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Nicolas Gilbert
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Le 16 novembre 1780 à Paris à 30 ans meurt Nicolas Joseph Florent Gilbert
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né le 15 décembre 1750 dans le sud du Duché de Lorraine à Fontenoy-le-Château, poète lorrain francophone.
Après avoir vainement cherché à faire reconnaître son talent le Génie aux prises avec la fortune ou le Poète malheureux, 1772, il finit par trouver sa voie dans la satire antiphilosophique


En bref

Poète lorrain, Nicolas Gilbert doit une certaine réputation à la légende ou, plutôt, au mythe romantique du poète incompris, victime d'une société égoïste, tel que le représente Vigny dans Stello : on a fait de lui une sorte de Chatterton français. S'il est vrai qu'il est mort jeune, à vingt-neuf ans, il ne faut plus pour autant s'abuser aujourd'hui.
Gilbert naît à Fontenoy-le-Château Vosges, où son père agriculteur, marchand de grains, possède deux petites fermes, tout en exerçant les fonctions de maire 1742. Il fait une partie de ses études au fameux collège de l'Arc, à Dôle, puis il monte à Paris, à la conquête d'une gloire qu'il ne trouvera, de manière posthume, qu'au XIXe siècle. Bien reçu par d'Alembert, auquel il est recommandé par Mme de la Verpillière, femme du prévôt des marchands de Lyon, il aurait sans doute été gagné au parti philosophique, comme son compatriote Saint-Lambert. Il en fut autrement ; Gilbert entra dans le clan des réactionnaires, au côté de Fréron, l'illustre directeur de L'Année littéraire. Il publie, alors qu'il n'a pas vingt ans, un roman passé justement inaperçu, puis son Début poétique 1771. Il participe au concours annuel de l'Académie française, en proposant Le Poète malheureux ou le Génie aux prises avec la fortune 1772, aux épanchements plus ou moins autobiographiques, et une ode consacrée au Jugement dernier 1773, qui se termine par ces vers : L'Éternel a brisé son tonnerre inutile ; -Et, d'ailes et de faux dépouillé désormais, Sur les mondes détruits le temps dort immobile.
Ce sont deux échecs consécutifs le prix étant remporté deux fois par Jean-François La Harpe, fade poète, mais dévoué à la cabale philosophique dans les feuilles du Mercure de France qui sont ressentis par Gilbert comme deux humiliations. Après un séjour à Nancy, il se lance courageusement dans la satire, se montrant digne successeur de Juvénal, Régnier et Boileau, s'en prenant à Voltaire, Diderot, d'Alembert, La Harpe, et dénonçant avec violence, d'abord dans Le Dix-Huitième Siècle 1776 dédié à Fréron, ensuite dans Mon Apologie,1778, la licence de l'athéisme, la corruption des mœurs et la décadence littéraire de son temps : Parlerai-je d'Iris ? chacun la prône et l'aime ; -C'est un cœur, mais un cœur, -c'est l'humanité même. -Si d'un pied étourdi quelque jeune éventé -Frappe, en courant, -son chien qui jappe épouvanté, -La voilà qui se meurt de tendresse et d'alarmes ; -Un papillon souffrant lui fait verser des larmes : -Il est vrai ; mais aussi qu'à la mort condamné, Lalli soit en spectacle à l'échafaud traîné, -Elle ira la première à cette horrible fête -Acheter le plaisir de voir tomber sa tête.

Sa vie

Nicolas Joseph Florent Gilbert naît le 15 décembre 1750 à Fontenoy-le-Château actuellement dans les Vosges. Baptisé le lendemain il a pour marraine Marie Iroy et pour parrain, son grand-père, Nicolas Joseph Florent Blancheville dont il prend les prénoms. Son père, maire de Fontenoy-la-Côte, propriétaire de deux fermes, y exerce le métier de marchand de grains. Son éducation est confiée au curé du village, un jésuite qui, voyant en lui "un esprit apte à être éduqué", lui apprend le latin. Puis le jeune Nicolas part faire ses humanités au collège de l’Arc à Dole.
En 1768, à la mort de son père, il monte à Nancy, ancienne capitale du duché de Lorraine devenu Français en 1766, où il côtoie quelque temps les cercles littéraires. Il fréquente les salons de Darbès et ceux de du comte de Lupcourt et est reçu chez l'avocat Mandel. Il y fait ses débuts, avec un roman persan, les Familles de Darius et d’Éridame ou Statira et Amestris 1770 et quelques pièces poétiques, dont son début poétique, composé de trois héroïdes et, entre plusieurs odes, le Jugement dernier 1773.
Après 1770, il part pour Paris, avec en poche ses premiers vers, ainsi qu’une lettre, signée de Mme de La Verpillière, femme du prévôt des marchands de Lyon et mécène. Cette lettre recommande le jeune poète à D’Alembert. Il semble que D’Alembert, lui ayant promis une place de précepteur, n’honore pas cette espérance, et le reçoit d’ailleurs assez froidement :

Et ce froid d'Alembert, chancelier du Parnasse,
Qui se croit un grand homme et fit une préface

Nicolas Gilbert, Le Dix-huitième siècle

Gilbert se retrouve donc comme tant d’autres, reclus dans une mansarde, à tâcher de vivre de sa plume, misérablement en somme. Il fait publier ses premières pièces en vers en 1771 ; le volume est en butte à l’indifférence générale. Melchior Grimm écrit dans sa Correspondance littéraire : "M. Gilbert a donné, il y a quelque temps, un Début poétique qui n’a été lu de personne."
Il présente successivement en 1772, puis en 1773, deux pièces au concours de l’Académie française. Son œuvre Le Poète malheureux, emplie d’accents élégiaques, non dénuée d’un certain talent ou en tout cas, d’une certaine sensibilité, n’obtient pas même une mention ; c’est Jean-François de La Harpe, directeur du Mercure de France, qui reçoit le prix.
Sa deuxième pièce, L’Ode du Jugement Dernier, subit le même sort. Gilbert en concevra alors une haine certaine pour La Harpe en particulier, ainsi que pour les encyclopédistes, voire les philosophes en général, qui tiennent tout le Parnasse littéraire français : ainsi nomme-t-on à ce moment l’élite des écrivains. De son côté, La Harpe n’aura de cesse de tenir en mépris tout ce que produira Gilbert.
Probablement en 1774, par l’entremise de Baculard d’Arnaud, Gilbert rencontre Élie Fréron, qui dirige l'Année littéraire, pendant du Mercure de France. Gilbert assiste probablement à des dîners organisés par Fréron et s’engage à ses côtés, sans doute par rancœur envers le milieu littéraire parisien dans un premier temps. Grâce à la recommandation de Fréron, Gilbert obtint les faveurs de l’archevêché et plusieurs pensions, dont une du roi.

François de Neufchateau dans son poème Les Vosges, consacre une strophe à son compatriote :

Au rang des bons esprits dont j'exhume la gloire,
Dois-je placer Gilbert ? Parmi nous étant né
Du Dernier Jugement ce chantre infortuné,
L'indigence altéra son cerveau pindarique;
Il vendit au clergé sa plume satirique
Du talent le plus rare, ô malheureux emploi !
Sa muse, fléchissant sous cette affreuse loi,
Contre la raison même abuse de ses armes;
Mais ses derniers adieux nous font verser des larmes.

François de Neufchateau, 'Les Vosges'

En 1775 paraît sa première pièce majeure, qui marque son temps. C’est une satire en vers, Le Dix-huitième siècle, qui donne la caricature féroce de son temps ; la philosophie y est le principe de la chute des arts, de la perte des mœurs. Tout y est matière à charge — nous sommes bien dans une satire — : la bourgeoisie, la noblesse, le clergé libertin ; la littérature du moment y est passée au peigne fin. À la fin de la satire, le nom honni paraît enfin : Voltaire. Le Dix-huitième siècle est véritablement à sa parution, et pour reprendre une expression de Huysmans, un météore dans le champ littéraire de l’époque ; il n’est en effet pas vraiment de bon ton de se moquer de ceux qui sont à l’origine du Progrès, et pensionnés par les plus grandes têtes couronnées d’Europe. La critique se déchaîne, mais Grimm verra tout de même la marque d’un certain talent chez Gilbert. Vivement critiqué ou applaudi, il est indéniable qu’à partir de 1775, le jeune poète est une figure reconnue de la littérature en cette fin d’Ancien Régime.
C’est dans le genre satirique que Gilbert fera au reste fortune, durant le peu d’années qu’il lui reste à vivre. En 1776 — année de la mort de Fréron et de la reprise de l'Année littéraire par son fils —, paraît une Diatribe sur les prix académiques. Le poète n’a en effet pas oublié ses cuisants échecs aux prix de l’Académie quelques années auparavant, et fustige dans cette pièce en prose la teneur fade des œuvres primées au concours. Puis il fait publier en 1778 une défense de la satire, Mon apologie, dialogue en vers entre un philosophe nommé Psaphon, et Gilbert lui-même mis en scène ; c’est son deuxième succès du genre.
Peu avant sa mort, il écrit une Ode inspirée de plusieurs psaumes, plus généralement connue sous le nom d'Adieux à la vie, un poème dont la thématique pré-romantique sera reprise par Alfred de Vigny dans Stello et Chatterton.
Le 24 octobre 1780, après une chute de cheval qui occasionne une blessure à la tête Gilbert est conduit à l'Hôtel-Dieu de Paris. Suite de l’opération du trépan, l'ayant rendu fou, il avale la clef d'une cassette qui reste accrochée à l'œsophage Journal de médecine, janv. 1781, p. 82. il meurt le 16 novembre à seulement 29 ans, après, comme nous venons de le voir, avoir avalé une clé dans une crise de délire, anecdote qui, chargée pour beaucoup d’une très riche symbolique, vaudra par exemple à Toulet ce vers : Mourir comme Gilbert en avalant sa clé. Par une ironie du sort, cette mort insolite l'emporte alors qu'il vient d'attirer sur lui la protection de M. de Beaumont, archevêque de Paris, et celle du roi. On dit, sans jamais l'avoir prouvé, que trois pensions lui étaient échues : une de l'archevêché, une prélevée sur la cassette royale, une enfin, du Mercure. Ce fait peut être exact ; mais il se trouve fâcheusement mentionné dans les apocryphes Souvenirs de la marquise de Créquy édition de 1855, pp. 182-184, où tout ce qu'il y a d'indubitablement faux laisse planer de grands doutes sur ce qui pourrait bien être vrai.
Il fut inhumé le 17 novembre dans la grande cave de l'église Saint-Pierre-aux-Bœufs sur l'Île de la Cité avant d'être transféré au cimetière de Clamart à Paris.
Gilbert est mort à l'Hôtel-Dieu, trop tôt sans doute pour se faire un grand nom. Une trépanation, à la suite d'une chute de cheval, l'ayant rendu fou, il avale la clef d'une cassette qui reste accrochée à l'œsophage Journal de médecine, janv. 1781, p. 82. Par une ironie du sort, cette mort insolite l'emporte alors qu'il vient d'attirer sur lui la protection de M. de Beaumont, archevêque de Paris, et celle du roi. On dit, sans jamais l'avoir prouvé, que trois pensions lui étaient échues : une de l'archevêché, une prélevée sur la cassette royale, une enfin, du Mercure. Ce fait peut être exact ; mais il se trouve fâcheusement mentionné dans les apocryphes Souvenirs de la marquise de Créquy, où tout ce qu'il y a d'indubitablement faux laisse planer de grands doutes sur ce qui pourrait bien être vrai.

Il est certain toutefois qu'après plusieurs années de bohème, Gilbert meurt dans une relative aisance. Il loue un appartement, des meubles, et pratique l'équitation, fait peu commun pour l'époque. Quant à son Ode tirée des Psaumes XL, 1780, elle a été composée à Conflans-les-Carrières, dans la résidence de campagne de son protecteur ecclésiastique (elle est publiée dans le Journal de Paris, le 17 octobre), et non huit jours avant sa mort sur son lit d'hôpital, survenue le 16 novembre. Elle n'en demeure pas moins remarquable par des accents élégiaques fort rares dans ce siècle, et qui annoncent Chénier ou Lamartine : Au banquet de la vie, infortuné convive, / J'apparus un jour, et je meurs : / Je meurs, et sur ma tombe, où lentement j'arrive, / Nul ne viendra verser des pleurs.
Il laisse, selon Van Bever, le souvenir d’un esprit chagrin et d’un génie malheureux

L’émergence d’un mythe

Toutefois, la mort de Gilbert ne signe pas l’oubli définitif de son nom. Il y a plusieurs seuils à passer pour assurer la postérité d’une œuvre ; la mort est un de ces seuils, et c’est bien malgré lui La Harpe qui va d’une manière ou d’une autre, permettre au nom de Gilbert de survivre, et de connaître une certaine fortune littéraire durant tout le siècle qui va suivre. La Harpe, tâchant une fois de plus de ridiculiser le poète, va effectivement rédiger une notice nécrologique qui paraîtra dans le Mercure de France en 1780, puis qu’il intégrera plus tard dans sa Correspondance littéraire, notice dans laquelle il relate dans ses moindres détails, la mort supposée du poète :
"Gilbert s’était logé à Charenton, dans le voisinage de la maison de campagne de M. de Beaumont, archevêque de Paris, car, en sa qualité d’apôtre de la religion, il se croyait obligé de faire sa cour au prélat, qui l’avait, en effet, recommandé à M. de Vergennes, et avait obtenu pour lui une des pensions que le ministre des Affaires étrangères peut prendre sur le privilège qu’il accorde aux papiers politiques. Il était allé chez l’archevêque, qui ne le reçut pas avec toute la distinction qu’il en attendait, et qui le fit manger avec ses secrétaires et ses valets de chambre. Gilbert, déjà mal disposé, fut tellement aigri de cette réception, qu’il rentra chez lui la tête absolument tournée. La fièvre le prit pendant la nuit, et le matin il alla, en chemise et en redingote, demander les sacrements au curé de Charenton, qui l’exhorta vainement à rentrer chez lui. Il courut de là chez l’archevêque, et la plupart des gens de la maison n’étant pas encore levés, il parvint jusqu’à la chambre de ce prélat, se roula par terre comme un possédé, en criant qu’on lui donnât les sacrements, qu’il allait mourir, et que les philosophes avaient gagné le curé de Charenton pour lui refuser les sacrements. L’archevêque, effrayé de ses cris et de ses convulsions, le fit porter à l’Hôtel-Dieu, dans la salle où l’on traite les fous. Là, sa folie ne fit qu’augmenter ; il faisait sa confession à haute voix ; et, comme un autre fou avait la manie de crier les arrêts du parlement, Gilbert criait de son côté que c’était lui qu’on allait pendre. Dans un de ces accès, il avala la clef de sa cassette, qui lui resta dans l’œsophage. Il mourut vingt-quatre heures après, ne pouvant pas être secouru, et s’accusant toujours lui-même, sans qu’il en faille pourtant rien conclure contre lui, car le cri de la folie n’est pas toujours celui de la conscience."
Ce texte, on le voit, nous présente Gilbert agonisant dans les affres de la folie. Ce n’est pas tout ; les détracteurs du poète accuseront le parti anti-philosophe d’avoir laissé mourir de faim leur supposé protégé. Ces légendes qui courent sur la mort de Gilbert sont toutefois fausses. Loin d’avoir agonisé sur un grabat d’hôpital, malheureux, pauvre et affamé comme on tente alors de la faire accroire, le poète, dans les dernières années de sa vie, reçoit plusieurs pensions : 800 livres du roi, 600 livres de Mesdames, 100 écus sur le Mercure de France, 500 livres de l’archevêché. Les dix louis qu'il aurait laissés par testament à un jeune soldat qui n’est autre que Bernadotte sont une légende.
Cette série de fables courant sur la mort du poète, loin de le desservir, lui permettent de passer à la postérité sous le signe du poète maudit, à l’exemple de Chatterton ou de Malfilâtre.

Postérité

De ce fait, Gilbert passe l’épreuve de la mort avec un certain succès, sous l’image du poète malheureux, maudit, rejeté par son siècle. Quoique le poète ait connu une gloire littéraire certaine durant sa vie, grâce à son œuvre satirique, ce sont ses œuvres plus personnelles qui lui assureront de quoi vivre dans les mémoires des siècles suivants, à savoir, Le Poète malheureux, et Les Adieux à la vie. Dès 1819, en effet, le Romantisme, en quête de figure tutélaire, reprend à son compte la part élégiaque de Gilbert, au même titre que la dimension de révolte présente dans l’œuvre de Chénier : les deux noms sont bien souvent associés dans la pensée des Romantiques. De Musset à Flaubert - qui est indéniablement Romantique par ses origines, cf. sa Correspondance, en passant par Vigny il est l’une des trois figures emblématiques du Stello, avec Chatterton et Chénier, ou encore Charles Nodier, Nodier édite les Œuvres complètes de Gilbert en 1826, tous reconnaissent l’influence certes mineure, mais bien présente, du poète dans leur inspiration, et l’âme du mouvement.
Le nom de Gilbert ne tombe définitivement dans l’oubli qu’à l’aube du XXe siècle, où le romantisme lui-même achève de tomber en désuétude.

Hommage

La ville de Fontenoy-le-Château lui a fait ériger une statue. La première statue érigée en 1898 était l'œuvre de la Duchesse d'Uzès. Elle fut retirée, pour être fondue, pendant la seconde guerre mondiale. Une nouvelle statue, l'actuelle, fut érigée en 1953.
Les villes de Nancy et d'Épinal ont donné le nom de Gilbert à une rue et Fontenoy à une place.
Dans les catacombes de Paris, le Sarcophage du Lacrymatoire dit Tombeau de Gilbert porte sur son socle les vers célèbres du poète: Au banquet de la vie, infortuné convive, j' apparus un jour et je meurs...

Å’uvres

Les Familles de Darius et d'Hidarne La Haye et Paris, 2 vol., 1770
Début poétique Paris, 1771
Le Poète malheureux, ou Le Génie aux prises avec la fortune Paris, 1772
Le Jugement dernier Paris, 1773
Le Carnaval des auteurs ou les masques reconnus et punis Paris, 1773
Le Siècle (Paris, 1774
Éloge de Léopold, duc de Lorraine 1774
Le Dix-Huitième siècle Paris, 1775
Le Jubilé Paris, 1775
Mon Apologie Amsterdam, 1778
Ode sur la guerre présente, ou Le Combat d'Ouessant Paris, 1778
Ode imitée de plusieurs psaumes, dite Adieux à la vie 1780





b]Le 16 novembre 1780 à Paris à 30 ans meurt Nicolas Joseph Florent Gilbert

né le 15 décembre 1750 dans le sud du Duché de Lorraine à Fontenoy-le-Château, poète lorrain francophone.
Après avoir vainement cherché à faire reconnaître son talent le Génie aux prises avec la fortune ou le Poète malheureux, 1772, il finit par trouver sa voie dans la satire antiphilosophique


En bref

Poète lorrain, Nicolas Gilbert doit une certaine réputation à la légende ou, plutôt, au mythe romantique du poète incompris, victime d'une société égoïste, tel que le représente Vigny dans Stello : on a fait de lui une sorte de Chatterton français. S'il est vrai qu'il est mort jeune, à vingt-neuf ans, il ne faut plus pour autant s'abuser aujourd'hui.
Gilbert naît à Fontenoy-le-Château Vosges, où son père agriculteur, marchand de grains, possède deux petites fermes, tout en exerçant les fonctions de maire 1742. Il fait une partie de ses études au fameux collège de l'Arc, à Dôle, puis il monte à Paris, à la conquête d'une gloire qu'il ne trouvera, de manière posthume, qu'au XIXe siècle. Bien reçu par d'Alembert, auquel il est recommandé par Mme de la Verpillière, femme du prévôt des marchands de Lyon, il aurait sans doute été gagné au parti philosophique, comme son compatriote Saint-Lambert. Il en fut autrement ; Gilbert entra dans le clan des réactionnaires, au côté de Fréron, l'illustre directeur de L'Année littéraire. Il publie, alors qu'il n'a pas vingt ans, un roman passé justement inaperçu, puis son Début poétique 1771. Il participe au concours annuel de l'Académie française, en proposant Le Poète malheureux ou le Génie aux prises avec la fortune 1772, aux épanchements plus ou moins autobiographiques, et une ode consacrée au Jugement dernier 1773, qui se termine par ces vers : L'Éternel a brisé son tonnerre inutile ; -Et, d'ailes et de faux dépouillé désormais, Sur les mondes détruits le temps dort immobile.
Ce sont deux échecs consécutifs le prix étant remporté deux fois par Jean-François La Harpe, fade poète, mais dévoué à la cabale philosophique dans les feuilles du Mercure de France qui sont ressentis par Gilbert comme deux humiliations. Après un séjour à Nancy, il se lance courageusement dans la satire, se montrant digne successeur de Juvénal, Régnier et Boileau, s'en prenant à Voltaire, Diderot, d'Alembert, La Harpe, et dénonçant avec violence, d'abord dans Le Dix-Huitième Siècle 1776 dédié à Fréron, ensuite dans Mon Apologie,1778, la licence de l'athéisme, la corruption des mœurs et la décadence littéraire de son temps : Parlerai-je d'Iris ? chacun la prône et l'aime ; -C'est un cœur, mais un cœur, -c'est l'humanité même. -Si d'un pied étourdi quelque jeune éventé -Frappe, en courant, -son chien qui jappe épouvanté, -La voilà qui se meurt de tendresse et d'alarmes ; -Un papillon souffrant lui fait verser des larmes : -Il est vrai ; mais aussi qu'à la mort condamné, Lalli soit en spectacle à l'échafaud traîné, -Elle ira la première à cette horrible fête -Acheter le plaisir de voir tomber sa tête.

Sa vie

Nicolas Joseph Florent Gilbert naît le 15 décembre 1750 à Fontenoy-le-Château actuellement dans les Vosges. Baptisé le lendemain il a pour marraine Marie Iroy et pour parrain, son grand-père, Nicolas Joseph Florent Blancheville dont il prend les prénoms. Son père, maire de Fontenoy-la-Côte, propriétaire de deux fermes, y exerce le métier de marchand de grains. Son éducation est confiée au curé du village, un jésuite qui, voyant en lui "un esprit apte à être éduqué", lui apprend le latin. Puis le jeune Nicolas part faire ses humanités au collège de l’Arc à Dole.
En 1768, à la mort de son père, il monte à Nancy, ancienne capitale du duché de Lorraine devenu Français en 1766, où il côtoie quelque temps les cercles littéraires. Il fréquente les salons de Darbès et ceux de du comte de Lupcourt et est reçu chez l'avocat Mandel. Il y fait ses débuts, avec un roman persan, les Familles de Darius et d’Éridame ou Statira et Amestris 1770 et quelques pièces poétiques, dont son début poétique, composé de trois héroïdes et, entre plusieurs odes, le Jugement dernier 1773.
Après 1770, il part pour Paris, avec en poche ses premiers vers, ainsi qu’une lettre, signée de Mme de La Verpillière, femme du prévôt des marchands de Lyon et mécène. Cette lettre recommande le jeune poète à D’Alembert. Il semble que D’Alembert, lui ayant promis une place de précepteur, n’honore pas cette espérance, et le reçoit d’ailleurs assez froidement :

Et ce froid d'Alembert, chancelier du Parnasse,
Qui se croit un grand homme et fit une préface

Nicolas Gilbert, Le Dix-huitième siècle

Gilbert se retrouve donc comme tant d’autres, reclus dans une mansarde, à tâcher de vivre de sa plume, misérablement en somme. Il fait publier ses premières pièces en vers en 1771 ; le volume est en butte à l’indifférence générale. Melchior Grimm écrit dans sa Correspondance littéraire : "M. Gilbert a donné, il y a quelque temps, un Début poétique qui n’a été lu de personne."
Il présente successivement en 1772, puis en 1773, deux pièces au concours de l’Académie française. Son œuvre Le Poète malheureux, emplie d’accents élégiaques, non dénuée d’un certain talent ou en tout cas, d’une certaine sensibilité, n’obtient pas même une mention ; c’est Jean-François de La Harpe, directeur du Mercure de France, qui reçoit le prix.
Sa deuxième pièce, L’Ode du Jugement Dernier, subit le même sort. Gilbert en concevra alors une haine certaine pour La Harpe en particulier, ainsi que pour les encyclopédistes, voire les philosophes en général, qui tiennent tout le Parnasse littéraire français : ainsi nomme-t-on à ce moment l’élite des écrivains. De son côté, La Harpe n’aura de cesse de tenir en mépris tout ce que produira Gilbert.
Probablement en 1774, par l’entremise de Baculard d’Arnaud, Gilbert rencontre Élie Fréron, qui dirige l'Année littéraire, pendant du Mercure de France. Gilbert assiste probablement à des dîners organisés par Fréron et s’engage à ses côtés, sans doute par rancœur envers le milieu littéraire parisien dans un premier temps. Grâce à la recommandation de Fréron, Gilbert obtint les faveurs de l’archevêché et plusieurs pensions, dont une du roi.

François de Neufchateau dans son poème Les Vosges, consacre une strophe à son compatriote :

Au rang des bons esprits dont j'exhume la gloire,
Dois-je placer Gilbert ? Parmi nous étant né
Du Dernier Jugement ce chantre infortuné,
L'indigence altéra son cerveau pindarique;
Il vendit au clergé sa plume satirique
Du talent le plus rare, ô malheureux emploi !
Sa muse, fléchissant sous cette affreuse loi,
Contre la raison même abuse de ses armes;
Mais ses derniers adieux nous font verser des larmes.

François de Neufchateau, 'Les Vosges'

En 1775 paraît sa première pièce majeure, qui marque son temps. C’est une satire en vers, Le Dix-huitième siècle, qui donne la caricature féroce de son temps ; la philosophie y est le principe de la chute des arts, de la perte des mœurs. Tout y est matière à charge — nous sommes bien dans une satire — : la bourgeoisie, la noblesse, le clergé libertin ; la littérature du moment y est passée au peigne fin. À la fin de la satire, le nom honni paraît enfin : Voltaire. Le Dix-huitième siècle est véritablement à sa parution, et pour reprendre une expression de Huysmans, un météore dans le champ littéraire de l’époque ; il n’est en effet pas vraiment de bon ton de se moquer de ceux qui sont à l’origine du Progrès, et pensionnés par les plus grandes têtes couronnées d’Europe. La critique se déchaîne, mais Grimm verra tout de même la marque d’un certain talent chez Gilbert. Vivement critiqué ou applaudi, il est indéniable qu’à partir de 1775, le jeune poète est une figure reconnue de la littérature en cette fin d’Ancien Régime.
C’est dans le genre satirique que Gilbert fera au reste fortune, durant le peu d’années qu’il lui reste à vivre. En 1776 — année de la mort de Fréron et de la reprise de l'Année littéraire par son fils —, paraît une Diatribe sur les prix académiques. Le poète n’a en effet pas oublié ses cuisants échecs aux prix de l’Académie quelques années auparavant, et fustige dans cette pièce en prose la teneur fade des œuvres primées au concours. Puis il fait publier en 1778 une défense de la satire, Mon apologie, dialogue en vers entre un philosophe nommé Psaphon, et Gilbert lui-même mis en scène ; c’est son deuxième succès du genre.
Peu avant sa mort, il écrit une Ode inspirée de plusieurs psaumes, plus généralement connue sous le nom d'Adieux à la vie, un poème dont la thématique pré-romantique sera reprise par Alfred de Vigny dans Stello et Chatterton.
Le 24 octobre 1780, après une chute de cheval qui occasionne une blessure à la tête Gilbert est conduit à l'Hôtel-Dieu de Paris. Suite de l’opération du trépan, l'ayant rendu fou, il avale la clef d'une cassette qui reste accrochée à l'œsophage Journal de médecine, janv. 1781, p. 82. il meurt le 16 novembre à seulement 29 ans, après, comme nous venons de le voir, avoir avalé une clé dans une crise de délire, anecdote qui, chargée pour beaucoup d’une très riche symbolique, vaudra par exemple à Toulet ce vers : Mourir comme Gilbert en avalant sa clé. Par une ironie du sort, cette mort insolite l'emporte alors qu'il vient d'attirer sur lui la protection de M. de Beaumont, archevêque de Paris, et celle du roi. On dit, sans jamais l'avoir prouvé, que trois pensions lui étaient échues : une de l'archevêché, une prélevée sur la cassette royale, une enfin, du Mercure. Ce fait peut être exact ; mais il se trouve fâcheusement mentionné dans les apocryphes Souvenirs de la marquise de Créquy édition de 1855, pp. 182-184, où tout ce qu'il y a d'indubitablement faux laisse planer de grands doutes sur ce qui pourrait bien être vrai.
Il fut inhumé le 17 novembre dans la grande cave de l'église Saint-Pierre-aux-Bœufs sur l'Île de la Cité avant d'être transféré au cimetière de Clamart à Paris.
Gilbert est mort à l'Hôtel-Dieu, trop tôt sans doute pour se faire un grand nom. Une trépanation, à la suite d'une chute de cheval, l'ayant rendu fou, il avale la clef d'une cassette qui reste accrochée à l'œsophage Journal de médecine, janv. 1781, p. 82. Par une ironie du sort, cette mort insolite l'emporte alors qu'il vient d'attirer sur lui la protection de M. de Beaumont, archevêque de Paris, et celle du roi. On dit, sans jamais l'avoir prouvé, que trois pensions lui étaient échues : une de l'archevêché, une prélevée sur la cassette royale, une enfin, du Mercure. Ce fait peut être exact ; mais il se trouve fâcheusement mentionné dans les apocryphes Souvenirs de la marquise de Créquy, où tout ce qu'il y a d'indubitablement faux laisse planer de grands doutes sur ce qui pourrait bien être vrai.

Il est certain toutefois qu'après plusieurs années de bohème, Gilbert meurt dans une relative aisance. Il loue un appartement, des meubles, et pratique l'équitation, fait peu commun pour l'époque. Quant à son Ode tirée des Psaumes XL, 1780, elle a été composée à Conflans-les-Carrières, dans la résidence de campagne de son protecteur ecclésiastique (elle est publiée dans le Journal de Paris, le 17 octobre), et non huit jours avant sa mort sur son lit d'hôpital, survenue le 16 novembre. Elle n'en demeure pas moins remarquable par des accents élégiaques fort rares dans ce siècle, et qui annoncent Chénier ou Lamartine : Au banquet de la vie, infortuné convive, / J'apparus un jour, et je meurs : / Je meurs, et sur ma tombe, où lentement j'arrive, / Nul ne viendra verser des pleurs.
Il laisse, selon Van Bever, le souvenir d’un esprit chagrin et d’un génie malheureux

L’émergence d’un mythe

Toutefois, la mort de Gilbert ne signe pas l’oubli définitif de son nom. Il y a plusieurs seuils à passer pour assurer la postérité d’une œuvre ; la mort est un de ces seuils, et c’est bien malgré lui La Harpe qui va d’une manière ou d’une autre, permettre au nom de Gilbert de survivre, et de connaître une certaine fortune littéraire durant tout le siècle qui va suivre. La Harpe, tâchant une fois de plus de ridiculiser le poète, va effectivement rédiger une notice nécrologique qui paraîtra dans le Mercure de France en 1780, puis qu’il intégrera plus tard dans sa Correspondance littéraire, notice dans laquelle il relate dans ses moindres détails, la mort supposée du poète :
"Gilbert s’était logé à Charenton, dans le voisinage de la maison de campagne de M. de Beaumont, archevêque de Paris, car, en sa qualité d’apôtre de la religion, il se croyait obligé de faire sa cour au prélat, qui l’avait, en effet, recommandé à M. de Vergennes, et avait obtenu pour lui une des pensions que le ministre des Affaires étrangères peut prendre sur le privilège qu’il accorde aux papiers politiques. Il était allé chez l’archevêque, qui ne le reçut pas avec toute la distinction qu’il en attendait, et qui le fit manger avec ses secrétaires et ses valets de chambre. Gilbert, déjà mal disposé, fut tellement aigri de cette réception, qu’il rentra chez lui la tête absolument tournée. La fièvre le prit pendant la nuit, et le matin il alla, en chemise et en redingote, demander les sacrements au curé de Charenton, qui l’exhorta vainement à rentrer chez lui. Il courut de là chez l’archevêque, et la plupart des gens de la maison n’étant pas encore levés, il parvint jusqu’à la chambre de ce prélat, se roula par terre comme un possédé, en criant qu’on lui donnât les sacrements, qu’il allait mourir, et que les philosophes avaient gagné le curé de Charenton pour lui refuser les sacrements. L’archevêque, effrayé de ses cris et de ses convulsions, le fit porter à l’Hôtel-Dieu, dans la salle où l’on traite les fous. Là, sa folie ne fit qu’augmenter ; il faisait sa confession à haute voix ; et, comme un autre fou avait la manie de crier les arrêts du parlement, Gilbert criait de son côté que c’était lui qu’on allait pendre. Dans un de ces accès, il avala la clef de sa cassette, qui lui resta dans l’œsophage. Il mourut vingt-quatre heures après, ne pouvant pas être secouru, et s’accusant toujours lui-même, sans qu’il en faille pourtant rien conclure contre lui, car le cri de la folie n’est pas toujours celui de la conscience."
Ce texte, on le voit, nous présente Gilbert agonisant dans les affres de la folie. Ce n’est pas tout ; les détracteurs du poète accuseront le parti anti-philosophe d’avoir laissé mourir de faim leur supposé protégé. Ces légendes qui courent sur la mort de Gilbert sont toutefois fausses. Loin d’avoir agonisé sur un grabat d’hôpital, malheureux, pauvre et affamé comme on tente alors de la faire accroire, le poète, dans les dernières années de sa vie, reçoit plusieurs pensions : 800 livres du roi, 600 livres de Mesdames, 100 écus sur le Mercure de France, 500 livres de l’archevêché. Les dix louis qu'il aurait laissés par testament à un jeune soldat qui n’est autre que Bernadotte sont une légende.
Cette série de fables courant sur la mort du poète, loin de le desservir, lui permettent de passer à la postérité sous le signe du poète maudit, à l’exemple de Chatterton ou de Malfilâtre.

Postérité

De ce fait, Gilbert passe l’épreuve de la mort avec un certain succès, sous l’image du poète malheureux, maudit, rejeté par son siècle. Quoique le poète ait connu une gloire littéraire certaine durant sa vie, grâce à son œuvre satirique, ce sont ses œuvres plus personnelles qui lui assureront de quoi vivre dans les mémoires des siècles suivants, à savoir, Le Poète malheureux, et Les Adieux à la vie. Dès 1819, en effet, le Romantisme, en quête de figure tutélaire, reprend à son compte la part élégiaque de Gilbert, au même titre que la dimension de révolte présente dans l’œuvre de Chénier : les deux noms sont bien souvent associés dans la pensée des Romantiques. De Musset à Flaubert - qui est indéniablement Romantique par ses origines, cf. sa Correspondance, en passant par Vigny il est l’une des trois figures emblématiques du Stello, avec Chatterton et Chénier, ou encore Charles Nodier, Nodier édite les Œuvres complètes de Gilbert en 1826, tous reconnaissent l’influence certes mineure, mais bien présente, du poète dans leur inspiration, et l’âme du mouvement.
Le nom de Gilbert ne tombe définitivement dans l’oubli qu’à l’aube du XXe siècle, où le romantisme lui-même achève de tomber en désuétude.

Hommage

La ville de Fontenoy-le-Château lui a fait ériger une statue. La première statue érigée en 1898 était l'œuvre de la Duchesse d'Uzès. Elle fut retirée, pour être fondue, pendant la seconde guerre mondiale. Une nouvelle statue, l'actuelle, fut érigée en 1953.
Les villes de Nancy et d'Épinal ont donné le nom de Gilbert à une rue et Fontenoy à une place.
Dans les catacombes de Paris, le Sarcophage du Lacrymatoire dit Tombeau de Gilbert porte sur son socle les vers célèbres du poète: Au banquet de la vie, infortuné convive, j' apparus un jour et je meurs...

Å’uvres

Les Familles de Darius et d'Hidarne La Haye et Paris, 2 vol., 1770
Début poétique Paris, 1771
Le Poète malheureux, ou Le Génie aux prises avec la fortune Paris, 1772
Le Jugement dernier Paris, 1773
Le Carnaval des auteurs ou les masques reconnus et punis Paris, 1773
Le Siècle (Paris, 1774
Éloge de Léopold, duc de Lorraine 1774
Le Dix-Huitième siècle Paris, 1775
Le Jubilé Paris, 1775
Mon Apologie Amsterdam, 1778
Ode sur la guerre présente, ou Le Combat d'Ouessant Paris, 1778
Ode imitée de plusieurs psaumes, dite Adieux à la vie 1780

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Posté le : 16/11/2014 23:40

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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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