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Ukraine et Russie
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Ukraine Une « petite Russie » en quête d'identité

L'Ukraine a été ainsi baptisée en 1187 d'après un mot slave qui veut dire «frontière» ou «marche».

Ce grand État en mal de visibilité s'étire de fait aux marges du monde russe, dont il a été le berceau, et à la jonction entre le monde orthodoxe et le monde catholique. Indépendant depuis 1991 seulement, il peine à trouver sa place entre un Occident attirant mais lointain et une Russie proche mais crainte.
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Le berceau de la Russie

L'Ukraine s'étend de part et d'autre du Dniepr et au nord de la mer Noire. Elle est un peu plus vaste que la France 600.000 km2 mais moins peuplée.
Ses 45 millions d'habitants ont été aussi longtemps désignés sous l'appellation de «Petits-Russiens» du fait de leur parenté étroite avec la Russie.
Mieux, c'est même autour de Kiev, capitale actuelle de l'Ukraine, que la nation russe est née, aux alentours de l'An Mil, avant qu'elle ne soit divisée en trois groupes principaux : Russes proprement dits, Ukrainiens et Biélorusses, avec des langues nationales qui ont lentement et légèrement dérivé par rapport à l'ancienne langue commune.

Les divisions

Les plaines fertiles de l'Ukraine, recouvertes d'une épaisse couche d'humus, le «tchernoziom», ont vu passer de nombreux peuples nomades (Scythes et Sarmates, Goths et Huns) avant d'être enfin occupées par des Slaves ainsi que des Varègues (Vikings).

Après le baptême du grand-prince de Kiev Vladimir, en 988, une fédération prospère de principautés marchandes s'épanouit autour de Kiev et de la dynastie des Riourikides. Elle doit toutefois combattre de nouveaux venus, Khazars, Bulgares, Petchenègues et Coumans.
Au nord-ouest de Kiev et du Dniepr, les principautés de Volhynie et Galicie s'émancipent de Kiev et s'unissent en 1199 mais c'est pour tomber deux siècles plus tard, en 1386, sous la coupe de l'État polono-lituanien de la dynastie des Jagellon.
Les nouveaux souverains, catholiques bon teint, supportent mal leurs sujets orthodoxes de rite byzantin. Le concile de Florence, en 1439, décrète l'union de l'Église de Galicie à Rome.
En juillet 1569, par l'Union de Lublin, l'État polono-lituanien se mue en une «République unie» dirigée de fait par les Polonais.

Orthodoxes contre «Uniates»
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Tolérants à l'égard des protestants et des juifs, les Polonais se montrent par contre impitoyables envers les chrétiens orthodoxes d'Ukraine.
En 1596, par le synode de Brest-Litvosk, ils imposent la création d'une Église catholique ukrainienne dite «uniate», autrement dit rattachée à Rome. Ses fidèles conservent les rituels byzantins et le slavon comme langue liturgique tout en faisant allégeance au pape.
À vrai dire, seules les élites et la bourgeoisie urbaine se rallient à cette Église uniate, moins de 10% de la population actuelle du pays. Le peuple des campagnes demeure pour l'essentiel fidèle à la tradition orthodoxe.
Aujourd'hui encore, ces questions religieuses divisent l'Ukraine et altèrent ses relations avec l'Occident, les Ukrainiens étant devenus méfiants à l'égard de tout ce qui vient du monde catholique.
Les seigneurs polonais ne sont pas tendres non plus avec leurs sujets ukrainiens. Ils s'attribuent d'immenses domaines dans le pays et réduisent peu à peu leurs paysans au servage, alors même que ce statut, qui fixe les paysans et leur descendance au domaine, est en voie de disparition dans toute la chrétienté occidentale.

À partir du XVIe siècle, beaucoup de paysans ukrainiens s'enfuient vers le Sud, au-delà des cataractes du Dniepr, et se constituent en communautés indépendantes, les Cosaques Zaporogues d'une expression mongole ou tatar qui signifie : «hommes libres d'au-delà des rapides».
Au nombre de quelques milliers, ils se réunissent dans leur quartier général, sitch, sur une île du Dniepr, dans une assemblée, Rada au cours de laquelle ils élisent un porte-parole ou un chef, hetman.
Dans un premier temps, les rois de Pologne leur laissent leur liberté de mouvement dans la mesure où ils défendent le territoire contre les incursions des Tatars musulmans de Crimée et du littoral de la mer Noire.
Ce danger diminuant, ils tentent de rétablir leur autorité. Mais les Cosaques se révoltent sous la direction de leur chef, l'hetman Bogdan Chmielnicki, et, par le traité du 18 janvier 1654, se placent sous la protection du tsar qui règne à Moscou.

La Pologne proteste et il s'ensuit une longue guerre qui se termine par le traité de paix d'Androussovo du 31 janvier 1667. À cette occasion, la Russie des Romanov, en pleine ascension, récupère la rive orientale du Dniepr. Vingt ans plus tard, Kiev et Smolensk passent à leur tour à la Russie. Seule la Galicie demeure polonaise.
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Domination russe

Dans l'esprit du tsar, l'Ukraine est terre russe et n'a droit à aucun statut particulier. Ainsi le métropolite de Kiev, chef religieux de l'Église orthodoxe ukrainienne, est placé sous l'autorité du patriarcat de Moscou. C'est dès lors du joug russe que commencent à pâtir les Cosaques et autres Ukrainiens.
Le 14 juillet 1700, à l'issue d'une guerre contre l'empire ottoman, le tsar Pierre le Grand obtient la cession de l'embouchure du Don, sur la mer d'Azov, avec, enfin, un accès sur la mer Noire. C'est le moment où débute la Deuxième Guerre du Nord, qui met aux prises la Suède de Charles XII avec la Russie de Pierre le Grand et ses alliés.
Le nouvel hetman des Cosaques, Ivan Mazeppa, décide de profiter de l'occasion pour obtenir des Suédois l'indépendance de l'Ukraine. Et Charles XII, désireux de soutenir son providentiel allié, décide de le rejoindre avec son armée au lieu de marcher sur Moscou.
Après un difficile hiver en Ukraine, il met le siège devant Poltava mais en est délogé le 8 juillet 1709 par des renforts russes. Charles XII et Mazeppa n'ont plus d'autre choix que de demander asile à la Turquie. C'en est fini pour deux siècles des espoirs d'indépendance ukrainienne.

En 1764, Catherine II la Grande destitue le dernier hetman et, en 1775, à la suite de la révolte de Pougatchev, un Cosaque du Don, elle détruit le sitch des Zaporogues et abolit les dernières libertés cosaques.

Odessa, la «Nouvelle Russie»,

Potemkine et Richelieu
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Le traité de Kutchuk-Kaïnardji 21 juillet 1774 consacre une nouvelle défaite de l'empire ottoman et permet à Moscou de consolider sa présence sur la mer d'Azov.
La Crimée est annexée en 1783 par le prince Grigori Potemkine, favori et amant de la tsarine Catherine II, qui en devient le premier gouverneur russe.
C'en est fini de ce khanat, dernière survivance de la Horde d'Or mongole.
Ayant chassé les Tatars du Don, Potemkine fonde dans cette «Nouvelle Russie» plusieurs villes dont le port de Sébastopol, base navale destinée à tenir la mer Noire.
En 1794, l'empire ottoman cède encore à la Russie l'embouchure du Dniepr, à l'ouest de la péninsule de la Crimée. Catherine II décide d'y fonder une nouvelle forteresse sous le nom d'Odessa, librement inspiré d'Odysseus, nom grec d'Ulysse !.
En 1803, le tsar Alexandre 1er donne à Odessa et à la Nouvelle Russie un gouverneur français en la personne d'Armand du Plessis, duc de Richelieu et arrière-petit-neveu du cardinal.
En dix ans, cet émigré, qui a fui la Révolution, et une épouse bossue, va faire d'Odessa la «perle de la mer Noire» et une «Saint-Pétersbourg du Sud» en style rococo.
Il va ensuite revenir en France pour accomplir une brillante carrière ministérielle au service de Louis XVIII.

La reconquête de l'Ukraine par Moscou est complétée à la faveur des deux premiers partages de la Pologne, en 1772 et en 1793. Ils font passer l'ensemble du territoire ukrainien mais aussi la Biélorussie sous l'autorité du tsar.
Au XIXe siècle, la montée des nationalismes conduit le gouvernement tsariste à réprimer les forces centrifuges.
Alexandre II, bien que réputé «libéral», interdit la langue ukrainienne dans l'imprimerie et à l'université et c'est de l'autre côté de la frontière, en Autriche-Hongrie, dans l'université de Lvov ou Lemberg, Ruthénie, que les lettrés et intellectuels ukrainiens trouvent refuge.

Le peintre et poète romantique Taras Chevtchenko, 1814-1861, fils de serfs et serf lui-même, est le symbole de cette renaissance douloureuse de la culture ukrainienne à travers sa courte vie, tissée de servitude, de prison et d'exil.
Avec la première Révolution russe, en 1905, une éclaircie se fait jour. Le Manifeste publié par Nicolas II le 30 octobre 1905 promet de respecter les nationalités. Aussitôt fleurissent en Ukraine des dizaines de journaux dans la langue nationale.

La première indépendance

Les Révolutions russes de 1917 offrent aux nationalistes ukrainiens une opportunité inattendue de recouvrer leur indépendance et le droit de pratiquer leur langue, si peu différente qu'elle soit du russe.

À Kiev, une assemblée, Rada réunie le 15 mars 1917 constitue une République autonome ukrainienne avec Vinnichenko à la présidence du Conseil des ministres. Mais Lénine et les bolchéviques, après qu'ils aient pris le pouvoir le 6 novembre 1917, lui opposent une République soviétique d'Ukraine, proclamée à Kharkov en décembre 1917. La Rada réplique en annonçant le 22 janvier 1918 un «État du peuple ukrainien, souverain, libre et indépendant».
Attaquée par les bolchéviques, la Rada de Kiev signe avec l'occupant austro-allemand une paix séparée.
Après l'armistice de Brest-Litovsk du 3 mars 1918, par lequel les Russes se retirent de la Grande Guerre, les Allemands occupent Kiev et leurs alliés autrichiens Odessa, avec la complicité des Cosaques.
À la défaite austro-allemande succède la guerre civile. Les nationalistes ukrainiens, l'armée bolchévique et l'armée tsariste de Denikine se font face.
À la mêlée se joignent les Cosaques et les anarchistes de Nestor Makhno, mais aussi des troupes occidentales et notamment françaises qui apportent leur soutien à Denikine, contre Lénine et les bolchéviques.
Denikine ayant refusé de faire alliance avec les nationalistes, ce sont finalement les bolchéviques qui l'emportent... mais à moitié seulement car le traité de Riga de 1921 avec la Pologne laisse la Galicie et la Volhynie à cette dernière.
La création de l'URSS, le 30 décembre 1922, fait de l'Ukraine la deuxième République du pays après la Russie. La langue ukrainienne en devient la langue officielle.
Mais ces concessions politiques cachent mal l'emprise très forte du Kremlin sur le Parti communiste ukrainien et la hiérarchie administrative.
Dans les années 1930, sous le prétexte de lutter contre le «nationalisme bourgeois», Staline décapite les élites ukrainiennes. Et sous prétexte de lutter contre les «koulaks», paysans riches, il provoque une famine gigantesque par voie administrative ! C'est l'Holodomor, deux à six millions de morts.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, en dépit des horreurs de l'occupation allemande, illustrées par les massacres de Babi Yar, Kiev, les nationalistes locaux ont la tentation d'en profiter pour acquérir enfin l'indépendance.
Leur chef Stepan Bandera proclame celle-ci dès le 1er juillet 1941, une semaine après l'invasion allemande. Mal lui en prend. Il est arrêté par les Allemands eux-mêmes, Hitler ne voulant pas d'une alliance avec les Ukrainiens, qu'il méprise autant que les autres Slaves.
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Dans le demi-siècle qui suit, jusqu'à l'éclatement de l'URSS, la République socialiste soviétique d'Ukraine va subir sans mot dire la tutelle de Moscou et du Parti communiste. Avec une maigre consolation : un siège à l'ONU, de même que la Biélorussie, la troisième composante du peuple russe.

La deuxième indépendance

Le 24 août 1991, dans la confusion qui suit l'éviction de Mikhaïl Gorbatchev, dirigeant de l'Union soviétique, le Parlement ukrainien proclame l'indépendance de la République dans les frontières artificielles dessinées par les dirigeants bolchéviques.

Après quelques disputes, Moscou et Kiev finissent par s'accorder sur le cas particulier de la péninsule de Crimée, traditionnellement russe mais rattachée à l'Ukraine par Nikita Khrouchtchev en 1950. Moscou conserve en particulier l'usage du port militaire de Sébastopol.
Pauvre, dépendante de la Russie pour ses approvisionnements en gaz, saturée qui plus est en équipements nucléaires, dont l'ex-centrale de Tchernobyl, la nouvelle Ukraine est handicapée par l'absence d'État de droit et la prévalence d'une ploutocratie affairiste issue des anciens cadres du parti communiste.
Elle doit au surplus composer avec son importante minorité russe ou russophone, importante en Crimée et à l'Est, en particulier à Kharkiv ou Kharkov et autour du gisement charbonnier du Donbass, sur les bords du Donets, un affluent du Don.

Dans les premières années, le président Léonid Kravtchouk consolide l'indépendance du pays en nouant des rapports plus étroits avec l'Union européenne. Son successeur Leonid Kouchtma, élu en 1994, se rapproche du grand frère russe et de Vladimir Poutine.
Le 21 novembre 2004, l'élection truquée du candidat pro-russe Viktor Ianoukovitch à la présidence de la République jette l'opposition dans la rue. La capitale Kiev est en ébullition. C'est la «Révolution orange». Pacifique, elle se solde par l'arrivée au pouvoir de Viktor Iouchtchenko.
Le vainqueur est défiguré par ce qui semble être une tentative d'empoisonnement à la dioxine.
Les dissensions entre le nouveau président et son Premier ministre Ioulia Timochenko, une femme charismatique à la belle natte blonde, entraînent le renversement de celle-ci dès 2006 par la nouvelle majorité législative et son remplacement par Viktor Ianoukovitch. Ce dernier remporte l'élection présidentielle du 25 février 2010, pour de bon cette fois. Mais il est renversé par la rue au terme d'une nouvelle révolution, cette fois dramatique et sanglante...

Russie De Kiev à Moscou, naissance d'un peuple

La Russie, l'Ukraine et la Biélorussie sont les trois États héritiers de la nation russe, laquelle est née il y a un peu plus de mille ans de la réunion des Slaves orientaux sous la bannière du christianisme orthodoxe.
Les aléas qui ont conduit à la formation de ces États n'enlèvent rien à leur très grande proximité, tant linguistique que politique et culturelle.

Un espace immense dont la population décroît

La Russie, capitale : Moscou compte 140 millions d'habitants dont 80% de russophiles, sur 17 millions de km2, de la Baltique à la mer du Japon. L'Ukraine, aussi appelée «petite Russie» capitale : Kiev, a 45 millions d'habitants dont un cinquième de russophones, à l'Est du Dniepr, sur 600.000 km2, la France et le Bénélux réunis. Enfin, la Biélorussie, ou «Russie blanche» capitale : Minsk, compte 9 millions d'habitants sur 200.000 km2.
Avec une fécondité en berne depuis plusieurs décennies et à peine un enfant et demi en moyenne par femme, avec également de mauvaises conditions sanitaires et une espérance de vie très faible, d'une dizaine d'années inférieure à celle des pays occidentaux, la population de ces différents pays tend à décroître. Le phénomène prend une ampleur alarmante en Russie, avec la multiplication des villages fantômes, y compris aux portes des grandes villes.

L'Europe orientale avant les Slaves

Que sait-on de ces régions aux temps anciens? Peu de chose. Les grandes plaines fertiles d'Europe orientale sont envahies par des Indo-européens à la fin du IIe millénaire avant notre ère, les Cimmériens.
- Les Scythes et les Sarmates, à partir du VIIe siècle av. J.-C. :
Au VIIe siècle av. J.-C., ils sont chassés par des nomades quelque peu mystérieux, les Scythes. Ces guerriers ont l'avantage d'être les premiers à seller les chevaux, les autres montant à cru. Leurs tombes révèlent aussi leurs talents d'orfèvres.
Ils s'installent entre la mer Caspienne et la mer Noire, le Pont-Euxin des Grecs, en contact avec des colons venus de Grèce qui fondent des cités en Tauride, aujourd'hui la presqu'île de Crimée et en Colchide, la Géorgie actuelle. Sans compter la belle cité d'Olbia, à l'embouchure du Dniepr, dans le golfe d'Odessa.
Dans les forêts du nord s'installent pendant ce temps des populations nomades finno-ougriennes de type asiatique. Elles sont à l'origine des langues parlées en Finlande, Estonie ou encore Hongrie.
Les Scythes sont à partir du IVe siècle av. J.-C. bousculés par de nouveaux venus, les Sarmates, des Indo-Européens proches d'eux et auxquels se rattachent les Alains.
Ces derniers vont participer beaucoup plus tard aux «Grandes Invasions» de l'empire romain. Les Ossètes, un peuple musulman du nord du Caucase, se réclame aujourd'hui des Alains et des Sarmates...
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- Les Goths, les Huns et les Bulgares, à partir du IIe siècle :

Arrivent à partir du IIe siècle de notre ère des Goths, nomades de langue germanique. Ils ne restent pas longtemps en repos car, derrière eux, repoussés par les Chinois, se pointent les redoutables Huns, nomades de type turco-mongol. Un premier affrontement entre les Goths et les Huns est signalé en 375.
Les Goths se remettent en marche et finissent leur course au cœur de l'Occident romain. Les Huns font à leur tour une incursion en Occident sous la conduite d'Attila. Elle va causer leur ruine en 451, aux Champs Catalauniques.
Dans le sillage des Huns apparaissent de nouveaux cavaliers non moins redoutables, les Bulgares. De type asiatique, comme les précédents, ils mêlent des éléments turco-mongols et finno-ougriens.
Dans la boucle de la Volga, le grand fleuve de la Russie, qui se jette dans la mer Caspienne, une partie d'entre eux édifie un puissant royaume, avec pour capitale une cité dénommée Bolgary. Ces Bulgares vont se convertir à l'islam et leur royaume va perdurer jusqu'à l'invasion mongole, en 1236. Les «Tatars de Kazan» sont leurs descendants.
D'autres Bulgares, sous la conduite du khan, roi Asparuch, franchissent le Danube en 679 et s'installent dans les Balkans, où ils vont se fondre parmi les Slaves déjà présents sur place.
- Les Slaves et les Khazars, à partir du VIe siècle :
Les Slaves sont des Indo-Européens apparus en Europe dans le sillage des Germains, lesquels les appellent Wendes. Ils sont cités pour la première fois sous le nom de Slaves, qui dériverait du mot «slova» (parole), par l'historien Procope de Césarée, VIe siècle.
Des communautés slaves font souche le long du Dniepr, le grand fleuve qui traverse l'Ukraine du nord au sud et se jette dans le golfe d'Odessa. Ces cultivateurs ont une organisation sociale fondée sur le mir, un groupement de familles à la dimension du village, qui possède la terre en commun.
Plutôt pacifiques, ils voient passer vers 560 les Avars, des nomades turcophones qui vont ensuite atteindre la plaine du Danube où ils seront écrasés par les troupes de Charlemagne. Ils révèleront aux Francs la technique de l'étrier, un accessoire qui, en donnant aux cavaliers une grande stabilité, leur assure la supériorité sur le fantassin ; il va contribuer à la prééminence de la chevalerie au Moyen Âge.

Mais les Slaves ont surtout à faire avec les Khazars, un peuple turc qui se fixe au VIIe siècle sur le cours inférieur de la Volga et du Don, lequel se jette dans la mer d'Azov, à l'est de la Crimée.
L'empire khazar noue des relations commerciales avec Byzance, via la mer Noire. Il arrête l'expansion musulmane dans le Caucase. Et, dans des conditions mystérieuses qui nous échappent encore, ses élites se convertissent au judaïsme à la suite du roi Bulan, autour de 861. Beaucoup de juifs ashkénaze (européens) descendraient de cette «Treizième Tribu» d'Israël, selon l'expression de l'essayiste Arthur Koestler.
Les Khazars sortent de l'Histoire à l'orée de l'An Mil après les défaites infligées par le prince de Kiev Sviatoslav en 968 puis par l'empereur de Byzance Basile II.
Il est temps dès lors de nous pencher sur les Slaves qui ont survécu aux turbulences, dans ces grandes plaines d'Europe orientale si propices aux invasions, tant de l'Est que de l'Ouest de Napoléon à Hitler.
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Kiev, la «mère de toutes les villes russes»

Les Chroniques des temps passés, écrites par des moines de Kiev au XIIe siècle, racontent à leur manière les origines de la Russie.

Au IXe siècle, profitant de l'effacement des peuples de la steppe, les Slaves colonisent l'espace qui s'étend du golfe de Finlande à la mer Noire. Ils vendent leurs productions, blé, le miel et les fourrures, aux marchands qui suivent les grands fleuves, le Dniepr et la Volga vers le sud, le Volkhov, la Dvina ou encore le Niemen vers le nord.

C'est la «route de l'ambre» ou «route des Varègues», d'après le nom donné dans cette région aux Scandinaves, Normands ou Vikings, qui nourrissent un commerce prospère avec Byzance.
L'un de ces marchands varègues, Riurik ou Rourik, prend vers 856 la direction de Novgorod, une ville d'étape proche de la Baltique. De lui vont descendre tous les futurs souverains russes, ce qui en fait le fondateur quelque peu mythique de la Russie. Le mot lui-même (Rous) dériverait de Varègue.
Le prince crée de fait un embryon d'État slave. En 882, son successeur Oleg le Sage s'empare de Kiev, sur le cours supérieur du Dniepr, et y établit sa capitale : «Oleg s'établit prince de Kiev. Et il dit : Que cette ville soit la mère de toutes les villes russes. Il avait avec lui les Varègues, les Slaves et tous les autres. Et à partir de ce moment, on les nomma les Russes» Chroniques des temps passés.

La Russie de Kiev prend la forme d'une fédération de principautés dont Oleg est le grand-prince. Sa population de paysans et de marchands est représentée par des assemblées locales, lesquelles font contrepoids à l'aristocratie de boyards, guerriers nobles.
Enrichie par le commerce entre Byzance et la Scandinavie, elle apparaît comme une société relativement prospère au regard des critères de l'époque, tandis que l'Occident carolingien est ravagé par les invasions et les guerres privées.
Igor, successeur d'Oleg le Sage, doit combattre les Khazars et des nomades surgis de la steppe, les Petchenègues. Sa veuve sainte Olga exerce la régence au nom de leur fils Sviatoslav 1er. Elle se fait baptiser et, en 955, est reçue à Constantinople par le basileus, empereur Constantin VII Porphyrogénète. Ainsi le christianisme fait-il une entrée discrète à Kiev.
Aux affaires de 962 à sa mort, dix ans plus tard, Sviastoslav consolide la Russie kiévienne face aux Khazars et aux Bulgares de l'Ouest, en entretenant une alliance avec les basileux Nicéphore Phocas et Jean Tzimiscès. Il périt dans un affrontement avec les Petchenègues.

Son fils Vladimir le Grand, saint Vladimir fait le grand saut en recevant le baptême en 988 ou 989, à Kiev, selon le rite byzantin. Il s'y résout en vue de consolider son alliance avec le basileus Basile II, dont il épouse la soeur, Anne Porphyrogénète.
Ainsi les Slaves orientaux, Russes mais aussi Serbes et Bulgares se séparent-ils des Slaves occidentaux (Polonais, Croates, Tchèques... en choisissant de se tourner vers Byzance et l'orthodoxie plutôt que vers Rome et la catholicité...
La Russie connaît son âge d'or au siècle suivant, sous le règne du fils et successeur de saint Vladimir, Iaroslav le Sage (1015-1054), qui dote Kiev et Novgorod de splendides églises dédiées à Sainte-Sophie. L'une de ses filles, Anne de Kiev, va épouser le roi capétien Henri 1er, petit-fils d'Hugues Capet. Deux autres de ses filles sont mariées l'une au roi de Hongrie, l'autre au roi de Norvège !

Mais elle se divise à sa mort du fait des conflits entre les prétendants qui, les uns et les autres, ont reçu des principautés en apanage *. Las des guerres, le peuple de Kiev choisit comme grand-prince Vladimir II Monomaque en 1113, et c'est à lui que revient l'honneur de rétablir l'unité du pays.
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Précaire intermède : le grand-prince, à sa mort, en 1054, partage ses possessions entre ses trois fils et les guerres fratricides reprennent. En 1169, Kiev est mise à sac. La «mère de toutes les villes russes» va dès lors s'effacer au profit d'une nouvelle cité, Vladimir, au nord-est du pays.
Dans cette «période de dispersion», l'aire de peuplement russophone s'étend toutefois vers les monts de l'Oural et la Volga, où la toponymie garde le souvenir des populations antérieures. Ainsi de la rivière Moskva et de la cité éponyme construite sur ses rives (Moscou), qui signifierait l'«eau des vaches» dans la langue des Zyriènes, la population du cru.

Une société féodale et commerçante est en voie de se constituer. C'est le pendant orthodoxe de la chrétienté occidentale, avec pas moins de trois cents villes petites ou grandes, surtout dans la «Grande Russie» la Russie actuelle, à l'Est du Dniepr, plutôt que dans la «Petite Russie», à l'Ouest du Dniepr, victime d'instabilité politique. Mais une catastrophe va tout remettre en cause : l'irruption des Mongols de Gengis Khan.

Et les Mongols sont arrivés...

C'est le 31 mai 1223, à la bataille de la Kalkha, près de la mer d'Azov, que les Russes ont pour la première fois affaire aux Mongols. Ceux-ci, sous la conduite de deux généraux de Gengis Khan, les écrasent sans rémission mais n'exploitent pas leur succès et regagnent la steppe.
Les choses sérieuses débutent en 1236 quand Batu Khan, l'un des petits-fils et successeurs du grand conquérant, se lance avec 150.000 cavaliers à l'assaut de l'Occident. Il détruit le royaume de Grande Bulgarie, sur la Volga, puis pénètre en terre russe.

Vladimir est détruite le 7 février 1238. Novgorod, quant à elle, est heureusement sauvée par le dégel printanier qui oblige les Mongols à faire retraite.
Ce répit permet au prince Alexandre de Novgorod de battre sur la Neva, le 15 juillet 1240, les Suédois qui voulaient profiter des difficultés des Russes pour coloniser leur territoire. Il y a gagne le nom d'Alexandre Nevski.
Là-dessus, le jeune héros affronte les redoutables chevaliers Teutoniques le 5 février 1242 sur les glaces du lac Peïpous.
Si la principauté de Novgorod est sauvée, il n'en va pas de même des terres méridionales. Batu Khan s'empare de Kiev le 6 décembre 1240 et la détruit puis il bouscule les Polonais et les Allemands à Legnice, en Galicie, le 9 avril 1241.
Au même moment, ses généraux défont les Hongrois du roi Béla IV à Mohi, au sud des Carpathes, le 11 avril 1241. C'est là le point extrême de leurs avancées. La mort inopinée du grand-khan Ogodaï les amène à se retirer pour s'occuper de sa succession.
Le morcellement de l'empire mongol aboutit à la création du khanat de la Horde d'Or, sur les bords de la Caspienne. Son quartier général est fixé à Saraï, une cité commerçante sur le delta de la Volga, au nord de la mer Caspienne, qui va perdurer jusqu'à sa destruction par Tamerlan en 1396.

Les princes russes du Nord se voient contraints de faire allégeance au khan de la Horde d'Or et de lui verser un tribut. Ils n'en gardent pas moins une relative autonomie et surtout le droit de pratiquer leur religion.
Fer de lance de l'identité russe, l'Église orthodoxe tend à se renforcer, il en ira de même du patriarcat de Constantinople lorsque celui-ci tombera sous la tutelle ottomane. C'est que les Mongols se montrent tolérants en matière religieuse, en dépit de leur islamisation au début du XIVe siècle, sous le khan Ôzbek, 1312-1340.
À la même époque, le grand-prince Ivan 1er Kalita, sans cesser de faire allégeance aux Mongols, fait l'unité de la Russie autour de Moscou et prend le titre de «prince de Moscou et de toute la Russie». La ville s'est en effet beaucoup développée du fait de l'arrivée de réfugiés chassés de la Russie méridionale par les Mongols.

Dimitri, «grand-prince de Moscou», combat avec succès les Bulgares, puis les Lituaniens, un peuple encore païen, qui se fait, à l'ouest, de plus en plus envahissant. Le 8 septembre 1380, à Koulivoro polié, le «champ des Bécasses», sur les rives du Don, il remporte une écrasante victoire sur les Lituaniens du prince Jagellon alliés aux Mongols du khan Mamaï.
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La Horde d'Or connaît sa première défaite mais les Mongols n'ont pas dit leur dernier mot. Le 26 août 1382, Tokhtamych, un lieutenant de Tamerlan met Moscou à feu et à sang et oblige Dimitri Donskoï à un lourd tribut.
Au XIVe siècle, au début de la Renaissance occidentale, l'invasion mongole au sud et la poussée polonaise et lituanienne à l'ouest conduisent au fractionnement du peuple russe en trois entités qui vont chacune évoluer à leur façon.

À l'ouest, dans les plaines du Pripet et de la Dvina, les Russes blancs ou Biélorussiens passent jusqu'au XIXe siècle sous la domination lituano-polonaise. Au sud-ouest, sur le Dniepr et la mer Noire, les Petits-Russiens ou Ukrainiens, d'un mot slave qui désigne une «marche» ou une province périphérique subissent d'abord l'occupation mongole puis l'occupation lituano-polonaise, avant de passer au XVIIIe siècle sous la tutelle de Moscou.

Le triomphe improbable de Moscou

Au début du XVe siècle, le grand-prince Vassili II accélère le déclin de la Horde d'Or en appuyant les khans mongols rivaux, voire en leur donnant des terres en échange de leur allégeance.
Cette politique mal comprise lui vaut d'être chassé du Kremlin, la forteresse de Moscou, par son cousin. Suprême déchéance, il est aveuglé. Néanmoins, avec le soutien des Moscovites et de l'Église, il retrouve le pouvoir et reprend sa politique.
À la mort de Vassili l'Aveugle, en 1462, ses quatre fils se partagent l'héritage en accordant la prépondérance à l'aîné, Ivan III.
Le 12 novembre 1472, Ivan III épouse Sophie Paléologue, nièce du dernier empereur byzantin, Constantin XI Paléologue, tué les armes à la main lors de l'entrée des Turcs dans sa ville. Le grand-prince de Moscou adopte du coup pour blason l'aigle à deux têtes du basileus et se pose en héritier des Byzantins.

Il s'applique dès lors à rassembler sous son autorité l'ensemble des terres russes et notamment la principauté de Novgorod. La ville est occupée en 1478 et épurée de ses opposants.
Ivan le Grand «oublie» comme par hasard de faire allégeance à la Horde d'Or et, en 1480, sur les marches de la cathédrale de l'Assomption, rejette officiellement leur tutelle.
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En 1502, le khan de Crimée, allié d'Ivan III, s'empare de la capitale des Mongols, Saraï. Et l'année suivante, Ivan III inflige une défaite aux Lituaniens. Tout lui sourit.
À sa mort, le 27 octobre 1505, Ivan III le Grand, grand-prince de Moscovie et «Rassembleur des terres russes», laisse un embryon d'État moderne et centralisé à son fils Vassili III. Celui-ci renforce le pouvoir autoritaire et autocratique du souverain jusqu'à sa mort, le 3 décembre 1533.
N'ayant pas d'enfant après vingt ans de mariage, il divorce et se remarie, mais fait aussi incarcérer ses frères pour éviter qu'ils ne lui succèdent. De la sorte va s'éteindre à la génération suivante la dynastie des Riourikides, issue en ligne directe de la descendance de Riurik.
En attendant, c'est un enfant de quatre ans qui succède à Vassili III sous le nom d'Ivan IV.
Le 16 janvier 1547, alors qu'il n'a que seize ans, il met fin à la régence de sa mère Hélène et du conseil de boyards et se fait couronner par le métropolite de Moscou Macaire.
Il prend alors le titre de «tsar», déformation phonétique du mot César, synonyme d'empereur, et se pose en héritier des basileus de la «deuxième Rome», Byzance.
Après quoi il épouse Anastasia Romanov, issue de l'une des principales familles aristocratiques de Moscou. C'est d'elle que sera issue la deuxième, et dernière dynastie russe.

Le nouveau tsar se lance alors à la conquête du redoutable khanat de Kazan, sur la Volga. La ville est prise le 2 octobre 1552 et ses habitants réduits en esclavage. Il en finit avec les derniers royaumes mongols de la Russie méridionale en s'emparant aussi du khanat d'Astrakhan, sur la Volga inférieure.
Dans les steppes du bas Don, les Cosaques, cavaliers semi-nomades, tant russes que tatars, par-dessus tout avides de liberté, font allégeance à Ivan IV de façon toute formelle. Mais ils lui rendent service en faisant obstacle aux entreprises militaires du khanat de Crimée.
De nombreux paysans russes se montrent attirés par la colonisation des terres nouvellement conquises, avec l'espoir d'y bénéficier de la liberté. Mais Ivan IV restreint leur liberté de circulation pour complaire aux boyards et aux propriétaires terriens qui lui fournissent les ressources dont il a besoin pour la guerre.
En 1603, près de vingt ans après sa mort, ses successeurs en arrivent à interdire aux paysans de quitter le domaine sur lequel ils sont nés. Ainsi le servage s'impose-t-il en Russie sous sa forme la plus extrême alors qu'il a depuis longtemps déjà disparu de presque tout l'Occident.
L'empire russe, qui s'étend désormais sur cinq millions de km2, prend une forme originale, éloignée des standards occidentaux, avec un souverain autocratique, une administration virtuelle et une absence de contre-pouvoirs efficaces, des nobles turbulents et une paysannerie misérable.
Avec l'accession au trône de Michel Romanov, en 1613, une nouvelle dynastie va guider l'empire jusqu'à sa chute finale en 1917 et en faire la première et la plus vaste puissance coloniale des temps modernes…

L'Ukraine unie à Moscou pour le meilleur et le pire

Analyse de la crise qui secoue l'Ukraine en la replaçant dans la longue durée historique...
Le 21 novembre 2013, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a brutalement interrompu les négociations avec l'Union européenne après que son homologue russe Vladimir Poutine l'eut menacé de représailles économiques s'il les menait à terme. Il est vrai que l'Ukraine est très dépendante de la Russie, avec un commerce qui se développe entre les deux pays bien plus vite qu'avec l'Union européenne asthénique.

Pour les partisans d'une démocratisation à l'occidentale, cette reculade de leur président a fait l'effet d'une douche froide en éloignant la perspective d'une modernisation du pays et de ses institutions. Elle a aussi révolté les ultranationalistes, inquiets du retour de l'Ukraine dans le giron de Moscou. La capitale ukrainienne est donc entrée en ébullition neuf ans jour pour jour après la «révolution orange».
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Mariés pour le meilleur et le pire

Aussi appelé «Petite-Russie», l'Ukraine, plus vaste que la France et à peine moins peuplée, 45 millions d'habitants, est une partie centrale du monde russe. Kiev est la «mère de toutes les villes russes», selon une formule de son fondateur.
Au demeurant, le pays, qui n'a jamais été indépendant avant le XXe siècle, est l'assemblage de plusieurs régions qui ont connu des histoires très diverses : à l'ouest, la Volhynie et la Galicie capitale : Lvov, longtemps occupées par la Pologne ou l'Autriche catholiques ; à l'est, des provinces longtemps occupées par les Mongols avant d'être intégrées à la «Nouvelle Russie» de Catherine II, y compris la Crimée et les territoires des Cosaques ; au centre, la région de Kiev, berceau de la nation russe.
Résultat, il compte pas moins de dix millions de citoyens russophones et les liens familiaux et matrimoniaux entre Russes et Ukrainiens demeurent très nombreux.
Il n'empêche que le pouvoir moscovite n'a pas toujours été bienveillant à l'égard des Ukrainiens, qu'il s'agisse des catholiques, tournés vers l'ouest, des Cosaques du sud, perpétuels rebelles, et plus généralement des paysans, plus autonomes que les paysans grands-russes. À l'époque de la dictature soviétique, Staline a infligé à cette paysannerie des souffrances qui dépassent l'entendement et sont assimilées par les Ukrainiens à un génocide, l'Holodomor.

Mais comme dans certains couples qui se déchirent mais persistent à cohabiter, ces difficultés n'ont jamais remis en question la soumission de l'Ukraine à Moscou.
Il a fallu la faillite du communisme soviétique, suivie de l'implosion de l'URSS en 1991 et de son éclatement pour qu'émerge une Ukraine indépendante, sans guère d'unité nationale, selon les frontières artificielles dessinées soixante-dix ans plus tôt.
Les événements dramatiques de cet hiver 2013-2014 montrent que l'Histoire est en train de rattraper la réalité. Elle re-unit dans la douleur des communautés qui n'auraient jamais dû être dissociées.

Impossible divorce

Mettons-nous un instant dans la peau d'un Russe de Moscou ou Vladivostok. Il n'est pas concevable pour lui que se dresse un «rideau de fer» entre son pays et l'Ukraine, entre la «Grande-Russie» et la «Petite-Russie». Cela reviendrait à l'isoler complètement entre des mondes plus ou moins hostiles : l'Extrême-Orient chinois, l'Asie centrale turque, l'Europe atlantique.
On n'imagine pas davantage qu'il accepte un «rideau de fer» au sein même de l'Ukraine, entre une partie russophone qui reviendrait dans le giron russe et une partie occidentale, sans réalité historique, qui chercherait sa voie aux côtés d'une Union européenne désargentée et sans leadership.
Quoi que pensent les Russes de leur président Poutine, de sa brutalité et de son autoritarisme, ne doutons pas qu'ils partagent sa volonté de conserver l'Ukraine - et la Biélorussie, ou «Russie blanche» - dans la sphère d'influence de Moscou. Si certains grands pays comme le Japon peuvent se délecter d'une solitude hautaine, il n'en va pas ainsi de la Russie qui, comme les autres États européens, a besoin d'être entourée d'amis et d'alliés.
Dans ces conditions, il était pour le moins maladroit que les Européens aient pu laisser croire aux Ukrainiens qu'ils pouvaient nouer avec eux un accord d'association tout en multipliant les attaques verbales contre la Russie post-démocratique de Poutine.

Incompréhension occidentale

L'Occident a presque toujours cultivé une grande méfiance à l'égard de la Russie, mi-européenne, mi-asiate. Il est vrai que la seule fois où des relations cordiales se sont établies entre la France et la Russie, elles ont conduit à la Grande Guerre de 1914-1918 ! Faut-il en rester là ? En 1990, les nations riches du G8 ont fait la sourde oreille aux appels à l'aide de Mikhaïl Gorbatchev, avec pour résultat l'implosion de l'URSS et le chaos actuel.
Aujourd'hui, Vladimir Poutine, soucieux de désenclaver son pays, tente de reconstituer autour de Moscou une «Union eurasiatique» douanière, économique... et plus si affinités. L'Ukraine, la Biélorussie, la Géorgie, l'Arménie, la Moldavie, l'Azerbaïdjan et même le Kazakhstan sont sommés d'y adhérer en dépit de ses tares, absence de démocratie et corruption massive.

Le nouveau «tsar de toutes les Russies» dispose de moyens de pression importants avec les réserves de gaz naturel grâce auxquelles il tient à sa merci l'Ukraine, la Biélorussie... mais aussi l'Europe occidentale et plus particulièrement l'Allemagne.
L'Union européenne, qui a perdu beaucoup de sa morgue dans la crise actuelle, a moins que jamais intérêt à se détacher de cette autre Europe. On voudrait que ses dirigeants fassent pour une fois preuve d'esprit visionnaire et d'audace, qu'ils nouent enfin des relations de bon voisinage avec la Russie et s'abstiennent de toute stigmatisation inutile, qu'ils aident au rapprochement entre Kiev et Moscou et encouragent les deux partenaires à se démocratiser et assainir leur économie en leur offrant la perspective d'un partenariat Est-Ouest profitable à tous.
À défaut, l'Ukraine risque de sombrer, à la façon de la Biélorussie voisine, vers une dictature personnelle sous protectorat russe. C'est le sens de la sanglante répression des manifestants de la place de la Liberté, Maïdan Nezalejnosti, à Kiev, en ce mois de février 2014.

L'Union européenne peut éviter la tragédie non pas en menaçant Kiev de «sanctions» illusoires et contre-productives mais en se rapprochant de la Russie comme de l'Ukraine et pourquoi pas? de la Biélorussie en vue de les apprivoiser toutes ensemble et les rallier à elle. Rien d'autre, en somme, que le rêve de De Gaulle d'une Europe qui s'étendrait «de l'Atlantique à l'Oural».

Posté le : 04/03/2014 19:37

Edité par Loriane sur 11-03-2014 15:36:55
Edité par Loriane sur 11-03-2014 15:39:59
Edité par Loriane sur 11-03-2014 15:46:43
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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