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André Thévet
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Le 23 novembre 1590 à Paris meurt André Thevet
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explorateur et écrivain-géographe français, né en 1516 à Angoulême. Linné lui a dédié le genre Thevetia de la famille des Apocynaceae. Cadet d'une famille de chirurgiens-barbiers, à l’âge de dix ans, il est placé contre son gré au couvent des Franciscains ou Cordeliers d'Angoulême. Peu porté sur la religion, il préfère dévorer les livres et voyager.
Protégé par François Ier, ainsi que par les La Rochefoucauld et les Guise, il commença par voyager en Italie, chargé de diverses missions par ses protecteurs. À Plaisance, il se lie avec le cardinal Jean de Lorraine.
Cordelier, visita l'Italie, l'Asie Mineure, la Grèce et la Palestine. En 1555, il fit partie de l'expédition de Villegaignon, partie coloniser le Brésil. En 1558, il fut nommé aumônier de Catherine de Médicis, historiographe et cosmographe du roi. Ses œuvres ont contribué à rendre familière l'idée du bon sauvage : Cosmographie du Levant 1554, les Singularités de la France antarctique 1557, la Cosmographie universelle 1571, 1575, les Vrais Portraits 1584. On lui doit aussi la première description de divers animaux américains : paresseux, opossum, lamentin, tapir.


En bref

André Thevet est l'un des premiers voyageurs européens à avoir pris contact à la fois avec l'Afrique et avec l'Amérique. Dans ses récits, il se comporte en grand reporter et en observateur avisé. Il décrit avec fidélité et minutie tout ce qu'il a vu. Son ouvrage les Singularités de la France antarctique, paru en 1558, est accueilli avec enthousiasme, même si, par la suite, ses détracteurs l'accusent contre toute vraisemblance de n'avoir jamais mis les pieds en Amérique du Sud. L'ouvrage est orné de quarante et une gravures dont onze relatives à la flore et dix à la faune. Dues pour la plupart à des Flamands qui travaillent d'après les dessins de l'auteur, ce sont de véritables œuvres d'art, mais elles ont généralement un caractère trop rudimentaire pour permettre des déterminations précises d'espèces en ce qui concerne les animaux représentés. On doit pourtant à André Thevet la première description de divers animaux américains dont le tapir, l'opossum et l'aï, ou paresseux, qu'il appelle haüt. Ce dernier, qu'il a longuement observé, l'a particulièrement frappé car il ne l'a jamais vu manger, d'où sa conclusion que cette étrange bête devait se nourrir de vent.

Sa vie

Fils de paysans, André Thevet effectue ses études chez les cordeliers de l'ordre de saint François d'Assise d'abord, puis à l'université de Poitiers, et devient le secrétaire du cardinal d'Amboise, archevêque de Rouen, grâce auquel, sans doute, il effectue ses premiers voyages – en Espagne et au Portugal – au début des années 1540. On le retrouve ensuite en Italie. À Rome, il fait la connaissance de François Rabelais, avec lequel il se lie. En 1549 et 1550, il parcourt la Méditerranée, séjourne à Candie, Constantinople, Alexandrie, au Caire ; il accomplit un pèlerinage à Jérusalem et, de là, va à Damas ainsi qu'à Tripoli avant de revenir enfin à Marseille, puis à Paris. La relation de ces voyages paraît en 1554 sous le titre de Cosmographie du Levant.
En 1550-1551, il accompagne au Brésil le capitaine Guillaume Le Testu. Cette expérience lui vaut sans doute d'être désigné par Henri II, en 1555, comme aumônier de l'expédition dirigée par Nicolas Durand de Villegagnon. Chevalier de Malte et navigateur accompli, ce dernier est chargé par le roi de créer un établissement français dans la baie de Rio. L'expédition, qui comprend deux bateaux, quitte Dieppe le 14 août et arrive six mois plus tard sur la côte brésilienne. Dans l'île marécageuse de Ganabra, Villegagnon fonde la colonie de la France antarctique, dont l'existence sera éphémère.
Esprit curieux et ouvert, la plume facile, André Thevet n'arrête pas de prendre des notes ou de dessiner. Durant le voyage en mer, il observe attentivement les divers poissons ou autres animaux marins – marsouins, requins, bonites, dorades, poissons-volants – et recueille les récits des marins concernant des animaux comme le rhinocéros ou le serpentaire de l'île de Madagascar. Une fois au Brésil, il s'intéresse aussi bien aux « sauvages » qui vivent dans la région qu'à la faune et à la flore.
Il collectionne les objets rares ou curieux : les pierres, les coquillages, les squelettes, dents ou peaux d'animaux, les vêtements et chapeaux de plumes qui le fascinent, les poteries, les bijoux et autres objets confectionnés par les Amérindiens.
Lorsqu'une épidémie de peste contraint André Thevet à regagner la France en 1556, il rapporte avec lui tout ce qu'il a recueilli. Ces objets constitueront, avec d'autres cadeaux faits au roi par des voyageurs de l'époque, le Cabinet de curiosités royal, sorte de petit musée dont il se voit confier la garde. Il rapporte également les graines d'une plante aux vertus singulières qu'il est le premier à cultiver en France : le tabac, dont Jean Nicot ne fera la promotion que plusieurs années plus tard.
Nommé cosmographe du roi avant la mort de Henri II, André Thevet écrit une Cosmographie universelle, première encyclopédie moderne dans laquelle il ajoute aux observations réunies par lui lors de ses voyages une foule de renseignements géographiques et historiques pris un peu partout et souvent quelque peu fantaisistes. Cependant, il y combat énergiquement un certain nombre de croyances héritées du Moyen Âge, dont celles touchant les animaux fabuleux : sirènes, serpents ailés, salamandres, licornes...
À partir de 1585, André Thevet travaille à un ouvrage qui ne sera jamais imprimé, le Grand Insulaire, description des îles habitées et inhabitées. Avant de s'éteindre à Paris en 1592, il écrit encore le récit de ses Deux Voyages en Terres australes et occidentales et la Description de plusieurs îles, un abrégé de l'Insulaire

Les tentatives de colonisation française au Brésil provoquèrent beaucoup plus d'intérêt et d'espoir que l'aventure de Jacques Cartier au Canada. La perspective de cette France antarctique attira les huguenots, persécutés en France, et les moines catholiques ; les uns y cherchaient une terre d'asile, les autres un territoire de missions. Cette expérience a été rapportée par des Français ayant des positions politiques et religieuses opposées, mais s'intéressant tous aux cultures nouvellement découvertes. Nicolas Barré fut l'auteur de lettres expédiées de février à mai 1556.
Il y note, avec précision, les caractéristiques du climat tropical, des cultures locales, de la baie de Rio et des Indiens Tupinambas. Le cordelier André Thevet, poussé par une insatiable curiosité, parcourut l'intérieur du pays, interrogeant les Indiens non seulement sur les productions locales, mais aussi sur leurs mœurs, leur langue et leurs traditions. Fort de ces connaissances, Thevet rédigea à Paris, Les Singularitez de la France Antarctique 1558, œuvre au demeurant fort contestée à cause de ses erreurs et de ses inexactitudes. Cependant, sa description des mœurs et croyances religieuses fut fort appréciée et elle contribua à rendre familière l'idée du bon sauvage. Jean de Léry, un pasteur genevois, est l'auteur de l'Histoire d'un voyage fait en la Terre de Brésil 1578. Écrite pour répondre aux critiques faites par Thevet contre les huguenots, cette œuvre est une précieuse relation historique des conflits qui opposèrent catholiques et protestants, mais aussi un document ethnologique sur la culture des Tupinambas. Montaigne s'en inspira pour rédiger plusieurs des plus profonds chapitres des Essais. Outre ces œuvres, il nous reste à citer l'Histoire de la province de Sancta-Cruz que nous nommons ordinairement le Brésil 1576 de Pedro de Magalhãnes de Galdavo et celui de Gabriel Soãres de Souza : Traité descriptif du Brésil 1587, source fondamentale pour la géographie, l'histoire et l'ethnologie.
On est donc frappé, tant par la modernité, que par le nombre et la richesse des chroniques que le Nouveau Monde a inspirées aux navigateurs, explorateurs et missionnaires européens de l'époque de la Renaissance. Il ne faudrait cependant pas oublier que tous ces écrits héritaient de traditions formelles souvent très anciennes. Pline et les histoires naturelles de l'Antiquité ont été les modèles d'Oviedo et d'Acosta ; le Livre des merveilles, de l'Inde et de la Chine de Marco Polo fut l'ancêtre de tous les récits des découvreurs des Indes occidentales. Et surtout l'imagination épique des chroniqueurs de la conquête du Nouveau Monde fut nourrie des romans de chevalerie ; le plus célèbre de ceux-ci dans l'Espagne de l'époque, l'Amadis des Gaules, a été expressément cité par Bernal Díaz del Castillo. Enfin les guerres de l'Ancien Testament ont été présentes à l'esprit et sous la plume des premiers chroniqueurs de la conquête, ceux du Chili notamment. L'émergence d'une nouveauté radicale, celle d'un Nouveau Monde, s'enracine donc dans les traditions hellénique et judéo-chrétienne aussi bien que dans le merveilleux médiéval.

La Renaissance a toute raison d'être un éveil pour la botanique. L'élan des études classiques fait naître de fructueux commentaires des œuvres anciennes et l'imprimerie en assure la diffusion. Le plus célèbre ouvrage est sans doute les Commentarii sur les six livres de Pedacius Dioscorides par Petrus Andreas Matthiolus, 1501-1577. Le commentaire est souvent quatre ou cinq fois plus long que le texte et une série de figures assez bien observées ajoutent encore au prix du livre. Mais il est aussi orienté vers la médecine que le Dioscoride lui-même.

En second lieu, les voyages, la découverte du Nouveau Monde et sa conquête eurent un rôle important dans le développement de la botanique. Des plantes nouvelles furent apportées et parfois introduites en Europe. L'ananas et la pomme de terre en sont les exemples connus : l'ananas est sur la table de Ferdinand d'Espagne ; la papas des hautes régions du Pérou devient plante d'ornement dans les jardins européens. On commence donc à créer, pour recevoir ces plantes, des jardins botaniques (Padoue, Pise.... Après plusieurs Espagnols, de Gomara, notamment, André Thevet, voyageur français, décrit une série de plantes nouvelles dans ses Singularitez de la France antarctique, autrement nommée Amérique 1558. C'est donc partout dans le monde européen que de cette Botanique encore médicinale tente de se dégager la science.

Le voyage au Levant, 1549-1552

En 1549, grâce à l'argent du Cardinal Jean de Lorraine, il embarque pour le Levant. Il visite la Crête et les îles de la Mer Égée. Il séjourne près de deux ans à Constantinople. On pense qu'il aurait alors été espion pour la France. En 1552, il quitte Constantinople et part pour l'Égypte et le mont Sinaï puis la Palestine et la Syrie.
De retour en France, il fait paraître le récit de ce voyage, en 1554, sous le titre de Cosmographie du Levant. Dans cet ouvrage, en fait rédigé par un "nègre littéraire", qui pourrait être François de Belleforest, il énumère les curiosités archéologiques, botaniques et zoologiques rencontrées au cours de son long périple1. Mais ce recensement doit plus à la compilation des auteurs anciens qu’à ses propres observations2. L'ouvrage reçut un bon accueil du public, en raison des 25 gravures sur bois "des bestes, Pyramides, Ypodromes, Colosses, Colomnes & Obélisques, les plus près de la vérité qu'a esté à moy possible"3.

Le voyage au Brésil, 1555

Il repart presque aussitôt comme aumônier de l'expédition du vice-amiral Villegagnon pour établir une colonie française au Brésil destinée à protéger les marins normands qui venaient sur le littoral se procurer le bois rouge, pernambouc (pau brasil en portugais), dont est tiré une teinture rouge. André Thevet séjourne de la mi-novembre 1555 à la fin janvier 1556, sur un îlot à l'entrée de la baie de Rio de Janeiro, là où se trouve la forteresse des Français, le Fort Coligny. Il est le premier à mentionner l’existence de l'Ilha de Paquetá. Malade, il devra cependant rentrer en France après seulement 10 semaines passées sur place.
À son retour il publie, dès la fin 1557, sous forme d'un nouveau livre Les Singularitez de la France antarctique, le compte rendu des observations qu'il a pu faire des pays et peuples vus durant son voyage au Nouveau Monde. L’ouvrage le rendra célèbre et sera traduit en italien et en anglais. Il suscitera aussi imitations et polémiques. Conformément à l'esprit du temps, il s'attarde sur les bizarreries, les singularités susceptibles de surprendre ses contemporains. De plus, en raison de sa maladie, il ne put contrôler toutes les informations que lui rapportaient les truchements, anciens matelots vivant parmi les indiens, qui servaient d’interprètes. Arrivé en France, il utilisera aussi les informations ethnographiques rassemblées par le secrétaire de Villegagnon5 et mettra à contribution un scribe helléniste, Mathurin Héret, chargé de truffer le texte de références aux auteurs grecs et latins. Les nombreuses références à l’antiquité gréco-latine seront un moyen constamment réitéré de réduire l’étrangeté première des sauvages à la familiarité des textes classiques.

Il est un des premiers à donner en français des descriptions peu précises mais honnêtes du manioc, de l'ananas, de l'arachide, de la noix de cajou et du pétun le tabac, ainsi que du "grand ara rouge" Ara macao, du toucan, du paresseux et du tapir. Il offre aussi le premier tableau ethnographique des Indiens Tupinamba. Au XXe siècle, l'ethnologue, Alfred Métraux, dira de l'ultime version augmentée de son voyage au Brésil, Histoire d'André Thevet Angoumoisin, cosmographe du Roy, de deux voyages faits par luy aux Indes Australes, et Occidentales6 que le "chapitre sur l'anthropophagie rituelle des Tupinamba,... est sans doute un des plus beaux documents ethnographiques que nous ait laissé le XVIe siècle". La qualité des 41 illustrations sur bois gravés de la flore, de la faune et des rituels des Tupinamba assure le succès de l’ouvrage à la cour et parmi les amateurs de curiosités. Cependant il se fait piéger en reprenant le récit de Francisco de Orellana sur l’existence de femmes guerrières, nues et belliqueuses, rencontrées le long du fleuve qu’Orellana baptisa "fleuve des Amazones" puis "Amazone". Plus tard, dans la Cosmographie universelle, il se dira bien marry que je sois tombé en la faute de l’avoir creu.
Pour Frank Lestringant, le grand spécialiste de la Renaissance, Les Singularités de la France Antarctique constitue une œuvre phare de la littérature de voyage au XVIe siècle.

Le cosmographe du roi

Il obtient d'être affranchi de son ordre monastique en janvier 1559. Il se fixe rue de Bièvre, dans le quartier Latin à Paris, et devient en 1560 "cosmographe du Roy", c'est-à-dire géographe officiel, et au début de 1576 l'un des aumôniers de Catherine de Médicis. Il sert successivement quatre rois de France : Henri II et ses trois fils François II, Charles IX et Henri III.
Il se constitue rue de Bièvre un cabinet de curiosités où il collectionne les monnaies grecques et latines, des plumasseries du Brésil et du Mexique, des becs de toucan, des perroquets et caïmans naturalisés et autres singularités mais aussi des documents et mémoires relatifs au Nouveau Monde comme le précieux Codex Mendoza, manuscrit aztèque des années 1540-15412. Ces collections naturalistes et ethnographiques témoignent de son désir constamment réaffirmé d'assurer la primauté de l'expérience sur l'autorité. Tout ce que je vous discours et recite, ne s'apprend point és escole de Paris, ou de quelle que ce soit des universitez de l'Europe, ainsmais en la chaise d'un navire, soubz la leçon des vents…
Il travaille à partir de 1566, au projet très ambitieux, d’une encyclopédie géographique universelle distribuée selon les quatre continents. Le volumineux ouvrage, intitulé Cosmographie universelle, publié en 1575 rassemble des documents originaux d’un intérêt capital pour la connaissance des peuples amérindiens du Brésil et divers compilations comme celles sur l’Afrique et l’Asie, tirées de Navigationi et Viaggi du Vénitien, Jean-Baptiste Ramusio.
C'est en historiographe qu'il fait paraître, en 1584, les Vrais portraits et vies des hommes illustres en huit volumes. Son ambition est immense, puisqu'il se propose de traiter de tous les grands hommes de toutes les régions qu'il a visitées. Il propose à la manière de Plutarque, des portraits des pères de l'Église chrétienne, des grands esprits de l'antiquité ou des saints du Moyen Âge livre I à III. Dans les livres suivants sont traités les découvreurs et conquérants, Colomb, Vespucci, Magellan, Cortés et Pizarre et de six souverains de l'Amérique, un Aztèque, un Inca, un "Cannibale", un Tupinikin, un Satouriona de la Floride et un Patagon. Il a donc l'audace de faire voisiner les portraits des monarques amérindiens avec les gloires de l'antiquité et de l'Europe. Il illustre ses 224 portraits de gravures en taille douce.

La légende noire de Thevet

Les ouvrages de Thevet ont été mal accueillis par les doctes de son époque. On l’a accusé de plagiat et d’ignorance, Belon 1557, Belleforest et Fumée 1568 ou encore d’outrecuidance. Cette mauvaise renommée se renforce avec le début des troubles civils. Après s’être rallié ostensiblement au duc de Guise lors de la première guerre de Religion, Thevet tente de louvoyer entre les deux camps. Mais également condamné par les deux partis en présence, le projet cosmographique n’a quitté les franges de l’hérésie que pour se précipiter dans la démesure blasphématoire. La faute de Thevet est scientifique, mais aussi théologique, Belleforest, 1575 ; Du Préau, 1583, écrit Frank Lestringant. Il est vrai qu’à côté de cette légende noire cultivée par les doctes, Thevet n’a cessé de fasciner les esprits curieux, Paré, 1579. Longtemps les naturalistes et en premier lieu les botanistes l’ont cité avec révérence, notamment en ce qui concerne les réalités exotiques de l’Amérique et tout particulièrement du Brésil. C’est le cas par exemple du vulgarisateur Jean-Marie Pelt, qui dans son ouvrage de 1999 sur les grands naturalistes explorateurs, consacre un chapitre entier à sa réhabilitation.

André Thevet et l'herbe pétun tabac

Herbe pétun ou angoumoisine Cosmographie universelle
Dans Singularités de la France antarctique 1558, André Thevet donne une description précise de l’usage du "tabac" par les indiens. Il en ramènera des graines en France qu’il sèmera dans sa région natale d’Angoulême et baptisera la plante « herbe angoulmoisine. Mais le terme aura moins de succès que pétun mot venant du tupi petyma, petyn » qui sera largement employé en France et aux Antilles jusqu’au début du XVIIe siècle, époque où il sera évincé par tabac, terme qui lui vient à travers l’espagnol, d’un mot Haïtien, tabaco.
Autre singularité d’une herbe qu’ils nomment en leur langue pétun, laquelle il porte ordinairement avec eux, pource qu’ils l’estiment merveilleusement profitable à plusieurs choses. Elle ressemble à notre buglosse.
Or ils cueillent soigneusement ceste herbe et la font sécher à l'ombre dans leur petites cabanes. La manière d’en user est telle : ils l’enveloppent, estant seiche, quelque quantité de ceste herbe en une feuille de palmier qui est fort grande, et la roulent comme de la longueur d'une chandelle, puis mettent le feu par un bout, et en reçoivent la fumée par le nez et par la bouche. Elle est fort salubre, disent-ils, pour faire distiller et consummer les humeurs superflues du cerveau. Davantage, prise en cette façon, fait passer la faim et la soif pour quelque temps. Parquoi ils en usent ordinairement, même quand ils tiennent quelque propos entre eux, ils tirent cette fumée, et puis ils parlent…Vrai que si on en prend trop cette fumée ou parfum, elle entête et enivre, comme le fumet d’un fort vin.Singularités 1558.
Thevet nous dit avoir essayé par lui-même le cigare de pétun et que cette fumée cause sueurs et faiblesses, jusqu'à tomber en quelque syncope.

Quelques années plus tard, en 1560, Jean Nicot ambassadeur de France au Portugal, envoie de la poudre de tabac à la Reine Catherine de Médicis pour soigner les migraines de son fils. Le traitement a du succès et pour honorer Jean Nicot, le botaniste Delachamps donne officiellement à la plante le nom de Nicotiana tabacum. Cette usurpation rendra furieux Thevet Depuis un qidam, qui ne fit jamais le voyage, quelque dix ans après que je fus de retour de ce pays, lui donna son nom. Si Thevet fut indéniablement le premier à introduire le tabac en France, il ne fut pas le premier en Europe, puisque Hernandez l’avait introduit en Espagne dès 1520.

Thevet et Thevetia

Dans Singularités, chapitre 36, Thevet décrit précisément « un arbre nommé en leur langue ahouai, portant fruit vénéneux et mortel…Cet arbre est quasi semblable en hauteur à nos poirier. Il a la feuille de trois ou quatre doigts de longueur et deux de largeur, verdoyante toute l’année. Elle a l’écorce blanchâtre. Quand on en coupe branche, elle rend un certain suc blanc, quasi comme lait. L’arbre coupé rend une odeur merveilleusement puante. Il observe que le fruit est de la grosseur d’une châtaigne moyenne, et est vrai poison, spécialement le noyau. Les hommes, pour légère cause étant courroucés contre leurs femmes, leur en donnent, et les femmes aux hommes. Et de ce fruit les sauvages, quand le noyau est dehors, en font des sonnettes qu’ils mettent aux jambes, lesquelles font aussi grand bruit….
Cet arbre est aujourd’hui appelé Thevetia ahouai famille des Apocynaceae. C’est Carl von Linné qui un siècle plus tard, pour rendre hommage à Thevet créa le genre Thevetia. Une autre espèce, le Thevetia peruviana, est abondamment cultivé dans les jardins de toute la zone intertropicale du globe8.

Bibliographie

Sources imprimées
Cosmographie de Levant 1554. Texte sur Gallica
Cosmographie de Levant, fac-similé de l'édition de Tournes, 1556, avec introduction, notes et variantes par Frank Lestringant coll. Travaux d'humanisme et de renaissance, Genève, Droz, 1984, 224 + 232 p., pl., cartes.
Les Singularitez de la France antarctique, autrement nommée Amérique, et de plusieurs terres et isles découvertes de nostre tems 1557. Texte sur Gallica, illustrations sur Gallica, Université de Virginie, Gordon collection.
Les Singularitez de la France antarctique, réédition par Paul Gaffarel, Maisonneuve, Paris, 1880.sur Internet Archive, et sur Google Livres.
édition établie par Frank Lestringant, Le Brésil d’André Thevet. Les singularités de la France Antarctique 1557, Editions Chandeigne,‎ 1997
La cosmographie universelle d'André Thevet, illustrée de diverses figures des choses plus remarquables veuës par l'auteur 2 volumes, 1575. Illustrations sur Gallica et Texte sur Gallica
Les vrais pourtraits et vies des hommes illustres grecz, latins et payens, recueilliz de leurs tableaux, livres, médalles antiques et modernes 9 volumes, 1584 tome 2 consultable sur American Libraries
Giulia Bogliolo Bruna, introduzione, traduzione e note delle Singolarità della Francia Antarctica di André Thevet prefazione Frank Lestringant, Reggio Emilia, Diabasis, 247 p., 1997.

Travaux historiques

Frank Lestringant, Sous la leçon des vents : le monde d’André Thevet, cosmographe de la Renaissance, Presse universitaire de Paris-Sorbonne,‎ 2003.Google livres
Frank Lestringant, L’atelier du cosmographe ou l’image du monde à la Renaissance, Albin Michel,‎ 1991
Frank Lestringant, L'Histoire d'André Thevet, de deux voyages par luy faits dans les Indes Australes et Occidentales, Colloque International "Voyageurs et images du Brésil", MSH-Paris, le 10 décembre 2003, Table 2 — Les récits de conquête et de colonisation.
Jean-Marie Pelt,André Thevet,les monstres difformes et le tabac, in La Cannelle et le panda : les grands naturalistes explorateurs autour du Monde, Paris, Fayard, 1999, .
Carolina Martinez, André Thevet et Jean de Léry : témoignage involontaire et métier d'historien dans deux récits de voyage en France Antarctique, in Encyclo. Revue de l'école doctorale ED 382, no 1, 2012, p. 75-86,

Littérature

Jean-Christophe Rufin, Rouge Brésil, Gallimard, 2001.


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Posté le : 22/11/2014 15:07
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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