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Salvador Dali suite 2
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Exposition de Dalí à Londres. Au premier plan, une sculpture d'éléphant aux pattes arachnéennes avec une pyramide sur le dos semblable à celles qui apparaissent sur la toile. Au fond se trouve London Eye.
La nourriture, et l'acte de manger, ont une place centrale dans l'œuvre et la pensée dalinienne pour qui la beauté sera comestible ou ne sera pas. Figure picturale essentielle, le pain fut très présent dès 1926 La Corbeille de pain. La très classique Corbeille de pain, Plutôt la mort que la souillure 1945 fut exposée à une place d'honneur par Dalí au musée de Figueras, exprimant l'importance de ce tableau. Ce fut avec une baguette de 2 m qu'il débarqua aux États-Unis pour la première fois et avec une de 12 m de long portée par plusieurs boulangers qu'il se présenta à une conférence parisienne en 1959. Sa symbolique semblait très importante pour Dalí : Le pain a été l'un des thèmes de fétichisme et une des obsessions les plus anciennes de mon œuvre, le premier, celui auquel je suis resté le plus fidèle.

L'œuf au plat sans le plat revient régulièrement dans son œuvre. Il aurait rappelé au peintre les phosphènes qui apparaissent quand on comprime les globes oculaires et qu'il associe à un souvenir intra-utérin. La création picturale peut-être la plus connue de Dalí sont les Montres molles. Elles coulent comme un camembert : Les montres molles sont comme du fromage, et surtout comme le camembert quand il est tout à fait à point, c’est-à-dire qui a la tendance de commencer à dégouliner. Et alors, mais quel rapport entre le fromage et le mysticisme ? … Parce que Jésus, c’est du fromage. Les dos et fesses des femmes furent présentes très tôt dans l'œuvre, en particulier sur les portraits de sa sœur Anna-Maria à Cadaqués Personnage à une fenêtre 1925, Jeune fille de dos Anna Maria 1926. Plus tard, un tableau plus explicite, Jeune Vierge autosodomisée par les cornes de sa propre chasteté 1954, éclaira le sens érotique de ces poses. Elles restèrent présentes tout au long de l'œuvre du peintre.
Gala apparut en 1931 dans une œuvre minuscule Premier portrait de Gala, véritable tour de force de miniaturiste, exposée au Teatre-Museu Gala Salvador Dalí avec une loupe pour mieux apprécier les détails. Ses portraits furent ensuite très nombreux, son visage et sa coiffure caractéristique la faisant reconnaître aisément. Elle apparut de face L’angélus de Gala 1935 ou de dos Ma femme, nue, regardant son propre corps devenir, trois vertèbres d'une colonne, ciel et architecture 1945, nue Leda Atomica 1949, en Vierge Marie La Madone de Port Lligat 1950, un sein nu Galarina 1945. La découverte d'une paire de béquilles abandonnées dans le grenier de la maison paternelle fut une révélation. Il la définit comme un support en bois dérivant de la philosophie cartésienne. Généralement employé pour servir de support à la tendresse des structures molles. Elle devint immédiatement un objet fétiche qui prolifère dans son œuvre souvent pour soutenir un appendice mou. On y décèle l'angoisse de l'impuissance qui dominait Dalí avant sa rencontre sexuelle avec Gala. En 1929, la présence dans le tableau Jeu lugubre d'un homme portant un caleçon maculé fit scandale dans le cercle surréaliste. Gala fut envoyée en délégation pour s'assurer que le jeune catalan n'avait pas de penchant coprophage, ce qui les horrifiait. Gala put les rassurer, en même temps qu'elle mit en garde Dalí contre l'état d'esprit très petit-bourgeois d'un groupe d'artistes qui se réclamaient pourtant d'une sincérité totale.

Œuvres renommées

L'Angélus de Millet devint une véritable obsession chez Dalí. Ses personnages furent représentés dans un grand nombre de ses toiles depuis Monument impérial à la femme-enfant, Gala – Fantaisie utopique 1929 jusqu'à La Gare de Perpignan en 1965. Dalí s'expliqua souvent sur l'érotisme du tableau, en même temps que sur sa conviction que le couple priait autour du cercueil de leur enfant mort. De façon étonnante, une radiographie réalisée au Louvre révèle une zone sombre et rectangulaire, sous la terre, entre les deux personnages.
La Vénus de Milo fut une référence occasionnelle. Elle apparut d'abord dans une sculpture détournée avec son ami Marcel Duchamp, puis comme une image se métamorphosant en torero dans le Torero hallucinogène.

La Mort

Je pense à la mort, surtout quand je mange des sardines en boîtes...
La mort est présente tout au long de l'œuvre depuis les premières toiles surréalistes, voire les premiers portraits de vieillards. La mort apparaît tout d'abord dans son aspect physique le plus répugnant, celui de cadavres en putréfaction. Plus tard, elle se fit plus discrète mais fut toujours présente, jusque dans les toiles chrétiennes – principalement des crucifixions. Elle est notable dans Portrait de mon frère mort (1963), La Pêche au thon (1967), Le Torero hallucinogène (1970).

Alphabet amoureux

L'alphabet amoureux est né de la passion de Dalí pour les arts graphiques et pour sa muse Gala. À partir de leurs initiales, S , D et G et d'une couronne, il invente huit caractères abstraits, symbole de leur amour. L'alphabet devint public à partir des années 1970 lorsqu'il passe commande à la maison Lancel d'un sac à main pour l'offrir à Gala.
Ce sac est un petit modèle à soufflet dont l'anse est une chaîne à vélo. Son cuir est orné d'une impression de type Toile Dalígram utilisant les caractères de l'alphabet amoureux.

Sculpture Hommage à Newton 1969.

La sculpture resta longtemps anecdotique dans la création dalinienne139 avec de rares exceptions Buste rhinocérontique de la Dentellière de Vermeer, 1955. Il revint à la création en trois dimensions dans les années 1960 et surtout 1970 avec la création du Teatre-Museu Gala Salvador Dalí : Buste de Dante 1964, Chaise aux ailes de vautour 1960, Lilith – Hommage à Raymond Roussel 1966, Masque funèbre de Napoléon pouvant servir de couvercle à un rhinocéros 1970.
Salvador Dalí racontait qu’enfant, il fit un modelage de la Vénus de Milo car elle figurait sur sa boîte de crayons : ce fut son premier essai de sculpture. Dès les années 1930, Dalí s’essaya à la troisième dimension avec des objets surréalistes. Il créa avec Giacometti des objets à fonctionnement symbolique Buste de femme rétrospectif – Buste : pain et encrier en assemblant une marotte de modiste en porcelaine peinte avec différents autres objets de récupération 1933. En 1936, Marcel Duchamp et Salvador Dalí collaborèrent pour réaliser la Vénus de Milo aux tiroirs.
De cette époque date la réalisation de sculptures en bronze réalisées à partir de ses plus célèbres tableaux, telles que la Persistance de la Mémoire, le Profil du Temps, la Noblesse du Temps, Vénus à la girafe, Le Toréador hallucinogène, La Vénus spatiale, Alice au pays des Merveilles, l’Éléphant spatial qui témoignent avec une vigueur extrême de la force d’expression de ses images iconographiques surréalistes.

Dalí réalisa ses premiers bijoux après la Seconde Guerre mondiale à New York : The eye of time 1949, Ruby Lips 1950, The Royal heart 1953.

Architecture Maison de Dalí à Portlligat

En 1939, pour la Foire internationale de New York, il créa le pavillon Dream of Venus. Il s'agissait d'une attraction foraine surréaliste, avec entre autres, une Vénus terrassée par la fièvre de l'amour sur un lit de satin rouge, des sirènes et des girafes. De cette maison, il n'en reste plus que le souvenir, une quarantaine de photos d'Eric Schaal, un film de huit minutes, et le somptueux quadriptyque aux montres molles, conservé au Japon. Le peintre avait fait du surréalisme un art de vivre. À Portlligat, il décora sa maison à sa manière, en prince du kitsch, de l'ironie et de la dérision. Sa bibliothèque fut volontairement inaccessible, avec des rangées de livres installées au plus haut du mur, afin que nul ne pût les atteindre. Dans l'axe de la piscine phallique était disposé un temple avec une grande table d'autel, où il s'abritait du soleil et recevait ses amis. Le fond de sa piscine était tapissé d'oursins ; il s'agissait d'une commande du maître au sculpteur César qui avait réalisé une coulée de polyester pour marcher sur les oursins comme le Christ a marché sur les eaux. Le patio avait la forme d'une silhouette de femme tirée de L'Angélus de Millet. Le canapé était fait selon un moulage des lèvres de Mae West. Le mur du fond, appelé mur Pirelli était décoré avec de grandes publicités de pneus.
Au début des années 1970, le projet du théâtre-musée à Figueras se précisa enfin. Dalí prit à cœur la conception de ce musée édifié à sa gloire : Je veux que mon musée soit un bloc unique, un labyrinthe, un grand objet surréaliste. Ce sera un musée Théâtral. Les visiteurs en sortiront avec la sensation d'avoir eu un rêve théâtral.

Littérature

Les écrits de Dalí forment un important corpus qui n'est édité dans son ensemble qu'en espagnol. Il écrivait au moins depuis l'adolescence Studium, des poèmes, quelques textes littéraires et un journal qui a été publié en 2006. Il publia de nombreux textes qui exposent ses idées, sa conception de la peinture et donnent des éléments biographiques permettant de comprendre la genèse de certains de ses tableaux. Oui expose ses conceptions théoriques dans deux grands textes : La révolution paranoïaque-critique et L'archangélisme scientifique qu'il présente dans Italiques.
Écrits dans un style très personnel, les deux textes autobiographiques les plus célèbres de Dalí restent La Vie secrète de Salvador Dali qui donne des éléments biographiques sur son enfance, ses relations problématiques avec son père et la conviction acquise dès l'enfance qu'il était un génie et le Journal d'un génieouvrages 3 traite des années 1952 à 1963. Dalí écrivit, pendant la guerre, un unique roman Visages Cachés Il y met en scène l'aristocratie française durant cette guerre, et notamment la passion amoureuse de deux personnages, le duc de Grandsailles et Solange de Cléda. Cette dernière est l'illustration de ce qu'il a lui-même nommé le clédalisme ayant pour but de clore la trilogie passionnelle inaugurée par le marquis de Sade dont les deux premiers éléments sont le sadisme et le masochisme.
Il rédigea également en 1938 une interprétation paranoïaque-critique d'une de ses œuvres de référence dans Mythe tragique de l'Angélus de Millet, publiée en 1963. Il illustra Fantastic memories 1945, La Maison sans fenêtre, Le labyrinthe 1949 et La Limite 1951 de Maurice Sandoz, dont il fit connaissance à New York au début des années 1940.

Cinéma

La jeunesse de Dalí coïncida avec l'âge d'or du cinéma muet. Il rencontra Luis Buñuel à la résidence des étudiants à Madrid — il en fit le sujet d'un de ses premiers tableaux. Cette amitié déboucha sur une collaboration qui se développa dans le contexte du surréalisme. En complicité avec lui, il participa à l'écriture de deux films emblématiques du cinéma surréaliste. Le premier, Un chien andalou 1929, est un court-métrage de seize minutes. Il fut financé par le vicomte et la vicomtesse de Noailles à la suite d'une exposition parisienne. Après une brutale image d'introduction destinée à mieux marquer la scission entre monde réel et monde surréaliste diverses scènes oniriques se succèdent dotées seulement de la logique du rêve. Le film fit scandale dans les milieux intellectuels parisiens. Cependant, d'après Robert Descharnes, Dalí et Buñuel souhaitaient réaliser quelque chose de différent de tout ce que l'on avait tourné jusque-là. Ce fut dans cette optique que fut réalisé 1930 le second film, L'Âge d'or. Malgré un programme commun les deux auteurs s'opposèrent. Dalí voulait représenter l'amour, la création, les mythes catholiques dans le décor du cap de Creus. Ce qui devait créer pour Dalí un sacrilège subtil, raffiné et profond fut transformé par Buñuel en un anticléricalisme primaire. D'une durée d'une heure, le film provoqua des troubles publics entre royalistes et surréalistes. Jugé à l'époque insolent, il fut interdit jusqu'en 1988.

Dalí participa à la réalisation de plusieurs films qui ne purent pas être terminés. En 1941, il écrivit une première scène de rêve pour le film Moontide de Fritz Lang qui ne fut pas tournée en raison de l'entrée en guerre des États-Unis. En 1945, Dalí commença à réaliser avec Walt Disney le dessin animé Destino qui fut arrêté au bout de quelques mois à cause de problèmes financiers liés à la guerre. Dalí et Disney s'appréciaient beaucoup, et Dalí considérait le cinéaste comme un grand surréaliste américain, great American surrealist au même titre que les Marx Brothers et Cecil B. DeMille.

. Hitchcock est l'un des rares personnages que j'ai rencontrés récemment à posséder un certain mystère.

Il écrivit un scénario pour les Marx Brothers, intitulé Giraffes on Horseback Salad qui resta à l'état d'esquisses. En 1945, il réalisa le décor de la scène du rêve spellbound pour le film d'Alfred Hitchcock, La Maison du docteur Edwardes. Dans cette scène, Gregory Peck, psychanalysé par Ingrid Bergman, voit un rideau d'yeux grands ouverts — idée reprise du film Un chien andalou — et des ciseaux énormes qui découpent paupière et rétine.

Dalí produisit lui-même quelques courts-métrages expérimentaux surréalistes où il se mit en scène. Pendant les années 1950, il produisit L'Aventure prodigieuse de la dentellière et du rhinocéros réalisé par Robert Descharnes où s'associaient des images et objets par la courbe logarithmique et le nombre d'or. En 1975, ce fut Impression de la Haute Mongolie Hommage à Raymond Roussel, réalisé par José Montes Baquer. Dans ce film, Salvador Dalí raconte l'histoire d'un peuple disparu dont il a retrouvé la trace au cours d'un voyage en Haute Mongolie. L'histoire était complètement inventée. Dalí avait uriné sur la bague d'un stylo et attendu que la corrosion agisse en filmant les effets à distances macro et microscopique, le tout agrémenté d'un commentaire d'historien.
Il réalisa avec Jean-Christophe Averty et Robert Descharnes L'Autoportrait mou de Salvador Dalí, 1967, une réclame publicitaire pour le chocolat Lanvin en 1968146. Alejandro Jodorowsky, dans son projet avorté de film pour le roman Dune, avait sollicité Dalí pour jouer le rôle de l'empereur Shaddam IV. Celui-ci exigea, entre autres, d'être payé au tarif astronomique de 100 000 dollars de l'heure et proposa un trône d'inspiration scatologique.

Théâtre

Dalí participa à plusieurs projets liés au théâtre. Il collabora en 1927 avec Federico García Lorca pour la pièce Marina Pineda et écrivit le livret de Bacchanale, inspiré du Tannhäuser de Richard Wagner. Pendant son séjour new yorkais, Dalí réalisa plusieurs toiles de fond, décors et costumes pour des ballets : Bacchanale 1939, Labyrinth 1941, Helena 1942, Roméo et Juliette 1942, Café de Cinitas 1943 et Tristan Fou 1944.

Monde de la mode

Dalí, tout au long de sa vie et de son œuvre, resta comme en symbiose avec le monde polymorphique de la mode. Dans son désir insatiable de matérialiser la créativité sans limite qui le singularisait, il explora les registres créatifs les plus hétérogènes du secteur de la mode. Ses modèles étaient de préférence des femmes aux hanches proéminentes — les femmes coccyx — et imberbes au niveau des aisselles telle Greta Garbo. Parmi ses réalisations les plus notables, il produisit nombre de motifs de tissus et de dessins décoratifs pour les vêtements. Il collabora avec Coco Chanel pour dessiner les costumes et les décors de cadre de la pièce Bacchanale, paranoïaque-kinétique, participa à la création de quelques modèles de chapeaux dont un célèbre en forme de chaussure, et avec la couturière Elsa Schiaparelli, créa la robe homard années 1930 sur une commande d’Edward James pour son amie l’actrice Ruth Ford. Il imagina avec Christian Dior en 1950 le Costume de l'année 1945 à tiroirs. Salvador Dalí créa La Toile Dalígram à la fin des années 1960, à partir d'un étui de Louis Vuitton. En 1970, un sac à main Lancel fut décoré de son alphabet amoureux alors que l'anse était formée d'une chaîne de vélo138. Il créa des maillots de bain pour femme qui compriment les seins et donnent ainsi un aspect angélique ; un smoking aphrodisiaque recouvert de verres de liqueur remplis de peppermint frappé ; des cravates ; le design capillaire de ses moustaches-antennes métamorphiques ; des flacons de parfu
Nombre de ses créations restèrent à l'état de modèles sans jamais être réalisées. Ce fut le cas de robes avec de faux intercalaires et bourrées d’anatomies factices ; du maquillage au niveau des joues creuses pour éliminer les ombres sous les yeux ; des lunettes kaléidoscopiques pour les voyages en voiture ; de faux ongles composés de mini miroirs dans lesquels on peut se contempler.

Photographie

Dalí montra un réel intérêt pour la photographie à laquelle il donna une place importante dans son œuvre. Il harmonisa les décors et les photographies comme un peintre travaille sa toile avec ses pinceaux. Dalí photographe fut la révélation d'une partie majeure et méconnue de la création dalinienne. Il travailla avec des photographes comme Man Ray, Brassaï, Cecil Beaton et Philippe Halsman. Avec ce dernier, il créa la fameuse série Dalí Atomicus. Ce fut sans aucun doute Robert Descharnes, son ami collaborateur-photographe pendant 40 années, qui fit le plus de clichés de Dalí, de l'homme et de son œuvre.

Le photographe et journaliste Enrique Sabater rencontra Dalí lors de l'été 1968 alors qu'il était chargé par l'agence américaine Radical Press, d'interviewer le peintre dans sa maison de Port Lligat. Une amitié naquit entre eux et le photographe passa douze ans auprès de Dalí en tant que secrétaire, bras droit et confident. Enrique réalisa des milliers de photos de Dalí et Gala. En 1972, alors qu'Elvis Presley lui rendait visite, Dalí fut si impressionné par sa chemise country à motifs brodés et boutons de nacre que le chanteur la lui offrit. Il la porta alors pour réaliser Dalí avec la chemise d'Elvis. Le maître raconta à Marc Lacroix qui réalisa la photographie : Quand Elvis Presley est venu me rencontrer dans mon atelier il a tout de suite remarqué que j'étais fasciné par sa chemise country. Au moment de partir il m'a dit : Vous aimez ma chemise ? Oui. Beaucoup. Sans un mot il a défait les boutons et est reparti torse nu. Depuis je ne la quitte jamais pour peindre.
Avec ce photographe de mode Marc Lacroix, Dalí posa, en 1970, pour une série de portraits où il se mit en scène, dans des photos délirantes : Dalí à la couronne d'araignée de mer, Dalí à l'oreille fleurie, Avida Dollars. Cette dernière photographie fut réalisée au-dessus d'une enseigne de la Banque de France, entouré de billets à son effigie. Toujours avec Marc Lacroix, il tenta une expérience à laquelle il songeait depuis longtemps. Il réalisa une peinture en trois dimensions, Huit Pupilles, fait à l'aide d'un appareil-prototype à prise de vue stéréoscopique permettant de rendre la profondeur.

Dalí entretenait une relation amicale avec le chanteur du groupe de Hard Rock Alice Cooper, Vincent Furnier. Les deux artistes s'admiraient mutuellement, Alice Cooper usant d'une toile de Dalí pour illustrer son album DaDa en 1983, après que ce dernier lui eut dédié dix ans plus tôt un hologramme intitulé Premier cylindre. Portrait du cerveau de Alice Cooper. L'une des photographies les plus marquantes est celle du peintre coiffé d'un chapeau haut-de-forme sur les côtés duquel il avait disposé des masques de Joconde. Selon Thérèse Lacroix, il la créa pour sa participation à un bal donné par la baronne Rothschild. Seule une moitié du visage de Dalí apparaît au milieu de sourires énigmatiques figés.

Œuvres notoires- La Corbeille de pain

La Corbeille de pain (31,5 × 31,5 cm, huile sur toile, Salvador Dali Museum) est une huile sur bois réalisée 1926. Ce fut la première œuvre de Dalí exposée hors d'Espagne, lors de l'exposition internationale au Carnegie Institute de Pittsburgh de 1921. Cette œuvre de jeunesse fut réalisée peu après la fin de ses études d'art à Madrid et alors qu'il étudiait les maîtres hollandais. Dalí y démontra à vingt-deux ans la pleine possession de ses moyens picturaux.

Représentée de façon très réaliste dans un clair-obscur très classique, une corbeille de pain en osier est présentée avec quatre tranches de pain, l'une d'entre elles est beurrée. L'ensemble est posé sur une nappe blanche faisant nombreuses volutes. Au centre, l'envers de la nappe est représenté laissant apparaître les détails du tissu de façon très nette. Le fond est sombre, voire noir. La lumière blanche crue semble vitrifier la scène.

La Métamorphose de Narcisse

La Métamorphose de Narcisse fut réalisée en 1936-1937 alors que le peintre était en pleine période surréaliste. C'est une scène mythologique dont l'histoire la plus détaillée est rapportée dans les Métamorphoses d'Ovide.

D'après Ovide, après une rencontre avec la nymphe Écho qui ne put le séduire, Narcisse, fils de la nymphe Liriopé et du fleuve Céphise, fut contraint par Némésis, la déesse de la vengeance à boire une eau limpide. Cependant, épris de son image qu'il aperçoit dans l'onde, il prête un corps à l'ombre vaine qui le captive : en extase devant lui-même, il demeure, le visage immobile comme une statue de marbre de Paros. Narcisse tomba amoureux de son reflet, mais ne pouvant se séparer de son corps, il se mit à pleurer. Ses larmes troublèrent l'image qui disparut. Narcisse se frappa de désespoir, et, une fois l'eau redevenue calme, il contempla son reflet meurtri. Il se laissa mourir se lamentant d'un hélas qu'Écho répéta inlassablement jusqu'à un dernier adieu à laquelle la nymphe répondit également. Lors de son enterrement, on ne trouve à sa place qu'une fleur jaune, couronnée de feuilles blanches au milieu de sa tige.

Dalí présenta avec sa toile un poème paranoïaque de même nom et de même sujet, l'ensemble précédé par un méta-texte, un mode d'emploi. Selon le peintre, ce fut la première œuvre, peinture et poème, à être entièrement conçue selon la méthode paranoïaque critique. Si, d'après le poème, le Dieu neige est présent dans les montagnes en fond, la scène se passe au printemps, saison des narcisses. Le peintre exploite une image double issue de sa méthode paranoïaque critique en représentant l'état précédant la transformation de Narcisse à gauche et sa transformation à droite, utilisant le sens de lecture latin. À gauche le personnage aux contours imprécis se reflète dans l'eau. Il est courbé et sa tête est posée sur ses genoux, attendant la mort. À droite, figure le double de l'image après transformation. Le personnage devient une main fine et pierreuse qui sort de terre. Elle porte sur ses trois doigts réunis un immense œuf d'où sort un narcisse. L'ongle comme l'œuf sont brisés et le groupe est représenté dans un gris cadavérique et pierreux sur lequel montent des fourmis symboles de putréfaction.

En fond et au centre est représenté ce que Dalí définit dans le poème comme un groupe hétérosexuel en état d'attente. C'est un groupe de huit hommes et de femmes nus éconduits par Narcisse, qui comporterait selon Dalí un Hindou, un Catalan, un Allemand, un Russe, un Américain, une Suédoise et une Anglaise. Une autre interprétation est faite par Shnyder qui considère la transformation inverse. La main à droite est l'état initial. À gauche, décalé par translation, figure le peintre Dalí, dans un double de cette image. Ce groupe se métamorphose en un personnage assis et penché se mirant dans une eau figée et qui figure la Narcisse du mythe d'Ovide. Les couleurs sont chaudes, dorées et douces. Dalí dit de ce personnage lorsqu'on le regarde avec insistance, elle commence elle aussi à se fondre dans les rochers rouges et dorés.

Génie protéiforme, pratiquant l'autocélébration, Salvador Dalí pratiqua une forme d'art de l'inconscient dont il eut la révélation en lisant Freud. Il marqua de sa personnalité le surréalisme en peinture comme au cinémen proie à cette mobilité catalane qui se retrouve chez Picasso et chez Miró, Dalí manifeste très tôt son agilité intellectuelle en subissant, entre 1920 et 1925, les tentations simultanées de l'Académisme il se forme aux Beaux-Arts de Madrid et gardera toujours une grande habileté de praticien, du réalisme hollandais et espagnol, du Futurisme, du Cubisme et du réalisme cubisant de l'après-guerre Jeune Fille assise, vue de dos, 1925, Madrid, M.E.A.C.. Sa vocation pour un art de l'inconscient s'éveille à la lecture passionnée de Freud et lui fait d'abord pratiquer la peinture métaphysique . Sa première exposition se tient à Barcelone, gal. Dalmau, en novembre 1925. Il peint à cette époque des compositions où apparaît déjà l'obsession des paysages marins de son enfance, qui ne l'abandonnera plus Femme devant les rochers, 1926, Milan, coll. part. À Paris en 1927, puis en 1928, il rencontre Picasso et Breton. Il est prêt à se joindre au groupe surréaliste aux idées voisines, et, selon Breton, il s'y " insinue " en 1929. Il rencontre Gala Eluard, qui va devenir sa compagne et son inspiratrice.
Dalí met au service du mouvement une publicité ingénieuse et bruyante. Une exposition à la galerie Goemans, en 1929, présente ses œuvres surréalistes l'Énigme du désir, Ma mère, ma mère, ma mère, 1929, Zurich, coll. part, illustrant sa théorie de la " paranoïa critique ", qu'il expose dans son livre la Femme visible 1930. Il s'agit, à la suite d'une tradition illustrée par Botticelli, Piero di Cosimo, Vinci qui l'avait formulée dans le Traité de la peinture et, plus récemment, par le " tachisme " romantique et par les frottages de Max Ernst, de représenter des images suscitées par de libres associations d'idées à partir de formes données par le hasard, signifiantes ou non. De là ces peintures où, sous l'apparence de trompe-l'œil minutieux, les objets s'allongent montres molles, se dissolvent, pourrissent, se métamorphosent en d'autres objets, ou encore ces interprétations incongrues de tableaux célèbres, comme l'Angélus de Millet, où le chapeau de l'homme dissimule, selon Dalí, un sexe en érection. Il y a là une gymnastique intellectuelle qui ne va pas sans complaisance et où les limites du jeu ne sont d'ailleurs pas spécifiées. Malgré le reniement de Breton en 1934, provoqué par le comportement du peintre, l'art de Dalí relève bien de l'esthétique surréaliste, dont il partage la poésie du dépaysement, l'humour, l'initiative laissée à l'imagination Persistance de la mémoire, 1931, New York, M.O.M.A. ; Prémonition de la guerre civile, 1936, Philadelphie, Museum of Art. Il est même abusif d'en nier l'originalité : sous une technique que Dalí rapproche lui-même, avec une fierté provocatrice, de celle de Meissonier, les thèmes obsessionnels révèlent un univers cohérent, sous le signe de l'érotisme, du sadisme, de la scatologie, de la putréfaction. Les influences de De Chirico, d'Ernst, de Tanguy sont assimilées avec une horreur avouée de la simplicité, sous le signe du Modern Style celui de Gaudí, dont Dalí célèbre " la beauté terrifiante et comestible " — tous caractères que l'on reconnaît dans ses créations extrapicturales, comme ses poèmes et ses films en collaboration avec le cinéaste Luis Buñuel : Un chien andalou, 1928 ; l'Âge d'or, 1930

Salvador Dalí n'a cessé de se raconter dans ses toiles, dans ses écrits et à ses inlassables commentateurs ; parmi ses nombreuses présentations de lui-même, celle-ci, définitive, publiée en 1964 dans son Journal d'un génie au titre éloquent : Les événements les plus importants qui puissent arriver à un peintre contemporain sont au nombre de deux : 1. Être espagnol ;. S'appeler Gala Salvador Dalí. Ces deux choses me sont arrivées à moi. Comme mon propre nom de Salvador l'indique, je suis destiné à rien moins que sauver la peinture moderne de la paresse et du chaos.
Une telle déclaration – si exagérée qu'elle en devient absurde – illustre l'extrême difficulté à démêler le vrai du faux, à distinguer la part de provocation et celle de fatuité réelle chez ce narcissique dissimulateur et mystificateur invétéré. Difficile surtout de séparer son œuvre de sa vie, la création majeure de Dalí étant peut-être précisément ce personnage excentrique et parfois agaçant, aux déclarations tonitruantes, fil conducteur d'une œuvre protéiforme et de qualité inégale.

La méthode paranoïaque-critique

Passionné de longue date par la psychanalyse de Freud et les études psychopathologiques de Richard von Krafft-Ebing en particulier l'ouvrage Psychopathia sexualis paru en 1886), Dalí développe dans les années 1930 sa méthode dite paranoïaque-critique, instrument de tout premier ordre dont Dalí, de l'avis de Breton, dote alors le surréalisme. La principale originalité de cette méthode tient à sa dimension active et volontaire opposée à la passivité des hallucinations recherchées jusque-là par les surréalistes, de même qu'à son association avec une forme de folie ou de dérèglement mental. Telle est l'ambivalence de l'art de Dalí, qui oscille entre l'application consciencieuse et systématique des manuels de psychanalyse et la manifestation de troubles réels, ce que Dalí résume dans son Journal d'un génie : Je n'ai jamais refusé à ma féconde et élastique imagination les procédés de recherche les plus rigoureux. Ils ne firent que donner de la rigidité à ma loufoquerie congénitale. Au-delà d'une fantaisie débridée règne la cohérence d'une œuvre fondée sur la récurrence de motifs obsessionnels. Le délire systématique qui résulte de la méthode paranoïaque-critique engendre une forme de savoir irrationnel fonctionnant essentiellement par associations et créant des images qui provisoirement ne sont pas explicables ni réductibles par les systèmes de l'intuition logique ni par les mécanismes rationnels. La Conquête de l'irrationnel, paru en 1935, offre la discussion la plus approfondie esquissée dans une première publication, La Femme visible, 1930 des principes développés par Dalí : Toute mon ambition sur le plan pictural consiste à matérialiser avec la plus impérialiste rage de précision les images de l'irrationalité concrète. Que le monde imaginatif et de l'irrationalité concrète soit de la même évidence objective, de la même consistance, de la même dureté, de la même épaisseur persuasive, cognoscitive et communicable, que celle du monde extérieur de la réalité phénoménique. Ces interférences entre le monde réel et celui que crée l'imagination engendrent le paradoxal sujet concret irrationnel que Dalí cherche à exprimer dans des œuvres telles que L'Énigme de Guillaume Tell 1933, Moderna Museet, Stockholm. La toile, d'après Dalí, décrit le drame psychologique de la révolte surréaliste du fils contre le père, à grand renfort de déformations des chairs amollies, de béquilles, symboles de mort et de résurrection, de projections d'angoisses liées au cannibalisme.
Les ressorts principaux des œuvres réalisées selon cette méthode sont le rapprochement d'images hétérogènes, la transformation ou encore la métamorphose que subissent, entre autres, les composantes de L'Angélus de Millet dans Atavisme du crépuscule phénomène obsessif de 1933-1934, musée des Beaux-Arts, Berne : Dalí y réinterprète les relations entre les deux personnages à la lumière d'associations sexuelles et morbides et fait ainsi coexister dans la même image différents plans de l'activité psychique. En effet, l'activité paranoïaque-critique organise et objective de façon exclusiviste les possibilités illimitées et inconnues d'association systématique des phénomènes subjectifs et objectifs qui se présentent à nous comme des sollicitations irrationnelles, à la faveur exclusive de l'idée obsédante. L'activité paranoïaque-critique découvre par cette méthode des significations nouvelles et objectives de l'irrationnel, elle fait passer tangiblement le monde même du délire sur le plan de la réalité. Dans cette optique, Dalí expérimente à partir de L'Homme invisible 1929, Museo nacional centro de Arte Reina Sofia, Madrid, et 1932, Salvador Dalí Museum, Saint-Petersburg, Floride la technique des images doubles, effet de superposition qui atteint sa complexité maximale dans L'Énigme sans fin en 1938, Museo nacional centro de Arte Reina Sofia, Madrid où se fondent, visibles chacune par intermittence, quelque six images différentes.

Les objets surréalistes

Autre apport de Dalí à l'art surréaliste, l'objet surréaliste. L'objet irrationnel à fonctionnement symbolique repose sur des principes similaires de rapprochement d'objets hétéroclites qui par là échappent à leur banalité et regagnent un pouvoir d'étonnement, voire de fascination. Dalí en décrit le mode de fonctionnement dans La Vie secrète de Salvador Dalí 1942 : L'objet surréaliste devait être absolument inutile tant au point de vue pratique que rationnel. Il matérialiserait, avec le maximum de tangibilité, les fantaisies spirituelles de caractère délirant. Par le travail avec de réels objets, l'interférence entre réalité et dimension inconsciente est poussée à son paroxysme comme dans le Veston aphrodisiaque œuvre détruite et le Téléphone-homard Deutsches Postmuseum, Francfort de 1936. Le surréalisme se trouve alors doté d'un nouveau et puissant moyen d'expression largement exploré par les membres du groupe et célébré en 1936 par L'Exposition surréaliste d'objets organisée à Paris à la galerie Charles Ratton et par le numéro spécial de Cahiers d'art entièrement consacré à l'objet.

Mythe et réalités

Dès 1934, l'attitude ambiguë de Dalí à l'égard d'Hitler, ses prises de positions politiques parfois douteuses et son penchant pour le classicisme dégradent ses relations avec Breton et les surréalistes. La rupture est consommée à son retour en Europe après la Seconde Guerre mondiale passée en exil aux États-Unis. À compter de cette époque, la carrière de Dalí prend un tour déconcertant. Touche-à-tout génial ou imposteur rusé, tantôt peintre, tantôt écrivain, il passe avec aisance à la création de robes, de bijoux ou encore de mobilier autant pour son plaisir que par facilité et appât du gain. Celui pour qui Breton forgea l'anagramme Avida Dollars renouvelle toujours son art à la source des découvertes scientifiques contemporaines telles que la nature corpusculaire de la matière ou les recherches en optique et en biologie, mais semble surtout passionné par un hypothétique espoir de cryogénisation. Son œuvre s'oriente parallèlement vers une religiosité et un mysticisme exacerbés, tandis qu'il emprunte aux mouvements contemporains expressionnisme abstrait, pop art ou encore op art de nouvelles solutions plastiques. Agent simulateur qui ne sait lui-même – il l'affirme à Alain Bosquet – quand il ment et quand il dit la vérité, Dalí, depuis son appartement parisien de l'hôtel Meurice, travaille alors essentiellement à la construction de son mythe personnel : publications telles que Comment on devient Salvador Dalí 1973, entretiens télévisés, publicités, Dalí pose dans des tenues extravagantes et un décor surchargé ; son entourage étonne. Ces mises en scène ne manquent pas de frapper le public et lui garantissent, ainsi que la lisibilité et l'inquiétante étrangeté de ses œuvres, un important succès populaire dont témoigne aujourd'hui la fréquentation des musées entièrement consacrés à son œuvre à Figueras, Cleveland Ohio et Saint Petersburg Floride.

Prémonition de la guerre civile Construction molle aux haricots bouillis.

Comme de nombreuses toiles de Dalí, cette toile a un titre double : Constructions molles aux haricots bouillis - Prémonition de la guerre civile. C'est une huile sur toile de 100 × 99 cm conservée au musée d'art de Philadelphie. Elle fut commencée à Paris en 1936, alors que la multiplication des troubles armés en Espagne ne laissait que peu de doutes sur l'avenir immédiat du pays, sur l'approche du grand cannibalisme armé de notre histoire, celle de notre guerre civile à venir. Le peintre raconte dans Vie secrète de Salvador Dalí comment, en 1934, lors de la proclamation de la république catalane, Gala et lui avaient fui Barcelone pour Paris, entre barrages d'anarchistes et déclaration d'indépendance de la Catalogne. Leur chauffeur avait été assassiné sur le chemin du retour.
En fond, la plus grande partie de la toile est occupée par le ciel. Sur le sol terreux et ensoleillé figure un être immense, au visage grimaçant et à l'anatomie absurde. L'ensemble est vu en contre-plongée. Dalí réalise dans cette toile une forme de décomposition, de dissection et de recomposition d'un géant en un monstre. C'est, selon Jean-Louis Ferrier, une toile où un gigantesque corps humain se déchire lui-même, s'écartèle, s'étrangle, grimace de douleur et de folie. Une main est à terre dans la poussière tandis que l'autre dressée vers le ciel serre un sein. Elles sont toutes deux contractées et grises cadavériques. Les bras forment un angle et se prolongent en une sorte de jambe reliée à un bassin. Sur le bassin, un pied en décomposition et sa jambe dressée forment avec les parties précédemment citées un immense trapèze dont le grand côté est surmonté d'une tête grimaçante levée vers le ciel. L'ensemble est soutenu par un pied coupé et morbide et une table de chevet minuscule, tous deux posés entre des haricots bouillis disséminés sur le sol. Sur le bassin, à droite du pied, figure un étron.
Dalí commenta lui-même la présence de ces haricots qui justifie le premier titre de l'œuvre : La structure molle de cette énorme masse de chair dans la guerre civile, je l’ai garnie de haricots bouillis, parce qu’on ne peut s’imaginer avalant toute cette viande insensible sans l’accompagnement même banal de quelque légume mélancolique et farineux

L'association guerre-nourriture-amour est le thème central d'une autre de ses toiles sur le même thème : Cannibalisme de l'automne.
La Tentation de Saint Antoine La Tentation de saint Antoine Dalí
La tentation de saint Antoine fut réalisée en 1946. C'est une huile sur toile surréaliste de 90 × 119,5 cm conservée à Bruxelles au Musée Royal des Beaux-Arts. La toile fut réalisée en 1946 à New York et est représentative de cette période où le surréalisme laissa peu à peu place à la religion. Dalí s'était alors rapproché du cinéma et réalisa cette œuvre lors d'un concours organisé pour une adaptation cinématographique du roman de Guy de Maupassant, Bel-Ami. Le concours fut remporté par Max Ernst et la toile de Dalí ne fut pas acceptée. Pour Gilles Néret, sans s'y limiter, la toile joue sur l'opposition religieux – érotique.

Alchimie des peurs et des désirs, la Tentation de saint Antoine opère une subtile synthèse entre la peinture classique et le sens aigu de la spiritualité de son auteur.

Gilles Néret

Le tableau montre saint Antoine dans le désert, agenouillé et portant une croix pour se protéger des tentations qui l'attaquent dans un geste d'exorcisme. Ces tentations prennent la forme d'un cheval géant, d'une file d'éléphants aux pattes arachnéennes immenses et grotesques. Saint Antoine est représenté sous les traits d'un mendiant alors que chaque animal est chargé d'une tentation sur son dos, parmi les plus communes parmi les hommes : Le triomphe est représenté par le cheval aux sabots sales et usés ; à sa droite, une femme nue couvrant ses seins offre son corps voluptueux. Elle représente la sexualité. Ensuite viennent les richesses. Il s'agit un obélisque d'or sur l'éléphant suivant inspiré l'obélisque du Bernin à Rome. Suit une femme nue prisonnière dans une maison dorée. Celle-ci est surmontée des trompettes de la renommée. En fond, un dernier éléphant porte un monolithe phallique immense et dépassant un nuage sur lequel figure un château. Au milieu du paysage désert, sous les éléphants, deux hommes se disputent. L'un est vêtu d'une cape rouge et porte une croix. L'autre est gris et penché en avant. Un ange blanc vole au-dessus du désert.

Christ de saint Jean de la Croix.

Le Christ de saint Jean de la Croix est une des plus célèbres toiles du peintre. C'est une huile sur toile réalisée en 1951 de 205 cm × 116 cm qui est conservée au musée Kelvingrove de Glasgow. L'originalité de la perspective et l'habileté technique rendirent la toile très célèbre, au point qu'en 1961, un fanatique tenta avec peu de succès de la vandaliser. Durant les années 1950, l'artiste représenta plusieurs fois la scène de la crucifixion, comme dans Corpus hypercubus peint en 1945. Pour réaliser cette toile, Dalí se basa sur les théories du Discours sur la forme cubique de Juan de Herrera, responsable du monastère de San Lorenzo de l'Escorial au XVIe siècle.

Dalí s'inspira d'un dessin mystique de saint Jean de la Croix conservé au Monastère de l'Incarnation d'Ávila, et d'une image qu'il dit avoir rêvé d'un cercle dans un triangle. Cette figure qui d'après lui était comme le noyau d'un atome, était similaire au dessin du monastère et il décida de l'utiliser pour sa toile. La peinture montre Jésus crucifié, pris en perceptive plongeante et vu d'au-dessus de la tête. Cette dernière regarde vers le bas et est le point central de l’œuvre. La partie inférieure du tableau représente un paysage impassible, formé par la baie de Port Lligat. En bas à droite, deux pêcheurs s'affairent près d'une barque. Ils sont inspirés d'un dessin de Velázquez pour La Reddition de Breda et d'une peinture de Le Nain. Entre le Crucifié et la baie s’intercalent des nuages aux tons mystiques et mystérieux, illuminés par la clarté qui émane du corps de Jésus. Le puissant clair-obscur qui sert à rehausser la figure de Jésus provoque un effet dramatique.

Le Christ est représenté de façon humaine et simple. Il a les cheveux courts – au contraire des représentations classiques – et est dans une position relaxée. L'écriteau de la partie supérieure de la croix est une feuille de papier doublée aux initiales INRI. À la différence des représentations classiques, le Christ n'est pas blessé, n'est pas cloué sur la croix, n'a pas d'entaille, très peu de sang et ne possède aucun des attributs classiques de la crucifixion – clous, couronne d'épines, etc. Il semble flotter accolé à la croix. Dalí se justifia en expliquant qu'au cours d'un rêve il changea son projet initial de mettre des fleurs, œillets et jasmins, dans les blessures du Christ peut-être à cause d'un proverbe espagnol qui dit A mal Cristo, demasiada sangre Certains commentateurs affirment qu'il s'agit de l’œuvre la plus humaine et humble sur le thème de la Crucifixion.

Principales œuvres picturales Liste des œuvres de Salvador Dalí.

Salvador Dalí peignit 1 640 tableaux principalement des huiles sur toile. Les titres et les dates sont issus de l'ouvrage de Gilles Néret et Robert Descharnes.
Époque Nom de l'œuvre Technique dimensions Ville Institut
vers 1920 Autoportrait Huile sur toile 52 × 45 cm - Collection particulière
vers 1924 Portrait de Luis Buñuel Huile sur toile 70 × 60 cm Madrid Musée Reina Sofía, anciennement collection Luis Buñuel
1925 Personnage à une fenêtre (Jeune fille debout à la fenêtre) Huile sur toile 105 × 74,5 cm Madrid Musée Reina Sofía
1926 La Corbeille de pain Huile sur toile 31,5 cm × 31,5 cm Saint Petersburg (Floride) Salvador Dali Museum
1927 Le Miel est plus doux que le sang Huile sur toile - Château de Púbol Fondation Gala-Salvador Dalí
1928 L'âne pourri Huile sable et graviers sur bois 61 × 50 cm Paris Musée national d'art moderne, Centre Georges Pompidou
1929 L'Énigme du désir - Ma mère, ma mère, ma mère Huile sur toile 110 × 150,7 cm Munich Galerie nationale d'art moderne, anciennement collection Oskar R. Schlag
1929 Le Grand Masturbateur Huile sur toile 110 × 150 cm Madrid Musée Reine Sofía
1931 La Persistance de la mémoire Huile sur toile 24 × 33 cm New York Museum of Modern Art
1932 Pain anthropomorphe - Pain catalan Huile sur toile 24 × 33 cm Saint Petersburg (Floride) Salvador Dali Museum
1933 L'énigme de Guillaume Tell Huile sur toile 201.5 × 346 cm Stockholm Moderna museet
1933 Buste de femme rétrospectifPain et encrier, porcelaine, épis de maïs, et bande zootrope sur carton -Collection particulière. reconstruite en 1970
1933 L'Angélus architectonique de Millet Huile sur toile 73 × 61 cm Madrid Musée Reine Sofía
1933 Téléphone-homard Assemblage 15 × 30 × 17 cm Rotterdam Musée Boijmans Van Beuningen, anciennement collection Edward James
1936 Construction molle aux haricots bouillis - Prémonition de la guerre civile Huile sur toile 100 × 99 cm Philadelphie Philadelphia Museum of Art, collection Louise et Walter Arensberg, anciennement collection Peter Watson
1936 Vénus de Milo aux tiroirs Bronze patiné blanc avec boutons d'hermine 98 × 32,5 × 34 cm Rotterdam Musée Boijmans Van Beuningen
1936 - 1937 Sofa Mae West Armature en bois avec capitonnage en feutre rose foncé et rose clair 92 × 213 × 80 cm Brighton Musée et galerie d'art de Brighton. (reconstruction au Théâtre-Musée Dali à Figueras)
1937 Le Sommeil Huile sur toile 51 × 78 cm - Collection privée
vers 1937 La Girafe en feu Huile sur bois 35 × 27 cm Bâle Kunstmuseum
1937 Métamorphose de Narcisse Huile sur toile 50,8 × 78,3 cm Londres Tate Gallery, anciennement collection Edward James
1941 Autoportrait mou avec des lardons grillés Huile sur toile 61,3 × 50,8 cm Figueras Fondation Gala-Salvador Dalí
1943 Enfant géopolitique observant la naissance de l'homme nouveau Huile sur toile 45,5 × 50 cm Saint Petersburg (Floride) Salvador Dali Museum
1944 Rêve causé par le vol d'une abeille autour d'une grenade, une seconde avant l'éveil Huile sur toile 51 × 40,5 cm Madrid Musée Thyssen-Bornemisza
1946 La Tentation de Saint Antoine Huile sur toile 89,7 × 11,5 cm Bruxelles Musées royaux des beaux-arts de Belgique
1949 Leda atomica Huile sur toile 61,1 × 45,3 cm Figueras Fondation Gala-Salvador Dalí
1950 La Madone de Port Lligat Huile sur toile 275,3 × 209,8 cm Fukuoka Musée d'art de Fukuoka
1951 Christ de saint Jean de la Croix Huile sur toile 205 × 116 cm Glasgow Kelvingrove Art Gallery and Museum
1952 Galatée aux sphères Huile sur toile 65 × 54 cm Figueras Fondation Gala-Salvador Dalí
1954 Corpus hypercubus (Crucifixion) Huile sur toile 194,5 × 124 cm New York Metropolitan Museum of Art
1954 Jeune Vierge autosodomisée par les cornes de sa propre chasteté Huile sur toile 40,5 cm × 30,5 cm Los Angeles Manoir Playboy
1955 Buste rhinocérontique de la « Dentellière » de Vermeer (premier état) Plâtre patiné 50,5 × 35,4 × 38,5 cm - Collection particulière
1956 Nature morte vivante Huile sur toile 125 × 160 cm Saint Petersburg (Floride) Salvador Dali Museum, prêt de E. et A. Reynolds Morse
1958 La Rose méditative Huile sur toile 36 cm × 28 cm Huntsville Musée d'art
1963 Galacidalacidesoxyribonucleicacid Huile sur toile 305 cm × 345 cm Saint Petersburg (Floride) Salvador Dali Museum
1965 La Gare de Perpignan Huile sur toile 296 cm × 406 cm Cologne Musée Ludwig
1969 Le Torero hallucinogène Huile sur toile 398,8 × 299,7 cm Saint Petersburg (Floride) Salvador Dali Museum
Un grand nombre d'œuvres de Salvador Dalí sont exposées à la Fondacion Gala-Salvador Dali à Figueras, dans le Théâtre-musée Dalí, qu'il a décrit comme le plus grand des objets surréalistes au monde.

Collections et musées Principaux musées

Avec Pablo Picasso, Salvador Dalí fut l'un des deux artistes pour qui deux musées exclusivement dédiés à son œuvre ont été créés de son vivant. Le premier à ouvrir fut fondé par les collectionneurs A. Reynolds Morse et Eleanor Morse qui avaient réuni au fil des années une vaste collection. En 1971, un premier musée, situé à Beachwood Cleveland, fut inauguré par Salvador Dalí en personne. Au cours des années 1980, le couple légua les œuvres à la ville de Saint-Petersburg en Floride, qui ouvrit un nouveau Salvador Dali Museum en 1982. 96 toiles de Dalí y sont réunies aux côtés de plus de 100 aquarelles et dessins, de plus de 1 300 photographies, sculptures, bijoux, ainsi que de nombreuses archives. Un nouveau bâtiment capable de résister aux ouragans ouvrit en 2011. Le second musée à ouvrir fut le Théâtre-musée Dalí. Situé dans sa ville natale de Figueras en Catalogne il fut construit dans les ruines d'un ancien théâtre ravagé par les flammes de la guerre civile espagnole. Il fut transformé dans les années 1970 en musée par le peintre et donna à la ville un nouveau lieu touristique. Il ouvrit en 1974.
Au milieu des années 1990, deux autres musées ouvrirent en Espagne. Le premier est le Château de Púbol, qui fut la résidence de son épouse Gala. À sa mort 1982, le château servit de résidence à Salvador Dalí pendant deux ans jusqu'à ce qu'un incendie se déclarât dans la chambre en 1984. De même, sa maison de Portlligat dans le port de Cadaqués a été transformée en musée public. En France, l'Espace Dalí présente la collection comprenant plus d’une quinzaine de sculptures originales conférant à cette exposition son statut de plus importante collection de France. En Allemagne, le Musée Dalí sur la Place Leipzig à Berlin réunit plus de 400 œuvres de l'artiste catalan.

Cinéma sur Dalí

Les rapports de Dalí avec le cinéma firent fait l'objet en 2004 d'un film documentaire intitulé Cinéma Dalí, d'une rétrospective par la Tate Modern de Londres en 2007. En 2009, le film réalisé par Paul Morrison, Little Ashes, retrace la jeunesse de Dalí à Madrid. Robert Pattinson y tient le rôle de Salvador Dalí.
En 2011, une comédie réalisée par Woody Allen, Minuit à Paris, raconte le parcours de deux jeunes américains dans le milieu des artistes du Paris des années 1920. Ils rencontrent notamment Salvador Dalí interprété par Adrien Brody. Le film reçoit l'Oscar du meilleur scénario original en 2012.

Ouvrages

Liste des œuvres de Salvador Dalí.

Mon amie et la plage, 1927
L'Âne pourri, publié dans le premier numéro du Surréalisme au service de la révolution, juillet 1930145
Oui : La révolution paranoïaque-critique, l'archangélisme scientifique, Paris, Denoël,‎ 2004 (ISBN 2207256219)
Visages cachés : roman, Paris, S. Wespieser éditeur,‎ 2004 (ISBN 2848050187) N° d'édition 2720
Salvador Dalí (préf. Jack Spector), La vie secrète de Salvador Dali : suis-je un génie? : édition critique des manuscrits originaux de La vie secrète de Salvador Dalii, Lausanne, Age d'homme,‎ 2006 (ISBN 2825136433)163
La vie secrète de Salvador Dali, Paris, Gallimard,‎ 2002 (ISBN 2070763749)
Journal d'un génie, Paris, Gallimard,‎ 1994 (ISBN 2070738116)
Salvador Dalí et Louis Pauwels, Les passions selon Dali, Paris, Denoël, coll. « Méditations »,‎ 2004 (ISBN 9782207256206 et 2207256200)
Les cocus du vieil art moderne, Paris, B. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges »,‎ 2004 (ISBN 9782246421436)
Pensées et anecdotes, Paris, Le Cherche midi,‎ 1995
Journal d'un génie adolescent, Monaco Paris, le Serpent à plumes,‎ 2004 (ISBN 2907573063)
Lettres à Picasso : (1927-1970), Paris, Promeneur,‎ 2005 (ISBN 9782070775484)
Le mythe tragique de "L'Angélus" de Millet : interprétation paranoïaque-critique, Paris, Éd. Allia,‎ 2011 (ISBN 9782844854186)

Le personnage

Le personnage reste controversé parmi les critiques d'arts et les historiens. Lors du centième anniversaire de la naissance de Dalí, le critique littéraire Peter Bürger soulignait dans Die Zeit que les classifications des artistes modernes mises en place à partir de 1955 n'incluent généralement pas Dalí, au contraire d'autres peintres surréalistes tels André Masson, Joan Miró et Max Ernst. À partir des années 1940 aux États-Unis, Dalí fut la cible de critiques à cause de ses travaux pour la haute couture, les bijoux, et plus généralement le design. Il était accusé de troubler la frontière entre art et consommation. Cette attitude de la critique ne prit fin qu'avec l'avènement du pop art qui assuma complètement cette confusion. Son obsession pour Hitler était également polémique.

L'historien de l'art Michael Peppiatt écrivait à ce propos que Dalí est passé de la brillance subversive de sa jeunesse à une vacuité grandissante et à un exhibitionnisme rémunérateur, s'opposant à Jean Dutourd, de l'Académie française :

Salvador Dalí, qui était très intelligent, avait compris plusieurs choses qui, généralement échappent aux artistes, la première étant que le talent ou le génie est une baraque foraine. Pour attirer les clients, il faut bonimenter, avoir la langue bien pendue, faire des pitreries et des cabrioles sur une estrade. Ce en quoi Dalí, dès ses débuts, excella. Il considérait qu'il était le plus grand peintre du XXe siècle, c’est-à-dire un artiste classique ayant eu la malchance de tomber dans une basse époque de son art. Les Trissotin de l'intelligentsia occidentale et les bourgeois à leur suite faisaient la loi, c'est-à-dire l'opinion.

Il y a deux façons de se concilier ces gens-là, dont dépendent les réputations ; la première est d'être aussi grave qu'eux, aussi imbu de sa dignité. Ils reconnaissent aussitôt un membre de la tribu et savent le lui montrer. L'inconvénient est que pour réussir une telle attitude il faut être soi-même un peu un imbécile, …. Il ne lui restait que l'autre issue qui est la provocation, c'est-à-dire les extravagances et l'imprévu en pensée autant qu'en paroles, la sincérité brutale, le goût de la facétie, l'iconoclastie à l'égard de tout ce qui est à la mode et de ce fait est intouchable.
Cependant, Dalí utilisait l'académisme et la peinture de salon du xixe siècle d'une façon complètement inattendue, ce qui obligea plus récemment certains critiques à reconsidérer leur jugement sur son art. Ce fut notamment le cas après les rétrospectives sur le surréalisme daliniens à Paris et Düsseldorf. Selon Peter Bürger, Dalí, qui est décédé en 1989 n'a pas encore trouvé sa place dans l'art du XXe siècle.
En préface au Journal d'un génie, Michel Déon résume l'originalité du peintre : … ce qui est le plus aimable, en Dalí, ce sont ses racines et ses antennes. Racines plongées profondément sous terre où elles vont à la recherche de tout ce que l'homme a pu produire de succulent selon un de ses trois mots favoris en quarante siècles de peinture, d'architecture et de sculpture. Antennes dirigées vers l'avenir qu'elles hument, prévoient et comprennent avec une foudroyante rapidité. Il ne sera jamais assez dit que Dalí est un esprit d'une curiosité insatiable. Thérèse Lacroix, l'épouse et collaboratrice de Marc Lacroix qui durant dix ans rendit de nombreuses visites à Salvador et à Gala, observe que Dalí était impressionnant par son regard et son port de tête. Il était altier mais amusant, ne se prenait pas au sérieux.

Politique

Les rapports de Dalí avec la politique furent souvent équivoques et mal compris. Ils jouèrent cependant un rôle notable dans sa carrière artistique. Adolescent, Dalí penchait vers l'anarcho-syndicalisme radical, suivit avec passion la révolution russe et la progression de l'armée rouge de Trotsky et se définit à l'époque lui-même comme socialiste. Il fut arrêté et emprisonné pendant quelques semaines à Girona pour agitation révolutionnaire. Mais sa vision politique évolua progressivement vers un anarchisme violemment antisocial puis un apolitisme provocateur. Son individualisme viscéral ne pouvait sans doute pas s'accommoder à long terme d'un mouvement populaire. Il provoqua en 1934 la colère des surréalistes en représentant Guillaume Tell sous les traits de Lénine ce que André Breton considéra comme un acte anti-révolutionnaire. La rupture fut complète quand Dalí concentra ses travaux sur Hitler envers qui il portait des propos ambigus à la fin des années 1930 jusqu'à ce que Breton exclût définitivement le peintre. Dalí fuit juste à temps l'Espagne au moment de l'embrasement de la guerre civile.

Pour Robert Descharnes et Gilles Néret, Dalí vécut cette guerre d'Espagne avec incompréhension. Ils relèvent les paroles du peintre je n'avais pas l'âme et la fibre historique. Plus les événements allaient, plus je me sentais apolitique et ennemi de l'histoire. Il resta abasourdi devant l'ignominie de l'assassinat de son ami Lorca, le peintre par excellence le plus apolitique de la terre. Poussé à choisir entre Hitler et Staline par la hyène de l'opinion publique il choisit de rester lui-même. Il eut la même attitude durant la Seconde Guerre mondiale, fuyant la France en guerre, et en fut très critiqué, par exemple par George Orwell : À l'approche de la guerre en Europe, il n'eut qu'une préoccupation : trouver un endroit qui ait une bonne cuisine et d'où il puisse rapidement déguerpir en cas de danger, ajoutant dans sa biographie que Dalí était un dessinateur exceptionnel et un bonhomme dégoûtant.
Après son retour à Cadaqués en 1948, Dalí afficha un monarchisme presque mystique. Jean-Louis Gaillemin relève les paroles du peintre :
La Monarchie absolue, coupole esthétique parfaite de l'âme, homogénéité, unité, continuité biologique héréditaire suprême, tout cela en haut, élevé près de la coupole du ciel. En bas, anarchie grouillante et super gélatineuse, hétérogénéité visqueuse, diversité ornementale des ignominieuses structures molles, comprimées et rendant le dernier jus de leurs ultimes formes de réactions.

Cette attitude fut interprétée soit comme un rapprochement avec le Franquisme — notamment par André Breton — soit comme un moyen de ne pas soutenir directement ce régime, qui se servit néanmoins de certaines des déclarations du peintre et lui décerna la Grand-croix de l’ordre d’Isabelle la Catholique en 1964. Son attitude resta ambiguë. Outre les considérations surréalistes, si d'un côté Dalí ne pardonnait pas la mort de Lorca par les milices franquistes et dénonça jusqu'au bout la censure de l’œuvre de son ami poète, il rencontra personnellement Franco en 1953 et réalisa un portrait de sa petite-fille en 1974.

Pour Robert Descharnes, Dalí se rapprochait avant tout de la tradition monarchiste espagnole qui complétait d'autres aspects de son virage traditionaliste vers le catholicisme romain et la peinture de la renaissance. Dalí revendiqua son ralliement à la monarchie dont il fit l'apologie comme une trahison à la bourgeoisie, sa classe sociale d'origine. Commencé à l'extrême-gauche, son parcours politique bascula à droite. En France, Dalí était surtout soutenu dans les années 1950 et 60 par les intellectuels de droite, tels que Louis Pauwel ou Michel Déon mais lorsqu'il déclara en 1970 être anarcho-monarchique, il ouvrit la porte aux spéculations sur cette orientation politique, certainement minoritaire.

Selon Vicente Navarro, Dalí félicita en 1975 le vieux général Franco peu avant sa mort, pour ses actions visant à éclaircir l'Espagne des forces destructrices après la signature d'ordres d'exécution de quatre prisonniers d'ETA. Si pour beaucoup Dalí jouait là son rôle de bouffon de la cour de Franco, d'autres, comme l'architecte Óscar Tusquets dans son livre Dalí y otros amigos, soulignèrent que l'extrême exagération de ces félicitations envers un dictateur aux portes de la mort devraient être interprétées de façon ironique, les provocations permanentes du peintre visant à construire un personnage public surréaliste.

Marché de l'art

La gare de Perpignan, centre cosmique du monde selon Dalí en parlant de sa façade.
Les peintures de Salvador Dalí sont des œuvres très recherchées par les collectionneurs d'art. L'huile sur bois Ma femme nue regardant son propre corps devenir marches, trois vertèbres d'une colonne de 1945 a été vendue chez Sotheby's à Londres le 4 décembre 2000 pour 2 600 000 £ soient 4 274 140 euros175. L'huile sur toile Écho nostalgique de dimensions 96,5 cm × 96,5 cm a été vendue chez Sotheby's à Londres le 2 novembre 2005 pour 2 368 000 $ soient 2 028 665 euros.

Une rumeur affirme que Dalí avait été forcé, par son entourage, de signer des toiles vierges afin qu'elles puissent être peintes par d'autres et vendues après sa mort, comme des originaux, nourrissant la suspicion et dévaluant en conséquence les œuvres tardives du maître.

Liens

http://youtu.be/C4OvIW9qyUQ Salvador Dali 1
http://youtu.be/Jr60GyURmW8 Salvador Dali 2
http://youtu.be/2AKi5iKdYDw La collection secrète de Dali
http://youtu.be/7oWB8sQrrT4 Documentaire Analyse d'une peinture
http://youtu.be/uhLfuDWuOco Portrait d'artiste


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Posté le : 10/05/2014 00:08

Edité par Loriane sur 10-05-2014 18:45:04
Edité par Loriane sur 11-05-2014 23:26:49
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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