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Maurice Ravel
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Le 28 décembre 1937 à Parisà 62 ans meurt Maurice Ravel
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de son nom de baptême Joseph Maurice Ravel, compositeur français né à Ciboure le 7 mars 1875. Compositeur
Pianiste, Chef d'orchestre de 1892 à 1932, ses maîtres sont Gabriel Fauré, Charles de Bériot, André Gedalge. Ses Œuvres principales sont Ma Mère l'Oye 1908-1912, L'Enfant et les Sortilèges 1919-1925, le Boléro 1928, Concerto pour la main gauche de 1929-1931

Avec son aîné Claude Debussy, Ravel fut la figure la plus influente de la musique française de son époque et le principal représentant du courant dit impressionniste au début du XXe siècle. Son œuvre, modeste en nombre d'opus quatre-vingt-six œuvres originales, vingt-cinq œuvres orchestrées ou transcrites, est le fruit d'un héritage complexe s'étendant de Couperin et Rameau jusqu'aux couleurs et rythmes du jazz et d'influences multiples dont celle, récurrente, de l'Espagne.
Caractérisée par une grande diversité de genres, la production musicale de Ravel respecte dans son ensemble la tradition classique et s'étale sur une période créatrice de plus de quarante années qui la rendent contemporaine de celles de Fauré, Debussy et Poulenc, mais aussi de Stravinski, Prokofiev, Bartók ou Gershwin. La grande majorité de ses œuvres a intégré le répertoire de concert. Parmi celles-ci le ballet symphonique Daphnis et Chloé 1909-12, le Boléro 1928, les deux concertos pour piano et orchestre pour la main gauche 1929-31 et en sol majeur 1930-31 et l’orchestration des Tableaux d'une exposition de Moussorgski 1922 sont celles qui ont le plus contribué à sa renommée internationale. Reconnu comme un maître de l’orchestration et un artisan perfectionniste, cet homme à la personnalité complexe ne s'est jamais départi d'une sensibilité et d'une expressivité qui, selon Le Robert, lui firent évoquer dans son œuvre à la fois les jeux les plus subtils de l’intelligence et les épanchements les plus secrets du cœur.

En bref

Avec Fauré et Debussy, dont il était le cadet, Ravel partage la gloire d'avoir « fait » la musique française du premier tiers du XXe siècle. Élève du premier, auquel il dédia son Quatuor à cordes, la mode et le snobisme des premières années du siècle voulurent faire de lui un rival du second. Il s'agissait d'une erreur de perspective, comme il s'en produit fréquemment lorsqu'on manque du recul nécessaire, car la personnalité de Ravel est unique et toute comparaison avec un autre musicien, même avec l'un de ses obscurs épigones, ne saurait être qu'artificielle. Cette personnalité paraît d'ailleurs paradoxale, pour peu qu'on cherche à l'analyser. Novateur hardi, Ravel marque cependant assez faiblement de son empreinte les musiciens qui lui succèdent ; toutefois, durant de longues années, les candidats au prix de Rome se sont obstinés à l'imiter. Musicien rigoureux, amoureux des agencements sonores longuement calculés et réfléchis, il n'obtint pas, lui-même, cette récompense suprême. Inventeur audacieux de savoureux agrégats harmoniques, il manifeste un amour constant pour les formes musicales traditionnelles (son Quatuor est presque une forme « d'école » et il fait survivre dans plusieurs de ses œuvres l'esprit des « suites françaises »). Orchestrateur prodigieux, il lui arrive souvent de ne pas penser directement pour les timbres instrumentaux et d'orchestrer, ensuite, des œuvres déjà écrites pour le piano. Épris de liberté, il paraît s'imposer perpétuellement d'insolubles gageures. Mais il reste à cette personnalité au moins deux constantes : le perpétuel souci de la perfection et le culte de la clarté. Il est juste, d'ailleurs, de parler de constantes, car si, chez la plupart des musiciens, on observe une évolution entre la jeunesse et la maturité, l'œuvre de Ravel jouit d'une remarquable unité. Chez lui, point de balbutiements ou d'essais maladroits ; dès ses premières compositions, il accède à la maîtrise. En revanche, on ne trouve pas dans ses derniers travaux cette ascèse révolutionnaire qui est si caractéristique de la dernière manière de la plupart des grands musiciens. Le souci de la clarté et de l'unité semble avoir effacé chez lui, d'emblée, toute hésitation et avoir tracé définitivement sa route. À la fois typiquement français et étonnamment universel (il connut, très rapidement, une vaste audience internationale), Maurice Ravel est l'exemple parfait de l'artiste qui n'a jamais renoncé au souci du métier de l'artisan et du « compagnon » directement promu à la « maîtrise ».

Sa vie

Maurice Ravel est né le 7 mars 1875 quai de la Nivelle à Ciboure, près de Saint-Jean-de-Luz, dans les Basses-Pyrénées. Son père, Joseph Ravel 1832–1908, d'ascendance suisse et savoyarde, était un ingénieur renommé qui travailla notamment pour la construction de lignes de chemin de fer, l'industrie automobile et étendit les recherches d'Étienne Lenoir sur les moteurs à explosion. Sa mère, Marie Delouart-Ravel 1840–1917, était basque, descendante d’une vieille famille espagnole Deluarte. Il eut un frère, Édouard Ravel 1878–1960 avec lequel il eut toute sa vie de forts liens affectifs. En juin 1875, la famille Ravel se fixa définitivement à Paris. La légende qui veut que l’influence de l’Espagne sur l’imaginaire musical de Maurice Ravel soit liée à ses origines basques est donc exagérée, d’autant que le musicien ne retourna pas au Pays basque avant l’âge de vingt-cinq ans. En revanche, il revint régulièrement par la suite séjourner à Saint-Jean-de-Luz et dans ses environs pour y passer des vacances ou pour travailler. L’enfance de Ravel fut heureuse. Ses parents, attentionnés et cultivés, familiers des milieux artistiques, surent très tôt éveiller son don musical et encourager ses premiers pas. Le petit Maurice commença l’étude du piano à l’âge de six ans sous la férule du compositeur Henry Ghys 1839 - 1908 et reçut en 1887 ses premiers cours de composition de Charles René harmonie et contrepoint. Le climat artistique et musical prodigieusement fécond de Paris à la fin du xixe siècle ne pouvait que convenir à l’épanouissement de l'enfant Ravel qui cependant, au désespoir de ses parents et de ses professeurs, reconnut plus tard avoir joint à ses nombreuses dispositions la plus extrême paresse.
"Tout enfant, j’étais sensible à la musique — à toute espèce de musique. Mon père, beaucoup plus instruit dans cet art que ne le sont la plupart des amateurs, sut développer mes goûts et de bonne heure stimuler mon zèle. "
Entré au Conservatoire de Paris en 1889, Ravel fut l'élève de Charles de Bériot et se lia d'amitié avec le pianiste espagnol Ricardo Viñes, qui devint l’interprète attitré de ses meilleures œuvres et avec qui il rejoignit plus tard la Société des Apaches. Enthousiasmé par la musique de Chabrier et de Satie, admirateur de Mozart, Saint-Saëns, Debussy et du groupe des Cinq, influencé par la lecture de Baudelaire, Poe, Condillac, Villiers de L'Isle-Adam et surtout de Mallarmé, Ravel manifesta précocement un caractère affirmé et un esprit musical très indépendant. Ses premières compositions en témoignèrent : elles étaient déjà empreintes d'une personnalité et d’une maîtrise telles que son style ne devait guère connaître d’évolution par la suite : Ballade de la reine morte d'aimer 1894, Sérénade grotesque 1894, Menuet antique 1895 et les deux Sites auriculaires pour deux pianos Habanera, 1895 et Entre cloches, 1897.
1897 vit entrer Ravel dans la classe de contrepoint d'André Gedalge, et Gabriel Fauré devenir son professeur de composition ; deux maîtres dont il reçut l'enseignement avec comme condisciple Georges Enesco. Fauré jugea le compositeur avec bienveillance, saluant un très bon élève, laborieux et ponctuel et une nature musicale très éprise de nouveauté, avec une sincérité désarmante. Les deux artistes devaient se vouer leur vie durant une grande estime réciproque. À la fin de ses études, Ravel composa une ouverture symphonique pour un projet d'opéra baptisé Shéhérazade ouverture créée en mai 1899 sous les sifflets du public, à ne pas confondre avec les trois poèmes de Shéhérazade pour voix de femme et orchestre datés de 1903, et la célèbre Pavane pour une infante défunte qui reste son œuvre pour piano la plus jouée par les mélomanes amateurs, même si son auteur ne l'estimait pas beaucoup.
À la veille du xxe siècle, le jeune Ravel était déjà un compositeur reconnu, et ses œuvres discutées. Pourtant, son accession à la célébrité n’allait pas être chose aisée. L’audace de ses compositions et son admiration proclamée pour les affranchis Chabrier et Satie allaient lui valoir bien des inimitiés parmi le cercle des traditionalistes.

Prix de Rome : l'affaire Ravel

Les cinq échecs du compositeur au Prix de Rome 1900, 1901, 1902, 1903, 1905 se dessinèrent ainsi sur fond de querelle entre académiques et tenants du modernisme. Éliminé aux épreuves préparatoires en 1900, Ravel n'obtint qu'un Deuxième Second Grand prix en 1901 (derrière André Caplet et Gabriel Dupont pour sa cantate Myrrha inspirée du Sardanapale de Lord Byron, malgré les éloges de Saint-Saëns auquel le compositeur paraissait appelé à un sérieux avenir. Ce fut la seule récompense obtenue par Ravel, qui échoua de nouveau en 1902 cantate Alcyone d'après Les Métamorphoses d'Ovide et 1903 cantate Alyssa sur un texte de Marguerite Coiffier avant d'être exclu en plein concours en 1905 pour avoir dépassé de quelques semaines la limite d’âge. Cette dernière affaire, appuyée par la presse, provoqua un scandale qui suscita, par-delà le monde musical, un courant de sympathie pour le compositeur. Théodore Dubois démissionna de la direction du Conservatoire de Paris et fut remplacé par Fauré en juin 1905. Au-delà du tapage médiatique, ce qu'on appela l’affaire Ravel contribua à faire connaître le nom du musicien.
Ravel n’est pas seulement un élève qui donne des promesses ; il est dès à présent un des jeunes maîtres les plus en vue de notre école ... et je ne conçois pas que l'on s'obstine à garder une école de Rome, si c'est pour en fermer les portes aux rares artistes qui ont en eux quelque originalité, à un homme comme Ravel qui s'est désigné aux concerts de la Société nationale par des œuvres bien autrement importantes que toutes celles qu'on peut exiger à un examen.

Premiers chefs-d’œuvre

Ses déboires au Prix de Rome n'avaient pas empêché Ravel, dès 1901, d'affirmer pour de bon sa personnalité musicale avec les Jeux d’eau pour piano, pièce d'inspiration lisztienne qui, la première, lui valut l'étiquette de musicien impressionniste. Très tôt dans sa carrière, Ravel fut comparé à Debussy avec une insistance qui tendit parfois à le faire passer pour un imitateur. Si l'impact de Debussy ne fut jamais démenti par Ravel, il ne resta pas à sens unique. Certains critiques musicaux aidant, en particulier Pierre Lalo du Temps, l'un des plus farouches adversaires de la musique de Ravel, cette influence mutuelle fut assez vite tournée en rivalité et fut mal ressentie par l'auteur de La Mer. Debussy et Ravel ne se fréquentèrent pas et leur relation, d'abord cordiale, devint très distante à partir de 1905.
Dès cette époque s'affirmèrent les traits ravéliens les plus caractéristiques : goût pour les sonorités hispaniques et orientales, pour l’exotisme et le fantastique, perfectionnisme, raffinement mélodique, virtuosité du piano. À la période particulièrement féconde qui s’étend de 1901 à 1908 appartiennent notamment le Quatuor à cordes en fa majeur 1902, les mélodies de Shéhérazade sur des poèmes de Tristan Klingsor 1904, les Miroirs et la Sonatine pour piano 1905, l'Introduction et allegro pour harpe 1906, les Histoires naturelles d'après Jules Renard 1906, la Rapsodie espagnole 1908, la suite pour piano Ma Mère l'Oye 1908 que Ravel dédia aux enfants de ses amis Ida et Cipa Godebski, puis son grand chef-d’œuvre pianistique, Gaspard de la nuit 1908, inspiré du recueil éponyme d’Aloysius Bertrand.

Succès et déceptions

Évocation symphonique de la Grèce antique, le ballet Daphnis et Chloé est l’œuvre la plus longue écrite par Ravel. Créée le 8 juin 1912 dans des décors conçus par Léon Bakst, la postérité en a consacré deux fragments sous forme de suites.
Avril 1909 trouva Ravel à Londres, chez Ralph Vaughan Williams, pour sa première tournée de concerts à l’étranger. Il put à cette occasion découvrir qu’il était déjà connu et apprécié outre-Manche. Il fut en 1910 avec Charles Koechlin et Florent Schmitt notamment l’un des fondateurs de la Société musicale indépendante SMI créée pour promouvoir la musique contemporaine, par opposition à la Société nationale de musique, plus conservatrice, alors présidée par Vincent d’Indy et liée à la Schola Cantorum. Dirigée à ses débuts par Gabriel Fauré, la S.M.I. fut très active jusqu'au milieu des années 1930, donna en première audition un grand nombre des œuvres de Ravel et contribua à faire connaître la musique de la jeune école française Aubert, Caplet, Delage, Huré, Koechlin, Schmitt, etc. et celle de compositeurs d'avant-garde alors peu diffusés en France Ravel y invita notamment le jeune Béla Bartók.
Au début des années 1910, deux œuvres majeures donnèrent à Ravel des difficultés. L'Heure espagnole, premier ouvrage lyrique du compositeur, écrit sur un livret de Franc-Nohain, fut achevé en 1907 et créé en 1911. L'opéra fut mal accueilli par le public et surtout par la critique le mot pornographie fut lâché. Ni l’humour savoureux du livret ni les hardiesses orchestrales de Ravel n’ont été compris. Parallèlement, pour répondre à une commande de Serge de Diaghilev dont les Ballets russes triomphaient à Paris, Ravel composa à partir de 1909 le ballet Daphnis et Chloé. Cette symphonie chorégraphique, qui utilise des chœurs sans paroles, est une vision de la Grèce antique que Ravel voulait proche de celle que les peintres français du XVIIIe siècle avaient donnée. L’argument de l’œuvre fut corédigé par Michel Fokine et Ravel lui-même. Il s’agit de l’œuvre la plus longue du compositeur soixante-dix minutes environ, et celle dont la composition fut la plus laborieuse. Là encore l’accueil fut inégal après la création en juin 1912, deux ans après le triomphe du très novateur Oiseau de feu de Stravinski. Cette même année cependant, triomphèrent les ballets Ma Mère l'Oye et Adélaïde ou le langage des fleurs, tous deux des orchestrations d'œuvres antérieures.
Vers la même époque, en 1911, Ravel participa à la création de la Société Chopin, sur l'initiative de son ami le musicologue Édouard Ganche.
1913. Homme engagé, Ravel fut au nombre des défenseurs de Stravinski lors de la création tumultueuse du Sacre du printemps le 29 mai à Paris. Cette période qui précédait la guerre, Ravel la décrivit plus tard comme la plus heureuse de sa vie. Il habitait alors un appartement de la prestigieuse avenue Carnot, près de la place de l’Étoile.

La guerre

Maurice Ravel au piano en 1912, l'année des ballets : Daphnis et Chloé, Ma Mère l'Oye et Valses nobles et sentimentales.
La guerre surprit Ravel en pleine composition de son Trio en la mineur qui fut finalement créé en 1915. Dès le début du conflit, le compositeur chercha à s'engager dans l'aviation militaire, mais, déjà exempté de service militaire en raison de sa petite taille 1,61 m, il fut refusé pour être trop léger de deux kilos. Dès lors, l’inaction devint une torture pour Ravel. À force de démarches, il réussit finalement à se faire engager en mars 1916 comme conducteur d'un camion militaire qu'il avait surnommé Adélaïde et avec lequel il eut un accident près de Verdun. Depuis le front, tandis que Debussy tombait dans les travers du nationalisme, Ravel fit la démonstration de sa probité artistique en refusant, au risque de voir sa propre musique bannie des concerts, de prendre part à la Ligue nationale pour la défense de la musique française. Cette organisation, créée en 1916 autour notamment de d'Indy et de Saint-Saëns, entendait faire de la musique un outil de propagande et interdisait, entre autres, la diffusion en France des œuvres allemandes et austro-hongroises.
... Je ne crois pas que pour la sauvegarde de notre patrimoine artistique national » il faille « interdire d'exécuter publiquement en France des œuvres allemandes et autrichiennes contemporaines non tombées dans le domaine public ... Il serait même dangereux pour les compositeurs français d'ignorer systématiquement les productions de leurs confrères étrangers et de former ainsi une sorte de coterie nationale : notre art musical, si riche à l'heure actuelle, ne tarderait pas à dégénérer, à s'enfermer en des formules poncives. Il m'importe peu que M. Schönberg, par exemple, soit de nationalité autrichienne. Il n'en est pas moins un musicien de haute valeur, dont les recherches pleines d'intérêt ont eu une influence heureuse sur certains compositeurs alliés, et jusque chez nous. Bien plus, je suis ravi que MM. Bartók, Kodály et leurs disciples soient hongrois et le manifestent dans leurs œuvres avec tant de saveur. ... D'autre part je ne crois pas qu'il soit nécessaire de faire prédominer en France, et de propager à l'étranger toute musique française, quelle qu'en soit la valeur. Vous voyez, Messieurs, que sur bien des points mon opinion diffère suffisamment de la vôtre pour ne pas me permettre l'honneur de figurer parmi vous.
Victime selon toute vraisemblance d'une dysenterie puis d'une péritonite à la fin de 1916, Ravel fut opéré avant d'être démobilisé en mars 1917. La nouvelle du décès de sa mère, survenu en janvier 1917, parvint au compositeur alors qu'il était encore sous les drapeaux. Elle le plongea dans un tourment sans comparaison avec celui causé par la guerre — il ne devait jamais vraiment s’en remettre. Il acheva cette année-là six pièces pour piano regroupées sous le titre du Tombeau de Couperin, suite en forme d'hommage aux maîtres du classicisme français qu’il dédia à des amis tombés au front. Durement touché par ces épreuves accumulées, le musicien resta insensible aux échos de l'armistice et traversa alors une période de silence et de doute que vinrent interrompre en 1919 deux commandes cruciales : l'une de Diaghilev La Valse, l'autre de Rouché L'Enfant et les Sortilèges.

L'héritage de Debussy

Claude Debussy 1862-1918, en qui Ravel voyait un artiste incomparable, un individu au génie des plus phénoménaux.
La guerre, terminée, avait bouleversé la société et remis en cause les canons esthétiques hérités de ce qu'on appellerait bientôt la Belle Époque : les années d'après-guerre virent ainsi tout un pan de la musique européenne, de Sergueï Prokofiev Symphonie classique à Stravinski Pulcinella, prendre un virage néoclassique auquel Ravel allait contribuer à sa manière. Pour les quelque douze années d’activité qui lui restaient, la production du musicien se ralentit considérablement (une œuvre par an en moyenne, en excluant les orchestrations et son style évolua selon ses propres mots dans le sens d’un dépouillement poussé à l'extrême tout en s’ouvrant aux innovations rythmiques et techniques venues de l’étranger, en particulier d’Amérique du Nord.
Les années passant, et après la mort de Claude Debussy en 1918, Ravel était désormais considéré comme le plus grand compositeur français vivant. Sa notoriété croissante, particulièrement à l'étranger, le fit beaucoup réclamer en concert et lui valut plusieurs distinctions. La façon dont s'accommoda de sa célébrité celui qui se déclara désabusé, en 1928, à propos du public qui l'acclamait, Ce n'est pas moi qu'ils veulent voir, c'est Maurice Ravel, dérouta plus d'un observateur. Ce fut d'abord, en 1920, la réaction désinvolte à sa promotion au rang de chevalier de la Légion d'honneur : pour une raison qu'il ne précisa jamais, il ne prit même pas la peine de répondre à cette annonce, ce qui lui valut une radiation au Journal officiel. Satie, brouillé avec lui depuis 1913, s’en amusa dans une boutade célèbre : Ravel refuse la Légion d’Honneur, mais toute sa musique l’accepte.
La première œuvre majeure de l’après-guerre fut La Valse, poème symphonique dramatique commandé pour le ballet par Serge de Diaghilev et joué en première audition en avril 1920, en présence de Stravinski et Poulenc. Ravel y défigurait sciemment la valse viennoise en dépeignant un tourbillon fantastique et fatal, évocation musicale de l'anéantissement par la guerre de la civilisation européenne qu'incarnaient les valses de Johann Strauss. Deux ans plus tard, la vaste Sonate pour violon et violoncelle, dédiée à la mémoire de Debussy et créée par Hélène Jourdan-Morhange 1922, matérialisait le renoncement au charme harmonique et la réaction de plus en plus marquée dans le sens de la mélodie qui allaient caractériser la plupart des œuvres de Ravel au cours des années 1920.

Montfort-l’Amaury

Ravel se fixa à Montfort-l'Amaury en 1921. Sa maison, le Belvédère, devint rapidement le point de ralliement du cercle ravélien.
En 1921, désireux de se fixer et d'acquérir une bicoque à trente kilomètres au moins de Paris, Ravel acheta une maison à Montfort-l’Amaury en Seine-et-Oise, le Belvédère, où il devait concevoir la majeure partie de ses dernières œuvres. Cette époque vit la naissance des sensuelles Chansons madécasses, sur des poèmes d’Évariste de Parny 1923, dans lesquelles le musicien exprimait au passage son anticolonialisme Aoua, et de la rhapsodie virtuose Tzigane 1924)pour piano luthéal et violon. Le Belvédère s’imprégna vite de la personnalité de son occupant qui en fit, de son vivant même, un véritable musée collection de porcelaines asiatiques, jouets mécaniques, horloges.
Solitaire et pudique, Ravel eut cependant une riche vie sociale. Le Belvédère de Montfort-l'Amaury devint rapidement le repaire incontournable du cénacle ravélien (entre autres l’écrivain Léon-Paul Fargue, les compositeurs Maurice Delage, Arthur Honegger, Jacques Ibert, Florent Schmitt, Germaine Tailleferre, les interprètes Marguerite Long, Robert Casadesus, Jacques Février, Madeleine Grey, Hélène Jourdan-Morhange, Vlado Perlemuter, le sculpteur Léon Leyritz, et les deux fidèles élèves de Ravel, Roland-Manuel et Manuel Rosenthal.
Ravel observa sa vie durant une extrême discrétion concernant sa vie privée et véhicula au travers de ses portraits et photographies une image de dandy masqué derrière un « cérémonial d'élégance fastidieuse, André Tubeuf qui contraste avec les témoignages de ceux qui le fréquentèrent. Mais les apparences ne pouvaient entièrement cacher la solitude et la tristesse de cet homme, qui trouva une échappatoire dans l’orchestration des Tableaux d’une exposition de Moussorgski 1922, et dans une série de tournées à l’étranger Pays-Bas, Italie, Angleterre, Espagne. La question de la sexualité du compositeur a souvent fait l'objet de gloses, sans qu'une réponse précise lui soit apportée. Ravel ne se maria jamais et aucune relation sentimentale, féminine ou masculine, ne lui est connue. Une thèse récente s'attache cependant à démontrer que Ravel aurait transcrit en musique le prénom Misia et le nom Godebska (du nom de jeune fille de Misia Sert, amie du compositeur et dédicataire de La Valse, également tante de Mimie et Jean Godebski, les jeunes dédicataires de Ma mère l'Oye, et caché ces transcriptions de manière étonnamment fréquente dans ses œuvres.

Lyrisme et blues

Ravel avait connu Colette dans les années 1900, quand ils fréquentaient les mêmes salons artistiques autour notamment de Cocteau et Debussy. C'est en 1925 qu'aboutit le projet commun des deux artistes d'une fantaisie lyrique baptisée L'Enfant et les Sortilèges. La genèse de cette œuvre avait débuté en 1919, quand Colette s'était vu proposer par Jacques Rouché, alors directeur de l’Opéra de Paris, la collaboration de Ravel pour mettre en musique un poème de sa main, intitulé au départ Divertissement pour ma fille. Accaparé par d'autres projets, Ravel n'y travailla vraiment qu'à partir de 1924 pour en tirer une œuvre dont les nombreuses scènes, de par leur brièveté et la variété de leurs genres, la rapprochent plus de la comédie musicale et du music-hall que de l'opéra. La création à Monte-Carlo en mars 1925 fut un succès, mais les représentations parisiennes de cette œuvre atypique donnèrent lieu à un accueil perplexe le duo des chats notamment fit scandale. Colette a rapporté avec humour la relation purement professionnelle et distante dans laquelle Ravel la tint au cours de l’élaboration de ce projet. En 1927, Ravel s'apprêtait à devenir, avec Stravinski, une des personnalités musicales les plus reconnues de son époque. Il acheva cette année-là sa Sonate pour violon et piano, dont le second mouvement est intitulé Blues et inaugura la salle Pleyel en dirigeant La Valse.

La tournée américaine

1928 fut pour Ravel une année particulièrement faste. De janvier à avril il effectua une gigantesque tournée de concerts aux États-Unis et au Canada qui lui valut, dans chaque ville visitée, un immense succès. Il se produisit comme pianiste dans sa Sonatine, accompagna sa Sonate pour violon et certaines de ses mélodies, dirigea l’orchestre, prononça des discours sur la musique dont aucun enregistrement direct ne nous est parvenu. À New York il fréquenta les clubs de jazz de Harlem et se fascina pour les improvisations du jeune George Gershwin, auteur quatre ans plus tôt d'une retentissante Rhapsody in Blue et dont il appréciait particulièrement la musique. À celui-ci lui réclamant des leçons, Ravel répondit par la négative, argumentant : Vous perdriez la grande spontanéité de votre mélodie pour écrire du mauvais Ravel. Dans cet esprit Ravel exhorta à plusieurs reprises les Américains à cultiver la spécificité de leur musique nationale." Vous, les Américains, prenez le jazz trop à la légère. Vous semblez y voir une musique de peu de valeur, vulgaire, éphémère. Alors qu'à mes yeux, c'est lui qui donnera naissance à la musique nationale des États-Unis. "

Le Boléro

De retour en France, Ravel s'attela à ce qui devait devenir son œuvre la plus célèbre et, malgré lui, l'instrument de sa consécration internationale. Après quelques tergiversations, le « ballet de caractère espagnol » que lui avait commandé son amie Ida Rubinstein en 1927 adopta le rythme d'un boléro andalou. Composé entre juillet et octobre 1928, le Boléro fut créé à Paris le 22 novembre de la même année devant un parterre quelque peu stupéfié. Cette œuvre singulière, qui tient le pari de durer plus d’un quart d’heure avec seulement deux thèmes et une ritournelle inlassablement répétés, était considérée par son auteur comme une expérience d’orchestration dans une direction très spéciale et limitée, et Ravel lui-même fut vite exaspéré par le succès de cette partition qu’il disait vide de musique. À propos d’une dame criant: Au fou, au fou ! après avoir entendu l’œuvre, le compositeur aurait confié à son frère : Celle-là, elle a compris !
La danseuse et mécène russe Ida Rubinstein 1885–1960, proche amie de Ravel, fut l’inspiratrice et la dédicataire du Boléro. Portrait par A. de La Gandara.
En octobre 1928, Ravel fut fait docteur en musique honoris causa à l’Université d’Oxford. Dans sa ville natale, il inaugura, en août 1930, le quai qui porte son nom.

Derniers chefs-d’œuvre

De 1929 à 1931, Ravel conçut ses deux derniers grands chefs-d’œuvre. Composés simultanément et créés à quelques jours d’intervalle en janvier 1932, les deux concertos pour piano et orchestre apparaissent comme la synthèse de l’art ravélien, combinant forme classique et style moderne empruntant au jazz. Mais ces deux œuvres frappent par leur contraste. Au Concerto pour la main gauche, œuvre grandiose baignée d’une sombre lumière et empreinte de fatalisme qu’il dédia au pianiste manchot Paul Wittgenstein, répondit l’éclatant Concerto en sol dont le mouvement lent constitue l’une des plus intimes méditations musicales du compositeur. Avec les trois chansons de Don Quichotte à Dulcinée, composées en 1932 sur un poème de Paul Morand, les concertos mirent un point final à la production musicale de Maurice Ravel.
Le temps d’une tournée triomphale en 1932 en compagnie de la pianiste Marguerite Long, qui diffusa le Concerto en sol dans toute l’Europe, Ravel prit une dernière fois la mesure de sa renommée. De retour en France, après avoir supervisé un enregistrement de ce même concerto, il n’avait plus que des projets : notamment un ballet-oratorio, Morgiane, inspiré des Mille et Une Nuits, et un grand opéra, Jeanne d’Arc, d’après le roman éponyme de Joseph Delteil.

Les dernières années

À partir de l’été 1933, Ravel commença à présenter les signes d’une maladie neurologique qui allait le condamner au silence pour les quatre dernières années de sa vie. Troubles de l’écriture, de la motricité et du langage en furent les principales manifestations, tandis que son intelligence était parfaitement préservée et qu’il continuait de penser sa musique, sans plus pouvoir bientôt écrire ni jouer. L’opéra Jeanne d’Arc, auquel le compositeur attachait tant d’importance, ne devait jamais voir le jour. On pense qu’un traumatisme crânien consécutif à un accident de taxi dont il fut victime le 8 octobre 1932 précipita les choses, mais Ravel, qui souffrait depuis longtemps d'insomnies récurrentes, semblait conscient du trouble depuis le milieu des années 1920 la thèse d’une démence de Pick est discutée. Le public resta longtemps dans l’ignorance de la maladie. Chacune des rares apparitions publiques de Ravel lui valait un triomphe, ce qui rendit d’autant plus douloureuse son inaction.
En 1935, sur proposition d’Ida Rubinstein, Ravel entreprit un ultime voyage en Espagne et au Maroc où il joue du piano non sans difficulté, lui apportant un réconfort salutaire, mais vain. Le musicien se retira définitivement à Montfort-l’Amaury. Il faisait seul de longues promenades en forêt de Rambouillet, et malgré une affectivité, un jugement et une intelligence intactes il avait de grandes difficultés à parler, s'habiller, se servir correctement des objets de la vie quotidienne. Jusqu’à sa mort, il put compter sur la fidélité et le soutien de ses amis et de sa fidèle gouvernante, Madame Révelot. Le mal continua de progresser. Le 19 décembre 1937, malgré les réticences du musicien, le professeur Clovis Vincent tenta à Paris une intervention chirurgicale sur son cerveau dans l'hypothèse d'une atteinte tumorale. Ravel se réveilla un court moment après l’intervention, puis plongea définitivement dans le coma. Il mourut le 28 décembre 1937, à l’âge de 62 ans. Sa mort provoqua dans le monde une grande émotion, que la presse relaya dans un hommage unanime61. Le discours officiel de la République française fut prononcé à son enterrement par Jean Zay, alors ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts. Le compositeur repose au cimetière de Levallois-Perret près de ses parents et de son frère.
Avec Ravel disparaissait le dernier représentant d’une lignée de musiciens qui avaient su renouveler l’écriture musicale, sans jamais renoncer aux principes hérités du classicisme. Et par là même, le dernier compositeur dont l’œuvre dans sa totalité, toujours novatrice et jamais rétrograde, soit entièrement accessible à une oreille profane.
"Je n’ai jamais éprouvé le besoin de formuler, soit pour autrui soit pour moi-même, les principes de mon esthétique. Si j’étais tenu de le faire, je demanderais la permission de reprendre à mon compte les simples déclarations que Mozart a faites à ce sujet. Il se bornait à dire que la musique peut tout entreprendre, tout oser et tout peindre, pourvu qu’elle charme et reste enfin et toujours la musique "

Les influences

Ravel reconnaissait en Emmanuel Chabrier 1841–1894 l’un de ses principaux inspirateurs.
Né à une époque particulièrement propice à l’éclosion des arts, Ravel bénéficia d’influences très diverses. Mais comme le souligne Vladimir Jankélévitch dans sa biographie, aucune influence ne peut se flatter de l’avoir conquis tout entier …. Ravel demeure jalousement insaisissable derrière tous ces masques que lui prêtent les snobismes du siècle.
Aussi la musique de Ravel apparaît-elle d’emblée, comme celle de Debussy, profondément originale, voire inclassable selon l’esthétique traditionnelle. Ni absolument moderniste ni simplement impressionniste comme Debussy, Ravel refusait catégoriquement ce qualificatif qu'il estimait réservé à la peinture, elle s’inscrit bien davantage dans la lignée du classicisme français initié au XVIIIe siècle par Couperin et Rameau et dont elle fut l’ultime prolongement. Ravel par exemple à l’inverse de son contemporain Stravinski ne devait jamais renoncer à la musique tonale et n'usa qu'avec parcimonie de la dissonance, ce qui ne l’empêcha pas par ses recherches de trouver de nouvelles solutions aux problèmes posés par l’harmonie et l’orchestration, et de donner à l’écriture pianistique de nouvelles directions
De Fauré et Chabrier, Sérénade grotesque, Pavane pour une infante défunte, Menuet antique à la Musique noire américaine, L’Enfant et les sortilèges, Sonate pour violon, Concerto en sol en passant par l’école russe, À la manière de… Borodine, orchestration des Tableaux d’une exposition, Satie, Debussy, Jeux d’eau, Quatuor à cordes, Couperin et RameauLe Tombeau de Couperin, Chopin et Liszt Gaspard de la nuit, Concerto pour la main gauche, Schubert Valses nobles et sentimentales, Schönberg, Trois poèmes de Mallarmé), et enfin Saint-Saëns et Mozart Concerto en sol, Ravel a su faire la synthèse de courants extrêmement variés et imposer son style dès ses premières œuvres. Ce style ne devait d’ailleurs que très peu évoluer au cours de sa carrière.

L’éclectique

Éclectique par excellence tout en s'inscrivant dans une esthétique indiscutablement française, Ravel sut tirer profit de son intérêt pour les musiques de toutes origines. L’influence notoire jouée sur son imaginaire musical par le Pays basque, Trio en la mineur et surtout l’Espagne, Habanera, Pavane pour une infante défunte, Rapsodie espagnole, Boléro, Don Quichotte à Dulcinée participe beaucoup à sa popularité internationale, mais conforte aussi l’image d’un musicien toujours épris de rythme et de musiques folkloriques. L’Orient Shéhérazade, Introduction et Allegro, Ma mère l’Oye, la Grèce, Daphnis et Chloé, Chansons populaires grecques et les sonorités Tziganes, Tzigane l’inspirèrent également.
La musique noire américaine, que lui fit mieux découvrir Gershwin au cours de la tournée américaine de 1928, fascina Ravel. Il en introduisit de nombreuses touches dans les chefs-d’œuvre de sa dernière période créatrice, ragtime dans l'Enfant et les sortilèges, blues dans le second mouvement de la Sonate pour violon, jazz dans le Concerto en sol et le Concerto pour la main gauche.
Enfin, il est nécessaire de souligner la fascination qu’exerça le monde de l’enfance sur Ravel. Que ce soit dans sa propre vie, attachement absolu, quasi infantile, à sa mère, collection de jouets mécaniques… ou dans son œuvre de Ma mère l’Oye à l'Enfant et les sortilèges, Ravel exprima régulièrement une extrême sensibilité et un goût prononcé pour le fantastique et le domaine du rêve.

L’orfèvre du son

Épris de sonorités nouvelles, Ravel s’enthousiasma pour la musique tzigane qui lui inspira sa Rhapsodie de concert pour violon et orchestre 1924. Tableau de Bouguereau.
Je me refuse simplement, mais absolument à confondre la conscience de l’artiste, qui est une chose, avec sa sincérité, .... Cette conscience exige que nous développions en nous le bon ouvrier. Mon objectif est donc la perfection technique. Je puis y tendre sans cesse, puisque je suis assuré de ne jamais l’atteindre. L’important est d’en approcher toujours davantage. L’art, sans doute, a d’autres effets, mais l’artiste, à mon gré, ne doit pas avoir d’autre but. Ravel, Esquisse autobiographique, 1928.
La recherche de la perfection formelle fit autant pour le succès de Maurice Ravel auprès du public que pour sa défaveur auprès de certains critiques. Tandis que Stravinski raillait sa méticulosité en le qualifiant d’ horloger suisse, certains ne virent dans sa musique que sécheresse, froideur ou artifice. Ravel, qui ne reniait rien de son amour pour les artifices et les mécanismes, mais cherchait toujours, en citant Edgar Allan Poe, le point à égale distance de la sensibilité et de l’intelligence, répliqua avec une formule lapidaire : Mais est-ce qu’il ne vient jamais à l’esprit de ces gens-là que je peux être artificiel par nature ?
Composer semble n’avoir jamais été chose facile pour Ravel. Son refus de céder à cette haïssable sincérité de l’artiste, mère de tant d'œuvres bavardes et imparfaites lui donna le goût de la contrainte auto-imposée, et plus encore de la difficulté vaincue. C’est en partie ce qui explique la faible abondance de ses œuvres, et notamment d'œuvres de second plan, dans une période créatrice pourtant longue de près de quarante ans, et l'état d'inachèvement dans lequel il laissa plusieurs projets, notamment Shéhérazade opéra, 1898, La Cloche engloutie d'après Gerhart Hauptmann opéra, 1906, et Zazpiak Bat concerto, 1914. Par ailleurs, Ravel ne nous a laissé presque aucune esquisse. Pleinement conscient de son caractère, le compositeur pouvait confier à Manuel Rosenthal : Oui, mon génie, c’est vrai, j’en ai. Mais qu’est-ce que c’est ? Eh bien, si tout le monde savait travailler comme je sais travailler, tout le monde ferait des œuvres aussi géniales que les miennes.
Quoi qu’il en soit, de l’ouverture de L'Heure espagnole aux onomatopées de L'Enfant et les Sortilèges, de la pédale obstinée de si bémol du Gibet dans Gaspard de la nuit à la rigidité rythmique du Boléro, cet entêtement dans la quête de la perfection et ce goût de la gageure sont un des traits ravéliens les plus caractéristiques.

L’orchestrateur

Ravel fut selon Marcel Marnat « le plus grand orchestrateur français » et de l’avis de nombreux mélomanes l’un des meilleurs orchestrateurs de l’histoire de la musique occidentale. Son œuvre la plus célèbre, le Boléro, doit sa tenue à la seule variation des timbres et à un immense crescendo de l’orchestre.
Passé maître dans le maniement des timbres quoique n’étant pas lui-même adepte de nombreux instruments, sachant trouver l’équilibre harmonieux le plus subtil, Ravel sut transcender de nombreuses œuvres originales a del gracioso, 1918, Le Tombeau de Couperin, 1919… ou de ses éminents confrères : Moussorgski Khovantchina, 1913, Schumann Carnaval, 1914, Chabrier Menuet pompeux, 1918, Debussy Sarabande et Danse, 1923 ou encore Chopin Étude, Nocturne et Valse, 1923.
Mais ce fut l’orchestration des célèbres Tableaux d’une exposition de Moussorgski, commande de Serge Koussevitzky achevée en 1922 à Lyons-la-Forêt chez son ami Roland-Manuel, qui assit définitivement la réputation internationale de Ravel en la matière. Sa version reste la référence et éclipse celle des autres compositeurs qui s’y sont essayés, même si certains regrettent que ce travail ait diminué la simplicité et la naïveté de la page originale. Les Tableaux orchestrés par Ravel font partie, avec le Boléro, des œuvres françaises les plus représentées à l’étranger.

L’interprète

Faute d'un entraînement assidu, Ravel fut bon pianiste sans être un virtuose certaines de ses propres œuvres, notamment le Concerto en sol qu’il rêvait de présenter lui-même69, lui restèrent inaccessibles. Il fut propriétaire de plusieurs pianos, le dernier étant encore exposé à Montfort-l'Amaury. Au piano le compositeur assura la création, entre autres, de ses Histoires naturelles 1907, des Mélodies hébraïques 1914, de La Valse 1920, de la Berceuse sur le nom de Fauré 1922 et, avec Georges Enesco, de la Sonate pour violon et piano 1927 Au cours de sa tournée américaine en 1928, il joua sa Sonatine, accompagna sa Sonate pour violon et certaines de ses mélodies.
En tant que chef d’orchestre, Ravel créa l'ouverture de Shéhérazade 1899 et la version de concert du Boléro 1930. À la baguette il n’égala jamais, même de loin, ses qualités d’orchestrateur. Le seul enregistrement qu’il a laissé un Boléro daté de 1930 et les témoignages de l’époque confirment que Ravel n’était pas un virtuose au pupitre. Il dirigea pourtant avec un immense succès son Concerto en sol au cours de sa dernière tournée, en 1932.

M. Ravel

Ce musicien si français commence par recueillir un héritage en lequel se mêlent des origines diverses. Son grand-père paternel était de nationalité helvétique. Son père, ingénieur, épousa en 1874 une jeune fille d'origine basque, Maria Deluarte, à Ciboure, près de Saint-Jean-de-Luz et, le 7 mars de l'année suivante, naissait l'aîné de cinq enfants : Maurice. À l'âge de quatorze ans, celui-ci entre au Conservatoire de Paris dans la classe de piano, qu'il quitte dès 1897 pour les disciplines de l'écriture musicale : le contrepoint et la composition pour lesquelles il a pour maîtres André Gedalge et Gabriel Fauré. Il retient du premier la méticulosité dans l'invention qui rapproche le tempérament de l'ingénieur de celui du musicien, et du second la sensibilité contenue qu'il livrera ensuite dans ses œuvres. En 1901, Ravel obtient un second grand prix de Rome avec une cantate assez anodine : Myrrha. Il n'obtiendra jamais le premier grand prix car, après plusieurs échecs, il est déjà devenu un compositeur reconnu, à l'originalité incontestable et qui effraye les dignes membres du jury, à tel point qu'ils ne l'admettent même plus aux éliminatoires. En effet, en 1904, date de sa dernière tentative, Ravel a déjà écrit ses Jeux d'eau (1901), son Quatuor à cordes (1903), la Pavane pour une infante défunte (1899), les Sites auriculaires (1895) et Schéhérazade (1903). Peut-être est-il possible d'expliquer la relative discrétion de toute sa vie, le mépris des honneurs officiels, l'isolement aristocratique dans lequel il a aimé se réfugier par le détachement acquis à la suite d'échecs immérités. Peut-être aussi la maladie qui l'emporta et dont il ressentit les atteintes dès 1928 (une tumeur au cerveau) le prédisposait-elle à rechercher un refuge, une « tour d'ivoire » dans laquelle il pouvait méditer longuement une œuvre qui est le type même de la perfection préméditée. C'est en 1920 que Ravel s'installa à Montfort-l'Amaury, où il habita jusqu'à sa mort et où il écrivit bon nombre de ses chefs-d'œuvre. En 1937, une opération fut tentée, mais en vain ; il disparut, en pleine gloire, à l'âge de soixante-deux ans.
De ses origines, Ravel conserva des tendances apparemment contradictoires mais qui, en sa musique, se résolvent en une synthèse à l'équilibre étonnamment dosé. D'une part un goût « ibérique » de la couleur, voire du pittoresque, lequel se manifeste dans la richesse inégalée de son orchestration et aussi dans cet aspect de son inspiration qui lui fait rechercher des thèmes, des sujets souvent évocateurs. L'Espagne le fascine (Rhapsodie espagnole, 1907 ; L'Heure espagnole, 1907 ; le Boléro, 1928), mais il peut se laisser séduire par bien d'autres idées (les viennoiseries de La Valse, 1919 ; les rêveries de Tzigane, 1924 ; l'orientalisme de Schéhérazade, 1903 ; l'exotisme des Chansons madécasses, 1925-1926 ; ou le pittoresque littéraire, de nombreuses autres œuvres en témoignent) ; toutefois, il tient à rester, toujours, parfaitement français. C'est alors que, sans doute hérité de son grand-père, un goût helvétique pour la perfection et la minutie le pousse vers la musique pure (le Quatuor, 1913 ; la Sonatine, 1905 ; les deux Concerti pour piano, les Poèmes de Mallarmé, 1913, etc.), sans que, pourtant, soient dédaignées les références littéraires. S'il est l'auteur de nombreuses mélodies, Ravel n'a cependant composé que deux fois pour le théâtre : L'Heure espagnole (1907) et L'Enfant et les sortilèges (1925). Si la bouffonnerie ibérique du premier échappe à tout folklorisme de mauvais aloi, il sait, dans le second, faire sortir un lyrisme et une poésie profonde à partir de la description de rêves enfantins aux prises avec le prosaïque des objets quotidiens.

Classique et novateur

Du classique, Ravel possède le goût pour la perfection de la forme et de l'écriture. Du novateur, il a l'esprit de recherche, l'amour de la découverte et de la solution inédite. Mais ces solutions inédites, il les cherche plutôt dans un développement, dans une extension des démarches de ses prédécesseurs que dans l'invention de procédés nouveaux. Sur le plan de l'écriture mélodique ou harmonique, Ravel a plus volontiers recours, pour permettre à son imagination de s'exercer sur des recettes non encore éprouvées, à des formules anciennes, à des rajeunissements insolites (Ma Mère l'Oye, 1908 ; Le Tombeau de Couperin, 1918) plutôt qu'à des trouvailles qu'il juge hasardeuses et, peut-être... de mauvais goût. Sur le plan de la forme, il innove peu et, en tout cas, moins que Debussy car, lorsqu'il se penche vers l'un des schèmes formels les plus traditionnels, il en respecte généralement la structure essentielle. À cet égard, le Quatuor de Debussy, comparé à celui de Ravel, est beaucoup plus novateur. On a dit que Ravel était un classique. C'est juger là moins de sa technique que de son esprit. Ravel est classique en ce sens qu'il respecte profondément une tradition de rigueur, de clarté, et même de sagesse. S'il suffisait pour être novateur de faire ce que nul autre n'avait fait auparavant, bien d'autres musiciens que Ravel le seraient. S'il suffisait pour être classique ou « néo-classique » de copier des moules anciens sans chercher à y modeler des idées nouvelles, il suffirait, également, d'être bon élève. Mais Maurice Ravel n'est pas non plus un révolutionnaire : il affine, cisèle, aiguise le système tonal traditionnel sans vouloir lui trouver des prolongements radicaux. Il est, essentiellement, l'homme de la mesure.

Le jeu et la gageure

C'est Vladimir Jankélévitch qui, le premier, discerna, chez Ravel, ce goût prononcé pour la gageure, pour le pari, pour le jeu dont on invente soi-même les règles et que, par conséquent, on se doit de gagner. Mais peut-être ce jeu n'est-il que l'expression du paradoxe d'un esprit en qui coexistent une originalité certaine et des scrupules traditionalistes. À cet égard, nul mieux que Ravel n'illustre cette boutade d'Arnold Schönberg (d'un an son aîné) : « Il y a encore beaucoup de bonne musique à écrire en ut majeur. » Mais, pour écrire, encore, de la bonne musique en ut majeur, il faut imaginer et résoudre les problèmes qu'une telle musique est susceptible de poser. C'est toujours Jankélévitch qui remarque quel prodigieux tour de force technique représente le fait d'écrire toute une pièce pour piano (Le Gibet, dans Gaspard de la nuit) autour d'une pédale obstinée de si bémol. Il serait, par ailleurs, banal de rappeler qu'il s'agit encore d'un véritable défi aux possibilités instrumentales dans le fameux Concerto pour la main gauche (1931) à l'audition duquel un auditeur imparfaitement exercé reconnaît difficilement que le pianiste ne dispose que d'une seule main. Pari encore avec lui-même que cette Sonate pour violon et violoncelle (1922) dans laquelle l'extrême mobilité polyphonique supplée, sans qu'il y paraisse, aux impossibilités harmoniques de deux instruments dont la nature est foncièrement mélodique. Enfin, que dire de ce Boléro, qui est sans conteste son œuvre la plus célèbre, et cela, sans doute, à cause d'un absurde malentendu. Car, en effet, si le Boléro dut son succès à la répétition incantatoire d'une même ligne mélodique, le génie de son auteur réside en la variation perpétuelle de l'instrumentation et de l'orchestration qui, remplaçant les développements traditionnels, en font l'une des œuvres les plus originales du début du XXe siècle.

L'orchestre et l'instrument

Pour Ravel, le piano restera toujours l'instrument par excellence. Bien au-delà de tout ce qui s'était pratiqué avant lui, il innove, dans Jeux d'eau, une écriture pianistique qui rompt radicalement avec celle de Chopin ou de Liszt. C'est cette voie qu'il poursuit dans Miroirs (1906) et dans Gaspard de la nuit, dont la troisième pièce, Scarbo, est devenue l'un des morceaux de bravoure favoris des virtuoses. Mais s'il invente pour le piano, il rêve de sonorités à proprement parler inouïes, il rêve d'un orchestre neuf. « Il ne faut pas, disait-il à Maurice Delage, se contenter d'orchestrer des partitions de piano », et, toujours paradoxalement, il le fit fréquemment lui-même, soit avec ses propres œuvres (Alborada del Gracioso, Valses nobles et sentimentales, 1911 ; Le Tombeau de Couperin ; Ma Mère l'Oye), soit avec celles des musiciens qu'il admirait (Les Tableaux d'une exposition de Moussorgski, Sarabande et danse de Debussy, Le Menuet pompeux de Chabrier). Magnifiquement affirmé dès la Rhapsodie espagnole, son orchestre est à la fois un prolongement et une négation de celui de Berlioz. Un prolongement car il lui doit cette autonomie des timbres, ces dosages de sonorités, ces subtiles substitutions d'un instrument à un autre, qui donnent des couleurs si originales au fameux Boléro ; une négation parce que, contrairement à Berlioz, la couleur sonore, le timbre ne prévalent jamais, chez lui, sur la rectitude harmonique. Ce parfait technicien de l'écriture instrumentale était aussi un amoureux de l'écriture, de l'harmonie et du contrepoint.
Dans sa vie, Ravel fut aussi paradoxal que dans sa musique. Toujours élégant et même mondain, il aimait à vivre retiré. Ayant appartenu au groupe de ceux qui s'appelaient entre eux les « Apaches » (Léon-Paul Fargue, Tristan Klingsor, Michel Calvocoressi), il ne dédaignait pas de fréquenter le « grand monde », les endroits où l'on se montrait le plus volontiers conventionnel. Malgré la curiosité des critiques, nul ne parvint jamais à percer ce que fut sa vie privée. Maurice Ravel reste l'exemple le plus parfait du génie le plus sage et du révolutionnaire le plus conservateur. Michel PHILIPPOT

Å’uvres principales

D'un volume relativement modeste si on la compare à celle de ses principaux contemporains, l'œuvre de Ravel se caractérise d'une façon générale par sa diversité (tous les genres musicaux ayant été abordés à l'exception de la musique religieuse et sa faible proportion de titres oubliés, la très grande majorité de ses œuvres ayant intégré le répertoire. Le catalogue complet établi par Arbie Orenstein et complété par Marcel Marnat compte cent onze œuvres achevées par le compositeur entre 1887 et 1933, soit quatre-vingt-six œuvres originales et vingt-cinq œuvres orchestrées, réduites ou transcrites. Les quelque soixante œuvres principales sont sous-citées.

Œuvres les plus jouées

D’après le Portail de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, Ravel est le musicien français non tombé dans le domaine public qui s’exporte le mieux depuis des décennies. Le Boléro est ainsi resté en tête du classement mondial des droits SACEM jusqu’en 1993, suivi de près par l’orchestration des Tableaux d’une exposition de Moussorgski. En 1994 et 1995, sur les dix œuvres de la SACEM les plus exportées, cinq étaient de Ravel : le Boléro, les Tableaux d’une exposition, Daphnis et Chloé, le Concerto en sol et Ma mère l’Oye. En 2005, le Boléro pointait encore à la cinquième place.

L'Å“uvre de Ravel et les droits d'auteur

En 1937, à la mort de Maurice Ravel, son frère Édouard est son seul héritier. Il transforme la maison de Montfort-l'Amaury en musée. En 1954, à la suite d'un accident de voiture, une infirmière, Jeanne Taverne, s'occupe de lui, et son époux Alexandre devient le chauffeur d'Édouard. En 1956, la femme d'Édouard Ravel meurt, et les époux Taverne s'installent chez Édouard à Saint-Jean-de-Luz. Le frère de Ravel décide alors de céder 80 % des droits d'auteurs à la Ville de Paris, mais il se ravise et fait de Jeanne Taverne sa légataire universelle. En 1960, Édouard Ravel meurt. Les petits-neveux de Maurice dressent un procès aux époux Taverne pour captation d'héritage, mais ils sont déboutés. En 1964, Jeanne Taverne disparaît et son mari Alexandre hérite de la fortune du Boléro, à savoir 36 millions de francs.
C'est alors qu'entre en jeu Jean-Jacques Lemoine, directeur juridique de la SACEM qui, après en avoir démissionné, devient avocat. Il se lie avec Alexandre Taverne et devient son conseiller juridique. Ils attaquent en justice René Dommange, le patron des éditions Durand, propriétaire des contrats d'édition de Ravel, pour obtenir une refonte de ces mêmes contrats très avantageux pour l'éditeur. René Dommange, âgé de plus de 80 ans, transige et finit par céder tous les droits et contrats d'édition à Jean-Jacques Lemoine. Ce dernier crée alors en 1971 la société off-shore ARIMA Artists Rights International Management Agency installée à Gibraltar, et en vertu d'un assignment of copyright disposition en droit anglo-saxon, inexistante en droit français, Alexandre Taverne cède plus de la moitié des droits d'édition à ARIMA. D'après la fille d'Alexandre Taverne, ARIMA serait le cessionnaire exclusif de tous les droits sur l'œuvre de Maurice Ravel, soit un revenu annuel de 2 millions d'euros depuis 40 ans.
À la suite de la loi Lang de 1985, les droits sur l'œuvre de Maurice Ravel ont été prolongés de vingt ans, ce qui la faisait tomber dans le domaine public en 2015 avec le cumul des prorogations de guerre. Cependant, la possibilité d'un tel cumul a disparu des textes en 1992, ce qui l'a fait tomber dans le domaine public en 2008, suivant le régime européen des « soixante-dix ans après la mort de l'auteur, ce que la Cour de cassation a confirmé par deux arrêts du 27 février 2007

Musique originale pour orchestre

Rhapsodie espagnole (1908) : « Prélude à la nuit », « Malagueña », « Habanera », « Feria ».Daphnis et Chloé (1909-1912), symphonie chorégraphique en trois parties.La Valse (1919-1920), poème chorégraphique pour orchestre.Boléro (1928).
Musique concertante
Concerto pour la main gauche (1931), piano et orchestre.Concerto en sol (1931), piano et orchestre.
Musique pour piano
Menuet antique (1895), piano deux mains.Pavane pour une infante défunte (1899), piano deux mains.Jeux d'eau (1901), piano deux mains.Sonatine (1905), piano deux mains.Miroirs (1905), piano deux mains : « Noctuelles », « Oiseaux tristes », « Une barque sur l'océan », « Alborada del Gracioso », « la Vallée des cloches ».Gaspard de la nuit (1908), trois poèmes pour piano (Aloysius Bertrand) : « Ondine », « le Gibet », « Scarbo ».Menuet sur le nom de Haydn (1909), piano deux mains.
Musique pour piano ultérieurement orchestrée
Ma mère l'Oye (1908), cinq pièces enfantines pour piano quatre mains : « Pavane de la Belle au bois dormant », « Petit Poucet », « Laideronnette, Impératrice des pagodes », « la Belle et la Bête », le Jardin féerique ».Valses nobles et sentimentales (1911), piano deux mains.Le Tombeau de Couperin (1917), suite pour piano deux mains : Prélude, Fugue, Forlane, Rigaudon, Menuet ,Toccata Fugue et Toccata non orchestrées.
Musique instrumentale
Sonate pour violon et violoncelle 1920-1922.Berceuse sur le nom de Fauré (1922), violon et piano.Sonate pour violon et piano (1923-1927).Tzigane (1924), rhapsodie de concert pour violon et piano-luthéal orchestration ultérieure.
Musique de chambre
Quatuor à cordes en fa 1902. Introduction et allegro (1905-1906), harpe et accompagnement de quatuor à cordes, flûte et clarinette.Trio en la (1914), piano, violon et violoncelle.
Musique vocale

Théâtre

L'Heure espagnole 1907, comédie musicale en un acte, livret de Franc-Nohain.L'Enfant et les sortilèges (1920-1925), fantaisie lyrique en deux parties, livret de Colette.
Chant et orchestre
Schéhérazade (1903), poème de Tristan Klingsor : « Asie », « la Flûte enchantée », « l'Indifférent ».
Chant et ensemble instrumental
Trois poèmes de Stéphane Mallarmé (1913), chant, piano, quatuor, deux flûtes et deux clarinettes : « Soupir », « Placet futile », « Surgi de la croupe et du bond ».Chansons madécasses (1925-1926), poèmes d'Évariste Parny ; chant, flûte, violoncelle et piano : « Nahandove », « Aoua ! », « Il est doux… ».
Chant et piano
Un grand sommeil noir (1895), Verlaine.Sainte (1896), Mallarmé.Deux Épigrammes (1898), Clément Marot.Le Noël des jouets (1905), Ravel.Les Grands Vents venus d'outre-mer (1906), Henri de Régnier.Histoires naturelles (1906), Jules Renard : « le Paon », « le Grillon », « le Cygne », « le Martin-Pêcheur », « la Pintade ».Sur l'herbe (1907), Verlaine.Cinq Mélodies populaires grecques (1907), M. D. Calvocoressi : « le Réveil de la mariée », « Là-bas vers l'église », « Quel galant ! », « Chanson des cueilleuses de lentisques », « Tout gai ! ».Deux Mélodies hébraïques (1914) : « Kaddisch », « l'Énigme éternelle ».Ronsard à son âme (1924), Ronsard.Rêves (1927), L.-P. Fargue.Don Quichotte à Dulcinée (1932), P. Morand : « Chanson romantique », « Chanson épique », « Chanson à boire ».
5. Chant sans accompagnement
Vocalise en forme de habanera (1907).
6. Musique vocale « a cappella »
Trois Chansons (1915), Ravel : Nicolette, Trois Beaux Oiseaux du paradis, Ronde.
Citations
« La musique peut tout entreprendre, tout oser et tout peindre pourvu qu'elle charme et reste enfin, et toujours, de la musique. »
Maurice Ravel, se plaçant sous l'invocation de Mozart dans son Esquisse autobiographique.
« Aucune influence ne peut se vanter de l'avoir conquis tout entier. » Vladimir Jankélévitch, Ravel.


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Posté le : 27/12/2014 19:07
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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