bout de canne, de son crochet à bottine, en compagnie de ses amis, qui l'adorent malgré son despotisme, et dont le nombre ira croissant, son camarade de lycée et futur biographe Maurice Joyant, le cousin Gabriel Tapié de Céleyran, Paul Leclercq, Maxime Dethomas, les peintres Bonnard et Vuillard, créateurs d'un nouveau modernisme, les écrivains de la Revue blanche , Thadée Natanson qui a laissé sur lui le plus beau livre de souvenirs qui soit, Tristan Bernard, Romain Coolus – et tant d'autres qui sont, comme lui, curieux de rencontres saugrenues et poétiques, mais aussi amateurs et connaisseurs, et très raffinés. Amateurs et connaisseurs d'un certain art que produit la vie lorsqu'elle se résume ainsi en un artifice. Mais cet art de l'artifice est prodigieux. Le travail, tel que nous l'entendons avec sa nécessité vitale et sa finalité sociale, est banni de ce monde fermé du Montmartre nocturne : c'est exact, mais il convient d'observer que l'artifice et le plaisir ne s'obtiennent pas sans un travail d'une autre sorte et dépourvu d'utilité générale, travail quand même, que notre bande de connaisseurs sait apprécier, travail d'une tension formidable et d'une minutie horlogère, et qui assure la perfection du bond de l'écuyère, de l'entrechat de la danseuse, du tour de chant de la divette de café-concert. Thadée Natanson nous conte que Lautrec voyait partout une question de technique ; technique était un de ses mots favoris, et il l'articulait avec une gravité comique : tek-nik. Technique aussi sans doute l'art du chirurgien dont Lautrec s'émerveillait autant que de celui de cette belle machine pleine de risques qu'était le quadrille du cancan. Le cousin Gabriel, qui faisait sa médecine, l'avait conduit aux grandes représentations que donnait à son hôpital, dans ses opérations chirurgicales publiques, le professeur Péan, virtuose du scalpel, en habit noir, lui aussi, qui est la tenue de la scène, de la haute noce et de tous les offices nocturnes. Lautrec en tirera nombre de dessins à l'encre et deux tableaux.
L'art de Montmartre et l'art de Lautrec
Vers 1890, il se détache de l'impressionnisme triomphant et se rapproche plutôt des indépendants, comme Renoir. Mais son véritable maître est Degas. C'est à Degas que Toulouse-Lautrec doit son sens aigu de l'observation des mœurs du Paris nocturne et son intérêt pour les sujets naturalistes : "la Blanchisseuse", en 1889, collection privée. Familier des cabarets de Montmartre, il croque tout un peuple d'artistes et de clients qu'il fait passer à la postérité. Après avoir vécu plusieurs années dans le quartier, il s'installe aux Champs-Élysées, mais, tous les soirs, il revient faire la fête à Montmartre, où il a toujours une table réservée – non seulement au Moulin-Rouge, mais au Rat-Mort, aux bals du Moulin de la Galette et de l'Élysée-Montmartre. Il a également ses entrées au Chat-Noir de Rodolphe Salis, au Mirliton d'Aristide Bruant, au Divan japonais, à la Scala et aux Ambassadeurs.
Toulouse-Lautrec recherche les mises en page savantes, le découpage arbitraire de la toile, les grands vides dynamiques : M. Boileau au café, 1893, Cleveland. Sa couleur est somptueuse, avec des verts et des rouges intenses, des ombres bleues, des lumières artificielles étranges. Il peint le plus souvent sur un épais carton dont le brun ou le gris apparent forme le fond du tableau Femme au boa noir, 1892, musée d'Orsay. Il exécute les personnages soit à l'huile, soit à l'essence (Marcelle, 1894, Albi, avec parfois des rehauts de gouache claire Missia Natanson, 1895, collection privée. Le génie du dessin Toulouse-Lautrec fournit à l'occasion des dessins satiriques aux journaux le Mirliton, le Rire, l'Escarmouche…. Il réalise des maquettes de décors et de programmes pour le théâtre de l'Œuvre de Lugné-Poe et pour le Théâtre-Libre d'Antoine. Alors que sa réputation de grand artiste est établie, il s'enfonce dans l'éthylisme et, en 1899, il est frappé d'une crise de delirium tremens. Au cours de son internement, il exécute de mémoire, aux crayons de couleur, une série de dessins sur le cirque, Au cirque, le salut. Dès sa première attaque de paralysie, il liquide son atelier parisien et rejoint sa mère en Gironde, où il s'éteint à l'âge de 36 ans. Un millier de ses œuvres sont exposées au musée Toulouse-Lautrec d'Albi.
Créateur d'une vision légendaire du Paris de son époque, Henri de Toulouse-Lautrec fut aussi le promoteur d'une nouvelle esthétique du portrait. Dessinateur d'instinct, il voulut, selon sa propre expression, faire vrai et non idéal, et demeure en marge de toute école L'art de Lautrec s'est donc formé à l'imitation d'une réalité entièrement transmuée en spectacle, mais en spectacle lui-même monté avec un art savant et prestigieux. Ses acteurs ont bien mérité leur gloire, si amer qu'en soit souvent le déclin. Mais, dans le moment de son éclat, cette gloire était pleinement justifiée. Il n'est déesse mythologique ni princesse de l'histoire qui ait été célébrée de plus fière, gracieuse et magnifique manière que La Goulue, telle que, entrant au Moulin-Rouge, nous la présente un tableau de 1892. À l'occasion d'un tel chef-d'œuvre, il faut reconnaître en Lautrec un de ces artistes privilégiés – privilège d'autant plus étonnant qu'il est celui d'un amoureux difforme – pour qui la femme, tout d'elle, son corps comme ses toilettes et ses attitudes et les infinies possibilités qu'elle peut avoir de se montrer, constitue une inépuisable promesse de mystère et de beauté. Thadée Natanson, dans son livre, a consacré à la femme et aux femmes, et à la richesse de variations qu'elles offrent à un voluptueux – surtout de l'espèce de Lautrec – des pages et des pages d'étourdissants croquetons.
Les vedettes, donc, que ce soit la Goulue, Valentin le Désossé, Jane Avril, tant d'autres qui ont alors fait courir tout Paris, inspirent, par l'art qu'elles créent sur la scène, l'art que Lautrec crée dans ses peintures, ses dessins, ses lithos, ses affiches. Ses affiches, c'est peut-être par là qu'il se rapproche le plus du génie de ses modèles, d'abord parce qu'elles lui permettent d'affronter, comme eux, un public bien plus vaste que celui des Salons et des expositions, le public de la rue. Ensuite, parce que c'est dans l'affiche, ses lignes nettes, ses fulgurants aplats de couleur, son pouvoir d'attirer l'œil du passant et de le maintenir subjugué, et dès lors obsédé, que l'art de Lautrec s'assimile à celui de la vedette seule sur la scène, et en même temps atteint au sommet de lui-même, à sa plus vive expression, à toute l'impérieuse pureté de son style.
La vedette peut onduler comme une arabesque ou se désarticuler comme un mannequin. Il n'est rien de ce qu'elle est, costume compris, rien de ce qu'elle fait jusqu'à la pointe de son pied, de son sourire, de son œil ou d'une plume de son boa qui n'exprime quelque chose et par conséquent ne se traduise, dans l'expression graphique, en un trait, un angle, un point, une courbe. L'adorable Yvette Guilbert a vécu assez longtemps pour qu'on puisse enregistrer sa voix chantant les chansons qu'elle interprétait avec une froide impertinence au temps de ses fameux gants noirs. Ainsi nous est-il donné de savourer son art incomparable de l'énonciation, de l'articulation, qui confère aux plus secrètes et par conséquent ironiques intentions une si incisive netteté. Mais tout le style de Lautrec se retrouve dans cette netteté comme il se retrouve dans les chansons d' Aristide Bruant et qui sont de suprêmes chefs-d'œuvre de la poésie française dans la filiation de Rutebeuf et de Villon. Que dire de ce pantalon : On étal', son culbutant / Minc' des g'noux et larg' des pattes , sinon qu'il est dessiné par le crayon de Toulouse-Lautrec ? En tout cela, même miracle : celui d'un art absolument salubre et sec.
Les filles
Dans la période allant de 1888 à 1892, on peut citer comme chefs-d'œuvre de la peinture de Lautrec d'abord ce pétulant souvenir de l'enfance et des origines : Le Comte Alphonse de Toulouse-Lautrec conduisant son mail-coach à Nice en 1881, Petit Palais, Paris, puis Gueule de bois ou la Buveuse, pour qui posa Suzanne Valadon, La Danse au Moulin-Rouge en 1890. Il peint aussi des pierreuses et autres aimables ombres passagères qui n'ont laissé qu'un prénom ou un surnom, Berthe la Sourde, Casque d'Or. Plus tard, la fête montmartroise descend vers le Paris de luxe, les Champs-Élysées sous les feuillages desquels scintillent le Jardin de Paris, les Folies-Bergère où la Loïe Fuller jette tous ses feux, les bars anglais du quartier de la Madeleine que fréquentent les jockeys, les lads, les cochers et les clowns Footit et Chocolat. De nouveaux personnages illustrent la comédie de Lautrec : la clownesse Cha-u-kao, la chanteuse irlandaise May Belfort en qui il retrouve quelque chose de l'étrange charme acide de Jane Avril, la danseuse anglaise May Milton, l'extraordinaire Marcelle Lender, qu'il immortalise dans une de ses plus fougueuses grandes compositions : Marcelle Lender dansant le boléro de Chilpéric en 1895-1896. Mais il s'intéresse aussi à la Comédie-Française et à toute la vie théâtrale parisienne, en fait entrer dans sa galerie les plus fameuses figures, Sarah Bernhardt, Ève Lavallière, Rose Caron, Réjane, Moréno, Pollaire. Cependant, la nostalgie lui revient d'un passé plus mystérieux : il l'a sans doute ressentie lorsqu'il a retrouvé la Goulue tombée dans la débine et qu'il a peint deux grands panneaux pour sa baraque de foire. On touche ici au fond le plus humain de cet être exclu de l'ordre commun, et plus encore lorsqu'on le suit dans le caprice qui lui est venu vers 1892 de prendre parfois pension dans les maisons closes, d'y vivre dans l'intimité des femmes tombées au plus bas degré de l'aventure féminine et auxquelles il réserve les secrets de sa gentillesse, de sa fraternelle attention à toute infortune et, en somme, de son culte de la femme, laquelle, sous quelque aspect que le destin l'oblige à se présenter, reste toujours la plus merveilleuse des créatures. Les siècles les plus épris de cette souveraine des cœurs, par exemple le XVIIIe, n'ont rien produit de plus aigu, de plus séduisant que les médaillons du bordel de la rue d'Amboise. Et celui de la rue des Moulins lui a inspiré l'étrange et, en vérité, très simple et pur chef-d'œuvre tranquillement intitulé Au salon. Un suprême hommage à ces femmes de vie conventuelle et misérable, qu'il emmenait en promenade ou au théâtre leur jour de sortie, est l'album de lithographies Elles 1896.
L'art consacré à ce thème, comme d'ailleurs à tous les thèmes de Lautrec, marque trop ce que ceux-ci, comme leur auteur, ont d'excentrique, d'en dehors, pour être classé comme art naturaliste ; il ne relève pas du genre alors dominant : le naturalisme. Certes, il peint les mœurs du temps, c'est un art de moraliste, mais non d'un froid moraliste, ni non plus d'un moraliste satirique. Degas, à qui on ne peut manquer de comparer Lautrec, est, lui, un moraliste de cette sorte, et un naturaliste. Mais s'il l'est avec une si âpre, amère, atroce férocité, c'est que, au bout du compte, il se sent à l'aise dans le monde dont il fait partie. Il l'injurie parce qu'il en fait partie. Mais le destin a rejeté Lautrec hors de ce monde, et Lautrec ne s'en prend ni au monde ni non plus à lui-même. Son art est d'autant plus bouleversant que la tristesse qu'on y perçoit très au fond, tout au fond, est d'un caractère absolument pur et comme évangélique
Cet art, il lui a consacré toutes les forces de ce qu'il avait de vie. Il a usé de toutes les techniques et, à la fin, de la pointe sèche, technique bien faite pour son esprit de synthèse et son japonisme. Une de ses dernières œuvres est l'illustration, en 1899, des Histoires naturelles de Jules Renard, dont la prose linéaire et tranchante est congruente à son art. Il faut aussi voir là un dernier témoignage de son amour des bêtes, qui était grand.
Comme Degas également, Toulouse-Lautrec accorde la priorité au dessin. D'un trait rapide et incisif, qui saisit une posture, un mouvement, il définit ou déforme la psychologie d'un personnage. Ses propres portraits sont d'insolentes caricatures. Reflets de toutes ses audaces graphiques, ses affiches publicitaires inaugurent un art de la rue qui fait sensation, Aristide Bruant aux Ambassadeurs, 1892 ; la Revue blanche, 1895 ; la Troupe de Mlle Églantine, 1896. À l'habileté dynamique des plans et des gestes s'ajoute le jeu subtil des coloris, où s'opposent les orange et les bleus, les rouges et les noirs. Influencé par l'estampe japonaise, Toulouse-Lautrec exécute plus de 300 lithographies entre 1892 et 1899. Il y retrouve le goût de l'étude de mœurs dans des milieux typés, théâtre, cirque, hippodrome, vélodrome et de l'érotisme féminin Elles, 1896. Mais, également, il y donne libre cours à son génie de la stylisation, qui l'apparente aux créateurs de l'Art nouveau.
Sa mort.
L'alcoolisme l'a jeté, la même année, dans une crise de fureur et de délire, et il est interné dans une maison de santé de Neuilly. Au cours même de son traitement, il revient à son cher passé et compose de mémoire et par un prodigieux effort de volonté lucide une éblouissante suite de dessins aux crayons de couleurs, Le Cirque. Alcoolique pendant la plus grande partie de sa vie d’adulte, il avait coutume de mélanger à son absinthe quotidienne du cognac, au mépris des convenances de l'époque, il entra dans un sanatorium peu avant sa mort à Malromé, la propriété de sa mère, à la suite de complications dues à l’alcoolisme et à la syphilis, à près de 37 ans. Remis en liberté, il travaille encore, travaille sans répit, fait des portraits, dont l'émouvante Modiste du musée d'Albi, se partage entre Paris et Bordeaux, recherche la mer, s'acharne fiévreusement. Durant un séjour au Crotoy, chez Maurice Joyant, à un grandiose portrait de celui-ci en cire jaune, sur fond de mer. Mais il laissera inachevée une grande composition sombre : Un examen à la faculté de médecine de Paris. La paralysie le saisit. On le transporte au château de Malormé, auprès de sa mère ; il meurt à trente-sept ans. Ses derniers mots furent adressés à son père qui était présent au moment de sa mort, faisant allusion aux goûts de cet aristocrate fantasque et passionné de chasse : "Je savais que vous ne manqueriez pas l'hallal." Au musée "Toulouse LAUTREC " à Albi, Tarn, il est fait allusion aux dernières paroles de l'artiste, adressées à sa mère. Les relations que Lautrec entretenait avec son père ont été sujettes à de nombreuses divagations non fondées. Le peintre n'a jamais été un artiste maudit par sa famille, bien au contraire. Voici la lettre que le comte Alphonse, père de Lautrec, écrit à Gabrielle de Toulouse-Lautrec, sa mère et donc grand-mère du peintre, le soir de la mort de son fils : "Malromé, 9 septembre 1901 : Ah chère Maman, que de tristesses. Dieu n'a pas béni notre union. Que sa volonté soit faite, mais c'est bien dur de voir renverser l'ordre de la nature. J'ai hâte de vous rejoindre après le triste spectacle de l'agonie longue de mon pauvre enfant si inoffensif, n'ayant jamais eu pour son père un mot enfiellé. Plaignez-nous. Alphonse.
Il est enterré à Verdelais en Gironde à quelques kilomètres de Malromé.
Postérité
Après la mort de Toulouse-Lautrec, Maurice Joyant son ami intime, son protecteur, marchand de tableaux voulut mettre en valeur son œuvre avec l'accord de la comtesse de Toulouse-Lautrec, ils donnèrent les fonds nécessaires pour qu’un musée soit créé à Albi, ville où naquit l'artiste. La comtesse Alphonse de Toulouse-Lautrec de 1841-1930 et Maurice Joyant de 1864-1930 offrirent leur superbe collection de tableaux au musée Toulouse-Lautrec d'Albi. On dit que Toulouse-Lautrec est un artiste génial dont les remarquables capacités d’observation se sont accompagnées d’une sympathie profonde envers l’humanité. Il n’a jamais laissé voir quelque regret que ce fût en raison de sa difformité. Il vécut sa vie pleinement, se fit de nombreux amis et fut toujours accepté malgré sa taille étriquée
Å’uvres
Peintures
Portrait de Henri de Toulouse-Lautrec par Giovanni Boldini Monsieur Boileau 1893 Maxime Dethomas 1896 Au Moulin de la Galette 1889 Bal au Moulin Rouge 1890 Au Moulin Rouge 1892 Salon Rue des moulins 1894 Monsieur Louis Pascal Femme à sa toilette 1889 Jane Avril 1892 Jane Avril dansant 1892 Yvette Guilbert 1894 La Blanchisseuse 1884-1888 La Goulue arrivant au Moulin Rouge 1892 Seule 1896 Femme enfilant son bas 1894
Affiches
Moulin rouge - La Goulue (1891) Troupe de Mlle Églantine Reine de joie 1892 Aristide Bruant dans son cabaret Jane Avril dans les Jardins de Paris Divan japonais 1892-1893 Sescau Photographe 1894 Babylone d'allemagne 1894 Le Moulin Rouge : Bal Tous les soirs La Revue blanche L'estampe originale
Chansons
Eros Vanné (1894) À Saint-Lazare c.1892 Musées
Musée Toulouse-Lautrec d'Albi Musée d'Orsay Paris Musée de Montmartre Paris
Marché de l'art
Jusqu’en 2005, la vente de ses peintures a produit pas moins de 14,5 millions de dollars américains. L'Abandon les deux amies, vendu le 4 février 2009 chez Christie's, Londres pour 6,2 M.£.
Hommages
Son rôle est joué par Régis Royer dans Lautrec en 1998, film français réalisé par Roger Planchon et nommé trois fois en 1999 aux César. Il est aussi interprété par John Leguizamo dans le film australien Moulin Rouge! en 2001, de Baz Luhrmann, et par José Ferrer dans Moulin rouge en 1952 de John Huston. En 2011, il apparait dans le film de Woody Allen, Minuit à Paris, interprété par Vincent Menjou-Cortès En 2012, les dernières années de sa vie sont mises en scène par Maurice Lamy dans le spectacle Toulouse Lautrec au théâtre Darius Milhaud à Paris jusqu´au 30 juin. Dans Les Aristochats, un chaton est baptisé « Toulouse » en son honneur. En 2010, dans Le vernis craque, téléfilm en deux parties, on peut voir Henri de Toulouse-Laurence interprété par le comédien Laurent Lévy. Dans le manga Claymore, la région centrale du monde est appelée Toulouse alors que la région occidentale est appel Lautrec, en hommage à celui-ci
Liens
http://youtu.be/cp2kZeX5Sd4 sa vie (Anglais) http://youtu.be/1I8WHDm31Bk (espagnol) http://youtu.be/eLPSBKZtgYs en chanson http://www.ina.fr/video/AFE85010282/l ... ulouse-lautrec-video.html Centenaire INA http://www.ina.fr/video/RBC9206191248 ... s-de-l-enfance-video.html .
Posté le : 23/11/2013 23:07
|