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Benjamin Disraeli 1
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Le 21 décembre 1804, à Londres, naît Benjamin Disraeli

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mort le 19 avril 1881, à 79 ans, homme politique et auteur britannique, nommé deux fois premier ministre du Royaume-Uni. Il joue un rôle central dans la création du parti conservateur moderne dont il formalise la doctrine. Par sa grande influence sur la politique étrangère, il a associé les conservateurs à la gloire et à la puissance de l'Empire britannique. Il est marié à Mary Anne Disraeli, et a pour religion le Judaïsme puis se convertit à l'église d'Anglicanne. Il est Chef de l'opposition sous la reine Victoria du 27 février 1852 au 17 décembre 1852, puis du 26 février 1858 au 11 juin 1859, 6 juillet 1866 – 29 février 1868, et du 1er décembre 1868 au 17 février 1874. Il occupe la fonction 40e et 42e premier ministre du Royaume-Uni, il occupera ce poste du 27 février 1868 au 1er décembre 1868 sous le règne de la reine Victoria son prédécesseur est Lord Derby, son successeur William Ewart Gladstone, puis du 20 février 1874 au 21 avril 1880, toujours sous le règne de la reine Victoria

Né à Londres dans une famille juive, Benjamin Disraeli est élevé dans la foi anglicane car son père est en conflit avec sa synagogue. Il entame une carrière d'avocat mais se tourne vers la politique dans les années 1830 et est élu à la chambre des Communes comme député de Maidstone en 1837. Lorsque les conservateurs prennent le pouvoir en 1841, Disraeli n'intégre pas le gouvernement du premier ministre Robert Peel. Cinq ans plus tard, Peel divise le parti en demandant l'abrogation des Corn Laws qui limitaient les importations de céréales : il est violemment attaqué par Disraeli. Peu de notables conservateurs rompent avec Peel, et Disraeli devient alors une figure importante du parti même si beaucoup se méfient de lui. Il est trois fois chancelier de l'Échiquier et leader de la chambre des Communes au sein des cabinets de Lord Derby dans les années 1850 et 1860. Il développe à cette période une forte rivalité avec le libéral William Ewart Gladstone.
Lorsque Derby démissionne pour des raisons de santé en février 1868, Disraeli devient premier ministre mais perd les élections à la fin de l'année. Il représente alors l'Opposition avant de mener son parti à la victoire en 1874. Il développe une forte amitié avec la reine Victoria qui le fait comte de Beaconsfield en 1876. Le second mandat de Disraeli est dominé par la Question d'Orient, désignant le déclin de l'Empire ottoman et les actions des autres pays européens, notamment la Russie, pour en profiter. Il pousse ainsi les intérêts britanniques à prendre des parts dans la compagnie du canal de Suez en Égypte ottomane. En 1878, devant les victoires russes contre les Ottomans, Disraeli mène la délégation britannique au congrès de Berlin et négocie des termes favorables au Royaume-Uni.
Même si Disraeli est félicité pour ses actions à Berlin, d'autres événements affectent le soutien à son gouvernement : les guerres en Afghanistan et en Afrique du Sud sont critiquées, et il irrite les agriculteurs britanniques en refusant de rétablir les Corn Laws. Gladstone mène une campagne efficace et le parti libéral remporte les élections de 1880.
Auteur de plusieurs romans depuis 1826, Benjamin Disraeli publie sa dernière œuvre, Endymion, peu avant sa mort à l'âge de 76 ans.

En bref

Fils du critique et historien de la littérature Isaac Disraeli 1766-1848, il donna des récits où le romantisme sentimental s'allie à la satire Vivian Grey, 1826 ; Contarini Fleming, 1832, avant de plaider dans sa trilogie Jeune Angleterre pour la démocratie tory Coningsby, 1844 ; Sybil, 1845 ; Tancred, 1847. Déjà les Voyages du capitaine Popanilla 1828 attestaient l'acuité de son regard sur le snobisme et l'ambition : la suite de son œuvre critique et romanesque Endymion, 1880 prouve la consanguinité de l'écrivain et du politique
Homme d'État britannique. Fils d'un père juif converti à l'anglicanisme, Benjamin Disraeli se fait d'abord connaître par ses talents d'écrivain. Après plusieurs œuvres mineures, dont Vivian Grey en 1827, il publie en 1844, 1845 et 1847 ses trois grands romans : Coningsby ; Sybil, or The Two Nations et Tancred, or The New Crusade. Le premier pose le problème de la société de son temps ; il dénonce dans le deuxième les maux de la vie ouvrière à Manchester et y déplore l'existence dans un même pays de deux nations ; dans le troisième s'exprime le rêve d'une nouvelle révélation divine et l'espérance d'un spiritualisme régénérateur qui viendrait d'Asie. Il traduit ainsi les aspirations d'un groupe de jeunes tories dits sociaux. C'est qu'entre-temps il s'est tourné vers l'action politique. Tenté au départ par le radicalisme, il a rompu à partir de 1836 avec le parti libéral pour adopter les couleurs des conservateurs et pour se faire élire sous leur égide, en 1837, aux Communes. Son éloquence extraordinaire, sa mise, sa réputation d'extravagance contribuent à son succès, et il est récompensé, après 1846, de sa fidélité à un parti déchiré par la « trahison » de Robert Peel et des libre-échangistes. Ami personnel de lord Derby, il devient son chancelier de l'Échiquier en 1852 et servira encore sous sa direction en 1858 et en 1867, avant de devenir Premier ministre lui-même en 1868. Vaincu aux élections de décembre 1868, il revient au pouvoir de février 1874 à avril 1880. Nourri de la nostalgie de la vieille alliance de la couronne et du peuple, il a eu l'intuition des nécessités du monde contemporain et, comme Gladstone, son grand rival, il s'est fait l'apôtre de la démocratisation progressive du régime. On lui doit l'inspiration de la réforme de 1867, considérée alors comme un « saut dans l'inconnu » parce qu'elle accordait le droit de vote à l'aristocratie ouvrière. Convaincu que l'« élite naturelle » s'imposerait aux suffrages de la masse, il lui demande de consentir aux réformes sociales qui scelleront ce destin. Ses années de gouvernement ont été marquées par le vote de lois importantes dont le fameux Employer and Workman Act de 1875, abolissant les différences entre patrons et ouvriers sur le plan du témoignage judiciaire, ou encore la nouvelle loi syndicale votée la même année et qui rendait légal le piquet de grève, ainsi que d'autres textes législatifs sur le logement ou la santé publique. Dans son discours célèbre de Crystal Palace en 1872, Disraeli avait tenté de définir les voies d'un conservatisme moderne, attaché à la tradition, mais ouvert à l'évolution. La nouvelle organisation du parti, définie à la même époque, essaie d'allier le militantisme de sections locales plus vigoureuses et l'autoritarisme d'un comité directeur tout-puissant dans la détermination de la politique générale et dans le choix des candidats à la députation. Disraeli est l'apôtre d'une plus Grande-Bretagne et l'un des pères de l'impérialisme britannique. La reine Victoria lui doit d'être devenue, en 1876, impératrice des Indes. L'Angleterre se fait, sous son égide, plus entreprenante et plus audacieuse dans l'œuvre coloniale, plus interventionniste dans les affaires extérieures : une politique « au bord du gouffre » permettra à Disraeli, en 1878, de contenir les ambitions méditerranéennes de la Russie et d'obtenir de la Turquie la concession de l'île de Chypre. Ainsi est mieux assuré le contrôle de la route des Indes, déjà amélioré par l'acquisition, trois ans plus tôt, d'un gros paquet d'actions du canal de Suez. Très liée à son Premier ministre, Victoria l'anoblit dès août 1876. Elle déplore son échec électoral de 1880, suivi, en avril 1881, d'une mort soudaine. Une plaque apposée à Westminster sur le vœu du Parlement célèbre le souvenir du fondateur véritable de l'esprit conservateur britannique d'aujourd'hui.

Sa vie

Benjamin Disraeli est né le 21 décembre 1804 dans le quartier londonien de Bloomsbury. Il était le second enfant et le premier fils d'Isaac D'Israeli, un historien et critique littéraire, et de Maria, Miriam née Basevi. La famille descendait de marchands italiens séfarades et tous les grands-parents et arrière-grands-parents de Benjamin étaient nés en Italie ; le père d'Isaac, également prénommé Benjamin, quitta Venise en 1748 pour s'installer en Angleterre. Disraeli romança par la suite ses origines en avançant que la famille de son père était issue de l'aristocratie espagnole ou vénitienne ; en réalité, il n'y avait aucun noble dans la famille d'Isaac mais du côté de sa mère, auquel il ne s'intéressa pas, il possédait plusieurs illustres aïeuls. Les historiens sont partagés sur les motivations de Disraeli pour récrire son histoire familiale ; Bernard Glassman avance que cela était destiné lui donner un statut comparable celui de l'élite dominante anglaise tandis que Sarah Bradford suppose que son aversion de l'ordinaire ne lui permettait pas d'accepter le fait que sa naissance soit aussi banale qu'elle était en réalité.
Benjamin Disraeli avait une sœur aînée Sarah 1802-1859 et trois frères cadets Naphtali né et mort en 1807, Raphael 1809-1898 et Jacobus 1813-1868. Il était proche de sa sœur et plus distant avec ses frères. On sait peu de choses sur son éducation. À l'âge de six ans, il fut scolarisé dans une dame school à Islington que l'un de ses biographes décrivit comme un excellent établissement pour l'époque. Environ deux ans plus tard, il fut envoyé à l'école du révérend John Potticary à Blackheath. C'est à cette époque que son père renonça au judaïsme et ses quatre enfants furent baptisés dans la foi anglicane en juillet et août 1817.
Isaac D'Israeli n'avait jamais accordé un grand intérêt à la religion mais il était resté membre de la synagogue de Bevis Marks. Son père en était un membre influent et c'est probablement par respect pour lui qu'Isaac ne la quitta pas lorsqu'il se disputa avec les autorités du lieu en 1813. Après la mort de son père en 1816, Isaac décida de quitter la congrégation après une nouvelle dispute. Son ami et avocat, Sharon Turner, le convainquit que s'il lui était possible de n'être rattaché à aucune religion, cela serait préjudiciable à ses enfants s'ils faisaient de même. Turner fut ainsi le parrain de Benjamin lors de son baptême à l'âge de 12 ans le 31 juillet 1817.
Sa conversion au christianisme permit à Disraeli d'envisager une carrière en politique. La société britannique du début du xixe siècle n'était pas particulièrement antisémite et plusieurs juifs avaient été députés depuis Sampson Eardley en 1770. Cependant, jusqu'en 1858, les députés devaient prêter un serment d'allégeance à la véritable foi chrétienne ce qui imposait au minimum une conversion de forme. On ne sait pas si Disraeli avait déjà des ambitions politiques au moment de son baptême mais il est certain qu'il regretta amèrement la décision de ses parents de ne pas l'envoyer au Winchester College. Il s'agissait de l'une des plus prestigieuses public schools d'Angleterre qui formait une partie de l'élite politique. Ses deux frères cadets y furent scolarisés et on ignore précisément pourquoi Isaac décida d'envoyer son fils aîné dans une institution bien moins cotée. Il intégra ainsi une école de Walthamstow à l'automne 1817.

Années 1820

En novembre 1821, peu avant son 17e anniversaire, Disraeli fut embauché comme apprenti dans un cabinet d'avocat de la cité de Londres. L'un de ses directeurs, T. F. Maples était non seulement son premier employeur et un ami de son père mais il faillit également devenir son beau-père. Une amitié se développa entre Benjamin et la fille de Maples mais cela n'alla pas plus loin. Les affaires du cabinet étaient fructueuses et le biographe R. W. Davis note que le travail était le type de fonction stable et respectable dont beaucoup de pères rêvaient pour leurs enfants. Même si ses biographes comme Robert Blake et Sarah Bradford avancent que ce poste était incompatible avec la nature ambitieuse et romantique de Disraeli, il donna satisfaction à ses employeurs et indiqua par la suite qu'il avait beaucoup appris en travaillant dans le cabinet.
Environ un an après avoir rejoint le cabinet de Maples, Benjamin changea son nom de D'Israeli à Disraeli. Ses raisons sont inconnues mais son biographe Bernard Glassman suggère que cela était destiné à éviter toute confusion avec son père. Les frères et sœurs de Disraeli adoptèrent cette nouvelle version tandis que leurs parents conservèrent l'ancienne.
Disraeli visita la Belgique et la vallée du Rhin avec son père à l'été 1824 ; il écrivit plus tard que ce fut le long du Rhin qu'il décida de démissionner. À son retour en Angleterre, il quitta le cabinet pour, sur les conseils de Maples, devenir barrister. Il s'inscrivit au Lincoln's Inn et rejoignit le cabinet de son oncle, Nathaniel Basevy, puis celui de Benjamin Austen, qui persuada Isaac que Disraeli ne réussirait pas dans cette voie et qu'il devrait être autorisé à mener une carrière littéraire. Il avait en effet déjà soumis un manuscrit à un ami de son père, l'éditeur John Murray, mais l'avait retiré avant que ce dernier n'ait décidé de le publier ou non. Après avoir quitté le droit, Disraeli écrivit quelques textes pour Murray mais se concentra sur des activités de spéculation à la bourse.
En raison de la fin de la domination espagnole en Amérique du Sud, les compagnies minières étaient en pleine expansion et émettaient de nombreuses actions. Sans fonds propres, Disraeli emprunta de l'argent pour investir. Il se rapprocha du financier John Diston Powles qui était l'un de ceux encourageant le boom minier. Durant l'année 1824, Disraeli rédigea trois pamphlets anonymes faisant la promotion des sociétés minières pour le compte de Powles. Les articles furent publiés par John Murray qui avait beaucoup investi dans le secteur.
Murray avait un temps envisager de créer un nouveau journal du matin pour rivaliser avec The Times et en 1825, Disraeli le convainquit de se lancer. La nouvelle publication, The Representative, fit la promotion des compagnies minières et des hommes politiques qui les soutenaient comme George Canning. Disraeli impressionna Murray par son enthousiasme et son engagement dans le projet mais il ne parvint pas à convaincre l'influent écrivain John Gibson Lockhart d'éditer son journal. Après cela, l'influence de Disraeli sur Murray diminua et il fut, à son grand regret, écarté de la rédaction du périodique. La publication du journal ne dura que six mois en partie du fait de l'éclatement de la bulle spéculative à la fin de l'année 1825 et parce que, selon Blake, il était atrocement édité et aurait échoué tôt ou tard.
L'éclatement de la bulle ruina Disraeli et en juin 1825, ses associés et lui avaient perdu 7 000 £ environ 574 000 £ de 2011 ; Disraeli ne remboursa complètement sa dette qu'en 1849. Il revint alors à l'écriture pour essayer d'obtenir de l'argent et pour prendre sa revanche sur Murray et ceux qui, selon lui, l'avaient abandonné. À cette époque, le genre littéraire en vogue était la silver-fork fiction fiction de la cuillère en argent mettant en scène la vie de l'aristocratie dans des romans généralement rédigés anonymement et destinés aux classes moyennes. En 1826 et 1827, Disraeli publia anonymement les quatre volumes de son premier roman Vivian Grey qui se basait largement sur l'échec du Representative. Les ventes furent satisfaisantes mais l'œuvre fit scandale dans les cercles littéraires quand l'identité de son auteur fut découverte. Les nombreux solécismes démontraient que Disraeli, alors âgé de seulement 23 ans, n'évoluait pas dans la haute-société et les critiques furent sévères. De plus, Murray et Lockhart, qui disposaient d'une grande influence dans les cercles littéraires, estimèrent qu'ils avaient été caricaturés et trompés ; ces accusations furent rejetées par l'auteur mais reprises par beaucoup de ses biographes. Dans les éditions ultérieures, Disraeli apporta de nombreuses modifications au texte pour adoucir la satire mais sa réputation en fut longuement ternie.
Le biographe Jonathan Parry avance que l'échec financier et les critiques à son encontre affectèrent fortement Disraeli et il souffrit d'une grave crise nerveuse pendant près de quatre ans : Il avait toujours été lunatique, sensible et solitaire par nature, mais il devint alors profondément déprimé et léthargique. Il vivait encore avec ses parents à Londres mais les médecins lui recommandèrent de changer d'air et il occupa plusieurs maisons à la campagne et sur la côte.

Années 1830

Avec le fiancé de sa sœur, William Meredith, Disraeli voyagea en Méditerranée en 1830 et 1831. Le voyage fut en partie financé par un autre de ses romans, The Young Duke, écrit en 1829 et 1830. L'expédition fut écourtée car Meredith mourut de la variole au Caire en juillet 1831. Malgré cette tragédie, Disraeli sortit enrichi de cette expérience. Il devint, selon Parry, conscient des valeurs qui semblaient échapper à ses concitoyens en métropole. Le voyage développa sa conscience de lui-même, son relativisme moral et son intérêt pour les opinions religieuses et raciales de l'Orient. Blake considère l'expédition comme l'une des expériences les plus formatrices de toute sa carrière : L'influence qu'elle eut sur lui fut durable. Elle conditionna son attitude envers les problèmes les plus importants qu'il affronta dans ses dernières années, en particulier la Question d'Orient ; elle colora également nombre de ses romans.
Disraeli rédigea deux romans à son retour. Contarini Fleming publié en 1832 était un autoportrait revendiqué. Sous-titré une autobiographie psychologique, il illustre les éléments contradictoires du caractère de son héros : la dualité de son ascendance nordique et méditerranéenne, l'artiste rêvé et l'homme d'action courageux. The Wondrous Tale of Alroy l'année suivante dépeint les problèmes d'un juif important du Moyen Âge devant décider entre un petit État exclusivement juif et un grand empire multireligieux.
Après la publication des deux romans, Disraeli déclara qu'il n'écrirait plus rien sur lui-même. Il avait commencé à s'intéresser à la politique en 1832 durant la crise de la Reform Bill. Il avait participé à un pamphlet anti-whig édité par John Wilson Croker et publié par Murray intitulé England and France: or a cure for Ministerial Gallomania. Le choix d'une publication tory fut jugé étrange par les amis et les proches de Disraeli qui considérait qu'il était plus proche des radicaux. Au moment de la publication de l'article, Disraeli faisait en effet campagne à High Wycombe pour la cause radicale.
À cette époque, les politiques nationales étaient dominées par des membres de l'aristocratie. Les whigs descendaient de la coalition de nobles qui avaient imposés l'adoption de la charte des droits et libertés en 1689. Les tories étaient plus en faveur du roi et de l'Église et étaient opposés à tout changement politique. Un petit nombre de radicaux, généralement issus des conscriptions du Nord de l'Angleterre, étaient les plus farouches partisans de réformes politiques et sociales. Au début des années 1830, les tories et les intérêts qu'ils défendaient semblaient perdus. Les whigs, qui formaient l'autre grand parti, étaient détestés par Disraeli : Le torysme est à bout de souffle et je ne peux m'abaisser à être un whig. Lors des deux élections générales de 1832, Disraeli tenta sans succès d'être élu à High Wycombe sous l'étiquette radicale.
Disraeli partageait certaines idées politiques des radicaux comme le besoin de réformes du système électoral et d'autres défendues par les tories comme le protectionnisme. Il commença à se rapprocher de ces derniers et en 1834, il fut présenté à l'ancien Lord Chancelier John Copley par Henrietta Sykes, l'épouse de Francis Sykes. Elle entretenait une relation amoureuse avec Copley et en entama une autre avec Disraeli. Disraeli et Copley développèrent immédiatement une forte amitié. Ce dernier propageait imprudemment les commérages et aimait les intrigues ce qui plut fortement à Disraeli qui devint son adjoint et intermédiaire. En 1835, Disraeli se présenta pour la dernière fois comme un radical mais échoua à nouveau à être élu à High Wycombe.
En avril 1835, Disraeli participa à une élection partielle à Taunton comme tory. Le député irlandais Daniel O'Connell, induit en erreur par des dépêches de presse incorrectes, pensa que Disraeli l'avait calomnié durant sa campagne et il lança une violente attaque faisant référence à Disraeli comme à :
« un reptile... tout juste bon maintenant, après avoir été deux fois rejeté par le peuple, à devenir un conservateur. Il possède tous les prérequis nécessaires en perfidie, en égoïsme, en dépravation, en corruption, etc. pour pouvoir prétendre à ce changement. Son nom montre qu'il est d'origine juive. Je n'utilise pas ce terme comme un reproche ; il y a nombreux juifs respectables. Mais il y en a, comme dans tout autre peuple, du plus bas et du plus méprisable niveau de turpitude morale ; et de ceux-ci, je considère M. Disraeli comme le pire.
Les échanges publics entre les deux hommes furent largement reproduits dans The Times58 dont une demande en duel avec le fils de O'Connell, pour laquelle Disraeli fut temporairement incarcéré par les autorités, une référence à la haine inépuisable avec laquelle il Disraeli poursuivra son existence et l'accusation selon laquelle les partisans de O'Connell avaient un revenu princier extirpé d'un race affamée d'esclaves fanatisé. Disraeli fut grandement satisfait par la dispute qui le propulsa sur le devant de la scène nationale pour la première fois. Il ne remporta pas l'élection face au whig sortant Henry Labouchère mais la circonscription de Taunton était jugée impossible à gagner par les tories. Disraeli fit néanmoins un bon score et cela en faisait un candidat potentiel pour une circonscription plus facile lors des prochaines élections.
Avec le soutien de Copley, Disraeli se mit à écrire des pamphlets pour son nouveau parti. Son Vindication of the English Constitution, fut publié en décembre 1835 sous la forme d'une lettre ouverte à Copley et, selon Bradford, présentait la philosophie à laquelle il adhéra jusqu'à sa mort. Il y défendait les vertus d'un gouvernement aristocratique bienveillant, le mépris des dogmes politiques et la modernisation des politiques tories. L'année suivante, il rédigea une série de satires sur les politiciens de l'époque qui furent publiées dans The Times sous le pseudonyme Runnymede. Il s'attaqua ainsi aux whigs, aux nationalistes irlandais et à la corruption de la classe politique. Disraeli se trouvait à présent fermement ancré dans le camp tory et il fut élu au Carlton Club, un club exclusivement tory, en 1836. En juin 1837, le roi Guillaume IV mourut et sa nièce Victoria monta sur le trône. Le Parlement fut dissous et, sur recommandation du Carlton Club, Disraeli fut choisi pour être candidat à l'élection générale.

Parlement Simple député

Lors de l'élection générale de juillet 1837, Disraeli fut élu à la chambre des Communes comme l'un de deux députés tories de la circonscription de Maidstone. L'autre était Wyndham Lewis, qui participa au financement de la campagne électorale de Disraeli et mourut l'année suivante68. La même année, Disraeli publia le roman Henrietta Temple, une histoire d'amour et une comédie sociale basée sur son aventure avec Henrietta Sykes. Il avait rompu sa relation avec elle à la fin de l'année 1837, déçu qu'elle eut pris un nouvel amant. Il rédigea une autre romance dans Venetia en se basant sur Percy Bysshe Shelley et George Gordon Byron pour obtenir rapidement de l'argent.
Disraeli réalisa son premier discours devant le Parlement le 7 décembre 1837. O'Connell le précéda et il critiqua son « discours long, décousu et embrouillé. Les partisans de O'Connell le firent taire en criant plus fort que lui et Blake rapporte que ses derniers mots furent Je vais à présent m'asseoir mais le jour viendra où vous m'entendrez. Après ce début peu prometteur, Disraeli fit profil bas durant toute sa mandature. Il fut un partisan loyal du chef de parti Robert Peel et de ses politiques même s'il fit part de sa sympathie personnelle pour le mouvement chartiste que de nombreux tories ne partageaient pas.
En 1839, Disraeli épousa Mary Anne Lewis, la veuve de Wyndham Lewis. De douze ans son aînée, Mary Lewis disposait d'un revenu annuel confortable de 5 000 £ environ 516 000 £ de 2011. Ses biographes considèrent que cette union était intéressée mais les deux devinrent très proches jusqu'à la mort de Mary trois décennies plus tard. Elle déclara plus tard : Dizzy m'a épousé pour mon argent mais s'il en avait à nouveau la possibilité, il m'épouserait par amour.
Estimant que les exigences financières de son siège de député étaient trop élevées, Disraeli obtint la nomination tory pour Shrewsbury et fut élu en 1841 malgré une forte opposition. Le scrutin fut une grave défaite pour les whigs et Peel devint premier ministre. Disraeli s'attendait de manière irréaliste à être nommé au sein du Cabinet. Même s'il était déçu de n'être qu'un simple député, il continua à soutenir Peel en 1842 et 1843 et chercha à s'établir comme un expert en politique et commerce international.
Bien qu'il soit un tory, ou un conservateur comme certains membres du parti se désignaient, Disraeli était favorable au chartisme et défendait une alliance de l'aristocratie foncière et de la classe ouvrière contre le pouvoir grandissant des marchands et des industriels de la classe moyenne. Il fut unanimement salué en mars 1842 après avoir remporté un débat contre le grand orateur Lord Palmerston et fut rejoint par plusieurs nouveaux députés tories avec lesquels il forma le groupe Young England Jeune Angleterre pour promouvoir l'idée selon laquelle les intérêts fonciers devraient utiliser leur pouvoir pour protéger les pauvres de l'exploitation par les hommes d'affaires de la classe moyenne.
En obtenant l'abrogation des Corn Laws, le premier ministre conservateur Robert Peel entraîna la scission de son parti.
Disraeli devint progressivement un critique virulent du gouvernement de Peel et prenait souvent délibérément des positions opposées à celles de son chef de parti. Ses oppositions les plus connues portèrent en 1845 sur la Maynooth Grant désignant la subvention gouvernementale à un séminaire catholique irlandais et en 1846 sur l'abrogation des Corn Laws. Ces dernières imposaient des taxes douanières sur les importations de céréales pour protéger les agriculteurs britanniques mais elles accroissaient le prix du pain. Peel espérait que leur abrogation et la baisse des coûts qui en résulterait améliorerait les conditions de vie des pauvres et en particulier de ceux souffrant de la famine en Irlande causée par les mauvaises récoltes de pommes de terre. Les premiers mois de l'année 1846 au Parlement furent ainsi dominés par l'affrontement entre les libre-échangistes et les protectionnistes avec ces derniers menés par Disraeli et George Bentinck. Une alliance des conservateurs libre-échangistes, les peelites , des radicaux et des whigs parvint à obtenir l'abrogation de la législation85 et le parti conservateur se divisa : les peelites se rapprochèrent des whigs tandis qu'un nouveau parti conservateur se forma autour des protectionnistes menés par Disraeli, Bentinck, et Lord Stanley.
La scission du parti conservateur eut de profondes implications sur la carrière politique de Disraeli : presque tous les tories avec une expérience gouvernementale suivirent Peel laissant la base privée de direction. Dans les mots de Blake, Disraeli se retrouva le seul personnage de son camp capable de mettre en œuvre les talents d'orateur essentiels à un responsable parlementaire. Depuis la chambre des Lords, George Campbell écrivit que Disraeli était comme un officier subalterne dans une grande bataille où tous les officiers supérieurs étaient morts ou blessés. Si le parti conservateur pouvait rassembler le soutien électoral nécessaire à la formation d'un gouvernement, Disraeli semblait à présent certain d'y obtenir une fonction importante. Il serait néanmoins contraint de gouverner avec un groupe d'hommes ne disposant d'aucune ou de peu d'expérience et qui lui restaient hostiles sur le plan personnel. Finalement, ce problème ne se posa pas car le parti tory divisé perdit rapidement le pouvoir et ne le reprit qu'en 1852. Le parti conservateur ne disposa pas d'une majorité à la chambre des Communes avant 1874.

Direction du parti

Peel fit adopter l'abrogation des Corn Laws par le Parlement mais fut battu par une alliance de tous ses adversaires sur la question du rétablissement de l'ordre en Irlande ; il démissionna en juin 1846. Les tories restèrent divisés et la reine fit appel au chef des whigs, John Russell. Durant l'élection générale de 1844, Disraeli fut élu député du Buckinghamshire. La nouvelle chambre des Communes comptait plus de conservateurs que de whigs mais la scission du parti tory permit à Russel de rester au pouvoir. Les conservateurs étaient menés par Bentinck à la chambre des Communes et par Stanley à la chambre des Lords.
Le manoir Hughenden acheté par Disraeli en 1848 et dans lequel il résida jusqu'à sa mort.
En 1847, une crise politique mineure souligna les différences de Disraeli avec son propre parti. Durant l'élection générale, Lionel de Rothschild avait été élu député de la cité de Londres. En tant que juif pratiquant, il ne pouvait prêter serment sous la forme chrétienne imposée et ne pouvait donc pas siéger au Parlement. Le premier ministre John Russell, qui comme Rothschild avait été député de la cité de Londres, proposa à la chambre des Communes que le serment d'allégeance soit amendé pour permettre aux juifs d'entrer au Parlement.
Disraeli défendit la mesure en avançant que le christianisme était le judaïsme achevé et demanda à la chambre des Communes : Où est votre chrétienté si vous ne croyez pas en leur judaïsme. Russell et son futur rival, William Ewart Gladstone, le félicitèrent pour cet acte courageux car son discours fut mal reçu par son propre parti. L'establishment conservateur et anglican était hostile à la loi et l'évêque d'Oxford Samuel Wilberforce insinua que Russell récompensait les juifs pour l'aider à être élu. Le texte fut adopté à la chambre des Communes mais rejeté par la chambre des Lords.
À la suite du débat, Bentinck quitta la direction des conservateurs et fut remplacé par Charles Manners ; Disraeli, dont le discours avait été jugé blasphématoire par beaucoup au sein de son parti, fut écarté. Durant cette crise, Disraeli échangea avec la famille Bentinck pour obtenir les fonds nécessaires à l'acquisition du manoir Hughenden dans le Buckinghamshire. Disposer d'une maison de campagne et être député étaient considérés comme essentiels à un tory pour pouvoir briguer la direction du parti. Disraeli et son épouse alternèrent entre Hughenden et plusieurs résidences londoniennes pendant le reste de leur mariage. Les négociations furent compliquées par la mort soudaine de Bentinck le 21 septembre 1848 mais Disraeli obtint un prêt de 25 000 £, environ 2,8 millions de livres de 2011 de la part de ses frères Henry et William.
Moins d'un mois après sa nomination, Charles Manners, qui ne se sentait pas à la hauteur de la tâche, démissionna de la direction des conservateurs à la chambre des Communes ; le parti fonctionna sans chef jusqu'à la fin de la session parlementaire. Au début de la mandature suivante, les affaires furent gérées par un triumvirat formé de Manners, de Disraeli et de John Charles Herries; cette direction compliquée témoignait des tensions entre Disraeli et le reste du parti qui avait besoin de ses talents mais se méfiait de lui.

Mandats gouvernementaux Premier gouvernement Derby

Lord Derby fut premier ministre en 1852, 1858-1859 et 1866-1868
En mars 1851, le premier gouvernement de John Russell chuta à l'occasion d'une motion de censure essentiellement du fait des divisions au sein de son parti. Il démissionna et la reine fit appel à Lord Stanley ; ce dernier considérait cependant qu'un gouvernement minoritaire ne pourrait pas durer très longtemps et Russell resta premier ministre. Disraeli regretta cette décision car il espérait profiter de cette opportunité, aussi brève qu'elle soit, pour démontrer ses capacités. À l'inverse, Lord Stanley avança l'inexpérience de ses soutiens comme raison pour ne pas devenir premier ministre : Ce ne sont pas des noms que je peux présenter à la reine.
À la fin du mois de juin 1851, le père de Lord Stanley mourut et son fils devint comte de Derby. Le parti whig était également traversé par des divisions internes durant la seconde moitié de l'année 1851 et Russell limogea Lord Palmerston. Le 4 février 1852, ce dernier et les tories de Disraeli s'allièrent pour renverser le gouvernement et Russell démissionna. Lord Derby accepta de devenir premier ministre. Il proposa à Lord Palmerston de devenir chancelier de l'Échiquier mais ce dernier déclina toute proposition pour intégrer le gouvernement ; Disraeli était son second choix et il accepta le poste tout en reconnaissant qu'il n'était pas particulièrement expérimenté dans le domaine économique103. Il est possible que Disraeli ait été attiré par le salaire annuel de 5 000 £ qui pouvait lui permettre de rembourser ses dettes. Peu de membres du nouveau cabinet avaient été ministres ; quand Lord Derby informa Arthur Wellesley de la composition du gouvernement, le duc de Wellington octogénaire et malentendant donna sans le vouloir son surnom au nouveau gouvernement en répétant Who ? Who ?, Qui ? Qui ? à chacun des noms.
Au cours des semaines qui suivirent, Disraeli siégea comme chancelier de l'Échiquier et leader de la chambre des Communes. Il rédigea régulièrement des rapports sur le déroulement des échanges à la chambre pour la reine qui les décrivit comme très curieux et semblables au style des livres. Le Parlement fut ajourné le 1er juillet 1852 car les tories en minorité ne pouvaient plus gouverner. Disraeli espérait qu'ils pourraient obtenir une majorité d'environ 40 voix mais l'élection fit peu évoluer les lignes partisanes et le gouvernement Derby resta au pouvoir jusqu'à la reprise de la session parlementaire.
William Ewart Gladstone fut l'un des plus virulents opposants à Disraeli
En tant que chancelier de l'Échiquier, Disraeli devait établir un budget permettant de satisfaire les protectionnistes soutenant les tories tout en évitant l'opposition des libre-échangistes. Sa proposition, présentée à la chambre des Communes le 3 décembre, réduisait les taxes sur le malt et le thé et comprenait des provisions destinées à apaiser la classe ouvrière. Pour équilibrer le budget et obtenir les fonds nécessaires à la construction de défenses contre les Français, il doubla l'impôt foncier et poursuivit la collecte de l'impôt sur le revenu. L'objectif général de Disraeli était de mettre en place des politiques qui bénéficieraient à la classe ouvrière afin de rendre son parti plus attractif à cette frange de la population. Même si le budget ne comprenait pas d'éléments protectionnistes, l'opposition était résolue à s'y opposer en partie pour se venger des actions de Disraeli contre Peel en 1846 ; le député Sidney Herbert avança que le budget serait rejeté car les juifs ne font pas de convertis.
Disraeli présenta le budget le 3 décembre 1852109 et les débats se poursuivirent jusqu'au 16 décembre. Il était de coutume pour le chancelier d'avoir le dernier mot et alors qu'une grave défaite était annoncée, Disraeli attaqua individuellement ses opposants ; son discours de trois heures fut rapidement considéré comme un chef-d'œuvre. Alors que les députés de l'opposition semblaient hésiter, Glasdtone se leva et se lança dans un discours furieux malgré les députés tories tentant de le faire taire en criant plus fort que lui. Les interruptions diminuèrent alors que Gladstone prenait le contrôle de la chambre et durant deux heures présenta Disraeli comme frivole et son budget comme subversif. Le texte fut rejeté avec une majorité de 19 voix et Lord Derby démissionna quatre jours plus tard. Il fut remplacé par le peelite Lord Aberdeen et Gladston devint chancelier de l'Échiquier. Du fait l'impopularité de Disraeli auprès des peelites, aucune réconciliation n'était possible et il resta le chef des tories à la chambre des Communes.

Opposition

Après la chute du gouvernement Derby, Disraeli et les conservateurs retournèrent sur les bancs de l'opposition ; Disraeli passa les trois-quarts de sa carrière parlementaire dans l'opposition. Lord Derby ne souhaitait pas renverser la nouvelle administration pour éviter une répétition du gouvernement Who ? Who ? et car il savait que malgré les forces de ses soutiens, la coalition au pouvoir s'était en partie formée pour contrer Disraeli. Ce dernier, à l'inverse, était impatient de revenir au sein du cabinet et en tant que chef des conservateurs à la chambre des Communes, s'opposa au gouvernement sur toutes les principales législations.
En juin 1853, Disraeli reçut un diplôme honoraire de l'université d'Oxford ; il avait été recommandé par Lord Derby, le chancelier de l'institution. Le début de la guerre de Crimée en 1854 entraîna une accalmie dans les luttes politiques et Disraeli fit des discours patriotiques en sa faveur. Les revers et l'incompétence du haut-commandement britannique poussèrent le Parlement à envisager la mise en place d'une commission sur la conduite de la guerre. Le gouvernement de Lord Aberdeen choisit d'en faire une motion de confiance ; Disraeli mena l'opposition et le texte fut rejeté par 305 voix contre. Lord Aberdeen démissionna et la reine fit appel à Lord Derby qui refusa le poste. Lord Palmerston était jugé essentiel à tout gouvernement whig et il refuserait d'y participer s'il ne le présidait pas. La reine lui demanda alors avec réticence de former un gouvernement. Le déroulement de la guerre s'améliora avec l'arrivée de la nouvelle administration et le conflit s'acheva par le traité de Paris en mars 1856. Disraeli avait été l'un des premiers à demander la paix mais il eut peu d'influence sur le cours des événements.
Lorsqu'une révolte éclata en Inde en 1857, Disraeli s'y intéressa de près car il avait fait partie en 1852 d'une commission chargé de définir la manière de gouverner au mieux le sous-continent. Après le retour du calme en 1858, Lord Palmerston présenta une législation pour un contrôle direct de l'Inde par la Couronne et la fin du pouvoir de la compagnie anglaise des Indes orientales. Disraeli s'y opposa mais de nombreux conservateurs refusèrent de le suivre et le texte fut facilement adopté.
Le gouvernement Palmerston fut affaibli par sa réaction à l'affaire Orsini du nom d'un révolutionnaire italien qui avait tenté d'assassiner l'empereur français Napoléon III avec une bombe fabriquée à Birmingham. À la demande de l'ambassadeur français, Lord Palmerston présenta des amendements à la définition du conspiracy to murder pour que la fabrication d'une machine infernale soit un crime et non un délit. La proposition fut rejetée avec l'appui de nombreux libéraux. Il démissionna immédiatement et fut remplacé par Lord Derby.

Second gouvernement Derby

Lord Derby prit ses fonctions à la tête d'une administration purement conservatrice et non au sein d'une coalition. Il offrit à nouveau un poste à Gladstone mais ce dernier refusa. Disraeli redevint chancelier de l'Échiquier. Comme en 1852, Lord Derby mena un gouvernement minoritaire dépendant pour sa survie, de la division de ses opposants. En tant que leader de la chambre des Communes, Disraeli reprit ses compte-rendus réguliers à la reine Victoria qui avait demandé qu'il inclut ce qu'elle ne pouvait pas rencontrer dans les journaux.
Durant sa brève existence, le gouvernement Derby fut modérément progressiste. Le Government of India Act de 1858 mit fin à l'administration de la compagnie anglaise des Indes orientales dans le sous-continent. Disraeli avait soutenu les tentatives visant à autoriser les juifs à siéger au Parlement. Il présenta des lois permettant aux deux chambres du Parlement de définir la rédaction des serments d'allégeance. Le texte fut adopté avec réticence par la chambre des Lords et en 1858, Lionel de Rothschild devint le premier député juif.
À la suite de la démission d'Edward Law de la présidence de l'Indian Board chargé de l'administration de l'Inde, Disraeli et Derby tentèrent à nouveau de convaincre Gladstone, toujours nominalement un député conservateur, d'entrer au gouvernement. Disraeli lui écrivit personnellement une lettre pour lui demander de placer le bien du parti au-dessus des animosités personnelles. Dans sa réponse, Disraeli nia que des différends personnels aient joué un rôle dans ses décisions pour accepter maintenant et auparavant un poste tout en reconnaissant qu'il existait des oppositions entre Derby et lui plus profondes que vous pouviez supposer.
En 1859, les tories présentèrent une loi visant une extension mineure du droit de vote. Les tensions entre les partisans de Russell et ceux de Palmerston au sein du parti libéral furent apaisées et à la fin du mois de mars 1859, le gouvernement fut renversé. Lord Derby dissolut le Parlement et l'élection de 1859 fut une victoire conservatrice qui fut néanmoins insuffisante pour prendre le contrôle de la chambre des Communes. Lors de la reprise de la session parlementaire, le gouvernement Derby fut battu par 13 voix sur un amendement au discours du Trône. Il démissionna et la reine fit à nouveau appel avec réticence à Lord Palmerston.

Opposition et troisième gouvernement Derby

Après la chute de Lord Derby, Disraeli fut attaqué par les membres de son parti qui le rendaient responsable de la défaite et l'ancien premier ministre l'avertit que certains députés cherchaient à l'écarter de la direction du parti. Parmi les conspirateurs figurait Robert Cecil, un jeune député conservateur qui devint un quart de siècle plus tard premier ministre en tant que Lord Salisbury ; il écrivit qu'avoir Disraeli comme chef à la chambre des Communes réduisait les chances des conservateurs de prendre le pouvoir. Quand son père témoigna son désaccord, Cecil répondit : Je ne fais qu'imprimer ce que tous les gentlemen du pays disent en privé
Disraeli mena une opposition incapable de renverser Lord Palmerston car Lord Derby avait décidé de ne pas chercher la défaite du gouvernement. Lorsque la guerre de Sécession éclata en 1861, Disraeli fit peu de déclarations publiques mais, comme la plupart des Britanniques, il s'attendait à une victoire du Sud. Lord Palmerston, Gladstone à nouveau chancelier et Russell furent moins réticents et leurs déclarations en faveur du Sud contribuèrent à créer quelques années d'une vive animosité avec les États-Unis. En 1862, Disraeli rencontra le responsable prussien Otto von Bismarck pour la première fois et dit de lui : Faisons attention à cet homme, il sait ce qu'il veut.
La trêve politique cessa en 1864 car les tories furent outrés par la gestion de Lord Palmerston du différend frontalier entre la confédération germanique et le Danemark au sujet du Schleswig-Holstein. Disraeli reçut peu de soutien de la part de Lord Derby, qui était malade, mais il rassembla suffisamment le parti pour pouvoir réduire la majorité gouvernementale. Malgré les rumeurs concernant la santé de Lord Palmerston alors âgé de 80 ans, il restait populaire et les libéraux accrurent leur majorité lors de l'élection de 1865. Du fait des mauvais résultats des conservateurs, Lord Derby dit à Disraeli qu'aucun d'eux ne reviendrait jamais au pouvoir.
Le cabinet Derby de 1867. Ce dernier est debout à droite et Disraeli est à droite tenant un journal.
Les tactiques politiques furent bousculées par la mort de Palmerston le 18 octobre 1865. Russell redevint premier ministre avec Gladstone à la tête du parti libéral et Disraeli, leader de la chambre des Communes, comme son principal opposant. L'un des premiers actes de Russell fut de présenter une réforme du suffrage mais le texte divisa le parti. Les conservateurs et les dissidents libéraux attaquèrent la législation et le gouvernement tomba finalement en juin. Les dissidents ne souhaitaient pas servir sous Disraeli à la chambre des Communes et Lord Derby forma un troisième gouvernement minoritaire avec Disraeli à nouveau au poste de chancelier de l'Échiquier. En 1867, les conservateurs présentèrent une réforme électorale. Sans majorité à la chambre des Communes, les conservateurs furent contraints d'accepter des amendements qui modifièrent considérablement la législation mais Disraeli refusa d'accepter toutes les modifications proposées par Gladstone.
Le Reform Act adopté en août accrut considérablement le nombre d'hommes pouvant voter, élimina les bourgs pourris de moins de 10 000 habitants et augmenta la représentativité des grandes villes comme Liverpool et Manchester. La loi était impopulaire au sein de l'aile droite des conservateurs dont Robert Cecil qui démissionna du gouvernement et se prononça contre le texte en accusant Disraeli d'avoir commis « une trahison politique sans équivalent dans nos annales parlementaires. Cecil fut cependant incapable de mener une opposition efficace à Disraeli et Lord Derby. Disraeli fut célébré et devint un héros de son parti pour les merveilleux talents parlementaires avec lesquels il obtint le passage de la réforme à la chambre des Communes.
Lord Derby souffrait depuis longtemps de la goutte et avait de moins en moins d'influence sur la politique. Alors que l'ouverture de la nouvelle session du Parlement en février 1868 approchait, il était cloué au lit dans sa résidence de Knowsley Hall près de Liverpool. Il ne souhaitait cependant pas démissionner en avançant qu'il n'avait que 68 ans et était donc bien plus jeune que Palmerston ou Russell à la fin de leurs mandats. Il savait néanmoins que sa santé l'obligerait un jour ou l'autre à renoncer à ses responsabilités. À la fin du mois de février, Lord Derby, toujours absent, écrivit à Disraeli pour lui demander de confirmer qu'il ne se déroberait pas face à ces nouvelles importantes responsabilités. Rassuré, il présenta sa démission à la reine et recommanda Disraeli comme le seul à pouvoir recevoir le soutien de ses collègues. Ce dernier se rendit à Osborne House sur l'île de Wight où la reine lui demanda de former un gouvernement. Elle écrivit à sa fille, Victoria de Prusse, M. Disraeli est premier ministre ! Un noble accomplissement pour un homme issu du peuple !. Le nouveau premier ministre déclara à ceux venus le féliciter Je suis arrivé au sommet du mât de cocagne.

Premier gouvernement Disraeli 1868

Les conservateurs restèrent en minorité à la chambre des Communes mais aucun des deux camps ne souhaitait d'élection avant l'actualisation des registres électoraux. Le mandat de premier ministre de Disraeli qui commença en février serait donc bref à moins que les conservateurs ne remportent l'élection générale à l'automne. Il réalisa deux changements majeurs au sein de son cabinet en remplaçant le Lord chancelier Lord Chelmsford par Lord Cairns et en nommant George Ward Hunt pour lui succéder au poste de chancelier de l'Échiquier. Lord Derby avait prévu de remplacer Chelmsford dès qu'une vacance dans une sinécure convenable apparaîtrait mais Disraeli ne voulait pas attendre pour nommer Cairns qu'il jugeait bien plus efficace.
Le premier mandat de Disraeli fut dominé par les débats concernant l'Église d'Irlande. Même si l'île était très majoritairement catholique, l'Église protestante restait l'église officielle et la perception de la dîme était très mal acceptée par la population. Des tentatives de Disraeli pour négocier la création d'une université catholique à Dublin avec l'archevêque Henry Edward Manning échouèrent en mars quand Gladstone présenta une législation visant à supprimer l'Église officielle d'Irlande. La proposition rassembla le parti libéral sous la direction de Gladstone et divisa les conservateurs. Lors des élections générales avec les nouveaux registres électoraux, les libéraux reprirent le pouvoir avec une majorité renforcée.
Malgré sa brève existence, le premier gouvernement Disraeli parvint à faire adopter plusieurs législations relativement consensuelles. Il mit fin aux exécutions publiques et le Corrupt Practices Act permit de réduire sensiblement la corruption politique. Il lança une version primitive de nationalisation en faisant racheter les compagnies télégraphiques par le General Post Office via le Telegraph Act de 1869 et fit adopter des amendements aux lois sur l'éducation et au système judiciaire écossais. Disraeli ordonna également l'expédition de Robert Napier contre Téwodros II d'Éthiopie visant à libérer des captifs britanniques.

Chef de l'opposition

Face à la majorité libérale à la chambre des Communes, Disraeli ne pouvait que protester contre les législations présentées par le gouvernement. En conséquence, il décida d'attendre et de profiter des erreurs des libéraux. Ayant plus de temps libre, il écrivit un nouveau roman intitulé Lothair qui fut publié en 1870. Il s'agissait de la première œuvre de fiction rédigée par un ancien premier ministre et le livre devint un best-seller.
En 1872, l'incapacité à s'opposer à Gladstone entraîna des tensions au sein du parti conservateurs. Disraeli prit des mesures pour asseoir son autorité et les dissensions s'apaisèrent alors que les divisions éclataient au sein du parti libéral. Le soutien populaire à Disraeli fut démontré lors d'une réception destinée à souhaiter un prompt rétablissement au prince de Galles ; Disraeli fut acclamé lors de son discours tandis que celui de Gladstone ne rencontra que le silence. Encouragé par Disraeli, John Eldon Gorst réorganisa l'administration du parti conservateur pour la moderniser.
Lors de son départ du 10 Downing Street en 1868, Disraeli avait convaincu la reine Victoria d'anoblir son épouse et Mary Anne devint vicomtesse de Beaconsfield. Après avoir souffert d'un cancer de l'estomac durant toute l'année 1872, la comtesse octogénaire mourut le 15 décembre. Après sa mort, Gladstone, qui avait toujours apprécié Mary Anne, envoya une lettre de condoléances à son veuf.
En 1873, Gladstone présenta une législation pour fonder une université catholique à Dublin. Cela divisa les libéraux et le 12 mars, les conservateurs et les catholiques irlandais renversèrent le gouvernement avec une majorité de trois voix. Gladstone démissionna et la reine fit appel à Disraeli qui refusa la proposition car le gouvernement conservateur serait en minorité au Parlement. Disraeli estima qu'il aurait plus à gagner en laissant les libéraux rester temporairement au pouvoir. L'administration Gladstone partiellement remaniée resta donc en place malgré de nouveaux scandales.
En janvier 1874, Gladstone demanda la tenue d'une élection générale considérant que plus il attendrait et plus son score serait mauvais. Le scrutin fut étalé sur deux semaines à partir du 1er février. Dès les premiers résultats, il devint clair que les conservateurs allaient disposer d'une majorité pour la première fois depuis 1841. Finalement, ils remportèrent 350 sièges contre 242 pour les libéraux et 60 pour la Home Rule League irlandaise. La reine fit appel à Disraeli qui devint premier ministre pour la deuxième fois.

Second gouvernement Disraeli 1874-1880

Le cabinet de Disraeli composé de six pairs et de six roturiers était le plus réduit depuis le Reform Act de 1832. Sur les six pairs, cinq avaient été membres du précédent gouvernement conservateur ; le sixième, Lord Salisbury, s'était réconcilié avec Disraeli et il fut nommé secrétaire d'État à l'Inde. Lord Stanley devenu Lord Derby à la mort de son père, l'ancien premier ministre, en 1869 et Stafford Northcote furent respectivement nommés aux Affaires étrangères et aux Finances.
En août 1876, Disraeli fut anobli comte de Beaconsfield et vicomte Hughenden. La reine lui avait proposé cet anoblissement dès 1868 mais il avait refusé et le fit à nouveau alors qu'il était malade en 1874 ; il ne souhaitait en effet pas quitter la chambre des Communes pour la chambre des Lords dans laquelle il n'avait aucune expérience. Les problèmes de santé persistants durant son second mandat de premier ministre lui firent envisager une démission mais Lord Derby y était réticent car il ne se sentait pas capable d'obtenir le soutien de la reine. Pour Disraeli, la chambre des Lords, où les débats étaient moins intenses, était une alternative à la démission. Cinq jours avant la fin de la session parlementaire le 11 août 1874, Disraeli quitta la chambre des Communes visiblement à regret. Les journaux annoncèrent son anoblissement le lendemain matin. Concernant cette élévation, Disraeli écrivit à Lady Bradford le 8 août : Je suis assez las de ce lieu la chambre des Communes mais quand un ami lui demanda s'il aimait la chambre des Lords, il répondit : Je suis mort ; mort mais aux Champs Élysées.

Politique intérieure

Sous la direction du secrétaire d'État à l'Intérieur Richard Assheton Cross, le nouveau gouvernement lança de nombreuses réformes dont l'Artisan's and Labourers' Dwellings Improvement Act qui encourageait les administrations locales à construire des logements pour la classe ouvrière grâce en facilitant l'accès au crédit, le Public Health Act visant à moderniser la santé publique, le Sale of Food and Drugs Act destiné à protéger les consommateurs et l'Education Act pour développer la scolarisation. Pour protéger les ouvriers, le gouvernement fit adopter le Factory Act limitant le temps de travail et le travail des enfants, le Conspiracy and Protection of Property Act autorisant les piquets de grève pacifiques et l'Employers and Workmen Act permettant aux ouvriers de poursuivre en justice leurs employeurs en cas de violation des contrats de travail. À la suite de ces réformes sociales, le travailliste-libéral Alexander Macdonald déclara à ses électeurs en 1879 : Le parti conservateur a plus fait pour les classes ouvrières en cinq ans que les libéraux en cinquante.
En 1870, Gladstone avait émis un ordre en Conseil introduisant un concours d'entrée dans la fonction publique pour réduire la corruption lors de l'embauche de fonctionnaires. Disraeli y était opposé et s'il ne chercha pas à revenir sur cette décision, ses actions trahirent fréquemment son opinion. Il réalisa ainsi plusieurs nominations politiques à des fonctions auparavant accordées à des fonctionnaires de carrière. Il était en cela soutenu par son parti dont les membres étaient impatients de pouvoir profiter des avantages associés aux fonctions officielles après près de 30 ans de brefs passages au gouvernement. Disraeli accorda des postes à des notables conservateurs dont un disposant d'un salaire annuel de 2 000 £ environ 190 000 £ de 2011, ce qui ulcéra Gladstone. Disraeli ne créa cependant que 22 pairs contre 37 pour son prédécesseur.
De même que dans l'administration, Disraeli récompensa ses soutiens par des fonctions dans le clergé165. Il favorisa la Basse Église en écartant les autres tendances anglicanes pour des raisons politiques ; il s'opposa en cela à la reine qui, par loyauté à son époux défunt Albert, préférait la Large Église. Une nomination controversée eut lieu peu avant l'élection de 1868. Lorsque l'archevêque de Cantorbéry Charles Thomas Longley mourut, Disraeli accepta de nommer le candidat de la reine, l'évêque de Londres Archibald Campbell Tait. Pour remplacer Tait, Disraeli fut pressé de nommer Samuel Wilberforce, l'ancien évêque de Winchester et figure importante de la société londonienne. Disraeli ne l'appréciait cependant pas et il choisit plutôt l'évêque de Lincoln John Jackson. Blake suggère que ces nominations coûtèrent plus de voix à Disraeli qu'elles ne lui en rapportèrent.

Politique étrangère

Disraeli considérait les affaires étrangères comme l'élément le plus important et le plus intéressant de son travail de premier ministre. Son biographe Robert Blake doute néanmoins qu'il ait développé de véritable doctrine dans le domaine avant sa prise de fonction en 1874. Il s'était rarement rendu à l'étranger ; depuis son voyage au Proche-Orient en 1830-1831, il n'avait quitté la Grande-Bretagne que pour sa lune de miel et trois visites à Paris dont la dernière datait de 1856.

Canal de Suez

Le canal de Suez inauguré en 1869 permettait aux navires d'éviter le contournement de l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance et réduisait de plusieurs semaines, la durée de la traversée entre la Grande-Bretagne et l'Inde ; en 1875, environ 80% des navires empruntant le canal étaient britanniques. Dans le cas d'une nouvelle révolte en Inde ou d'une invasion russe, le temps gagné à Suez serait crucial. Comme ils avaient financé sa construction, la plupart des actions de la compagnie du canal de Suez appartenaient à des intérêts français ; le khédive Ismaïl Pacha, qui gouvernait l'Égypte au nom de l'Empire ottoman et était connu pour ses dépenses excessives, avait également des parts dans la société. Comme en Crimée, le canal de Suez relança la Question d'Orient sur les actions entourant le déclin de l'Empire gouverné depuis Constantinople. Comme une grande partie du commerce et des communications britanniques avec l'Inde passait par l'Empire ottoman avant la construction du canal, le Royaume-Uni avait fait de son mieux pour soutenir ce dernier contre la menace des Russes qui, s'ils prenaient Constantinople, pourraient disposer d'un accès maritime illimité à la Méditerranée. Les Français s'inquiétaient également de cette possibilité en raison de leurs intérêts en Syrie. Le Royaume-Uni avait eu la possibilité de prendre des parts dans le canal, mais n'avait finalement pas pris d'initiatives en ce sens.
Disraeli était passé près de Suez lors de son voyage au Proche-Orient dans sa jeunesse et lors de son accession au pouvoir, il réalisa l'importance des intérêts britanniques dans la zone. Il dépêcha donc le député libéral Nathan Rothschild à Paris pour essayer de racheter les actions de son constructeur Ferdinand de Lesseps169. Le 14 novembre 1875, l'éditeur du Pall Mall Gazette, Frederick Greenwood, apprit du banquier londonien Henry Oppenheim que le khédive cherchait à vendre ses parts dans la compagnie du canal à une société française. Greenwood en informa immédiatement le secrétaire d'État aux affaires étrangères Lord Derby qui transmit la nouvelle à Disraeli. Ce dernier agit rapidement pour obtenir leur achat et le 23 novembre, le khédive offrit de vendre ses actions pour 4 millions de livres, 400 millions de livres de 2011. Comme le Parlement n'était pas en session, Disraeli ne pouvait obtenir un financement gouvernemental pour cette acquisition et il fit appel à Lionel de Rothschild pour avancer les fonds. Ce dernier accepta et cette décision fut vivement critiquée en particulier par Gladstone qui accusa Disraeli de saper le système constitutionnel britannique. La cession des actions fut signée au Caire le 25 novembre.
Disraeli dit à la reine : C'est réglé ; vous l'avez, madame ! L'opinion publique vit l'opération comme une démonstration audacieuse de la suprématie maritime britannique. Dans les décennies qui suivirent, la sécurité du canal de Suez en tant que passage stratégique vers l'Inde, devint un des principaux centres d'attention de la politique étrangère britannique. Le secrétaire d'État aux affaires étrangères Lord Curzon décrivit en 1909 le canal comme le facteur déterminant de toute action britannique à l'Est et au Sud de la Méditerranée.

Relations avec Victoria

Caricature publiée dans le magazine Puck intitulée Nouvelles Couronnes pour les Anciennes représentant Disraeli en colporteur offrant à Victoria une couronne impériale en échange de sa couronne royale.
Initialement intrigué par Disraeli lorsqu'il entra au Parlement en 1837, Victoria se mit à le détester en raison de ses actions contre Peel. Son opinion devint plus favorable en particulier car Disraeli fit tout pour lui plaire. Il dit ainsi à l'écrivain Matthew Arnold : tout le monde aime la flatterie et, quand il s'agit de princes, il faut l'étendre avec une truelle. L'un de ses biographes, Adam Kirsch, suggère que l'obséquiosité de ses relations avec la reine était à la fois de la flatterie, le sentiment que cela était la façon dont un loyal sujet s'adresse à sa souveraine et l'émerveillement qu'un bourgeois d'origine juive soit le compagnon d'un monarque. Au début de son second mandat de premier ministre, Disraeli avait établi une solide relation avec Victoria, sans doute plus étroite qu'avec tout autre premier ministre en dehors de son premier, Lord Melbourne. Lors de sa prise de fonctions en 1874 réalisa littéralement la cérémonie du baisemain avec la reine en mettant un genou à terre et selon le biographe Richard Aldous, pendant les six années qui suivirent, Victoria et Disraeli exploitèrent mutuellement leur proximité à leur avantage.
Victoria souhaitait depuis longtemps posséder un titre impérial reflétant le territoire en expansion du Royaume-Uni. Elle était irritée que l'empereur Alexandre II de Russie ait un titre plus élevé que le sien et outrée que sa fille la dépasse quand son époux deviendrait empereur allemand. Le titre d'impératrice des Indes était utilisé de manière informelle depuis quelque temps et elle souhaitait le rendre officiel. La reine demanda donc à Disraeli de présenter une loi sur les titres royaux et lui indiqua sa volonté d'ouvrir le Parlement en personne, ce qu'elle ne faisait alors que lorsqu'elle avait besoin d'obtenir quelque chose de la part des législateurs. Disraeli s'inquiétait d'une possible réaction négative des députés et refusa d'évoquer une telle possibilité dans le discours du Trône.
Une fois la loi préparée, sa gestion par Disraeli fut maladroite. Il n'en informa ni le prince de Galles ni l'opposition et fut accueilli avec agacement par le prince et la colère des libéraux qui dénoncèrent une manœuvre despotique. Craignant de perdre, Disraeli hésita à présenter le texte à la chambre des Communes mais la législation fut finalement adoptée avec une majorité de 75 voix en 1876. Selon Aldous, l'impopulaire Royal Titles Act démolit néanmoins l'autorité de Disraeli à la chambre des Communes.

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Posté le : 21/12/2014 15:42
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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