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Robert II 1 début
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Le 20 juillet 1031, à 59 ans, meurt au château de Melun Robert II de France

surnommé Robert le Pieux


né à Orléans vers 972. Fils d’Hugues Capet et de son épouse Adélaïde d'Aquitaine, il est le deuxième roi franc de la dynastie capétienne. Il règne de 996 à 1031 et est ainsi l'un des souverains de l’an mil.
Roi des Francs 24 octobre 996 – 20 juillet 1031 durant 34 ans, 8 mois et 26 jours, il est Couronné le 25 décembre 987 à Orléans son Prédécesseur est Hugues Capet
et son Successeur Henri Ier. Il porte le titre de de Duc de Bourgogne de novembre 1005 – janvier 1016 c'est à dire durant environ 10 ans, 2 mois à la suite de Otte-Guillaume de Bourgogne et il sera Succedé par Henri Ier. Il appartient à la dynastie des capétiens, il a pour Conjointe Rozala d'Italie, Berthe de Bourgogne puis Constance d'Arles. Il a pour descendance avec Constance d'Arles, Gisèle de France, Alix de France, Hugues de France, Henri de France, Adèle de France, Robert de France, Eudes, la famille royale à pour Résidence le Palais de la Cité, Château de Compiègne, Château de Melun, Château de Senlis, Château d'Étampes, Château de Poissy, Château de Vauvert, Château de Saint-Léger, Château de Vitry-aux-Loges et le Château de Montreuil.


Sa vie

Associé dès 987 à la royauté, il assiste son père sur les questions militaires avec le siège par deux fois, en 988 et 991 de Laon. Sa solide instruction, assurée par Gerbert d'Aurillac à Reims, lui permet de s’occuper des questions religieuses dont il devient rapidement le garant il dirige le concile de Verzy en 991 et celui de Chelles en 994. Poursuivant l’œuvre politique de son père, après 996, il parvient à maintenir l’alliance avec la Normandie et l’Anjou et à contenir les ambitions d'Eudes II de Blois.
Au prix d’une longue lutte débutée en avril 1003, il conquiert le duché de Bourgogne qui aurait dû lui revenir en héritage à la mort, sans descendance directe, de son oncle Henri Ier de Bourgogne, mais que ce dernier avait transmis à son beau-fils Otte-Guillaume.
Les déboires conjugaux de Robert le Pieux avec Rozala d'Italie et Berthe de Bourgogne qui lui valent une menace d’excommunication, puis la mauvaise réputation de Constance d'Arles, contrastent étrangement avec l’aura pieuse, à la limite de la sainteté, que veut bien lui prêter son biographe Helgaud de Fleury dans la Vie du roi Robert le Pieux Epitoma vitae regis Roberti pii.
Sa vie est alors présentée comme un modèle à suivre, faite d’innombrables donations pieuses à divers établissements religieux, de charité envers les pauvres et surtout de gestes considérés comme sacrés, telle que la guérison de certains lépreux : Robert est le premier souverain considéré comme thaumaturge. La fin de son règne révèle la relative faiblesse du souverain qui doit faire face à la révolte de son épouse Constance d'Arles puis de ses propres fils Henri et Robert entre 1025 et 1031.
L’historiographie se consacre depuis longtemps à l’époque de Robert le Pieux, l’an mil, et s’est attachée à décrire l’instauration de la paix de Dieu qui visait à canaliser les seigneurs et assurer la protection des biens de l’Église et des seigneuries. Par ailleurs, si, depuis Jules Michelet, les historiens ont longtemps avancé que le passage à l’an mil avait provoqué des peurs collectives de fin du monde, cette thèse a été réfutée par l'historien Georges Duby puis par Sylvain Gouguenheim, professeur d'histoire médiévale à l'École normale supérieure de Lyon. En fait, la fin du xe siècle et la première moitié du XIe siècle connaissent le début d’un changement économique et social avec l’augmentation de la productivité agricole et des capacités d’échanges permises par le développement de l’usage du denier d’argent. Dans le même temps, la fin des invasions et les continuelles guerres personnelles entraînent, à partir de 1020, la prolifération des châteaux privés, du haut desquels le droit de ban s’impose, ainsi que l’émergence de la chevalerie, nouvelle élite sociale qui tient son origine des cavaliers carolingiens.
Contrairement à son père Hugues Capet, nous avons conservé une littérature contemporaine de Robert le Pieux, exclusivement ecclésiastique, qui évoque la vie du roi. En premier lieu, il y a la biographie écrite par Helgaud de Fleury Epitoma vitae regis Roberti pii, v. 1033, abbé de Saint-Benoît-sur-Loire, qui n’est en réalité qu’un panégyrique voire une hagiographie du souverain. Autres sources exceptionnelles sont les Histoires v. 1026-1047 du moine bourguignon Raoul Glaber. Homme de haute culture, il est, par son réseau clunisien, très bien renseigné sur l’Occident tout entier. Raoul est de loin l’informateur le plus complet sur le règne de Robert le Pieux. Secondairement, il faut noter la traditionnelle Histoire de Richer de Reims et le poème que l’évêque Adalbéron de Laon, dit Ascelin, a adressé à Robert, décrivant ainsi la société de son temps.

Robertiens et Hugues Capet.L’unique héritier du duc des Francs

Comme pour son père Hugues Capet, on ne connaît ni la date, ni le lieu précis de la naissance de Robert, et cela bien que les historiens penchent fortement pour l’année 972 et pour Orléans, capitale du duché robertien depuis le ixe siècle. Le fils unique du duc des Francs, Hugues, et de sa femme, Adélaïde de Poitiers, se prénomme Robert comme son ancêtre héroïque Robert le Fort, qui est mort en combattant les Vikings en 866. Le reste de la progéniture royale est composé de trois sœurs : Gisèle, Edwige et Adélaïde.
Au Xe siècle, la famille des Robertiens est le clan aristocratique le plus puissant et le plus illustre du royaume de Francie. Durant les décennies précédentes, deux de ses membres sont déjà montés sur le trône, évinçant déjà la dynastie carolingienne : Eudes Ier 888 et Robert Ier 922. Le principat d’Hugues le Grand, duc des Francs et grand-père de Robert le Pieux, marque l’apogée des Robertiens jusqu’à sa mort en 956. Néanmoins à partir du milieu du xe siècle, Hugues Capet, qui lui a succédé à la tête du duché et malgré un rayonnement encore important, ne parvient pas à s’imposer comme son père.
La jeunesse de Robert est surtout marquée par les combats incessants du roi Lothaire pour récupérer la Lorraine, berceau de la famille carolingienne, aux dépens de l’empereur Otton II :
" Comme Otton possédait la Belgique la Lorraine et que Lothaire cherchait à s’en emparer, les deux rois tentèrent l’un contre l’autre des machinations très perfides et des coups de force, car tous les deux prétendaient que leur père l’avait possédée "
En août 978, le roi Lothaire lance à l'improviste un assaut général sur Aix-la-Chapelle où réside la famille impériale qui échappe de peu à la capture. Après avoir pillé le palais impérial et les alentours, il retourne en Francie en emportant les insignes de l'Empire. Au mois d'octobre suivant, pour se venger, Otton II réunit une armée forte de soixante mille hommes et envahit le royaume de Lothaire. Ce dernier, n'ayant que peu de troupes autour de lui, est contraint de se réfugier chez Hugues Capet, qui passe pour être le sauveur de la royauté carolingienne. La dynastie robertienne prend alors un virage qui bouleverse le destin du jeune Robert. L’évêque Adalbéron de Reims, à l’origine homme du roi Lothaire, se tourne de plus en plus vers la cour ottonienne pour laquelle il éprouve une grande sympathie.

Une éducation exemplaire

Denier anonyme attribuable à Reims et à l'archevêque Gerbert d'Aurillac ou à Arnoul, fin du Xe siècle.
Hugues comprend rapidement que son ascension ne peut se faire sans l’appui de l’archevêque de Reims. Lui-même illettré, ne maîtrisant pas le latin, il décide d’envoyer Robert, vers 984, non pas chez l’écolâtre Abbon de Fleury, près d’Orléans, mais chez Adalbéron afin qu’il le forme aux rudiments de la connaissance. En effet, à la fin du Xe siècle, Reims a la réputation d’être la plus prestigieuse école de tout l’Occident chrétien. Le prélat accueille volontiers Robert, qu’il confie à son secrétaire le fameux Gerbert d'Aurillac, l’un des hommes les plus instruits de son temps.
On suppose que pour suivre l’enseignement de Gerbert, le jeune garçon dut acquérir les bases du latin. Il enrichit ainsi ses connaissances en étudiant le trivium c’est-à-dire ce qui se réfère à la logique : grammaire, rhétorique et dialectique et le quadrivium c’est-à-dire les sciences : arithmétique, géométrie, musique et astronomie. Robert est l’un des rares laïcs de son temps à profiter de la même vision du monde que les clercs. Après environ deux années d’études à Reims, il regagne Orléans. Son niveau intellectuel s’est aussi développé dans le domaine musical, comme le reconnaît un autre grand lettré de son temps, Richer de Reims. D’après Helgaud de Fleury, à un âge inconnu de son adolescence, le jeune robertien tombe gravement malade, à tel point qu’Hugues et Adélaïde craignent pour sa vie. C’est alors que ses parents vont prier à l’église Sainte-Croix d’Orléans et offrent un crucifix d’or et un vase somptueux de 60 livres 30 kg en offrande. Robert guérit miraculeusement.
Sa pieuse mère l’envoya aux écoles de Reims et le confia au maître Gerbert, pour être élevé par lui et instruit suffisamment dans les doctrines libérales.

L’association de Robert au trône 987

Devenu roi des Francs, Hugues souhaite en finir avec l'alternance entre Carolingiens et Robertiens pour le trône de France. Eudes en 898 et Robert Ier en 923 ayant eu des Carolingiens pour successeurs. C’est ainsi, qu’il propose à Adalbéron l’association de Robert au trône. L’archevêque de Reims est hostile à cette proposition et selon Richer, il aurait répondu au roi, on n’a pas le droit de créer deux rois la même année. On pense que Gerbert d’Aurillac qui est lui-même proche de Borell II qui fut un temps son protecteur, serait alors venu au secours d’Hugues pour convaincre le prélat d’évoquer l’appel du comte Borell II, comte de Barcelone, demandant l’aide du nouveau roi pour lutter contre Al-Mansur. Si Hugues venait à mourir, qui lui succéderait ? Sous la contrainte, Adalbéron cède.
À la différence de celui d’Hugues Capet, le sacre de Robert est raconté précisément par Richer de Reims jour et lieu bien identifiés. Vêtu de pourpre tissé de fils d’or, comme le voulait la tradition, le jeune garçon de quinze ans est acclamé, couronné puis sacré par l’archevêque de Reims le 25 décembre 987 dans la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans. Le chroniqueur souligne que Robert est seulement roi des peuples de l’Ouest, depuis la Meuse jusqu’à l’Océan et non pas roi des Gaulois, des Aquitains, des Danois, des Goths, des Espagnols et des Gascons comme son père. Aussitôt associé, Hugues veut pour son fils une princesse royale mais l’interdiction d’épouser des personnes sous le seuil du troisième degré de parenté, l’oblige à chercher en Orient. Il fait rédiger une lettre de la plume de Gerbert qui demande au basileus, Basile II, la main de sa fille pour le jeune Robert. Aucune réponse ne parvient. Finalement, sous la pression de son père, Robert doit épouser, au printemps 988, Rozala d'Italie, trentenaire et veuve d’Arnoul II, comte de Flandre et fille de Bérenger II, roi d’Italie. Elle apporte à la royauté capétienne Montreuil, le Ponthieu et une possible tutelle sur la Flandre étant donné le jeune âge de son fils Baudouin IV.

Le corps épiscopal, premier soutien du roi Robert dirige les affaires religieuses

Sacré et marié, Robert collabore avec son père comme le prouve son signum au bas de certains actes d’Hugues Capet. À partir de 990, tous les actes ont sa souscription. Dans les actes écrits : Robert, roi très glorieux comme le souligne une charte pour Corbie avril 988 ou encore filii nostri Rotberti regis ac consortis regni nostri dans une charte pour Saint-Maur-des-Fossés juin 989. Fort de son instruction reçue de Gerbert d’Aurillac, sa tâche, dans un premier temps, est de présider les synodes épiscopaux :
"Il Robert assistait aux synodes les évêques pour discuter avec eux des affaires ecclésiastiques."
Contrairement aux derniers Carolingiens, les premiers Capétiens s’attachent un clan d’évêques au nord-est de Paris Amiens, Laon, Soissons, Châlons, etc. dont le soutien se montrera déterminant dans la suite des événements. Dans un de leurs diplômes, les deux rois apparaissent comme les intermédiaires entre les clercs et le peuple mediatores et plebis et sous la plume de Gerbert d’Aurillac, ils insistent sur cette nécessité de consilium :
…ne voulant en rien abuser de la puissance royale, nous décidons toutes les affaires de la res publica en recourant aux conseils et sentences de nos fidèles . Hugues et Robert ont besoin de l’appui de l’Église pour asseoir davantage leur légitimité et également parce que les contingents de cavaliers qui composent l’armée royale, proviennent en grande partie des évêchés. Robert apparaît déjà aux yeux de ses contemporains comme un souverain pieux d’où son surnom et proche de l’Église pour plusieurs raisons :
il s’adonne aux arts libéraux ;
il est présent aux synodes des évêques ;
Abbon de Fleury lui dédie spécialement sa collection canonique ;
Robert pardonne facilement à ses ennemis ;
les abbayes reçoivent de nombreux dons de sa part.
Charles de Lorraine s’empare de Laon 988-991
Justement, les deux rois, Hugues et Robert ont besoin de contingents envoyés par les évêchés puisque la cité de Laon vient d’être prise d’assaut par Charles de Lorraine, dernier prétendant carolingien au trône. Les souverains assiègent par deux fois la ville sans résultat22. Préoccupé par son échec laonnois, Hugues contacte plusieurs souverains afin d’obtenir leur aide le pape Jean XV, l’impératrice Théophano, mère du jeune Otton III), en vain. Après la mort d’Adalbéron de Reims, 24 janvier 989, Hugues Capet décide de faire élire comme nouvel archevêque le carolingien Arnoul, un fils illégitime du roi Lothaire, plutôt que Gerbert. On pense qu’il s’agit d’apaiser les partisans du carolingien, mais la situation se retourne contre les Capétiens puisque Arnoul livre Reims à Charles.
La situation se débloque grâce à la trahison d’Adalbéron Ascelin, évêque de Laon, qui s’empare de Charles et d’Arnoul pendant leur sommeil et les livre au roi : l’épiscopat sauve la royauté capétienne in extremis. S’en suit le concile de Saint-Basle de Verzy où Arnoul le traître est jugé par une assemblée présidée par Robert le Pieux juin 991. Malgré les protestations d’Abbon de Fleury, Arnoul est déposé. Quelques jours plus tard, Gerbert d’Aurillac est nommé archevêque de Reims avec l’appui de son ancien élève Robert. Le pape Jean XV n’accepte pas cette procédure et veut convoquer un nouveau concile à Aix-la-Chapelle, mais les évêques confirment leur décision à Chelles hiver 993-994.
Gerbert et Ascelin : deux figures de déloyauté
Lorsque son maître Adalbéron de Reims meurt, Gerbert est dans l’obligation de suivre les intrigues du nouvel archevêque Arnoul, décidé à livrer Reims à Charles de Lorraine. Bien que la documentation soit très lacunaire à ce sujet, il semblerait que l’écolâtre ait changé par la suite ses positions pour devenir le partisan de Charles :
"Le frère de Lothaire Auguste, héritier du trône, en a été expulsé. Ses concurrents, Hugues et Robert, beaucoup de gens le pensent, ont reçu l’intérim du règne. De quel droit l’héritier légitime a-t-il été déshérité ?"
Un doute en légitimité s’installe sur la couronne d’Hugues et de Robert. Ce même Gerbert, voyant la situation changer en défaveur de Charles de Lorraine, change de camp durant l’année 991. Devenu archevêque de Reims par la grâce du roi Robert il témoigne :
"De l’assentiment des deux princes Hugues et Robert, monseigneur Hugues Auguste et l’excellentissime roi Robert. "
Quant à Ascelin, l'évêque de Laon, après avoir servi la couronne en trahissant Charles et Arnoul, il se retourne contre elle. On sait qu’au printemps 993, il s’allie avec Eudes Ier de Blois afin de planifier la capture d’Hugues et de Robert en accord avec Otton III. Ainsi Louis le fils de Charles de Lorraine deviendrait roi des Francs, Eudes duc des Francs, et Ascelin évêque de Reims. L’intrigue est dénoncée et ce dernier est placé en résidence surveillée.

Les problèmes conjugaux Un amour pour Berthe de Bourgogne 996-1003

Après environ trois ou quatre années de mariage vers 991-992, le jeune Robert répudie Rozala ou Suzanne que son père l'avait forcé à épouser en dépit de l’âge déjà avancé de la mariée environ 35 ans. Elle est invitée à repartir dans ses domaines en Flandre rejoindre son fils Baudouin IV. En revanche, Robert a pris le soin de préserver la dot de Rozala, c’est-à-dire le port de Montreuil qui se révèle être un point stratégique sur la Manche. Les historiens pensent qu’à partir de cette période, Robert souhaite défier son père, il aimerait enfin régner seul. De plus, comment approuver une union qui n’a donné, au bout de plusieurs années, aucune progéniture ? C’est pour cette raison que le vieux Hugues et ses conseillers ne s’opposent pas à la procédure de divorce.
Le roi Robert, arrivé à l’âge de sa dix-neuvième année, dans la fleur de sa jeunesse, répudia, parce qu’elle était trop vieille, sa femme Suzanne, Italienne de nation.
Homme seul, Robert recherche une conjointe qui lui donnerait la progéniture mâle tant espérée. Au début de l’an 996, probablement au cours de la campagne militaire contre Eudes de Blois, il rencontre la comtesse Berthe de Bourgogne, épouse de ce dernier. Elle est la fille du roi de Bourgogne Conrad III et de Mathilde, fille de Louis IV d’Outremer. Robert et Berthe sont attirés l’un vers l’autre, malgré l’hostilité du roi Hugues, la maison de Blois est le grand ennemi des Capétiens. Pourtant, Robert y voit outre son intérêt sentimental, également un gain territorial puisque Berthe apporterait l’ensemble des territoires blésois. Or, en 996, Eudes de Blois décède en mars puis Hugues Capet en octobre : le mariage peut avoir lieu.
D'après Michel Rouche, cette alliance est assez politique : desserrer l'étau menaçant la maison et son fief l'Île-de-France, vraisemblablement selon la volonté de la reine Adélaïde de Poitiers. En effet, les territoires d'Eudes se composent de Blois, de Chartres, de Melun ainsi que de Meaux. De plus, le couple attend juste les neuf mois réglementaires fixés par la loi, après la mort d'Eudes. Il est donc évident qu'un autre objectif est avoir des enfants légitimes.
Cependant deux détails s’opposent à cette union. D'une part, Robert et Berthe sont cousins au troisième degré. D'autre part, celui-ci est le parrain de Thibaud, un des fils de Berthe. Selon le droit canon, le mariage est alors impossible. Les deux amants ont des relations physiques et Robert met sous tutelle une partie du comté de Blois. Il reprend à son compte la cité de Tours et Langeais à Foulques Nerra, rompant ainsi l’alliance angevine, fidèle soutien du feu roi Hugues Capet. En ce début de règne, les rapports d’alliance s’inversent.
« Berthe, l’épouse d’Eudes, prit le roi Robert pour défenseur de ses affaires et pour avoir
Le couple trouve rapidement des évêques complaisants pour les marier, ce qui est fait vers novembre-décembre 996 par Archambaud de Sully, archevêque de Tours, au grand dam du nouveau pape Grégoire V. Pour plaire à l’autorité pontificale, le jeune souverain annule la sentence du concile de Saint-Basle, libère l’archevêque Arnoul et le restaure sur le siège épiscopal de Reims. Gerbert d’Aurillac doit alors se réfugier auprès de l’empereur Otton III en 997. Le pape rappelle à l’ordre Robert et Berthe pour union incestueuse. Enfin, deux conciles réunis d’abord à Pavie février 997 puis à Rome en été 998 les condamnent à faire pénitence pendant sept années, et en cas de non-séparation, ils seraient frappés d’excommunication. Mais au bout de 5 ans d’union, il n’y pas de descendance : Berthe et Robert qui sont consanguins n’ont eu qu’un enfant mort-né. L’accession de Gerbert d'Aurillac au pontificat sous le nom de Sylvestre II n’y change rien. En 999, à la suite d'un synode, le pape accepta la condamnation du roi de France dont il avait eu à subir la perfidie. Finalement, les sept ans de pénitence sont acomplis vers 1003.
Ils vinrent au siège apostolique et après avoir reçu satisfaction pour leur pénitence, ils revinrent chez eux, Postea ad sedem apostolicam venientes, cum satisfactione suscepta peitentia, redierunt ad propria
Sans enfant, Robert II la quitte finalement avant d'épouser Constance d'Arles.

Constance d'Arles, une reine à poigne 1003-1032

Constance d’Arles, nouvelle reine des Francs, une forte personnalité du XIe siècle. Gravure de la fin du xixe siècle.
Le roi ne divorce pas de Berthe, l’union n’ayant pas été reconnue par l’Église, cette opération se révèle inutile. Il se marie une troisième fois vers 1003-1004 avec une princesse lointaine qu’il n’a jamais rencontrée pour éviter toute parenté. Âgée de 17 ans, Constance d'Arles vient de Provence. Elle est de sang noble, étant la fille de Guillaume Ier, comte de Provence et Arles et d’Adélaïde-Blanche d’Anjou. Cette famille provençale s’est illustrée au Xe siècle puisque Guillaume surnommé le Libérateur Avait repoussé définitivement les Sarrasins à La Garde-Freinet 972 et sa mère Adélaïde avait été un temps reine des Francs lors de son mariage éphémère avec le Carolingien Louis V de 982 à 984. Surtout, la famille d’Arles est apparentée à la maison d’Anjou avec laquelle l’alliance est ainsi rétablie.

Mais Constance est une maîtresse-femme qui ne rend pas le roi heureux. La personnalité de la reine donne lieu de la part des chroniqueurs à des commentaires défavorables : vaniteuse, avare, arrogante, vindicative. Les remarques misogynes, de la part de moines, surtout envers une reine sont tout à fait exceptionnels au XIe siècle. D’autre part, on sait aussi que les Méridionaux venus à la cour avec Constance sont méprisés par les Francs et exclus. Lors de la rencontre entre les deux camps au tout début du xie siècle, les contemporains font référence à un véritable choc culturel. Raoul Glaber souligne, par exemple, que les ecclésiastiques francs les plus conservateurs méprisent la mode provençale qui suggère la nouveauté et donc le désordre. En général, les Provençaux de l’an mil ne portent pas la barbe ou la moustache on peut les confondre avec les femmes et les laïcs ont les cheveux rasés coiffe réservée aux clercs. Tout ceci expliquerait-il le comportement de la reine ?
Si on en croit Helgaud de Fleury, le roi lui-même craint sa femme :
"Ami Ogier, va-t-en d’ici pour que Constance, mon épouse, l’inconstante ne te dévore pas ! "
Le seul point positif est que Constance lui donne une progéniture nombreuse :
Alix de France v. 1003-apr. 1063, mariée à Renaud Ier comte de Nevers et d’Auxerre.
Hugues de France v. 1007-1025, associé à son père, mais qui meurt prématurément.
Henri Ier v. 1008-1060, roi des Francs.
Adèle de France ou Adélaïde v. 1009-1079, épouse Richard III de Normandie puis Baudouin V de Flandre.
Robert de France v. 1011-1076, duc de Bourgogne.
Eudes v. 1013-v. 1057/1059, considéré comme imbécile et incapable de régner selon la chronique terminée en 1138 de Pierre, fils de Béchin, chanoine de Saint-Martin-de-Tours.
Au cours du règne de Robert le Pieux, Constance se place souvent au centre des intrigues afin de préserver une place singulière à la cour franque. Raoul Glaber souligne justement que la souveraine a la haute main sur son mari. Pour les contemporains, une femme qui dirige c’est le monde à l’envers. Tout commence au début de l’an 1008, un jour où le roi et son fidèle Hugues de Beauvais chassent en forêt d’Orléans. Soudain, douze hommes en armes surgissent et se jettent sur Hugues avant de le trucider sous les yeux du roi. Le crime a été commandé par Foulques Nerra et sûrement soutenu par la reine. Robert, excédé par son épouse au bout de six ou sept années de mariage, se rend personnellement auprès du pape ; il est accompagné de Angilramme un moine de Saint-Riquier et de Berthe de Bourgogne vers 1009-1010. Son dessein est bien entendu de faire annuler le mariage avec Constance. Odorannus, un moine de Saint-Pierre-le-Vif à Sens, explique dans ses écrits que, de son côté en l’absence de son mari, Constance l’attend attristée dans son domaine de Theil. Selon lui, saint Savinien lui serait apparu et trois jours plus tard Robert était de retour, délaissant définitivement Berthe.
Les problèmes ne s’arrêtent pas pour autant. À la suite de la victoire de Eudes II de Blois sur Foulques Nerra à Pontlevoy 1016, Raoul Glaber raconte que le jour de la Pentecôte 1017 à Saint-Corneille de Compiègne, Constance et son clan angevin imposent l’association d’Hugues, le fils aîné, contre l’avis des princes territoriaux. Ainsi, en cas de trépas du roi Robert, Constance assurerait la régence du royaume. En outre, on ne donne aucun pouvoir à Hugues qui est sans cesse humilié par sa mère avant de mourir prématurément en 1025. La reine s’oppose alors au sacre de son deuxième fils, Henri, qu’elle n’aime guère au profit de son cadet Robert. Mais la cérémonie a lieu à Reims à la Pentecôte 1027.

Les conquêtes territoriales


Le roi Robert mène une politique claire : récupérer à son profit la fonction comtale, soit en se l’appropriant soit en la cédant à un évêque ami, ainsi que l’ont fait les Ottoniens, la dynastie la plus puissante d’Occident à l’époque.
La victoire la plus éclatante de Robert reste l’acquisition du duché de Bourgogne.
Le duc de Bourgogne Henri Ier meurt en octobre 1002, sans héritier légitime. Son beau-fils Otte-Guillaume, comte de Mâcon et comte de Bourgogne la future Franche-Comté et issu du premier mariage de Gerberge de Chalon avec Aubert d’Italie, avait, selon la Chronique de Saint-Bénigne, été désigné comme l’héritier du duché, et l’appui de nombreux seigneurs bourguignons lui était assuré, mais il se soucie plus de ses terres d’Outre-Saône et son intérêt se porte aussi vers l’Italie dont il est issu. Le duché de Bourgogne, acquis en 943, par Hugues le Grand, père d’Henri, fait partie des possessions familiales robertiennes. De plus, la Bourgogne est un enjeu de taille puisqu’elle regorge de riches cités Dijon, Auxerre, Langres, Sens….
Une rivalité entre Hugues Ier de Chalon, évêque d’Auxerre, partisan du roi Robert et Landry, comte de Nevers, gendre et allié naturel d’Otte-Guillaume qui avait des droits à Auxerre, déclenche l’intervention armée du roi Robert.
Ce dernieR, rejoint par Richard II de Normandie, rassemble ses troupes au printemps 1003 et les engage en Bourgogne mais elles échouent devant Auxerre et Saint-Germain d’Auxerre. En 1005, Robert et ses hommes sont de retour. Ils prennent Avallon après quelques jours de combats, puis Auxerre. Un arrangement avait déjà dû intervenir entre le roi et Otte-Guillaume qui se trouve auprès du roi lors du siège d’Avallon. Sous la médiation duc-évêque Hugues de Chalon, le comte Landry se réconcilie avec le roi en renonçant aux comtés d’Avallon et d’Auxerre. À l’issue des accords de 1005-1006, Otte-Guillaume avait renoncé au titre ducal et l’ensemble des possessions du feu duc Henri reviennent à la Couronne, exceptée la cité de Dijon, toujours en possession de Brun de Roucy l’irréductible évêque de Langres qui ne voulait à aucun prix laisser Robert s’y installer.
À Sens, une lutte s’instaure entre le comte Fromond et l’archevêque Léotheric pour le contrôle de la cité. Léotheric, qui est un proche du roi, est furieux du comportement du comte qui a fait construire une puissante tour de défense. En 1012, Rainard succède à son père Fromond et la situation empire d’autant que l’évêque de Langres, Brunon de Roucy, ennemi du roi Robert, est l’oncle maternel de Rainard. L’archevêque de Sens, isolé, fait appel au roi. Ce dernier souhaite intervenir pour plusieurs raisons : Sens est une des principales cités archiépiscopales du royaume, c’est également un passage obligé pour se rendre en Bourgogne et enfin la possession du comté sénonais permettrait à Robert de couper les possessions de Eudes II de Blois en deux. Le comte est excommunié et subit l’attaque du roi qui s’empare de Sens le 22 avril 1015. Rainard, qui s’est entre temps allié à Eudes de Blois, propose un compromis à Robert : il continue d’exercer sa charge comtale et à sa mort le territoire reviendra à la Couronne. Rainard meurt 40 ans plus tard mais Robert a réussi à placer Sens sous son contrôle.
Sitôt l’affaire sénonaise terminée, Robert part pour Dijon achever sa conquête bourguignonne. Selon la chronique de Saint-Bénigne de Dijon, Odilon de Cluny serait intervenu et le roi, ému, aurait renoncé à l’assaut. L’évêque de Langres Brunon de Roucy meurt à la fin du mois de janvier 1016. Les troupes royales rentrent dans Dijon quelques jours plus tard et Robert installe l’évêque Lambert de Vignory sur le siège de Langres qui lui cède Dijon et son comté59. Après une quinzaine d’années de campagnes militaires et diplomatiques, le roi rentre en possession du duché bourguignon.
Le jeune Henri, son fils cadet, reçoit le titre ducal mais compte tenu de son jeune âge, Robert en garde le gouvernement et s'y rend régulièrement. La mort en 1027 d’Hugues, le frère aîné d’Henri, fait de ce dernier l’héritier de la couronne royale ; le duché revient au cadet Robert, désigné aussi Robert le Vieux, dont la descendance bourguignonne régnera jusqu’au milieu du xive siècle. Le terres d’Outre-Saône du royaume de Bourgogne, le comté de Bourgogne, suivent les destinées de l’Empire.
Lorsque vers 1007, Bouchard de Vendôme l’ancien fidèle d’Hugues Capet meurt, le comté de Paris qu’il détenait n’est pas attribué à son fils Renaud. Lorsque ce dernier meurt à son tour 1017, le roi s’approprie son comté de Melun et le comté de Dreux. À Bourges, l’archevêque Daibert décède en 1012. Robert nomme lui-même son remplaçant, Gauzlin, ancien abbé de Fleury. Mais le vicomte de cette même cité, Geoffroi, tente d’intervenir personnellement dans le choix du successeur de Daibert et empêche le nouvel archevêque d’accéder à son siège : le pape Benoît VIII, Odilon de Cluny et Robert le Pieux doivent intervenir pour que Gauzlin puisse œuvrer.

L’affaire des hérétiques d’Orléans 1022Hérésie d'Orléans.

L’an mil constitue le réveil de l’hérésie. Au cours du haut Moyen Âge, on n’avait pas connu de persécutions de ce type. Le XIe siècle inaugure une série de bûchers hérétiques en Occident : Orléans 1022, Milan 1027, Cambrai 1078. En ce qui concerne le roi Robert, l’affaire des hérétiques d’Orléans constitue un élément fondamental de son règne et a, à l’époque, un retentissement sans précédent.
D’où viennent ces hérétiques ? La nature des événements nous est contée par des sources exclusivement ecclésiastiques : Raoul Glaber, Adémar de Chabannes, André de Fleury, Jean de Ripoll et Paul de Chartres. L’an mil prolonge l’idée d’un siècle corrompu où la richesse du clergé contraste terriblement avec l’humilité prônée par Jésus Christ. Certains clercs remettent en cause ce système et désirent purifier la société chrétienne. Le débat n’est pas nouveau, déjà au IXe siècle, il y avait eu des controverses entre lettrés à propos de l’eucharistie, le culte des saints… mais en 1022, c’est d’une autre nature.
Raoul Glaber fait le récit du paysan Leutard de Vertus Champagne qui, vers 994, décide de renvoyer son épouse, de détruire le crucifix de son église locale et de prêcher aux villageois le refus d’acquitter les dîmes avec comme prétexte la lecture des saintes Écritures. L’évêque de son diocèse, Gibuin Ier de Châlons, le convoque, argumente avec lui devant la population et le convainc de sa folie hérétique. Abandonné de tous, Leutard se suicide. D’autres hérétiques connaissent au cours du siècle la mésaventure de Leutard, c’est-à-dire se ridiculiser sur des questions intellectuelles, face à des savants de sorte que leur message ne vaut plus rien et soit discrédité aux yeux des simples mortels64. Adémar de Chabannes quant à lui signale, vers 1015-1020, l’apparition de manichéens en Aquitaine, surtout dans les cités de Toulouse et de Limoges.
Les thèmes communs des hérétiques sont le renoncement à la copulation charnelle, la destruction des images, l’inutilité de l’Église et la répudiation des sacrements en particulier le baptême et le mariage. Étonné par cette vague de contestations, Raoul Glaber évoque dans ses écrits que Satan a été libéré après mille ans selon l’Apocalypse et qu’il a dû inspirer tous ces hérétiques depuis Leutard jusqu’aux Orléanais. Un autre contemporain du temps s’exprime :
"Ils les hérétiques prétendaient qu’ils avaient foi en la Trinité dans l’unité divine et en l’Incarnation du Fils de Dieu mais c’était mensonge car ils disaient que les baptisés ne peuvent pas recevoir le Saint-Esprit dans le baptême et que après un péché mortel, nul ne peut en aucune façon recevoir le pardon. "
Pour les chroniqueurs, l’hérésie orléanaise provient tantôt d’un paysan périgourdin Adémar de Chabannes tantôt d’une femme de Ravennes Raoul Glaber. Mais surtout, le plus inadmissible c’est que le mal touche Orléans, la cité royale et la cathédrale Sainte-Croix, là où Robert a été baptisé et sacré il y a quelques décennies. Des chanoines proches du pouvoir avaient été endoctrinés par l’hérésie : Théodat, Herbert maître de la collégiale de Saint-Pierre-le Puellier, Foucher et surtout Étienne confesseur de la reine Constance et Lisoie chantre de Sainte-Croix entre autres. Le roi Robert est averti par Richard de Normandie et le jour de Noël 1022, les hérétiques sont arrêtés et interrogés pendant de longues heures. Raoul Glaber rapporte qu’ils reconnaissaient appartenir à la secte depuis longtemps et que leur dessein étaient de convaincre la cour royale de leurs croyances refus des sacrements, interdits alimentaires, sur la virginité de la Vierge Marie et sur la Trinité. Ces détails sont sûrement vrais, par contre, c’est abusivement que Raoul Glaber et les autres chroniqueurs diabolisent à l’envi les réunions du cercle orléanais : ils les soupçonnent de pratiquer des orgies sexuelles, d’adorer le diable, de crimes rituels. Ces reproches sont ceux qu’on faisait aux premiers chrétiens durant l’Antiquité tardive.
"À cette époque, dix des chanoines de Sainte-Croix d’Orléans, qui semblaient plus pieux que les autres, furent convaincus d’être manichéens. Le roi Robert, devant leur refus de revenir à la foi, les fit d’abord dépouiller de leur dignité sacerdotale, puis expulser de l’Église, enfin livrer aux flammes."
D’après la légende, Étienne, le confesseur de Constance, aurait reçu un coup de canne d’elle qui lui aurait crevé un œil. Le roi Robert fait dresser à l’extérieur de la cité un immense bûcher le 28 décembre 1022. Espérant les effrayer, le roi est surpris de leur réaction :
"Sûrs d’eux-mêmes, ils ne craignaient rien du feu ; ils annonçaient qu’ils sortiraient indemnes des flammes, et en riant ils se laissèrent attacher au milieu du bûcher. Bientôt ils furent totalement réduits en cendres et l’on ne retrouva même pas un débris de leurs os. "
Cet acharnement surprend les contemporains et encore les historiens modernes. Les différents chroniqueurs, bien qu’ils soient horrifiés par les pratiques des hérétiques, ne commentent à aucun moment la sentence et Helgaud de Fleury passe même l’épisode sous silence. À croire que l’histoire des hérétiques d’Orléans entacherait sa réputation de saint ? En tout cas l’événement fait tellement de bruit dans le royaume qu’il aurait été perçu jusqu’en Catalogne à en croire une lettre du moine Jean à son abbé Oliba de Ripoll : Si vous en avez entendu parler ce fut bien vrai dit-il. Pour les historiens, cet épisode ferait référence à un règlement de compte. En 1016, Robert avait imposé sur la chaire épiscopale d’Orléans un de ses proches, Thierry II, aux dépens de Oudry de Broyes, le candidat d’Eudes II de Blois. Or, l’affaire, à laquelle il est peut-être mêlé, éclate sous son épiscopat. Pour se laver de toute responsabilité, le roi Robert aurait souhaité liquider violemment les imposteurs.

Fin de règne

Le dernier grand événement du règne de Robert le Pieux est l’association au trône de son second fils, Henri. Encore une fois, il doit supporter les arguments de la reine Constance qui souhaite imposer son fils cadet, Robert. Dans l’entourage royal, le prince Henri est considéré comme trop efféminé, ce qui est contraire au principe masculin de la virtus. Favorables à l’élection du meilleur, l’épiscopat et de nombreux princes territoriaux montrent leur refus. Néanmoins le roi, soutenu par quelques personnalités Eudes II de Blois, Odilon de Cluny, Guillaume de Volpiano, tient bon et Henri est finalement sacré le jour de la Pentecôte 1027 à Reims par l’archevêque Ebles de Roucy. Robert entérine définitivement l’association royale établie par le souverain en place. Les plus grands du royaume ont fait le déplacement : Eudes de Blois, Guillaume V d'Aquitaine, Richard III de Normandie. D’après le chroniqueur Hildegaire de Poitiers, la cérémonie une fois finie, Constance se serait enfuie à cheval folle de rage. Après quarante années de règne, une agitation politique pointe dans le royaume. En Normandie, le nouveau duc Robert le Magnifique expulse son oncle Robert, archevêque de Rouen v. 1027-1029. Le souverain doit arbitrer le conflit et tout rentre dans l'ordre. Même type de scénario en Flandre où le jeune Baudouin, désireux de pouvoir, se soulève contre son père Baudouin IV en vain. De son côté, Eudes II de Blois enrôle à son profit le nouveau souverain Henri dans sa lutte contre Foulques Nerra. Ces campagnes sont sans suite 1027-1028. Âgé de plus de 55 ans, un âge auquel dans la tradition de l’époque on doit s’effacer du pouvoir, le roi Robert est toujours sur son trône. Il doit essuyer plusieurs révoltes de la part de ses fils Henri et Robert, probablement intriguées par la reine Constance 1030. Robert et Constance doivent s’enfuir en Bourgogne où ils rassemblent leurs forces auprès de leur gendre, le comte de Nevers, Renaud er, l’époux de leur première fille Alix. De retour dans leur domaine, la paix est rétablie avec les membres de la famille royale.
Robert le Pieux décède finalement au cours de l’été 1031, à sa résidence de Melun, d’une fièvre accablante dit-on :
Quelques jours auparavant, le 29 juin, selon Helgaud de Fleury, une éclipse de soleil était venue annoncer un mauvais présage :
"Quelque temps avant sa très-sainte mort, qui arriva le 20 juillet, le jour de la mort des saints apôtres Pierre et Paul, le soleil, semblable au dernier quartier de la lune, voila ses rayons à tout le monde, et parut à la sixième heure du jour, pâlissant au-dessus de la tête des hommes, dont la vue fut obscurcie de telle sorte, qu’ils demeurèrent sans se reconnaître jusqu’à ce que le moment d’y voir fut revenu."
Très apprécié par les moines de Saint-Denis, le roi défunt est transporté en hâte de Melun jusqu’à l’abbaye où repose déjà son père, devant l’autel de la Sainte-Trinité. Les bénéfices que le souverain a offerts à l’abbaye sont énormes. Lorsqu’ils rédigent leur chronique, les moines affirment qu’au moment de sa mort, les rivières ont débordé renversant des maisons et emportant des enfants, une comète est passée dans le ciel et une famine a touché le royaume pendant près de deux années. Lorsqu’il achève sa biographie vers 1033, Helgaud s’étonne que le tombeau du pieux Robert ne soit encore recouvert que d’une simple dalle et d’aucun ornement. Au milieu du XIIIe siècle, saint Louis fait sculpter de nouveaux gisants pour tous les membres de la famille royale.
Lorsqu’il apprend la nouvelle de la mort de son père, Henri Ier monte sur le trône pour un règne de trente années.

Bilan du règne de Robert le Pieux Le roi de l’an mil An mil.Les fausses terreurs

Les Terreurs ou Peurs de l’an mil sont un mythe du XVIe siècle, façonné sur la base d’une chronologie de Sigebert de Gembloux XIIe s., avant d’être repris par les historiens romantiques du XIXe siècle dont Jules Michelet. Il s’agissait d’expliquer que les chrétiens occidentaux étaient terrifiés par le passage de l’an mil à la suite duquel Satan pourrait surgir de l’Abîme et provoquer la fin du monde. Le christianisme est une religion eschatologique à travers laquelle les hommes doivent se comporter idéalement durant la vie terrestre pour espérer avoir leur Salut éternel avant quoi ils seront tous soumis au Jugement dernier. Cette croyance est très présente tout au long du Moyen Âge est en particulier aux Xe et XIe siècles, période durant laquelle l’Église est encore très ritualisée et sacrée. Néanmoins, il ne faut pas confondre l’eschatologie et le millénarisme : c’est-à-dire craindre la fin du monde après les mille années de l’incarnation du Christ. Pourquoi ?
Tout part de l’Apocalypse selon Jean qui, à l’origine, menace du retour de Satan mille ans après l’incarnation du Christ :
"Puis je vis un Ange descendre du ciel ayant en main la clé de l’Abîme ainsi qu’une énorme chaîne. Il maîtrisa le Dragon et l’antique Serpent Satan et l’enchaîna pour mille années. Il le jeta dans l’Abîme tira sur lui les verrous, apposa les scellés afin qu’il cessât de fourvoyer les nations jusqu’à l’achèvement de mille années. Après quoi il doit être relâché pour un peu de temps. "
Déjà au Ve siècle, saint Augustin interprète le millénarisme comme une allégorie spirituelle à travers laquelle le nombre mille ne signifie finalement qu’une longue durée non déterminée numériquement Cité de Dieu. Quelques années plus tard, le concile d'Éphèse 431 décide de condamner officiellement la conception littérale du millénium. À partir de la fin du Xe siècle, l’intérêt que portent les clercs pour l’Apocalypse est marqué par la diffusion de Commentaires à travers tout l’Occident Apocalypse de Valladolid, de Saint-Saver…. Cependant, l’Église maîtrise le mouvement millénariste.
Ce sont les analyses des sources, exclusivement ecclésiastiques, qui peuvent provoquer des contre-sens. L’énormité des péchés accumulés depuis des siècles par les hommes », soulignent les chroniqueurs, laisse croire que le monde court à sa perte, que le temps de la fin est venue. L’un d’eux, Raoul Glaber, est encore une fois l'une des rares sources sur la période. Il rédige ses Histoires vers 1045-1048, soit une quinzaine d’années après le millénaire de la Passion 1033 :
"On croyait que l’ordonnance des saisons et des éléments, qui avait régné depuis le commencement sur les siècles passés, était retournée pour toujours au chaos et que c’était la fin du genre humain."
En fait, le moine bourguignon décrit la situation plusieurs années après dans une dimension encore une fois eschatologique fidèle à l’Apocalypse. Celle-ci a pour but d’interpréter l’action de Dieu les prodiges qui doit être vue comme des avertissements envers les hommes pour que ces derniers fassent acte de pénitence. Ces signes sont attentivement relevés par les clercs. D’abord les incendies cathédrale Sainte-Croix d’Orléans en 989, les faubourgs de Tours en 997, Notre-Dame de Chartres en 1020, l’abbaye de Fleury en 1026..., les dérèglements de la nature séisme, sécheresse, comète, famine, l’invasion des Païens les Sarrasins vainqueurs de Otton II en 982 et enfin la prolifération d’hérétiques conduits par des femmes et des paysans Orléans en 1022, Milan en 1027. Il ajoute :
" Ces signes concordent avec la prophétie de Jean, selon laquelle Satan sera déchaîné après mille ans accomplis."
D’autre part, il faut savoir qu’autour de l’an mil, seule une infime partie de la population, l’élite ecclésiastique de Francie est capable de calculer l’année en cours à des fins liturgiques ou juridiques dater les chartes royales. Ceux qui peuvent déterminer précisément la date conçoivent un millénaire dédoublé : 1000 pour l’Incarnation et 1033 pour la Passion du Christ. De plus, bien que l’ère chrétienne soit mise en place depuis le vie siècle, son emploi ne se généralise qu’à partir de la seconde moitié du XIe siècle : en bref, les hommes ne se repèrent pas dans la durée par les années. La vie est alors rythmée par les saisons, les prières quotidiennes et surtout les grandes fêtes du calendrier religieux : d’ailleurs l’année ne commence pas partout à la même date Noël en Angleterre, Pâques en Francie….
En outre, rien dans ces écrits prouvent qu’il y ait bien eu des terreurs collectives. D’ailleurs, vers 960 à la demande de Gerberge de Saxe, l’abbé de Montier-en-Der Adson rédige un traité De la naissance de l’époque de l’Antéchrist dans lequel il rassemble un dossier de ce que les saintes Écritures disent de l’Antéchrist. Il en conclut que la fin des temps ne surviendrait pas avant que les royaumes du monde soient séparés de l’Empire. Chez Abbon de Fleury, le passage au IIe millénaire n’est pas passé inaperçu, puisque vers 998 il adresse un plaidoyer à Hugues Capet et son fils Robert. Il accuse ainsi un clerc qui, lorsqu’il était étudiant, revendiquait la fin du monde au tournant de l’an mil. Ainsi, même les grands savants du Xe siècle sont anti-millénaristes.
"On m’a appris que dans l’année 994, des prêtres dans Paris annonçaient la fin du monde. Ce sont des fous. Il n’y a qu’à ouvrir le texte sacré, la Bible, pour voir qu’on ne saura ni le jour ni l’heure. "
Depuis Edgar Pognon, les historiens modernes ont bien montré que ces grandes Terreurs populaires n’ont jamais existé. Cependant, au cours des années 1970, une nouvelle explication s’est imposée. Georges Duby explique ainsi qu’aucune panique populaire ne s’est manifestée autour de l’an mil mais qu’en revanche on peut déceler une certaine inquiétude diffuse et permanente dans l’Occident de cette époque. Il y a probablement, à la fin du xe siècle, des personnes concernées par l’approche de l’an mil et qui ont quelques inquiétudes. Mais elles furent très minoritaires, puisque les gens les plus instruits comme Abbon de Fleury, Raoul Glaber ou Adson de Montierender n’y croyaient pas. Sylvain Gougenheim et Dominique Barthélemy combattent alors avec force la thèse de G. Duby de l’inquiétude diffuse. Pour eux, si la fin des temps avait été martelée par l’Église, celle-ci aurait probablement pu perdre son pouvoir et sa légitimité. La vraie seule inquiétude, à toutes les époques, c’est le Salut.

La mutation féodale Féodalité et Motte castrale.

La féodalité est un terme complexe dont l’étude historique est quelquefois délicate. C’est un ensemble d’institutions et de relations concernant toute la société, dite alors "féodale". Les historiens médiévistes modernes ne sont pas d’accord sur la chronologie et la diffusion de cette féodalité.

La juridiction carolingienne IXe siècle-vers 1020

Au cours du haut Moyen Âge, un certain lien féodal existe déjà puisque certains puissants cèdent un bénéfice beneficium à leurs fidèles souvent une terre. Pourtant la société est encore dominée par un servage latent qui se rencontre dans la justice : seuls les hommes libres ont le droit d’y accéder ; les non-libres sont châtiés corporellement et défendus par leur maître. Le roi et le prince du Xe siècle se servent encore du pouvoir judiciaire, pour défendre leurs biens et leurs droits, en infligeant aux condamnés l’hériban taxe de 60 sous à ceux qui refusent de servir l’ost et en confisquant les biens de ceux qui les ont offensés.
À partir des années 920, l’autorité publique commence à se concentrer en plusieurs points routes, cités, sites défensifs…. Les alliances matrimoniales unissent les enfants royaux et comtaux depuis le ixe siècle : les dynasties princières se mettent en place, ce qui fait dire à Adalbéron de Laon :
"Les lignées de nobles descendent du sang des rois."
Déjà les textes font référence à un serment de fidélité : le baiser osculum est généralement perçu comme un geste de paix entre parentés ou entre alliés. D’autre part, l’hommage commandatio est vu comme un geste humiliant et il semblerait que peu de comtes en fassent allégeance au roi. Du côté des humbles, la fidélité peut être également d’ordre servile, comme le montre la pratique ancienne du versement du chevage, qui devient au cours du IXe siècle une sorte d' hommage servile. Cela fait dire à D. Barthélemy, à l’inverse de G. Duby et P. Bonnassie, que le haut Moyen Âge est le témoin d’un binôme : l’affranchissement et l’hommage servile. Cela montrerait que la servitude est de moins en moins ancrée dans la société.
Affligés de nombreuses charges, les comtes délèguent une partie de leur pouvoir judiciaire à certains de leurs gardiens de châteaux, les castellani châtelains. Ces derniers reçoivent soit au château pour les plus aisés soit à la vicaria ou viguerie, une assemblée judiciaire réservée aux plus humbles.

Constitution des châtellenies vers 1020-1040

Entre 980 et 1030, explique Georges Duby, le pagus du haut Moyen Âge s’est progressivement transformé en un territoire centré sur sa forteresse publique, devenue rapidement le point d’attache de nombreuses familles aristocratiques. Sur l’ensemble du royaume, un certain nombre de castra châteaux privés et publics en bois se construisent très rapidement sur une motte castrale artificielle ou non contre l’autorité publique, il y a une véritable prolifération après 1020. La motte n’est pas toujours la résidence principale mais un point par lequel s’affirme la légitimité du pouvoir seigneurial.
On assiste également à certains changements d’ordre juridique. Les châtelains prennent à leur compte la justice publique qu’ils privatisent et qu’ils rendent héréditaire. C’est ce que certains historiens appellent le choc châtelain, y voyant ainsi une véritable révolution sociale. Aux marges du domaine royal de Robert le Pieux, les forestiers du roi par exemple Guillaume de Montfort dirigent à Montlhéry ou à Montfort-l'Amaury leur forteresse, dont ils étaient les gardiens, vers 1020-1030. Pour faire régner l’ordre sur le territoire qui constitue leur ressort juridique districtus, ils embauchent, à leur tour, des milites chevaliers, des hommes qui se battent à cheval, qui proviennent de catégories sociales différentes cadets de familles nobles, alleutiers riches, certains possèdent des terres, quelques serfs mais qui n’ont pas la responsabilité de chef. La pyramide féodale est ainsi presque achevée :
La pyramide féodale vers 1030, Roi Comte Châtelain ou sire Chevalier de village Humble
Le premier de ses pairs responsable du royaume, de la guerre et de la paix. Prince territorial de sang royal, à l’origine auxiliaire du roi, il est devenu indépendant au IXe siècle responsable du comté. Cadet du comte, à l’origine auxiliaire de celui-ci, il est devenu indépendant au xie siècle responsable de la châtellenie. Combattant à cheval et auxiliaire du châtelain, il est chargé de maintenir le droit du ban à l’échelle locale responsable d’une seigneurie. Il dépend d’un seigneur foncier, à qui il paye une redevance fixe cens pour sa tenure, et d’un seigneur du ban, à qui il paye des redevances arbitraires pour utiliser les outils vitaux moulin, pressoir, four....
Le nouveau détenteur accumule une force accrue et il légitime son nouveau pouvoir en avançant sa noblesse de sang. L’ensemble des pouvoirs publics deviennent désormais privés : c’est le bannum. Il semblerait même que certains d’entre eux se soient en partie détournés des comtes. Ainsi, dans sa thèse, Georges Duby montre qu’entre 980 et 1030, les châtelains désertent le plaid du comte de Mâcon, s’approprient la vicaria et finissent par concentrer tout le pouvoir local. Cette situation n’est cependant pas générale et on assiste à des hommages par les mains jointes du vassal à son seigneur, au développement de l’aide vassalique qui se précise dans les textesfidélité, appui et conseil militaires…. Enfin, le bénéfice devient le fief feodum et l’alleu devient de plus en plus rare.

La mise en place de la seigneurie banale

L’objectif de ces châtelains n’est pas d’obtenir une pleine indépendance politique envers le comte mais plutôt de s’assurer des droits de commandement solides sur la paysannerie. Ainsi, vers 1030 dans le comté de Provence, on les voit obliger les alleutiers à entrer dans leur dépendance en échange d’un bien foncier ou d’une rémunération monétaire.
Une des caractéristiques de l’époque féodale, c’est la prolifération de ce que les textes appellent les mals usos les mauvaises coutumes. Sous le règne de Charles le Chauve, l’édit de Pîtres 864 faisait déjà référence aux coutumes, ce qui laisse à croire qu’il y aurait une continuité juridique entre l’époque carolingienne et l’an mil. En règle générale, la documentation ne permet pas d’évaluer la part des divers types de revenus, des droits sur les terres, les manses ou les parcelles, et des prélèvements sur les hommes. Ces usages sont réputés néfastes et nouveaux pour les communautés paysannes, mais quelques cas démontrent l’inverse. Quelles sont ces coutumes ?
Depuis l’époque carolingienne, le paysan vit dans un manse ou tenure, une petite maison et un petit champ qu’il exploite en échange d’une redevance le cens ou le champart qu’il paie à son seigneur et de corvées c’est-à-dire exploiter la réserve au compte du seigneur. Le seigneur fait appel à la justice publique, la vicaria du comte ou du roi puisqu’il n’a pas cette compétence. Ce système est la seigneurie foncière.

À partir des années 1020-1030, se met en place, en parallèle à la seigneurie foncière, un nouveau statut juridique. Le paysan paie toujours sa redevance cens ou champart à son seigneur foncier, mais un autre seigneur le sire aidé de ses milites s’empare plus ou moins violemment de la justice publique qu’il prend à son compte. Il dirige donc la vicaria et impose aux paysans de la seigneurie son droit de ban : la communauté doit désormais se soumettre juridiquement à cet usurpateur et lui payer des redevances pour l’utilisation du moulin, du four, du pressoir, des voies les banalités… Pour certains historiens D. Duby, P. Bonnassie, les sires ont rétabli l’égalité entre libres et non-libres en les soumettant au titre de serf. Pour d’autres D. Barthélemy, il n’y a qu’un changement de nom dans les textes mais la condition reste la même depuis les temps carolingiens, c’est-à-dire une sorte d’hommage servile plutôt que d’une situation esclavagiste. Ce système est la seigneurie banale.
Les conflits locaux dits féodaux ont pour but la perception des coutumes sur telle ou telle seigneurie, ce qui représente un enjeu financier considérable. L’ensemble des seigneuries constituent ainsi le ressort du château : la châtellenie. Il ne faut pas cependant pas imaginer un espace centralisé autour du château, c’est un territoire fluctuant au gré des guerres privées. Aucun bâtiment n’est encore parfaitement associé à la seigneurie avant au moins 1050. Quelquefois, dans l’enchevêtrement des seigneuries, le sire se retrouve à la fois seigneur foncier et seigneur du ban. Ne pouvant tout contrôler de sa seule personne, le châtelain délègue alors à ses vassaux, les chevaliers, tel ou tel droit la vicaria dans telle seigneurie, le cens dans telle autre….

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Posté le : 19/07/2014 13:34
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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