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Jean-Antoine Roucher
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Le 22 février 1745 naît Jean-Antoine Roucher à Montpellier

guillotiné, à 49 ans le 25 juillet 1794 à Paris, est un poète français.
Son poème didactique, les Mois, sur le modèle des Saisons de Saint-Lambert, consacre un chant à chaque mois et combine description de la nature, célébration des activités humaines et nombreuses digressions. Des notes en prose apportaient références et cautions scientifiques. Défenseur de la monarchie constitutionnelle dans le Journal de Paris 1790-1791, détenu comme suspect, il entretint avec les siens une émouvante correspondance, et fut guillotiné avec André Chénier, le 7 thermidor.


En bref

Issu d’une famille d’artisans bourgeois de Montpellier, amateurs de belles-lettres, Roucher est initié très tôt par son père aux auteurs classiques grecs et latins1.
Pendant ses études au petit séminaire collège diocésain de sa ville natale, il se distingue comme un élève brillant et les jésuites lui suggèrent d'embrasser l'état ecclésiastique. Mais il préfère rejoindre Paris et retrouve à Versailles son oncle, l'abbé Gros de Besplas, aumônier de Monsieur, frère du Roi, comte de Provence. Son poème écrit à l’occasion du mariage du Dauphin et de Marie Antoinette, La France et l’Autriche au temple de l’hymen*, rencontre un certain succès et lui permet d’obtenir grâce à Turgot la charge de Receveur des gabelles, devenant ainsi aristocrate. Il fera exercer cette charge par son frère Roucher d’Aubanel afin de se consacrer à la poésie.
Il acquiert également une grande renommée avec son monumental poème pastoral en douze chants, les Mois 1779, suivi de longues et intéressantes notes. Il fait partie des deux ou trois poètes français qui remettent en cause la rigidité de l’alexandrin classique, en prenant des libertés avec l’hémistiche pour lui donner de la légèreté. Les salons en vogue s'arrachent le poète, prié de faire la lecture de chaque nouvelle tranche de son ouvrage en cours.
Il meurt guillotiné en 1794.

Sa vie

À vingt et un ans, il se lance dans une entreprise colossale, défi grandiose au simple bon sens : écrire l'épopée descriptive appelée par la philosophie nouvelle, versifier une encyclopédie digne de l'originale, produire le De natura rerum des temps modernes. Pour diviser cet embrassement universel, il retient la formule ovidienne du calendrier : il chantera Les Mois comme Saint-Lambert a chanté Les Saisons 1769 qui lui servent à la fois d'excitant et de repoussoir. Douze années de labeur herculéen lui seront nécessaires. La lecture, en cours de route, du Monde primitif et moderne de Court de Gébelin lui apporte la révélation d'une unité allégorique de l'Univers au-delà de la diversité des apparences : la course annuelle du soleil à travers les douze signes du zodiaque trouve une figuration sensible dans les douze travaux d'Hercule, emblème éloquent de l'énergie vitale du cosmos. Il y avait là une idée sublime dont malheureusement Roucher n'a tiré qu'un parti médiocre : car il pratique un symbolisme à rebours et dépoétise la réalité qu'il croit chanter. Au moins est-il juste de rendre hommage à l'héroïsme de sa tentative. Poème de la force élémentaire, adressé à des hommes laborieux, Les Mois sont un Héraclès manqué. Vers 1775, lisant ses vers dans les salons, Roucher avait fait l'effet d'un météore éclatant Meister et on l'appelait le démon du Midi. L'ouvrage paraît en 1778 après bien des traverses (ennuis avec la censure, avec l'archevêché de Paris, avec l'Académie française, c'est un échec à peu près complet dont l'infortuné poète ne se remettra jamais.

Cette chute illustre le décalage qui existait dans la poésie sublime entre les intentions et les possibilités techniques d'exécution, mais aussi entre les hardiesses de la création poétique et la réceptivité du public. Mal préparé à sa mission, mal servi par l'environnement, Roucher était à peu près le seul de sa génération capable d'exhumer un lyrisme sauvage des profondeurs où il sommeillait. Il a essayé d'inventer un pittoresque approprié à son sujet. Sur des pensers nouveaux désirant faire des vers nouveaux, il a tenté la formule d'un alexandrin désarticulé, en état de surpuissance et de perpétuelle mouvance, débordant de la mesure à la démesure : le résultat fut l'objet d'une réprobation unanime. Sa fresque voulait développer une géographie sacrée de l'Univers saisie dans le déroulement toujours recommencé du devenir. Doué d'une imagination puissante, même s'il fait trop souvent du naturalisme en chambre, aimant les aspects excessifs ou extraordinaires de la nature, allant de merveille en horreur, Roucher anticipe sur le génie visionnaire d'un Hugo. Mais il est garrotté par de vieux préjugés dont il n'arrive pas à se dépêtrer. En outre, sa somme poétique est un labyrinthe décourageant pour le lecteur : trop souvent le vers obscurcit la pensée et gèle le lyrisme qu'on trouve, en revanche, à torrents dans les remarques nombreuses et interminables qui accompagnent le texte. Rivarol disait des Mois : C'est le plus beau naufrage du siècle. Et Hippolyte Babou ajoutait : Oui, naufrage sans doute ; mais naufrage à toutes voiles et en pleine mer, sous un ciel brillant et ardent.

Après avoir ainsi usé sa jeunesse, Roucher connaît des années difficiles : pauvre et découragé, il vit en bourgeois besogneux. Il ne publie plus rien mais fréquente la loge des Neuf-Sœurs et se dévoue à la cause maçonnique : il écrit des odes de circonstance où se déploie un lyrisme philosophique d'une grande beauté et poursuit plusieurs projets dans le silence : des Jardins, une Astronomie, un Guillaume Wasa. La Révolution le trouve dans la force de l'âge et convaincu dès la première heure, engagé dans l'action politique, puis vite débordé par la montée des fanatismes. Son ardeur le perdra. Prisonnier sous la Terreur, il a laissé une correspondance à sa femme et à sa fille Les Consolations de ma captivité, 1797 qui est un témoignage curieux sur la vie à Saint-Lazare et l'esprit des détenus, mais aussi sur la naïveté du rédacteur. Malchanceux jusqu'au bout, il alla à la guillotine dans la même charrette qu'André Chénier, et c'est, fort injustement, tout ce que la postérité a retenu de lui.
S’opposant à La Harpe, il refuse les compromissions que le critique lui propose en échange d'une admission à l’Académie française : Laharpe exigeait, en échange du fauteuil d'académicien, que Roucher cessât de publier les quatre lettres à Malesherbes de Rousseau. La Harpe ne lui pardonna jamais son refus, et, à compter de ce jour, dénigra son œuvre. Roucher fut longtemps en relation avec Turgot ; les deux hommes se retrouvent régulièrement pour commenter les événements politiques du temps soit chez Madame Helvétius soit à la Loge des Neuf Soeurs dont ils étaient membres.. Il publie et édite La collection universelle des mémoires particuliers relatifs à l’Histoire de France Paris, 1790.

Il fréquente les salons de Julie de Lespinasse et d’Anne-Catherine Helvétius à Auteuil. Cette dernière se prend d’affection pour sa fille Eulalie. C’est là qu’il se lie d’amitié avec Benjamin Franklin vénérable de la Loge des Neuf soeurs et étudie assidûment l’anglais.

En 1790, Roucher introduit en France les idées libérales anglaises en traduisant La Richesse des Nations d'Adam Smith.

Sous la Révolution, après avoir éprouvé un certain enthousiasme pour les idées nouvelles, et de l'admiration pour Voltaire et Jean-Jacques Rousseau, dont il est le premier à publier les quatre Lettres à M. de Malesherbes, il prend vite conscience des abus que cette insurrection porte en elle et rédige des articles contre-révolutionnaires. Son inimitié pour Robespierre, auquel il reproche ses excès, lui vaut d’être arrêté sous la Terreur. Antoine Roucher est l'auteur d'une célèbre phrase passée à la postérité sous forme résumée : Robespierre, surnommé l'incorruptible par des gens qui ne le sont pas .

Il est emprisonné à Sainte-Pélagie puis à Saint-Lazare, où il a entre autres compagnons de captivité Michelle de Bonneuil, à laquelle il dédie fin 1793 des Stances sur les fleurs, puis l'année suivante André-Marie Chénier, Aimée de Coigny, duchesse de Fleury, la Jeune captive et Hubert Robert, qui le représente une dizaine de fois dont un dessin émouvant avec son fils Pierre-Angélique, dit Émile, l’Archange, derrière les barreaux de la prison en compagnie d’Aimée de Coigny. En prison, il refond sa première traduction 1790 des Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d’Adam Smith, Paris, F. Buisson, an 3 de la République.

André Chénier et Jean-Antoine Roucher sont victimes de la répression contre une conspiration des prisons qui s'avère imaginaire. Transférés à la Conciergerie, ils sont jugés pour complot monarchiste, condamnés à mort et guillotinés le 7 thermidor an II. L'acte d’accusation de Roucher, signé Fouquier-Tinville, indique : aristocrate puant, salarié de la liste civile, écrivain stipendié du tyran, mercenaire du parti autrichien, Président du club de la Sainte Chapelle, conspirateur à la maison d’arrêt de Saint-Lazare, pour Roucher, ennemi du peuple : la mort.

Dans la charrette qui emmène Chénier et Roucher vers la guillotine, ils échangent des vers tirés d’Andromaque : Oui, puisque je perds un ami si fidèle….

Roucher est inhumé à Paris au cimetière de Picpus.

Un tableau d’Hubert Robert le représente dans sa cellule quelques jours avant son exécution3. Un dernier portrait, aujourd’hui au musée Carnavalet, est peint juste avant sa mort. Il compose alors pour l’orner ces quatre derniers vers, qu’il adresse à sa famille, et qui sont aujourd’hui connus sous le nom de Quatrain de Roucher :

À ma femme, à mes enfants, à mes amis :

Ne vous étonnez pas, objets sacrés et doux,
Si quelqu’air de tristesse obscurcit mon visage.
Quand un savant crayon dessinait cette image
J’attendais l’échafaud et je pensais à vous.

Une partie de la belle et émouvante correspondance qu’il a échangée depuis la prison avec sa famille et ses amis principalement avec sa fille Eulalie à laquelle il prodiguait d'affectueux et avisés conseils fut rassemblée après sa mort et publiée sous le nom de Consolations de ma captivité chez Agasse, imprimeur, 1797, témoignage passionnant sur la vie dans les prisons révolutionnaires.

André Chénier, moins connu à l’époque, et Jean-Antoine Roucher, tous les deux morts trop jeunes, peuvent être considérés comme les précurseurs du foisonnement poétique que connaîtra le XIXe siècle.

Un monumental tableau peint au début du XIXe siècle par Charles-Louis Muller, L'appel des dernières victimes de la Terreur, le représente avec un certain nombre de condamnés, dont André Chénier et Aimée de Coigny, à la Conciergerie. Ce tableau est exposé au musée national de la Révolution française, à Vizille ; le tableau préparatoire se trouve chez l’un de ses descendants.

La poétesse Marceline Desbordes-Valmore, admiratrice de l'homme et du poète, est touchée par la culture familiale de ses descendants et la façon dont ils honorent sa mémoire. Elle compose pour eux un poème Aux petits-enfants du Poète Roucher :

Il est des noms aimés qui s’attachant à l’âme
Vivent comme des fleurs au fond du souvenir :
Gémissant, mais baigné d’harmonie et de flamme,
Le vôtre a des parfums pour tout votre avenir.

Beaux enfants ! Que ce nom mélodieux rassemble
Doux héritiers du cygne, ah, ne nous quittez pas :
Un écho pleure encore où vous parlez ensemble,
Mais une gloire chante où vous posez vos pas.

Il existe une « Société des Amis de Roucher et André Chénier » fondée par Antoine Roucher aidé d'Édouard Guitton 1er Président en 1980 à Versailles, dont le siège est situé à la mairie du 16e arrondissement de Paris et qui organise chaque année un colloque sur ou autour de la poésie du XVIIIe siècle avec une publication de ses actes Cahiers Roucher-André Chénier 32 numéros en 2011

La devise d'Antoine Roucher était : Se regarder passer dansLes Consolations, Lettres à Eulalie.

Les armes de la famille Roucher sont d’azur à une hachette d’or accompagnée d'une plume passée en sautoir .

En 1820, le nom de Roucher a été donné à une orchidée découverte en Colombie : la Roucheria punctata.

Il existe depuis 1883 une rue Antoine Roucher dans le seizième arrondissement à Paris, ainsi qu'une rue Roucher à Montpellier.

Jean-Antoine Roucher (1745-1794)
Les mois: poème en douze chants.

A MON PERE

Combien vous avez de titres au
foible hommage que je vous présente! Je
vous dois plus que la vie; vous avez été
mon premier instituteur. Je n' oublierai
jamais ces jours de mon enfance, où me
menant avec vous dans des promenades
solitaires, vous m' entreteniez du génie
précoce de Paschal et du Tasse, et
me faisiez lire la vie de ces deux grands
hommes. Grâces à vous, mon coeur palpitoit
déjà au nom de la gloire. Je n' oublierai

jamais qu' à ces premières lectures,
vous fîtes bientôt succéder celles de
Télémaque et de la Jérusalem délivrée.
Quel charme je trouvai à
ces deux ouvrages! Comme je m' intéressois
aux scènes champêtres qui les
embellissent! Calypso, dans son isle,
Erminie, parmi des bergers, firent
couler mes premières larmes de plaisir.
Je dois à cette éducation mon amour pour
la campagne et la poésie: oui, c' est vous
qui m' aurez fait poëte, si l' ouvrage que
je vous offre peut toutefois me mériter ce
nom.

Mais quand je n' aurois pas ce motif
pour mettre le fruit de douze années de
travaux sous les auspices de mon père,
les leçons de vertu, les exemples de piété
filiale, de tendresse fraternelle, de

bienfaisance même que vous m' avez donnés,
(car vous m' avez fait voir que l' homme,
qui n' est pas riche, peut faire encore du
bien) ne me commanderoient-ils pas ce
que je fais aujourd' hui par un libre mouvement
de mon coeur? Vous vouliez avant
tout que je fusse bon, et vous l' étiez vous-même
en m' apprenant à l' être. Ah! Puisse
ce tribut de ma tendre vénération et de
ma reconnoissance, vous prouver que je
n' ai pas tout-à-fait négligé vos avis! Je
me flatte du moins que vous retrouverez
dans mes vers ce respect pour les moeurs,
cet amour de la vertu, ce sentiment des
choses honnêtes que je puisai près de vous
dans mes premières années. Que d' autres
jugent mes foibles talens; vous, mon
père, jugez l' âme de votre fils, et
applaudissez lui, si elle a quelques traits
de ressemblance avec la vôtre.

EXPOSITION

Ambitieux rival des maîtres de la lyre,
Qu' un autre des guerriers échauffe le délire;
Qu' un autre, mariant de coupables couleurs,
Soit le peintre du vice, et le pare de fleurs:
Moi, voué jeune encor à de plus nobles veilles,
Moi, qui de la nature observai les merveilles,
J' aime mieux du soleil chanter les douze enfans,
Qui d' un pas inégal le suivent triomphans,
Et de signes divers la tête couronnée,
Monarques tour-à-tour, se partagent l' année.
Sur la roche sauvage où le chêne a vieilli
J' irai m' asseoir; et là, dans l' ombre recueilli,


À l' aspect de ces monts suspendus en arcades,
Et du fleuve tombant par bruyantes cascades,
Et de la sombre horreur qui noircit les forêts,
Et de l' or des épis flottant sur les guérets;
À la douce clarté de ces globes sans nombre,
Qui flambeaux de la nuit rayonnent dans son ombre;
À la voix du tonnerre, au fracas des autans,
Au bruit lointain des flots se croisans, se heurtans,
De l' inspiration le délire extatique
Versera dans mon sein la flamme poétique,
Et parcourant les mers, et la terre, et les cieux,
Mes chants reproduiront tout l' ouvrage des dieux.
Bienfaiteur des mortels, ô géant invincible;
Dont l' hercule Thébain fut l' image sensible;
Toi qui combats toujours, et toujours plus ardent;
De triomphe en triomphe atteins à l' occident;
Toi qui de la nature enfantas l' harmonie,
Ô soleil! C' est toi seul qu' implore mon génie.
Sois l' astre de ma muse, et préside à mes vers:
Comme toi, mon sujet embrasse l' univers.

MARS

Grossis par le torrent des nèges écoulées,
Les fleuves vagabonds roulent dans les vallées;
Et les rochers de glace aux Alpes suspendus,
Sous un ciel plus propice amollis et fondus,
Se changent en vapeurs, et pèsent sur nos têtes.
La mer gronde; les vents précurseurs des tempêtes
Courent d' un pôle à l' autre, et tourmentant les flots,
Entourent de la mort les pâles matelots.
Mais du joug de l' hyver la terre enfin se lasse:
La terre, trop long-temps captive sous la glace,
Lève ses tristes yeux vers le père des mois,
Et frissonnante encor remplit l' air de sa voix.


Dispensateur du jour, brillant flambeau du monde;
Des vapeurs, des brouillards perce la nuit immonde;
Impose un long silence aux aquilons jaloux,
Et rens à mes soupirs le printems mon époux.
Elle se tait: le Dieu, sensible à sa prière,
Remonte à l' équateur; là, r' ouvrant sa carrière,
Il chasse au loin l' hyver, repousse les autans,
Et des rives du Nil appelle le printems:
"Prens tes habits de fleurs, mon fils; prens la ceinture
Qui pare tous les ans le sein de la nature;
Va: la terre soupire, et ses flancs amoureux
Attendent la rosée et tes germes heureux:
Mon fils, va la remplir de ton ame éthérée. "
Le printems à ces mots fend la plaine azurée,
Et porté mollement sur l' aîle des zéphirs,
De l' hymen créateur vient goûter les plaisirs.
La terre, devant lui frémissant d' allégresse,
S' enfle, bénit l' époux qu' imploroit sa tendresse;
L' embrasse, le reçoit dans ses flancs entrouverts:
La séve de la vie inonde l' univers.


De cet hymen fécond, dieux, quels biens vont éclore!
Déjà d' un feu plus vif l' Olimpe se colore.
Le Bélier, du printems ministre radieux,
Paroît, et s' avançant vers le plus haut des cieux,
De la terre amoureuse annonce l' hyménée,
Et vainqueur de la nuit, recommence l' année.
À peine dans les airs dévoile-t-il son front,
Que soudain tressaillant dans son antre profond,
L' immortel océan gronde, écume de joie,
S' élève, et sur la plage à grands flots se déploie.
Sa vague mugissante appelle à d' autres bords
Ces vaisseaux, que l' hyver enchaînoit dans nos ports.
Les voilà donc ces jours si rians, si prospères,
Ces jours qui tarissoient les larmes de nos pères!
Tous les ans, quand l' hyver dans son obscurité
Engloutissoit leur Dieu, le Dieu de la clarté,
Un long deuil sur les murs des sacrés édifices
S' étendoit; et l' autel privé de sacrifices,
Sans brâsier, sans parfum, sans lampe, sans flambeau,
Figuroit le soleil éteint dans le tombeau.


Durant trois jours entiers consacrés aux ténèbres,
Aux lamentations, aux pleurs, aux chants funèbres,
Ils craignoient que leur Dieu brisé par un géant
N' entraînât avec lui l' univers au néant.
Mais sitôt que vainqueur de cette nuit funeste,
Il rallumoit ses feux sous le Bélier céleste,
Les brâsiers, les flambeaux, éteints sur les autels,
Brilloient, renouvellés aux regards des mortels;
Des nuages d' encens emplissoient les portiques,
Et le prêtre et le peuple, en de joyeux cantiques,
S' écrioient: "notre Dieu renaît à la clarté;
Célébrons son triomphe: il est ressuscité. "
Pouvoient-ils en effet refuser leur hommage
À l' astre, qui des dieux est la plus belle image,
Quand ce roi de lumière au Bélier de retour,
De ses douze palais recommençoit le tour?
Lorsque des premiers tems l' antique témoignage,
Par la voix des vieillards confirmé d' âge en âge,
Disoit aux nations, en de sublimes vers,
Qu' au printems, le cahos enfanta l' univers?
La terre aime à le croire et le répète encore. ...
.....


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Posté le : 21/02/2015 16:24
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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