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Découverte de Madagascar 3
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Le royaume de Madagascar : la monarchie merina

Avec la mort en 1810 du roi-fondateur Andrianampoinimerina s'ouvre le règne de son fils Radama Ier. Intelligent, avide de nouveautés et ambitieux, le jeune monarque – qui a pris Napoléon Ier pour modèle – apparaît avec le recul du temps comme le créateur véritable de l'État malgache moderne.
Une politique d'ouverture et d'expansion
Le règne, bref mais important, de Radama Ier 1810-1828 est un tournant décisif dans l'histoire de Madagascar. L'hégémonie merina s'affirme en même temps que la société s'ouvre au monde occidental. Le titre de roi de Madagascar est décerné à Radama par les diplomates étrangers, à commencer par le gouverneur anglais de l'île Maurice, sir Robert Farquhar, qui appuie la monarchie merina afin d'écarter définitivement la présence française sur la côte est et d'éviter toute autre tentative de pénétration. Le traité de Paris de 1814, qui a redistribué les cartes au profit de l'Angleterre, victorieuse de la compétition coloniale franco-britannique dans l'océan Indien, est une référence non négligeable pour Radama Ier qui a des ambitions de conquête, d'unification et de modernisation.
En 1817, il conclut avec l'Angleterre un traité par lequel il renonce à la traite des esclaves en contrepartie d'une assistance financière, technique et militaire : livraison d'armes et mise sur pied d'une armée de métier formée par des instructeurs anglais. Cette supériorité technique permet à Radama Ier d'entreprendre, entre 1817 et 1826, des opérations de conquête, de pacification et/ou d'alliances. Il s'ouvre la route de Tamatave dès 1817 et obtient la soumission des mpanjaka de la côte orientale, éliminant ainsi les derniers postes français – à l'exception de l'île Sainte-Marie. Ses officiers occupent ensuite les petits royaumes du Sud et du Sud-Est, et aussi bien l'extrême nord de l'île que l'extrême sud, notamment Fort-Dauphin qui n'est plus tenu que par... cinq Français. Ailleurs, des garnisons merina contrôlent les chefs locaux maintenus en fonction. Mais, malgré plusieurs expéditions 1822-1824 qui déciment ses troupes, Radama Ier ne parvient pas à soumettre définitivement les peuples du Menabe et du Boina. Une partie des Sakalava et des ethnies du Sud demeurent donc indépendantes.
Cette volonté d'hégémonie et d'expansion territoriale, encouragée certes par l'Angleterre, était aussi celle de la monarchie merina, soucieuse de désenclaver le royaume par un accès aux deux façades maritimes côte est et côte ouest afin d'échapper ainsi à l'asphyxie... et aux razzias des peuples voisins, et intéressée par le développement des relations commerciales avec l'extérieur. À la mort de Radama Ier, les limites extrêmes de la monarchie merina, avec son système de quasi-protectorats, sont pratiquement atteintes et vont se maintenir ainsi jusqu'à la fin du royaume. L'unification politique de l'île a fait un grand pas et l'on peut effectivement parler, désormais, d'un royaume malgache même si la domination merina n'est pas territorialement complète ni politiquement toujours bien acceptée. La brutalité des expéditions de conquête ou de pacification a déjà compromis l'assimilation des populations non merina. Une manière de colonisation ? qui laissera des traces et des préjugés dans les mentalités.
L'aspect novateur du règne de Radama Ier est l'ouverture à la civilisation occidentale, ouverture qui elle aussi laissera des traces profondes dans la formation sociale malgache. Soucieux de modernisation, Radama fit venir des ouvriers européens. Esprit curieux mais prudent, il n'accepta une coopération des Européens que dans des domaines qu'il délimita lui-même : création des toutes premières manufactures à Antananarivo, fixation par écrit de la langue malgache, lui-même ayant choisi, dit-on, les consonnes anglaises et les voyelles françaises pour la transcription phonétique du malgache.
C'est sous le règne de Radama Ier que débarquent à Madagascar, en 1820, les premiers missionnaires protestants britanniques de la London Missionary Society dont l'impact se révélera considérable. Dans l'immédiat, ces pasteurs se bornent, si l'on peut dire, à exposer leur mode de vie chrétien sans chercher à faire du prosélytisme et des conversions. Missionnaires-artisans, particulièrement attachés à la rédaction d'un vocabulaire et d'une grammaire de la langue malgache, ils furent en somme les premiers coopérants techniques au sens contemporain de l'expression.

Du repli nationaliste au retour à l'ouverture sur l'Europe

À Radama Ier, qui meurt prématurément en 1828, succède son épouse, Ranavalona Ire, portée au pouvoir par l'oligarchie dominante, les chefs de clans andriana et surtout hova qui avaient soutenu autrefois Andrianampoinimerina. Ranavalona Ire inaugure la série des reines qui constitue l'un des traits caractéristiques du XIXe siècle à Madagascar.
Son long règne 1828-1861 offre deux images contradictoires. Ainsi que l'écrit un historien contemporain Guy Jacob, Ranavalona Ire apparaît comme une Caligula femelle pour les traitants et les missionnaires qu'elle expulsa et pour la poignée de Malgaches convertis au christianisme qu'elle persécuta , tandis qu'à la fin du XIXe siècle elle incarne, aux yeux des nationalistes, la fierté malgache face aux vazaha étrangers. Le portrait de cette reine, cruelle et xénophobe selon l'historiographie occidentale, mais proche du peuple malgache dont elle respecta les cultes ancestraux, est aujourd'hui beaucoup plus nuancé. Méfiante à l'égard des étrangers, elle s'opposa autant qu'elle en eut la possibilité aux tentatives d'invasion. Deux coups de main sur Tananarive des flottes française et anglaise échouèrent. Réduisant en esclavage le capitaine d'un navire de commerce français, Ranavalona Ire aurait déclaré : Puisqu'on vend les Noirs, on peut bien vendre aussi les Blancs.
L'hostilité témoignée aux étrangers par la reine est sans doute moins l'expression d'un paganisme agressif et d'un sentiment xénophobe primaire que la conséquence d'un nationalisme merina – et plus largement malgache – qui se renforcera au cours de ces trente-trois années de règne. Ranavalona Ire veut avant tout préserver les structures de la société malgache liées au culte des ancêtres. D'où sa méfiance naturelle à l'égard des étrangers – Européens de diverses nationalités – qui, marchands ou missionnaires, peuvent ou veulent perturber l'ordre social issu de la tradition. Si les missionnaires sont effectivement chassés du royaume, c'est parce qu'ils procèdent à des conversions et ne s'en tiennent pas à leur fonction, très appréciée, d'instruction. Il est vrai que la fin du règne de Ranavalona Ire sera particulièrement violente, avec les premiers martyrs malgaches chrétiens et les multiples victimes accusées, à tort ou à raison, de complot ou de sorcellerie. Mais Ranavalona sait retenir dans le royaume quelques rares étrangers qui lui paraissent œuvrer au bénéfice du pays et du régime. Le principal est le célèbre Jean Laborde mort en 1878, un Gascon qui, par son génie inventif et grâce à la main-d'œuvre des corvéables, produit à peu près tout ce que la reine souhaite, des étoffes aux canons. Les installations fours, fonderie de Mantasoa emploient jusqu'à dix mille ouvriers.
À la mort de Ranavalona Ire, en 1861, succède pour une très courte période son fils Radama II. Esprit libéral et très francophile, utopiste, il pratique une politique d'ouverture totale. Les Européens reviennent : les missionnaires, protestants anglais et catholiques français, entrent dans une compétition – évangélique et politique – qui laissera des traces durables dans le système politique malgache. Radama II disparaît en 1863, assassiné dans des intrigues de palais. Sa veuve Rasoherina lui succède, mais la réalité du pouvoir passe rapidement au Premier ministre Rainilaiarivony, un Hova qui sera l'homme fort de la monarchie merina jusqu'à la fin du siècle et qui renforcera sa légitimité en ayant la prudence politique d'épouser successivement les trois reines du royaume malgache : Rasoherina 1863-1868, Ranavalona II (1868-1883) et Ranavalona III 1883-1897. Mais ce Premier ministre, d'origine roturière, doit déjouer les intrigues de l'oligarchie noble qui l'accepte mal et il est bientôt confronté aux pressions extérieures, notamment française, consécutives à l'expansion coloniale et à la rivalité des impérialismes anglais et français dans cette partie du monde.
La conversion au protestantisme, en 1869, de la reine Ranavalona II et de son mari, Premier ministre, est un événement à longue portée. Il est à la fois d'ordre culturel – le christianisme devenant la religion à la mode dans la société aristocratique merina l'Église du Palais au grand dam des traditionalistes fidèles à l'esprit de Ranavalona Ire qui s'étaient déjà opposés à Radama II– et d'ordre politique : l'Angleterre, par l'intermédiaire notamment de ses évangélistes, soutient le gouvernement du Premier ministre en lui imposant outre ses cotonnades ! un modèle politique modernisé qui n'était peut-être pas le mieux adapté à la situation.
Entre 1860 et 1885, le royaume de Madagascar connaît en effet une marche accélérée vers la modernisation, occidentalisation. L'ouverture économique donne libre jeu à l'esprit d'entreprise et aux affaires. La monarchie s'associe à des étrangers dans certaines activités, telles que les sucreries. Le Français Jean-François Lambert – que Ranavalona Ire avait expulsé – revient sous Radama II et laissera son nom à un projet d'envergure la charte Lambert visant à établir une compagnie à charte et un traité de commerce franco-malgache conforme aux principes du pacte colonial. Les missionnaires protestants, puis catholiques, développent écoles et hôpitaux, construisent l'Écossais Cameron fait édifier entre 1868 et 1873 le palais de la reine sur le rova de Antananarivo, conseillent et s'efforcent d'adoucir la condition des esclaves.
La modernisation se reflète dans l'adoption d'une législation partiellement écrite et de nouvelles structures administratives. Des codes sont promulgués, le plus célèbre (toujours en vigueur sur certains points étant celui dit des 305 articles publié en 1881, et qui sera le dernier pour le royaume de Madagascar. Tout en laissant subsister les coutumes ancestrales, on adoucit le système pénal traditionnel en amendant le type et l'échelle des peines abolition, par exemple, de la sanglante ordalie du tanguin ou épreuve du poison ; on procède aussi à d'importantes innovations : suppression de la polygamie, institution de l'état civil, du divorce. Des réformes qui s'appliquent essentiellement en Imerina et, partiellement, au Betsileo.
Le Premier ministre Rainilaiarivony restructure progressivement son gouvernement sur le modèle occidental : création de ministères huit en 1881 et d'agents locaux déconcentrés les antily ; réorganisation des tribunaux et essai de rénovation des fokonolona. Mais ce renforcement voulu du pouvoir central coexiste avec le maintien, par la force des choses, de structures de type féodal dans les lointaines provinces qui sont des provinces stratégiques : des officiers-marchands, c'est-à-dire non payés, encadrent des garnisons de soldats-colons. Les gouverneurs nommés dans ces provinces sont souvent des prédicants formés à l'Église protestante du Palais devenue source de légitimité du pouvoir, mais ils sont rarement compétents.
Le royaume de Madagascar, en cette fin de XIXe siècle, se délite sous l'effet conjugué de la domination économique étrangère, de la bureaucratie parasitaire, du manque de ressources budgétaires. Du coup, la corvée, à laquelle sont en droit soumis tous les roturiers du royaume, s'alourdit et se pervertit au profit d'intérêts particuliers ; elle est de plus en plus mal supportée.
En quelques décennies, la monarchie merina est donc passée du Moyen Âge, la modeste case en bois du roi Andrianampoinimerina à Ambohimanga à l'ère victorienne la cour du palais des Reines à Antananarivo. Mais les intrigues permanentes et les coteries au sein de l'oligarchie qui détient le pouvoir, tout comme les difficultés d'administration et de contrôle d'un royaume qui s'étend à cette date sur plus des deux tiers de l'île, ont affaibli sérieusement le système politique.
C'est un État miné de l'intérieur qui va affronter une première agression française, prélude à la véritable conquête coloniale.

La conquête de Madagascar par la France 1883-1896

La conquête par la France s'effectue en deux temps, d'abord dans le cadre d'un protectorat, puis par l'annexion pure et simple ; soit plus d'une décennie de débats diplomatiques et politiques, et d'actions militaires.
En décembre 1885, la monarchie merina conclut un premier traité de protectorat avec la France qui, depuis mai 1883, pratiquait la politique de la canonnière, occupant les ports de Majunga et de Tamatave. Poussé par les notables de la Réunion relayés par les députés créoles, l'ancienne île Bourbon, qui a changé de nom sous la Révolution de 1789, traverse une crise économique profonde et par certains milieux catholiques, le gouvernement français s'est lancé dans cette aventure coloniale en invoquant d'incertains droits historiques. La monarchie merina a plié mais n'est pas vaincue. L'échec politique serait plutôt français. Le traité donne à la France un droit d'occupation à Diégo-Suarez et prévoit l'installation d'un résident français à Tananarive, le premier sera Le Myre de Vilers mais qui n'aura guère de moyens effectifs d'action. Après bien des équivoques et des contestations, querelle des exequatur à propos des consuls étrangers, problèmes de la succession aux traités conclus antérieurement par l'État malgache avec l'Angleterre et les États-Unis, l'Angleterre reconnaît en 1890 ce prétendu protectorat français, le mot ne figure pas expressément dans le texte du traité.
L'aggravation du malaise économique et social dans le royaume va fournir le prétexte à une seconde et décisive intervention militaire française. Le Premier ministre merina ruse et négocie pied à pied avec le résident français, mais il ne peut éviter les conséquences de l'indemnité de guerre imposée par le traité de 1885 – dix millions de francs –, somme colossale pour un modeste royaume déjà épuisé par l'effort de guerre. Pour faire face, c'est-à-dire rembourser un emprunt contracté auprès du Comptoir d'escompte de Paris, le gouvernement malgache doit étendre encore la corvée, offrir d'immenses concessions à des colons ou aventuriers français, ouvrir aux Malgaches l'exploitation jusqu'ici interdite des mines d'or. Le pouvoir monarchique se décompose, les exactions se multiplient, le désordre s'installe. Les fahavalo bandits, hors-la-loi sèment la terreur jusqu'au cœur de l'Imerina, menaçant la sécurité des Européens.
En refusant, en octobre 1894, de céder à un ultimatum que le résident français a été chargé de lui présenter, Rainilaiarivony consacre la rupture avec la France. À Paris, la Chambre des députés vote les crédits nécessaires pour une expédition militaire qui, cette fois, doit marcher sur Tananarive. Les troupes débarquent à Majunga le 15 janvier 1895. Il faudra huit mois avant que des éléments avancés parviennent enfin à Tananarive, juste avant la saison des pluies. Pour les soldats français, près de 20 000, dont beaucoup de jeunes recrues, c'est une sorte d'odyssée à rebours sur cette route à tracer !de 600 kilomètres qui s'élève progressivement du niveau de la mer à presque 1 500 mètres d'altitude en traversant sur les premiers 200 kilomètres, le long du fleuve Betsiboka, une région humide et malsaine. Les généraux malgaches hazo et tazo la forêt et la fièvre sont les principaux responsables de l'hécatombe : on estime que 40 p. 100 du corps expéditionnaire a disparu sur cette piste aujourd'hui encore ponctuée de modestes et émouvants monuments commémoratifs et de tombes – qui font désormais partie du patrimoine national malgache. Une page importante de l'histoire moderne de Madagascar s'est en effet inscrite dans cette expédition de 1895.
Une expédition dont la mémoire collective tant en France qu'à Madagascar n'a peut-être pas gardé un souvenir aussi vif et idéalisé que pour d'autres batailles coloniales. Les travaux des historiens contemporains malgaches et français, études publiées dans la revue Omaly sy Anio ; travaux de Guy Jacob sur la période de 1880 à 1894 : Aux origines d'une conquête coloniale ont le grand mérite, à travers l'exploration systématique des archives, de donner une analyse beaucoup plus exacte de cette période d'affrontement franco-ho va. Du côté français, la préparation de l'expédition s'est déroulée dans l'enthousiasme populaire entretenu par une propagande anti-merina systématique, laissant croire que la République partait pour reconquérir une terre française depuis Louis XIV et pour libérer les populations côtières de la tyrannie merina, G. Jacob. Mais la conduite de l'expédition sous les ordres du général Duchesne, qui a tout de même laissé son nom, ainsi que le général Voiron et l'amiral Pierre, à des rues ou à des quartiers de Tananarive s'est révélée lamentable. Ni l'équipement vestimentaire, ni l'armement des soldats, portant fusil, pelle ou pioche et un sac de 35 kg, ni le mode initialement prévu de locomotion – les fameuses voitures Lefebvre, lourdes charrettes en aluminium tirées par des mulets et dont aucune, semble-t-il il y en eut 5 000 !, ne parvint à Tananarive – n'étaient adaptés au relief et au climat du pays. Il est vrai qu'à l'époque, il y a à peine un siècle ! Madagascar était, pour les états-majors de l'armée française, un pays du bout du monde. Du côté malgache, toutes proportions gardées, l'effet de distance est le même. Les garnisons merina, installées dans de solides forteresses, celle d'Andriba en particulier, se sentent plus ou moins en pays étranger, sakalava. L'isolement, la démoralisation et le paludisme expliquent leur faible combativité devant l'envahisseur français. Il semble bien que les troupes merina aient, sauf exception, systématiquement décroché et déserté, signe de la déliquescence du royaume. Mais, si l'armée royale donnait l'impression de renoncer au combat, d'autres résistances se préparaient ou étaient déjà en action.
Une colonne française, dite légère, atteint finalement la capitale Tananarive le 30 septembre 1895. Aux premiers coups de canon, la reine Ranavalona III fait hisser le drapeau blanc. Elle accepte, cette fois, un second et véritable traité de protectorat, 1er oct. 1895. Le vieux Premier ministre Rainilaiarivony est exilé et la reine provisoirement maintenue. L'année suivante, la prise de possession est consacrée non sans vifs débats au Parlement français, puis sanctionnée par le vote de la loi d'annexion du 6 août 1896 : Madagascar devient une colonie française.

De la domination coloniale à l'indépendance retrouvée 1896-1960

Sous trois statuts juridiques différents, colonie, territoire d'outre-mer, État autonome, Madagascar aura connu la dépendance coloniale directe durant un peu plus d'un demi-siècle. C'est une période très brève si on la compare avec la situation d'autres anciennes possessions françaises, mais riche en transformations et en contestations.
La période Gallieni
Pendant neuf ans 1896-1905, le général Gallieni, secondé un temps par le colonel Lyautey, imprime sa marque à la colonisation. Il se comporte en véritable proconsul de la République française, attachant définitivement son nom à l'histoire moderne de Madagascar. Jusqu'en 1972, sa statue équestre, retirée alors discrètement par les autorités françaises ornait le square Gallieni au centre de la capitale malgache.
Gallieni, général républicain, a été envoyé avec des troupes de renfort pour une reprise énergique de la situation politique et militaire. Arrivé le 16 septembre 1896, il fait abolir par divers arrêtés la monarchie, la féodalité, l'esclavage, l'arrêté du 26 septembre 1896 a été signé par son prédécesseur, le résident Laroche, et exiler 27 févr. 1897 la reine Ranavalona III, d'abord à la Réunion puis à Alger. Entre-temps, il a fait fusiller deux ministres du gouvernement Rainilaiarivony, membres de l'aristocratie, afin de mater l'oligarchie merina.
Premier gouverneur en titre de la colonie malgache, on dit aussi à l'époque madécasse et investi des pouvoirs civils et militaires, Gallieni pacifie et organise. La pacification consiste à rétablir l'ordre dans l'ancien royaume merina et à soumettre définitivement les peuples indépendants du Sud et de l'Ouest qui résistent farouchement de façon dispersée. Dans ces régions, la domination française est pratiquement acquise en 1899 ; mais des soulèvements éclateront encore en 1904-1905, puis en 1915-1917. Pendant ce temps, en Imerina, Gallieni a dû faire face au mouvement de résistance nationaliste des Menalambo (les Toges rouges), véritables partisans qui se réclament du pouvoir royal et qui profitent de la désagrégation des institutions pour s'attaquer à l'occupant étranger ainsi qu'aux Merina jugés complices. Les insurgés, refoulés dans la forêt, se rendent en juin 1897. La résistance des Menalambo – tout comme les soulèvements sporadiques de 1895 sur la côte est dirigés contre les Merina et, à travers eux, contre la présence française – témoigne d'une authentique prise de conscience nationale, même si le colonisateur français n'y voit que du banditisme, fahavalo ou, comme on dirait aujourd'hui, du terrorisme. Il reste que cette pacification, énergique, aura contribué à sa façon à l'unification de la Grande Île. Soumises désormais aux ordres d'un pouvoir étranger, les ethnies malgaches sont, quelle que soit leur diversité, ou même leur animosité, poussées à se retrouver.
Parallèlement, Gallieni organise le pays en appliquant, affirme-t-il, une « politique des races ». En réalité, il va s'appuyer surtout sur des lettrés merina pour des raisons compréhensibles d'efficacité administrative. Il crée des cadres indigènes, entreprend un nouveau découpage administratif de l'île, organise un remarquable système d'assistance médicale gratuite avec un corps de médecins et de sages-femmes malgaches. Il instaure, à coté des écoles des missions chrétiennes, une école officielle laïque par laquelle seront formés des instituteurs malgaches. L'enseignement du français devient obligatoire, l'Académie malgache est créée en 1902, dans l'esprit mission civilisatrice de la IIIe République.
Les premiers grands travaux, chemin de fer Tamatave-Tananarive, routes charretières sont entrepris sous l'impulsion de Gallieni qui entend mener une politique de développement économique dans le cadre de l'assimilation douanière qui favorise l'introduction des produits français, mais pas nécessairement le consommateur malgache.... Pour encourager la production agricole aux fins d'exportation, Gallieni reprend de façon plus méthodique le système de l'ancienne corvée qu'il remplace partiellement par une fiscalité directe accablante la capitation, destinée à obliger les Malgaches à produire plus par eux-mêmes ou à se placer au service des colons qui paieront l'impôt à leur place. Gallieni est convaincu de l'effet moralisateur de l'impôt. Et le code de l'indigénat, qui donne des attributions judiciaires aux administrateurs, est un excellent adjuvant.
Lorsque Gallieni – esprit républicain, laïque et par-dessus tout militaire – quitte son poste de commandement, les grands axes de la politique coloniale française à Madagascar sont tracés.

La mise en valeur de la colonie 1907-1946

Les gouverneurs généraux successeurs de Gallieni il y en aura dix-huit entre 1905-1946, dont certains joueront un rôle important ont eu surtout en vue la mise en valeur de la Grande Île et son développement économique. Ce qui supposait d'abord une structuration administrative efficace. On hésitera entre le système des petites provinces, une vingtaine, puis celui d'un véritable régionalisme (création de six à huit régions dans les années 1930 et, finalement, le système de la grande province en 1946 il y en aura six qui sont les provinces actuelles, subdivisée en circonscriptions administratives hiérarchisées (postes ou sous-préfectures, arrondissements et cantons dans lesquelles s'exerce la réalité du pouvoir administratif colonial relayé, aux échelons inférieurs, par les cadres indigènes.
Le développement des voies de communication, problème majeur dans cette île au relief tourmenté, s'accélère : chemins de fer, Tananarive-Tamatave achevé en 1913, embranchements d'Antsirabe et de Alaotra en 1923, Fianarantsoa-Manakara en 1935 ; routes dont le réseau passe de 2 000 à 15 000 kilomètres entre 1925 et 1935 ; aviation liaison avec la métropole et lignes intérieures développées à partir de 1936 ; ports fluviaux et maritimes aménagés, ceux de Tamatave et de Diégo-Suarez recevant des équipements modernes. Cette politique de grands travaux caractérise surtout la période de l'entre-deux-guerres qui voit aussi le développement de l'urbanisation et de la démographie : la capitale Tananarive passe de 65 000 habitants en 1914 à 140 000 en 1940 ; la population malgache, bien que faible, double presque en un demi-siècle 2,5 millions en 1900 et 4 millions en 1940 selon les statistiques les plus fiables ; des migrations intérieures spontanées, notamment vers le moyen Ouest sakalava, appelé aussi le Far West, peuplent modestement des régions jusqu'ici vides.
L'administration encourage les cultures d'exportation. Aux produits de cueillette – caoutchouc, raphia – et aux produits agricoles traditionnels – riz et manioc – sans oublier les bovidés Madagascar ravitaille la France en viande frigorifiée et viande de conserve durant la guerre de 1914-1918 vont s'ajouter, surtout après 1920, les cultures dites riches, celles qui contribuent à l'apport de devises. Ainsi le café, développé notamment sur la côte est, fournira plus de 40 p. 100 du total des exportations. Les autres postes principaux sont la vanille, également sur la côte est ; le girofle à Sainte-Marie ; le tabac Maryland, introduit avec succès en 1920 dans l'Ouest malgache ; le sisal dans le Sud ; le pois du Cap et la canne à sucre.
Prospecté sans grand succès au début du siècle, l'or laisse la place au graphite, au mica et à d'autres minéraux et gemmes qualifiés de semi-précieux. Après la chute enregistrée durant la crise économique mondiale des années 1930, les exportations, aidées par un système de primes, retrouvent un volume important. En 1938, la France en absorbe 77 p. 100 et fournit 74 p. 100 des importations.
Mais ce développement économique global, incontestable, s'inscrit dans le cadre d'une mise en valeur coloniale, conformément aux doctrines impérialistes de l'époque. L'indigène, perçu par l'administration coloniale comme étant naturellement indolent et paresseux, est incité au travail par des procédures contraignantes, notamment fiscales et pénales. Celle du travail forcé, le S.M.O.T.I.G. (service de main-d'œuvre pour les travaux d'intérêt général), appliqué dans tout l'empire colonial français jusqu'en 1946, n'étant qu'un exemple parmi d'autres.
Il est vrai que, parallèlement, l'administration s'efforce d'encourager la petite exploitation agricole indigène et un système de véritable salariat. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, cette formule, destinée à favoriser les cultures d'exportation, est mise en échec par l'écart grandissant entre l'augmentation continue des prix et le quasi-plafonnement des salaires. Le paysan malgache qui n'en retire pas de profit en vient à se méfier et du travail salarié et des cultures d'exportation. Attitude de repli sur soi, en quasi-autarcie, que l'on retrouvera plus tard encore. Par ailleurs, les très vastes domaines concédés par le pouvoir colonial – la coutume et la législation de la monarchie merina qui accordaient l'usufruit à ceux qui cultivent ayant été écartées – à de grandes compagnies ne sont pas nécessairement source d'investissements productifs, les bénéfices immédiats de l'import-export et du commerce de traite, appuyé sur le système du collectage effectué par les petits commerçants de brousse chinois, indiens ou créoles étant plus attirants. Ces grandes sociétés coloniales, Marseillaise, Lyonnaise, Rochefortaise, Emyrne, entre autres ont, certes, contribué au développement de Madagascar en créant et en gérant des réseaux d'activités agricoles, industrielles et commerciales multiples : rizières du lac Alaotra, sucreries du Nord malgache et de Nosy Bé, exploitations forestières, plantations de coton, commerce de bovidés, etc. Mais la retombée des profits est modeste pour le producteur malgache ainsi que pour le petit colon européen ou réunionnais qui se trouve marginalisé. Les travaux contemporains d'histoire économique démontrent et démontent les mécanismes du processus. Le succès spectaculaire de quelques exportations à cette époque ne saurait masquer la réalité du problème.
D'où les clivages enregistrés dans la société coloniale malgache par-delà le statut d'indigénat : problème des rapports entre colons, petits ou grands et administration coloniale ; clivage surtout entre population malgache et pouvoir colonial, qui se situe à la fois sur le plan du statut social et du statut juridique.

La revendication nationaliste malgache

La révolte des Menalambo, révolte primaire si l'on peut dire, avait été – à côté d'autres manifestations sporadiques de résistance au pouvoir merina ou français xénophobie ou nationalisme populaire ?ortait un autre témoignage de la résistance à la domination étrangère, sans que l'on puisse distinguer entre ce qui relevait des rivalités ethniques traditionnelles ou de l'opposition entre païens, fidèles aux cultes des idoles, et convertis malgaches au christianisme. Tout cela relève aujourd'hui de l'histoire.
Une fois la colonisation française politiquement affirmée, la question nationale malgache se présente en termes nouveaux, en particulier dans la communauté merina autrefois dominante. Pour les notables merina, écartés du pouvoir par l'occupant français et parfois ruinés par l'abolition de l'esclavage en 1896, la stratégie du moment est simple : soit collaborer (officiellement) avec l'autorité coloniale pour se (re)placer socialement et économiquement juste au-dessous des Vazaha (Européens et surtout Français ; soit entrer dans une opposition politique plus ou moins discrète mais effective contre ces mêmes Vazaha.
L'affaire de la V.V.S. (Vy, Vato, Sakelika, fer-pierre-ramification) affole littéralement l'administration française entre 1913-1915. Cette société secrète, qui s'est développée dans le milieu intellectuel merina protestant (médecins, pasteurs, instituteurs), est liée au mouvement de renouveau culturel qui s'efforce de faire la synthèse entre la culture malgache et la modernisation dans le contexte colonial de l'époque. L'un des inspirateurs écoutés, le pasteur Ravelojaona, montre l'exemple du Japon qui s'est ouvert aux influences occidentales sans perdre son identité. L'inspiration nationaliste (on évoque la patrie malgache de la V.V.S. incite le colonisateur à y voir un complot. Les sanctions sont sévères. Les quarante et un condamnés, dont trente-quatre aux travaux forcés, seront finalement amnistiés en 1921.
Après la Première Guerre mondiale, la revendication nationaliste s'affirme ouvertement en même temps que commence à se manifester une presse autochtone et que s'implantent, non sans tracasseries administratives, les premiers groupements politiques et syndicaux. La revendication principale est celle de l'assimilation effective, officiellement prônée par la France mais en fait refusée malgré les textes en vigueur (à peine 8 000 Malgaches ont la citoyenneté française en 1938). Il se crée une Ligue pour l'accession des indigènes à la citoyenneté française, voire pour le statut de Madagascar-département français. C'est, avant tout, la revendication de l'égalité des droits pour les Malgaches. L'instituteur betsileo Jean Ralaimongo (1884-1943), engagé volontaire en 1914-1918, devenu défenseur des paysans malgaches du nord de l'île, soutenu par la bourgeoisie commerçante tananarivienne et aussi par certains colons français, est alors la figure de proue du mouvement national malgache. Son journal L'Opinion, fondé en 1927, dénonce les abus de la colonisation. Le point culminant de la contestation est la grande manifestation du 19 mai 1929 à Tananarive, qui se déroule aux cris de Madagascar aux Malgaches. Le refus de l'assimilation, toujours promise et toujours repoussée, a naturellement conduit au rejet de la domination coloniale. L'idée de l'indépendance commence à gagner les esprits, et plus encore après l'expérience du Front populaire (1936-1938) qui aura apporté à Madagascar comme dans d'autres colonies de grandes et brèves illusions. Cette expérience aura contribué cependant à augmenter les espaces de liberté expression, presse et à légaliser le syndicalisme ainsi que les partis politiques autochtones (naissance du Parti communiste malgache) promis à d'autres développements après la guerre de 1939-1945.

Le nationalisme d'après-guerre et l'insurrection de 1947

La fin de la Seconde Guerre mondiale amorce une nouvelle liberté politique pour les Malgaches. Les réformes concernant les colonies leur permettent d'avoir une représentativité, au moins symbolique, au niveau national. La conférence de Brazzaville qui a lieu du 30 janvier au 8 février 1944, destinée, en partie, à affirmer la souveraineté de la France sur son empire colonial, marque une étape importante. En mars 1945 est créé un Conseil représentatif comportant autant de Français que de Malgaches. À l'automne suivant, Madagascar envoie quatre députés à l'Assemblée constituante dont deux élus par les Malgaches, Joseph Ravoahangy et Joseph Raseta, nationalistes fervents.
La Charte de l'O.N.U., signée le 26 juin 1945, fixe comme objectif de développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes. Cette ambiance de liberté permet aux Malgaches de s'engager dans des activités politiques. En février 1946, le Mouvement démocratique de la rénovation malgache M.D.R.M., indépendantiste, est créé. Il est souvent considéré, sur les côtes, comme le parti des Merina. En juin, la création du Parti des déshérités de Madagascar P.A.D.E.S.M., encouragée par le gouvernement colonial et soutenue par la presse dite loyaliste, prônant la collaboration et la fidélité à la France, rassemble les populations côtières et des mainty, descendants d'anciens esclaves merina. Les nationalistes y décèlent une manœuvre de l'administration pour diviser les Malgaches et affaiblir la conscience nationale. En juin 1946, la nouvelle Constitution consacre la naissance de l'Union française dans le cadre de la IVe République. À Madagascar, un ensemble de lois et de décrets instaure un régime plus démocratique. Ainsi, le décret du 25 octobre 1946 prévoit la création de cinq assemblées provinciales et d'une assemblée représentative au niveau national à Tananarive, actuelle Antananarivo. Celles-ci n'ont qu'un rôle consultatif et des pouvoirs restreints, mais beaucoup de colonisés y voient l'amorce d'un changement. En novembre 1946, les députés malgaches sont réélus et un nouveau siège est adjoint pour la côte est. Ainsi, Jacques Rabemananjara, jeune poète, rejoint Ravoahangy et Raseta. Sous l'étiquette M.D.R.M., ils remportent des succès politiques face au P.A.D.E.S.M. L'espoir croît dans les milieux nationalistes et l'on assiste à la naissance d'une activité politique agitée, exprimée essentiellement par l'intermédiaire des deux partis politiques. Cette dualité est à l'image de l'opposition traditionnelle entre les côtiers et la population des Hautes Terres, regroupée sous la dénomination de Merina. Une opposition qui sera sans cesse utilisée par l'autorité coloniale, mais aussi par les acteurs de la vie politique.
Dans un climat de trouble, ponctué de grèves et de manifestations, l'Assemblée représentative doit se réunir le 30 mars 1947. Or, dans la nuit du 29 au 30 mars, une insurrection violente se déclenche contre le pouvoir colonial, en divers points de l'île, et s'étend durant plusieurs mois, essentiellement sur la côte est. En décembre 1947, l'insurrection est complètement matée, de nombreux villageois sont toujours réfugiés dans les forêts d'une zone allant de Farafangana au nord de Tamatave actuelle Toamasina. Les émeutes et la répression provoquent la mort d'environ 89 000 personnes selon les sources officielles de l'époque, chiffre aujourd'hui contesté par de nombreux historiens qui parlent de 30 000 à 40 000 victimes. L'opinion française incrimine les parlementaires malgaches. Plusieurs procès sont menés devant des tribunaux militaires, dont celui des leaders du M.D.R.M., accusés d'être les responsables du déclenchement de la rébellion, qui se déroule du 22 juillet au 4 octobre 1948 à Tananarive. Le parti est dissous et six condamnations à mort sont prononcées, dont celles de Ravoahangy et de Raseta. Ils seront graciés puis amnistiés en 1954.
En 1948, le P.A.D.E.S.M. sort victorieux des élections provinciales partielles et conforte les notables côtiers dans leurs prérogatives. L'administration coloniale, qui s'est beaucoup appuyée sur les compétences des Merina, forme une élite côtière afin de contrecarrer le poids politique des Hautes Terres. Les élections législatives du 17 juin 1951, puis les élections provinciales et sénatoriales de mars 1952, marquent la défaite des nationalistes.

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Posté le : 09/08/2014 18:26
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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