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Rhéticus
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Le 16 ou 15 février 1514, naît à Feldkirch, Vorarlberg, Georg Joachim

de Porris, en allemand von Lauchen, surnommé Rheticus,

parfois Rhæticus c'est-à-dire originaire de Rhétie, la Rhétie romaine correspond à peu près à l'actuel Tyrol, astronome et mathématicien autrichien, mort le 4 décembre 1574 à Košice, Kassa dans le royaume de Hongrie. Il est passé à la postérité pour avoir décidé Copernic à publier son grand œuvre, le De revolutionibus orbium coelestium qui présente en détail sa théorie héliocentrique. Rheticus en a d'abord présenté lui-même les principes essentiels dans sa Narratio Prima parue en 1540.
Ce premier rapport reste considéré comme une excellente introduction aux idées de Copernic.
En mathématiques, il est également connu pour ses travaux sur les tables trigonométriques. Les meilleures de l'époque, publiées bien après sa mort en 1596 par son élève Valentin Otto dans l’Opus Palatinum de Triangulis, lui sont essentiellement dues.

Sa vie

Rheticus, de son nom de baptême Georg Joachim Isorin, nait à Feldkirch dans une famille aisée du Tyrol autrichien. Son père Georg Isorin est le médecin de la ville, sa mère Thomasina de Porris est de bonne famille italienne. En 1528 son père est condamné pour escroquerie et décapité1 et ses enfants ne peuvent plus porter son nom. Georg Joachim prend alors à 14 ans le nom de sa mère, de Porris, des poireaux. Plus tard il adoptera parfois la traduction allemande von Lauchen. D'abord éduqué par son père, Rheticus étudie ensuite dans sa ville natale. Pendant cette période il fait la rencontre du médecin et érudit protestant Achilles Gasser, de 9 ans son ainé, celui-ci reprendra en 1538 le poste de son père à Feldkirch, dont il devient le protégé et un ami proche. Il poursuit ses études à Zurich où il se lie avec Conrad Gessner qui est son camarade de classe, et a l'occasion de rencontrer Paracelse.
Recommandé par Gasser, il s'inscrit en 1532 à l'université de Wittenberg, alors centre du Luthéranisme, où il obtient un diplôme de maîtrise en 1536. Étudiant brillant, il est remarqué par le grand théologien luthérien Philippe Melanchthon qui est aussi passionné d'astronomie, et à qui Martin Luther a confié l'université. Celui-ci lui attribue dès l'obtention de son diplôme un poste d'enseignant de mathématiques pour les premières années. La même année Erasmus Reinhold, arrivé 2 ans avant Rheticus à Wittenberg et déjà enseignant, se voit confié la chaire d'astronomie. En 1538, Melanchthon autorise Rheticus à laisser ses enseignements pour voyager afin de parfaire son éducation en astronomie.
Rheticus se rend à Nuremberg auprès de l'astronome, mathématicien et cartographe Johann Schöner. Il y fait également connaissance de l'imprimeur Johann Petreius, expert dans l'édition mathématique et astronomique, et qui est en bons termes avec Schöner. Il semble que ce soit à Nuremberg, et probablement par Schöner, qu'il ait été informé des idées de Copernic sur l'héliocentrisme5 et qu'il ait décidé alors de se rendre à Frauenburg, Frombork pour rencontrer celui-ci.
Il peut paraître curieux qu'un jeune universitaire protestant se rende aussi facilement en Prusse royale, polonaise et catholique rendre visite à un chanoine auprès duquel il va rester finalement 2 ans, mais l'opposition entre catholiques et protestants n'était pas encore aussi vive qu'elle le sera après le concile de Trente. De plus le chanoine Copernic, ainsi que son ami, l'évêque Tiedemann Giese, étaient gens d'église et catholiques convaincus mais tolérants aux idées de la Réforme et d'ailleurs minoritaires sur ce point parmi leurs confrères.

Disciple de Copernic

Rheticus arrive à Frauenburg Frombork en mai 1539. Copernic est alors âgé de 66 ans. Il avait écrit près de 30 ans auparavant un court exposé de son modèle cosmologique, le Commentariolus. Le fascicule, qui n'avait circulé que sous forme manuscrite en un très petit nombre d'exemplaires annonçait un traité plus conséquent. Entre temps, il avait découvert l'Almageste de Ptolémée, imprimé en 1515 sous sa forme complète, et en avait fait le modèle de son propre ouvrage, qui était pour l'essentiel achevé bien avant l'arrivée de Rheticus. Mais, bien que sollicité depuis plusieurs années par son ami Tiedemann Giese, alors évêque de Kulm, Chelmno, Copernic se refusait à publier ses travaux, préférant fignoler au fil des ans un manuscrit dont il était conscient qu'il pouvait être amélioré. Il craignait également d'être mal compris, et les polémiques qui s'ensuivraient.
Rheticus rapportera plus tard que Copernic aurait souhaité un temps se limiter à publier ses tables de position des planètes, sans expliciter l'hypothèse sur laquelle elles étaient construites.
Rheticus est accueilli chaleureusement par Copernic, ainsi que par Giese11. La visite va se prolonger 2 ans, avec quelques interruptions), bien plus que ne le prévoyait au départ Rheticus, qui est enthousiasmé par les idées nouvelles et la personnalité de son hôte. Il se fait le disciple de son Précepteur et Maître Dominus Doctor Præceptor Copernic. Celui-ci n'avait jamais eu d'élève, et Rheticus restera le seul.
Rheticus, bien que malade un temps, prend rapidement connaissance du manuscrit de Copernic. En septembre 1539, il le synthétise avec brio dans un rapport qu'il adresse à Johannes Schöner, à Nuremberg.
En 1540 il se rend à Dantzig Gdańsk pour faire imprimer l'envoi à Schöner, c'est la Narratio prima, le premier rapport : la première fois qu'est imprimée une présentation du modèle héliocentrique de Copernic. L'opuscule est dédié à Johann Schöner, et présente les travaux du Docteur Nicolas Copernic de Thorn. Mais Rheticus a préféré rester un anonyme jeune étudiant de mathématiques. La brochure est un succès. Par l'intermédiaire de Gasser, elle sera réimprimée à Bâle en 1541, cette fois-ci sous le nom de Rheticus.
Rheticus a obtenu, avec l'aide de Giese, que Copernic accepte de publier ces travaux. Il va passer près de 2 ans auprès de Copernic pour l'aider à préparer son manuscrit. Rheticus doit reprendre ses cours à Wittemberg de mars à juillet 1540. De retour à Frauenburg il propose à Copernic de copier son manuscrit pour le faire publier à Nuremberg par Petreuis, qui a été enthousiasmé par la Narratio prima et a proposé ses services à Rheticus.
L'impression d'un travail aussi technique que celui de Copernic n'était pas simple, et il n'existait pas d'imprimeur compétent à proximité de Frauenburg.
Rheticus retourne à Wittenberg à l'automne 1541, et il emporte avec lui le manuscrit du De revolutionibus. Il est élu doyen en 1541, et y enseigne l'année 1541-1542.

En 1542 il fait imprimer à Wittenberg une petite brochure, De lateribus et angulis triangulorum qui contient les extraits du livre de Copernic au sujet de la trigonométrie plane et sphérique, et à laquelle il ajoute une table de demi-cordes sous-tendues par un cercle, en termes modernes de sinus. La table est plus précise que celle du De revolutionibus, elle est donnée de minute en minute, 10 minutes pour le De revolutionibus, et, en valeur entière ramenée à un rayon de 107, 105 pour le De revolutionibus.
La table indique également l'angle complémentaire ce qui en fait la première table connue de cosinus, le nom n'apparaît pas. Bien que Rheticus ne l'attribue ni à Copernic, ni à lui-même, elle lui serait due selon certains historiens, mais il semble que les données soient essentiellement reprises des tables de Regiomontanus. Les calculs de tables trigonométriques, avec d'autres contributions à venir constitueront l'originalité de la contribution de Rheticus à l'histoire des mathématiques.
En mai 1542, il apporte le manuscrit de Copernic à Nuremberg pour le confier à Petreius, et supervise la longue et complexe impression. Il faut graver les bois pour les nombreux diagrammes du livre, et Rheticus a le temps de faire un aller-retour à Feldkirch.
Il reçoit une offre de poste à Leipzig, plus intéressante en particulier financièrement que sa position à Wittenberg, mais qui l'oblige à quitter Nuremberg à l'automne 1542, avant la fin de l'impression du traité de Copernic. Il confie alors la relecture des épreuves à Andreas Osiander, un théologien protestant ami de Petreuis, et intéressé par l'astronomie.
L'évènement a plus de conséquences que prévu. Osiander choisit de renommer le De revolutionibus en De revolutionibus orbium cœlestium, et surtout il y ajoute anonymement une préface de son cru qui fait du système héliocentrique de Copernic une simple hypothèse mathématique, ignorant l'avis à ce sujet de Copernic qu'il a sollicité par lettre en 1541. Rheticus en est informé trop tard pour pouvoir s'y opposer. L'impression est terminée fin mars 1543. Copernic, à qui les premières épreuves ont été envoyées et qui a rédigé une première feuille d'errata, souffre d'une attaque qui le laisse à moitié paralysé en décembre 1542 et meurt le 24 mai 1543. La défense de son œuvre passe à ses amis Giese et Rheticus. Giese s'oppose en vain à la préface d'Osiander, allant jusqu'à demander au conseil municipal de Nuremberg d'intervenir.
Il sollicite Rheticus pour que celui-ci y substitue une biographie de Copernic et une justification de ce que le système héliocentrique ne contredit pas la Bible. Rien ne sera fait. La préface, en dehors d'un cercle d'initiés, sera longtemps attribuée à Copernic lui-même.
Les historiens attribuent à Rheticus une biographie de Copernic aujourd'hui perdue. Il a également écrit une défense du système héliocentrique contre une lecture trop littérale de la Bible, probablement à cette époque, mais qui n'a été imprimée et publiée, anonymement que plus d'un siècle plus tard, en 1651.
À la mort de son maître, Rheticus hérite du manuscrit original du De Revolutionibus, non celui qui a servi à l'impression, mais celui sur lequel Copernic travaillait, et qu'il avait continué de corriger après le départ de son disciple. Le manuscrit existe toujours, après quelques détours il se trouve aujourd'hui à la bibliothèque Jagellonne de l'université de Cracovie, où Copernic avait débuté ses études.

Rheticus ne put rester assez longtemps à Nuremberg pour surveiller toute l'impression du De revolutionibus : il s'était, en effet, fait nommer professeur de mathématiques à l'université de Leipzig, où il devait se rendre en personne pour le début de l'année universitaire, à la mi-octobre 1542. Petreius confia la tâche de réviseur à un autre de ses amis, Andreas Osiander 1498-1552, éminent pasteur luthérien, passionné de mathématiques, qui était certainement compétent mais se crut autorisé à écrire une lettre préface qui diminuait considérablement la portée de l'œuvre de Copernic. Cette préface non signée, dans laquelle beaucoup virent l'œuvre de Copernic lui-même, présentait le système héliocentrique comme une hypothèse parmi d'autres possibles, fiction « calculatoire » un peu plus efficace que la fiction ptoléméenne.

Pendant que ces événements se déroulaient à Nuremberg, loin de là, à Frombork, Copernic tombait gravement malade. Il avait déjà pris la précaution de se choisir, comme coadjuteur dans son canonicat, un parent éloigné. Ayant reconnu la gravité de la maladie de Copernic, le père du coadjuteur demanda, le 30 décembre 1542, à l'évêque de Warmie, Johannes Dantiscus, d'intervenir pour que son fils pût prendre possession sans difficulté du canonicat qui devait être bientôt vacant. Copernic donc, dès la fin de 1542, touchait au terme de sa vie.

Le 29 janvier 1543, l'évêque de Warmie écrivait à l'un de ses amis – l'astronome hollandais Gemma Frisius (1508-1555) – qui éprouvait un grand intérêt pour l'œuvre de Copernic que celui-ci, souffrant des effets d'une attaque de paralysie, était maintenant presque mourant. Une hémorragie cérébrale, suivie de la paralysie de tout le côté droit, entraîna sa mort, le 24 mai 1543. La tradition veut que, le même jour, un exemplaire de l'édition de Nuremberg du De revolutionibus lui soit parvenu alors qu'il était sur le point d'expirer. L'anecdote est hagiographiquement trop séduisante pour que l'on se prive de la rapporter.

Sens et limite d'une révolution
Parmi les grandes œuvres qui jalonnent la route de l'astronomie, celle de Copernic est peut-être la plus contestée. Ainsi ce dernier apparaît-il comme ayant été par deux fois fauteur de troubles. Fauteur de troubles en son temps, parmi les astronomes, les philosophes et les théologiens. Fauteur de troubles aujourd'hui, parmi les historiens des sciences, les uns le considérant, non seulement comme le père de l'astronomie moderne, mais de toute la science moderne, les autres le traitant comme négligeable. Faux débat, bien souvent, qu'illustre cette fausse question : Copernic est-il le dernier astronome du Moyen Âge ou le premier des Temps modernes ?

Or, s'il est vrai que l'œuvre scientifique de Copernic est déroutante déroutante par sa minceur même, par les conditions de son apparition et, il faut bien l'avouer, par certaines de ses faiblesses, s'il est vrai que Copernic lui-même a été en grande partie ignorant de ses propres richesses, Copernic mauvais copernicien, la simple objectivité oblige à cette constatation qu'avec lui, et avec lui seul, s'amorce un grand bouleversement d'où sortiront l'astronomie et la physique modernes. Les jugements et les choix d'un Galilée et d'un Kepler pèsent plus lourd dans la balance que les arguties des compteurs d'épicycles ! À notre avis, il s'agit donc d'une révolution. Mais encore faut-il savoir de quoi l'on parle.

Au temps de Copernic, l'astronomie était dominée depuis quatorze siècles par l'œuvre de Ptolémée. Si ce n'est pas dans l'Almageste lui-même, c'est au moins dans ses adaptations, ses paraphrases et ses commentaires que les étudiants apprennent cette science. Dans l'Almageste se mêlent trois composantes bien distinctes : d'abord, une vision globale du monde, une cosmologie ; ensuite, un outil mathématique, essentiellement la trigonométrie, au service de la résolution des triangles plans et sphériques ; enfin, une astronomie pratique, en l'occurrence un ensemble de modèles géométriques, de tableaux de chiffres et de « recettes de cuisine » permettant de localiser à un moment donné les astres « vagabonds » (les planètes, la Lune et le Soleil) sur le grand quadrillage immuable des étoiles fixes.

Si la trigonométrie et la pratique astronomique peuvent être innocentes, il n'en saurait être de même pour la cosmologie. Une cosmologie suppose une philosophie de la nature, pour le moins une physique, au sens moderne du terme. La cosmologie de Ptolémée est tributaire d'une physique qui règne depuis déjà cinq siècles, celle d'Aristote. Il en résulte une série d'axiomes qui longtemps verrouilleront l'astronomie.

Premièrement, le géocentrisme, qui veut que la Terre, rigoureusement immobile, siège au milieu du monde, unique centre des mouvements célestes. Deuxièmement, une dichotomie de l' Univers : d'une part, le monde terrestre, qui va jusqu'à l'orbe de la Lune, monde du changement, du périssable, de la génération et de la corruption, monde des mouvements rectilignes, vers le haut pour les éléments légers, l'air et le feu ; vers le bas, pour les éléments lourds, la terre et l'eau) ; d'autre part, le cosmos, au-delà de l'orbe de la Lune, monde de l'immuable, de la non-physique, du cinquième élément, l'éther. Troisièmement, l'axiome du mouvement circulaire uniforme ou de ses combinaisons comme étant le seul mouvement possible pour les corps célestes – avec, comme pour marquer les limites de l'emprise idéologique sur les sciences, la tricherie géniale de Ptolémée, l' équant.

Pendant quatorze siècles donc, cette astronomie devait fonctionner sans troubles graves. Les astronomes, à partir des modèles et des paramètres de Ptolémée au besoin légèrement modifiés, dressaient des tables des mouvements planétaires, lunaires et solaires, tables qu'ils remettaient à jour lorsque les écarts entre les prévisions et les observations devenaient intolérables. Et – singularité de la révolution copernicienne – au temps de Copernic, cette situation pouvait se perpétuer ; aucun progrès dans la précision des observations (pas plus d'ailleurs que dans l'outil mathématique ou la physique du monde) ne venait obliger à bouleverser le système du monde. On en a une preuve dans le fait que Tycho Brahe (1546-1601), astronome des générations suivantes qui fera gagner un facteur dix à la précision des observations, refusera l'héliocentrisme copernicien et imaginera un système mixte entre celui de Ptolémée et celui de Copernic.

Pourtant, en 1543, ce dernier avait offert au monde savant un nouveau système cosmologique en contradiction totale avec les apparences et le vécu immédiat. Et cela dans un ouvrage, le De revolutionibus, qui se voulait construit à l'image de l'Almageste et où l'on retrouve les trois composantes de celui-ci : une cosmologie totalement nouvelle sur laquelle nous reviendrons ; un outil mathématique rigoureusement identique à celui des prédécesseurs ; une astronomie pratique qui n'est ni plus ni moins efficace que celle de Ptolémée et où foisonnent effectivement, à ce niveau opératoire, les épicycles, les excentriques et les épicycles d'épicycles. Autant, et peut-être même plus, que dans l'astronomie pratique de Ptolémée. Peu de changements donc. Simplement, dans la grande machinerie de l'Univers, en apparence toujours aussi complexe, Copernic se contente de permuter le lieu, et la fonction, de deux pièces, la Terre et le Soleil. On serait tenté de dire : la révolution copernicienne, c'est, bien entendu, l'héliocentrisme, mais ce n'est que l'héliocentrisme. Peut-être. Mais quelle brèche se trouve ainsi ouverte dans l'ancienne conception du monde et quelle dynamique est offerte aux générations suivantes ! Et d'abord, quoi qu'en pense Arthur Koestler dans Les Somnambules, quelle simplification du monde ! Le nombre des cercles n'a rien à voir ici ; ce sont leurs fonctions qui comptent.

Chez Ptolémée, au centre du monde, siège la Terre, immobile ; puis vient la Lune, qui tourne en un mois ; puis Mercure, Vénus et le Soleil, qui bouclent leurs révolutions sur le déférent en un an ; puis Mars en deux ans, Jupiter en douze ans et Saturne en trente ans ; enfin, les étoiles fixes, qui accomplissent leurs révolutions en un jour. Quelle pagaïe ! De plus, pour comprendre, sans même chercher à calculer, les mouvements irréguliers des planètes, mouvements directs, stations et rétrogradations, impossible de faire l'économie du premier et grand épicycle. Ajoutons que, pour comprendre les comportements différents des planètes inférieures – Mercure et Vénus, qui ne s'éloignent pas du Soleil – et des planètes supérieures – Mars, Jupiter et Saturne, qui prennent toutes les élongations possibles –, il faut leur donner deux statuts cosmologiques différents, c'est-à-dire croiser les rôles des déférents et des premiers épicycles.

Chez Copernic, l'Univers s'harmonise. Au centre, le Soleil ; puis viennent Mercure, Vénus, la Terre, qui prend rang de simple planète, Mars, Jupiter et Saturne, puis la sphère des étoiles fixes. Là, point de rupture : il y a un lien simple entre les distances par rapport au Soleil et la durée des révolutions, de celle de Mercure (88 jours) à celle de Saturne 30 ans et, pour finir par l'immobilité de la sphère des fixes. Stations et rétrogradations s'expliquent par le jeu des mouvements des planètes et de la Terre ; le comportement différent de Mercure et Vénus, par leurs positions respectives entre la Terre et le centre du monde. Dans une première approche, le monde se déchiffre sans qu'on fasse intervenir le premier épicycle ; les déférents y suffisent. Le premier épicycle, de dimension modeste, n'est là, on le sait maintenant, que pour rendre compte des écarts entre le mouvement circulaire supposé échoir aux astres et le mouvement elliptique réel. Car le mouvement circulaire est maintenu par Copernic, et même renforcé. Pour lui, l'une de ses fiertés, outre la nouvelle cosmologie qu'il a offerte au monde, est d'avoir aboli l'équant, inadmissible entorse au mouvement circulaire uniforme. Un seul des trois verrous saute donc explicitement, celui du géocentrisme. Copernic ne se prononce pas sur la dichotomie du monde ; mais, implicitement, la Lune n'étant plus qu'un satellite de la Terre, cette dichotomie devient insoutenable. Le troisième verrou sort renforcé de la bataille. Pourtant quelle bombe à retardement Copernic laisse-t-il sur son lit d'agonie ! Le mouvement de la Terre autour du Soleil ouvre une stratégie nouvelle à l'astronomie, que Kepler utilisera en étudiant le mouvement de Mars après en avoir retranché celui de la Terre. Le même Kepler, sans cette mise en évidence d'un lien simple entre distances et périodes de révolution, n'aurait jamais eu l'occasion de mettre son acharnement de mathématicien à la recherche de la troisième loi des mouvements planétaires. Voilà ce qu'il en est, notamment, pour l'astronomie.

Mais, plus profondément peut-être, la nouvelle astronomie devait bouleverser la physique. Une cosmologie, disions-nous, ne saurait être innocente. Celle de Ptolémée s'appuyait sur une physique, celle d' Aristote, qui l'avait largement précédée. Copernic propose une nouvelle cosmologie sans faire œuvre de physicien ; et cette cosmologie est incompatible avec la physique d'Aristote. Le monde savant se retrouve face à une cosmologie pour ainsi dire suspendue dans le vide. Il faut choisir. Ou bien adhérer à la cosmologie nouvelle, répudier la physique d'Aristote et donc se voir obligé de construire une nouvelle physique. Ou bien garder la physique d'Aristote et refuser l'héliocentrisme. C'est bien dans ces termes que Galilée qui a de bonnes raisons, lui qui a vu les phases de Vénus et les satellites de Jupiter, d'adopter la cosmologie de Copernic) pose le problème de la physique dans la première « journée » du Dialogue sur les deux grands systèmes du monde. Adepte de la nouvelle cosmologie, il construira une nouvelle physique avec le succès et les conséquences que l'on sait. Le chemin est ouvert qui conduira à Newton.

Professeur à Leipzig

La suite des évènements fait apparaître une certaine instabilité dans le caractère de Rheticus. Mais il assure tout d'abord ses enseignements à Leipzig pendant 3 ans. Il obtient alors l'autorisation de s'absenter, et part pour l'Italie où il rencontre Jérôme Cardan. Pendant son séjour à Lindau, début 1547 il souffre de désordres mentaux tels qu'une rumeur court qui le dit mort. Il enseigne cependant à Constance le dernier semestre de 1547. Il se rend ensuite à Zurich où il étudie la médecine auprès de Conrad Gessner, son ancien condisciple. Il retourne à Leipzig, où il a été élu doyen, fin 1548 et reprend ses cours. Il y publie en 1550 ses Ephemerides novae éphémérides astronomiques, fondées sur la cosmologie de Copernic30, puis en 1551 les premières tables trigonométriques qui lui soient réellement dues, le Canon doctrinæ triangulorum. Celles-ci sont les premières tables à présenter les 6 fonctions trigonométriques, sinus, cosinus, tangente et leurs inverses, cosécante, sécante et cotangente, cependant pas sous ces noms que Rheticus n'apprécie pas. Elles sont données de 10' en 10', en valeur entière ramenée à un rayon de 107. Même si elles ne sont pas adoptées par tous les astronomes, elles influencent directement Francesco Maurolyco en 1558, et François Viète pour les tables moins précises 10-5, mais de minute en minute de son canon mathematicus publié en 1579. Elles inspireront également bien sûr les futurs travaux de Rheticus. Peu d'exemplaires du Canon doctrinæ triangulorum nous sont parvenus, il a été redécouvert et étudié dans une publication de 1845 par Auguste de Morgan.
Fortement endetté, Rheticus est compromis en 1551 l'année de publication du Canon doctrinæ triangulorum dans une affaire homosexuelle avec un jeune étudiant. Poursuivi par le père, il doit quitter en urgence Leipzig, il sera condamné en son absence à 101 ans d'exil et à la confiscation de ses biens. Il perd à partir de ce moment le soutien de Melanchthon et de son réseau. Malgré des sollicitations ultérieures, il abandonne aussi définitivement sa carrière d'universitaire.

Médecin à Cracovie

Rheticus se rend à Prague, le royaume de Bohême est à l'époque sous dépendance des Habsbourg, mais abrite une importante communauté protestante et y reprend des études médicales. Après avoir décliné une invitation à enseigner à Vienne, il s'installe en 1554 à Cracovie, où il va pratiquer la médecine pendant 20 ans en disciple de Paracelse tout aussi révolutionnaire dans son domaine que Copernic en astronomie. Dans ce domaine Rheticus semble cependant s'être contenté d'être praticien.
Il n'abandonne pas pour autant l'astronomie, l'astrologie, et les mathématiques, où sa grande passion reste l'établissement de tables trigonométriques. En 1568, il écrit à Pierre de La Ramée au sujet d'un projet d'observatoire astronomique fondé sur le principe des obélisques égyptiens.
En 1574, l'année de sa mort, il est à Košice, alors dans le royaume de Hongrie, sous domination autrichienne où il a été invité par un riche mécène. Un jeune mathématicien impressionné par son Canon doctrinæ triangulorum, Valentin Othon, ou Otto, vient l'y retrouver. Rheticus a maintenant presque l'âge de son maître Copernic quand lui-même était parti à sa recherche. Otto va l'aider à son grand œuvre, la publication de nouvelles tables trigonométriques bien plus précises que celles existantes, l'Opus Palatinum de triangulis. Mais Rheticus meurt le 4 décembre 1574, avant de voir son travail achevé. Son élève hérite de son manuscrit et du manuscrit original de Copernic. Il ne pourra publier les tables qu'en 1596. Quant au précieux manuscrit du De Revolutionibus, il passera dans d'autres mains à la mort d'Otto.
L'Opus Palatinum de triangulis sera corrigé par Pitiscus, et ce dernier utilisera cet ouvrage ainsi que les manuscrits de Rheticus pour son Thesaurus mathematicus. Les tables de Rheticus et Pitiscus seront largement diffusées, mais verront leur intérêt décliner avec la découverte des logarithmes, qui va bouleverser les méthodes de calculs.

La publication du De revolutionibus

Il est probable que Copernic, en ces années 1520, non seulement pratiquait l'astronomie, mais aussi travaillait déjà au livre qui devait être l'Almageste des Temps modernes et amorcer cette grande révolution astronomique et physique dont les Principia de Newton allaient être le sommet et l'achèvement, un siècle et demi plus tard. À lire le récit des nombreuses charges que Copernic dut assumer, on comprend que l'ouvrage ne pouvait que lentement avancer. En tout cas, le Commentariolus en fait foi, Copernic avait, depuis déjà au moins une dizaine d'années, choisi l'héliocentrisme comme système du monde. Il travaillait donc, sans doute épisodiquement, à son grand ouvrage, mais il n'est pas certain qu'il ait eu l'intention de le publier un jour, malgré l'insistance de son ami le plus intime, Tiedemann Giese (1480-1550), alors évêque de Chełmno. Lorsque Bernard Wapowski (1450-1535), secrétaire du roi de Pologne, lui rendit visite à l'automne 1535, Copernic lui annonça qu'il avait rédigé de nouvelles tables planétaires qui devaient servir de bases au calcul d'un almanach beaucoup plus exact que ceux qui étaient alors en circulation et qu'il souhaitait que cet almanach fût effectivement publié. Le manuscrit, aujourd'hui perdu, fut envoyé par Wapowski à Vienne mais ne fut jamais édité.

Si Copernic était disposé à livrer au public de simples colonnes de chiffres, il en allait tout autrement des principes novateurs sur lesquels ces chiffres étaient fondés. Il ne tenait nullement, semble-t-il, à provoquer les philosophes et les théologiens par la publication de ses théories révolutionnaires. Il pensait, comme il l'écrit dans le livre I du De revolutionibus, qu'il fallait « ne confier les secrets de la philosophie qu'à des amis fidèles et à des proches, et ne pas mettre ces secrets par écrit, ni les révéler à n'importe qui ». Et, lorsque, le 1er mai 1536, le cardinal Nicolas Schönberg (1472-1537) offrit de faire copier à ses frais les œuvres de Copernic, ce dernier ne lui communiqua rien et ne permit aucune copie ! En tout cas, par les amis fidèles, Giese, Wapowski, Schönberg, et par les quelques privilégiés qui avaient disposé d'une copie manuscrite du Commentariolus, les théories de Copernic cheminaient lentement dans le monde savant. Suffisamment pour atteindre Wittenberg et intéresser George Joachim von Lauchen, dit Rheticus.

Rheticus, 1514-1574, unique disciple que Copernic ait eu de son vivant, arriva à la fin de mai 1539 auprès de lui, à Frombork. Il dut se mettre aussitôt au travail et assimiler très vite l'essentiel de ses théories, puisque, dès 1540, un résumé des thèses coperniciennes, la Narratio prima, fut publié anonymement à Gdańsk. Philipp Melanchthon, 1497-1560, principal guide intellectuel de l'Allemagne luthérienne et protecteur de Rheticus à l'université de Wittenberg, eut l'honneur de recevoir les premiers feuillets de la Narratio en cours d'édition. L'accueil fut plutôt bon et la sortie de cet opuscule d'une soixantaine de pages ne provoqua pas l'explosion redoutée par Copernic. Et, l'année suivante, en 1541, une deuxième édition de la Narratio, signée par Rheticus cette fois-ci, vit le jour à Bâle. Grand ami de Rheticus, le médecin Achilles Pirmin Gasser, 1505-1577 avait accepté d'en écrire la préface. Aussi Copernic laissa-t-il imprimer son De revolutionibus et entreprit-il de faire les retouches finales à son manuscrit, encore que la lecture du dernier livre de l'ouvrage donne une fâcheuse impression de brouillon inachevé.

Rheticus fit une copie du manuscrit, en y apportant, avec l'accord de Copernic, quelques corrections mineures. Le 29 août 1541, Rheticus pria le duc Albert de Prusse d'intervenir auprès de l'Électeur de Saxe et de l'université de Wittenberg, afin qu'il lui fût permis de publier le De revolutionibus de Copernic. Trois jours plus tard, le duc répondit à sa demande et Rheticus reprit, peu après, ses fonctions de professeur de mathématiques à Wittenberg. En revanche, il semble que ni l'Électeur de Saxe, ni l'université de Wittenberg n'accordèrent l'autorisation demandée.

Si Rheticus parvint à publier, sans difficulté, à Wittenberg en 1542, un ouvrage purement technique de Copernic, le De lateribus et angulis triangulorum, le problème était entièrement différent avec le De revolutionibus et, bien que les autorités de Wittenberg n'eussent pas été hostiles à sa personne – il avait été élu doyen de la faculté des arts le 18 octobre 1541 –, Rheticus estima que l'atmosphère régnant à Wittenberg n'était pas propice à la publication d'un ouvrage qui risquait de provoquer d'âpres controverses. Et, en effet, les sentiments anticoperniciens étaient très forts dans la citadelle du luthéranisme. Si, par la suite, l'Église catholique devait se rattraper, c'est, dans un premier temps, au sein du monde protestant que les réactions furent les plus négatives. Aussi Rheticus décida-t-il de prendre un autre congé à la fin du semestre d'hiver, le 1er mai 1542. Il gagna Nuremberg, où résidait l'imprimeur Johannes Petreius 1497-1550, avec lequel il était en excellents termes et qui était spécialisé dans l'impression d'ouvrages mathématiques et astronomiques. En août 1540, Petreius avait publié un ouvrage qu'il avait dédié à Rheticus ; dans cette dédicace, il avait fait une allusion à la Narratio prima et exprimé l'espoir que la publication du grand ouvrage de Copernic couronnerait les efforts de Rheticus. Et c'est chez Petreius que, vers la fin de mai 1542, furent imprimés, et corrigés par Rheticus, deux cahiers du De revolutionibus. Le mois suivant, en juin 1542, Copernic composa sa belle dédicace au pape Paul III, qui est l'un des plaidoyers les plus convaincants en faveur de la liberté d'expression. L'astronome y fait preuve d'une clarté d'esprit et d'un courage qui démentent l'expression, littérairement efficace mais totalement fausse, de « chanoine craintif » sous laquelle Arthur Koestler désigne Copernic.

Rheticus ne put rester assez longtemps à Nuremberg pour surveiller toute l'impression du De revolutionibus : il s'était, en effet, fait nommer professeur de mathématiques à l'université de Leipzig, où il devait se rendre en personne pour le début de l'année universitaire, à la mi-octobre 1542. Petreius confia la tâche de réviseur à un autre de ses amis, Andreas Osiander 1498-1552, éminent pasteur luthérien, passionné de mathématiques, qui était certainement compétent mais se crut autorisé à écrire une lettre préface qui diminuait considérablement la portée de l'œuvre de Copernic. Cette préface non signée, dans laquelle beaucoup virent l'œuvre de Copernic lui-même, présentait le système héliocentrique comme une hypothèse parmi d'autres possibles, fiction « calculatoire » un peu plus efficace que la fiction ptoléméenne.

Å’uvres

Joachim Rheticus, Narratio prima de libris revolutionum Copernici, sur Linda Hall Library, Dantzig,‎ 1540, également disponible sur Wikisource, trad. Henri Hugonnard-Roche et Jean-Pierre Verdet, avec la collaboration de Michel-Pierre Lerner et Alain Philippe Segonds. Wrocław ; Warszawa ; Kraków : Ossolineum, 1982, Studia Copernicana ; .
Tabula chorographica auff Preussen und etliche umbliegende lender, Wittenberg, 1541.
avec N. Copernic De lateribus et angulis triangulorum, Wittenberg, impr. Johannes Lufft, 1542.
Ephemerides novae Leipzig, impr. Wolfgang Gunter, 1550.
Canon doctrinae triangulorum, Leipzig, impr. Wolfgang Gunter, 1551.
Opus palatinum de triangulis avec Valentinus Otho, Neostadii in Palatinatu, excudebat Matthaeus Harnisius, 1596, lire enligne, numérisation e-rara.ch.
Cujusdam anonymi epistola, de terrae motu, Utrecht 1651 ; ouvrage écrit vers 1540 qui défend le système héliocentrique contre une lecture trop littérale de la bible. Il s'agit de la Narratio Secunda, longtemps supposée perdue sans avoir été publiée (Koyré 1961, p 92), retrouvée et identifiée en 1973 par Reijer Hooykaas, qui l'a traduit dans G. J. Rheticus' treatise on holy scripture and the motion of the Earth, North Holland, 1984.

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Posté le : 14/02/2014 17:57

Edité par Loriane sur 16-02-2014 00:48:09
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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