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Raspoutine
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Dans la nuit du 29 au 30 Décembre 1916, à 47 ans, à Saint Pétersbourg

est assassiné Grigori Efimovitch Raspoutine,


guérisseur russe né autour du 21 Janvier 1869 à Pokrovskoïe
Paysan sibérien, surnommé Raspoutine : le Dépravé à cause de sa vie dissolue, il n'était ni moine, ni pratiquant de l'Église orthodoxe, mais appartenait très probablement à l'une des sectes chrétiennes fort nombreuses en Russie. Il fut recommandé à l'impératrice parce qu'il avait le pouvoir d'arrêter les hémorragies et pouvait soulager le grand-duc héritier, atteint d'hémophilie ; il ne put cependant jamais le guérir. Il mène une vie débauchée et s'entoure de gens sans aveu et d'aventuriers qui désirent profiter de son crédit.
Dès 1912, toute la Russie bien pensante est dressée contre Raspoutine, mais celui-ci, usant de chantage à l'amour maternel, impose sa volonté à l'impératrice et, par elle, à l'empereur.

Le rôle politique de Raspoutine a été beaucoup exagéré, mais certaines nominations de hauts fonctionnaires sont dues à son influence. Quand, au mois de décembre 1916, le grand-duc Dimitri Pavlovitch, cousin du tsar, le prince Youssoupov et le député d'extrême droite Pourichkevitch organisent l'assassinat de Raspoutine, cet acte et surtout la manière dont il est perpétré desservent la dynastie. Raspoutine est empoisonné pendant un dîner avec les conjurés et, comme il n'arrive pas à mourir, il est achevé à coups de revolver.
Raspoutine ne manquait pas de clairvoyance et répétait souvent qu'une guerre mènerait la Russie vers une révolution, d'où peut-être les rumeurs l'accusant d'être à la solde de l'Allemagne.

Grigori Efimovitch Raspoutine, par la suite Raspoutine-Novyi, en russe : Григорий Ефимович Распутин-Новый, probablement né le 21 janvier 1869 dans le village de Pokrovskoïe, est un pélerin, mystique et guérisseur russe. Il devint le confident d'Alexandra Feodorovna, épouse du tsar Nicolas II, ce qui lui permettra d'exercer une forte influence au sein de la cour impériale russe, jusqu'à son assassinat, à Saint-Pétersbourg, dans la nuit du 16 au 17 décembre 1916 du calendrier Julien, c'est à dire du 29 au 30 Décembre du caliendrier grégorien, suite à un complot fomenté par des membres de l'aristocratie.
Originaire des confins de la Sibérie, c'est un mystique errant, peut-être un starets, parfois surnommé le moine fou. Aucune source cependant n’atteste qu'il aurait été réellement moine, comme lui-même l'affirmait. À plusieurs reprises, il sera suspecté d'avoir fait partie de la secte des khlysts. L'hypothèse la plus généralement retenue est qu'il fut surtout un pélerin doté d'un grand pouvoir de séduction.
En 1907, Raspoutine, qui s'est acquis une réputation comme guérisseur, est pour la première fois invité par le couple impérial au chevet de leur fils Alexis, leur unique garçon et l'héritier du trône, atteint d'hémophilie. Ce n'est que plus tard durant le règne du tsar que Raspoutine serait devenu un personnage influent, en particulier après septembre 1915. On a pu prétendre que Raspoutine avait participé à jeter le discrédit sur la famille impériale, et constituer l'un des éléments qui causèrent la chute des Romanov. La tsarine et sa famille ont pu le considérer comme un guérisseur, un mystique, voire un prophète, mais ses ennemis le voyaient comme un charlatan débauché, mu par un appétit sexuel démesuré, et, ou comme un espion.
Certaines zones d'ombre subsistent concernant la vie et l'influence de Raspoutine, ce que l'on sait de lui étant souvent basé sur des témoignages partiaux, en partie alimentés par la propagande anti-monarchiste, des rumeurs et des légendes.
Alors que le personnage a longtemps été diabolisé, bon nombre de personnes en Russie ont aujourd'hui de lui une opinion favorable. Quoi qu'il en soit, un véritable mythe s'est construit autour de Raspoutine qui, de nos jours encore, continue à inspirer écrivains et artistes.

Des origines mystérieuses

La plupart des archives ayant été détruites, même l’année de naissance de Grigori Raspoutine est sujette à caution. Selon la Grande Encyclopédie soviétique, il serait né en 1864 ou 1865. Certains ont pu soutenir que Raspoutine était un surnom, issu de l’adjectif russe распутный : raspoutnyi, signifiant à l'origine débâcle, la fonte des eaux après le dégel, puis débauché. Toutefois, dans une biographie, l’écrivain et historien russe Edvard Radzinsky affirme que les archives officielles de Tioumen, en Sibérie, contiennent un recensement des habitants de Pokrovskoïe qui mentionne clairement le nom de Raspoutine, qui serait donc son vrai nom.

En 1995, l’historien russe Oleg Platonov se penche sur la question à la demande du clergé et du métropolite Yoann, qui sont désireux de tirer les choses au clair sur le mystérieux personnage. C'est ainsi que, l'année suivante, Platonov publie à Saint-Pétersbourg une étude consacrée au sujet. Si presque tous les registres d’époque ont disparu, Platonov a tout de même pu mettre la main sur de nombreux renseignements relatifs aux baptêmes, mariages et décès dans le village de Pokrovskoïe entre 1862 et 1868.
Iefim Iakovlevitch Raspoutine et Anna Vassilievna Parchoukova, les futurs parents de Grigori Raspoutine, se marient à Pokrovskoïe le 21 janvier 1862, alors qu'ils sont âgés respectivement de vingt et vingt-deux ans. Le couple a plusieurs enfants qui, tous, meurent en bas âge : trois filles – Evdokia, née le 11 février 1863, une autre Evdokia, née le 2 août 1864, et Glikerya, née le 8 mai 1866 – et un garçon, Andreï. En 1868, les registres ne font mention d’aucune naissance dans la famille, ce qui voudrait dire que Grigori Raspoutine n’est pas né avant 1869.
Après 1868, il n'existe plus, apparemment, de registres consultables, mais ont toutefois subsisté certains formulaires originaux remplis à l'occasion d'un recensement de tout l'Empire. Le recensement de 1897 est soigneusement fait. Au nom de Grigori Iefimovitch Raspoutine, il est mentionné que celui-ci était dans sa 28e année et son année de naissance est elle aussi indiquée : 1869. Il n’y a pas d'autre précision concernant sa naissance. Pour Yves Ternon, qui s’en tient à 1863 ou 1864 comme année de naissance de Raspoutine, il serait né sans doute le dix janvier, jour que l’Église orthodoxe dédie à Grégoire de Nicée.
S’il est vrai que le nom de famille Raspoutine est bien mentionné dans certains registres, le nom de baptême du père de Raspoutine, Novykh, Новых, est également clairement indiqué. Par ailleurs, dans les archives consultées par Platonov, pas moins de sept familles du même village étaient appelées Raspoutine. L’historien rappelle alors qu’outre débauché, le mot raspout'e signifiait également, à l’époque, croisée des chemins ou carrefour, et était donc fréquemment utilisé comme surnom pour ceux qui habitaient de tels endroits. De surnom, Raspoutine se muait souvent en nom de famille, ce qui fut probablement le cas avec la famille d'Iefim.
Aujourd’hui encore, Raspoutine est un nom qui se rencontre en Sibérie.

Sa jeunesse

Très religieuse, sa mère, Anna Vassilievna Parchoukova, et son père, Iefim Iakovlevitch Raspoutine, étaient fermiers dans le village sibérien de Pokrovskoïe, district de Tioumen, province de Tobolsk, à 2 500 km à l’est de Saint-Pétersbourg. Son père n'est pas un simple moujik, car il est propriétaire de sa ferme, de sa terre, de vaches et de chevaux. La légende veut que le 10 janvier 1869, un météore ait traversé le ciel au-dessus du village de Pokrovoskoïe, et ce phénomène annonçait, disait-on, la venue au monde d’un personnage exceptionnel. Une autre légende veut que son père, maquignon-voiturier, se soit occupé de chevaux avec lesquels il entretenait des rapports magiques. Dès son enfance, Raspoutine manifeste des dons de guérisseur et de voyant.

La vie était rude, l’existence rustique, la vodka une boisson courante, l’instruction existait peu dans les campagnes. Raspoutine n’apprendra les rudiments de la lecture et de l’écriture qu’au cours de ses voyages, à l’âge adulte, mais certaines personnes lui trouvaient un pouvoir d’apaisement, voire de guérison, sur les animaux.
À la suite d'une chute accidentelle dans les eaux glacées d’une rivière alors qu’ils jouaient ensemble, son frère aîné, Andreï, et lui, qui s’est jeté à l'eau pour le secourir, sont victimes d’une pneumonie. Andréï meurt, mais Grigori guérit de sa fièvre ardente. Celui-ci traverse cependant des périodes de dépression et de surexcitation incontrôlables. Il aide son père dans les travaux de la ferme et conserve de cette enfance les manières frustes des paysans sibériens, les vêtements amples et peu soignés, et les mains calleuses.
Dès l’âge de seize ans, il est sujet à des crises mystiques et des apparitions mariales, à la suite de la vision d’un ange lumineux apparu dans la campagne. Il se plonge dans la lecture de la Bible, au point d’en devenir un exégète. Il pratique l’ascétisme : parfois, il reste trois semaines reclus dans la cave de son père et, lorsqu’il en ressort, les paysans vont au devant de lui pour recueillir ses oracles. Pendant quinze ans, il alterne la vie de paysan moujik au village et des retraites dans des monastères où il rencontre les starets pour suivre leur enseignement. Mais il fait aussi preuve de débordement d’énergie et de pulsions diverses, dont une sexualité débordante qu’il assouvit facilement.

En 1888, à l’âge de dix-neuf ans, il épouse une jeune paysanne du village de Doubrovnoïé, Praskovia Feodorovna. Cinq enfants naissent de ce mariage : Mikhail et Georguiï décèdent prématurément, Dimitri, né en 1895, Maria en 1898 et Varvara en 1900. Malgré de multiples incartades sexuelles, il revient toujours auprès de son épouse.

Vie d’errance

En 1894, alors qu'il travaillait dans les champs, il aurait eu la vision d'une Vierge lumineuse. Makari, un moine ascète à qui il en parle et qu'il considère comme son père spirituel, lui conseille d'abandonner son métier de fermier, de se plonger davantage dans la religion et de se rendre au mont Athos, en Grèce. Il part pour un voyage à pied de plus de 3 000 km qui dure plus de dix mois, mais il est déçu par les moines du mont Athos. Sur la route du retour, il fait halte dans de nombreux monastères et c'est plus de deux ans après son départ qu'il retrouve sa femme et son jeune fils Dimitri, né en 1895.
Cependant, il continue à vivre des périodes de mystique et d'ermite, parcourant la Sibérie occidentale et survivant grâce à la prédication, la charité et l'aumône, frappant aux portes des monastères et acquérant au fur et à mesure de ses pérégrinations une réputation de sage et de guérisseur : "Ce n'est pas moi qui guéris, c'est Dieu ".
Il effectue de nombreux pèlerinages, particulièrement à Kazan et à Kiev : les gens commencent à venir de toute la région pour écouter ses prêches. Le clergé orthodoxe s'inquiète de son succès, mais ne peut rien y trouver à redire. De plus en plus de fidèles viennent à ses réunions, amenant des malades sur lesquels il exerce ses talents de guérisseur. Sa réputation s'étend mais, en même temps, il continue une vie de débauché, de buveur, de bagarreur, de séducteur et même de voleur.

Durant toutes ces années, il entre en contact avec de multiples sectes qui fleurissaient sur le terreau de la religion orthodoxe. Il est notamment chargé d'accompagner un jeune moine au monastère de Verkhotourié, où il séjourne trois mois. Ce cloître est en réalité tenu par la secte des khlysts qui mêlent, par la danse, la flagellation, d'où leur nom de "flagellants" et l'extase, l'érotisme et la religion… ce qui lui convient parfaitement. Son mysticisme devient doctrinaire et le conduit à l'élaboration d'obscures théories sur la régénération par le péché, son plus célèbre précepte est Pour se rapprocher de Dieu, il faut beaucoup pécher et les excès en tous genres. Il aurait été un étudiant de cette secte, mais sans jamais y avoir été initié, y perfectionnant son don pour l'hypnose et la magie.

L’arrivée à Saint-Pétersbourg

À l'invitation de la grande-duchesse Militza, qui l'avait rencontré à Kiev, Raspoutine se rend à Saint-Pétersbourg, capitale de l'Empire russe depuis le règne de Pierre le Grand. Le tsar Nicolas II règne depuis 1894. En cours de route, à Sarov, il assiste en 1903 à la canonisation du starets Séraphin de Sarov et, devant l'assistance réunie, Raspoutine entre en transe et prédit la naissance d'un héritier mâle au trône impérial. Le 12 août 1904 naît le tsarévitch Alexis, qui se révélera être atteint d'hémophilie.
Arrivé au printemps 1904 à Pétersbourg, Raspoutine demande l'hospitalité à l'évêque Théophane, inspecteur de l'Académie de théologie de la capitale, qui l'aide par des lettres de recommandation. Son but était de rencontrer Nicolas II, trop occidentalisé à ses yeux, pour l'initier à la véritable âme russe. Son protecteur, le vicaire de Kazan, lui avait remis une lettre de recommandation destinée à l'évêque Sergui, qui s'inquiétait aussi de la crise spirituelle qui minait la Russie.
Conquis par Raspoutine, l'évêque le prit sous sa protection et le présenta à l'archevêque Théophane de Poltava, confesseur d'Alexandra Fedorovna, au père Jean de Cronstadt et à l'évêque Hermogène de Saratov. Tous furent stupéfaits de la ferveur religieuse de Raspoutine et de son talent de prédicateur. Ils le bénissent, le considèrent comme un starets, voire comme un envoyé de Dieu, et l'introduisent auprès de la grande-duchesse Militza et de sa sœur la grande-duchesse Anastasia, filles du roi Nicolas Ier du Monténégro, mariées à deux frères, respectivement le grand-duc Peter Nicolaïévitch et le grand-duc Nicolaï Nicolaïevitch, cousins d’Alexandre III. Cependant, Raspoutine retourna dans son village sibérien et ne revint à Pétersbourg qu’en 1905.

Auprès de la famille impériale

La tsarine attirant autour d'elle de nombreux mystiques, comme Maître Philippe ou Papus, est séduite par Raspoutine, d'autant plus qu'un ancien prédicateur français, qui lui avait annoncé quelques années auparavant la naissance de son fils Alexis, lui avait annoncé la venue d'un autre grand prédicateur qu'il avait nommé Notre Ami . Une audition auprès de l'archiprêtre thaumaturge Jean de Cronstadt convainc ce dernier de l'authenticité de ses pouvoirs.
Par l'entremise de la grande-duchesse Militza et de sa sœur, la grande-duchesse Anastasia, le starets est présenté à la famille impériale in corpore dans le palais Alexandre, le 1er novembre 1905. Il offre des icônes à chacun. Le tsarévitch Alexis souffrant d'hémophilie, Raspoutine demande à être conduit au chevet du jeune malade, lui impose les mains, lui raconte plusieurs contes sibériens et parvient ainsi, semble-t-il, à enrayer la crise et à le soulager. Selon certains, cela s'expliquerait par le simple fait que la médecine de l'époque ignorait les propriétés de l'aspirine qui était donnée au jeune malade. Ce médicament est un anticoagulant, facteur donc aggravant de l'hémophilie. Le simple fait de balayer de la table et de jeter les remèdes donnés au malade – dont l'aspirine – ne pouvait qu'améliorer son état.
Les parents sont séduits par les dons de guérisseur de cet humble moujik qui semblait aussi avoir celui de prophétie. Alexandra se convainc que Raspoutine est un messager de Dieu, qu'il représente l'union du tsar, de l'Église et du peuple et qu'il a la capacité d'aider son fils par ses dons de guérisseur et sa prière.
Sa réputation permet à Raspoutine de se rendre indispensable ; il prend très vite un ascendant considérable sur le couple impérial. Invité à de nombreuses réceptions mondaines, il fait la connaissance de nombreuses femmes riches. Raspoutine inquiète et fascine : son regard perçant est difficile à soutenir pour ses admiratrices, et beaucoup cèdent à son charme hypnotique et le prennent pour amant et guérisseur.

Le regard de Raspoutine.

L'une d'entre elles, Olga Lokhtina, épouse d'un général influent mais crédule, devient sa maîtresse, le loge chez elle et le présente à d'autres femmes d'influence, comme Anna Vyroubova, amie et confidente de la tsarine, et Mounia Golovina, nièce de celle-ci. Grâce à d'habiles mises en scène, il se produit à Saint-Pétersbourg ou au Palais impérial de Tsarskoie Selo, la résidence principale du tsar, dans des séances d'exorcisme et de prières. Des récits de débauches, prétendues ou avérées, commencent alors à se multiplier et à faire scandale.
En 1907, le tsarévitch, à la suite de contusions, est victime d'hémorragies internes que les médecins n'arrivent pas à contrôler et qui le font énormément souffrir. Appelé en désespoir de cause, Raspoutine, après avoir béni la famille impériale, entre en prière. Au bout de dix minutes, épuisé, il se relève en disant : Ouvre les yeux, mon fils.Le tsarévitch se réveille en souriant et, dès cet instant, son état s'améliore rapidement.
Dès lors, il devient un familier de Tsarskoie Selo : il est chargé de veiller sur la santé de la famille impériale, ce qui lui donne des entrées permanentes au Palais. Il est reçu officiellement à la Cour. Cependant, malgré la pleine confiance du tsar, il se rend vite très impopulaire auprès de la Cour et du peuple et est rapidement considéré comme leur mauvais ange. Il est ainsi tout à la fois aimé, détesté et redouté. On le soupçonne de s'enrichir, ce qui ne semble nullement être le cas, son seul luxe étant de porter une chemise de soie confectionnée par Alexandra et une magnifique croix qu'il porte autour du cou, également offerte par la tsarine.
Il continue par contre toujours à mener une vie dissolue de beuveries et de débauches, conserve cheveux gras et barbe emmêlée. Il organise des fêtes dans son appartement, où dominent le sexe – jusqu'à dix relations sexuelles par jour – et l'alcool. Il prêche sa doctrine de rédemption par le péché parmi ces dames, impatientes d'aller au lit avec lui pour mettre en pratique sa doctrine, ce qu'elles considérent comme un honneur.

Après la révolution de 1905, Raspoutine se heurte au Président du Conseil Piotr Stolypine. Nommé en juillet 1906, réformateur énergique, celui-ci veut moderniser l'Empire russe, en permettant aux paysans d'acquérir des terres, en organisant une meilleure répartition de l'impôt et en accordant à la Douma, le parlement russe, davantage de pouvoirs. Par une répression féroce, il endigue les vagues d'attentats, améliore le système ferroviaire et augmente la production de charbon et de fer. Stolypine ne comprend pas l'influence de ce moujik mystique sur le couple impérial, tandis que Raspoutine reproche au Premier ministre sa morgue, caractéristique de la classe des grands propriétaires terriens dont il était issu.
Lors de l'affaire des Balkans, en 1909, Raspoutine se range dans le parti de la paix aux côtés de la tsarine et d'Anna Vyroubova contre le reste du clan Romanov. Il pense que l'armée impériale est sortie affaiblie de la défaite de 1905 contre le Japon et n'est pas prête à se lancer dans un nouveau conflit. Il ne peut arrêter les événements, mais lorsque la France et le Royaume-Uni interviennent contre la Russie, il réussit à convaincre Nicolas II de ne pas étendre le conflit à toute l'Europe.
Stolypine fait surveiller Raspoutine par l'Okhrana, la police secrète. Les rapports accablent le starets. Le scandale Raspoutine éclate en 1910 lors d'une campagne de presse orchestrée par des députés de la Douma et des religieux, qui dénoncent la nature débauchée de Raspoutine, visant indirectement le tsar. En 1911, Raspoutine est écarté de la Cour et exilé à Kiev, mais, lors d'une transe, il prédit la mort prochaine du ministre : La mort suit sa trace, la mort chevauche sur son dos. Il décide alors de partir en pèlerinage vers la Terre sainte, mais revient à la Cour dès la fin de l'été.

Le 14 septembre 1911, alors que Stolypine vient d'autoriser les paysans à quitter le mir, leur permettant ainsi d'accéder à la propriété individuelle de la terre, et que cette réforme est acclamée à travers toute la Russie, le Premier ministre est assassiné par le jeune anarchiste Dmitri Bogrov, à l'Opéra de Kiev, en présence de la famille impériale, des ministres, des membres de la Douma et de Raspoutine. Cet assassinat marque la fin des réformes, alors que la situation internationale devient instable.
Le 2 octobre 1912, le tsarévitch Alexis, en déplacement en Pologne, est victime, suite à un accident, d'une nouvelle hémorragie interne très importante, qui risque d'entraîner sa mort. Aussitôt averti, Raspoutine entre en extase devant l'icône de la Vierge de Kazan, et quand il se relève, épuisé, il expédie au Palais le message : N'ayez aucune crainte. Dieu a vu vos larmes et entendu vos prières, Mamka. Ne vous inquiétez plus. Le Petit ne mourra pas. Ne permettez pas aux docteurs de trop l'ennuyer. Dès la réception du télégramme, l'état de santé du tsarévitch Alexis se stabilise et, dès le lendemain, commence à s'améliorer : l'enflure de sa jambe se résorbe, et l'hémorragie interne s'arrête. Les médecins peuvent bientôt le déclarer hors de danger et même les plus hostiles au starets doivent convenir qu'il s'est produit là un événement quasi miraculeux de guérison à distance. Sauveur, il revient triomphalement à Saint-Pétersbourg.

La Grande Guerre

Derrière le démembrement de l'Empire ottoman et la question des Balkans se mettent en place les conditions d'une guerre générale. Raspoutine et ses alliés de la paix freinent la marche de la Russie vers la guerre. Le service du renseignement britannique estime qu'il est en effet en lien avec le banquier Serge Rubinstein et ses réseaux allemands. Le 29 juin, Raspoutine est poignardé par une mendiante, Khionia Gousseva, une ancienne prostituée, au sortir de l'église de son village sibérien. L'enquête démontre que l'ordre est venu du moine Iliodore de son vrai nom Sergei Mikhailovich Troufanov qui lui reproche ses croyances khlyst.

Après cet attentat et son rétablissement, l'importance de Raspoutine devient primordiale et son influence s'exerce dans tous les domaines : il intervient dans les carrières des généraux, dans celle des métropolites et même dans la nomination des ministres, mais la peur l'a envahi. Il se met à boire encore plus d'alcool, à participer à encore plus de soirées de débauche et d'orgies dans les cabarets tsiganes. Il n'est plus le starets ascétique que tout le monde respectait. Cependant, malgré son caractère débauché et son aspect de moins en moins engageant, ses conquêtes féminines sont de plus en plus nombreuses dans la haute société.
Le 1er août, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie. Le patriotisme russe s'exalte – surtout en raison des premiers succès militaires – et Raspoutine voit sa faveur décliner. Rapidement cependant, la situation militaire se détériore : hiver rigoureux, manque d'armement, d'approvisionnement, commandement indécis. Décidé à prendre la situation en main, Nicolas II s'installe sur le front, laissant la régence à son épouse et à son conseiller privé, Raspoutine.
Ce dernier se fait alors de plus en plus d'ennemis, en particulier chez les politiques, les militaires et dans le clergé orthodoxe qui, au début, l'a pourtant bien accueilli, mais que son inconduite révolte. Les pires calomnies se répandent en même temps que la guerre tourne au désastre. En 1916, à la Douma, la tsarine, qui est d'origine allemande, et Raspoutine sont ouvertement accusés de faire le jeu de l'ennemi.

L’assassinat de Raspoutine

L’historien Edvard Radzinsky a pu donner les détails de cet assassinat grâce aux archives de la Commission extraordinaire de 1917 et le dossier secret de la police russe.
La famille Romanov, jalousant les faveurs dont bénéficie Raspoutine, choquée par sa réputation scandaleuse, ses débauches, dans lesquelles des noms de femmes de la haute noblesse sont mêlés, s'oppose de plus en plus ouvertement au starets. De plus, en pleine guerre mondiale, le bruit court qu'il espionne au profit de l’Allemagne. Plusieurs complots se trament contre lui.
Une conjuration aboutit à son assassinat dans la nuit du 16 au 17 décembre 1916 alors qu'il est l'invité du prince Félix Ioussoupov, époux de la grande duchesse Irina, nièce du tsar.
Parmi les principaux conjurés se trouvent le Grand-duc Dimitri Pavlovitch, cousin de Nicolas II, le député d'extrême-droite Vladimir Pourichkevitch, l'officier Soukhotine et le docteur Stanislas Lazovert. Ioussoupov, chez qui est commis l'assassinat, en publie, en 1927, le récit détaillé mais quelque peu arrangé.

Le cadavre est retrouvé le 19 décembre 1916 au petit matin. Gelé et recouvert d’une épaisse couche de glace entourant le manteau de castor, le cadavre est remonté à la surface de la Neva au niveau du pont Petrovsky. L’album de photos de police exposé au Musée d'histoire politique de la Russie de Saint-Pétersbourg révèle le visage de Raspoutine défoncé par des coups et son corps transpercé de quatre impacts de balles qui ont traversé le cœur, le cou et le cerveau. L’autopsie, faite le jour même de la découverte du corps à l'Académie militaire par le professeur Kossorotov, révèle que Raspoutine n’est mort ni du poison, ni des balles, ni des commotions et des coups assénés, mais que la présence d’eau dans les poumons prouverait qu’il respirait encore au moment où on le jeta dans la petite Neva, la Nevka.
Plusieurs personnes ayant eu vent de la nouvelle viendront récolter l'eau dans laquelle Raspoutine avait été trouvé mort : elles espéraient ainsi recueillir un peu de son pouvoir mystérieux.
Raspoutine est inhumé le 3 janvier 1917 – 22 décembre du calendrier russe – dans une chapelle en construction, près du palais de Tsarskoïe Selo.
Au soir du 22 mars, sur ordre du nouveau Gouvernement révolutionnaire, on exhume et brûle le corps de Raspoutine, et on disperse ses cendres dans les forêts environnantes. Mais, selon la légende, seul le cercueil brûla, le corps de Raspoutine restant intact sous les flammes.

La légende

Raspoutine aurait prédit à la tsarine : Je mourrai dans des souffrances atroces. Après ma mort, mon corps n'aura point de repos. Puis tu perdras ta couronne. Toi et ton fils vous serez massacrés ainsi que toute la famille. Après, le déluge terrible passera sur la Russie. Et elle tombera entre les mains du Diable.
Des journalistes et hommes politiques hostiles à la Maison Romanov ont fait courir la rumeur que Raspoutine fut l'amant de la tsarine. L’historien Edvard Radzinsky, d'après le dossier secret de police russe acquis chez Sotheby's, relativise l'érotomanie et la débauche sexuelle de Raspoutine : le déflorage de nonnes ou le viol de dames de la haute aristocratie serait là aussi essentiellement des rumeurs colportées par des personnes inquiètes de son influence sur la Cour ou hostiles au régime monarchique.

Comme il l'avait prédit, son assassinat sera suivi d'événements terribles. Trois mois après la fin de Raspoutine, le tsar Nicolas II dut abdiquer, et quelques jours après, la tombe du starets fut profanée par les bolcheviks, son corps brûlé et ses cendres dispersées. La famille impériale fut massacrée dans les caves de la villa Ipatiev, à Iekaterinbourg, dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918. La Russie se déchira dans une terrible guerre civile pendant plus de trois ans…
Après 1917, son image a été largement utilisée par la propagande bolchévique pour symboliser la déchéance morale de l'ancien régime. Puis elle fut reprise, déformée, amplifiée, dès 1917, par la littérature puis, à partir de 1928, par le cinéma et la télévision, qui en ont fait l'exploitation à la limite du fantastique et de l'érotisme.
Un pénis momifié de 29 cm, qui serait le sien, est conservé et exposé au Musée de l'érotisme de Saint-Pétersbourg. Selon Secrets d'histoire, présenté par Stéphane Bern, il est très peu probable que celui-ci soit d'origine humaine car, après l'enterrement de Raspoutine, ses restes furent brûlés pour empêcher toute personne de rendre un culte sur sa tombe.

Pénis de Raspoutine.

Au cours des années, Raspoutine est finalement devenu un mythe, servant de prétexte à beaucoup de dirigeants politiques russes et européens pour s'exonérer de leurs propres responsabilités dans les événements tragiques survenus en Russie.

Arts et culture populaire

Le personnage de Raspoutine et les mystères qui l'entourent n'ont cessé d'intriguer et continuent jusqu'à aujourd'hui à stimuler l'imaginaire créatif. Ainsi, bon nombre d'œuvres le mettent en scène qui, tantôt tentent de s'approcher de la réalité historique, tantôt – le plus souvent – s'en écartent allègrement.
Alors que le personnage, en tant que tel, est ambivalent – Raspoutine est aussi celui qui réussit, de manière difficilement explicable, à guérir, ou du moins soulager, le jeune tsarévitch –, c'est le côté diabolique,débauché, manipulateu, symbole de la chute d'un Empire, qui est, la plupart du temps, voire toujours, retenu et, d'une façon ou d'une autre, exploité.

Littérature

1924 : Les Ténébreuses. Roman de Gaston Leroux.

Musique
Rasputin est une chanson du groupe disco Boney M, 1978. Cette même chanson fut reprise par le groupe de viking métal Turisas, en 2007.
Rasputin 2001-2003 est un opéra du Finlandais Einojuhani Rautavaara.
Il apparaît sur le dernier album du groupe de metal industriel Type O Negative, Dead Again, paru en 2007. Le groupe explique que personne d'autre n'aurait pu représenter mieux que lui la signification du titre car Raspoutine a tenté de mettre fin à ses jours de nombreuses fois d'après les légendes.
Rasputin est une chanson du groupe de thrash metal Cavalera Conspiracy, figurant sur l'album Blunt Force Trauma, sorti en 2011.

Cinéma

La figure de Raspoutine a inspiré bon nombre d'œuvres cinématographiques, dont voici les plus marquantes :
1917 : The Fall of the Romanoffs, film américain de Herbert Brenon. Considéré comme le premier film sur la Révolution russe. Le rôle de Raspoutine y est tenu par Edward Connelly.
1933 : Raspoutine et sa cour Rasputin and the Empress de Richard Boleslawski. Seul film à réunir les trois aînés de la famille Barrymore : Lionel, John et Ethel. Lionel Barrymore incarne Raspoutine.
1937 : La Tragédie impériale de Marcel L’Herbier retrace la vie de Raspoutine, avec Harry Baur dans le rôle du starets.
1966 : Raspoutine le moine fou, film britannique produit par la Hammer, de Don Sharp, avec Christopher Lee et Barbara Shelley. Christopher Lee incarne Raspoutine.
1967 : J’ai tué Raspoutine de Robert Hossein, récit de la vie de Raspoutine et du complot, avec Gert Fröbe dans le rôle de l'assassiné du titre.
1971 : Nicolas et Alexandra Nicholas and Alexandra de Franklin J. Schaffner. Tom Baker incarne le guérisseur.
1974 : Raspoutine, l’agonie Агония d'Elem Klimov. Alexéï Petrenko incarne Raspoutine.
1997 : Anastasia, long-métrage d'animation de Don Bluth et Gary Goldman. Raspoutine y est présenté comme un sorcier qui fait tout pour supprimer la dernière des Romanov.
2004 : Hellboy de Guillermo del Toro, adaptation de la bande dessinée. Raspoutine, joué par Karel Roden, est l'un des plus grands adversaires de Hellboy ; allié des nazis autour d'expériences ésotériques et surnaturelles, Raspoutine amène Hellboy sur Terre pour déclencher l'Apocalypse.
2011 : Raspoutine, de Josée Dayan, avec Gérard Depardieu dans le rôle de Raspoutine, Fanny Ardant... Cette production franco-russe est sortie directement en DVD en France en janvier 2012 et dans les salles de cinéma russes en novembre 2013 avec un montage différent.

Télévision

1996 : Rasputin, the Dark Servant of Destiny, téléfilm réalisé par Uli Edel, diffusé en 1996. Le rôle-titre est interprété par Alan Rickman.
2011 : Raspoutine. Gérard Depardieu incarne Raspoutine aux côtés de Fanny Ardant et Vladimir Mashkov.
Dans la série Warehouse 13, saison 2, épisode 2, un certain chapelet ayant soi-disant appartenu à Raspoutine est un artefact possédant apparemment le pouvoir de ressusciter les morts.
Dans la série Buffy contre les vampires, l'héroïne prétend que Raspoutine était un vampire, expliquant de fait, les mystères entourant sa vie, origine, errance, assassinat.
Raspoutine est le nom d'un catcheur russe dans l'un des épisodes de la série animée Les Simpson.
Raspoutine se voit caricaturé dans l'épisode Nothing but the Tooth du dessin animé Animaniacs, où on le voit comme un hypnotiseur.
Dans le film manga Détective Conan - Le Magicien de la fin du siècle, une descendante de Raspoutine Scorpion apparaît, pour le venger.
Raspoutine est présent dans la série animée Blood+ épisode 17, où il est l'un des chevaliers de Diva, chassé par Saya.

Bande dessinée

Raspoutine est le nom d'un personnage de la série Corto Maltese créée en 1967 d'Hugo Pratt, lequel s'est inspiré du Raspoutine de la légende, le Raspoutine aux neuf vies.
Raspoutine est l'un des personnages du manga La Fenêtre d'Orphée 1976 de Riyoko Ikeda.
Raspoutine, un chat anthropomorphe, est l'adversaire de l'inspecteur Canardo, le personnage créé par Benoît Sokal. Il apparaît pour la première fois dans le deuxième album de la série, La Marque de Raspoutine (1982).
Raspoutine joue un rôle essentiel dans la série de comics Hellboy, créée par Mike Mignola en 1994, puisque c'est à cause – ou grâce – à l'invocation du personnage qu'Hellboy apparaît sur terre.
Il figure sur la couverture du Grand Complot (1996), septième album de la série Ian Kalédine, sans néanmoins apparaître dans l'histoire.
Il fait partie de l'intrigue du Secret de Raspoutine (2003), neuvième album de la série Harry Dickson, parue aux éditions Soleil. Étant déjà mort au moment où l'histoire est censée se dérouler, il apparaît dans des scènes de flashback.
Raspoutine est le chien de fiction de l'album Le Septième Code (2004), vingt-quatrième de la série Yoko Tsuno de Roger Leloup.
L'un des X-Men – éditions Marvel Comics –, Colossus, apparu en 1975, est russe et a pour véritable nom Piotr Nikolaievitch Rasputin. Dans une mini-série de 2005, Colossus : Bloodline – traduite dans X-Men, hors-série 26 – qui lui est consacrée, on découvre que l'arrière-grand-père du héros n'est autre que Grigori Raspoutine.
Raspoutine 2006-2008 est une série trois volumes de Tarek et Vincent Pompetti Emmanuel Proust.
Dans le manga Afterschool Charisma 2008, un clone de Raspoutine a été créé.
Dans Assassin's Creed: The Fall 2010, son cadavre est déterré par l'assassin Nikolaï Orelvov. On découvre alors qu'il possède un éclat de métal forgé dans la même matière que les fragments d'Éden, objets qui, dans la série Assassin's Creed, permettent à leurs possesseurs de contrôler l'esprit et les sens de leur interlocuteur, qu'il aurait récupéré à la suite de l’événement de la Toungouska. Dans cette série, on tente ainsi d’expliquer l'influence de Raspoutine sur le tsar et la tsarine.

Jeux vidéo

Raspoutine est un personnage de la série World Heroes.
Raspoutine fait une apparition remarquée dans Shadow Hearts: Covenant sur PlayStation 2.
Raspoutine est un personnage secondaire de Shin Megami Tensei: Devil Summoner: Raidou Kuzunoha vs. The Soulless Army, dans lequel il invoque des démons.
Raspoutine est le nom d'un succès du jeu vidéo Team Fortress 2. Il consiste à subir des dommages venant de balles, feu, coups de combat rapproché et d'explosion en une seule vie.
Ce succès ne peut être réussi qu'en étant un Heavy.
Il apparaît en photographie à de nombreuses reprises dans Assassin's Creed II, à condition que le joueur se donne la peine de découvrir et de décrypter les glyphes dissimulés dans les décors. L'antépénultième décryptage révèle que sa mort fut causée par les assassins, qui le voyaient comme un tyran à part entière.

Utilisations commerciales

Rasputin est le nom d'une bière de la brasserie De Molen.



Récits de l'assassinat de Raspoutine par le prince Youssoupoff


Analysé par un criminologue E. De Greeff, Introduction à la criminologie

Observation préliminaire du Dr De Greeff : Le Prince Youssoupoff nous a laissé un récit circonstancié de la mort du Starets dans un livre intitulé « La fin de Raspoutine » qui parut chez Plon en 1927. Ce livre est une confession, car c’est le Prince Youssoupoff qui perpétra cette mort.

Dans le crime politique utilitaire, le meurtrier n’a théoriquement en vue que l’intérêt général. Mais le problème se complique, parce que, sous l’intérêt général, se cache un intérêt individuel. Le meurtrier doit vaincre exactement les mêmes résistances qu’il aurait à vaincre s’il s’agissait simplement de supprimer un rival, et nous le voyons passer par les mêmes stades que les criminels ordinaires.


Nous donnons ci-dessous une courte analyse d’un meurtre politique normal :

Le meurtre de Raspoutine
Le prince Youssoupoff était l’homme le plus riche de toutes les Russies, le plus beau parti et était considéré comme devant jouer un grand rôle dans la vie de son pays. Il termine ses études en 1912 et arrive à Saint-Petersbourg où il trouve la route barrée par Raspoutine.

A partir de 1915, l’autorité du Starets est complète. C’est à ce moment que paraît nettement en l’esprit du prince l’idée qu’il faut le faire disparaître. Mais ce n’est qu’un « assentiment inefficace». En ce sens que le prince ne se sent nullement engagé à agir personnellement. Il s’agit encore d’une idée collective. Plusieurs personnages en sont au même stade que lui et ne le dépasseront pas.

Mais l’idée de tuer rencontre de la résistance; elle ne peut progresser que si Raspoutine est ramené à ce qu’il est réellement, que si on peut être certain qu’il est aussi ignoble qu’on le dit, que si le meurtre peut recevoir une justification morale. Presque un an se passe à cette préparation et, cette culpabilité étant bien établie, après en avoir discuté et traité de nombreuses fois, dans le petit groupe politique qui médite sa mort, le Prince passe à l’« assentiment formulé » un jour qu’il entend un personnage vénérable s’écrier que – « S’il n’était pas si vieux il s’en chargerait ». Ce soir-là Youssoupoff prend la décision de tuer Raspoutine ... Mais cette décision précède de bien loin les dispositions réelles du futur meurtrier. Les hésitations, l’irrésolution, les tergiversations caractérisent cette période. Il va jusqu’à se faire soigner par le Starets et au moment où l’on croit l’affaire parvenue à un moment décisif, tout est remis à plus tard à cause d’un examen au Corps des Pages ... A ce moment Youssoupoff commence à employer les équivalents : on essaie de faire peur à Raspoutine, de lui faire entendre qu’on va l’assassiner ...

Enfin : la crise. C’est le poison qui a été choisi. Il faudra inviter la victime ; elle accepte et le prince en est terrorisé.

« C’est avec surprise et effroi que je pensais à la grande facilité avec laquelle il acceptait tout ! »

Aussi nous ne serons pas surpris de constater que l’acte criminel commencera par être raté, malgré le cyanure dans les pâtés. Voici quelques extraits concernant la scène finale.

Le prince, qui est allé chercher Raspoutine chez lui, l’aide à mettre sa pelisse sur les épaules ...

« Une immense pitié pour cet homme s’empara tout-à-coup de moi. J’eus honte des moyens abjects, de l’horrible imposture auxquels j’avais recours. A ce moment, je fus saisi d’un sentiment de mépris pour moi-même. Je me demandais comment j’avais pu concevoir un crime aussi lâche. Je ne comprenais plus comment je m’y étais décidé ».

« Je regardais avec effroi ma victime, tranquille et confiante devant moi ».

« Qu’était devenue sa clairvoyance ? A quoi lui servait le don de -prédire l’avenir, de lire la pensée des autres s’il ne voyait pas le terrible piège qu’on lui tendait ? On aurait dit que le destin jetait un voile sur son esprit pour que justice se fasse ».

« Mais tout-à-coup je revis comme dans un éclair toutes les phases de la vie infâme de Raspoutine. Mes remords de conscience, mon sentiment de repentir s’évanouirent et firent place à la ferme détermination de mener à bout la tâche commencée ».

Remarquons le besoin qu’éprouva le prince à ce moment encore de « reprendre» une ferme détermination.

On est arrivé. Le récit continue.

« A mon grand désappointement il commença par refuser le vin et le thé ».

« Aurait-il deviné quelque chose ? pensai-je. Mais aussitôt je pris la ferme décision que quoiqu’il advint il ne sortirait pas vivant de la maison ».

Remarquons encore ici à la dernière minute l’obligation pour le coupable de raffermir encore sa décision.

« Au bout de quelque temps, après avoir épuisé ses sujets habituels de conversation, Raspoutine me pria de lui donner du thé. Je m’empressai de le faire et lui présentai l’assiette de biscuits. Pourquoi lui ai-je offert précisément les biscuits qui n’étaient pas empoisonnés ? C’est à quoi je ne saurais répondre. Ce n’est qu’un moment après que je lui passai l’assiette aux gâteaux contenant le cyanure. »

- « Je n’en veux pas, dit-il, ils sont trop doux ».

« Pourtant il en prit bientôt un, puis un autre. Je le regardai avec effroi. L’effet du poison devait se manifester tout de suite mais à ma grande stupeur, Raspoutine continuait à me parler comme si de rien n’était ».

« Je lui proposai alors de goûter de nos vins de Crimée. Il refusa de nouveau. Le temps passait. Je devenais nerveux. Malgré son refus je pris deux verres qui ne contenaient pas de poison; je remplis l’un pour lui, l’autre pour moi. Pourquoi répétai-je la môme manœuvre ? Je ne puis me l’expliquer !»

L’empoisonnement ayant échoué, le prince Youssoupoff va chercher un revolver…

La scène continue :

- « Qu’as-tu à regarder si longtemps ce crucifix ? me demanda Raspoutine. »

- « Il me plaît beaucoup, répondis-je. Il est si beau. »

- « En effet, dit-il, il est très beau. Combien l’as-tu payé ? »

« En disant ces mots, il fit quelques pas vers moi et sans attendre ma réponse ajouta :

-« Quant à moi, l’armoire avec le labyrinthe me plaît davantage».

« En allant vers elle il l’ouvrit et se remit à l’examiner.

- « Grégoire Ephimovich, lui dis-je, vous feriez mieux de regarder le crucifix et de dire une prière ».

« Raspoutine jeta sur moi un regard étonné, presque effrayé. J’y vis une expression nouvelle que je ne lui connaissais pas. Ce regard avait quelque chose à la fois de doux et de soumis. Il vint tout près de moi et me regarda bien en face. On aurait dit qu’il avait lu enfin dans mes yeux quelque chose à quoi il ne s’attendait pas. Je compris que le moment suprême était venu ».

« Seigneur, implorai-je, donnez-moi la force d’en finir ».

« D’un geste lent, je tirai le revolver de derrière mon dos. Raspoutine se tenait toujours debout devant moi, immobile, la tête penchée à droite, ses yeux hypnotisés par le crucifix restaient fixés sur lui. »

« Où faut-il viser pensai-je, à la tempe ou au cœur ? »

« Un frisson me secoua tout entier. Mon bras s’était tendu, je visai au cœur et pressai la détente... »

Raspoutine n’était pas mort; quelques moments après il sauta au cou du prince et faillit l’étrangler. Il retomba, puis s’enfuit en rampant et ce fut Pourichkevitch qui l’acheva dans la cour au moment où il allait réussir à s’échapper.

Un peu plus tard, le prince Youssoupoff, toujours sous le coup de la terreur, se mit à frapper le cadavre jusqu’à ce que lui-même fut épuisé.

Tout le récit est celui d’un meurtre ordinaire que son auteur n’était pas de taille à réaliser et qui échoua parce que le criminel n’était pas psychologiquement prêt au moment où il passa à l’acte.

Note en bas de page du Dr De Greeff : Les hésitations de Youssopoff offrent de nombreux points de comparaison avec celles d’Hamlet, dont le drame intérieur ressemble fort à celui du prince.



Récit de la mort par le prince lui-même cliquez ici -> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=4248#forumpost4248


Posté le : 28/12/2013 16:08
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Il vole à moi un vieux cahier
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Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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