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Iran 2
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Poursuite de la guerre et rivalités internes

La guerre avec l'Irak conduit le gouvernement iranien à accentuer sa politique de répression à l'intérieur et à créer des rapports souvent tendus avec les pays qui soutiennent l'Irak et lui fournissent des armements : au premier rang figurent l'Union soviétique et la France. En Iran, le Parti communiste ( Tudeh) fait l'objet de mesures draconiennes : mise hors la loi, arrestation et exécution de nombre de ses dirigeants, son secrétaire général, Noureddine Kianouri, doit faire des « aveux » sur un prétendu complot tendant à renverser le régime. Celui-ci est épaulé par les pasdarans (membres des comités islamiques) qui se renforcent et quadrillent le pays, exerçant sur celui-ci une pression policière qui souvent dégénère en terreur ; on estime que, depuis le début de la République islamique, près de 5 000 personnes ont été exécutées, dont plus de la moitié après l'éviction de Bani Sadr.

Les offensives iraniennes dans le secteur du Chatt al-Arab ne donnant pas les résultats escomptés, les Iraniens ouvrent un nouveau front dans le Kurdistan, à la frontière nord-est de l'Irak, spéculant sur un appui des Kurdes hostiles au gouvernement de Bagdad et sur la réussite d'une percée en direction de Kirkouk, centre de l'exploitation pétrolière d'Irak (oct. 1983). Simultanément, le gouvernement de Téhéran lance des avertissements à propos de la navigation dans le détroit d'Ormuz aux États arabes du Golfe, coupables de soutenir l'Irak, et Bagdad inaugure ce que l'on appellera « la guerre des villes », c'est-à-dire le bombardement aérien de villes à l'intérieur de l'Iran, y compris Téhéran et Ispahan, à quoi les Iraniens répondent en bombardant Bagdad et Bassorah. Par ailleurs, la livraison d'avions Super-Étendard par la France aux Irakiens entraîne une très vive tension entre Paris et Téhéran, qui se traduit par des expulsions réciproques de diplomates.

Au début de l'année 1984, les Iraniens lancent de nouvelles offensives sur trois fronts : le Kurdistan, la région Amarah-Kurna et le secteur sud du Chatt al-Arab dans lequel les îles Madjnoun sont occupées et où Bassorah est directement menacée. Les élections législatives d'avril 1984 donnent d'autant plus la majorité au parti au pouvoir que l'opposition modérée, à la tête de laquelle se trouve alors Mehdi Bazargan, boycotte ces élections ; en fait, l'opposition, dans toutes ses composantes, est divisée et impuissante face aux structures du Parti de la République islamique, solidement installé dans le pays, mais qui connaît des rivalités internes marquées par des incidents divers : refus par le Madjlis de la confiance à plusieurs ministres (même si le Premier ministre, Mir Hoseyn Moussavi, est facilement reconduit dans ses fonctions), arrestations, répression contre ceux qui sont soupçonnés de ne pas respecter les règles islamiques. L'imam Khomeyni témoigne de son appui aux « radicaux » dans la conduite de la politique en donnant une délégation de pouvoir à l'ayatollah Hoseyn Ali Montazeri, l'un de leurs chefs. À la fin de l'année 1985, Montazeri est officiellement confirmé comme successeur de Khomeyni, mais cela ne met pas fin à la lutte pour le pouvoir. En août 1985, Ali Khamenei est réélu président de la République par 85 p. 100 des votants (au lieu de 95 p. 100 en 1981) et le taux de participation n'est que de 60 p. 100, alors qu'il était de 80 p. 100 en 1981.

La guerre avec l'Irak se poursuit avec tous les moyens possibles : attaques terrestres iraniennes dans le Kurdistan et dans le Chatt al-Arab, bombardements réciproques des grandes villes par avions et par missiles, attaques aériennes des Irakiens contre le terminal pétrolier de l' île de Kharg – ce qui entraîne une diminution sensible des exportations de pétrole iranien – et surtout utilisation d' armes chimiques par les Irakiens pour stopper les offensives iraniennes au nord et au sud. Une mission de l'O.N.U. recherchant un compromis pouvant mener à la paix aboutit à un échec complet.

Décidé à porter au régime de Saddam Hussein des coups décisifs, le gouvernement iranien lance une attaque dans le Chatt al-Arab qui lui permet de s'emparer du port de Fao et une autre dans le Kurdistan irakien ; lorsqu'en août 1986 Saddam Hussein propose l'ouverture de négociations, celles-ci sont totalement rejetées par les Iraniens, forts de leurs succès militaires, forts aussi des changements survenus dans leurs rapports avec certains États occidentaux : ainsi, les relations entre Paris et Téhéran s'améliorent, des négociations s'engagent sur le règlement du contentieux financier (remboursement par la France des fonds versés par le shah pour la construction de la centrale nucléaire Eurodif) et surtout, en échange de l'expulsion de France de l'opposant iranien Masoud Radjavi, le 7 juin 1986, deux otages français du Liban sont libérés le 20 juin.

En Iran, l'ayatollah Montazeri ne peut parvenir à imposer son autorité et tombe, ainsi que ses proches, dans une disgrâce qui profite à l'hojjatol-eslām Rafsandjani, président du Madjlis. Bien que l'imam Khomeyni ait à nouveau condamné tout rapprochement avec les États-Unis, on apprend, à la fin du mois de novembre, que des ventes secrètes d'armes américaines ont eu lieu, ce qui provoque aux États-Unis l'éclatement du scandale appelé « Irangate », et en Iran des critiques sévères contre Rafsandjani, accusé d'avoir cherché une amélioration des relations avec les Américains. À la suite du rejet par les Iraniens de l'appel à la paix lancé par le sommet des États islamiques, et en dépit de difficultés économiques croissantes, de nouvelles offensives ont lieu dans le Chatt al-Arab et le Kurdistan ; la menace iranienne dans le Golfe se précisant, les grandes puissances y envoient des navires de guerre afin de protéger les pétroliers. Les tensions avec le monde arabe s'accentuent : à la suite de la découverte d'un « complot » islamiste en Tunisie, ce pays rompt les relations diplomatiques avec l'Iran (mars 1987) et, en juillet, des incidents provoqués à La Mecque par des pèlerins iraniens aboutissent à une répression sanglante où des centaines d'Iraniens trouvent la mort ; l'attitude du gouvernement de Téhéran se durcit : attaques de pétroliers dans le Golfe, refus total de tout cessez-le-feu malgré les appels de l'O.N.U. en faveur de la paix ; au sommet arabe de Amman, l'Iran est condamné. La seule amélioration notable apparaît dans les relations avec la France : à la fin de novembre 1987, deux otages français du Liban sont libérés en échange du libre départ pour l'Iran de Wahid Gordji, tenu par les Français pour un des acteurs, direct ou indirect, des attentats meurtriers de septembre 1986 à Paris. Au contraire, les relations s'enveniment avec les Britanniques et avec les Américains, et de graves incidents se produisent dans le Golfe.

À Téhéran, les clans s'affrontent de plus en plus nettement : c'est la lutte pour le pouvoir entre « radicaux » de Montazeri et « modérés » de Rafsandjani. Les premiers veulent la poursuite de la guerre jusqu'à la défaite totale de Saddam Hussein qui représente à la fois le laïcisme, le nationalisme arabe et la compromission avec des gouvernements étrangers ; les seconds, sans être ouvertement pour la paix, constatent la situation catastrophique de l'économie du pays et de la condition des habitants, notamment dans les villes où sévissent chômage et marché noir. En juin, le Parti de la république islamique, fondé en 1979, est dissous en raison des factions internes qui le déchirent ; un peu plus tard, les proches de Montazeri font l'objet de poursuites, d'arrestations, et l'un des plus notables, Mehdi Hachemi, est même exécuté. Il semble alors que Rafsandjani l'emporte sur ses adversaires et qu'une certaine ouverture se fasse jour car des discussions sont engagées sur l'éventuelle participation aux élections du Mouvement de libération nationale de Mehdi Bazargan. Mais le Conseil de surveillance de la Constitution, créé en 1980 et composé de personnalités hostiles à toute libéralisation du régime, représente un obstacle aux tentatives de réformes ; pourtant, Khomeyni paraît soutenir les réformateurs lorsque, en février 1988, il institue au-dessus de ce Conseil un petit comité, le « Conseil de discernement », destiné, théoriquement, à limiter les pouvoirs de celui-ci : en fait, il s'agit du renforcement des pouvoirs personnels de l'imam car, parmi les membres de ce comité, figurent son propre fils et le chef de son secrétariat personnel ; cette attitude n'échappe pas à Mehdi Bazargan qui critique sévèrement cette accentuation de l'absolutisme et réclame l'arrêt de la guerre : le résultat en est l'arrestation de nombre de ses partisans.

Le règlement du conflit

Alors que les opérations militaires menées au début de l'année 1988 dans le Kurdistan sont favorables aux Iraniens avec la prise des villes de Halabja et de Khurmal, en revanche, dans le Sud, la contre-offensive irakienne aboutit en avril à la reconquête de Fao, en mai et juin à celle de Chalamcheh puis des îles Madjnoun. Rafsandjani, qui a été réélu président du Madjlis, est alors nommé commandant en chef des forces armées, mais celles-ci sont maintenant partout sur la défensive et doivent même abandonner le Kurdistan irakien.

Finalement, le 18 juillet 1988, l'Iran accepte sans condition la résolution 598 du Conseil de sécurité de juillet 1987 exigeant l'arrêt des combats. Le 20 août, le cessez-le-feu entre en vigueur et des négociations doivent commencer peu après sous l'égide de l'O.N.U. ; mais les problèmes demeurent : demande instante de Téhéran de voir l'Irak désigné comme l'agresseur, fixation de la frontière dans le Chatt al-Arab, échange des prisonniers. En novembre, les pourparlers sont interrompus.

Les relations avec l'extérieur

Pendant ce temps, à Téhéran, la démission du Premier ministre Mir Hossein Moussavi est refusée, mais certains ministres de son cabinet sont très contestés par le Madjlis. Les rivalités internes sont fatales aux partisans de Montazeri, dont onze sont exécutés en novembre, ouvrant la voie à toute une vague d'exécutions politiques. À la fin de l'année, l'imam Khomeyni décrète la limitation des pouvoirs du Conseil de discernement qui, en certaines occasions, s'est permis de légiférer à la place du Parlement. Après la reprise des relations diplomatiques avec la France, les relations économiques paraissent être relancées, mais le ministre iranien des Affaires étrangères réclame la libération d'Anis Nakkache, compromis dans la tentative d'assassinat à Paris de l'ancien Premier ministre iranien Chapour Bakhtiyar, et cette demande est mal reçue par le gouvernement français. Éprouvé par la guerre, mais paradoxalement peu endetté et disposant de revenus potentiels considérables avec le pétrole, l'Iran envisage un redémarrage rapide de son économie, en utilisant au besoin, directement ou indirectement, les techniques et les compétences de l'Occident dont certains États sont tout prêts à apporter leur concours très intéressé.

Mais, le 15 février 1989, l'imam Khomeyni décrète un arrêt de mort à l'encontre de l'écrivain britannique Salman Rushdie, auteur d'un livre jugé blasphématoire à l'égard de la religion musulmane et du Prophète. Cet appel à l'assassinat, étendu à tous les éditeurs du livre, soulève l'indignation dans les pays occidentaux et entraîne le rappel des ambassadeurs des pays de la Communauté européenne à Téhéran, tandis que les Iraniens répondent par le rappel de leurs propres ambassadeurs. Cet événement illustre la volonté de l'imam d'apparaître comme le défenseur intransigeant de la religion, face aux dévoiements dus aux compromissions avec les pays occidentaux : défenseur unique, puisque les autres chefs musulmans n'ont pas du tout, ou guère, réagi à la publication du livre ; défenseur motivé, puisque adepte du shi'isme, seule véritable expression de la religion musulmane ; il s'agit pour l'imam, convaincu de détenir la vérité, non seulement d'être le combattant de l'islam, mais aussi de se faire reconnaître comme tel par tous, de rassembler les musulmans dans la lutte contre les perversions qui le menacent, qu'elles proviennent de l'extérieur ou de l'intérieur : impérialisme occidental, communisme soviétique, laïcisme, nationalisme arabe ; et, dans cette lutte, le shi'isme doit être le fer de lance de l'islam, et plus spécialement le shi'isme iranien dont lui-même est l'imam, le guide.

Cette attitude explique la rigueur nouvelle qui s'exerce vis-à-vis des opposants : Moudjahidin-e Khalq, membres du parti Tudeh, éléments dits « de gauche », dont on estime que plus de 2 500 ont été exécutés depuis la fin de la guerre, en dépit des appels à la modération de Montazeri, cependant que les partis, et spécialement le Mouvement de libération de l'Iran de Mehdi Bazargan, sont étroitement surveillés, et que les mesures de libéralisation du régime annoncées sont reportées à des jours meilleurs, l'affaire Rushdie servant de prétexte à ce report. La même affaire est évoquée par les Iraniens à la Conférence islamique de Riyād en mars 1989, mais les pays arabes ne vont pas au-delà de la condamnation du livre.

La dégradation, connue, de la santé de l'imam entraîne la rivalité de plus en plus manifeste des clans et des individus en prévision de l'élection à la présidence de la République islamique d'août 1989 : aux « radicaux », partisans de la ligne dure conduits par Moussavi Khoeiniha, procureur général, Mir Hoseyn Moussavi, Premier ministre, et surtout par Ahmad Khomeyni, fils de l'imam, s'opposent les « pragmatistes » ou modérés menés par Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, président du Parlement, et Ali Khamenei, président de la République (qui ne peut être réélu à ce poste). Rafsandjani est finalement désigné comme candidat par l'Association des religieux combattants, parti majoritaire au Madjlis. Presque simultanément est annoncée la destitution de l'ayatollah Montazeri de ses fonctions de successeur désigné de l'imam, car il est jugé trop libéral et trop critique de la conduite des affaires du pays (28 mars), et une épuration est menée parmi les proches de Rafsandjani. À la fin du mois d'avril est nommée une commission chargée de modifier la Constitution dans le sens d'un renforcement des pouvoirs du président de la République et du Premier ministre, et de la réforme du Conseil de surveillance et du Conseil de discernement.

Mais cette commission voit ses travaux interrompus par la mort de l'imam Khomeyni, le 3 juin 1989, des suites d'une opération. Le président de la République, Ali Khamenei est désigné, à titre provisoire, pour succéder à Khomeyni comme imam et guide, ce qui peut apparaître comme un compromis entre les tendances « dure » et « modérée ». Le 5 juin, le testament de l'imam est rendu public : il y affirme la primauté du shi'isme dans le monde musulman et demande aux Iraniens de lutter pour le triomphe de leur religion, sans concessions ni aux musulmans des autres doctrines religieuses, ni aux « athées » des pays d'Islam, ni enfin aux dirigeants non musulmans des pays de l'Ouest comme de l'Est. Les obsèques de Khomeyni se déroulent le 6 juin au milieu du délire d'une marée humaine.

La mort de l'imam ne résout rien : non seulement l'Iran se trouve dans une situation économique difficile (il dispose pourtant de ressources – dont le pétrole – et de potentialités considérables auxquelles les grandes puissances ne sont pas indifférentes) et les conditions de vie sont pénibles pour une grande partie de la population, mais surtout aucun système politique défini n'a été mis en place;

L'ère Rafsandjani

L'élection triomphale d'Ali Akbar Hachemi Rafsandjani à la présidence de la République, le 28 juillet 1989, avec 94,5 p. 100 des voix, marque un changement dans le processus révolutionnaire, voire une rupture que l'on a qualifiée, sans doute abusivement, de « Thermidor à l'iranienne », de perestroïka ou encore d'« instauration d'une IIe République ».

La réforme de la Constitution, approuvée par référendum le même jour que l'élection, institue un régime présidentiel. Le poste de Premier ministre est supprimé ; le président est assisté d'un premier vice-président et d'une pléiade de vice-présidents en charge d'un domaine particulier et doublant, de fait, la plupart des ministères. Le magistère du guide de la République est redéfini, en fonction même du profil d'Ali Khamenei, hojjat ol-eslām (clerc de niveau intermédiaire) qui ne possède pas l'aura et les qualifications religieuses de son prestigieux prédécesseur. Le guide est cantonné et confirmé dans ses fonctions politiques (qui demeurent considérables) mais ne peut désormais prétendre à la direction théologique de l'ensemble des shi'ites (cette confusion des rôles était, depuis le début de la révolution, une pomme de discorde avec nombre de grands ayatollahs, soucieux de leurs prérogatives). Sous ces nouvelles conditions, Ali Khamenei est définitivement élu guide par l'Assemblée des experts, le 9 août 1989.

Rafsandjani évince les personnalités « radicales » les plus marquantes (tels l'ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi et l'ancien ministre de l'Intérieur Ali Akbar Mohtashemi) et forme un gouvernement de technocrates, pour promouvoir une nouvelle politique économique, rompant avec l'étatisme révolutionnaire et dont les mots d'ordre sont « reconstruction, libéralisation, privatisation ». « On ne construit pas un barrage avec des slogans », déclare-t-il lors de sa prestation de serment. Parallèlement, Rafsandjani, soucieux d'attirer les investissements étrangers, prône une politique internationale moins agressive, dont le leitmotiv n'est plus l'exportation de la Révolution islamique. De façon symptomatique, le terrorisme, stimulé par des groupes radicaux proches du pouvoir, se « désinternationalise » et ne vise « plus » désormais « que » des opposants résidant en Iran ou à l'étranger (assassinats de Chapour Bakhtiar, dernier Premier ministre du shah, à Paris en 1991, du leader kurde Sadegh Sharafkandi à Berlin en 1992...). Dans ce contexte de dégel relatif, l'Union européenne engage, contre l'avis des États-Unis, un « dialogue critique » avec l'Iran, en 1992. La même année, les élections législatives confirment une certaine « décléricalisation » du pouvoir (le nombre de religieux élus baisse de plus de la moitié) et l'ascendant des partisans du libéralisme économique ; ceux-ci prônent cependant un rigoureux conservatisme moral, dans un climat d'atténuation sensible de la répression. Indice de ce virage vers une droite pragmatique et traditionaliste, l'élection du très intégriste hojjat ol-eslām Ali Akbar Nategh Nouri à la présidence du Parlement.

Les espoirs mis dans la nouvelle politique inaugurée par Rafsandjani s'estompent progressivement à l'épreuve des faits ; celui-ci est réélu président en 1993, mais avec seulement 63,5 p. 100 des voix. Quant aux élections législatives de 1996, elles consacrent la victoire des conservateurs intégristes, revendiquant plus de libéralisme économique et de sévérité morale, alors que se développent la contestation et les aspirations au pluralisme, dont témoigne la floraison des journaux.

À l'évidence, la reconstruction dont Rafsandjani avait fait son mot d'ordre n'a pas porté les fruits attendus. Le programme de privatisation des entreprises nationalisées a été abandonné en 1995, faute d'acquéreurs, les détenteurs de capitaux préférant la spéculation sur le cours des devises (favorisée par l'existence de plusieurs taux de change) aux placements productifs. Les sociétés étrangères hésitent à investir dans un pays mal organisé, dont la dette extérieure augmente depuis 1988 (paradoxalement, l'Iran ne s'était pas endetté pendant la longue guerre contre l'Irak, alors que, en 1996, ses arriérés de paiement représentent quelque 12 milliards de dollars). Sur le chemin souhaité, par les dirigeants pragmatiques, d'une « évolution à la chinoise », l'embargo total contre l'Iran décrété par les États-Unis en 1995, puis la loi D'Amato-Kennedy, votée par le Sénat américain en 1996, ont été d'autres obstacles : pour punir l'« État terroriste », mais non sans arrière-pensées sur les intérêts économiques futurs des États-Unis, cette loi menace de sanctions toute société qui investirait en un an plus de 40 millions ou plus de 20 millions de dollars (selon les cas) dans le secteur pétrolier en Iran (les firmes italiennes et françaises – notamment le groupe Total – ont cependant passé outre). La libéralisation quasi générale des importations de 1989 à 1993 a, par ailleurs, contribué à l'augmentation de l'inflation (22 p. 100 en moyenne par an) et à la dépréciation de la monnaie (1 dollar s'échangeait contre 70 rials en 1980, contre 7 730 en mars 2000 !). Sans doute la croissance a-t-elle repris sous les présidences de Rafsandjani, mais à un rythme très insuffisant (0,7 p. 100 par an) pour répondre à la forte augmentation démographique du pays (environ 2 p. 100 par an). On estime alors que le niveau de vie moyen de la population a diminué de moitié depuis 1977. Cette paupérisation, à peine atténuée par le subventionnement des denrées de base (pain, pétrole, essence, etc.), a entraîné des émeutes, durement réprimées, dans les grandes villes (à Mechhed, au printemps de 1992, à Ghazvin en août 1994) et dans les banlieues et cités satellites de Téhéran. Cependant, des efforts importants ont été faits dans les domaines de la santé et de l'éducation (le taux d'alphabétisation avoisine les 85 p. 100). La réalisation de quelques grands équipements (des centrales électriques notamment, mettant un terme aux coupures quotidiennes dans les villes, de la centrale nucléaire de Bouchir, dont la construction a fait l'objet d'un accord de coopération avec la Russie en 1995) tranche aussi dans un contexte global de stagnation. Mais, faute d'aide technologique étrangère suffisante, l'Iran n'a pu se doter des infrastructures qui lui seraient nécessaires : la première ligne du métro de Téhéran, dont la construction était prévue pour 1980, n'a été ouverte qu'en 2000, alors que la capitale et sa banlieue regroupent environ 10 millions d'habitants. En revanche, des équipements de moindre envergure (tels que l'électrification des villages, l'aménagement de voies secondaires, etc.) ont été réalisés à un bon rythme sous l'impulsion de la guerre sainte puis du ministère de la Reconstruction.

L'ère Rafsandjani a été marquée par un assouplissement relatif mais sensible des contrôles et de la répression qui pèsent sur la vie quotidienne et politique en Iran. Revues, journaux, cercles de pensée indépendants, étouffés pendant les dix premières années de la révolution, firent, de nouveau, une timide apparition ; cependant, plusieurs intellectuels furent jetés en prison pour leurs initiatives, les conservateurs et le guide s'opposant à toute critique et expression nouvelle, aussitôt stigmatisées comme des produits de l'« invasion », voire de l'« agression culturelle de l'Occident ».
La gesticulation et les invectives anti-impérialistes baissèrent également d'un cran pendant les deux mandats de Rafsandjani, mais les ouvertures diplomatiques vers l'Ouest demeurèrent limitées. La présidence de l'hojjat ol-eslām s'acheva par des manifestations contre l'Allemagne (un des partenaires économiques les plus actifs, avec le Japon, de la République islamique) puis par le rappel des ambassadeurs européens dans leurs pays respectifs (avril 1997), à la suite de la mise en évidence, par la justice allemande, de la responsabilité du gouvernement iranien dans l'assassinat de leaders kurdes en 1992 à Berlin. Pendant ces deux mandats, l'Iran a cependant noué des relations politiques et économiques fécondes avec les républiques proches – géographiquement et culturellement – d'Asie centrale, issues de la dislocation de l'U.R.S.S.
Au total, les conflits permanents entre tendances, instances et leaders grevèrent lourdement les projets pragmatiques de Rafsandjani. Les querelles entre un Parlement et un guide « conservateurs », d'une part, et un gouvernement d'inspiration plus « libérale », de l'autre, bloquèrent les initiatives et contribuèrent à enliser l'Iran dans un processus de tiers-mondisation politique et économique.

La présidence Khatami, un nouveau printemps iranien ?

Le mécontentement, les aspirations au déverrouillage de la société iranienne aboutirent, le 23 mai 1997, à l'élection à la présidence de la République de l'hojjat ol-eslām réformateur Mohamad Khatami, qui avait été évincé du ministère de la Culture et de l'orientation islamique pour excès de libéralisme en 1992. Khatami reçut le soutien de mouvements et de courants très disparates (déçus de l'islamisme révolutionnaire, intellectuels laïques, partisans du libéralisme économique et politique, radicaux étatistes) mais fut surtout porté au pouvoir par une majorité de jeunes (65 p. 100 des Iraniens et un tiers des électeurs ont alors moins de vingt-cinq ans) et de femmes qui participèrent massivement au scrutin, ainsi que par les minorités marginalisées (Kurdes, Baloutche...) de l'ouest et de l'est du pays. Sa victoire écrasante (il fut élu à près de 70 p. 100 des voix) fut d'autant plus remarquable et inattendue que son principal adversaire, Ali Akbar Nategh Nouri, le très conservateur président du Parlement, bénéficiait de l'appui du guide et de la plupart des appareils de pouvoir et de propagande. C'était aussi la preuve que, si cadenassées fussent-elles par le Conseil des gardiens de la Constitution, qui décide de l'éligibilité des candidats en fonction de leur conformité aux normes islamiques, des élections au résultat incertain pouvaient avoir lieu en Iran (ce qui est un cas de figure profondément original dans cette région du monde).
Attaché à la formule de la République islamique, Khatami plaide pour de profondes réformes : la reconnaissance des libertés publiques, des droits de la personne (en particulier des femmes) et de la société civile (jāme'e-ye madani, une expression qui fait florès en Iran), du pluralisme politique par la légalisation des partis qui font allégeance à la Constitution ; il se fait aussi le chantre du dialogue des civilisations, respectueux de l'authenticité culturelle (esālat-e farhangi) des unes et des autres, et de l'ouverture internationale. Il nomme à des postes clés de son gouvernement des personnalités connues pour leur rejet de l'islamisme politique et favorables à la séparation des pouvoirs politique et religieux : Kamal Kharrazi aux Affaires étrangères, Abdollah Nouri au ministère de l'Intérieur, Atollah Mohajarani à celui de la Culture et de l'Orientation islamique. Pour la première fois, une femme occupe un poste de vice-président.
Un net assouplissement se manifeste dans le domaine de la politique étrangère. La tenue à Téhéran, en décembre 1997, du sommet de la Conférence de l'organisation islamique est un succès pour l'Iran, qui la préside ; s'y esquisse un rapprochement avec l'Arabie Saoudite, pays honni depuis le début de la révolution, où le nouveau président se rend en voyage officiel en mai 1999. En janvier 1998, Khatami accorde à la chaîne américaine de télévision C.N.N. une interview, au cours de laquelle il affiche son souci d'ouverture vis-à-vis des États-Unis et sa volonté de rétablir un État de droit. En juillet de la même année, l'Italien Romano Prodi est le premier chef de gouvernement d'un pays de l'Union européenne à se rendre en Iran depuis la Révolution islamique. En mars 1999, Khatami est reçu en Italie et au Vatican, effectuant la première visite en Europe d'un chef d'État iranien depuis 1979. Sa visite prévue à Paris en avril 1999 est différée pour des raisons protocolaires (l'Iran exige qu'il n'y ait pas de vin à table lors des repas officiels) ; un compromis sera trouvé lors de sa visite en octobre. Certes, ces voyages sont troublés par des manifestations d'opposants en exil (Moudjahidin du peuple, intellectuels laïques) ou encore assombris par l'arrestation de treize Juifs de Chiraz, soupçonnés d'espionnage, mais l'engagement pris par Téhéran, en 1998, de renoncer à faire exécuter la fatwa de Khomeyni condamnant à mort Salman Rushdie, contribue fortement au réchauffement des relations internationales de l'Iran (cette décision, quoique toujours contestée par les conservateurs, a permis la normalisation des relations avec le Royaume-Uni).

Cohabitation tendue et désillusion

Sous la première présidence de Khatami, la vie politique se caractérise par une cohabitation tendue entre les réformateurs et pragmatiques qui occupent la plupart des postes gouvernementaux et les radicaux qui, derrière le guide ayant la haute main sur l'armée, la police, la justice, la télévision, contrôlent les autres rouages du pouvoir (le Parlement, le Conseil des gardiens, le Conseil de discernement de l'intérêt public – créé pour régler les litiges entre les deux précédentes instances –, l'Assemblée des experts – chargée de la désignation du guide –, etc.). Les oppositions entre ces deux tendances, elles-mêmes hétéroclites, se cristallisent tout particulièrement sur le statut des libertés publiques et des intellectuels. Dans un climat où la parole s'est libérée et où les Iraniens sont avides de publications critiques, de très nombreux journaux et revues voient le jour (on en compte environ 900, dont plusieurs titres féminins) ; certaines de ces publications n'hésitent pas à stigmatiser ouvertement les tenants de l'ordre, voire à remettre en cause les attributions du guide. Interdites par le Parlement ou par les autorités judiciaires qui font emprisonner leurs directeurs, elles renaissent quelque temps après sous d'autres noms. Les penseurs et les personnalités politiques revendiquant la séparation du pouvoir et du religieux et davantage de liberté sont aussi les cibles privilégiées des milieux conservateurs et islamistes. Plusieurs intellectuels, dont Dariush Forouhar, qui avaient été emprisonnés sous le régime du shah, sont assassinés durant l'automne de 1998. Des universitaires, clercs ou anciens ministres de Khatami, sont harcelés, jugés, mis en prison pour avoir osé discuter de la légitimité du velāyat-e faghih (la souveraineté du juriste théologien) ; les conférences d'Abdolkarim Soroush, un des promoteurs de la « révolution culturelle » dans les premières années de la République islamique, mais récusant désormais le mélange des genres (politique et religieux), sont interdites ou troublées par les hezbollāhi. Pour les mêmes raisons doctrinales, Mohsen Kadivar, un clerc de haut niveau, a été condamné au printemps de 1999 à dix-huit mois de prison et Abdollah Nouri, le populaire ancien ministre de l'Intérieur de Khatami, à cinq ans de prison, en novembre 1999. En mai de la même année, la condamnation à deux ans de prison, pour détournement de fonds publics, du maire réformateur et libéral de Téhéran, Gholam-Hoseyn Karbastchi, s'est inscrite dans le même contexte de règlements de comptes qui caractérise la vie politique iranienne. Face au harcèlement multiforme, continu et haineux des conservateurs, le président de la République, bien que conforté par les résultats des premières élections locales et municipales en février 1999, ne dispose que de pouvoirs limités et fait preuve d'hyperlégalisme. Sans doute a-t-il changé les gouverneurs de province, contribué à la libéralisation de la presse, de la vie culturelle et à l'ouverture internationale du pays. Mais son attitude en juillet 1999, lors de la révolte des étudiants de Téhéran, qui s'élevaient contre une loi visant à bâillonner la presse et contre l'interdiction d'un quotidien réformateur, ne laisse pas d'être ambiguë. Les manifestants, dont plusieurs seront tués et quelque mille quatre cents arrêtés, se réclament pourtant de la « ligne » de Khatami, qui ne fait rien pour empêcher la répression de ce mouvement. La crainte des provocations, d'être déchu par le guide (celui-ci en a le pouvoir), le souci de préserver la République islamique, l'esprit de corps clérical... expliquent sans doute cette prudence. Les réformateurs savent aussi que l'objectif prioritaire demeure les élections législatives de février et avril 2000.

Celles-ci suscitent une participation sans précédent (83 p. 100 des électeurs se rendent aux urnes) et confirment le désaveu des conservateurs, tout comme celui de l'ex-président Rafsandjani dont la candidature in extremis, à la tête d'une coalition au programme ambigu, pouvait être une menace pour les réformateurs. Dès le premier tour, les partisans de Khatami remportent 170 des 290 sièges que compte le Parlement. Des personnalités emblématiques arrivent en tête du scrutin : le frère du président, Mohamad Reza Khatami, celui de l'ancien ministre Nouri, Ali Reza, ou encore l'épouse du théologien Kadivar. Ce succès, qui traduit une profonde volonté de changement, ne doit pas masquer l'hétérogénéité de la coalition de mécontents réunie autour de Khatami. Cette nébuleuse regroupe des formations aussi diverses que le Front islamique pour la participation (le parti du président) et l'Association du clergé combattant (gauche islamique et étatiste).

La volonté de changement qui anime la société iranienne est confirmée par la réélection de Khatami à la présidence de la République en juin 2001. Opposé à neuf candidats conservateurs ou radicaux, celui-ci obtient 77 p. 100 des suffrages. Mais le tassement de la participation électorale (67 p. 100 contre 80 p. 100 en 1997) est un premier symptôme du reflux des réformateurs. Celui-ci est dû à l'incapacité de Khatami à imposer des modifications structurelles (telle une révision de la Constitution qui conférerait plus de pouvoir au président), à une situation économique (plus de 20 p. 100 d'inflation annuelle) aggravant la précarité des plus pauvres, au désengagement désenchanté de la sphère politique des forces vives (les jeunes, les femmes, les intellectuels) qui avaient constitué le principal soutien des réformateurs. Ses initiatives étant bloquées par le guide et par le Conseil des gardiens, Khatami, dont l'action – favorisant la création de journaux, d'associations, etc. – contribua cependant à l'installation durable du débat dans la société iranienne, se cantonna, au fil des mois, dans un rôle essentiellement décoratif, se faisant le chantre du « dialogue des civilisations », un programme qui n'apportait pas de solutions concrètes aux problèmes sociaux du pays.

La présidence Ahmadinejad

L'ascension d'Ahmadinejad et le retour des radicaux
Les élections locales de 2003 traduisent ce désenchantement et ce revirement de l'opinion. Le taux de participation est très faible (49 p. 100 dans l'ensemble du pays, 12 p. 100 à Téhéran), un indice récurrent de la démobilisation des électeurs réformateurs, et les conservateurs remportent la plupart des municipalités. À Téhéran, ils conquièrent la totalité des sièges sous l'impulsion du parti des Abādgarān (« Bâtisseurs »), fondé par Mahmoud Ahmadinejad, qui est élu maire. Celui-ci, qui entame alors une ascension décisive, est un fils de forgeron, ancien chef d'état-major des Gardiens de la révolution, devenu par la suite gouverneur de la province d'Ardabil. Cette poussée des conservateurs se confirme à l'occasion des élections législatives de février 2004 (ceux-ci obtiennent 195 sièges sur 290) ; elle bénéficie de la révocation par le Conseil des gardiens d'un grand nombre de candidats (3 544 sur 8 144), d'un fort taux d'abstention (50,6 p. 100) et de la désunion des « libéraux » (rafsandjanistes, réformateurs). Les analystes prévoient cependant la victoire d'Hashemi Rafsandjani, candidat expérimenté et pragmatique, à l'élection présidentielle de juin 2005. Mais c'est le radical Mahmoud Ahmadinejad qui l'emporte au second tour, en obtenant 62 p. 100 des voix contre 35 p. 100 à son rival. Ce succès inattendu tient à plusieurs facteurs : la lassitude, voire l'exaspération, des mostaz'afin (« déshérités ») qui subissent durement la dégradation de la situation économique, la mauvaise réputation de Rafsandjani, accusé d'enrichissement illicite et de corruption, le soutien apporté à ce fils du peuple et de la révolution par le guide Ali Khamenei, par les bassidji (« volontaires »), par l'électorat conservateur des villes et des campagnes du centre du pays, rétif à l'évolution des mœurs. Avec ses vêtements simples, son habitation modeste et son langage direct et démagogique, Ahmadinejad est la figure même du leader populiste ; il propose de « balayer les rues de la nation », de « mettre sur les nappes des familles l'argent du pétrole » et, lors de ses nombreuses tournées en province, flatte l'orgueil régional et national. Pour asseoir sa politique conservatrice, il démet de leurs fonctions la plupart des cadres du pays (préfets, présidents d'université, dirigeants de banques et d'entreprises d'État, négociateurs du dossier nucléaire...) et installe ses partisans. Il octroie des sommes considérables aux entreprises possédées par les pāsdārān qui l'ont soutenu et occupent de nombreux sièges au Parlement et dans son gouvernement.

D'emblée, Ahmadinejad se signale, sur la scène internationale, par ses prises de position provocatrices. Proclamant que « l'énergie nucléaire est notre droit inaliénable », il remet en cause l'engagement qu'avait pris l'Iran, en octobre 2003, de suspendre ses activités d'enrichissement de l'uranium, activités sensibles pouvant déboucher sur la fabrication d'armes atomiques, qui avaient été dissimulées à l'Agence internationale de l'énergie atomique (A.I.E.A.) et découvertes en 2002. Malgré de longues négociations menées sous l'égide de l'Union européenne, l'Iran reprend ses activités sensibles de conversion et d'enrichissement de l'uranium en août 2005 (sur son site d'Ispahan) puis en janvier 2006 (sur celui de Natanz), tout en se défendant de poursuivre un programme à visée militaire. Face au refus réitéré des autorités de suspendre ces programmes, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte, le 23 décembre 2006, la résolution 1737 condamnant l'Iran et promulguant « un embargo sur les matériaux et technologies pouvant aider à poursuivre des activités nucléaires sensibles ». D'autres sanctions sont prévues si l'Iran n'obtempère pas au terme de soixante jours. Elles sont, en définitive, prises par le Conseil de sécurité le 24 mars 2007 dans sa résolution 1747.

La politique étrangère d'Ahmadinejad renoue avec les projets et déclarations extrémistes des débuts de la période révolutionnaire. Entendant « rayer Israël de la carte », le gouvernement iranien apporte un soutien redoublé (logistique et financier) au Hamas palestinien et au Hezbollah libanais qu'il parraine avec la Syrie. On a pu apprécier l'importance de l'aide militaire et matérielle de l'Iran à ce mouvement shi’ite et à son armée lors la guerre qui l'opposa à Israël en juillet-août 2006. Hassan Nasrallah, son leader, a fait une partie de ses études théologiques à Qom et se reconnaît pour guide l'ayatollah Khamenei. Par ailleurs, en « réponse » aux caricatures du prophète, publiées dans un journal danois en septembre 2005 et qui suscitèrent une vive émotion dans le monde musulman, l'Iran organisa un concours de caricatures sur l'Holocauste qui furent exposées à Téhéran en août 2006 (la plupart dressait un parallèle entre Israël et le régime hitlérien). Prolongeant cette initiative, un colloque international, réunissant de nombreux négationnistes remettant en cause la réalité de la Shoah, se tint dans une officine du ministère des Affaires étrangères, les 11 et 12 décembre 2006. Cette rencontre, qui suscita peu d'intérêt en Iran, contribua à noircir encore l'image du pays dans le monde occidental. L'aide apportée au Hezbollah libanais et aux mouvements shi’ites en Irak (en particulier à celui, radical, de Moqtada al-Sadr avec qui Ahmadinejad entretient des relations privilégiées) étend l'influence de l'Iran vers la Méditerranée orientale et l'éloigne de son aire historique de rayonnement, à savoir l'Asie centrale. Un « arc » ou un « croissant » shi’ite semble ainsi se substituer au « grand Iran » (Irān-e bozorg) englobant, outre l'Afghanistan, plusieurs anciennes républiques soviétiques. Un anti-impérialisme vigoureusement proclamé rapproche, par ailleurs, l'Iran d'Ahmadinejad du Venezuela d'Hugo Chávez. Visites et accords, à la portée surtout symbolique, scellent ce front anti-George Bush.
D'abord séduite par ces bravades nationalistes et populistes, assorties de quelques mesures sociales (en matière d'aide au logement, de crédit à la consommation...), l'opinion se lasse au fil des mois de ces gesticulations qui isolent l'Iran, l'associent au monde arabe, objet d'une forte aversion héritée de l'histoire, et n'apportent aucune solution concrète aux problèmes économiques du pays. Les élections municipales et pour le renouvellement de l'Assemblée des experts, qui se déroulent simultanément le 15 décembre 2006, sont un revers pour Ahmadinejad et son équipe. À Téhéran, la liste de ses partisans, regroupés sous l'étiquette du « Doux parfum de servir », ne remporte que deux sièges sur quinze, alors que celle du maire, issu de la frange « moderniste » des pāsdārān, en obtient huit, et que rafsandjanistes et réformateurs, alliés dans ce scrutin, en enlèvent quatre. Quant aux élections à l'Assemblée des experts, elles portent Rafsandjani au premier rang et relèguent dans une position subalterne l'ayatollah ultra-conservateur Mezbah Yazdi, principale référence religieuse d'Ahmadinejad.

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Posté le : 25/10/2014 18:10
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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