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Serge Lifar. Musique/Danse
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Le 15 décembre 1986 à Lausanne en Suisse meurt Serge Lifar

danseur et chorégraphe fameux. Il prendra la nationalité français et il a souvent été décrit comme un danseur d'une grande beauté physique et doté d'une présence rayonnante, l'un des plus importants de sa génération.
Réformateur du mouvement et de la technique de la danse à laquelle il ajouta deux positions de pied, Serge Lifar a été l'un des créateurs qui imposèrent le style néo-classique, terme qu'il employa pour qualifier notamment son ballet Suite en blanc de 1943.
Nommé maître de ballet de l'Opéra de Paris, de 1930 à 1944 et de 1947 à 1958, il s'employa à restaurer le niveau technique du Ballet de l'Opéra de Paris pour en faire, dans les années 30 et jusqu'à aujourd'hui, l'un des meilleurs du monde. Yvette Chauviré, Janine Charrat, Roland Petit ont incontestablement subi son influence.


sa vie

La période ukrainienne de 1905-1923 – Son enfance
Il rêvait d’être soldat et de marcher au pas, il sera danseur aux pas aériens et peu martiaux. Serge Lifar l’assure dans la biographie de sa petite enfance. Nous sommes en août 1913; il a 8 ans et il se souvient très bien: «J’ai endossé un petit uniforme et je suis coiffé d’une belle casquette, marquée au chiffre du collège Impérial Alexandre, de Kiev. Mais l’uniforme de mes rêves est tout autre. Il a des épaulettes rouges, ornées des initiales I.K. et un col à bordure dorée: la tenue du premier Corps de Cadets. Je rêvais d’être soldat, et surtout cavalier: élancé, grand et beau, en selle sur un cheval blanc comme la neige, je galopais crânement à la tête d’un escadron que je menais à la charge.»
Né à Kiev, le 2 avril 1905 dans la capitale ukrainienne située au bord du Dniepr, Serge Lifar y passe une enfance heureuse et gâtée au sein d’une famille bourgeoise. Son grand-père maternel, éleveur de bétail, descend de grands propriétaires terriens qui exploitaient le sel de la mer Caspienne. Cela conserve: il vivra au-delà de cent ans. Un grand jardin fleuri et des petits chats au ronronnement apaisant, tel est le décor: «Quand j’avais désobéi, la plus grande peine que mes parents pouvaient m’infliger était d’enfermer le soir le petit chat à la cuisine.»

Son père

Son père, Michel Lifar, est fonctionnaire. Le jeune Serge côtoie un frère aîné, Vassili (Basile en français), un futur artiste-peintre d’un an plus âgé, et un petit frère, Léonide, d’un an son cadet, qui sera pilote de chasse. Une sœur aînée, Eugénie, complète le trio. Elle viendra aussi s’installer à Paris où elle travaillera dans la restauration. De son père, Serge Lifar garde une image bienveillante: «Il était bon et doux. Ce qu’il aimait le plus, c’était l’élégance, l’ordre. Il s’entourait de beaux meubles, de bibelots précieux; il avait besoin d’une atmosphère harmonieuse. Il n’élevait jamais la voix; il nous parlait comme à des amis; il savait respecter l’enfance. J’étais son préféré.»

Sa mère

A l’égard de sa mère, Sophie Lifar, il éprouve une tendresse éperdue: «J’avais pour elle une véritable adoration qui se manifestait par des cris d’enthousiasme ou des désespoirs sans borne. Je me rappelle qu’elle alla passer un mois et demi en Crimée, avec toute la maisonnée, me laissant seul à Kiev avec ma gouvernante pour je ne sais plus quelle raison. Je devais avoir 4 ans. Le départ des autres m’importait assez peu; mais je ne pouvais croire que ma mère allait m’abandonner, et, ce qui m’arrivait rarement, je pleurais à chaudes larmes. Ce séjour de ma mère en Crimée a laissé une ombre triste dans ma mémoire.»
La période ukrainienne (1905-1923) – La grande guerre
Quand les hostilités de 1914 démarrent, Serge Lifar pense s’enrôler dans l’armée russe où se trouvent déjà douze de ses oncles !
Kiev devient le point de ralliement d’innombrables armées: «Je passais mon temps à rêver de la guerre, à former des plans d’escapade vers le front mystérieux et si tentateur.»
Bon élève, le jeune Serge est aussi enfant de chœur à la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev: «Je chantais à toutes les messes. Mes parents étaient fiers de mes succès musicaux, mais ils ne me laissaient pas aller au théâtre. Il était à leurs yeux le symbole du désordre et des tentations qui peuvent perdre un spectateur précoce.»
Avec la Révolution d’octobre 1917, Lénine invite les soldats à quitter le front, excitant le peuple à la révolte: « Vole ce qui a été volé!» Commencent alors la panique et l’anarchie. Les soldats désertent en tuant leurs officiers. Une impitoyable guerre des classes débute avec pour objectif l’extermination des bourgeois. Les bolchéviques s’emparent de Kiev, puis les Allemands investissent la ville et rendent les propriétés aux paysans sous la menace des baïonnettes. Mais la vie reprend son cours. Survient une ère d’ukrainisation: «Les documents officiels durent être rédigés dans une langue factice et incompréhensible pour le peuple.» Le jeune Lifar est frappé par les horreurs de la guerre: «Les Allemands disposèrent des mitrailleuses en batterie devant les villages révoltés et n’y laissèrent pas âme qui vive. On enfermait tous les habitants dans leurs baraques puis on y mettait le feu. Les communistes qui demeuraient épars dans les campagnes en profitaient pour souffler la révolte aux moujiks, qui, à leur tour, pour se venger des maisons brûlées, surprenaient des soldats allemands qu’ils faisaient cuire dans d’énormes chaudières.»
Après avoir été enrôlé dans l’Armée Blanche, Serge Lifar est engagé dans l’Armée Rouge. A tout juste 16 ans, il est nommé officier, avec un uniforme tout neuf et un gros revolver, et reçut le commandement de quelques dizaines de «jeunes voyous».
Les Soviets sont pressés d’arracher les adolescents encore malléables à la bourgeoisie comme à la paysannerie, pour en faire de «bons» communistes; ils suppriment la propriété privée, toutes les maisons sont déclarées propriété d’Etat avec, dans chacune d’elles, un comité de locataires. Les magasins sont fermés et c’est le gouvernement qui distribue des rations d’Etat. De quelque 200 camarades de son adolescence, Lifar estime que trois seulement ont survécu: son frère Vassili et lui, ainsi que Cerna, qui créera plus tard à Paris une marque de chaussons de danse portant son nom, raconte Lifar dans «Ma vie», paru en 1965 à Paris.

La période ukrainienne (1905-1923) – L’initiation au ballet

Bronislava Nijinskadans “Petrouchka” 1911
En 1920, par l’entremise d’un camarade de collège, il découvre le ballet de Bronislava Nijinska, la sœur du danseur et chorégraphe russe Vaslav Nijinski. C’est la révélation: «Je me réfugiais dans un coin de la pièce; mon cœur battait avec violence; je ressentais un enthousiasme que je n’avais encore jamais éprouvé: les élèves de Madame Nijinska dansaient du Chopin et du Schumann; je découvrais une harmonie merveilleuse entre la musique et leurs corps divinisés par le rythme; la musique inspirait la danse et trouvait en elle son couronnement. La danse-amour s’emparait de ma vie.»
Le lendemain, il décide de retourner au studio, muni de chaussons de danse, mais Madame Nijinska refuse tout net de l’accepter comme élève. Un refus sec et laconique suscité peut-être par son port de l’uniforme. Il passe outre et s’inscrit d’autorité comme élève: «Je travaillais avec une application sans égale mais elle semblait ne pas le remarquer. Ces études durèrent quelques mois. Elles m’apportaient un bonheur sans borne et la joie nouvelle d’atteindre enfin cette technique faute de laquelle toute personnalité est impuissante à s’exprimer», se souviendra-t-il plus tard, alors qu’il ne songe ni au théâtre, ni à la scène: «Je commençais à découvrir certaines notions, comme l’élan de l’âme, la respiration et le mouvement physique du corps qui offrent trois dessins rythmiques nettement distincts.»

Serge Lifar à 16 ans

Quand la grande ballerine s’apprête à fuir la Russie soviétique pour Paris, il décide d’étudier seul la danse. En ermite, il commence un apprentissage de 15 mois, à raison de cinq à six heures passées en studio où il apprend «les joies et les tortures de la création, les joies et les tortures du labeur, de la plus haute extase aux tentations les plus basses.» C’est à cette époque qu’il forme son goût musical, comprenant que «le rythme est l’âme de la musique». Il aime Mozart et Chopin, plus que les compositeurs russes qui le laissent de glace. En revanche, la découverte du grand poète Pouchkine et la «musique de ses vers» sont une révélation. Toute sa vie, il lui vouera un véritable culte.
La période ukrainienne (1905-1923) – Une évasion rocambolesque
La tentation de l’exil commence par un simple télégramme émis de Paris au studio Nijinska: «S. P. Diaghilev demande, pour compléter sa troupe, les cinq meilleurs élèves de Madame Nijinska.» Serge Lifar se porte volontaire bien qu’il n’appartienne pas formellement au studio de l’école privée de la ballerine. Ses parents réussissent tant bien que mal à réunir devises étrangères et argent liquide pour payer le voyage jusqu’à Varsovie. Un contrebandier doit l’aider à franchir la frontière soviétique: «Habillez-vous de telle sorte que vous puissiez passer pour un soldat rouge. Procurez-vous un fusil à n’importe quel prix». Mais l’évasion échoue misérablement. Jeté dans un cachot, Lifar s’en échappe et saute dans un wagon de marchandises.
La deuxième tentative sera la bonne. Il achète un billet de 3e classe pour une petite ville-frontière au tarif impressionnant de 50 millions de roubles. L’inflation et la planche à billets avaient passé par-là. C’est sur un traîneau traversant plaines et bois qu’il franchit la frontière polonaise par une nuit sombre, non sans avoir salué sa mère qu’il voyait pour la dernière fois: «Au moment des adieux, elle me bénit, et je vis dans ses yeux un regard si effrayé qu’il ne cessa de me poursuivre.»
Après quelques semaines d’errance à Varsovie avec deux compagnons de voyage, il finira par recevoir l’argent envoyé par Diaghilev pour financer leur périple jusqu’à Paris: «Nous nous précipitâmes dans les magasins, émigrâmes au Bristol, et pûmes enfin manger. En quelques heures, nous eûmes l’air de provinciaux épanouis et endimanchés!»
L’aventure française allait commencer…

La période française (1923-1981) – Les premiers pas chez Diaghilev

Le 13 janvier 1923 marque l’arrivée à Paris, capitale du monde: «Je me rappelle une de ces matinées d’hiver où un soleil léger brille à travers la brume; je descendais les Champs-Elysées, en jouissant pour la première fois de la certitude d’être hors de danger; j’étais un libre citoyen de l’univers dans la plus libre des capitales.»
Serge de Diaghilev Sur les bords de la Seine, c’est la rencontre avec l’homme qui va décider de son destin, Sergueï Pavlovitch Diaghilev: «Dans un petit groupe qui se dirige vers nous, j’aperçois un homme grand, qui me paraît un colosse, qui s’avance en agitant une canne, vêtu d’une plisse, coiffé d’un chapeau mou. Je vois briller dans son visage rose, un peu gras, couronné de mèches blanches qui évoquait quelque chien Saint-Bernard, des yeux d’un brun caressant où se mêlent la vivacité, la douceur et une sorte de tristesse.»

Répétition d’un ballet russe de Diaghilev

La petite troupe rejoint Monte-Carlo. La vue de la Méditerranée et des collines débordantes de fleurs et d’oliviers les comble de bonheur: «Je croyais que la vie allait être une fête perpétuelle, mais il ne me fallut que quelques heures pour déchanter», se remémore-t-il dans sa biographie. Le regard de Diaghilev est impitoyable: «Les bonds de mes camarades tenaient plutôt du sport que de la danse. Quand ce fut mon tour, j’avais sans doute plus d’aisance que mes camarades, car le visage de Diaghilev s’éclaira et une petite lumière parut dans ses yeux. Il réfléchit quelques secondes: «Allons, fit-il enfin. Qu’ils restent tous; j’ai foi en ce garçon. Il sera danseur.»
Guidé par le grand critique d’art et imprésario créateur des «Ballets russes», Serge Lifar va connaître une nouvelle existence grâce à ce guide sûr qui allait faire de lui un artiste. Les quelques mots d’encouragement de Diaghilev lui ont donné confiance malgré la sévérité du personnage: « Il était, aux yeux de toute la troupe, une sorte de divinité inaccessible, tour à tour, bienveillante et irritée. On le craignait. Il assistait quelquefois aux répétitions, entouré de sa suite. Il s’asseyait, nous regardait danser, puis nous exprimait son mécontentement (un éloge de lui était chose extrêmement rare) et s’en allait.»
La Compagnie des Ballets russes est une véritable commune libre avec une vie à elle: «Ses membres ne pensaient, en dehors des répétitions, qu’à jouer, boire et flirter entre eux de la manière la plus plate du monde.» Le premier ballet qui le met en scène est Noces d’Igor Stravinsky avec des répétitions placées sous le contrôle du grand compositeur qui se mettait lui-même au piano en chantant d’une voix fêlée: «Stravinsky nous communiquait sa passion, son don créateur et nous nous mettions à danser vraiment.»
Rentré à Paris avec toute la troupe, Serge Lifar découvre le Louvre et ses salles interminables, Versailles et son impressionnante galerie des glaces. Diaghilev lui confie le rôle de l’esclave mourant de Shéhérazade, puis celui d’un officier des Fâcheux, sur un thème de Molière. La troupe part pour Barcelone, puis pour Amsterdam. De retour à Paris, il fait la connaissance de Picasso qui fait observer à Diaghilev en connaisseur:

Serge Lifar et son professeur Enricco Cecchetti, 1928

«Le corps de ton petit danseur a les proportions idéales». Son amie Coco Chanel l’accompagnera aussi tout au long de sa vie parisienne et même après. Parfois elle s’occupe aussi des costumes: «Il m’a toujours fait rire, ce que beaucoup d’homme ont oublié de faire. Quand il me voyait triste, il arrivait avec plein d’histoires sur son enfance en Russie, ses parents. C’est un vrai Russe, voyez comme il boit son thé après avoir mis le morceau de sucre dans sa bouche».
Muni d’un billet pour Turin et d’un passeport fourni par Diaghilev, Lifar poursuit sa formation chez Enrico Cecchetti, le «faiseur d’étoiles», le professeur de tous les solistes des ballets russes.

La période française de 1923 à 1981 – Les grands ballets : de Prométhée à Icare

Les créatures de Prométhée
Directeur de l’Opéra de Paris, grand ami et admirateur de Diaghilev, Jacques Rouché propose à Lifar de monter un ballet sur le Prométhée de Beethoven. Il accepte tout en proposant de confier la chorégraphie à Balanchine. Atteint d’une grave pneumonie, Balanchine doit cependant céder la chorégraphie à Lifar. Avec Suzanne Lorcia comme première danseuse et partenaire de Serge Lifar, la première des Créatures de Prométhée remporte un véritable triomphe et Rouché confie désormais à Lifar les rennes du ballet de l’Opéra: «Dès ce jour-là, je suis devenu «maître» et, pendant un quart de siècle, accueilli par ces «maître», «bonjour maître», des petits rats jusqu’aux étoiles, j’ai été une sorte de berger heureux», écrira-t-il dans «Ma vie».

Bacchus et Ariane

Créé en 1931, Bacchus et Ariane est un hommage à Diaghilev, un ballet parfaitement original mais perpétuant à sa façon les traditions esthétiques des Ballets Russes, avec Lifar dans le rôle de Bacchus et Olga Spessivtseva dans celui d’Ariane: «Le spectacle déchaîna une véritable tempête parmi le public, rapporte sa biographie. Si les uns applaudissaient bruyamment, d’autres exprimaient leur indignation avec autant de vigueur (…) Les habitués de l’Opéra n’étaient pas encore préparés à cette nouvelle esthétique.»
La première de Giselle a lieu en février 1932, un drame shakespearien où Olga Spessivtseva saura donner la perfection de l’art chorégraphique: «Dans ce rôle, elle fut la danseuse la plus grande et la plus sublime du XXe siècle. Dans ce ballet que j’ai dansé durant 25 ans à travers le monde, j’ai cherché à ennoblir le rôle du prince Albert en lui insufflant un idéal dont la mort par amour est le symbole». Picasso et Cocteau, en larmes, assistent à la première: «Moi qui avait toujours mené ma vie comme un combat, je venais de remporter ce soir-là une de mes plus belles victoires».
Créé par Nijinsky en 1912, L’Après-midi d’un Faune est remanié par Lifar en 1932; il y introduit «des mouvements brusques, angulaires, basés sur une grande tension des muscles de tout le corps.»

Icare

Mais ce sera le ballet Icare qui va assurer l’envol du chorégraphe. Dès 1932, il songe à un ballet sur ce thème très aérien et passe d’abord commande de la partition musicale à Igor Markevitch.
Finalement, le ballet sera monté sur une orchestration – ou plutôt de simples rythmes créés par le compositeur suisse Arthur Honegger pour un ensemble d’instruments à percussion. Différée à Studio Lipnitzki à plusieurs reprises, la première d’Icare a lieu le 9 juillet 1935: «J’avais moi-même fabriqué mes ailes et je dus entraîner mes bras, le poids décentrant mon équilibre», explique Lifar dans «Ma vi
Les décors sont commandés à Salvador Dali, mais son imagination débordante empêchera une réalisation concrète: «Dali était ravi de collaborer avec moi et de travailler pour l’Opéra mais, malheureusement, notre tentative n’a pas abouti. Il m’a fait voir ses esquisses. Voici d’abord pour les décors: le rideau se lève avant la musique et découvre une toile très belle, celle-ci se lève et démasque un rideau de fond, on ne peut plus ridicule, avec trente motocyclettes en marche. Pour les costumes: Icare, complètement nu, coiffé d’un énorme petit pain au lait, avec une mouche, au-dessus du front, sur un fil de fer… » Lifar se consolera plus tard en confiant le rideau de scène à son ami Picasso lors de la reprise du ballet en 1962.
La période française (1923-1981) – La période de l’Occupation
«1939 arriva et la guerre, qui pointait déjà son vilain museau en 1939, éclata» relate le chorégraphe dans ses «Mémoires d’Icare.» La guerre provoque la fermeture de l’Opéra de Paris. Une partie de la troupe est envoyée en mission militaire et artistique… jusqu’en Australie! Une véritable expédition pour l’époque. Sur le chemin du retour, Lifar découvre Bali et ses danses indonésiennes, une source d’inspiration pour l’avenir.

Serge Lifar avec les clés de l’Opéra Garnier, 1940

Paris occupée par les troupes allemandes en juin 1940, la croix gammée flotte sur l’Arc de Triomphe. La Ville de Paris demande à Serge Lifar d’accepter la direction de l’Opéra. Selon les Conventions internationales de La Haye, l’occupant a le droit d’occuper tout bâtiment de l’Etat abandonné: «A vous de jouer pour que le drapeau nazi ne flotte pas à son sommet durant toute la guerre. Vous avez carte blanche pour toutes vos actions et il vous appartient d’estimer comment vous devez agir avec l’occupant et le personnel de l’Opéra, pour défendre et protéger ce patrimoine artistique.» Serge Lifar se retrouve administrateur, mais aussi concierge, balayeur, téléphoniste, électricien, danseur, chorégraphe, maître de ballet.

“Suite en Blanc”

Le drapeau nazi flotte sur Paris, mais la vie culturelle continue sur les bords de la Seine. Le ballet de Lifar, Suite en blanc, est créé en 1943 avec une constellation d’étoiles: Lycette Darsonval, Yvette Chauviré, Micheline Bardin, Marianne Ivanoff et Paulette Dynalix; il atteindra sa 300e représentation en 1961: «C’est une véritable parade technique, un bilan de l’évolution de la danse académique depuis quelques années, une facture présentée à l’avenir par le chorégraphe d’aujourd’hui», analyse Serge Lifar dans un ouvrage paru en 1954 avec des illustrations d’Aristide Maillol, Pablo Picasso, Jean Cocteau, etc.
La période française (1923-1981) – L’heure de la retraite forcée

“Giselle”, les adieux à la scène
de Serge Lifar 1956
Que fait un danseur quand les effets du temps le contraignent à quitter les feux de la rampe? Lifar concède peu à peu les rôles les plus physiques à de jeunes danseurs, quand bien même il lui arrive de monter encore sur scène lors de galas. C’est l’heure des récompenses et de la récolte de brassées de lauriers bien mérités. En 1955, il reçoit le Chausson d’or pour ses 25 ans de présence à l’Opéra de Paris. L’année suivante,
c’est la Médaille d’or de la Ville de Paris. Il donne aussi un cours de chorégraphie à la Sorbonne et sera nommé professeur à l’Ecole normale de musique.
Le 5 décembre 1956, il effectue ses adieux sur la scène nationale en dansant Giselle au côté d’Yvette Chauviré. Les douze rappels lui iront droit au cœur. En mars 1958, il n’hésite pas à se battre en duel à l’épée avec le marquis de Cuévas pour une exclusivité revendiquée par Lifar sur le répertoire du Nouveau-Ballet de Monte-Carlo. Un duel remporté par le marquis de Cuévas, avant que les deux hommes tombent dans les bras l’un de l’autre. L’honneur est sauf. A la mort du marquis, Serge Lifar sera au nombre des porteurs du cercueil.

Duel entre le Marquis de Cuevas et Serge Lifar

La même année, l’heure sonne de quitter définitivement cet Opéra de Paris qu’il a tant aimé. Le rideau tombe sur plus d’une centaine d’œuvres qu’il y a créée; c’est un déchirement. Il y voit la contrainte du gouvernement français «qui a commencé à prendre ombrage de mes origines russes», lance-t-il lors d’une conférence donnée à Paris en décembre 1958. Il fonde l’Université de la danse et inaugure une nouvelle activité de professeur-conférencier.
La période française, 1923-1981 – La découverte de Moscou
En 1961, il a la joie de retrouver sa mère-patrie derrière le Rideau de fer, Moscou et son Bolchoï, Leningrad et son théâtre Kirov. Il revoit Kiev, sa ville natale quittée 40 ans auparavant, le temps lui semble aboli: «Ainsi le voyage se bouclait parfaitement. La jeunesse se mariait à la sagesse qui venait. Kiev rejoignait Kiev. J’y retrouvai tout, ma maison et mon collège, mes rues, jusqu’aux souvenirs de mes parents, tout sauf un certain parfum de la vie, enfui à jamais. Je vis les écoles de danse. Désormais, c’est de là-bas, je le pressentais, qu’allait nous revenir la vérité chorégraphique.»

La période suisse de 1981 à 1986

Les archives de Lifar à Lausanne Au début 1986, près d’un an avant son décès, Serge Lifar qui a installé ses quartiers à Lausanne cède aux Archives de la Ville de Lausanne une somme considérable de documents, d’affiches, de coupures de journaux, de contributions à des revues spécialisées de la danse et des arts: le 26 février, lors d’une manifestation publique, Serge Lifar remet officiellement à sa ville d’adoption 38 caisses, 32 cartons, 112 tableaux peints durant son séjour à Cannes entre 1970 et 1975, ainsi qu’une valise de documents qui ne représentent au total pas moins de 7 m3: «Ces archives sont d’une importance extrême pour la connaissance de la personnalité du chorégraphe avant 1950, car elles appartiennent principalement à une époque où le document médiatique et filmique n’était pas très répandu, relève alors l’archiviste Gilbert Coutaz: «La mémoire pour Lifar, c’est une parade à l’oubli, c’est la preuve d’exister et de faire reconnaître une vie passionnément, fièrement et énergiquement vouée à la danse».
Médaille d’or Dans les années 50, Serge Lifar s’éprend de la Comtesse Lillan Ahlefeldt-Laurvig. Il vivra pendant 30 ans à ses côtés à Cannes, puis en Suisse dès 1981, à Glion, sur les hauteurs de Montreux, et à Lausanne, où il reçoit en 1985 la Médaille d’or de la Ville. C’est à Lausanne qu’il avait souvent rendu visite à sa grande amie Coco Chanel. A Paris, la «reine de la mode» ne manquait pas une seule de ses premières. Plus tard, elle l’invitera régulièrement à La Pausa, son domaine de Roquebrune-Cap-Martin, et dans sa propriété du Signal de Sauvebelin, sur les hauts de Lausanne.

Tombeau de Serge Lifar et Lillan Ahlefeldt-Laurvig

à Sainte-Geneviève-des-Bois
Morte au Ritz, à Paris, Coco Chanel se fera enterrer à Lausanne. Serge Lifar fera le contraire: mort dans un palace lausannois, il se fera enterrer à Paris. Atteint d’un cancer, il décède à Lausanne le 15 décembre 1986. Son dernier regard sera pour un groupe de cygnes battant l’eau de leurs ailes en ultime ballet. Dans ses dernières volontés, Serge Lifar émettra le vœu d’être enterré au cimetière orthodoxe de Sainte-Geneviève-des-Bois, dans la banlieue parisienne. Ce sera chose faite le 19 décembre 1986 après une émouvante cérémonie à la cathédrale Saint-Alexandre Nevsky, à Paris. Lys blanc à la main, le corps des élèves danseuses compose une haie d’honneur, tandis que le cortège funèbre s’arrête un instant sur le parvis de l’Opéra, où un chœur russe fait retentir ses chants célestes.

‪Liens

http://youtu.be/aA8fDz4SOjQ Portrait en images
http://youtu.be/pFfkpxR7_oY Icare

http://youtu.be/nW_GdSBEdqY Lifar chorégraphe
[/b]

[img width=600]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1f/Tombe_de_Serge_Lifar_(Sainte-Genevi%C3%A8ve-des-Bois).jpg[/img]

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Posté le : 14/12/2013 20:48
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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