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Johann Wolfgang von Goethe
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Le 22 mars 1832 à Weimar meurt Johann Wolfgang von Goethe

en allemand :ˈjoːhan ˈvɔlfɡaŋ fɔn ˈɡøːtə, né le 28 août 1749 à Francfort, mort le 22 mars 1832 à Weimar à 82 ans, romancier, dramaturge, poète, théoricien de l'art et homme d'État allemand, passionné par les sciences, notamment l'optique, la géologie et la botanique, et grand administrateur.
Il est l'auteur d'une œuvre prolifique aux accents encyclopédiques qui le rattache à deux mouvements littéraires : le Sturm und Drang et le classicisme de Weimar Weimarer Klassik. En physique, il proposa une théorie de la lumière et en anatomie, il fit la découverte d'un os de la mâchoire. Il est souvent cité en tant que membre des Illuminés de Bavière, nom d'ordre : Abaris. Son Divan doit beaucoup à Hafez.
Il est notamment l'auteur des Souffrances du jeune Werther Die Leiden des jungen Werthers, Les Affinités électives, Wahlverwandtschaften, Faust I et II, Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister, Wilhelm Meisters Lehrjahre ainsi que de nombreux poèmes dont beaucoup sont si célèbres que des vers en sont entrés comme proverbes dans la langue allemande : Willkommen und Abschied, Es schlug mein Herz, geschwind zu Pferde / es war getan fast eh gedacht, Mignon, kennst du das Land wo die Zitronen blühn…, Connais-tu le pays où fleurissent les citronniers, Le Roi des aulnes, Wer reitet so spät durch Nacht und Wind / es ist der Vater mit seinem Kind… Der König in Thule, etc.
Voilà un homme ! dit Napoléon à son entourage après avoir, en 1808, accordé à Goethe une audience. Il avait touché juste. Être un homme, telle était bien toute l'ambition de Goethe. Bien sûr, il doit sa gloire à son œuvre littéraire. Mais, poète, il n'était pas pour autant un homme de lettres. Son œuvre, c'est avant tout son existence. Son art, c'est l'art suprême : le difficile art de vivre, le savoir-être. De ses écrits la littérature ne représente qu'une part, la moins ample et – du moins pour certains connaisseurs – pas l'essentielle, au regard des récits autobiographiques, de la correspondance, des entretiens, des traductions, des essais critiques, des ouvrages scientifiques ; foisonnement où se manifeste sans défaillance l'inépuisable richesse de l'homme.

Pendant les quatre-vingt-trois années de son existence, le monde s'est profondément transformé. À cheval sur deux siècles, Goethe a assisté de près à l'agonie du médiéval Saint Empire romain germanique, comme aux premiers pas de l'ère moderne, scientifique, technique et industrielle. Sa jeunesse, c'est Frédéric II, roi de prusse et ami de Voltaire, c'est Louis XV, la Pompadour et le rococo ; mais lorsqu'il meurt, il y a en Allemagne deux adolescents qui se nomment l'un Bismarck, l'autre Karl Marx. Dans son enfance, Jean-Sébastien Bach vit encore ; lorsque finit son existence, Richard Wagner a vingt ans. Contemporain de trois générations successives, Goethe aura vu naître et mourir Schiller et Kleist, Novalis et Byron, Hegel et Beethoven, Mozart et Schubert, Robespierre et Napoléon Bonaparte.

En bref

Johann Wolfgang von Goethe est né le 28 août 1749 à Francfort-sur-le-Main, d'une famille bourgeoise cultivée qui accédait alors à la fortune et aux honneurs du patriciat. Francfort était une ville libre d'Empire, en Allemagne l'un des rares lieux où depuis le Moyen Âge régnait une tradition d'autonomie et de démocratie libérale.
Adolescent, il étudie, sans grand succès, le droit à l'université de Leipzig 1765-1768, puis de Strasbourg 1770-1771. Là se place sa célèbre idylle avec Frédérique Brion, la fille du pasteur de Sessenheim. Là aussi il rencontre Herder, de cinq ans son aîné, qu'il admire et dont il reçoit l'impulsion qui l'oriente vers les lettres et les arts. Pendant quelques mois, il exerce vaguement la profession d'avocat sans cause auprès du tribunal d'Empire dans la petite ville de Wetzlar 1772. Il ne s'y ennuie pourtant pas. Engagé dans une nouvelle idylle avec une jeune fille déjà fiancée, Charlotte Buff, il fuit précipitamment et rentre chez lui à Francfort 1773-1775, comme un serpent se réfugie au fond d'un trou pour changer de peau, ou comme la chenille en une chrysalide pour faire sa mue. Déjà l'idée de métamorphose l'obsède. Pour le moment, il s'agit de dépouiller l'adolescent et de donner peu à peu forme à l'adulte qu'il pressent en lui-même. Il dessine, il lit, il écrit. Il imprime à compte d'auteur un drame, Götz von Berlichingen 1773, dont le héros est un chevalier du Moyen Âge. Le succès est grand et lui taille une première réputation. Il a créé et mis à la mode un style nouveau, un genre vieil allemand qui plaît à la jeunesse préromantique. Il pourrait exploiter la veine, il a en main l'occasion de devenir le Walter Scott allemand, on sait que Walter Scott a connu les plus gros tirages et la plus grande fortune littéraire de l'époque ; il s'y refuse. Avec le succès comme avec les femmes, il tourne le dos à qui lui tend les bras. Il a la phobie du piège, il ne veut pas, comme il dit, se laisser mettre dans le sac. Que d'autres fassent valoir la recette et en tirent bénéfice ; lui, il n'écrit pas pour le public, mais pour lui-même, pour s'accomplir. Écrire n'est pas faire acte de littérature, mais pratiquer une hygiène mentale. Écrire, c'est comme dessiner : c'est tracer des contours nets, refuser le vague à l'âme, jeter un rai pénétrant de lumière dans l'ombre des profondeurs, dans ces zones de la vie intérieure où s'agitent les démons de l'obscur et de l'indéterminé ; c'est écarter un instant ces démons, conquérir sur eux au moins un répit, le temps de se ressaisir et de faire son métier d'homme. Sous la façade de celui qu'on a surnommé l'Olympien, le tréfonds recèle un monde à la Hieronymus Bosch. N'oublions pas que, sur la voie qui, du piétisme à Freud, a été ouverte par les grands explorateurs de l'inconscient, on trouve un ami de Goethe, le médecin C. G. Carus, et surtout Goethe lui-même. Son Faust, commencé en 1773, n'est finalement pas autre chose que cette exploration de l'inconscient et du rêve.
Un an plus tard, pour achever de surmonter un amour sans issue, il écrit un roman sentimental, Werther 1774. Cette fois, le voilà – à vingt-cinq ans – célèbre à travers toute l'Europe et jusqu'en Chine où l'on peint Werther sur la porcelaine des théières. Sa vie durant, un public enthousiaste et naïf va ne voir en lui que l'immortel auteur de Werther, ce qui a le don de l'exaspérer.
Cette fois encore il laisse à d'autres, à la race des suiveurs, le soin soit de se suicider à la Werther, soit d'exploiter littérairement le succès. Il n'en retient que la conviction confirmée de son don d'expression. Désormais, il aura presque toujours auprès de lui un secrétaire auquel il dicte à tout propos, sans autre propos que de donner à l'expérience intime une forme et un style. Considéré comme un des premiers écrivains de langue allemande, des éditeurs pirates publient sans son aveu ses œuvres complètes. Il a en chantier dix ou vingt projets de drames, de romans, de poèmes. Pourtant, pendant une bonne dizaine d'années, il ne publie plus rien. Son génie n'a-t-il pas été un feu de paille ?
C'est que, pour l'heure, il lui suffit d'exister, il se plaît à vivre, mais pleinement. Il a un tempérament ludique. Il adore les rencontres improvisées, les fêtes galantes, les jeux de société plus ou moins innocents, les charades et mascarades, les amusements de l'esprit et des sens, du cœur et de l'imagination. Il se complaît aux mystifications. D'ailleurs, il parsèmera son œuvre d'énigmes et de silences délibérés sur l'essentiel, qui ne s'adressent qu'aux subtils ; le bon public n'y voit que du feu, croit avoir compris et admire de confiance. Il y a en Gœthe largement autant de Méphisto que de Faust.

Sa vie, Origine

Les Goethe, vieille famille d'artisans originaires de la Thuringe, habitaient, au moment de la naissance de Johann Wolfgang, une maison de Francfort, aujourd'hui appelée Goethe-Haus. Son père, Johann Caspar Goethe 1710-1782, un juriste, qui consacra une large partie de sa vie à la création d’un cabinet d’Histoire naturelle et à une collection de tableaux, n’avait nullement besoin d’exercer quelque profession que ce fût à côté de ces activités et de l’éducation de ses enfants, étant donné qu’il avait acheté un titre de conseiller impérial. Ainsi que l'a montré René Berthelot, sa passion pour les sciences eut toute sa vie un impact sur la philosophie qu'il a développée. Homme cultivé, il voyagea en Italie, son fils se souviendra d'ailleurs dans Poésie et vérité d'une gondole qu'il aurait ramenée de Venise, et rapporta de ce voyage un journal qui ne fut publié qu'en 1932. La mère de Goethe, Catharina Elisabeth Goethe, née Textor 1731-1808, était quant à elle issue de la noblesse de robe. Fille d’écoutète, prévôt, elle épousa à 17 ans le conseiller Goethe, alors âgé de 38 ans. Mais Johann Wolfgang entretient avec ses parents des relations souvent conflictuelles, du fait notamment de l'extrême sévérité de son père.
Des nombreux enfants du couple, seuls Johann Wolfgang, le cadet, et sa sœur Cornelia Friderike Christina, née le 7 décembre 1750, survécurent, malgré une petite vérole qui manqua l'emporter en 1758.
Son éducation humaniste et scientifique en outre rigoureuse consiste en l'apprentissage de plusieurs langues dont, entre autres, le grec ancien, le latin, le français, l'anglais, l'hébreu, mais aussi la plupart des sports enseignés en ce temps comme la danse, l'équitation, l'escrime et bien d'autres activités. Elle est donnée surtout par son père, homme sévère auquel il préfère souvent la compagnie de sa mère. La relation qu'il entretient avec ses parents, principalement avec son père, est d'autant plus conflictuelle que le jeune Goethe n'a pas une nature joviale. Pourtant, ses études semblent le transformer : de querelleur, il devient un garçon modèle, apprend avec une grande facilité, se passionne pour le dessin, mais éprouve de grandes difficultés en musique.
La guerre de Sept Ans est pour lui l'occasion de découvrir la civilisation française : un officier français, le comte de Thorane, s'installe en effet dans la maison de la famille Goethe en 1759, alors que l'armée française réside à Francfort.
Thorane et le père de Goethe deviennent rapidement bons amis, si bien que ce dernier soutient les Français lors de la bataille de Rossbach, au grand scandale de son beau-père, Textor. Grâce aux bonnes relations qu'il entretient avec ce dernier, le jeune Goethe peut assister au couronnement du roi de Germanie Joseph II en 1764.

Études et premiers écrits 1765-1775

Dans sa ville natale, Francfort, il s'éprend de la jeune et belle Lili Schoenemann. Il étudie le droit à l'université de Leipzig de 1765 à 1768 et à l'université de Strasbourg de 1770 à 1771. Il y rencontre Johann Gottfried Herder, et vit une idylle avec Frédérique Brion, voir Musée Goethe à l'Auberge au Bœuf. Il fait également la rencontre de Jean-Frédéric Lobstein, le vieux, 1736-1784, l'illustre professeur de médecine de l'Académie de Strasbourg. En 1772, il est reçu docteur, revient à Francfort de mai à septembre où il est nommé avocat de la chambre impériale, puis devient magistrat à Wetzlar.
En 1773, il recommence à écrire. Au cours d'un voyage avec Basedow et Lavater sur la Lahn, il compose devant le château-fort de Lahneck le poème Geistesgruss, traduit par Madame de Staël. En 1774, il écrit les Souffrances du jeune Werther, qui le rendent immédiatement célèbre.

Weimar 1775-1786

En 1775, il s'installe à Weimar en tant qu'attaché à la cour du duc Charles Auguste, puis conseiller secret de légation dès 1776. Trois années plus tard, il est nommé commissaire à la Guerre, avant d'être anobli en 1782 et de se voir confier la direction des finances de l'État. En novembre 1775, il y entame une liaison platonique qui durera dix ans avec Charlotte von Stein, de sept ans son aînée, à qui il écrira 1 700 lettres. Il écrit durant cette période deux grands drames, tout d'abord rédigés en prose, puis retranscrits en pentamètres iambiques : Iphigénie en Tauride et Torquato Tasso. Le 3 septembre 1786, il quitte Carlsbad, maintenant Karlovy Vary en République tchèque où il faisait une cure et se rend secrètement en Italie, afin que personne ne puisse l'empêcher de réaliser l'un de ses rêves les plus chers, la découverte d'un pays que son père lui avait tant vanté.
Lors de ce séjour à Weimar, Goethe est initié dans la loge maçonnique Amalia le 23 juin 1780. Un an après, le 23 juin 1781, il est promu Compagnon et il est élevé à la Maîtrise le 2 mars 1782, en même temps que le duc Charles Auguste qui est pour lui un ami et un protecteur. Le 4 décembre 1782 il atteint le quatrième degré écossais de la Stricte Observance et il signe son obligation d'Illuminé le 11 février 1783.

Weimar Un milieu d'élite

Le duc de Saxe-Weimar est un tout jeune homme à qui sa mère, la très remarquable duchesse Anna Amalia, veut créer un entourage de qualité. Elle invite Goethe à venir à Weimar ; à la fois favori, confident, conseiller et compagnon d'aventures, il servira au jeune prince de mentor à peine plus âgé. Voilà encore un jeu qui n'est pas pour lui déplaire. Mais, cette fois, il va s'y laisser prendre. Il s'installe à Weimar en novembre 1776 ; il y restera plus d'un demi-siècle, jusqu'à sa mort. Sa présence, son rayonnement, les amis qui l'entourent, les admirateurs qu'il attire font de Weimar un haut lieu de l'esprit. Toute l'Europe de l'ère romantique y défilera pour voir Goethe, tout comme on va voir Notre-Dame de Paris, le Lido de Venise ou les burgs du Rhin.
Weimar n'est pourtant, quand il y arrive, qu'une bourgade de cinq ou six mille âmes. Le bétail piétine dans les rues boueuses. Pas de routes dans le pays, rien que de mauvais chemins où l'on risque de se rompre les os ; on ne circule guère qu'à cheval. Le château, incendié récemment, n'est qu'une ruine. On loge où l'on peut. Dans cette Saxe provinciale, peu évoluée, sans ressources et sans grâce, sans horizon, la dominante est l'ennui. Le duc, plus robuste que fin, s'occupe peu et mal de sa principauté, préférant la chasse et les filles. Mais il a de l'amitié pour Goethe, du respect aussi ; il lui fait confiance. En 1782, il obtient pour lui de l'empereur Joseph II le titre de noblesse qui permet à Goethe de s'asseoir à la table de la famille princière, ce qu'avait interdit jusque-là une étiquette strictement observée.
L'entourage ? Goethe a trouvé sur place Christophe Martin Wieland, l'homme le plus spirituel d'Allemagne, le seul peut-être à l'époque. Il fait venir Jean-Gottfried von Herder qui sera prédicateur à la cour, président du consistoire, c'est-à-dire évêque luthérien, et fondateur, n'oublions pas pourtant Vico, son prédécesseur ! de la philosophie de l'histoire qui régnera au siècle suivant. Une dame de la cour, Charlotte von Stein, est la seule femme attachante ; Goethe s'attache. Sans grande beauté, plus âgée que lui, mais fine, distinguée, élégante, sensée, équilibrée, elle prend sur lui de l'ascendant, exerce une bienfaisante et décisive influence. D'elle il apprend à contrôler ses élans, à dominer ses impulsions, à se comporter et se conduire. Il s'agit d'un amour de tête, d'une école pour adulte. La rencontrant presque chaque jour, il lui écrit pourtant – comme Diderot à Sophie Volland – mille sept cents lettres et billets, non sans songer qu'on publiera tout cela un jour. Ce qu'il n'estimait pas destiné à la publication, Goethe l'a soigneusement détruit. Si toute son œuvre n'est qu'une confession, ce n'est pas une confidence.

L'art et les déboires du gouvernement

À Weimar, deux choses l'intéressent : l'administration et la science. Conseiller du prince et ministre, il pratique l'art de gouverner. Avec son sens bourgeois de l'économique, il saura toujours gérer sa fortune, vivre de ses revenus et ne rien devoir à la faveur de qui que ce soit, il commence par doter le duché d'un budget, comparer les dépenses aux recettes et tâcher d'ajuster les unes aux autres. Il s'occupe d'aménager ce territoire sous-développé, prend soin de la viabilité, des levés topographiques, du cadastre et du recensement, de la collecte des impôts, de la levée des recrues. Comme bien des principautés allemandes, comme les cantons suisses, le duché de Saxe-Weimar tire une partie de ses ressources de la vente de soldats au roi de Prusse, lequel fait grande consommation de chair à canon. Goethe observe les agissements des sergents recruteurs, il note, il juge, s'indigne sans doute, mais garde son opinion pour lui. Il évite l'éclat, fait de son mieux pour changer cela. Il faut d'abord trouver d'autres ressources. Il fait rouvrir à Ilmenau d'anciennes mines d'argent. Il étudie la minéralogie, pour laquelle il se prend de passion. On le verra désormais, et même dans son grand âge, le marteau à la main, interrogeant les pierres au bord du chemin ; il parle avec elles, dit-on. À cette passion il va joindre celle de la botanique, de l'anatomie ostéologique, de l'optique. Il a trouvé sa grande, sa vraie vocation : celle de chercheur, de naturaliste. Son maître mot : la Nature. Il rêve d'un « roman de l'Univers » où il conterait l'histoire du granit qui est la roche originelle – et à partir de là celle de la nature tout entière ; une histoire autrement grandiose que celle de l'espèce humaine, qui s'exagère son importance. D'ailleurs il va faire une découverte : l'os intermaxillaire, sans conteste possible, rattache l'homme à la lignée des animaux et l'y intègre. En ce sens au moins Goethe est un prédécesseur de Darwin. Il réunit des collections minéralogiques, botaniques, ostéologiques ; sa maison devient un vrai muséum d'histoire naturelle.
Cependant, dans le climat de la petite ville, il étouffe. Il est surprenant qu'il n'ait jamais connu aucune des capitales cosmopolites de l'époque : ni Paris, ni Vienne, ni Londres. Berlin n'était encore qu'une garnison et une résidence, et Rome, le Vatican mis à part un immense village. La plus grande ville qu'il ait vue, c'est Naples. Les villes ne l'attirent pas, non plus que l'existence urbaine. Il ignore les foules, redoute les masses, et ne fréquente les places publiques qu'en Italie.
À Weimar, il n'y tient plus. Il est souvent amer. Il constate qu'il est décevant de gouverner quand on n'en a pas le pouvoir, c'est-à-dire quand on n'est pas soi-même le prince. Et puis ne sent-il pas remuer au fond de lui, comme dans les entrailles un fruit qui veut mûrir, les ébauches d'œuvres entreprises voilà dix ans ? Prisonnier de ses fonctions, de son entourage, de sa réputation même, brusquement il s'évade. Jetant quelques manuscrits dans une malle, nanti d'un faux passeport, ne prévenant personne que le prince, il part dans le plus grand secret vers le sud. Il franchit les Alpes et va passer en Italie une vingtaine de mois, septembre 1786-juin 1788, l'époque la plus heureuse de son existence. À Rome, dès son arrivée, il se sent comme chez lui. À trente-sept ans, sous le ciel méditerranéen, il a l'impression de s'épanouir enfin. Dans ce terroir, au milieu de ce peuple, la joie de vivre lui apparaît dans sa plénitude. C'est la révélation. Cette terre pourtant riche en souvenirs historiques, il veut en ignorer l'histoire pour n'en ressentir que plus pleinement la vie actuelle, présente, intense. Fuyant les bavards, évitant de son mieux les fâcheux qui ne percent que trop vite son incognito, il retrouve et reconnaît enfin l'homme comme un agent de la nature, chargé d'en prolonger l'œuvre. C'est là tout son humanisme.
Goethe a toujours détesté trois choses : les mathématiques, l'histoire et la métaphysique, quant à la théologie, pour lui elle n'existe pas. Il ne croit pas que ces trois constructions de l'esprit puissent apporter quelque vérité que ce soit. La nature s'ouvre bien plutôt à qui sait regarder un crâne de mouton, ossement blanchi abandonné sur le sable de la plage, ou la plante exubérante dans un coin du jardin public de Palerme. Le tout est d'apprendre à voir et d'exercer ce que les Anciens appelaient intuition, c'est-à-dire proprement le regard. Se définissant lui-même comme l'homme du regard, der Augenmensch, il s'entraîne à regarder. Il dessine, il cherche à identifier les structures profondes et permanentes du monde vivant : vertèbres et épiphyses, nervures de feuilles, cristaux de la roche, volumes des nuages. Il conçoit une théorie des formes et de leurs transformations, une morphologie où les structuralistes aurait pu trouver encore une source d'inspiration et une leçon d'observation, précise comme un croquis coté.

Vie en Italie 1786-1788 Voyage en Italie Goethe.

En Italie ! En Italie ! Paris sera mon école, Rome mon université. Car c'est vraiment une université ; qui l'a vue a tout vu », écrivait déjà Goethe en 1770. Faisant de brèves étapes à Vérone, Vicence, Padoue puis, après un séjour de deux semaines à Venise, à Ferrare, Bologne, Florence et Pérouse, il atteint enfin la Ville éternelle le 29 octobre. Il y réside au no 18 de la via del Corso. Il fréquente là des artistes allemands tels que Tischbein qui peindra son portrait le plus célèbre en 1787, ainsi que la peintre Angelica Kauffmann, et des Italiens, comme le graveur Giovanni Volpato. Il assiste au carnaval de Rome, grande fête dont il laissera une description. De mars à mai 1787, Goethe part pour le sud de l'Italie et la Sicile, accompagné de Christoph Heinrich Kniep, peintre et graveur, chargé d'illustrer ce voyage. Après un bref séjour à Naples, il se rend à Palerme où il débarque le 2 avril après un voyage en mer difficile, il a le mal de mer de quatre jours. Ce séjour l'impressionne vivement : Sans la Sicile, l'Italie n'est pas en nous un tableau achevé ; c'est ici que se trouve en effet la clef de toute chose. L'atmosphère méditerranéenne l'amenant à commencer une tragédie intitulée Nausicaa dont il n'écrira que quelques scènes. Il visitera de nombreux temples et ruines antiques, Ségeste le 20 avril, Agrigente le 24 avril, le théâtre de Taormina le 7 mai, mais ne portera aucun intérêt aux autres vestiges culturels de la Sicile, qu'ils soient byzantins, arabes ou gothiques. En effet, comme l'a noté Jean Lacoste : Faute de pouvoir se rendre en Grèce à cause de l'occupation ottomane, le poète trouve en Sicile la Grande Grèce de l'Antiquité, la possibilité de se rapprocher le plus possible de l'origine grecque, du modèle grec, sans être vraiment en présence de celui-ci, selon une démarche indirecte qui sera celle de Heidegger allant en Provence retrouver une Grèce oubliée, ou l'oubli de la Grèce.
Dans une lettre datée du 1er novembre 1786, soit seulement trois mois après son départ, Goethe voit déjà dans ce voyage Une vraie renaissance… Une deuxième naissance.

Le lieu créateur

Si douloureux que ce soit, Goethe s'arrache à l'enchantement italien et retourne à Weimar. Il dira plus tard n'avoir plus jamais retrouvé ce qu'il avait connu en Italie : le bonheur. Mais la loi de l'homme n'est pas de chercher le bonheur et, une fois atteint, de s'y complaire ; sa loi, c'est de faire son métier d'homme là où le destin lui en fournit l'occasion et le moyen ; la condition de l'homme est de s'accomplir, oui, mais dans le renoncement. Un renoncement qui n'est point ascèse, mais choix délibéré. Être un homme, c'est choisir. À Weimar, comme partout ailleurs, il ne se ressent que comme un hôte de passage ; c'est tout de même le lieu où il lui est donné de poursuivre et de parfaire son œuvre. Tandis qu'il mûrissait lui-même, une décision a mûri en lui. Jusque-là dispersé par la multiplicité de ses talents, il se concentre sur les lettres et les sciences. Dorénavant, il sera écrivain et chercheur. À quarante ans, il décide de publier ses œuvres complètes. Mais pour cela il lui faut reprendre et mener à leur terme les projets : des drames, Iphigénie 1786, Egmont 1787, Torquato Tasso 1789, et surtout le Faust sans cesse remis sur le chantier jusqu'à son dernier soupir ; un grand roman, Wilhelm Meister 1794-1796 ; un cycle lyrique, les Élégies romaines, Römische Elegien, 1789-1795.
À ce moment précis, la France, ce grand voisin dont la culture lui est si familière, entre en révolution et guillotine son roi. Il ne se passionne pas, il observe de loin, tout comme, de la fenêtre d'un palazzo napolitain, il regardait flamboyer la coulée de lave au flanc du Vésuve. Géologue, il ne croit pas à la vertu des éruptions ni des tremblements de terre. Adepte de la théorie neptunienne, il pense que la roche se forme par le travail lent et constant de millions d'années, et que la société, elle aussi, doit évoluer non par voie de cataclysme, mais par sédimentation et métamorphisme. À l'échelle des âges, le marbre est plastique ; la société l'est aussi, à l'échelle des générations. La violence le laisse sceptique, il ne la tient pas pour efficace, du moins dans un sens souhaitable. Et puis, il déteste les fanatiques et les redoute : Vite, qu'on les mette en croix, dit-il ; qu'ils passent l'âge de trente ans, et ce ne sont plus que des imposteurs. Il serait faux cependant de le juger conservateur ; simplement, il croit à l'évolution plus qu'à la révolution.
En ce qui le concerne, il organise et aménage son existence, faisant leur part à la vie publique et à la vie mondaine, au travail de recherche et d'écriture, à un minimum de vie familiale. Il accueille chez lui une très jeune femme, simple, bonne, peu cultivée, son frère, pourtant, est un écrivain populaire dont l'œuvre se vend beaucoup mieux que celle de Goethe. Il n'éprouve pas de longtemps le besoin d'épouser Christiane Vulpius, en dépit des commentaires aigres-doux de la bonne société. S'il régularise la situation en 1806, c'est à la suite d'un incident mineur. Dix ans plus tard, Christiane mourra, ayant eu cinq enfants dont seul l'aîné vivra, sans d'ailleurs apporter de grandes joies à son père. Deux petit-fils, peu brillants et comme accablés par un destin trop lourd, mourront sans descendance.
Tout en recevant le tribut d'admiration de nombreux visiteurs, tout en payant son écot à la vie mondaine et de cour, Goethe sait protéger son intimité profonde en présentant aux admirateurs de plus en plus nombreux la façade « olympienne ». La majesté composée de l'attitude tient à distance les familiarités vite indiscrètes. S'il joue au grand homme, c'est sans illusion ni vanité. Il sait que ceux qui l'adulent le plus sont aussi ceux qui se soucient le moins de le comprendre. Il s'irrite de ce que personne, pas même son éditeur, ne reconnaisse le savant qu'il a l'ambition d'être avant tout. Curieusement, le culte de la personne qui s'instaure autour de lui est surtout le fait des romantiques. Ce sont eux qui les premiers, dès avant le tournant du siècle, ont dit partout que Goethe était l'une des quatre ou cinq plus grandes figures de la littérature universelle.
Une amitié pourtant, solide autant que réservée d'ailleurs : celle de Schiller. En 1788, Goethe avait fait venir à l'université d'Iéna, pour y occuper une chaire d'histoire, son cadet de dix ans, l'auteur déjà célèbre des Brigands. Il faudra pourtant à Schiller encore dix ans de marches d'approche et d'attentions répétées, de siège méthodique, pour conquérir l'amitié de Goethe. Amitié d'une nature particulière : une liaison et coopération fondée sur l'estime réciproque, sur une certaine communauté de vues, sur quelques objectifs identiques. Jamais elle ne débouchera sur un intime cœur-à-cœur. Dans ce monument qu'est leur correspondance, on sent toujours, de la part de Goethe en tout cas, la réserve. Il y a en Goethe tout un côté dont il sait que Schiller ne le comprendra jamais. C'est là, dans leur commerce, que naît ce qu'on nomme le classicisme allemand : un idéal de noble simplicité, de claire et sereine grandeur, sans fracas ni apparat. Il ne s'agit pas d'imiter les Grecs, moins encore Racine qu'on ne cesse pourtant pas d'admirer et de traduire – mais de retrouver le geste des grands créateurs. Geste infiniment simple, mais précisément : quoi de plus difficile à obtenir que la parfaite simplicité ?
Goethe et Schiller, les fondateurs du classicisme allemand ? Oui, sans doute, mais ce classicisme est mort avec eux. Ils n'ont pas fait et ne pouvaient pas faire école. Au contraire, ils ont couru le risque de ne laisser derrière eux que des épigones et de stériliser pour longtemps le génie allemand. Si celui-ci est reparti pour de hautes destinées, c'est en direction opposée et en contre-pied, comme par défi relevé.

Weimar 1788-1805

Deux ans plus tard, il revient donc à Weimar, devient ministre du Duc et s'installe avec Christiane Vulpius, issue de la petite bourgeoisie, fleuriste. Pendant la Révolution française, il revendique une identité "conservatrice" et tient une conception sceptique de la démocratie. En 1791, il devient directeur du nouveau théâtre de la Cour grand-ducale, poste qu'il conserve jusqu'en 1817. Lassé par la banalité et le provincialisme de la cour ducale, il la fuit autant que possible. Mais il ne peut faire autrement que d'accompagner le duc de Saxe-Weimar, officier de l'armée prussienne en 1792, lors la bataille de Valmy. À cette occasion, il va avoir très tôt le sentiment de l'extrême nouveauté de la Révolution française, déclarant ainsi dans sa Campagne de France : Aujourd'hui s'ouvre une ère nouvelle de l'histoire du monde .
En 1794, il se lie d'amitié avec Schiller. Ils se connaissaient déjà depuis 1788, date du retour d'Italie de Goethe, mais n'avaient jusque-là que fort peu de sympathie l'un pour l'autre : Goethe se sentant bien éloigné des préoccupations du dramaturge rousseauiste, tandis que Schiller redoutait que Goethe ne lui fasse trop d'ombre. La rencontre décisive de juillet 1794 va se faire par l'intermédiaire d'amis communs, leur entretien ne portera pas sur la littérature mais sur les sciences naturelles et la philosophie, qui comptaient alors parmi les préoccupations principales de Goethe. S'ensuivra une célèbre correspondance entre les deux écrivains allemands. Goethe participera en 1795 à la revue de Schiller, Les Heures, et y fera publier les Entretiens d'émigrés allemands dont fait partie le célèbre Conte Märchen, plus tard intitulé Le Serpent vert, et quelques poésies. L'année suivante, Goethe termine Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister, le premier grand roman de formation Bildungsroman allemand. Schiller en sera l'un des tout premiers lecteurs, et donnera à Goethe un certain nombre de remarques sur l'œuvre mais celui-ci ne tiendra finalement compte que de quelques-unes d'entre elles.

La passion de la science

Après la mort de Schiller 1805, Goethe écrit le roman Les Affinités électives, Die Wahlverwandtschaften, 1809, le cycle de poèmes Le Divan occidental-oriental Westöstlicher Diwan, 1814-1819, le récit autobiographique Poésie et Vérité, Dichtung und Wahrheit, 1811-1814 ; 1831. Mais il consacre non moins de soins et plus de temps encore à une théorie anti-newtonienne des couleurs, à la recherche ostéologique, botanique, météorologique, morphologique, à des expériences sur le magnétisme. Il ne s'est jamais reconnu que trois maîtres : Shakespeare, Spinoza et Linné, le fondateur de la botanique systématique à classification binaire. Chercheur de par sa passion, son ambition et son tempérament, il va pourtant à contre-courant du mouvement scientifique de l'époque qu'on songe à Lavoisier !. Non qu'il refuse l'expérience ; bien au contraire, il est un observateur acharné ; mais il redoute l'interposition, entre l'homme et la nature, de l'instrument : balance, cornue, microscope. Longtemps il s'est refusé, par respect pour la nature, à briser la lumière dans un prisme pour en observer les couleurs.
Le laboratoire lui apparaît comme un lieu de torture où l'on voudrait vainement arracher à la nature son secret. Il refuse aussi l'application des mathématiques au geste créateur de la nature vivante. La vérité, pense-t-il, ne peut être atteinte que par l'intuition, qu'il nomme d'un mot français : aperçu. Savant, il l'est, mais à la façon des présocratiques ; c'est Héraclite égaré au seuil du XIXe siècle, au moment où Friedrich Wöhler fait à Göttingen la première synthèse d'un produit organique, l'urée, en 1827. Octogénaire, Goethe suit avec passion la controverse devant l'Institut de France entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire qui défend une thèse gœthéenne, l'unité de composition organique » et « la grande harmonie de la nature », qui serait accessible directement à l'intuition et à elle seule. Il n'y a, paraît-il, qu'à ouvrir les yeux...

Un modèle humain

Goethe passe la plus grande part de son temps à parachever pour la postérité son personnage, à classer ses collections, ses souvenirs, ses manuscrits, à mettre au point l'édition définitive de ses œuvres, à préparer vingt volumes à publier après sa mort. Comme il a, sa vie durant, travaillé à sculpter sa propre statue, il ne laisse à personne le soin d'ériger son mausolée. Il le fait sans complaisance, non pour paraître ni pour se glorifier, mais pour porter témoignage. Croyant plus à la vertu de l'exemple qu'à celle de la prédication, il s'applique à dresser l'image de ce qu'a pu être l'existence d'un homme de bonne foi et de bonne volonté, aux dons exceptionnels, et qui a eu – sans plus – sa part de chance. Et il conclut : « Qu'il soit comme il veut, ce monde était bien beau. » Dans une œuvre immense et complexe qui – sans exclure les œuvres scientifiques – est une seule et continue confession transposée, il a rassemblé une profusion inouïe de réflexions et d'observations dont aucune n'est futile ou médiocre. Mais il ne gonfle pas sa personne. Quelques semaines avant la fin, il dit à Soret : « Le génie prend son bien où il le trouve. » Et encore : Qui suis-je, moi ? Qu'ai-je créé ? J'ai tout reçu, tout accueilli, j'ai assimilé tout ce qui passait à ma portée. Mon œuvre est celle d'un être collectif qui porte un nom : Goethe.
Qu'on n'imagine pas pour autant quelque enfant gâté de la Fortune, un homme heureux au sens du vulgaire. Il disait n'avoir connu en tout que quelques semaines de félicité vraie. Sa santé lui causa toujours des déboires et il ne se maintint que par une stricte discipline psychosomatique. Il se sentait côtoyer constamment l'abîme. Hypersensible, il devait protéger un équilibre intérieur toujours fragile, toujours menacé par l'intensité même de ses fonctions et facultés perceptives. Rien de moins exact que sa réputation de sérénité. On le disait froid, insensible, indifférent même. Non. Il lui fallait simplement se contrôler, se ménager, pour survivre. Sa vie a été une lutte acharnée et ponctuée d'innombrables échecs. Il a été poursuivi par un sentiment tantôt insidieux, tantôt angoissant de solitude. Peu d'amis, perdus en cours de route pour la plupart. Un certain nombre de femmes dans son existence, mais point de compagne à part entière, associée dans le bonheur d'être deux. Il survit à son épouse, à son fils. Ses petits-enfants : des ratés. Son ambition majeure aurait été d'être reconnu comme un grand esprit scientifique ; il se mesurait à Newton et pensait avoir raison contre lui. On ne lui rendit même pas justice. Son éditeur refusa longtemps de publier ses écrits scientifiques. La pratique des arts ? Il songea quelque temps à se faire peintre ; il se croyait du talent pour le dessin ; il travailla beaucoup dans ce sens, jusqu'au jour où une amie, le peintre Angelica Kauffmann, lui dit dans un accès de franchise : « Mon cher Goethe, vous savez voir admirablement », ce qu'il interpréta sans doute exactement : « Vous ne saurez jamais vraiment dessiner » ; et il jeta ses crayons. La musique ? Lui qui écrivait volontiers des livrets d'opéra, il ne rencontra que des compositeurs médiocres ; à la mort de Mozart, il comprit que la chance d'une possible conjonction était irrémédiablement manquée. Mais il ne sut pas apprécier Beethoven, il méconnut complètement Schubert qui, pourtant, rendait ses Lieder si populaires : Goethe n'en a pas écouté un seul. Les spectacles ? Directeur du théâtre de Weimar de 1791 à 1817, il ne disposa jamais que d'acteurs médiocres, sauf Corona Schröter, trop belle, trop artiste, à qui il dut bientôt donner son congé en raison des intrigues qui se nouaient autour d'elle. Le répertoire ne lui donnait pas non plus satisfaction. Il pensait d'ailleurs en fin de compte que le théâtre de Shakespeare n'est pas scénique.

Quant à son œuvre littéraire, il n'ignorait certes pas ce qu'elle représentait, mais il ne nourrissait pas de vanité d'auteur. Il croyait que seuls quelques rares élus en pénétreraient les arcanes. Pourtant, c'est cette œuvre qui, à travers bien des malentendus, a non seulement assuré sa gloire personnelle, mais fixé définitivement un très haut niveau d'exigence et porté d'un coup au premier rang mondial la littérature de langue allemande, jusque-là provinciale et considérée comme mineure. Pierre Bertaux

La passion de la science

Après la mort de Schiller 1805, Goethe, nous laisse donc ses écrits : le roman Les Affinités électives, Die Wahlverwandtschaften, 1809, le cycle de poèmes Le Divan occidental-oriental Westöstlicher Diwan, 1814-1819, le récit autobiographique Poésie et Vérité, Dichtung und Wahrheit, 1811-1814 ; 1831. Mais il consacre non moins de soins et plus de temps encore à une théorie anti-newtonienne des couleurs, à la recherche ostéologique, botanique, météorologique, morphologique, à des expériences sur le magnétisme. Il ne s'est jamais reconnu que trois maîtres : Shakespeare, Spinoza et Linné, le fondateur de la botanique systématique à classification binaire. Chercheur de par sa passion, son ambition et son tempérament, il va pourtant à contre-courant du mouvement scientifique de l'époque qu'on songe à Lavoisier !. Non qu'il refuse l'expérience ; bien au contraire, il est un observateur acharné ; mais il redoute l'interposition, entre l'homme et la nature, de l'instrument : balance, cornue, microscope. Longtemps il s'est refusé, par respect pour la nature, à briser la lumière dans un prisme pour en observer les couleurs.
Le laboratoire lui apparaît comme un lieu de torture où l'on voudrait vainement arracher à la nature son secret. Il refuse aussi l'application des mathématiques au geste créateur de la nature vivante. La vérité, pense-t-il, ne peut être atteinte que par l'intuition, qu'il nomme d'un mot français : aperçu. Savant, il l'est, mais à la façon des présocratiques ; c'est Héraclite égaré au seuil du XIXe siècle, au moment où Friedrich Wöhler fait à Göttingen la première synthèse d'un produit organique, l'urée, en 1827. Octogénaire, Goethe suit avec passion la controverse devant l'Institut de France entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire qui défend une thèse gœthéenne, l'unité de composition organique et la grande harmonie de la nature, qui serait accessible directement à l'intuition et à elle seule. Il n'y a, paraît-il, qu'à ouvrir les yeux...

Schiller meurt en 1805, ouvrant ce que certains tiennent pour une troisième période dans la vie de Goethe.

Weimar 1805-1832

En 1806, Goethe épouse Christiane Vulpius.

En 1808, il rencontre à Erfurt l’empereur français Napoléon Bonaparte, présent dans le cadre du Congrès d’Erfurt, qui l’y décore de la Légion d'honneur.
Bien que le philosophe Schopenhauer y ait été présent, ils attendront une rencontre en 1813 pour discuter de la théorie des couleurs élaborée par Goethe.
Visiteur assidu du salon littéraire tenu par sa mère Johanna, il y rencontre artistes et philosophes dont Heinrich Reiss et le peintre Füssli.
En 1814, il se prend de passion pour Marianne von Willemer. En 1822, son épouse étant décédée depuis six ans déjà, il demande en mariage Ulrike von Levetzow 18 ans, qui refuse il en a 73. Il finit sa vie sous le nom de Sage de Weimar, fréquenté, courtisé et adulé par l'ensemble des milieux littéraires européens et plus particulièrement par Carlyle.
Il s'éteint le 22 mars 1832, c'est-à-dire à peine plus d'un mois après avoir achevé son Second Faust. Ses dernières paroles, suivant un "W" mystérieux qu'il aurait tracé dans l'air, auraient été : Mehr Licht ! Mehr Licht ! Plus de lumière ! Plus de lumière ! interprétées de manières bien différentes, certains y voyant le désespoir d'un grand homme de n'avoir pu amasser assez de savoir dans sa vie, tandis que d'autres, comme Friedrich von Müller, ne le veulent comprendre que comme une prière qu'on lui ouvrît la fenêtre, pour lui donner encore l'occasion de contempler la lumière du jour.

La vie amoureuse de Goethe

Dans son discours sur le centenaire de la mort de Goethe, Paul Valéry croit expliquer la versatilité sentimentale de Goethe, et son incapacité à se donner entièrement à une seule femme, par le fait qu'en chaque femme il recherche l'éternel féminin, c'est-à-dire la beauté physique Hélène et morale Marguerite absolue. Goethe, étant d'une extrême sensibilité qui put même affecter sa santé, ne garda son équilibre que grâce à une discipline de vie extrême que beaucoup interprétèrent comme de l'égoïsme ou de la froideur ?.
Les expériences de Goethe avec les femmes ont influencé les personnages féminins dépeints dans ses œuvres : ainsi le personnage de Charlotte dans Les Souffrances du jeune Werther correspond à la fois à Charlotte Buff et à Maximiliane von La Roche, jeune épouse de Peter Anton Brentano; la jeune Ulrike von Levetzow 1804-1899 lui inspire un dernier poème, " L'Elégie de Marienbad", qui est un magnifique chant du cygne.

Descendance familiale

L'unique fils de Goethe à avoir survécu, August, né en 1789 de ses amours avec Christiane Vulpius, décédera du vivant de son père en 1830, à l'âge de quarante ans. Et ses trois petits-enfants, Walther-Wolfgang, 1818-1885 Wolfgang-Maximilian 1820-1883 et Alma 1827-1844, n'eurent pas de descendance.

Goethe et les arts, Goethe et le dessin

Longtemps, Goethe s'est efforcé de développer ce qu'il appelait son petit talent, et cela essentiellement au cours de son Voyage en Italie, au contact de peintres expérimentés comme Tischbein. Ce talent va se porter essentiellement sur la gravure de paysage, mais Goethe ne poussera que rarement jusqu'au portrait, n'allant jamais à se considérer comme talentueux. De son goût pour le dessin, il dit dans un petit texte édité en 1821 : J'ai pensé depuis longtemps que le dessin est souvent mentionné dans mes confessions, dans les renseignements que j'ai donnés sur le cours de ma vie, si bien que l'on pourrait demander non sans raison pourquoi donc rien de satisfaisant au point de vue artistique n'a pu sortir de ces efforts répétés et de cette permanente prédilection d'amateur.

Goethe et la musique

Ludwig van Beethoven a mis en musique plusieurs poésies de Goethe dont Sehnsucht, op. 83, 1810. Goethe fit sa connaissance à Toeplitz en 1812. Il n'appréciait pas sa musique, s'en disait dérangé et n'eut aucune affinité personnelle avec lui, tant leurs caractères s'associaient mal.
En 1821, il rencontra Felix Mendelssohn, alors âgé de 12 ans, et admira les talents du jeune prodige.

Goethe librettiste

Goethe a longtemps caressé l'idée de se faire librettiste d'opéra. On compte ainsi 20 textes et esquisses d'ouvrages lyriques, soit un cinquième de sa production dramatique totale11. Don Giovanni de Mozart constitue selon lui l'idéal insurpassable vers lequel doit tendre tout opéra. Ainsi dans sa conversation avec Eckermann du 12 février 1829, il s'exclame que la musique de son Faust devrait être dans le style de Don Giovanni, et que, de fait, seul Mozart aurait pu réaliser celle-ci. Mozart obséda d'ailleurs Goethe à un tel point qu'il finit par rédiger une suite de la "Flûte enchantée".
Dans sa jeunesse 1777, avant Don Giovanni, Goethe rédige deux livrets: Erwin und Elmire, une opérette inspirée du "Vicaire de Wakefield", célèbre roman anglais d'Oliver Goldsmith, auquel il ajoute un peu d'intrigue sentimentale à la Werther et Lila accompagné de chants et de danses populaires. Puis, en 1779, Goethe entame une correspondance avec le compositeur allemand Philipp Christoph Kayser. Ainsi s'installe une collaboration qui aboutit à un Singspiel, Plaisanterie, ruse et vengeance Scherz, List und Rache qui s'avère, lors de sa représentation en 1784, un échec total. Le problème dans ces trois livrets consiste en ce que « Goethe, qui n'est pas musicien, reconnaît nécessairement au livret une antériorité dans le temps. Il considère la musique comme ornement du texte, et non le texte comme un prétexte à la musique. Il est donc ainsi aux antipodes de la célèbre formule italienne prima la musica, poi le parole, ce qui l'empêche de développer une collaboration avec des musiciens de première importance, qui, à l'instar de Mozart dans l'Enlèvement au sérail, triomphant l'année même du four de Scherz, List und Rache, préfèrent des livrets médiocres qu'il leur est loisible de modifier à merci. Une nouvelle déconvenue clôt pour un temps son activité de librettiste : en 1786, il entreprend une adaptation d'une comédie de Friedrich Wilhelm Gotter, Le Secret connu de tous, Das öffentliche Geheimnis, elle-même inspirée du Segreto publico de Carlo Goldoni. Il s'agissait d'une adaptation très libre puisque Goethe avait décidé d'emprunter de nombreux éléments au Mariage de Figaro de Beaumarchais. Or, le 1er mai 1786 est créé les Nozze de Mozart, qui va connaître un succès retentissant. Cette conjonction convainc Goethe d'abandonner son ouvrage qui ne peut concurrencer celui de Da Ponte et de Mozart. Mozart avait, pour la seconde fois, précédé Goethe en produisant un chef-d'œuvre incontestable note Dietrich Borchmeyer, commentateur de Goethe.
Goethe fait de nouvelles incursions dans le genre lyrique avec trois opéras, qu'il fait représenter à Weimar au début de la décennie 1790 : Die theatralischen Abenteuer/Les Aventures théâtrales 1790-91, Die vereitelten Ränke/Les Intrigues déjouées et, surtout Circé 1790-94. Ce sont tous trois des adaptations germanisées d'opéras italiens : les deux premiers venant de Domenico Cimarosa L'Impressario in angustie et Le trame deluse quand Circé provient de La Maga Circe de Pasquale Anfossi. Goethe qui tenait ce dernier opéra en assez haute estime "eine immer erfreuliche Oper", "Un Opéra toujours agréable" va lui assurer une certaine popularité en écrivant dans ses annales de 1791 qu'il aurait été mis en musique par Cimarosa et Mozart "Mit Cimarosa's und Mozart's Musik. En fait, il aura simplement été adjoint à cet opéra quatre arias de Mozart, tirées du Schauspieldirektor 1786, pratique courante à une époque où il n'y avait pas encore de notion de paternité littéraire.

Activité et travail scientifique Biologie

Goethe dans la campagne romaine Tischbein - 1786
Goethe s’intéresse à la botanique et publie un essai sur la métamorphose des plantes : Versuch die Metamorphose der Pflanzen zu erklären 1790. Dans celui-ci, Goethe tente d’établir une théorie générale sur la morphologie des végétaux en reconnaissant l’analogie de certaines formes comme les cotylédons, la forme des fleurs ou des feuilles. Il esquisse également une théorie de l’évolution chez les végétaux et relie la morphologie avec la phylogénie. Cette vision est très en avance sur les idées généralement tenues sur les végétaux à son époque. Il est ainsi l’un des premiers, et peut-être le premier à employer le terme de métamorphose en botanique.
Les préoccupations de Goethe dans ce domaine étaient surtout philosophiques. Il cherchait à identifier l'Urpflanze, la plante originelle.
L’arbre fétiche de Goethe était également celui de la ville de Weimar, le Ginkgo biloba. À noter que la ville de Strasbourg regorge de ginkgo biloba : un exemplaire très ancien sur le jardin de la place de la république en face de la BNU, Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg, dans le jardin des plantes, que Goethe observe par ailleurs du haut de son piédestal depuis le jardin de l'université de chimie, jouxtant le jardin botanique, et un peu partout dans les nombreuses allées de la ville,par exemple dans le quartier des archives nationales.

Zoologie et ostéologie

Il s'intéresse à d'autres sciences naturelles et publie sur l’ostéologie, sa découverte de l'os intermaxillaire chez l'homme.

Optique

Spectrum Claire : le système de Newton réfuté par Goethe
Dans son Traité des couleurs, Goethe décrit les couleurs comme issues de la rencontre de la lumière et de l'obscurité, celle-ci n'étant pas une absence de lumière mais existant indépendamment. Cette réification de l'obscurité fait que la théorie de Goethe est rejetée par la physique moderne. Il propose une catégorisation des couleurs couleurs physiologiques, physiques, chimiques, y fait intervenir les notions d'harmonie, du contraste et de différence chromatique, discours sur la couleur se fondant sur l’observation des objets-dans-la-lumière, suivant son expression.
Il s'exprime aussi longuement sur la perception visuelle en affirmant notre différenciation quant à la perspective des éléments verticaux et horizontaux, les premiers semblant plus courts que les seconds, une montagne de 3 000 m semble moins grande qu'une distance vers un objet situé à 3 000 m ; ou la perception déformée et ovale de la Lune basse vers l'horizon.

Géologie

Au long de sa vie, Goethe s'attacha à constituer une collection de minéraux qui, à sa mort, comporta jusqu'à 17 800 éléments. À travers la connaissance individuelle des différentes sortes de minéraux et de roches, il désirait parvenir à une compréhension générale de la composition matérielle de la Terre et de l'Histoire de celle-ci.

Les adaptations musicales des œuvres de Goethe Principaux Lieder

Les poèmes de Goethe eurent un grand succès auprès des compositeurs romantiques, qui se décidèrent à les adapter à une forme musicale connaissant un succès toujours grandissant, le Lied.
C'est le cas par exemple pour des compositeurs contemporains, tels que Karl Friedrich Zelter, Goethe-Vertonungen, Conradin Kreutzer, Gesänge aus Goethes Faust, Karl Loewe, Lieder und Balladen nach Goethe, de Friedrich Kuhlau, Über allen Gipfeln ist Ruh et Domenico Cimarosa, Die Spröde und die Bekehrte, An dem schönsten Frühlingsmorgen.
Suivront également Mozart, Das Veilchen K.476 puis Ludwig van Beethoven avec les opus 83, 112, sur les poèmes Meeresstille et Glückliche Fahrt, 122 In allen guten Stunden, 74 Ich denke dein, 127 Neue Liebe, 131 Der Erlkönig, 134 Nur wer die Sehnsucht kennt et 151, Der edle Mensch sei hilfreich und gut du catalogue WoO de ses œuvres.
Les quelque soixante-dix lieder de Franz Schubert composés sur les poèmes de Goethe sont parmi les plus connus aujourd'hui: ce sont notamment D.118 Gretchen am Spinnrade, D.225 Der Fischer, D.257 Heidenröslein, D.328 Der Erlkönig, D.544 (Ganymed, D.764 Der Musensohn, et les quatre Lieder der Mignon D.877, tirés de Wilhelm Meister.
Robert Schumann composa lui : Liebeslied, Op. 51, No. 5, Singet nicht in Trauertönen, Op. 98a, No. 7, Heiss mich nicht reden, Op. 98a No. 5, Mignon, Op. 98a, No. 1 et Nachtlied, Op. 96, No. 1.
Felix Mendelssohn composa Meeresstille und glückliche Fahrt.
Franz Liszt composa également six lieder, en particulier le Kennst du das Land et le Es war ein König in Thule.
Johannes Brahms composa : Die Liebende schreibt, Op. 47/5, Trost in Thränen Op. 48/5, Dämm'rung senkte sich von oben Op. 59/1, Serenade Op. 70/3 Unüberwindlich Op. 72/5.
Richard Wagner composa les Sieben Kompositionen zu Goethes Faust, Op. 5 Lied der Soldaten, Bauern unter der Linde, Branders Lied, Lied des Mephistopheles, Meine Ruh ist hin, Melodram Gretchens et Lied des Mephistopheles.
Hugo Wolf composa, quant à lui, cinquante Goethe-Lieder.
Alexandre von Zemlinsky composa Zwischen Weizen und Korn Op. 2 no. 5 et Feiger Gedanken bängliches Schwanken Op. 22 no.3.
Vaclav Tomasek composa des Goethe-Lieder.
Richard Strauss composa Sechs Lieder für Singstimme und Klavier Op. 67, Erschaffen und Beleben Op. 87 no. 2, Durch allen Schall und Klang Op. 111 et Xenion Op. 131.
Nikolaï Medtner publia des Goethe-Lieder
Anton Webern composa Four Songs for Voice and Piano dont Gleich und gleich Ein Blumengloeckchen Op. 12, Two Songs avec Weiss wie Lilien et Ziehn die Schafe Op. 19 et Eight Early Songs dont Blummengruss, Der Strauss, den ich.
Anton Rubinstein composa Clärchens Lied Op. 57 et Die Gedichte und das Requiem für Mignon aus Goethe's "Wilhelm Meister's Lehrjahre Op. 91
Alban Berg composa Grenzen der Menschheit.
Béla Bartók composa Wie herrlich leuchtet mir die Natur Liebeslieder.
Alfred Keller composa Quatre Lieder, dont un de Goethe.

Opéras et œuvres vocales


Parmi les opéras inspirés par les œuvres de Goethe, il convient notamment de nommer :
Faust d'Antoni Henryk Radziwiłł en allemand- c'était la première adaptation du "Faust"
Egmont opus 84 de Beethoven
Mignon d'Ambroise Thomas d'après les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister
Werther de Jules Massenet
Faust de Charles Gounod
Mefistofele d'Arrigo Boito
La Damnation de Faust de Hector Berlioz
Les Huit Scènes de Faust de Berlioz, le Faust de Ludwig Spohr, le Docteur Faust de Ferrucio Busoni, la Faust-Symphonie de Franz Liszt, Les scènes de Faust de Robert Schumann, la seconde partie de la Symphonie nº 8 en mi bémol majeur de Gustav Mahler, la Symphonie No. 4 Scènes du Faust de Goethe d'Alexandre Lokchine et la Glückliche Fahrt de Hanns Eisler, peuvent être considérés comme très marqués par l'empreinte du poète sur le mythe du Docteur Faust.

Adaptations contemporaines

Un groupe de rock allemand a pris pour nom Faust, dans les années 1970.
Hubert-Félix Thiéfaine cite Satyros oder Der vergötterte Waldteufel dans sa chanson Diogène série 87
Le groupe allemand Rammstein s'est respectivement inspiré pour ses chansons Dalaï Lama et Rosenrot des poèmes Erlkönig et Heidenröslein de Goethe.
Le groupe rock Beelzebuben Ensemble a sorti un disque / spectacle intitulé Faust - Die Rockoper.
Pierre-Gérard Verny a adapté Goethe dans un opéra jazz : Jazz n'Faust.
Le groupe Gorillaz a composé une chanson intitulée Faust.

Un mauvais procès

On cite souvent, sous des formes diverses, une phrase attribuée à Goethe : Mieux vaut une injustice qu'un désordre, en y voyant le comble du cynisme. Robert Legros, professeur de philosophie à l'Université de Caen et à l'Université libre de Bruxelles, l'a expliquée en la replaçant dans son contexte. Goethe avait dit en réalité en allemand : Es liegt nun einmal in meiner Natur : ich will lieber eine Ungerechtigkeit begehen, als Unordnung ertragen, soit C'est dans ma nature : j'aime mieux commettre une injustice que tolérer un désordre, et dans une occasion bien particulière. À la fin du siège de Mayence 1793, les Français avaient obtenu le droit de quitter la ville sans être inquiétés ; la foule, montée contre eux, voulut pourtant s'en prendre à un capitaine français qu'elle accusait, d'ailleurs à tort, de certains excès. Goethe arrêta tout de suite les manifestants et, interrogé par la suite sur la raison pour laquelle il était venu au secours de ce Français, il répondit par la phrase en question. Elle signifiait, dans ces circonstances, que, quels que fussent éventuellement les torts du capitaine, la foule n'était pas autorisée à se faire justice elle-même : laisser repartir un coupable éventuel était moins grave que le laisser lyncher.

Œuvres Correspondance

Correspondance : Goethe, Carlyle (édition de Charles Eliot Norton ; traduction de Georges Khnopff. – Paris : Éditions du Sandre, 2005. – 183 p., 22 cm.
Claudia Schweizer, Johann Wolfgang von Goethe und Kaspar Maria von Sternberg, Münster 2004

Poésies

Pygmalion 1767
Prométhée Prometheus 1774
Der König in Thule 1774
Chansons de société 1776
Ballades 1787
Le Roi des Aulnes 1782
L'Apprenti sorcier
Élégies romaines 1788 - 1790
Épigrammes vénitiennes 1790
Xénies 1796 avec Schiller
La Fiancée de Corinthe Die Braut von Korinth 1797
Hermann et Dorothée 1798- traduct. de Benjamin Lévy 1881
Achilléide
Le Roman de Renart
Ginkgo biloba 1815
Divan occidental-oriental 1819
Lieds chansons
Odes
Vers inspirés par la vue du crâne de Schiller
Petite Rose
Ephéméride

Romans

Les Souffrances du jeune Werther Die Leiden des jungen Werthers 1774
Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister Wilhelm Meisters Lehrjahre 1796
Les Affinités électives Die Wahlverwandschaften 1809
Les Années de voyage de Wilhelm Meister 1826

Théâtre

J. W. von Goethe en 1779
L'Amant capricieux Die Laune des Verliebten
Goetz de Berlichingen Götz von Berlichingen 1773
Mahomet 1772-1773
Clavigo 1774
Stella 1776
Iphigénie en Tauride 1779
Nausicaa 1787
Egmont 1789
Torquato Tasso
Le Grand Cophte (1790
Le Général citoyen 1793
Les Révoltés 1793
La Fille naturelle 1804
Écrits sur les Lumières et la Philosophie de l'histoire contenant les notes inédites de Goethe à sa traduction du Neveu de Rameau de Diderot 1805, Éditions de l'Épervier, 2010
Faust I 1808 et II 1832, posthume

Autobiographie

Poésie et vérité 1811 - 1833

Ouvrages scientifiques

La Métamorphose des plantes et autres écrits botaniques Versuch die Metamorphose der Pflanzen 1790
Le Traité des couleurs 1810
Œuvres d’histoire naturelle, 1830 traduction en français par Charles François Martins, Paris, A.B. Cherbuliez et Cie, 1837
La Forme des nuages d'après Howard suivi de Essai de théorie météorologique, traduit de l'allemand par Claude Maillard, Premières Pierres, 1999

Textes sur la littérature

Sur le Laocoon 1798
Le Collectionneur et les siens 1798, édition de Carrie Asman, traduction de Denise Modigliani, Paris, Éds. de la MSH, 1999
Maximes et réflexions 1833
Entretiens de Goethe et d'Eckermann 1822 - 1833

Autres

Le Serpent vert, 1795
Voyage en Suisse
Voyage en Italie, trad. fr. Jean Lacoste, 2e éd., Paris, Bartillat, 2003
Campagne de France Goethe 1822 - trad. française par Jacques Porchat 1889
Entretiens d'émigrés allemands - Le Conte 1795 - Éditions Novalis, 1993
Discours en l'honneur de Wieland
Importance de l'individuel
Kotzebue
Sur moi-même ; fragments
Proposition amiable
Fréron
Du goût
Palissot
Piron
Voltaire
La Cène de Léonard de Vinci
Vérité et vraisemblance dans les œuvres d'art
Poésies de Jean Henri Voss
Poésies alémaniques par J-P Hebel
Sans-culottisme littéraire
Traduction de Lucrèce par Knebel
Pour les jeunes poètes
Encore un mot pour les jeunes poètes
Les animaux peints par eux-mêmes

Citations

Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß nichts von seiner eigenen. Qui ne connaît pas de langues étrangères ne sait rien de la sienne.)
Le génie prend son bien où il le trouve. Et encore : Qui suis-je, moi ? Qu'ai-je créé ? J'ai tout reçu, tout accueilli, j'ai assimilé tout ce qui passait à ma portée. Mon œuvre est celle d’un être collectif qui porte un nom : Goethe.
L'homme, de par sa haute perfection organique, ne peut être envisagé comme la mesure des animaux imparfaits, précisément à cause de sa perfection.
Un bon Allemand ne peut souffrir les Français, mais pourtant il boit leurs vins très-volontiers.
Je crois que l'homme rêve uniquement pour ne pas cesser de voir .
L'amour-propre donne à nos qualités aussi bien qu'a nos défauts plus de relief qu'ils n'en ont .


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Posté le : 21/03/2015 17:12
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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