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Isaac Newton 2
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La philosophie naturelle

Newton concevait son travail scientifique comme faisant partie de ce qu'il appelait la « philosophie naturelle », qui n'est pas une simple reprise du thème galiléen du livre de la nature, mais s'insère dans le courant néoplatonicien de Cambridge. S'il s'inspire de Descartes, par une certaine conception de la raison et du rôle des mathématiques, c'est aussitôt pour s'en démarquer, et les Principia sont en grande partie une réfutation des Principes de philosophie.
Son platonisme transparaît dans sa conception des mathématiques exprimant la vérité et la réalité du monde qui transcende les apparences, telle qu'il l'exprime notamment dans les définitions des grandeurs « vraies et mathématiques », comme l'espace et le temps absolus, qui sont la condition de leur mathématisation.
Cependant, la doctrine explicite de Newton, telle qu'il l'a exposée dans ses « Règles du raisonnement en philosophie » du livre III des Principia, se présente comme une méthodologie positive dont les attendus ont été longtemps considérés comme universels pour la science. « Nous ne devons admettre plus de causes aux choses naturelles qu'autant qu'elles soient vraies et suffisantes pour expliquer leurs apparences. » « Aux mêmes effets on doit, autant que possible, assigner les mêmes causes. » L'induction est une généralisation à partir des phénomènes, et l'on ne doit pas multiplier les hypothèses. Son « hypotheses non fingo » ne signifie pas le rejet de toute hypothèse théorique, ce qui contredirait sa propre attitude scientifique, mais le refus de spéculations simplement logiques, étrangères à la considération des phénomènes.
Newton prône la méthode de l'analyse et de la synthèse, étant entendu que la première doit précéder, en science, la seconde – c'est-à-dire l'essai d'explication des phénomènes, ou encore le rassemblement des propriétés analysées dans une perspective qui réincorpore l'unité.
Sur la force d'attraction universelle qui agit instantanément à distance, il soutint, contre ceux – les cartésiens – qui l'accusaient de revenir aux qualités occultes, que l'important était qu'elle fournît le moyen de faire des prédictions mathématiques, mais il ne se prononçait pas sur la nature du mécanisme par lequel cette force agissait. Ce débat devait contribuer à susciter, au XVIIIe siècle, l'apparition de nouveaux principes d'intelligibilité et une refondation de la question de la rationalité scientifique.
La philosophie naturelle comporte la question du Dieu créateur, dont Newton voyait la preuve dans l'organisation du système du monde, et qu'il évoque dans la scholie générale qui figure à la fin du livre III des Principia. Son « Être intelligent et puissant, [qui] gouverne toutes choses non comme l'âme du monde, mais comme Seigneur de tout ce qui est », est absolument parfait, éternel et infini. Sa conception de l'espace comme sensorium Dei, à travers lequel se communique instantanément l'attraction universelle, est liée à l'idée de ce Dieu qui préside à la durée et à l'espace et qui les constitue, conforme à la doctrine de More. Nous ne pouvons nous faire aucune idée de la substance de cet Être, et nous ne le connaissons que par sa « Seigneurie » sur les choses et sur nous-mêmes, par sa Providence et ses causes finales.

Théologie et alchimie

Croyant, Newton s'intéressa à la théologie (il s'opposait à la doctrine trinitaire) et à l'histoire biblique. Il rédigea un ouvrage sur Les Prophéties de Daniel et l'Apocalypse de saint Jean, publié en 1733, après sa mort. Ce travail d'exégèse historique illustre sa conviction que le sens des prophéties n'est pas de donner des prédictions, mais de témoigner de la providence de Dieu, permettant ainsi d'interpréter en fonction d'elle les événements qui se sont accomplis.
À ses yeux, les prophètes écrivaient dans un langage mystique précis qu'il faudrait déchiffrer pour comprendre leurs textes conformément à leur pensée, au lieu d'y projeter ses fantaisies comme le font communément les interprètes.
« La pensée aime les transmutations », écrit Newton dans l'Optique. Ses manuscrits alchimiques, dont certains ont trait à des expériences faites par lui-même, sont restés secrets jusqu'au XXe siècle. Ses spéculations dans cet ordre ont probablement un lien avec ses pensées sur la fermentation, en chimie, et sur l'éther, en optique.

Conceptions religieuses d'Isaac Newton.

Newton fut profondément religieux toute sa vie. Fils de puritains, il a passé plus de temps à l'étude de la Bible que de la science. Une étude de tout ce qu'il a écrit révèle que, sur les 3 600 000 mots qu'il a écrits, seuls 1 000 000 concernent la science et 1 400 000 la théologie. Il a notamment produit des écrits sur la Bible et les Pères de l'Église, dont An Historical Account of Two Notable Corruptions of Scripture, une critique textuelle des Saintes Écritures qui a été remarquée. À Cambridge, John Locke, à qui il avait parlé de ses écrits théologiques, l'engagea à persévérer.
Il croyait en un monde immanent, mais rejeta l'hylozoïsme implicite de Leibniz et Spinoza. Il voit une évidence du dessein divin dans le système solaire : « L'admirable uniformité du système planétaire force à y reconnaître les effets d'un choix. » Il insistait cependant sur le fait qu'une intervention divine serait requise pour « réparer » le système en raison de la lente croissance de son instabilité.
Isaac Newton appartenait à la franc-maçonnerie. Il était un ami de Jean Théophile Désaguliers et de James Anderson, qui ont fondé la Grande Loge de Londres en 1717, marquant le passage de la maçonnerie opérative à la maçonnerie spéculative moderne.
Selon un avis contesté par Snobelen, T. C. Pfizenmaier soutient que la vision de Newton sur la Trinité était plus proche de celle de l'Église orthodoxe que de celle des catholiques romains, des anglicans et de la plupart des protestants.
L'historien Stephen D. Snobelen dit « qu'Isaac Newton était un hérétique. Cependant … il ne fit jamais de déclaration publique sur sa propre foi que les orthodoxes auraient considérée comme extrêmement radicale. Il cacha si bien sa foi que les chercheurs n'ont toujours pas réussi à élucider ses propres croyances. ». Snobelen conclut que Newton était au moins sympathisant du socinianisme – il possédait et avait lu consciencieusement au moins huit ouvrages sociniens –, probablement un arien et surtout un antitrinitarien40; trois formes ancestrales de ce que l'on nomme aujourd'hui l'unitarisme. À une époque notoire pour son intolérance religieuse, il existe peu de traces de l'expression publique des vues radicales de Newton, les plus notables sont ses refus de l'ordination et, sur son lit de mort, celui du dernier sacrement.
Cette attitude prend un éclairage nouveau avec l'avis autorisé exprimé par John Maynard Keynes. En effet, celui-ci a acheté et analysé les manuscrits de Newton, longtemps tenus confidentiels par la famille de Newton du fait de leur contenu. Il en a dressé une synthèse dans une lettre, « Newton, the Man », qui a été lue en juillet 1946 par son frère Georges, lors des célébrations du bicentenaire de la mort de Newton.
Keynes conclut son analyse en affirmant que Newton :
« ... était plutôt monothéïste judaïsant de l'école de Maïmonide. Il arriva à cette conclusion, non pas sur des bases pour ainsi dire rationnelles ou de doutes, mais entièrement en interprétant les anciennes autorités. Il était persuadé que les documents révélés ne donnaient aucun support aux doctrines de la Trinité qui étaient dues à des falsifications tardives. Le Dieu révélé était un seul Dieu. »
Newton va ainsi adopter ce qu'on pourrait nommer « un positivisme méthodologique, en vertu duquel est reconnue l'autonomie du discours scientifique, sans que cette attitude en matière d'épistémologie implique le renoncement à tout arrière-plan métaphysique et théologique ». C'est ainsi que, bien que la loi universelle de la gravitation soit sa découverte la plus connue, Newton met en garde ceux qui verraient l'Univers comme une simple machine. Il affirme : « La gravité explique le mouvement des planètes, mais elle ne peut expliquer ce qui les mit en mouvement. Dieu gouverne toutes choses et sait tout ce qui est ou tout ce qui peut être. ».

Newton et Leibniz

La controverse qui a opposé ces deux grands esprits au tout début du xviiie siècle, a porté principalement sur deux points. L’un assez secondaire concernait leur commune revendication de la découverte du calcul infinitésimal, l’autre point beaucoup plus important avait trait aux raisons profondes de leur opposition sur la théorie de la gravitation. Si, pour Gottfried Wilhelm von Leibniz, le mouvement des planètes autour du Soleil est dû à la circulation harmonique d’un éther fluide autour du Soleil qui emporterait les étoiles, c’est à cause de sa conception du monde. En effet, sa métaphysique lui interdit de concevoir un espace vide, car ce serait « attribuer à Dieu une production très imparfaite ». Les cartésiens sur ce point étaient proches de Leibniz de sorte que Roger Cotes durant la controverse désignera cartésiens et leibniziens sous le terme de « plénistes ». Bien qu'étant un des premiers partisans de René Descartes en Angleterre, Henry More un philosophe de l'école dite des Platoniciens de Cambridge sera un des premiers à s'opposer à cette conception en affirmant « l'existence effective de l'espace vide infini ». D'une certaine manière il ouvre une voie que suivra en partie Newton ultérieurement.
La controverse sera menée avec l'aval de Newton par certains de ses proches tels que Samuel Clarke et Roger Cotes. Elle visait Leibniz et les cartésiens mais ces derniers n'y répondirent pas. Elle a porté sur la conception de Dieu et de façon adjacente sur la notion de liberté et de rationalité. Le sens de cette controverse est important à saisir car pour Alexandre Koyré la victoire de Newton fut une victoire à la Pyrrhus remportée à un prix désastreux « C’est ainsi que la force d’attraction - qui, pour Newton, était la preuve de l’insuffisance du mécanisme pur et simple, une démonstration de l’existence des forces supérieures, non mécaniques, la manifestation de la présence et de l’action de Dieu dans le monde – cessa de jouer ce rôle pour devenir une force purement naturelle, propriété de la matière qui ne faisait qu’enrichir le mécanisme au lieu de le supplanter ».
Concernant la conception de Dieu pour Alexandre Koyré « l'opposition fondamentale est cependant parfaitement claire : le Dieu de Leibniz n'est pas le Seigneur newtonien, qui fait le monde comme il l'entend et continue à agir sur lui comme le Dieu de la Bible l'avait fait pendant les six premiers jours de la Création. Il est, si j'ose poursuivre la comparaison, le Dieu biblique au jour du Sabbat le Dieu qui a achevé son œuvre et trouve qu'elle représente ...le meilleur des mondes possibles... ». À l'inverse de Leibniz, comme l'écrira Samuel Clarke, pour Newton le Monde est réformable et s'il a découvert les lois de l'attraction universelle il n'a trouvé aucune nécessité à ce que ces lois fussent telles qu'elles sont. Il a simplement constaté leur existence.
Cette recherche de lois nécessaires par les leibniziens nie pour Samuel Clarke la liberté des agents. Aussi dans sa quatrième réponse à Leibniz, il écrira : « La Doctrine que l’on trouve ici, conduit à la Nécessité & à la Fatalité, en supposant que les Motifs ont le même rapport à la volonté d’un Agent intelligent que les Poids à une Balance…. Mais les Êtres intelligents sont des Agents ; ils ne sont point simplement passifs & les Motifs n’agissent pas sur eux, comme les Poids agissent sur une Balance. Ils ont des forces actives... ».
Chez Leibniz et chez certains cartésiens français comme Nicolas Malebranche, il y a l'idée que par sa raison l'homme « peut trouver avec évidence ce que Dieu pouvait faire de mieux ». Au contraire chez Newton et les newtoniens, la raison tend à chercher à observer les faits, à les expliquer mais il y a une certaine volonté à ne pas se laisser entraîner vers des explications totales. Newton écrit dans les Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica « J'ai expliqué jusqu'ici les phénomènes célestes & ceux de la mer par la force de la gravitation, mais je n'ai assigné nulle part la cause de cette gravitation ».

Influence de Newton sur les autres sciences au XVIII° siècle

Pour Georges Gusdorf, « l'imitation de Newton devient l'ambition secrète de tous les savants, quelle que soit leur science. Le système de Newton de l'intelligibilité est admis comme le prototype de toute connaissance parvenue à un état d'achèvement définitif ».
Pour Dellemotte, chez Adam Smith, dans la Théorie des sentiments moraux, la sympathie occupe dans le domaine moral la même fonction que le principe de gravitation. Rappelons qu'Adam Smith, est un admirateur de Newton et qu'il a rédigé une Histoire de l'astronomie d'une grande importance pour comprendre le cadre de sa pensée. Pour Élie Halévy, l'utilitarisme de Jeremy Bentham peut se définir comme « un newtonianisme, où si l'on veut, un essai de newtonianisme appliqué aux choses de la politique et de la morale » 58 où le principe de l'association et celui de l'utilité tiennent le rôle du principe de l'attraction universelle chez Newton .
D'Alembert dans le Discours préliminaire à l'Encyclopédie loue Newton, d'avoir appris à la philosophie ( à l'époque ce mot désigne aussi la science) « à être sage, et à contenir dans de justes bornes cette espèce d'audace que les circonstances avaient forcé Descartes à lui donner ». Cette approche marque l'Encyclopédie qui doit accepter que la connaissance soit lacunaire et que l'esprit ne puisse pas tout ordonner mesure et ranger. Si D'Alembert a entendu parler des travaux métaphysiques de Newton, il les tient pour peu importants ; pour lui, le Newton de la métaphysique est John Locke dont il dit « on peut dire qu'il créa la métaphysique à peu près comme Newton avait créé la physique ». En France la réception de la théorie de la gravitation de Newton sera lente, car elle mettra du temps à supplanter la théorie de René Descartes basée sur les tourbillons; elle finit de s'imposer avec la parution de l'Encyclopédie.

Newton et l'alchimie Synthèse entre le mécanisme et l'alchimie

Newton, par William Blake. Sur cette toile, Newton est montré comme un géomètre divin.
Newton s'initie à la chimie en 1666 par la lecture du livre de Robert Boyle Of Formes, dont il tire un glossaire chimique. Il commence à étudier de façon très intensive l'alchimie en 1668 ou 1669 et poursuit ses recherches pendant au moins trente ans, jusqu'en 1696. Ses premières tentatives de publication de travaux (concernant l'optique) se soldant par des controverses épuisantes (avec Hooke notamment), Newton se réfugie dans le mutisme au moment où il plonge dans les recherches alchimiques. En outre, Newton fera certainement partie d'un réseau secret d'alchimistes probablement constitué à partir du cercle Hartlib de Londres. Il se choisit également le pseudonyme alchimique Ieoua Sanctus Unus qui signifie en français : « Jéhovah Unique Saint », mais qui est aussi une anagramme d’Isaac Neuutonus. Durant plus de 25 ans, Newton conservera le secret sur ses activités et surtout sur ses contacts, desquels il reçoit de très nombreux ouvrages et traités alchimiques, qu'il annote et recopie jusqu'à se constituer une des plus vastes bibliothèques alchimiques de son époque.
Une grande partie de ses écrits de tradition alchimiste, non publiés, seront oubliés ou mal interprétés : lorsqu'en 1872 un descendant de sa sœur fait don à l'université de Cambridge des écrits et livres conservés par sa famille, le bibliothécaire renvoie à celle-ci une malle contenant les écrits « n'étant pas de nature scientifique » dont une grande partie de ses travaux alchimiques.
L'absence, jusqu'en 1936, d'étude d'une grande partie de ses manuscrits alchimiques, l'énorme influence de Newton sur le monde scientifique ainsi qu'un mouvement de rejet de l'alchimie né au cours du xviiie siècle amènent une grande partie de ses premiers biographes à différents types d'approches. Par exemple, David Brewster, auteur de la première biographie scientifique de référence, tente de séparer l'alchimie pratiquée par Newton de celle qu'il considère comme une supercherie tout en ne comprenant pas qu'un tel génie ait pu s'abaisser à cette pratique; Louis Trenchard More considère lui que les travaux alchimiques de Newton n'étaient qu'une façon de « se délasser l'esprit », qu'ils auraient pu être gouvernés par l'appât du gain ou encore qu'ils étaient le symptôme d'une tension mystique sans rapport avec le reste de son œuvre scientifique. L'alchimie à laquelle Newton se forme et qu'il pratique durant de nombreuses années est ainsi une facette souvent méconnue de son œuvre.
Pour Keynes, qui réunira la plupart de ces écrits dispersés lors d'une vente aux enchères en 1936, « Newton n'est pas le premier de l'âge de la Raison. Il est le dernier des Babyloniens et des Sumériens, le dernier grand esprit qui a contemplé le monde visible et intellectuel avec les mêmes yeux que ceux qui ont commencé à construire notre héritage intellectuel il y a quelque 10 000 ans. ». Ce n'est qu'après la redécouverte de ces manuscrits que ses biographes replaceront ses travaux alchimiques dans l'ensemble de son œuvre scientifique.
Au xviie siècle, l'alchimie a une réputation ambiguë. Souvent considérée populairement comme faisant partie du domaine des charlatans à cause de la quête de la transformation des métaux en or, l'alchimie est cependant continûment pratiquée et étudiée durant tout le xviie siècle par de nombreux philosophes de la nature parce qu'elle propose une vision d'ensemble cohérente pour la totalité des phénomènes naturels. En ce sens elle rejoint la philosophie mécaniste dans sa volonté d'une description universelle de la Nature.
« La transformation des corps en lumière et de la lumière en corps est très conforme au cours de la nature, qui semble se complaire aux transmutations ».
En revanche les deux philosophies sont séparées de façon fondamentale sur un point : pour les mécanistes la matière est inerte, composée de particules caractérisées par leur forme et dont le mouvement est régi uniquement par les lois simples du choc ou de la pression ; pour les alchimistes la matière n'est que le véhicule de principes actifs qui régissent le monde selon des lois d'attraction et de répulsion, de copulation de principes mâle et femelle, et dont l'esprit est partie prenante.
« Concevons les particules des métaux … comme douées d'une double force. La première est une force d'attraction et est plus forte, mais elle décroît rapidement avec la distance. La seconde est une force de répulsion qui décroît plus lentement, et, pour cette raison, s'étend plus loin dans l'espace. ».
Néanmoins, pour les philosophes de l'époque de Newton, la séparation des deux philosophies n'est pas forcément évidente, et elles peuvent même être conçues comme complémentaires. Richard Westfall avance que ce sont peut-être les possibilités de description universelle offertes par le mécanisme et l'alchimie qui ont poussé Newton à ne se fermer aucune des deux voies de travail. L'intérêt de Newton pour l'alchimie résiderait dans une « rébellion » contre les limites restrictives imposées par la philosophie mécaniste ainsi que par la volonté de dépasser le mécanisme de René Descartes.
Dans un ouvrage intitulé De la gravitation et de l'équilibre des fluides, daté au plus tôt de 1668 il reproche notamment à Descartes un « athéisme » découlant de la stricte séparation du corps et de l'âme et de la supposition selon laquelle le monde matériel mécaniste n'a pas de dépendance envers Dieu. Pour B.J.T. Dobbs, une première période d'études alchimiques, qui s'achève en 1675, et toute la suite de ses recherches scientifiques visent à intégrer la mécanique et l'alchimie en une synthèse réconciliant la vision corpusculaire et neutre de la matière d'une part et les interactions à distance (ou « affinités ») d'autre part, ce qu'il réalisera in fine grâce à l'introduction du concept de force81. Le concept de force, et notamment de la force d'attraction gravitationnelle, bien qu'actuellement considéré comme le fondement même de la mécanique était en effet considéré à l'époque par les mécanistes comme une résurgence de l'occultisme et provoqua de vives réactions comme celle de Christiaan Huygens qui écrit en 1687 quelques jours après la sortie des Principia : « Je souhaite de voir le livre de Newton. Je veux bien qu'il ne soit pas Cartésien pourvu qu'il ne nous fasse pas des suppositions comme celle de l'attraction. ».

Recherches et études alchimiques

Par l'ampleur de son travail dans ce domaine, Newton peut être considéré comme un alchimiste hors pair en Europe. De 1668 à 1675, Isaac Newton pratique l’alchimie. Certains considèrent que l'alchimie est présente à des degrés divers dans toute son œuvre scientifique et qu'elle permet d'en comprendre la genèse voire l'unité Pour ses travaux, il se basera sur une abondante bibliographie, dont les ouvrages suivants :
le grand recueil alchimique du Theatrum Chemicum
Zosime de Panopolis
le pseudo-Geber (nom latin de l'alchimiste arabe Jabir Ibn Hayyan)
Eyrénée Philalèthe (pseudonyme de George Starkey), L’Entrée ouverte au palais fermé du roi
Michael Maier, Artifex Chymicus
Basile Valentin, Le Char triomphal de l’antimoine
le Cosmopolite (pseudonyme de Michael Sendivogius), La Nouvelle Lumière chymique
Jean d'Espagnet, Arcanum hermeticum
Il établit une synthèse qui, appliquée à l’astronomie, lui fait tirer les conclusions suivantes : « La meilleure eau est attirée par le pouvoir de notre Soufre qui gît caché dans l’antimoine. Car l’antimoine était dénommé Aries [Bélier] par les Anciens. Parce qu'Aries est le premier signe du zodiaque dans lequel le Soleil commence à être exalté et que l’or est surtout exalté dans l’antimoine […]. L’air engendre le Chalybs ou aimant, et cela fait apparaître l’air. Ainsi le père de celui-ci est le Soleil (l’or) et sa mère la Lune (l’argent). C’est ce que porte le vent dans son ventre »87. Plus tard, il pense avoir découvert le mercure philosophique et donne la modalité précise de l’opération.
Il fonde « l’hypothèse 3 » : « Tout corps peut être transformé en n’importe quel autre corps, et prendre successivement tous les degrés de qualités ».

La postérité de Newton

Les mathématiques de Newton et ses lois du mouvement furent très vite adoptées et développées, transcrites dans les notations du calcul différentiel et intégral de Leibniz, ce qui conféra à la « nouvelle analyse » une plus grande force dans ses applications en géométrie comme en mécanique. Ce fut l'œuvre, notamment, des frères Jacques et Jean Bernoulli, du marquis de l'Hôpital, de Pierre Varignon. Mais l'inspiration des successeurs de Newton se tarit dans son propre pays dans la suite du XVIIIe siècle, jusqu'au renouveau en mathématique et en physique mathématique qui eut lieu vers 1820.
Quant à sa théorie de la gravitation universelle et à celle de son « Système du monde », elles ne furent pleinement acceptées et mises en œuvre qu'à partir de 1730, par Clairaut, Euler et d'Alembert, qui furent ses meilleurs continuateurs (problème des trois corps, unification de la mécanique des solides et des fluides, extension du calcul différentiel et intégral aux équations aux dérivées partielles). Les résultats de très grande précision auxquels ils parvinrent, notamment en astronomie, apparurent comme une confirmation éclatante du système newtonien, très vite soutenue et élargie par les travaux de Lagrange et de Laplace, qui développèrent la physique mathématique et la mécanique céleste dans la voie que Newton avait ouverte. Tout le XIXe siècle fut, à leur suite, marqué par les conceptions de la physique newtonienne que, seules, les théories de la relativité, restreinte et générale, puis la physique quantique devaient remettre en cause au début du XXe siècle.
Sur le plan philosophique, la postérité ne retiendra longtemps de Newton que la lecture qu'en donna le XVIIIe siècle, faisant de lui le porte-drapeau de la rationalité physico-mathématique, du contrôle de la théorie par l'expérience, de l'induction à partir des phénomènes, du rejet des hypothèses métaphysiques et des questions d'essence, ainsi que de la cosmologie créationniste du Dieu horloger, tandis que le XIXe siècle y verra l'un des précurseurs du positivisme. Tout en étant l'objet de discussions critiques (notamment de la part de Leibniz, de Berkeley, de Hume), ses conceptions sur l'espace, le temps et la causalité seront placées par Kant au centre de sa philosophie et sous-tendront tous les débats sur la philosophie de la connaissance de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècle.

Diffusion des idées de Newton

La diffusion des idées de Newton ne s'est faite qu'assez lentement, mais fut tout à fait profonde sur le long terme. La première édition de l'ouvrage le plus célèbre de Newton, les Principia, rédigés de plus en latin, n'avait été imprimée qu'à 250 exemplaires. Une seconde édition de 750 exemplaires en 1713 a accéléré cette diffusion.
Le premier scientifique français qui a pris connaissance de l'œuvre de Newton fut Maupertuis, qui lors de son séjour en Angleterre en 1728, a appartenu à la Royal Society de Londres. Maupertuis était membre de l'Académie des sciences en France. De retour à Paris, Maupertuis décida de faire reconnaître à ses pairs les théories de Newton : il publia un texte Sur les lois de l'attraction dans les Mémoires de l'Académie en 1732, puis un Discours sur la figure des astres. À cette occasion, Maupertuis noua une amitié avec Voltaire. Les travaux de Maupertuis sur Newton relancèrent les débats entre partisans et adversaires de ce dernier.
C'est paradoxalement un homme de lettres, français de surcroît, qui va propager les idées de Newton : Voltaire fit un séjour en Angleterre entre 1726 et 1728 et fut très impressionné par les funérailles nationales de Newton auxquelles il assista en avril 172791. Lors de son séjour, parmi les nombreux contacts à haut niveau qu'il put avoir, Voltaire entretint des relations avec Samuel Clarke, ami de Newton. Il n'eut de cesse, par la suite, de répandre les idées nouvelles dans une France qui était encore acquise à la théorie des tourbillons de Descartes. Voltaire écrivit deux essais sur Newton : l'épître sur Newton en 1736, et les Éléments de la philosophie de Newton en 1738.
L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert va également contribuer à répandre les théories de Newton, par l'intermédiaire des articles d'astronomie dont la rédaction a été prise en charge principalement par d'Alembert, qui salue le génie de Newton dans le Discours préliminaire de l'Encyclopédie, et lui consacre bien sûr un article93.
Au xixe siècle, l'influence de Newton fut si profonde que Claude Henri de Rouvroy de Saint-Simon prit la gravitation universelle comme principe fondamental de son système philosophique.
Au xxe siècle, l'historien et philosophe des sciences Thomas Kuhn estime que Newton est à l'origine d'une des plus grandes révolutions scientifiques de l'Histoire.

La mécanique newtonienne aujourd'hui

Validité de la loi de Newton dans le cadre de la théorie de la relativité.
Certains phénomènes qui restaient sans solution dans le cadre de la mécanique newtonienne, comme la précession du périhélie de Mercure, trouvent aujourd'hui une explication avec la théorie de la relativité générale d'Einstein. Notons en outre que la loi de Newton n'est pas capable de s'appliquer aux trous noirs, ni à la déviation de la lumière par la gravitation. Le philosophe des sciences Thomas Kuhn affirme que la théorie d'Einstein ne peut être acceptée que si l'on tient celle de Newton pour fausse. Il s'agit d'une nouvelle révolution scientifique, qui s'accompagne d'un changement majeur de paradigme97.

Citations

J'ai vu plus loin que les autres parce que je me suis juché sur les épaules de géants.
Isaac Newton, lettre à Robert Hooke, 5 février 1675, faisant allusion à ses illustres prédécesseurs, les « géants ».
Je peux prévoir le mouvement des corps pesants, mais pas la folie des gens.
Isaac Newton en 1720, après avoir perdu beaucoup d'argent lors de la débâcle boursière de la South Sea Company.
La Nature et ses lois se cachaient dans la nuit.
Dieu dit : que Newton soit !
Et tout devint lumière.
« Je ne feins pas d'hypothèses (Hypotheses non fingo). »
Il précise :
« Tout ce qui n'est pas déduit des phénomènes, il faut l'appeler hypothèse ; et les hypothèses, qu'elles soient métaphysiques ou physiques, qu'elles concernent les qualités occultes ou qu'elles soient mécaniques, n'ont pas leur place dans la philosophie expérimentale. »
Optique

Newton dans la littérature et les arts

Sur Newton, Alexander Pope a écrit une épitaphe restée célèbre :
« La Nature et ses lois gisaient dans la nuit.
Alors Dieu dit « que Newton soit ! » et la lumière fut. »
William Blake a fait de Newton le sujet de l'une de ses gravures, en 1795.
Isaac Newton est l'un des personnages réguliers de la Rubrique-à-brac de Gotlib. Il y apparaît dans un gag récurrent mettant en scène la pomme qui, en lui tombant sur la tête, l'amène à concevoir la théorie de la gravitation. La pomme est remplacée, dans de nombreux gags, par des objets de toute sorte, généralement incongrus.
Isaac Newton apparaît dans l'animé Vision d'Escaflowne, bien qu'il ne soit jamais désigné que sous le nom d'"Isaac". Transporté dans un autre monde, Gaïa, il apportera sa science à une nation pauvre et aride pour en faire le plus puissant empire industriel de la planète. Re-baptisé Dornkirk, il y poursuit alors des recherches sur le destin, la fatalité et la chance, persuadé que les événements et les individus sont soumis à des forces d'attraction semblables à la gravité.
Dans la série Star Trek : La Nouvelle Génération, Data joue régulièrement au poker dans son holodeck en compagnie d'Isaac Newton ainsi que d'Albert Einstein et Stephen Hawking.

Å’uvres

Å’uvres scientifiques
Method of Fluxions and Infinite series (La Méthode des fluxions et des suites infinies) : ouvrage de calcul différentiel, terminé en 1671, publication posthume en 1736.
De motu corporum in gyrum (Du mouvement des corps sur orbite), ouvrage envoyé à Edmund Halley en 1684. En français : Du mouvement des corps, Gallimard, coll. « Tel », Paris, 1995 (ISBN 2-07-072560-X)
De gravitatione et equipondio fluidorum. En français : De la gravitation, Gallimard, coll. « Tel », Paris, 1995 (ISBN 2-07-072560-X)
Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica, Londres, 1687, 2e éd. 1713, 3e éd. 1726.
Opticks, Londres, 1704. Il s'agit d'un ouvrage majeur dans l'histoire des sciences, traitant de la lumière et de sa composition. En français : Optique, Christian Bourgois éditeur, Paris, 1989.
Arithmetica Universalis, publié en 1707 rassemble des notations sur divers concepts mathématiques.
Lectiones opticae, publié à titre posthume en 1728.
Autres œuvres, publiées à titre posthume
A treatise of the system of the world London, publié à titre posthume en 1728.
The chronology of ancient kingdoms amended (La chronologie des anciens royaumes corrigée), publié à titre posthume en 1728.
Observations upon the prophecies of Daniel and the apocalypse of St John, publié à titre posthume en 1733.
Two letters of Sir Isaac Newton to M. Leclerc…containing a Dissertation upon the Reading of the Greek Text, publié à titre posthume en 1754.
Œuvres non publiées
Of Natures Obvious Laws & Processes in Vegetation (Des lois évidentes de la nature et du processus de la végétation) (1671–75), ouvrage sur l'alchimie non publié.
Ouvrages rassemblant des écrits de Newton
Écrits sur la religion, Gallimard, Paris, 1996, 263 p


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Posté le : 04/01/2015 19:24
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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