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Henry de Montherland
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Le 20 avril 1895 à Paris 7e naît Henry de Montherlant

de son nom complet Henry Marie Joseph Frédéric Expedite Millon de Montherlant romancier, essayiste, auteur dramatique et académicien français il est distingué du prix de Northcliffe en 1934, ses Œuvres principales sont : Les Jeunes Filles 1936/1939, La Reine morte en 1942,
Le Maître de Santiago en 1947, La Ville dont le prince est un enfant 1951/1967, il meurt à Paris, à 77 ans le 21 Septembre 1972

Héritier du culte barrésien de l'énergie, il exalte dans ses romans,les Olympiques, 1924 ; les Bestiaires, 1926 les passions qui développent la vigueur physique et morale puis exprime sa vision de moraliste désabusé dans des récits, les Célibataires, 1934 ; les Jeunes Filles, 1936-1939,qui tournent en dérision l'âme féminine. L'héroïsme et la haine du sentimentalisme se retrouvent dans ses drames, qui ressuscitent l'austérité de la tragédie classique, la Reine morte, 1942 ; le Maître de Santiago, 1948 ; Malatesta, 1950 ; la Ville dont le prince est un enfant, 1951 ; Port-Royal, 1954 ; le Cardinal d'Espagne, 1960.
Pendant cinquante ans de vie littéraire, Montherlant a pris au mot tout ce qu'il sentait, convoitait, sans jamais perdre de vue l'idée de la mort. Ce ne sont pas seulement les êtres qui meurent, c'est la terre qui roule dans le vide. Dès lors, la vie des personnages de Montherlant sera un naufrage accepté lentement et plein du court étonnement de naître et de vivre.
Montherlant est le grand styliste du XXe siècle. Son ton n'appartient qu'à lui. Il sait aussi bien manier la longue phrase que communiquer en traits rapides son insolence, ou donner un profond mouvement à sa prose pour laisser fondre un cœur qui se reprend aisément, car il y a toujours une partie de lui qui juge l'auteur – ce dont témoignent assez les magnifiques Carnets.
Montherlant habité de l'idée de la mort a fait dire à un personnage du Cardinal d'Espagne en 1966 :" Il y a deux mondes, le monde de la passion et le monde du rien ; c'est tout. Aujourd'hui, je suis du monde du rien." Ses deux derniers romans, Le Chaos et la nuit en 1963 et Un assassin est mon maître en 1971, Montherlant semble les avoir écrits pour se persuader qu'il faut partir. Dans Le Chaos et la nuit, un vieil anarchiste espagnol est las d'avoir souffert trente ans dans la prison de ses illusions révolutionnaires et il saisit la nuée fasciste et la nuée communiste entre ses deux bras pour les écraser l'une contre l'autre. Ce pour quoi il a vécu est mort, il n'a plus peur de la mort.

Sa vie

Henry de Montherlant est né à Paris le 20 avril 1895. Fortune et titres étaient la hantise de la famille
La famille Millon, devenue Millon de Montherlant en 1864, par la voie gracieuse, adjonction de nom par l'autorité administrative était, selon le généalogiste Louis de Saint Pierre, une famille de petite et ancienne noblesse, ce qui est d'ailleurs confirmé dans Le Grand Armorial de France dressé par Henri de Jougla de Morenas et Raoul de Warren.
Les armoiries des Millon sont décrites comme suit dans l’armorial de d’Hozier de 1696: de sinople à la tour d’argent maçonnée de sable, enflammée de gueules, surmontée de deux épées du second garnies d’or posées en sautoir.Donc, les quatre quartiers, de noblesse paternels, Millon de Montherlant, Malinguehen, Bessirard de la Touche, Mauge du Bois-de-Entes ont été prouvés par MM. de Soulès et admis par l’ordre de Malte, sur rapport de M. de Cressac. Quant aux quatre quartiers maternels, les Camusat de Riancey sont nobles depuis 1709, les Lefebvre des Vaux depuis 1823, avec titre de baron en 1825, les Potier de Courcy depuis la guerre de Cent Ans, et les Gourcuff depuis les Croisades. Les Millon de Montherlant possédèrent plusieurs châteaux surtout au XIXe siècle, l'un d'eux, qui se trouve à Montherlant dans l'Oise, est classé monument historique depuis 2003.
Henry de Montherlant descent de François Millon de Montherlant.

L'écrivain

Henry Millon de Montherlant envisage très tôt de faire œuvre d'écrivain. À l’âge de 7 ou 8 ans, il écrit déjà de petits volumes et s’amuse à rédiger des préfaces et des postfaces. Ses récits ont pour cadre, souvent, l’Antiquité. Ce sera d'abord l'expérience du journal intime détruit à la fin de sa vie. Son père décède lorsque Montherlant a 19 ans, sa mère une année plus tard. C'est probablement elle qui lui donnera le goût de la littérature. Quo Vadis ? de Henryk Sienkiewicz, dont elle lui fait la lecture, marquera l'ensemble de sa vie : ce roman historique lui apporte une double révélation, la révélation de l'art d'écrire, et la révélation de ce que je suis, dit-il en 1957-587. Il lui fournira les thèmes qu'il abordera tout au long de son œuvre, l'amitié, Rome et le suicide.
De dix à treize ans, s'inspirant de Quo Vadis, Montherlant écrivit de cinq à six heures par jour. À ces récits, il préféra bientôt des œuvres personnelles : poèmes, ébauches théâtrales.

Renvoyé du collège Sainte-Croix pour pédérastie en mars 1913, Montherlant va commencer à dix-huit ans un récit où il va essayer d'expliquer l'affaire de mœurs à sa façon, de dégager cette partie de lui-même qui lui permettra de revivre son adolescence au collège. De ce récit, véritable for intérieur, Montherlant tirera deux œuvres : La Ville dont le prince est un enfant 1951 et, cinquante-six ans après la sanction qui le frappa, Les Garçons 1969. La poésie, la purification des passions par l'écriture, un désir porté à l'infini donnent à ces deux œuvres une grande puissance de rayonnement.

Il termine ses études à l’Institution Notre-Dame de Sainte-Croix à Neuilly, connue pour ses options catholiques progressistes proches du Sillon ; il aura Paul Archambault comme professeur de philosophie en 1911. Il y est dispensé d'éducation physique et d'instruction religieuse, mais, passionné par l'Antiquité romaine, il se révèle un excellent latiniste, et se montre aussi doué pour le dessin. Initié très jeune à la tauromachie, il exécute deux mises à mort de taurillons à l’âge de quinze ans. Son renvoi en 1912 du collège Sainte-Croix de Neuilly lui fournit, bien des années plus tard, le thème de deux de ses œuvres, La Ville dont le prince est un enfant 1951 et Les Garçons 1969. Philippe Giquel, qui lui inspira le jeune héros de La Ville dont le prince est un enfant, deviendra un as de l'aviation durant la Grande Guerre, puis un journaliste réputé dans le domaine de l'aéronautique. Sa vocation littéraire se confirme avec sa première pièce, L'Exil, écrite à l'âge de dix-neuf ans, en novembre-décembre 1914. Le héros de cette pièce est un jeune snob autant de mise que d'esprit, qui croit pouvoir se débarrasser de son genre par un engagement volontaire, alors que sa mère l'empêche de s'engager.

Fidèle aux valeurs grecques et romaine

Nourri par la lecture de Barrès, de Nietzsche et de Plutarque, il trouve un idéal dans le courage et les vertus antiques. Il apprécie particulièrement le Satyricon de Pétrone, qu'il préfacera plus tard. Il torée en Espagne avant 1914.

Durant la Première Guerre mondiale, il est affecté au service auxiliaire. En février 1918, il se porte volontaire pour être versé dans un régiment d'infanterie de première ligne. Parti au front pour mourir, il en revient « grièvement blessé, selon le texte de sa citation, par sept éclats d'obus dans les reins, dont un seul put être extrait. En 1919, il devient secrétaire général de l’Œuvre de l’Ossuaire de Douaumont ; impressionné par l'exemple des Grecs d'Homère proclamant qu'en se battant, ils n'ont pas de haine, eux qui pouvaient voir en l'adversaire de la veille l'ami que l'on s'est fait par la lance, Montherlant restera fidèle toute sa vie à ces valeurs de respect pour l'adversaire qui a loyalement accompli son devoir : aussi souhaite-t-il que l'Ossuaire soit dédié à la gloire de l'homme, et donc aussi du soldat allemand, afin de mettre tout-à-fait hors d'atteinte la part humaine vraiment admirable qui s'était exercée à Verdun.

Patriote sans être nationaliste, il décrit dans Le Songe, paru en 1922, le courage et l'amitié des combattants. De 1920 à 1925, il se tourne vers le sport, notamment l'athlétisme, la tauromachie, l'équitation et le football, et fréquente les stades, où il renoue avec la fraternité des tranchées. Avec Les Olympiques en 1924, il évoque les heures de poésie que le sport nous fit vivre, dans la grâce — la beauté parfois — des visages et des corps de jeunesse, dans la nature et dans la sympathie . La même année paraît Chant funèbre pour les morts de Verdun, écrit comme un acte de piété « tel que celui d'allumer une petite lampe sur un des tombeaux de son pays. Ces œuvres, en lui apportant la notoriété, lui en retirent aussi le goût : l'attrait du bonheur et de la vie devient plus fort que tout, et, selon sa propre expression, il prend le large. Laissant ses biens mobiliers au garde-meubles, il quitte la France le 15 janvier 1925 pour l'Italie, le Maroc espagnol et surtout l'Espagne.

Le voyageur

En amateur passionné des civilisations du bassin méditerranéen, principalement celle de la Rome antique, de l’Espagne, et des Arabes, c'est dans leurs contrées qu'il va errer jusqu'en 1932, s'adonnant à ses plaisirs et à ses sports favoris. C'est ainsi qu'à la fin de 1925, dans un élevage près d'Albacete, il est renversé par un taurillon, et le coup de corne qu'il reçoit taillade la périphérie de son poumon. Victime d'une typhoïde et de deux congestions pulmonaires, il passe quatre mois de 1926 dans des maisons de santé, et entre en convalescence à Tanger.
Dès 1925, la crise que traverse le jeune Montherlant est pour une part une crise de satiété sensuelle : J'eus sur-le-champ tout ce que je voulais, et sur-le-champ en eus par-dessus la tête. Mais elle se double aussi d'une crise métaphysique : Pourquoi vivons-nous ? Et à quoi bon ? Parti pour se livrer au détachement, il accumule les renoncements pour mieux se forger une existence tout entière de travail, lecture et réflexion, délivrée de tout ce qui n'est pas l'essentiel. Cessant de sourire à la gloriole, selon ses propres termes, il renonce à la vanité sociale, ce cancer qui ronge le monde civilisé. Il renonce à l'ambition et à l'idée de faire carrière ; il renonce à l'action, tenue dès cette époque pour risible, fors quand elle est charité; il renonce au désir d'argent et aux intérêts du monde ; il renonce enfin au mariage. Sur le plan spirituel, il abandonne un grossier amalgame du paganisme avec un catholicisme décoratif et fantaisiste d'où tout christianisme était absent : désormais, il se tiendra à l'écart de la religion mais en la respectant. Quant à la violence du fort sur le faible, de l'Européen sur l'indigène, qu'il constate en Afrique du nord, elle a pour effet de le dégoûter de toute violence pour la vie.
Il vit trois mois par an à Paris en été et le reste du temps en Afrique du Nord. Ces séjours dans l'Algérie au début des années 1930 sont à l'origine de sa réflexion sur le principe colonial : dans ses errances, il est au contact de ces parias du peuple que sont les indigènes coloniaux, et malgré le conflit où il se trouve pris entre la patrie et la justice, il compose l'œuvre intitulée La Rose de Sable où il dénonce sous la forme romanesque les excès de la France coloniale. De retour en France en avril 1932, devant le réarmement de l’Allemagne, il publie dans le journal La Liberté un long article sur l'état de la France qui ne se prépare pas à la guerre inévitable, où le sentiment national et l'esprit public font défaut. De crainte d'ajouter aux difficultés de la France, dans un temps où le pays allait avoir besoin de tout ce qui lui restait de forces pour se défendre à la fois contre l'ennemi du dehors et contre son gouvernement, il renonce à publier La Rose de Sable. Cette publication sera étalée sur une trentaine d'années entre 1938 et 1968.
De la crise traversée par Montherlant, dénouée en 1929, se dégage, selon ses propres dires, un homme meilleur à l'équilibre retrouvé.

La deuxième guerre mondiale

Dès les années 1930, il invite par de nombreux articles et ouvrages à intervenir contre l'Allemagne nazie 1936, puis 1938. Dans L'Équinoxe de Septembre Septembre 1938, il attaque violemment la tentation défaitiste et la lâcheté des chefs de gouvernement Daladier et Chamberlain, ce dernier qualifié de Marx brother de la Paix :
" Les chefs des grandes démocraties accourant l'un après l'autre, gravissant l'Olympe en suppliants pour embrasser les genoux du Jupiter à la mèche, suspendus à un froncement de ses sourcils, sans d'ailleurs prendre la peine de s'en cacher, le flattant du bout des doigts, tandis qu'ils font dans leur culotte. "

Après les accords de Munich, le 29 septembre 1938, un des journaux français ayant demandé une minute de silence, Montherlant s'indigne : Chaque jour, avec une savante technique de la bassesse, on s'efforce de donner à la France une âme et une morale de midinette, Ce n'est pas de minutes de silence que nous avons besoin, c'est d'avions, Monsieur Daladier. La publication de L’Équinoxe de septembre sera interdite par l'occupant nazi pendant trois semaines en 1941.

Réformé pour blessures de guerre après 1918, empêché par deux congestions pulmonaires de reprendre du service en 1939, il assiste aux combats de la Somme et de l'Oise comme correspondant de guerre pour l’hebdomadaire Marianne : Le Solstice de Juin est ainsi consacré à la bataille de France de mai-juin 1940.
Il y rappelle les paroles de six écrivains qui ont soutenu sa fermeté dans ces heures douloureuses où la vie des soldats était presque chaque jour en jeu, paroles qu'il conservait dans son portefeuille, transcrites sur un carton bristol. Dans cet essai, il défend notamment une amitié chevaleresque entre vainqueur et vaincu, à l'issue des combats, et nourrit une relation ambiguë à l'idéologie nazie, réclamant la création d'un : organisme qui ait pouvoir discrétionnaire pour arrêter tout ce qu'il juge devoir nuire à la qualité humaine française. Une sorte d'inquisition au nom de la qualité humaine française dans "Le Solstice de Juin " ; il voit en la victoire allemande le renversement d'un monde pourri : La victoire de la Roue solaire n'est pas seulement victoire du Soleil, victoire de la paiennie. Elle est victoire du principe solaire qui est que tout tourne... Je vois triompher en ce jour le principe dont je suis imbu, que j'ai chanté, qu'avec une conscience entière je sens gouverner ma vie. De même, il exalte la force quelle qu'en soit la fin : Le combat sans la foi, c'est la formule à laquelle nous aboutissons forcément si nous voulons maintenir la seule idée de l'homme qui soit acceptable : celle où il est à la fois le héros et le sage. Cela lui vaudra la réputation de collaborateur et des ennuis passagers à la Libération.

Cependant, de nombreux éléments montrent que ce n'était pas un collaborateur : dès 1940, il a refusé de participer à la rédaction de La Gerbe, dont le fondateur n'est autre qu'Alphonse de Châteaubriant, également président du groupe Collaboration ; il refuse de se rendre à Weimar, à l'invitation des Allemands, avec beaucoup d'autres écrivains français comme Robert Brasillach, Marcel Jouhandeau ou Abel Bonnard ; il refuse de publier dans les journaux ou revues collaborationnistes. Son dossier, successivement examiné par la Direction générale des services spéciaux du 2e Bureau, par la Commission d'épuration de la Société des gens de lettres, par la Haute Cour et par la Chambre civique, sera à chaque fois classé sans suite. Le 9 septembre 1944, un manifeste des écrivains français demande le juste châtiment des imposteurs et des traîtres . Montherlant n'est pas nommé.

Des résistants auraient reproché à Montherlant de s'être dérobé à certaines responsabilités. Montherlant répond qu'il ignorait tout de la Résistance. Léon Pierre-Quint, membre du Comité national des écrivains résumera en octobre 1945 le dossier Montherlant : La seule accusation qui pourrait être reconnue contre lui, ce n'est pas d'avoir pris un mauvais parti, c'est de n'avoir pas pris de parti du tout ; il s'agirait de savoir si un écrivain a le droit, pendant l'occupation de son pays, de rester indépendant et de vouloir garder sa liberté d'esprit, — s'il est autorisé, alors que deux camps se disputent le monde, à se tenir à l'écart.

Le Dossier Montherlant sera examiné par plusieurs organismes : en septembre 1944, la Direction générale des services spéciaux du 2e Bureau rend un non-lieu ; en février 1945, la Commission d'épuration de la Société des gens de lettres ne retient aucune charge contre l'écrivain, après l'avoir entendu. Un tribunal d'épuration composé de certains écrivains de la Résistance lui inflige une peine, une interdiction professionnelle de six mois rétroactifs de non-publication. Ils furent deux juges sur huit à se déplacer pour entendre Montherlant; en mai 1945, la Haute Cour classe l'affaire à la suite d'une information contre Montherlant; pendant l'été 1945, une information contre Montherlant devant la Chambre civique se solde par un classement sans suite. Il n'y aura jamais d'instruction.

Le retrait après la Guerre

En rupture avec la société contemporaine, cherchant à transcender les luttes partisanes, il se consacre à l'écriture de son théâtre depuis la Seconde Guerre mondiale. Il y peint la grandeur et la misère des hommes et des femmes d'honneur, tiraillés par leurs passions, souvent trahis et perdus.
Durant la période de l'après-guerre, il est également l'auteur de nombreux dessins réalisés à la mine de plomb, des esquisses représentant tour à tour des scènes de tauromachie, des hommes en habits de lumière et quelques nus féminins ou masculins. Il renoncera cependant au dessin, expliquant que tout ce qui n'est pas littérature ou plaisir est temps perdu.

En 1960, Montherlant est élu à l'Académie française sans en avoir fait expressément la demande, fait rare mais non unique.

Fin de vie, suicide

En 1959, une insolation modifie son rythme de vie et provoque l'accident qui, en 1968, lui fait perdre l'usage de l’œil gauche. Devenant ensuite quasi aveugle à la suite de cet accident, il se suicide le jeudi 21 septembre 1972, le jour de l'équinoxe de septembre, quand le jour est égal à la nuit, que le oui est égal au non, qu'il est indifférent que le oui ou le non l'emporte mettant ainsi en pratique jusqu'au bout l'équivalence des contraires de sa philosophie morale.
À son domicile du 25, quai Voltaire à Paris, il avale une capsule de cyanure et, simultanément, se tire une balle dans la bouche, de crainte que le cyanure ne soit éventé. Montherlant laisse un mot à Jean-Claude Barat, son légataire universel : Je deviens aveugle. Je me tue .
De cette mort volontaire, Julien Green écrit quelques jours plus tard : Ayant inventé un personnage tout de bravoure et d'éclat, il Montherlant a fini par le prendre pour lui et s'y est conformé jusqu'à la fin.

Ses cendres sont dispersées à Rome, sur le Forum, entre les pierres du temple de Portunus ou temple de la Fortune virile et dans le Tibre, par Jean-Claude Barat et Gabriel Matzneff.

Montherlant et les hommes


Montherlant s'est toujours efforcé de cacher son homosexualité38 et de minimiser les rapports autobiographiques que l'on pouvait supposer entre ses œuvres traitant des garçons et sa vie sentimentale. Pour certains, Qui ?, son roman Les Garçons reflète assez précisément ses amours de jeunesse, comme il s'en est d’ailleurs expliqué ouvertement dans ses derniers écrits, par exemple dans Mais aimons-nous ceux que nous aimons ? publié en 1973. Les Garçons a été publié en 1969, mais des passages significatifs à cet égard n'ont paru que dans la version de La Pléiade 1982, Romans, tome II, voir par exemple p. 550. L'auteur a toujours affirmé que son roman Les Garçons était une œuvre imaginaire construite à partir de sa courte expérience d'élève à Sainte-Croix de Neuilly et de son amitié avec Philippe Giquel dont la fille sera sa filleule.

Pierre Sipriot a écrit que Montherlant se serait souvent avancé masqué afin de cultiver une forme de secret. Par exemple sur sa date de naissance, qu'il a falsifiée, se rajeunissant d'un an il a, de plus, voulu naître le 21 avril, jour de la fondation de Rome et même l'Académie française s'y est perdue puisqu'elle donne dans sa notice officielle la date du 30 avril, ou dans le domaine de sa vie privée : Roger Peyrefitte a publié la correspondance partiellement codée qu'il a entretenue avec Montherlant en en fournissant le décryptage, semblant démontrer qu'il l'accompagnait dans sa recherche de garçons entre 1938 et 1941.

La biographie de Sipriot, qui s'appuie principalement sur l'écrivain Roger Peyrefitte, laisse entendre que Montherlant, au moins sur la fin de sa vie, aurait entretenu des relations sexuelles avec des jeunes hommes. D'autre part, Sipriot prétend que Peyrefitte et Montherlant faisaient des virées ensemble et entretenaient à eux deux des mères de familles complaisantes. Montherlant, qui pressentait ces révélations, avait écrit dans ses derniers carnets :

" Aussitôt que je serai mort, deux vautours, la Calomnie et la Haine, couvriront mon cadavre pour qu’il leur appartienne bien à eux seuls et le déchiquetteront."

Ces révélations posthumes ont pu modifier l'image qui dominait à son sujet de son vivant, contraignant certains à renoncer à un Montherlant idéalisé, et d'autres à le relire de plus près.

Montherlant et les femmes

"On", Qui? a aussi montré que beaucoup de femmes s’éprirent de cet ennemi des femmes, qui affiche un goût pour les valeurs viriles et fraternelles selon l'Académie française.

Son oeuvre est traversée par un courant fortement misogyne, ainsi que le souligne Simone de Beauvoir, qui lui consacre la première partie du chapitre deux de la troisième partie Mythes de son essai Le Deuxième Sexe. C'est notamment dans les quatre romans qui forment le cycle romanesque des Jeunes Filles que se déploie cette vision négative des femmes, où les "bêtes féminines" sont "malades, malsaines, jamais tout à fait nettes" et où le héros masculin s'inscrit toujours dans un rapport foncièrement asymétrique avec la femme : "Prendre sans être pris, seule formule acceptable entre l'homme supérieur et la femme". C'est le même discours qu'il développe dans La Petite Infante de Castille : "Ce qui est agaçant chez les femmes, c'est leur prétention à la raison".

Jacques Laurent tempère ce trait de caractère : Il y a chez lui un peu de misogynie — mais pas systématique, sans méchanceté... et en général amusante. Il ne faut pas la ramener comme l'a fait par exemple Pierre Sipriot à son homosexualité. Montherlant est par ailleurs resté en contact suivi et prolongé des décennies durant avec des femmes comme Elisabeth Zehrfuss, Jeanne Sandelion, Alice Poirier, la Comtesse Govone et Banine ou encore la poétesse Mathilde Pomès et le professeur et critique Marguerite Lauze, qu'il fréquente en toutes sortes d'occasion : concerts, restaurants, voyages, recherche d'imprimeurs et d'éditeurs.

Lauze, qui fut sa compagne durant trente ans, fut désignée comme son unique héritière, avec son fils Jean-Claude Barat à partir de 1952. Selon Marie-Christine Giquel, qui le tiendrait de son père, lequel le tiendrait lui-même de Montherlant, celui-ci serait le père de deux enfants .

Å’uvres

Montherlant est l'auteur d'une très abondante œuvre littéraire comprenant pour l'essentiel des romans, récits, pièces de théâtre et essais, mais aussi des notes de carnets, de la poésie et une correspondance. L'essentiel de cette œuvre est disponible aux éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade deux tomes de romans, un tome de théâtre, un tome d'essais incluant les carnets.

Romans

La Jeunesse d'Alban de Bricoule :
Le Songe 1922
Les Bestiaires 1926
Les Garçons 1969
Les Célibataires 1934
Les Jeunes Filles :
Les Jeunes Filles 1936
Pitié pour les femmes 1936
Le Démon du bien 1937
Les Lépreuses 1939
Le Chaos et la Nuit 1963
La Rose de sable 1968- Une première version, tronquée, a été publiée sous pseudonyme en 1938 ; une autre en 1954.
Un assassin est mon maître 1971
Publications posthumes :
Thrasylle 1984
Moustique 1986

Théâtre

L'Exil 1914 - 1929
Pasiphaé 1936
La Reine morte 1942
Fils de personne 1943
Un incompris 1943
Malatesta 1946
Le Maître de Santiago 1947
Demain il fera jour 1949
Celles qu'on prend dans ses bras 1950
La Ville dont le prince est un enfant 1951 - 1967
Port-Royal 1954
Brocéliande 1956
La Mort qui fait le trottoir Don Juan 1956
Le Cardinal d'Espagne 1960
La Guerre civile 1965

Récits

Les Voyageurs traqués :
Aux fontaines du désir 1927
La Petite Infante de Castille 1929
Un voyageur solitaire est un diable 1961
Publications posthumes :
Mais aimons-nous ceux que nous aimons ?
Quelques mois de féerie, quelques jours de galère. Inédits nord-africains 1926-1940 1995

Essais

La Relève du matin 1920
Les Olympiques 1924
La mort de Peregrinos 1927
Mors et vita 1932
Service inutile 1935
L'Équinoxe de septembre 1938
Les Nouvelles chevaleries 1941
Le Solstice de juin 1941
Textes sous une occupation 1940-1944 1963
Discours de réception à l'Académie française et réponse du duc de Lévis Mirepoix 1963
Le Treizième César 1970
La Tragédie sans masque. Notes de théâtre 1972
Essais critiques 1995, publication posthume.

Carnets

Carnets 1930-1944 1957 dans Essais 1963, La Pléiade, p. 965-1369
Va jouer avec cette poussière 1958-1964 1966
La Marée du soir 1968-1971 1972
Publications posthumes :
Tous feux éteints 1965, 1966, 1967, 1972 et sans dates 1975
Garder tout en composant tout Derniers carnets, 1924-1972 2001

Poésie

Encore un instant de bonheur 1934

Correspondance

Henry de Montherlant - Roger Peyrefitte, Correspondance (1938-1941), présentation et notes de R. Peyrefitte et Pierre Sipriot, Robert Laffont, 1983
Henry de Montherlant, Lettres à Michel de Saint-Pierre, préface de Michel de Saint-Pierre, Albin Michel, 1987
Correspondance avec Philippe de Saint Robert, in Bibliographie.

Divers

Pages catholiques, recueillies et présentées par Marya Kasterska, Plon, 1947
Dessins, préface de Pierre Sipriot, Copernic, 1979

Illustrateurs

Certaines œuvres de Henry de Montherlant ont donné lieu à des éditions d’art illustrées atteignant des prix de vente élevés aux enchères ou chez les libraires de bibliophilie, comme Les Jeunes Filles, illustrées par Mariette Lydis ou d’autres par Cocteau, Cami, Édouard Georges Mac-Avoy, Pierre-Yves Tremois...

Liens

http://youtu.be/TBtxzxOnDr0 Montherland nous confie 1
http://youtu.be/2Cx04nCojYc Monyherland nous confie 2
http://youtu.be/VHfnXCG578c Montherlandoar lui-même
http://youtu.be/LTOLNnM_PGI La reine morte de Montherland
http://youtu.be/SfnyVQopm_I Michel Fau revoit le théâtre de Montherland

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Posté le : 19/04/2014 17:18

Edité par Loriane sur 20-04-2014 16:53:42
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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