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Accueil >> newbb >> Défi du 14/03/2014 [Les Forums - Défis et concours]

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Défi du 14/03/2014
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Voyons...J'ai la possibilité, grâce à ma baguette magique, de vous permettre de passer une journée où vous voulez, à l'époque que vous voudrez.
Comment imaginez-vous cette journée ?

Posté le : 14/03/2014 17:47
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Re: Défi du 14/03/2014
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Je rêve d’une journée ou le bistrot du coin
Ne te fait pas payer les canons que tu bois
Ou tu peux à loisir avec les bons copains
Remettre ta tournée sans te coûter un bras

Un pays ou la fête est une institution
Ou orgies et luxures remplacent les impôts
Ou même le boulot est une interdiction
Les lendemains des jours, où tu es de repos

Je rêve…….., mais soudain, une voix me réveille
« T’as sorti la poubelle, et t’a rentré le chien ???? »
Oui j’avais bien rêvé, ma moitié me rappelle
Avec délicatesse, les choses du quotidien

Bien entendu, cela est de la fiction, jamais mon épouse ne me demande,sur ce ton, si j’ai sorti le chien……….., d'ailleurs nous n’avons pas.de chien.............,

par contre nous avons une poubelle…….. !!!


Posté le : 15/03/2014 12:43

Edité par kjtiti sur 19-03-2014 12:52:12
_________________

Le bonheur est une chose qui se double,..…..si on le partage …

Titi
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Re: Défi du 14/03/2014
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Une journée particulière

7 heures, le réveil sonne. Il est trop tôt ! Pourquoi cette machine me harcèle-t-elle dès le matin ? Debout !
Je m’assieds au bord de mon lit, et quelque chose a changé, mes cuisses sont énormes, velues, mes pieds sont énormes aussi. Je regarde mes mains, elles sont recouvertes de longs poils noirs.
Je me lève d’un bond. Quelque chose me gêne entre les jambes. C’est gros, raide et très sensible.
Je suis devenue un homme !!! Comment est-ce possible ? On ne peut pas changer de sexe pendant la nuit !
Je mets ma robe de chambre et je vais me regarder dans la glace. Je vois un homme grand, assez baraqué, vêtu d’un peignoir rose qui lui donne un air complètement ridicule. Je ressemble à mon père et à mon fils, je dis « je » puisque de toute évidence il s’agit bien de mon reflet. Je me pince, je dois rêver, il m’arrive parfois de faire des cauchemars très réalistes qui me laissent une impression bizarre au réveil.
- Aïe !
De toute évidence je suis bien un homme, je suis devenue aussi douillette en tout cas. Une bonne douche va me remettre les idées en place. Pourtant, en sortant de la salle de bain je suis toujours dans le même état.
Je dois remplacer un professeur dans une école ce matin, je dois absolument y aller j’ai besoin d’argent et je veux qu’on me propose d’autres emplois après celui-là. Comment m’habiller ? Il faut que je me dépêche en plus ! Mes jeans sont trop courts et trop serrés, mes pull sont minis, je suis mal ! Mes chaussures sont trop petites et les bottes à talon ne me semblent pas appropriées.
Vite réfléchissons ! La garde-robe de mon fils, voilà la solution. Il va me tuer quand il va savoir que je lui ai emprunté ses affaires. Remarquez quand il va voir que sa mère s’est transformée en homme ça va lui faire drôle aussi.
J’ai l’air d’un vieux habillé en « djeune ». J’ai mis un « slim » et un sweat-shirt pré usé, bleu délavé. Tant pis, je dois faire cours à des ados, ça va peut-être leur plaire.
Je suis complètement affamée, le petit bout de pain que je mange d’habitude ne va pas me suffire ce matin, il me faut « du lourd ». J’avale une demi-baguette et je sors.
Je saute dans ma voiture rouge décorée de fleurs, un véhicule de « tarlouze » comme diraient certains de mes anciens collègues. Tant pis, il va falloir que j’assume pas mal de « différences » aujourd’hui, et peut-être dans l’avenir. Mais n’y pensons pas. Une chose à la fois. Dans ce genre de situation il ne faut pas réfléchir à toutes les conséquences autrement on s’affole et on reste paralysé et inactif. Ma voiture me paraît minuscule, mes jambes se cognent au volant. Même si je recule le siège à fond. J’ai l’impression d’être recroquevillée dans une voiture de Lilliputien.

- Bonjour Monsieur Ferry, nous attendions une Madame Ferry, il y a une erreur sur nos papiers. Bienvenue dans notre établissement. Je vous montre votre classe. Vous remplacez Madame Jasper pour la journée. Une bien jolie femme. Elle a un enfant malade. C’est la troisième fois depuis Septembre, ses gamins attrapent tout ce qui traîne. Ah ces femmes on ne peut pas compter sur elles ! Me dit-il en riant.
Pour une fois, on ne me dit pas que je suis charmante, et la main de mon interlocuteur ne s’attarde pas dans la mienne d’une façon gluante quand il me salue.
- Son mari ne s’arrête pas pour les garder ?
Je ne devrais pas dire ça, mais je ne peux pas m’en empêcher. Le proviseur semble surpris :
- Son mari travaille aussi chez nous, mais il enseigne à des terminales, il ne peut pas supprimer ses cours.
Je me mords la langue pour ne pas répliquer qu’il n’y a qu’à laisser mourir ces pauvres gosses, comme ça aucune leçon ne sera annulée, mais j’ai besoin de ce job.
Je rentre dans la classe :
- Bonjour.
Ma voix est forte et porte jusqu’au fond de la salle. Le brouhaha cesse immédiatement. J’écris mon nom sur le tableau et commence à faire l’appel.
Les élèves me regardent avec respect, je vois presque de la crainte dans leurs yeux.
D’habitude, on me fixe d’un air goguenard, et on me dit que la prof habituelle est plus sympa, plus jolie, qu’elle explique mieux. Là, rien de tout cela, ils me respectent d’emblée, je n’ai pas de gros efforts à faire, pas de stratégie à mettre en place.
Les heures d’enseignement se passent à merveille.
Après le travail je pars me promener en bord de mer. Quel bonheur de pouvoir aller partout, même sur ce petit chemin entouré par de hautes herbes. Je me sens en sécurité, je n’ai pas peur qu’un pervers m’attende au détour d’un bosquet. Je croise des types à la mine patibulaire, mais ils ne me regardent même pas. J’aurais bien envie de me cacher et d’attendre qu’ils importunent une femme seule. Je me ferais un plaisir de leur mettre mon poing sur la figure, quelle délectation ce serait. Je serais même peut-être capable de tuer. Le gars paierait pour tous les malades que j’ai pu rencontrer dans ma vie de femme.
Un grand gaillard me fait un sourire, c’est un homo en train de draguer. Bon, il ne risque pas de me violer c’est toujours ça.
Cela fait une heure que je marche, et je n’ai entendu aucun sifflement, aucune remarque du style :
- T’es bonne, tu sais ?
Je me sens respectée et prise au sérieux.

A 17 heures j’ai rendez-vous chez le garagiste, c’est pour la révision habituelle. J’ai remarqué une odeur bizarre dans l’habitacle depuis que le mécanicien a changé le radiateur.
- C’est une odeur de liquide de refroidissement, il y a peut-être une fuite quelque part.

- OK, on va vérifier tout ça, je suis désolé, on va voir s’il y a un problème.
L’attitude du garagiste m’épate ! Quelques temps avant, le même genre de mésaventure m’était arrivée avec une autre voiture :
- C’est une odeur de liquide de refroidissement, il y a peut-être une fuite quelque part.

- Impossible on a tout vérifié. Ça ne sent rien le liquide de refroidissement !

Il me prenait pour une idiote, l’odeur de ce fluide ressemble à de l’œuf pourri.


- Le tableau de bord ne s’allume plus, il n’y a plus aucun voyant, quelque chose a dû être mal rebranché.

- On a passé deux heures dessus, il fallait démonter le tableau de bord pour accéder au radiateur, on ne va pas recommencer. De toute façon elle roule, vous n’avez pas besoin de regarder les voyants.

Il me parlait comme à une demeurée, il avait l’air supérieur de celui qui sait et ne peut pas expliquer à un individu qui n’a pas les capacités de compréhension minimales.

- Ça n’est pas normal, il faut que vous les rebranchiez, c’est dangereux. Je ne sais pas si je roule en plein phares ou en feux de croisement. Et cette odeur ! C’est insupportable.

- C’est pas vous qu’avez pété plutôt ? Faut la changer votre voiture elle est pourrie !

J’avais été sciée par sa vulgarité. Comment osait-il me parler sur ce ton ? Ce même homme rigolard et mal élevé, jouait aujourd’hui, les pros consciencieux, j’avais envie de l’écraser comme une punaise.
Une jeune fille en mini-jupe passe sur le trottoir pendant que je suis perdue dans mes réflexions. Un sifflement suraigu me ramène au présent.
- Alors on prend l’air ma poule ?
Cet homme rougeaud de 60 ans siffle une gamine de 13 ans et ose lui manquer de respect devant moi, il me fait même un clin d’œil !

- C’est des « pousse-au-crime » à cet âge-là.
Je vais la massacrer cette immonde crapule.

- C’est ma fille. Vous la prenez pour une pute ?

Tout dans mon attitude est menaçant, le cafard qui se tient devant moi se liquéfie. Il bafouille :

- Je ne savais pas, excusez-moi. Elle est bien jolie en tout cas, félicitations.

La petite n’est pas ma fille mais elle pourrait l’être.

- Vous voudriez que les hommes s’adressent à votre fille comme vous venez de le faire ?


- Je, je n’ai pas de fille.

Il n’est plus rouge, il est violet.

- Je reviens chercher ma voiture demain en fin d’après-midi.

Je tourne les talons sans attendre sa réponse, il est au bord de la crise cardiaque et ne peut plus parler de toute façon.

Cette journée s’est bien passée mais j’ai envie de redevenir une femme. J’ai envie de retrouver ma taille normale, mes robes et mes escarpins. Les jeans serrés sont très inconfortables quand on est un homme. J’en ai marre d’avoir faim tout le temps.
Quelle angoisse de se réveiller ainsi transformée, est-ce que c’est déjà arrivé à d’autres, est-ce que c’est une mutation génétique ?
Je m’aperçois qu’on ne respecte pas les femmes, je le savais déjà, mais les gens semblent habitués à cet état de fait. Je suis fatiguée d’avoir à batailler contre des débiles mentaux pour me faire une place. Tout le monde semble se résigner, même les femmes.

La journée se termine. Je vais me coucher, que va-t-il se passer demain ? Aurais-je retrouvé le sexe de ma naissance ?
Mystère…

Bonne nuit !
FB arielleffe

Posté le : 16/03/2014 13:24
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Re: Défi du 14/03/2014
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En voilà un joli rêve !

Ben où qu'il est le chien ? Dans la poubelle ? Pauvre bête !

Merci pour ta participation Kjtiti

Couscous

Posté le : 16/03/2014 14:52
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Re: Défi du 14/03/2014
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Brrrr, un rêve effrayant au possible, Arielle ! Tu n'as pas un peu exagéré la taille du .... ?

Il est vrai malheureusement qu'on est différemment traitées que nos chers compatriotes mâles.

Merci pour cette participation originale et qui ne manque pas d'humour,

Couscous

Posté le : 16/03/2014 14:55
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Re: Défi du 14/03/2014
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Ben Arielle ? Pas contente de bénéficier de tous les privilèges du sexe fort ?
Ma baguette magique te délivre du poids de millénaires d'esclavage et toi, tu veux retrouver tes escarpins ?
En tous cas, c'est un très bon texte qui m'a amusé. Je ne crois pas que j'aimerais me retrouver dans la peau d'une nana.....
Même bien roulée.
Bises de Bacchus

Posté le : 16/03/2014 17:34
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Re: Défi du 14/03/2014
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Ca, Kjtiti, un bistrot où tu ne paies pas tes canons, je reconnais que c'est un rêve de haut vol.... A moins d'acheter un bar.
Mais sortir le chien en même temps que la poubelle nécessiterait une coordination planifiée que je ne veux même pas envisager...sauf pour ma femme.
Merci de bien avoir voulu sortir pour nous faire visite.
Bacchus

Posté le : 16/03/2014 17:42

Edité par Bacchus sur 17-03-2014 12:47:22
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Re: Défi du 14/03/2014
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Sevrage

J’ai l’impression d’attendre dans ce couloir depuis une éternité. Pourtant celle-ci ne m’effraie pas, au contraire. Un être maigrelet et rayonnant s’approche finalement en annonçant :

« IL vous attend. Entrez »

Je le suis et pénètre dans une salle immense, baignée d’une douce lueur provenant de tous les murs. Je prends place sur l’unique siège libre. À ma gauche, se trouve mon ange gardien. Il me sourit et cela me rassérène. Le « Grand Patron », comme tout le monde l’appelle ici, me regarde. Son visage est sans âge, pas de barbe immense comme dans les clichés classiques, ni de drapés trop larges masquant difficilement un embonpoint marqué. On est loin de l’image d’Epinal imposé par un certain Michel-Ange. Il s’adresse à moi :

« Comment t’appelles-tu ?
- Ame numéro 27 011 976.
- Bien, je me suis entretenu avec 7562 qui m’a expliqué un peu ton parcours. Maintenant j’attends ta version. Je t’écoute donc.
- Tout a débuté en 37 après Votre Fils. Je suis né dans une famille puissante et j’ai hérité du pouvoir. À partir de là, tout a basculé. Une colère puissante m’a envahi au point de tuer ma propre mère. Ensuite, je n’ai pas épargné les premiers chrétiens. Que j’ai aimé les entendre prier avant leur exécution ! Puis, on m’a dépossédé de mon pouvoir et j’ai retourné cette colère contre moi en me suicidant. Mon nom est resté dans l’histoire, je me prénommais Néron. Ce fut ma première expérience terrestre.
- C’est là que l’on m’a désigné à tes côtés. On a longuement échangé, discuté, intervient 7562.
- Oui. Je suis resté tranquille quelques siècles et cela m’a soudainement repris. C’était déjà le XVème siècle et je suis devenu matelot sur un navire à l’étendard caractéristique ; noir orné d’une tête de mort. Les autres marins nous craignaient. J’étais animé par une terrible convoitise, celle qui vous bouffe les tripes et vous pousse à toutes les extrémités. J’étais capable de n’importe quel crime pour obtenir les richesses d’autrui. Moi et mes camarades, borgnes, unijambistes ou cul-de-jatte, nous avons décimé des flottes entières et récolté des trésors à faire pâlir Harpagon, jusqu’au coup d’épée qui me fut fatal. Après, tout s’est enchaîné très rapidement, et sans que je m’en rende vraiment compte. J’étais devenu dépendant de ce que la Terre peut apporter.
- Oui, j’ai eu beaucoup de mal à me faire entendre pendant cette période !
- Je suis redescendu au début du XVIème siècle, dans une famille riche. J’évoquais Harpagon tout à l’heure … et bien j’étais son portrait craché. Je n’ai fait qu’amasser des richesses, les enfermant dans un coffre à quintuple tours. Mon fils était venu implorer mon aide pour éponger une dette de jeu et je l’ai jeté à la rue. Il s’est vu couper la main et m’en a un peu voulu. Finalement, un jour, il est revenu me solliciter pour quelque argent, en m’offrant une bouteille de vin. Je l’ai dégusté et il s’est avéré qu’il était empoisonné. Là, j’ai appris qu’un linceul n’avait véritablement pas de poche.
- Tu t’en es remis difficilement mais tu es reparti rapidement malgré toutes mes remontrances.
- Le XVIIème siècle était bien entamé et j’ai eu la chance de côtoyer le Roi Soleil en France. Je faisais partie de sa cour et de ses courtisanes. Notre seul mot d’ordre était de prendre du plaisir. Les orgies étaient régulières, le temps de reprendre notre souffle et on recommençait. Il est évident que ces folies laissent des traces et c’est une maladie vénérienne, la syphilis, qui a eu raison de moi.
- Ta vie suivante a été plus calme.
- En effet, j’étais une rentière dans le courant du XVIIIème. Pas de folies bestiales ni de rage, je coulais une vie paisible. J’aimais me prélasser dans mon lit ou sur le canapé, servie par mes nombreux domestiques. Je n’avais aucun but dans la vie. Je rêvais, je lisais. J’ai fini par ne plus sortir et ne plus avoir l’envie de me nourrir. Mais j’ai oublié que le corps avait besoin d’un minimum pour rester en vie. Je me suis donc endormie et je suis revenue ici.
- Tu as fait une drôle de tête à ton retour ! Tu ne me croyais pas lorsque j’évoquais ton trépas pendant ton sommeil.
- Je ne m’étais pas rendu compte que j’étais allé si loin. Je n’ai pas eu besoin de me reposer longtemps avant que cela me reprenne. Cette fois-là, je me suis retrouvé dans la peau d’un colon anglais, en pleine Inde, au début du XIXème. On venait de débarquer depuis une dizaine d’années, avec la conviction profonde que nous étions supérieurs à cette populace sous-développée avec des rites immondes, totalement hérétiques. Ils possédaient des richesses insuffisamment exploitées en raison de leur bêtise. Nous étions les blancs, les forts, ceux qui savaient et, eux, n’avaient rien à nous apporter. Là-bas, j’ai attrapé une maladie tropicale. Nos médecins anglais m’ont apporté les meilleurs soins, sans résultat. J’ai refusé la médecine locale, primitive et j’ai passé l’arme à gauche dans d’atroces souffrances.
- Pourtant, leur médecine t’aurait sauvé !
- La vanité m’a aveuglé. Ensuite, j’ai vu la société humaine évoluer très vite et j’ai rechuté.
- À mon plus grand regret !
- Les Etats-Unis, je n’y avais pas encore posé mes valises astrales. J’étais un américain moyen, avec un job moyen, une vie solitaire et sédentaire. J’ai adopté le régime traditionnel, le plus en vogue en cette fin de XXème siècle : la nourriture rapide, le « fastfood » comme ils disent. Dès que je voyais une publicité à la télévision, sur internet où je passais tout mon temps libre, dans les toutes-boîtes ou simplement sur l’énorme panneau d’affichage posté en face de mon petit appartement miteux, je ne pouvais résister à l’appel de leurs frites hyper salées, leurs hamburgers rivalisant en taille et taux de glucides. Le tout bien évidemment arrosé de soda contenant plus de sucre que les boîtes de Tirlemont. Dix années d’un tel régime soutenu ont eu raison de mon palpitant qui ne parvenait plus à faire louvoyer mon sang au travers des divers amas de graisse qui tapissaient mes artères. Je pesais alors 550 kilos, j’ai failli apparaître dans le livre Guinness des records de l’année 2006 mais un mexicain m’a volé la vedette.
- Quelle célébrité macabre !
- Ne te moque pas.
- Bien ! intervient le Patron, âme numéro 1. Tu comprends maintenant pourquoi on les appelle les sept capitaux ?
- Oui. Je les ai tous expérimentés, c’était plus fort que moi. Mais on apprend de ses erreurs. Je vous assure, je suis sevré à présent. On ne me verra plus chuter et envier ces pauvres âmes toujours en proie à leurs pulsions intrinsèques.
- Bon. Je constate que tu es prêt à passer à l’étape suivante. Je te promeus au rang d’âme marraine. Tu aideras et guideras les autres. À moins que tu préfères assumer ta mission auprès des âmes incarnées. C’est plus difficile mais nous cherchons des volontaires.
- Je préfère rester ici. Un ange gardien ! Avec les ailes et tout ?
- Mais tu les as toujours eues ! me dit-Il avec un clin d’œil. »

Là, je jette un coup d’œil rapide dans mon dos pour constater en effet que je possède bien ces fameux attributs mythiques. J’étais tellement occupé à regarder en bas, que j’en avais oublié de lever les yeux et chercher à m’élever. Adieu la Terre donc ! Tu m’as nourri, tu m’as appris, je prends maintenant mon envol. Je suis sevré de ton lait maternel si addictif pour nous, les âmes !

Posté le : 16/03/2014 19:00
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Re: Défi du 14/03/2014
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Ah Bacchus cette baguette magique ! Tu nous en feras faire des trucs ! Boire gratos chez Kjtiti dans le corps d'un homme escarpins aux pieds en attendant de vivre notre prochaine vie.

Que vas-tu trouver la prochaine fois ? Tu me fais peur tu sais ?

Posté le : 17/03/2014 08:35
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Re: Défi du 14/03/2014
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Le coup de gomme.


Je ne l'avais pas vu arriver.
J'ai eu l'étonnante impression de voir mon double se lever de moi pour venir s'asseoir sur le banc, à mes côtés. Parce que j'avais le net sentiment que l'homme me ressemblait; mais on n'est jamais le mieux placé pour en juger.
Cette impression s'est confirmée lorsque l'homme engagea la conversation d'une façon qui m'est coutumière, c'est à dire en abordant un sujet le plus éloigné que possible des clichés habituels.
- " En principe, moi, ça m'enquiquine que l'on vienne squatter mon banc alors qu'il y en a une multitude de vides aux alentours.".
Je hochais gravement la tête :
- " J'allais vous le dire."
- " Mais je ne suis pas là par hasard, vous vous en doutez."
Je hochais une fois encore de la tête.
- " La vie a voulu que je sois investi d'une étrange mission que je trouve assez plaisante. Je suis destiné à offrir aux gens de mon choix l'opportunité de passer une journée, mais une seule , de la manière qui leur plaira, où ils voudront, à l'époque qu'ils choisiront. Pour vous....( il marqua un long temps d'arrêt ) pour des raisons que vous pourriez comprendre mais que je ne vous donnerai pas, j'ai préféré choisir moi-même, parce que je sais que vous ne le feriez pas vous-même, si je vous laissais le choix. Croyez-moi : ce sont de bonnes raisons."
Sur ces mots, l'homme se leva lentement. Je sentais qu'il avait toujours des séquelles d'une vieille sciatique, lui aussi.
- " Adieu, l'ami... Ne vous couchez pas trop tard, cette nuit. Demain sera peut-être une dure journée, allez savoir..."
Je devais être plongé dans mes pensées, car je ne l'ai pas vu s'éloigner.

Le soir venu, sans avoir besoin de suivre les conseil de mon éphémère voisin de banc, une inhabituelle fatigue m'incita à aller me coucher à une heure à laquelle je n'étais pas accoutumé et, chose encore plus inhabituelle, il ne me fallut pas longtemps pour m'endormir....

C'est le soleil matinal du mois de juillet qui me réveilla. La chaleur frappant la toile de tente rendait l'air irrespirable. Maktou, à mes côtés dormait encore.
Sacré Maktou ...Je ne pouvais pas le supporter, mais son obstination à vouloir me rendre service et son admiration béate m'obligeait à endurer sa présence. Il avait porté mon sac à dos, monté ma tente, été faire les courses dont j'avais eu besoin pour le repas du soir et avait fini la soirée en me demandant timidement s'il pouvait rester, pour ne pas faire les huit kilomètres à pinces pour rentrer à notre cité. Je ne l'aimais pas, mais pas à ce point.
Je restais immobile, les yeux ouverts, encore fortement impressionné par le rêve étrange de ma nuit.
J'avais l'impression qu'une vie entière s'était déroulée, une vie que j'avais vécue en accéléré mais dont certains détails me revenaient par morceaux. J'avais le sentiment que je n'étais jamais parvenu à poser le pied fermement quelque part. J'avais encore des images de palmiers, de pluies diluviennes, de néons dans la nuit, de bouges enfumés aux senteurs d'alcool , de visages féminins qui défilaient, aux traits gommés, de tous les âges.
Intriguant, ce rêve...

Je me levai d'un bond et sortis de la tente.
Dans la vaste clairière, au milieu de la forêt, des gens finissaient d'installer les stands de la fête qui allait se dérouler durant tout le week-end.
Je laissais à Maktou le soin et le plaisir de finir notre stand à ma place et je m'éloignais pour aller discuter un peu avec tous les amis des alentours.
Midi était vite venu et je me fis offrir un repas, bouchée après bouchée, dans tous les stands désormais achevés.
Dés le début d'après-midi, les gens commencèrent à affluer, comme de coutume. Des copains de la cité étant arrivés, je les laissais, avec l'incontournable Maktou, s'occuper de notre stand. Il me resterait bien assez de temps, après la fête, pour récolter les honneurs d'une réussite...

La foule était maintenant dense et je me baladais lentement, en guettant la jolie fille qui ne tarderait surement pas à se trouver sur mon chemin.

Des reflets de soleil dans une longue chevelure fauve. Un grand sourire éclatant sur un visage enfantin et une démarche lente et ondulante...Elle parlait avec animation avec l'amie qui lui tenait le bras et venait vers moi, sans savoir le lourd destin qui commençait à se tisser à son insu.
Une boule énorme se gonfla dans ma poitrine et m'oppressa douloureusement. Qu'est-ce qui m'arrivait ? Quelle était cette étrange force qui me poussait et m'incitait à m'écarter d'elle ?
J'ai eu l'impression qu'un bras gigantesque m'empoignait et me jetait sur le côté, derrière la toile d'un stand.;
Terriblement tendu, je la regardais passer. J'avais le cœur brisé. Elle n'avait pas eu le temps de m'apercevoir.
Ce fut avec des larmes dans les yeux que je la regardais s'éloigner, les reins cambrés et les hanches ondulant doucement.
Je savais tout d'elle, sans l'avoir jamais vu auparavant..
Je m'éloignais de la fête et allais me recroqueviller derrière un arbre, les poings serrés sur ma bouche. Pendant de longues heures, un étrange film se déroula dans mon esprit, fait de moments grisants, de sentiments de vide, de déceptions, d'espoirs, de bonheur intenses et de peines infinies, de caresses et de reproches, de départs et de retours, de rires et de larmes.
Lorsque la nuit tomba, le film se terminait dans une chambre d’hôpital lourdement chargée d'odeurs de médicaments. Un visage pâle entouré de cheveux fauves reposait sur un oreiller. Un geste m'autorisant à fuir, le dernier geste...

Bon dieu ! qu'est-ce qui me prenait de déprimer comme cela, rien qu'en ayant fantasmé sur une nana qui passait ? Je devais avoir quelque chose qui clochait. Surement toutes les bricoles trop variées que j'avais bouffé ce midi, au hasard de mes pas.

Je rejoignais le stand où les copains m'ont accueilli avec de grands cris et des moqueries, en émettant des hypothèses sur le programme de mon après-midi.
La soirée a été très gaie et m'a offert deux ou trois bonnes fortunes.
Tard dans la nuit, je me suis endormi tout d'un bloc sous ma tente. Pas de rêves.Enfin, aucun dont je me souvienne.

Lorsque je m'éveillais, le lendemain matin, tard, comme à mon ordinaire, je n'ai ressenti que ma petite douleur de dos, comme à l'ordinaire.
Un petit rayon de lumière passait entre les rideaux mal joints et m'avait sans doute réveiller.
Une étrange sensation me restait de ma nuit. J'avais du rêver, bien sur, mais bizarrement, rien de ce que j'avais pu rêver ne me revenais en mémoire.
Petit à petit, je réalisais que cette sensation étrange tenait au fait que, lorsque je voulus, comme je le fais bien souvent, me faire une petite introspection rapide de mon passé, comme chacun, je le présume, un étonnant vide s'était installé entre les pages de l'histoire de ma jeunesse.
Bof..ça ne devait pas être bien important puisque, pour dire vrai, je me sentais un peu plus léger, ce matin-là .





Posté le : 17/03/2014 10:11
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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