| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Antoine de St Exupéry [Les Forums - Histoire de la Littérature]

Parcourir ce sujet :   1 Utilisateur(s) anonymes





Antoine de St Exupéry
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9499
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 56754
Hors Ligne
Le 29 juin 1900 à Lyon naît Antoine Marie Jean-Baptiste Roger de

Saint-Exupéry,

écrivain, poète et aviateur français, il reçoit pour distinctions, le prix Femina, le Grand prix du roman de l'Académie française, le National Book Award. Ses Œuvres principales sont : Courrier sud en 1929, Vol de nuit en 1931, Terre des hommes en 1939, Lettre à un otage en 1940, Pilote de guerre en 1942, et le plus fameux :Le Petit Prince en 1943. Saint Exupéry Disparaît en vol, à 44 ans, le 31 juillet 1944 en mer, au large de Marseille, Mort pour la France.


En bref

Une grande aventure collective – celle de l'aviation – est venue donner forme à une destinée, celle de Saint-Exupéry, écrivain-aviateur ou plutôt, peut-être, aviateur-écrivain. Dans cette biographie où les missions produisent les livres, où les livres tirent des missions personnages, paysages, morale, le ciel et la terre se croisent, l'un donnant son espace – un espace pur, vierge, celui de la relation abstraite entre un homme et sa machine –, l'autre offrant sa chaleur et sa plénitude sous les espèces des autres à la rencontre desquels s'avance le chevalier du ciel. Comme si le ciel et la terre étaient faits pour lui, de toute éternité, pour qu'alternativement il y vole et y rampe, pour que, sans cesse, revenu de si loin, de si haut, de si périlleux, il mesure mieux la chance qu'on a de vivre, d'aimer et la sottise qu'il y a à ne pas le savoir et à ne pas le dire. Est-il si vain de chercher dans cette expérience, qu'après tout peu de moralistes ont pu faire, les sources de ce fameux humanisme dont le point de départ est, sans doute plus qu'on ne l'a dit, la prise de mesure des limites de l'homme : distance, éloignement, solitude dans le ciel ? Ce n'est qu'ensuite, avec la formulation des questions que peut-on dire aux hommes ? que faut-il dire aux hommes ? et la tentative pour y répondre d'une façon cohérente qu'apparaîtront les certitudes quelque peu simplistes et les mots d'ordre boy-scout.
Aviateur, Saint-Exupéry a été un des pionniers de ce qui fut peut-être la dernière épopée si l'on pense que ce mot implique artisanat et bricolage, tête-à-tête le plus souvent mortel de l'homme et de la machine " Quelque chose s'était cassé dans mon moteur. Et comme je n'avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C'était pour moi une question de vie ou de mort..," et si l'on admet que ce n'est que par abus de notion qu'on parle d'épopée technologique. Comme Costes et Bellonte, comme Nungesser et Coli, comme Mermoz, Saint-Ex a sa place dans la liste de ceux qui ont ouvert l'espace d'en haut. Comment ne se seraient-ils pas sentis des seigneurs, ces hommes qui participaient d'un univers original, viril, où rien ne valait que les qualités individuelles de décision et de courage, où l'exceptionnel, le risque de mort étaient le lot quotidien, où l'impossible devait à chaque fois être réalisé ? Aristocrate par ses origines, Saint-Exupéry se retrouvait parmi ces hommes dans une autre aristocratie au système de valeurs non moins fixé et contraignant et qui fondait la morale sur le service et le dépassement constant de l'homme par lui-même : " Ce que j'ai fait, aucune bête au monde… ."

Sa vie

Né dans une famille issue de la noblesse française, Antoine de Saint-Exupéry passe une enfance heureuse malgré la mort prématurée de son père. Élève peu brillant, il obtient cependant son baccalauréat en 1917 et, après son échec à l'École navale, il s'oriente vers les beaux-arts et l'architecture. Devenu pilote lors de son service militaire en 1921 à Strasbourg, il est engagé en 1926 par la compagnie Latécoère, future Aéropostale et transporte le courrier de Toulouse au Sénégal avant de rejoindre l'Amérique du Sud en 1929. Parallèlement il publie, en s'inspirant de ses expériences d'aviateur, ses premiers romans : Courrier sud en 1929 et surtout Vol de nuit en 1931, qui rencontre un grand succès.
À partir de 1932, son employeur entre dans une période difficile. Aussi Saint-Exupéry se consacre-t-il à l’écriture et au journalisme. Il entreprend de grands reportages au Viêt Nam en 1934, à Moscou en 1935, en Espagne en 1936, qui nourriront sa réflexion sur les valeurs humanistes qu'il développe dans Terre des hommes, publié en 1939.
En 1939, il est mobilisé dans l'armée de l'air et est affecté dans une escadrille de reconnaissance aérienne. À l'armistice, il quitte la France pour New York avec pour objectif de faire entrer les Américains dans la guerre et devient l'une des voix de la Résistance. Rêvant d'action, il rejoint enfin, au printemps 1944, en Sardaigne puis en Corse, une unité chargée de reconnaissances photographiques en vue du débarquement en Provence. Il disparaît en mer avec son avion un P-38 Lightning F5B lors de sa mission du 31 juillet 1944. Son avion n'a été retrouvé qu'à partir de 2000.
Le Petit Prince, écrit à New York pendant la guerre, est publié avec ses propres aquarelles en 1943 à New York et en 1946 chez Gallimard, en France. Ce conte plein de charme et d'humanité devient très vite un immense succès mondial.

Fils du comte Jean-Marc de Saint-Exupéry 1863-1904, inspecteur d'assurances, et de Marie Boyer de Fonscolombe, Saint-Exupéry naît le 29 juin 1900 dans le 2e arrondissement de Lyon dans une famille issue de la noblesse française. Il partage une enfance heureuse entre cinq frères et sœurs. Mais en 1904, son père meurt accidentellement écrasé par un train, laissant Marie de Saint-Exupéry éduquer seule ses cinq enfants : Marie-Madeleine, dite Biche, Simone, dite Monot, Antoine, dit Tonio, François et Gabrielle, dite Didi.
La mère d'Antoine vit plus ou moins bien ce veuvage prématuré, mais son naturel optimiste lui permet de faire face à ses obligations. D'une sensibilité à fleur de peau, elle tisse avec Antoine des liens privilégiés et lui offre une excellente éducation, chose difficile à l'époque pour une femme seule. Elle transmet à son fils adoré des valeurs qu'il conservera toute sa vie : honnêteté, respect d'autrui, pas d'exclusivité sociale. Femme exceptionnelle, elle consacre sa vie à ses enfants, avec un humanisme que Saint-Exupéry cultivera tout au long de ses voyages.

Jusqu'à l'âge de dix ans, il passe son enfance entre le château de La Môle dans le Var, propriété de sa grand-mère maternelle, et le château de Saint-Maurice-de-Rémens dans l'Ain, propriété de l'une de ses tantes. À la fin de l'été 1909, sa famille s'installe au Mans, région d'origine de son père. Antoine entre au collège Notre-Dame de Sainte-Croix le 7 octobre suivant.
En 1912, il passe les grandes vacances à Saint-Maurice-de-Rémens. Fasciné par les avions, il se rend souvent à vélo à l’aérodrome d'Ambérieu-en-Bugey, situé à quelques kilomètres et y reste des heures à interroger les mécaniciens sur le fonctionnement des avions. Un jour, il s'adresse au pilote Gabriel Salvez en prétendant que sa mère l'a autorisé à effectuer un baptême de l'air. Il fait donc son baptême sur un Berthaud-Wroblewski, avion fabriqué à Villeurbanne par l'industriel lyonnais Berthaud sur des plans de Pierre et Gabriel Wroblewski-Salvez. Il écrit un poème témoignant de sa nouvelle passion pour les avions :

Les ailes frémissaient sous le souffle du soir
Le moteur de son chant berçait l'âme endormie
Le soleil nous frôlait de sa couleur pâle.
Saint-Exupéry passe ainsi presque toute son enfance dans le château familial, entouré de ses frères et sœurs. Il se souviendra de cette période comme celle du paradis perdu : les plus beaux moments de sa vie, dira-t-il plus tard. En revanche, il ne se plaît pas beaucoup au collège Sainte-Croix du Mans où il est pensionnaire. Ses camarades, qui le surnomment Tatane, collaborent toutefois au journal de classe créé à son initiative, qui sera ensuite interdit par les Pères.

Alors que la Première Guerre mondiale éclate, Marie de Saint-Exupéry est nommée infirmière-chef de l'hôpital militaire d'Ambérieu-en-Bugey dans l'Ain. Grâce à son travail, elle peut faire venir ses enfants près d'elle. Ses deux fils, Antoine et François, intègrent en tant qu'internes le renommé collège jésuite de Notre-Dame de Mongré, à Villefranche-sur-Saône. Le jeune Antoine peut donc enfin se consacrer à l'écriture, avec brio, puisque, même si ses études sont médiocres par ailleurs, il remporte le prix de narration du lycée pour l'une de ses rédactions.
À la rentrée scolaire de 1915, Marie de Saint-Exupéry, toujours en poste à Ambérieu-en-Bugey, estime que ses fils ne se plaisent pas vraiment chez les frères jésuites de Mongré.
Soucieuse de protéger ses enfants et de leur donner une éducation qui leur permette de développer leurs dons, elle préfère les inscrire chez les frères marianistes de la Villa Saint-Jean à Fribourg, en Suisse.
En rapport étroit avec le collège Stanislas de Paris, ce collège a développé une méthode d'éducation moderne qui leur permet d'exercer leur créativité. Antoine y retrouve Louis de Bonnevie, dont la famille est voisine et amie de la sienne à Lyon. Il noue avec lui ainsi qu’avec Marc Sabran et Charles Sallès une amitié profonde et durable.
En 1917, il obtient son baccalauréat malgré des résultats scolaires peu brillants.
L'élève Saint-Exupéry est davantage à l'aise dans les matières scientifiques que littéraires. Au cours de l'été, souffrant de rhumatismes articulaires, François, le frère cadet d'Antoine, le compagnon de jeux et le confident, meurt d'une péricardite.
Attristé par la mort de son frère, il semblerait que cet évènement marque le passage de Saint-Exupéry du stade d'adolescent à celui d'adulte.
La guerre aussi l'inspire. Il réalise des caricatures de soldats prussiens et de leurs casques à pointe, de l'empereur et du Kronprinz. Il écrit aussi quelques poèmes :

Parfois confusément sous un rayon lunaire,
Un soldat se détache incliné sur l'eau claire ;
Il rêve à son amour, il rêve à ses vingt ans !

Printemps de guerre

En 1919, il échoue au concours de l'École navale ses résultats dans les branches scientifiques sont très bons, mais ceux des branches littéraires insuffisants et s'inscrit en tant qu'auditeur libre dans la section architecture à l'École nationale supérieure des beaux-arts. Sa mère
l'aide comme elle peut, malgré ses soucis d'argent. Antoine bénéficie alors de l'hospitalité de sa cousine Yvonne de Lestrange et accepte également plusieurs petits emplois : avec son ami Henry de Ségogne, il sera notamment figurant durant plusieurs semaines dans Quo Vadis, un opéra de Jean Noguès. En 1918, il avait fait la connaissance de Louise de Vilmorin, qui lui inspire des poèmes romantiques.

Je me souviens de toi comme d'un foyer clair
Près de qui j'ai vécu des heures, sans rien dire
Pareil aux vieux chasseurs fatigués du grand air
Qui tisonnent tandis que leur chien blanc respire.
À mon amie

Cependant, durant cette période, son intense activité poétique lui inspire des poèmes plutôt mélancoliques, des sonnets et des suites de quatrains Veillée, 1921 montrant qu'il vit une période difficile, car il se retrouve sans projet de vie et sans perspective d'avenir. Certains de ses poèmes sont calligraphiés et enluminés de dessins à l'encre de Chine. Il offre deux de ses cahiers de poésie à son ami Jean Doat.

Dans l’aviation

En avril 1921, il est affecté pour son service militaire en tant que mécanicien au 2e régiment d’aviation de Strasbourg. En juin, il prend des cours de pilotage à ses frais. Le 9 juillet son moniteur le "lâche" pour un tour de piste. Seul aux commandes de son avion-école, il se présente trop haut pour l'atterrissage. Remettant les gaz trop brusquement, il cause un retour au carburateur. Croyant que le moteur a pris feu il ne s'affole pas, fait un second tour de piste et atterrit en beauté. Son moniteur valide sa formation. Néanmoins, il laisse le souvenir d’un aviateur parfois distrait, oubliant tantôt de rentrer son train d’atterrissage, tantôt de brancher ses instruments de bord, se perdant dans l’immensité du ciel. Le surnom de "Pique la Lune" lui est ainsi resté, non seulement en raison de son nez en trompette mais aussi d’une tendance certaine à se replier dans son monde intérieur.
En janvier 1922, il est à Istres comme élève officier de réserve. Il est reçu pilote militaire et promu caporal.
En avril 1922, dans le cadre de sa formation dans les EOR, il suit des cours d’entraînement à Avord, qu'il quitte pour la région parisienne avec le grade de sous-lieutenant. Début août, il est affecté au 37e régiment d’aviation à Casablanca, où il obtient son brevet civil. Pendant ses loisirs, il réalise des croquis de ses copains de chambrée au crayon mine de charbon et à l’encre turquoise.
Ses dessins sont regroupés dans son cahier Les Copains. En octobre, sous-lieutenant de réserve, il choisit son affectation au 34e régiment d’aviation, au Bourget. Au printemps 1923, il a son premier accident d’avion au Bourget : fracture du crâne. Après ce grave accident, il est démobilisé. Pourtant, il envisage toujours d’entrer dans l’armée de l’air, comme l’y encourage le général Barès.
Mais la famille de Louise de Vilmorin, sa fiancée, s’y oppose. Commence pour lui une longue période d’ennui : il se retrouve dans un bureau comme contrôleur de fabrication au Comptoir de Tuilerie, une filiale de la Société générale d’Entreprise. En septembre, c’est la rupture des fiançailles avec Louise.
En 1924, Saint-Exupéry travaille dans l’Allier et la Creuse comme représentant de l’usine Saurer qui fabrique des camions il n’en vendra qu’un seul en une année et demie !. Il se lasse et donne sa démission. En 1924, il commence aussi une œuvre en prose, Manon, danseuse.
En 1925, son poème intitulé La Lune montre une inspiration farfelue. On peut aussi citer la suite poétique L'Adieu :

Il est minuit — je me promène
Et j’hésite scandalisé
Quel est ce pâle chimpanzé
Qui danse dans cette fontaine ?
La Lune, 1925

En 1926, il est engagé par Didier Daurat, directeur de l’exploitation des lignes de la compagnie Latécoère future Aéropostale et rejoint l'aéroport de Toulouse-Montaudran pour effectuer du transport de courrier sur des vols entre Toulouse et Dakar. Il rédige alors une nouvelle L'évasion de Jacques Bernis, dont sera tiré L'Aviateur, publié dans la revue d’Adrienne Monnier, Le Navire d’argent, où travaille son ami Jean Prévost. À Toulouse, il fait la connaissance de Jean Mermoz et de Henri Guillaumet. Au bout de deux mois, il est chargé de son premier convoyage de courrier sur Alicante.
Fin 1927, il est nommé chef d’escale à Cap Juby au Maroc avec pour mission d’améliorer les relations de la compagnie avec les dissidents maures d’une part et avec les Espagnols d’autre part. Il va y découvrir la brûlante solitude et la magie du désert. En 1929, il publie chez Gallimard son premier roman, Courrier sud, dans lequel il raconte sa vie et ses émotions de pilote.
En septembre 1929, il rejoint Mermoz et Guillaumet en Amérique du Sud pour contribuer au développement de l’Aéropostale jusqu’en Patagonie.
En 1930, il utilise la bibliothèque de son ami Paul Dony pour commettre divers sonnets inspirés d’autres poètes mais qui sont autant d’exercices de virtuosité poétique. En 1931, il publie son second roman, Vol de nuit, un immense succès, dans lequel il évoque ses années en Argentine et le développement des lignes vers la Patagonie.
En 1931, toujours, il se marie à Agay avec Consuelo Suncin Sandoval de Gómez décédée en 1979, à la fois écrivaine et artiste salvadorienne.
À partir de 1932, alors que la compagnie, minée par la politique, ne survit pas à son intégration dans Air France, il subsiste difficilement, se consacrant à l’écriture et au journalisme. Saint-Exupéry demeure pilote d’essai et pilote de raid en même temps qu’il devient journaliste d’occasion pour de grands reportages.
Reporter pour Paris-Soir, il voyage au Viêt Nam en 1934 et à Moscou en 1935. Le 29 décembre 1935, accompagné de son mécanicien Prévot, il tente un raid Paris-Saïgon à bord d'un Caudron-Renault Simoun, pour battre le record d'André Japy qui quelques jours plus tôt a relié Paris à Saïgon en 3 jours et 15 heures. Dans la nuit du 31 décembre, il est obligé de poser en catastrophe son avion dans le désert Libyque en Égypte. Il connaît alors quatre jours d'errance sans eau ni vivres avant un sauvetage inespéré. Le manuscrit de 58 pages relatant son aventure a été vendu aux enchères en 2009.
En 1936, il part pour l’Espagne. De tous ces voyages, il accumule une très importante somme de souvenirs, d’émotions et d’expériences, qui lui servent à nourrir sa réflexion sur le sens à donner à la condition humaine. Sa réflexion aboutit à l’écriture de Terre des hommes, qui est publié en 1939. L’ouvrage est récompensé par le prix de l’Académie française. C’est dans ce roman que l’on trouve la célèbre phrase prononcée par Henri Guillaumet après son accident dans les Andes : " Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait ".

Guerre de 1939-1945

En 1939, il est mobilisé dans l'Armée de l'air pour des vols de reconnaissance et affecté dans une escadrille de reconnaissance aérienne. Le 23 mai 1940, il survole Arras alors que les panzers allemands envahissent la ville : bien que son avion Bloch 174 soit criblé de balles par la DCA allemande, il réussit à retourner à la base avec ses passagers sains et saufs, ce qui lui vaut d'être récompensé de la Croix de guerre avec palme et cité à l’ordre de l’Armée de l’air, le 2 juin 1940. Cet exploit lui inspirera le titre et la trame de Pilote de guerre. À l'armistice, il quitte la France pour New York avec pour objectif de faire entrer en guerre les Américains. Considéré par certains comme pétainiste car non gaulliste, Saint-Exupéry a du mal à faire entendre sa voix.
Comme l’immense majorité des Français, il était au départ plutôt favorable à Vichy, qui lui semblait représenter la continuité de l'État, et était donc plutôt méfiant envers le général de Gaulle. De fait, il a surtout essayé de réconcilier les factions opposées ; lors de son appel radiophonique du 29 novembre 1942 depuis New York, soit trois semaines après le débarquement allié en Afrique du Nord, il lançait : "Français, réconcilions-nous pour servir", mais il fut incompris, car il était trop tard et le temps était celui de l'affrontement général. Cependant, selon des archives américaines récemment ouvertes, il semblerait que les services secrets américains auraient envisagé de le pousser en lieu et place du général de Gaulle.
En mai 1942, il séjourne au Canada dans la famille De Koninck, rue Sainte-Geneviève, dans le vieux-Québec. Alors que son séjour devait durer quelques jours, il passe finalement près de cinq semaines au Québec à cause de problèmes de visa. Ayant pour mission de faire entrer les Américains dans la guerre, il publie à New York en février 1942 Pilote de guerre pour rappeler aux Américains combien la bataille de France avait été dure, avant de publier un an plus tard le conte poétique et philosophique Le Petit Prince.
Mais il ne pense qu'à s'engager dans l'action, considérant, comme ce fut le cas avec l'Aéropostale, que seuls ceux qui participent aux événements sont légitimes pour en témoigner.
En avril 1943, bien que considéré par les Alliés comme un pilote médiocre, incapable de piloter un avion de combat moderne, il reprend du service actif dans l'aviation en Tunisie grâce à ses relations et aux pressions du commandement français. Relégué de la chasse, il effectue quelques missions de reconnaissance, mais il est victime de plusieurs incidents qui le font mettre en réserve de commandement, étant donné son âge, son mauvais état de santé général, ses différents crashs précédents. Il séjourne alors en Algérie, au Maroc, puis en Algérie de nouveau, où il obtient au printemps 1944 l'autorisation du commandant en chef des forces aériennes en Méditerranée, le général américain Eaker, de rejoindre le prestigieux groupe 2/33 basé à Alghero, en Sardaigne. Il effectue plusieurs vols, émaillés de pannes et d'incidents.
Le 17 juillet 1944, le 2/33 s'installe à Borgo, non loin de Bastia, en Corse. C'est de l'aéroport voisin de Poretta qu'il décolle aux commandes de son F-5B-1-LO, version photo du bimoteur P-38 Lightning, le 31 juillet à 8 h 25 du matin, pour une mission de cartographie, cap sur la vallée du Rhône, cap sur Annecy et retour par la Provence : des reconnaissances photographiques afin de tracer des cartes précises du pays, fort utiles au tout prochain débarquement en Provence, prévu pour le 15 août.
Il est seul à bord, son avion n'est pas armé et emporte avec lui du carburant pour six heures de vol. À 8 h 30, est signalé le dernier écho radar. Son avion se serait écrasé à quelques encablures des côtes de la Provence. Il est alors impossible d'effectuer des recherches sur le terrain en temps de guerre. aint-Ex est officiellement porté disparu. Sa mémoire est célébrée solennellement à Strasbourg le 31 juillet 1945. En 1948, il est reconnu Mort pour la France.

Le mystère de sa mort

Le 12 mars 1950, au Journal officiel, le commandant Antoine de Saint-Exupéry est cité à l'ordre de l'armée aérienne à titre posthume, pour avoir prouvé, en 1940 comme en 1943, sa passion de servir et sa foi en le destin de la patrie, et trouvé une mort glorieuse, le 31 juillet 1944, au retour d'une mission de reconnaissance lointaine sur son pays occupé par l'ennemi.
Si la mort ne faisait désormais plus de doute, restait à en élucider les circonstances. En 1950, un pasteur d'Aix-la-Chapelle, ancien officier de renseignements dans la Luftwaffe, témoignera avoir appris, le 31 juillet 1944, qu'un P-38 Lightning avait été abattu en Méditerranée par un Focke-Wulf allemand.
Puis, en 1972, surgit le témoignage posthume d'un jeune officier allemand, l'aspirant Robert Heichele, qui aurait fait feu sur le Lightning depuis son appareil, un Focke-Wulf 190, vers midi, au-dessus de Castellane. Mais Heichele a été à son tour abattu en août 1944.
Dans les années 1990, un autre témoignage surgit tardivement, à propos d'une habitante de Carqueiranne qui aurait vu, le jour fatidique, le Lightning se faire abattre. La mer aurait ensuite rejeté le corps d'un soldat sur la plage, lequel a été enterré anonymement dans le cimetière de la commune. Était-ce Saint-Exupéry ?
Pour le savoir, il faudrait exhumer le corps, procéder à des comparaisons avec l'ADN des membres de sa famille, lesquels s'y montrent opposés. Chaque fois, ces révélations relancèrent l'intérêt aussi bien des spécialistes que du grand public, pour le mystère Saint-Ex. Enfin, en 2000, des morceaux de son appareil, le train d'atterrissage, un morceau d'hélice, des éléments de carlingue et surtout du châssis, sont retrouvés en Méditerranée au large de Marseille.
Le 7 septembre 1998, un pêcheur avait déjà trouvé sa gourmette dans son chalut, près de l'île de Riou. Remontés à la surface en septembre 2003, les restes de l'avion sont formellement identifiés le 7 avril 2004 grâce au numéro de série de l'appareil. Les restes du Lightning sont exposés au Musée de l'air et de l'espace du Bourget, dans un espace consacré à l'écrivain aviateur.

Mais rien ne permet de donner une conclusion définitive sur les circonstances de sa mort, malgré la simulation informatique de l’accident – à partir des pièces déformées – qui montre un piqué, presque à la verticale et à grande vitesse, dans l’eau.
Fut-elle la conséquence d'une énième panne technique, d'un malaise du pilote ? Certains avancèrent même, au grand scandale de ses proches, l'hypothèse du suicide d'un Saint-Exupéry diminué physiquement il ne peut pas fermer seul la verrière de son appareil, désespéré par le monde qu'il voyait s'annoncer, thèse confortée par certains de ses derniers écrits, au ton franchement pessimiste, par exemple les dernières lignes d’une lettre adressée à Pierre Dalloz, écrite la veille de sa mort : Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien.
La termitière future m’épouvante. Et je hais leur vertu de robots. Moi, j’étais fait pour être jardinier.
En mars 2008, un ancien pilote de la Luftwaffe, sur Messerschmitt Bf 109, Horst Rippert né en 1922, affirme dans le journal La Provence avoir abattu un avion de type P-38 lightning le 31 juillet 1944 dans la zone où se trouvait Saint-Exupéry. En mission pour retrouver un avion ennemi qui survolait la région d'Annecy, Horst Rippert tourne plusieurs minutes au-dessus de la Méditerranée sans rien repérer.
Soudain, un avion allié le croise, 3 000 mètres au-dessous de lui15. Horst Rippert tire et touche. L'avion s'enflamme et tombe à pic dans la Méditerranée. Saint-Exupéry est porté disparu ce jour-là, donnant lieu au mystère sur sa disparition.
Si j'avais su qui était assis dans l'avion, je n'aurais pas tiré. Pas sur cet homme., a déclaré Horst Rippert, qui admirait l'écrivain16. Thèse cependant mise à mal par bien des incohérences. Après la guerre Horst Rippert, frère d'Ivan Rebroff décédé en février 2008, soit peu avant cette révélation, se reconvertit dans le journalisme et dirige le service des sports de la ZDF.

Ses Å“uvres

Si elles ne sont pas tout à fait autobiographiques, ses œuvres sont largement inspirées de sa vie de pilote aéropostal, excepté pour Le Petit Prince 1943 — sans doute son succès le plus populaire il s'est vendu depuis à plus de 134 millions d'exemplaires dans le monde, et se trouve être donc le second ouvrage le plus vendu au monde après la Bible — qui est plutôt un conte poétique et philosophique.
Il écrivit d'autres livres, tout aussi connus : Courrier Sud 1929, Vol de nuit 1931, Terre des hommes 1939, Pilote de guerre 1942, Lettre à un otage 1944, Écrits de guerre rassemblés en 1982, et Citadelle posthume, 1948. Tous ses romans racontaient l'histoire de ses voyages en les rendant fiction et en créant de la fantaisie.

"Pour moi, voler ou écrire, c'est tout un." Les lauriers que l'épopée aérienne valut à l'aviateur-poète Antoine de Saint-Exupéry ont cessé d'auréoler son œuvre. La question est de savoir si le poète-aviateur a su conférer à l'éphémère d'une actualité, même prestigieuse, valeur d'éternité. Le mythe envolé, que reste-t-il ? Restent ce que Roger Caillois a nommé des "rapports", mais rapports d'une prise de conscience progressive de soi et des autres, d'une connaissance créatrice dont les moyens furent autant la solitude et la guerre que l'avion, merveilleux "instrument d'analyse", "thème d'inspiration" et tremplin des relations humaines. De L'Aviateur – qui se réfère à un métier – à Citadelle – qui évoque un monument – s'élabore dans le courage, l'obstination et la générosité une "expérience morale" à laquelle ont œuvré conjointement l'aventure et l'écriture, sans que la seconde pipe la première ou s'y substitue ; c'est pourquoi Caillois a pu conclure :" À une époque où la littérature sert communément d'alibi, cette honnêteté luxueuse apporte tout ensemble une preuve de la grandeur de l'indépendance d'un écrivain et d'une œuvre "préface à l'édition de La Pléiade.
Lorsque, au soir de son baptême de l'air, Antoine de Saint-Exupéry, alors âgé de douze ans, offrit à son professeur de français un poème aéronautique, peut-être pressentait-il la double orientation qu'allait prendre son destin. Cependant, les chemins qui l'y menèrent furent moins directs qu'on le pourrait supposer.

Il y commet son premier exploit en s'emparant d'un appareil pour effectuer un vol solitaire qui faillit se terminer en catastrophe, mais révéla le sang-froid du pilote et cette maîtrise qui va chez lui de pair avec une sorte de témérité et presque un goût de l'aventure marginale. L'armée de l'air s'ouvre à lui ; il y renonce devant l'opposition de la famille de sa fiancée. Mais ni la bureaucratie ni la vente de camions pour les usines Saurer ne le consolent de l'avion qu'il rejoint chaque fois qu'il le peut. 1926 fut une année décisive : engagé à la société d'aviation Latécoère, il débute en octobre à Toulouse, sous la direction de Didier Daurat, le futur Rivière de Vol de nuit, le type même du chef, à la fois maître et entraîneur. Au début de la même année, il avait publié une nouvelle, L'Aviateur ; dorénavant, les écrits marqueront les jalons moins d'une carrière que d'une aventure, dont ils feront le point et dont ils seront le prolongement éthique et poétique.
Envoyé en 1927 comme chef de base à Cap Juby Río de Oro, escale aussi dangereuse que vitale sur la ligne Casablanca-Dakar, Saint-Exupéry découvre à la fois l'action responsable, le désert et les Maures. Maintes fois, il sauva des aviateurs en panne ou captifs des dissidents. Le soir, il écrit Courrier Sud en 1928. Dans ce récit, influencé sur le plan romanesque par la manière de Gide, le narrateur rapporte les confidences d'un pilote de l'Aéropostale qui, peu avant de s'écraser sur les sables, a connu la mort d'un amour." Le roman d'un aviateur l'emporte sur le roman de l'aviation »Luc Estang, non sans en amorcer les composantes essentielles : le sens de la fraternité virile, et surtout cette optique fondamentale de Saint-Exupéry pour qui l'avion fut l'outil privilégié qui mêle "l'homme à tous les vieux problèmes".

Vol de nuit

Simple comme une épure, mais de chair et de sang, Vol de nuit en 1931, dans sa sobriété toute classique, est peut-être l'œuvre la plus accomplie de Saint-Exupéry. Son héros, Rivière, autant qu'à Daurat se réfère à l'auteur, directeur depuis octobre 1929 de l'Aeroposta Argentina. Saint-Exupéry a donc éprouvé personnellement les résonances humaines du métier, des responsabilités et de l'exigence du chef à l'héroïque camaraderie de l'équipe, ainsi que cette part d'absolu enclose dans l'immédiat des décisions et des actes. Tel apparaît, lors de la mort de Fabien, le constat de Rivière devant le bonheur détruit de l'épouse :" Si la vie humaine n'a pas de prix, nous agissons toujours comme si quelque chose dépassait, en valeur, la vie humaine... Mais quoi ?"
1931, c'est le mariage avec Consuelo Suncin, le succès du prix Fémina, mais aussi les déboires de l'Aéropostale, le départ de Daurat et le début d'ennuis financiers. De son entrée à Air France en 1934 jusqu'à la veille de la guerre, Saint-Exupéry déploie une activité intense qui le promène d'un bout du monde à l'autre, d'inventions en expérimentations et d'exploits en accidents dont, en 1937, le cinquième depuis le début de sa carrière le force à une immobilité propice au travail littéraire.

Terre des hommes

En 1939 ce roman lui vaut le grand prix du roman de l'Académie française, sans doute parce que la "philosophie" et la poétique de l'aviation qui dominent cet essai sont imbriquées dans la texture même des événements. Qu'il s'agisse, en effet, du sauvetage de Guillaumet dans la cordillère des Andes, des cinq jours d'angoisse et d'errance à travers le désert après la chute survenue au cours du raid Paris-Saigon, d'un reportage sur le front de la guerre d'Espagne ou de menus faits comme le parcours en bus avec les travailleurs matinaux et la rencontre avec le jeune émigré polonais Mozart assassiné, c'est toujours de la matière vivante, fondue au creuset de l'esprit et du cœur, qu'émergent les repères d'un humanisme. Et quand la guerre met tout en question, Saint-Exupéry commence par s'engager en rejoignant, malgré ses handicaps physiques, un groupe de reconnaissance. Puis, lucidement, dans Pilote de guerre en 1942, rédigé à New York, il affirme, par-delà l'absurdité de la guerre et la détresse de la défaite, la nécessité du combat pour la défense du respect et des droits de l'homme. Lettre à un otage en 1943 reprend ce thème.
En novembre 1942, un appel à l'union des Français lancé à la radio des États-Unis lui aliène nombre de compatriotes. Il brûle de reprendre le combat et, malgré son âge, obtient l'autorisation de missions. Son unité est basée à Alghero Sardaigne, puis à Borgo Corse. Le 31 juillet 1944, Saint-Exupéry décolle pour une mission de reconnaissance sur la vallée du Rhône. Il n'en reviendra pas. En 2000, des morceaux de son appareil seront retrouvés en Méditerranée, au large de Marseille.

La citadelle sur le sable

Centrée sur les expériences d'un homme, l'œuvre de Saint-Exupéry n'en gardait que ce qui intéressait tous les hommes. À travers romans ou fables Le Petit Prince, 1943 s'édifiait un humanisme. Dès 1936, l'auteur travaillait à une synthèse, de forme allégorique. Au lieu de la somme rêvée, Citadelle 1948 n'est qu'un livre inachevé, mélange de pages d'anthologie et d'ébauches, un ensemble de notes et d'improvisations que, selon ses habitudes de composition, il eût peut-être fondues en une parabole riche de la quintessence de son message.
Si l'ouvrage tel qu'il se présente trahit évidemment la visée initiale, il permet cependant de nuancer l'éthique un peu lapidaire des textes antérieurs et, de même que les Carnets en 1953, contribue à démythifier le héros. Car les fragments qu'on possède, écrits en majorité pendant la guerre, témoignent de plus de tâtonnements que de stabilité, et les contradictions, d'ailleurs conscientes, s'y affirment. Avec non moins d'objectivité que de finesse, Luc Estang a exploré ce "bazar d'idées". Et, parmi les thèmes familiers qui firent la célébrité de l'auteur – la ferveur constructive, une morale virile fondée sur le service et le dépassement, les relations humaines conçues comme l'essence de l'être –, le critique constate les faiblesses d'une optique sociale plutôt paternaliste, les limites d'une civilisation foncièrement aristocratique dont le seigneur peut aisément devenir le tyran. Il suggère que "l'humanisme de Saint-Exupéry oscille constamment entre l'Évangile du Christ et le contre-Évangile de Nietzsche, comme s'il tentait de reconvertir à leur source religieuse des valeurs subversives dont la virulence s'y infiltrerait". Son réalisme spiritualiste penche vers un spiritualisme relativiste dont le Dieu nécessaire apparaît peu consistant.
Si la mouvance des sables n'infléchit pas la démarche de Saint-Exupéry, elle l'accule à remettre tout en question, jusqu'au sens du langage. Citadelle ne signifie donc pas installation ni dogmatisme ; elle serait plutôt le symbole de la fermeté de l'esprit et de la fidélité à l'homme, quoi qu'il arrive.
Poète de l'avion au même titre que le marin Joseph Conrad fut "le romancier de la mer", Antoine de Saint-Exupéry, sans en posséder ni la dimension ni les registres, fait penser à Malraux dont il a sans cesse vécu l'engagement autant que la quête de l'absolu.

Le petit prince

Le désert de Terre des hommes, le désert du Petit Prince, pleins de mirages : l'enfant blond qui appartient à la mémoire de tant d'entre nous est né de la soif, de l'accablement du soleil, de la sécheresse impitoyable des sables de l'Égypte. C'est la terre, et ce n'est plus la terre : un monde minéral, un paysage de fer.
Dans le Petit Prince, pourtant, ce monde mort produit un miracle : la fraternité entre un homme et un enfant, l'esquisse d'une remontée au temps magique de l'enfance. Égaré entre le ciel et les étoiles, l'aviateur peu à peu rebrousse chemin vers l'essentiel : l'essentiel, selon Saint-Exupéry, les biens intérieurs, tout ce qui est invisible pour les yeux…
Dans ce texte "pas sérieux" écrit dans la nuit de la guerre en 1943, à New York, volontairement dédié à Léon Werth, quand il était petit garçon, Saint-Exupéry dialogue avec le petit prince qu'il a été, pour revenir sur ce à quoi il tenait le plus fort. Terre des hommes, en une langue plus abstraite, contenait la leçon du Petit Prince : En travaillant pour les seuls biens matériels, nous bâtissons nous-mêmes notre prison. Nous nous enfermons solitaires avec notre monnaie de cendre qui ne procure rien qui vaille vivre. Rien ne vaut, pour l'humanisme saint-exupérien, que spirituellement et symboliquement. Tel est bien le sens de ce que dit le renard au petit prince : Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste ! Mais tu as les cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé… Le vrai sujet du récit, le vrai sujet de la réflexion de Saint-Exupéry dans tous ses textes, c'est le rêve d'un impossible retour, d'une réintégration à un monde depuis longtemps perdu, la nostalgie d'un âge d'or où les valeurs auxquelles il adhère devaient être actualisées. Faire en sorte que ne meure pas la petite flamme sans laquelle il n'y aura plus d'humanité. Et l'humanité, c'est la conscience de la solidarité nécessaire – qui peut s'appeler fraternité –, la ferveur qui permet de construire, l'affirmation que le bonheur et la grandeur de l'être ne sont pas dans la seule liberté mais aussi dans l'acceptation d'un devoir qui témoigne de la capacité de dépassement de l'immédiat.
Une littérature à message…
D'où vient alors que, passé le charme des souvenirs de nos six ans, la parole saint-exupérienne nous paraisse si ambiguë ? Comme l'aviateur du Petit Prince qui ne savait plus voir les moutons à travers les caisses, nous avons dû vieillir. Terriblement. Est-ce la conscience des limites, paternalistes et aristocratiques, de cette morale qui nous la rend si étrangère ? Est-ce l'évidence d'une contradiction entre la générosité évangélique qui s'étale tandis que montre le bout de l'oreille un contre-évangile nietzschéen ? Les deux sans doute, et plus encore : nous savons bien que les enfants ne ressemblent pas au petit prince, et nous pourrions bien, comme Jean-Louis Bory, être saisis d'un invincible agacement devant cet enfant bourré de mots d'enfants jusqu'à la gueule.

L'Aviateur

Publié en 1926. Le premier texte édité de Saint-Exupéry, fragment semble-t-il d'un ensemble plus vaste, et qui servira de matériau pour Courrier sud.
Courrier sud
Publié en 1929. À travers le personnage de Jacques Bernis, Saint-Ex raconte sa propre vie et ses propres émotions de pilote. Louise de Vilmorin est campée dans le personnage de Geneviève.
Vol de nuit
Publié en décembre 1931. Cette œuvre qui atteint au dépouillement de la tragédie, est préfacée par son ami André Gide, valut le prix Femina à Antoine de Saint-Exupéry et le consacra comme homme de lettres. Cet ouvrage fut un immense succès et a connu de multiples traductions. Son adaptation cinématographique fut même vendue à Hollywood.
Le personnage principal, Rivière, est inspiré par son chef Didier Daurat. Il donne vie à un chef qui sait pousser ses hommes au bout d'eux-mêmes pour la réalisation de leur mission : le courrier doit passer à tout prix, la mission dépasse en valeur la vie humaine. Les valeurs que le roman véhicule sont : primauté de la mission, importance du devoir et responsabilité de la tâche à accomplir jusqu'au sacrifice.
Terre des hommes
Publié en décembre 1939, il obtient le Grand prix du roman de l'Académie française. C'est une suite de récits, de témoignages et de méditations à partir de la somme d'expériences, d'émotions et de souvenirs qu'il a accumulés lors de ses nombreux voyages. C'est aussi un hommage à l'amitié et à ses amis Mermoz et Guillaumet et plus largement une vision romantique sur la noblesse de l'humanisme.
Pilote de guerre
Publié en 1942.
Le Petit Prince
Écrit à Eaton's Neck Northport, États-Unis et publié en 1943 à New York chez Reynal & Hitchcock en deux versions anglaise et française. Il ne sera publié en français qu'en 1946 en France, soit deux ans après sa mort. Pour des raisons techniques, les aquarelles de l'auteur reproduites dans les versions françaises qui ont suivi n'étaient que des retramages de l'édition américaine, ce qui induisait une perte de qualité sensible.
De plus, certains dessins avaient été modifiés de façon mineure. L'édition Gallimard parue en 1999 semble être la première à fournir des illustrations conformes à l'édition originale, de bien meilleure qualité technique et artistique en dépit d'un format plus réduit les techniques d'impression ayant elles aussi fait des progrès depuis 1943.

Lettre à un otage Publié en 1944.

Citadelle
Publié en 1948. Commencée en 1936, cette œuvre ne fut pas achevée par Saint-Exupéry. Publiée dans une première version en 1948 à partir d'un texte dactylographié, elle ne comportait pas l'intégralité de la pensée de l'auteur. La totalité des manuscrits fut mise à la disposition des éditeurs en 1958 et permit de mieux épouser ses intentions. Citadelle n'est pas une œuvre achevée. Dans la pensée de l'auteur elle devait être élaguée et remaniée selon un plan rigoureux qui, dans l'état actuel, se reconstitue difficilement. L'auteur a souvent repris les mêmes thèmes, soit pour les exprimer avec plus de précision, soit pour les éclairer d'une de ses images dont il a le secret, Simone de Saint-Exupéry.
Lettres de jeunesse 1923-1931
Publié en 1953. Nouvelle édition en 1976 sous le titre Lettres de jeunesse à l'amie inventée.
Carnets
Publié en 1953. Édition intégrale en 1975. Ensemble de notes tenu de 1935 à 1940 sur un agenda et cinq carnets. Très éclectique, il reflète les intérêts et curiosités de l'écrivain pour les sciences, la religion, la littérature et donne lieu à des réflexions et à des aphorismes pertinents.
Lettres à sa mère
Publié en 1955. Recueil de la correspondance de Saint-Exupéry avec sa mère couvrant la période 1910 - 1944.
Écrits de guerre 1939-1944
Publié en 1982. Ce recueil posthume est préfacé par Raymond Aron.
Manon, danseuse
Publié en 2007. Court roman achevé en 1925. C'est l'histoire d'amour entre une poule, Manon, et un homme de quarante ans, « grave », triste, qui cherche un sens à sa vie. Dès leur rencontre, se noue entre eux une relation amoureuse, l'homme protégeant tendrement sa pauvre petite fille, qu'il croit danseuse. Ils font l'amour sans passion. Partent en voyage en voiture. Mais il apprend un jour par trois de ses clients que Manon est en fait une prostituée. Ils rompent puis se revoient. Manon se jette sous les roues d'un camion et manque de mourir. Elle restera boiteuse.
Lettres à l'inconnue
Collection de lettres d'amour à une jeune ambulancière de la Croix-Rouge rencontrée en mai 1943 dans un train entre Oran et Alger. Ces lettres sont ornées de dessins du Petit Prince que Saint-Exupéry fait parler à sa place. Elles ont été mises au jour en novembre 2007 lors d'une vente publique, et publiées par Gallimard en septembre 2008 sous forme de fac-similés accompagnés de transcriptions.

Écrits de circonstances

La Paix ou la guerre 1938 pour Paris-Soir
Moscou 1935 pour Paris-Soir
L'Espagne ensanglantée août 1936 pour L'Intransigeant
Le Vol brisé. Prison de sable janvier-février 1936 pour L'Intransigeant
Madrid juillet 1937 pour Paris-Soir

Cinéma


Scénario original pour Anne-Marie, film français réalisé par Raymond Bernard, sorti en 1936.

Anecdotes

Attiré par l'ailleurs, le lointain, l'aventure, il cherchait depuis l'enfance à échapper aux bornes de son milieu aristocratique. Il avait multiplié les défis, comme l'aviation, cultivé les amitiés les plus improbables et tenté d'apprivoiser des animaux sauvages : renard des sables, gazelle, caméléon, bébé phoque, puma, lionceau, qu'il embarquait parfois dans son avion, au grand dam de ses mécaniciens - l'un d'eux finira à l'hôpital, après l'épisode du lionceau.
Élève très moyen, Saint-Exupéry échoue à l'examen d'entrée de l'École navale, et c'est par dépit qu'il fera son service militaire dans l'aviation.
Pilote distrait, il était surnommé Pique la Lune par les mécanos.
Saint-Exupéry fut le seul pilote étranger autorisé à monter à bord de l'avion géant soviétique Tupolev ANT-20 Maxim Gorky.
Il a aussi été un homme de sciences : il détient près d'une dizaine de brevets d'inventions techniques, et a aussi mis au point de nombreux problèmes mathématiques, dont le problème du Pharaon publié à son retour d'Égypte.
Lors de l'émission du billet de 50 francs français à l'effigie d'Antoine de Saint-Exupéry, la Banque de France avait commis une coquille en typographiant le nom Antoine de Saint-Éxupéry sur le billet.
Orson Welles avait acheté les droits du Petit Prince et avait proposé à Walt Disney de l'adapter en animation. Après l'avoir lu, Disney a dit qu'il n'y avait pas de place pour deux génies dans l'entreprise.
La grande maison de Charles De Koninck du Vieux-Québec, au 25 de la rue Sainte-Geneviève, classée depuis monument historique était un lieu de fréquentation des personnalités des mondes universitaire, scientifique, intellectuel et politique. Saint-Exupéry visita les De Koninck en 1942. Son fils, Thomas De Koninck était alors âgé de huit ans. Ce dernier a conservé les bribes de quelques moments vécus avec Saint-Ex : Un grand gaillard. C'était l'aviateur. Un bonhomme attachant, qui s'intéressait à nous, les enfants. Il nous faisait des avions en papier, des dessins. […] Il aimait les énigmes mathématiques.L'année suivante, Saint-Exupéry publiait Le Petit Prince. Selon la légende locale, Saint-Exupéry se serait inspiré du petit De Koninck, qui avait les cheveux blonds bouclés et posait beaucoup de questions. M. De Koninck refuse cependant cette interprétation.
Le 29 juin 2010, 110 ans exactement après sa naissance, les internautes se rendant sur le site Google.fr ont pu voir que le logo était décoré avec une illustration du Petit Prince.
Mondialement reconnu
Sa ville natale de Lyon, en hommage à l'écrivain et en clin d'œil au pionnier de l'aéropostale, a rebaptisé l'aéroport de Satolas en aéroport international Lyon Saint-Exupéry et la gare de Lyon-Saint-Exupéry TGV.

Inscription au Panthéon de Paris

Sur les murs du Panthéon de Paris, une inscription honore sa mémoire en ces termes :

A LA MÉMOIRE DE
ANTOINE DE SAINT EXUPERY
POÈTE ROMANCIER AVIATEUR
DISPARU AU COURS D'UNE MISSION
DE RECONNAISSANCE AÉRIENNE
LE 31 JUILLET 1944

Ont été nommés d'après lui :

des rues de plusieurs villes, dont Lyon et plusieurs villes de sa banlieue, Avignon, Brest, Romans, Laon, La Seyne sur Mer, Fribourg Suisse, Montréal
l’avenue Saint-Exupéry à Toulouse, qui mène à Montaudran où se trouvaient l'aérodrome de l'Aéropostale et les ateliers Latécoère. Une fresque 3mx10m à son effigie, y a été dessinée en 2010.
la rue Saint-Exupéry au Mans où se situe le collège où il a étudié.
le quai Saint-Exupéry à Paris
le boulevard Antoine-de-Saint-Exupéry à Lyon
l’Espace Saint-Exupéry à Franconville
la place Saint-Exupéry à Cabris, où habitait sa mère
la quarante-quatrième promotion de commissaires de police issue de l’École nationale supérieure de la police, entrée en fonction en 1994
le thème de l’Exposition universelle de 1967 à Montréal était Terre des Hommes'.
de très nombreux établissements scolaires partout en France, une trentaine rien qu'en Île-de-France, Saint-Dizier… et à l’étranger : lycée Antoine-de-Saint-Exupéry de l’Alliance française à Santiago du Chili, le collège Saint-Exupéry à Rabat, lycée français Saint-Exupéry à Ouagadougou, lycée Antoine-de-Saint-Exupéry à Hambourg, école Saint-Exupéry à Madrid, école française Saint-Exupéry à Kigali Rwanda…
des cinémas à Marignane et à Strasbourg
des restaurants, des bibliothèques
un sommet argentin, l’aiguille Saint-Exupéry, 2 558 m, à proximité de mont Fitz Roy, près de d’El Chaltén, province de Santa Cruz
la première promotion du Collège d'Europe à Bruges
l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry, a été renommé le 29 juin 2000 à l’occasion du centième anniversaire d’Antoine de Saint-Exupéry né à Lyon
la vingtième promotion de l'Institut Méditerranéen d'Étude et de Recherche en Informatique et Robotique IMERIR à Perpignan

Il a été représenté par différents artistes :

La Banque de France a émis des billets de banque d'une valeur de 50 francs environ 7,6 € à son effigie entre 1996 et 2002.
Plusieurs timbres-poste ont été imprimés en l'honneur de Saint-Exupéry, notamment :
AOF : Poste aérienne valeur faciale 8 F, de 1947 ;
Cameroun : valeur faciale 60 F, de 1977 ;
France : Poste aérienne valeur faciale 50 F, émis le 18 janvier 1948, dessiné et gravé par Pierre Gandon ;
France : Poste aérienne valeur faciale 20,00 de 1970 (en médaillon avec Jean Mermoz), dessiné et gravé par Jean Pheulpin;
France : Poste aérienne valeur faciale 3,00F/0,46 € émis le 26 juin 2000 pour le centenaire de sa naissance ;
France : feuillet de timbres édité en 1998 sur le thème du Petit Prince.
Une statue d'Antoine de Saint-Exupéry et du petit prince, œuvre de Christiane Guillaubey, est exposée sur la place Bellecour à Lyon voir ci-dessus.
Il existe une statue en son hommage à Toulouse, au centre du Jardin Royal.
Un buste de Saint-Exupéry, œuvre de Madeleine de Tazenas, peintre de l'air, est exposé au square Santiago-du-Chili à Paris.
Une statue du petit prince a été inaugurée le samedi 16 septembre 2006 à Northport États-Unis, la bourgade où il rédigea en 1942-1943 dans la maison Bevin House du quartier Eaton's Neck Le Petit Prince. C'est une œuvre de Winifred S. DeWitt Gantz. La statue se trouve dans la cour de la bibliothèque publique de Northport, 151 Laurel Avenue, NY 11768.

Plaque au no 15 de la place Vauban, Paris 7e
Une plaque au no 15, place Vauban à Paris indique :
Ici a habité
de 1934 à 1940
Antoine de Saint-Exupéry.
Sur une place d'Agay, où habitait sa sœur Gabrielle, une fontaine est dédiée au petit prince.
La monnaie de Paris a frappé un presse-papier, une médaille, un bracelet et fondu une statuette de 22 cm à l'effigie du petit prince.
Un hommage collectif aux aviateurs français pionniers de l'Aéropostale, dont il fait partie, figure dans une stèle à l'aéroport Jorge Newbery de la ville de Buenos Aires, près du musée de l'Aviation argentin.
Un téléfilm, Saint-Exupéry : La dernière mission, réalisé en 1994 pour France 3 par Robert Enrico retrace sa vie film réédité en 2009 au format DVD.
La fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse a été créée en 2009 sous l'égide de la Fondation de France par les héritiers d'Antoine de Saint-Exupéry. Elle soutient des projets tournés vers la jeunesse, en France et dans le monde, portant les valeurs d'Antoine de Saint-Exupéry. Elle a notamment soutenu la formation de jeunes apprentis mécaniciens aéronautiques.

Les papiers personnels d'Antoine de Saint-Exupéry sont conservés aux Archives nationales sous la cote 153AP29.

Liens
http://youtu.be/By7D9a2mPX8 Une maison un écrivain 1
http://youtu.be/F8iV-83oCCs Une maison un écrivain 2
http://youtu.be/G1mcEV8lmxg Le petit prince
http://youtu.be/s3s7BgbpiCM La dernière mission bande annonce
http://youtu.be/2AgcVwDjYYg St Exupéry à la radio 1938
http://youtu.be/2UiIC01L8og Consuelo de St Exupéry
http://youtu.be/2kn96BvgAMs Vol de nuit 1


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Cliquez pour afficher l


Posté le : 28/06/2014 19:02
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut   Précédent   Suivant




[Recherche avancée]


Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
40 Personne(s) en ligne (18 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 40

Plus ...