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Pierre Brossolette
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Le 22 mars 1944 meurt, à 40 ans Pierre Brossolette

à l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière dans le 13e arrondissement de Paris, né le 25 juin 1903 dans le 16e arrondissement de Paris, journaliste et homme politique socialiste français, alias Pedro, Brumaire, Bourgat, Bernier, Boutet, Briand, Baron. Agrégé d'histoire, normalien, cacique, il est décoré de la Croix de guerre 1939-1945, Compagnon de la Libération, il reçoit la médaille de la Résistance et de la Légion d'honneur. Marié à la journaliste gilberte Bruel avec qui il a deux enfants : Anne Brossolette et Claude-Pierre Brossolette. Il fut un des principaux dirigeants et héros de la Résistance française.

En bref

Né à Paris le 25 juin 1903 dans une famille d'enseignants républicains, Pierre Brossolette entre premier à l'École normale supérieure en 1922. En juin 1925, il est reçu deuxième à l'agrégation d'histoire.
Au long des années 1920, Pierre Brossolette milite assidûment pour la Société des Nations, le rapprochement franco-allemand et l'idée de fédération européenne. Il fait partie des groupes de jeunes intellectuels proches du radicalisme qui réfléchissent à la modernisation administrative, économique et sociale de la France. Entré à la Grande Loge de France en 1927, membre de la Ligue des droits de l'homme et de la L.I.C.A. Ligue internationale contre l'antisémitisme, il se signale très tôt par ses engagements humanistes.
Déçu par le manque d'ambition réformatrice du Parti radical, il adhère à la S.F.I.O., fédération de la Seine, au printemps de 1930. De 1932 à l'été de 1939, et malgré ses échecs aux élections cantonales de 1934 et législatives de 1936, il milite activement à la tête de la fédération socialiste de l'Aube. Membre successivement du groupe planiste Révolution constructive, de la Bataille socialiste, puis de la tendance Agir des antimunichois de la S.F.I.O., il participe aux difficiles débats doctrinaux qui agitent son parti dans les années 1930.
Devenu journaliste dès 1926, il s'impose comme un spécialiste de la politique internationale, dans les colonnes, notamment, de Notre Temps, de L'Europe nouvelle et du Populaire, ainsi qu'au micro de la radio d'État de l'automne de 1936 à l'hiver de 1939. Hostile au fascisme italien dès 1927, avertissant ses lecteurs contre le nazisme à partir de 1930, lucide sur la diplomatie soviétique, la duplicité germano-italienne en Espagne et la stratégie nazie en Europe centrale, il met cependant près de dix années pour renoncer définitivement aux idéaux briandistes. De l'automne de 1938 à la déclaration de guerre, cet antimunichois farouche se signale en revanche par son discours très ferme en faveur de l'esprit de résistance.
Patriote et conscient du caractère mondial de la lutte pour la liberté, désireux de lutter contre le nazisme et le régime de Vichy, Pierre Brossolette rejoint le groupe de résistance dit du Musée de l'Homme en mars 1941 puis entre en contact avec les socialistes résistants de la zone occupée. Membre du réseau de la Confrérie Notre-Dame du colonel Rémy en novembre 1941, il établit la liaison entre Londres et les deux principaux mouvements de résistance du nord de la France, l'O.C.M. Organisation civile et militaire et Libération-nord durant l'hiver de 1941-1942 ; en zone libre, il a des contacts avec les mouvements Combat et Libération-sud, ainsi qu'avec le groupe Pierre Bertaux à Toulouse.
Parvenu à Londres au printemps de 1942, fort de son expérience politique, de son incontestable patriotisme et de son statut de précurseur de la Résistance, riche de son excellente connaissance du combat de l'ombre et de la France occupée, cet intellectuel brillant et charismatique s'impose rapidement parmi les décideurs de la France libre. Le 1er octobre 1942, il devient numéro deux des services secrets de la France combattante, le Bureau central de renseignements et d'action, B.C.R.A.. Compagnon de la Libération et membre du Conseil de l'ordre dès octobre 1942, il appartient au saint des saints des forces gaullistes, sans abdiquer pour autant sa lucidité sur l'homme du 18 juin.
Après avoir été, durant l'automne de 1942, au sein du B.C.R.A., l'un des meilleurs alliés de Moulin alors en mission en zone sud, il repart pour la France le 27 janvier 1943. Il coordonne l'action civile et militaire des cinq plus importants mouvements de résistance de zone nord, favorisant la formation, en mai 1943, du Conseil national de la Résistance et de l'état-major de l'Armée secrète. Candidat malheureux à la succession de Jean Moulin, il revient en France le 19 septembre 1943 pour renforcer et améliorer l'organisation civile et paramilitaire de la Résistance intérieure et préparer la Libération. Arrêté le 3 février 1944, torturé, il se suicide le 22 mars sans avoir parlé.
Persuadé qu'à la Libération la France renaîtrait naturellement aux libertés et à la démocratie partisane, Pierre Brossolette se signale par la constance de sa réflexion pour la rénovation politique, économique et sociale de son pays. Engagé sous la bannière gaulliste le temps de la guerre, il persiste, à titre personnel, dans son engagement socialiste.
D'article en conférence publique, ainsi qu'au micro de la B.B.C., il est l'ardent promoteur de l'entreprise gaullienne. Dénonçant régulièrement Vichy et la collaboration, il milite en faveur de l'union des résistants derrière Charles de Gaulle, tout en évoquant une France nouvelle, régénérée dans ce qu'il appelle l'esprit de la Résistance. Plus encore peut-être, il est le chantre inspiré de l'épopée française combattante et de l'action des Soutiers de la gloire, selon l'expression qu'il emploie le 22 septembre 1942 pour désigner les résistants anonymes.
Pourtant exemplaire de l'infime minorité qui sut s'extraire du désastre de 1940 et s'opposer, puis devenu l'un des principaux artisans de l'unification de la Résistance française, Pierre Brossolette connaît un destin posthume contrasté. Dès la fin de la guerre et pendant près de vingt années, il s'impose dans les mémoires françaises comme l'une des grandes figures de la Résistance. L'entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon, le 19 décembre 1964, rejette soudainement sa mémoire dans l'ombre. Depuis 1984, le renouvellement de l'historiographie de la Résistance et deux commémorations nationales, à l'occasion des quarantième et cinquantième anniversaires de sa mort, ont rendu à son souvenir une place plus conforme à ce que fut son œuvre en Résistance. Cette place est confirmée avec la décision prise en février 2014 par le président de la République François Hollande de transférer ses cendres au Panthéon, avec celles de trois autres figures qui ont incarné l’esprit de la résistance, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Jean Zay. Guillaume Piketty

Sa vie

Fils de Léon Brossolette, inspecteur de l'enseignement primaire à Paris et ardent défenseur de l'enseignement laïque au début du XXe siècle, neveu de Francisque Vial, directeur de l'enseignement secondaire, il entre premier à l'École normale supérieure en 1922. Ses deux sœurs ainées, Suzanne et Marianne, sont toutes deux agrégées, fait rare à l'époque. Cacique de sa promotion, il est reçu seulement deuxième à l'agrégation d'histoire, derrière Georges Bidault, à la suite d'un petit scandale. À l'issue de son service militaire, il épouse en 1926 Gilberte Bruel, avec qui il aura deux enfants, Anne et Claude, et qui, après la libération, deviendra la première femme sénateur en France. Il se lance peu après dans le journalisme.
Membre de la Ligue des droits de l'homme, de la Ligue internationale contre l'antisémitisme et de la Grande Loge de France où il est initié le 22 janvier 1927 à la loge Émile Zola, il sera ensuite reçu dans les hauts grades maçonniques dans la loge La Perfection latine du Suprême Conseil de France et s'affiliera également à la loge du Grand Orient de France L'Aurore sociale, de Troyes. Il adhère à la Section française de l'Internationale ouvrière SFIO en 1929.
Il se présente d'abord aux élections cantonales puis à la députation de l'Aube6 sous l'étiquette du Front populaire en 1936 sans succès, et entre au cabinet du Ministère des Colonies.
D'abord fervent défenseur des idéaux pacifistes et européens d'Aristide Briand, ses conceptions évoluent à partir de 1938 lorsqu'il prend conscience de la réalité de la menace nazie et de l'inévitabilité de la guerre.
Journaliste au sein de plusieurs journaux, l'Europe nouvelle, le Quotidien, le Progrès civique, les Primaires, Notre Temps, Excelsior, Marianne et à la Terre Libre, ainsi que celui de la SFIO Le Populaire, où il est rédacteur de politique étrangère ; il travaille également pour Radio PTT, dont il est licencié en janvier 1939 lorsqu'il s'oppose dans une émission aux accords de Munich.

Résistance


Au début de la Seconde Guerre mondiale, il rejoint l'armée avec le grade de lieutenant au 5e régiment d'infanterie Navarre, est promu capitaine avant la défaite de la France et est décoré avec la première Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de Bronze, le 11 juillet 1940, en raison de son attitude au cours de la retraite de son unité. Hostile au régime de Vichy, il rejoint le Groupe du musée de l'Homme présenté à Jean Cassou par Agnès Humbert, écrit le dernier numéro du journal Résistance du mouvement et échappe de peu à son démantèlement.
Démobilisé fin août, il achète avec son épouse une librairie, au 89 rue de la Pompe à Paris, qui servira de couverture à ses activités de résistance. Début 1941, par l'intermédiaire d'Agnès Humbert, il entre au réseau du Musée de l'Homme et collabore au journal Résistance, dont il devient le rédacteur en chef. Le réseau Musée de l'Homme ayant été démantelé, Brossolette entre en contact avec le colonel Rémy et son réseau de renseignements, la Confrérie Notre-Dame, qui le rapproche de la France libre. Il adhère à Libération Nord.
À Londres à partir d'avril 1942, il rédige plusieurs rapports pour le Bureau central de renseignements et d'action BCRA et rencontre à plusieurs reprises le général de Gaulle, qui en fait son conseiller politique. Porte-parole des combattants de l'ombre sur les ondes de la BBC, il évoque le 22 septembre, les soutiers de la gloire

Puis, il participe à la formation des groupes de résistance Libération-Nord et Organisation civile et militaire dans la zone occupée et devient, après sa rencontre avec le Colonel Rémy, chef de la section presse et propagande de la Confrérie Notre-Dame sous le nom de code Pedro parce qu'il a quelque chose d'espagnol dans le regard selon Rémy.
Quand le régime de Vichy lui interdit d'enseigner, Brossolette et son épouse rachètent une librairie russe à Paris, au 89 rue de la Pompe, qui sert de lieu de rencontre et de boîte aux lettres pour les résistants. Dans la bibliothèque tournante dans le sous-sol, plusieurs documents ont été échangés pendant cette période dont les plans de l'usine Renault.
En avril 1942, Brossolette entreprend un voyage à Londres en tant que représentant de la Résistance pour rencontrer Charles de Gaulle. Il travaille dès lors, promu commandant, pour les services secrets de la France Libre, le Bureau central de renseignements et d'action BCRA, en liaison avec la section RF du Special Operations Executive SOE britannique.
À la suite de deux perquisitions successives effectuées par les autorités allemandes à son domicile à Paris en mai 1942, il vend la librairie, fait franchir à sa famille la ligne de démarcation en juillet 1942, navigue vers Gibraltar en felouque et sa famille parvient à Londres en cargo. Il continue la résistance seul en France tandis que Gilberte Brossolette assure la liaison entre le Commissariat à l'Intérieur de la France libre et la BBC.
Le 1er octobre 1942, il prend la tête de la section opératoire, service chargé de faire le lien entre les résistances extérieure et intérieure. Il est parachuté à trois reprises en France, la deuxième fois en janvier 1943 avec André Dewavrin, alias le colonel Passy, et Forest Yeo-Thomas alias Shelley, agent du SOE surnommé familièrement le Lapin Blanc. Ils vont parvenir à unifier l'ensemble des mouvements de résistance de la Zone Occupée, dans le cadre de la mission Arquebuse-Brumaire du nom de code de Passy et Brossolette.
Pierre Brossolette est aussi le porte-voix à Londres des combattants de l'ombre. Dans un discours à la BBC le 22 septembre 1942, il rend un vibrant hommage aux soutiers de la gloire, expression qui deviendra par la suite usitée. Il prendra la parole à 38 reprises au micro de la BBC en remplacement de Maurice Schumann et écrira des articles, dont un dans La Marseillaise qui par la suite sera considéré par certains comme un des textes fondateurs du gaullisme de guerre.

Mission Brumaire-Arquebuse

Affecté au BCRA, Brossolette devient l'adjoint du colonel Passy et prend, le 1er octobre 1942, la tête du service chargé de faire le lien entre les résistances extérieure et intérieure. Du 26 janvier au 16 avril 1943, il effectue, en coopération avec le colonel Passy et le Britannique Yeo Thomas, la mission Brumaire-Arquebuse, au cours de laquelle il est chargé de séparer en zone nord le renseignement de l'action militaire ; il prend l'initiative de créer un Comité de coordination de zone nord avec l'idée de faire pendant avec celui que préside Jean Moulin en zone sud.
Militant pour un gaullisme rassembleur, très ouvert, Brossolette entend réunir l'ensemble des familles politiques et spirituelles françaises autour du général de Gaulle, à l'exclusion des partis politiques qui, selon lui, avaient failli en ne parvenant pas à empêcher la catastrophe de 1940. Son souhait était de préparer la Libération en rassemblant, dans la Résistance, et derrière le général de Gaulle, outre les mouvements de résistants, les représentants non compromis avec l'occupant et/ou avec Vichy de ce qu'il appelait les grandes familles spirituelles de la France.
Cette conception s'affronte à celle du Conseil national de la Résistance

Arrestation

Le général De Gaulle le nomme Compagnon de la Libération, le 17 octobre 1942.
Après avoir échappé plusieurs fois à des arrestations, Brossolette veut rentrer à Londres pour présenter au Général De Gaulle le nouveau délégué général du CFLN auprès du CNR, Émile Bollaert. Plusieurs tentatives d'exfiltration par Lysander échouent. Brossolette et Bollaert décident de rentrer par bateau. Le 3 février 1944, partant de l'Île-Tudy, la pinasse le Jouet des Flots qui doit les conduire à une frégate britannique au large de l'île de Sein fait naufrage à cause du mauvais temps près de la pointe du Raz, s'échouant à Feunteun Aod en Plogoff. Les deux chefs de la Résistance ainsi qu'une trentaine d'hommes, marins et aviateurs alliés échouent sur la côte, où ils sont accueillis par la résistance locale. Lors d'un barrage de routine, alors qu'ils arrivent à Audierne dans une voiture à gazogène, ils sont dénoncés par une collaboratrice, contrôlés par un poste volant de la Wehrmacht et emmenés en prison à Rennes, siège de la Kommandantur locale.
Plusieurs semaines passent sans qu'ils soient reconnus. Finalement, Ernst Misselwitz, Hauptscharführer du Sicherheitsdienst, ou SD se rend sur place en personne pour identifier Brossolette et Bollaert et les fait transférer, le 19 mars, au quartier général de la Gestapo à Paris, 84 avenue Foch. On sait aujourd'hui à travers le témoignage de Roger Lebon Roussel, 2011 que son identité a été découverte à la suite d'une imprudence de la part de la Délégation générale à Paris représentée par Claude Bouchinet-Serreules et Jacques Bingen sous la forme d'un rapport semi-codé rédigé par les services de Daniel Cordier qui aurait été intercepté sur la frontière espagnole, alors que son grand ami Yeo-Thomas se trouvait déjà parachuté solo en urgence à Paris depuis le 25 février pour préparer une évasion audacieuse de la prison de Rennes en uniforme allemand avec l'aide de Brigitte Friang. Les deux amis seront eux aussi capturés dans les jours suivants à la suite du démantèlement de nombreux réseaux parisiens consécutifs à l'affaire dite de la rue de la Pompe siège de la Délégation générale et aux aveux de Pierre Manuel Seaman, 1997.

Mort


Pour les faire parler, Pierre Brossolette et Émile Bollaert sont torturés. Le 22 mars, pendant la pause-déjeuner de son gardien, il se jette du cinquième étage de l'immeuble afin de ne rien révéler à l'ennemi. Brossolette se serait levé de sa chaise, menotté dans le dos, aurait ouvert la fenêtre de la chambre de bonne dans laquelle il était enfermé, et serait tombé d'abord sur le balcon du 4e étage et ensuite devant l'entrée de l'immeuble côté avenue. Gravement blessé, il succombe à ses blessures vers 22 heures à l'hôpital de la Salpêtrière, sans avoir parlé.
Le 24 mars, il est incinéré au cimetière du Père-Lachaise, et ses cendres attribuées à l'urne du colombarium division 87 numérotée 3913, même si elle est marquée "inconnu" . L'autre urne 3920 est non attribuée, alors que pendant longtemps on a pensé qu'il s'agissait de celle d'un autre résistant Jacques Delimal et même que les deux urnes pouvaient avoir été échangées. L'urne funéraire de Jacques Delimal se trouve depuis le début des années 1970 dans le cimetière de Passy auprès de membres de sa famille.

Ligne politique

Pierre Brossolette est très critique vis-à-vis de la IIIe République qu'il rend responsable de la défaite, et estime que la Libération à venir devra être l'occasion d'une profonde rénovation démocratique, notamment par la naissance d'un grand parti de la Résistance appelé à réaliser une politique de transformation sociale ambitieuse. Un programme commun très proche de ces aspirations est élaboré par le Conseil national de la Résistance en mars 1944, le mois de la mort de Brossolette.
Cette critique de la Troisième République est le principal sujet de discorde avec Jean Moulin et lui vaut par ailleurs l'opposition des partis, soucieux de leur propre survie. Ainsi, à la veille de son arrestation, Brossolette est exclu de la SFIO par Daniel Mayer et Gaston Defferre, décision qui n'est pas appliquée à cause de sa disparition. Si dans un premier temps la IVe République renoue avec les mœurs de la IIIe, l'avènement de la Ve République représente pour certains l'application a posteriori des idées de Brossolette sur l'après-guerre.
En effet, le projet d'un grand parti rassemblé autour de De Gaulle pour gérer l'immédiat après-guerre et limiter les dégâts prévisibles d'une épuration incontrôlée est vivement critiqué et soupçonné même de dérives fascisantes. De Gaulle, conscient des soupçons d'autoritarisme qui pesaient déjà sur lui, tranchera pour la représentation des partis au sein du CNR et, partant, pour la réhabilitation du système parlementaire de la IIIe République, donnant ainsi gain de cause à Jean Moulin. Ce choix aura des conséquences importantes sur l'image de ces deux grands chefs de la Résistance et de leur place dans la mémoire nationale.
Ainsi s'opposent a posteriori l'image d'un Jean Moulin homme d'État proche du radicalisme d'avant-guerre, défenseur des valeurs républicaines et de la démocratie, voire du statu quo, et celle, complexe, d'un Pierre Brossolette homme politique certes visionnaire, précurseur du gaullisme qu'il bâtissait en doctrine, selon De Gaulle lui-même dans ses mémoires bien que socialiste, dénonciateur féroce des dangers fasciste et communiste avant la guerre mais partisan de méthodes radicales.
Cependant son idée d'un parti unique issu de la Résistance ne devait servir qu'à réorganiser l'après-guerre et il aurait envisagé de créer lui-même un nouveau parti de gauche, travailliste sur le modèle anglo-saxon donc non marxiste ou en tout cas réformiste. Pour cela, Brossolette avait travaillé sur une ambitieuse critique du marxisme pendant ses missions, que sa stature d'intellectuel, normalien de haut vol permettait de croire respectable ; ce document aurait été jeté par-dessus bord lors du naufrage sur les côtes bretonnes ayant amené son arrestation.

Reconnaissance, décorations

Croix de guerre 1939-1945, le 11 juillet 1940, avec Étoile de Bronze.
Compagnon de la Libération, décret du 17 octobre 1942 et nommé membre du Conseil de l'Ordre de la Libération
Médaille de la Résistance avec rosette, décret du 6 avril 1943, et nommé parmi les quatre premiers membres de la Commission nationale de la Médaille de la Résistance
Croix de guerre 1939-1945, le 25 mai 1943, avec Palme de Vermeil.
Chevalier de la Légion d'honneur, décret du 19 avril 1945
Hommage de la Nation à la mémoire et transfert des cendres au Panthéon ; décret du président de la République en date du 7 janvier 2015.

Monuments

À Narbonne-Plage, un monument mémorial éolien unique en son genre atteste de sa popularité dans l'immédiate après-guerre et marque l'emplacement de son exfiltration par la felouque Seadog11.
À Saint-Saëns, une stèle commémore la première exfiltration par Lysander vers Londres.
à Plogoff,au lieu-dit Feunteun Aod, appelé aussi l'enfer de Plogoff, endroit ou la pinasse le Jouet de Flots s'est échouée une stèle rappelle l'exfiltration manquée vers l'Angleterre avant son arrestation.
Des immeubles comme celui de l'ancienne librairie rue de la Pompe, ainsi que la cour du Lycée Janson-de-Sailly ; de sa résidence rue de Grenelle ; de son lieu de naissance rue Michel-Ange ; la Maison de Radio France et la cour d'honneur du Ministère de l'Intérieur rue des Saussaies affichent des plaques commémoratives.
Son nom est mentionné sur une plaque au sol du Panthéon.
Bertrand Delanoë a inauguré le 27 janvier 2014 la Pelouse Pierre-Brossolette devant le 84-86 avenue Foch où siégeaient les services secrets de la SD et la Gestapo. Pierre Brossolette s’y était donné la mort sans avoir parlé le 22 mars 1944.

Mémoire

Si Brossolette, dans l'immédiat après-guerre, pouvait encore être considéré par beaucoup comme la principale figure de la Résistance de par son action en Zone occupée Paris et de par sa notoriété d'homme public, l'entrée au Panthéon des cendres de Jean Moulin en 1964 le reléguera à une place de héros d'un parti SFIO/PS et permettra de cristalliser le mythe d'une Résistance unie sous un seul chef à l'image de la France Libre, dans le contexte historique ayant abouti à la création de la Cinquième République.
Plus tard, lors de l'avènement des socialistes au pouvoir en 1981, le choix de François Mitterrand d'honorer Jean Moulin lors de la cérémonie du Panthéon au lieu de réhabiliter la mémoire de Pierre Brossolette achèvera de le reléguer à une seconde place, cette fois-ci également auprès de la gauche elle-même. Ainsi en attesteront, en plus de la commémoration discrète des 50 ans de sa disparition en 1994, les célébrations modestes du centenaire de sa naissance en 2003 et de celui de la SFIO/PS 2005. À l'occasion, un haut responsable issu de la jeunesse socialiste aujourd'hui secrétaire-général du PS, Harlem Désir, en arrivera, de manière anecdotique mais révélatrice de cette perte de mémoire, citer Jean Moulin, pourtant jamais inscrit au parti et par ailleurs réputé radical ou tout au plus radical-socialiste, comme principale figure de son centenaire.
En 2013, l'historienne Mona Ozouf préside un comité dont l'objectif est le transfert des cendres de Pierre Brossolette au Panthéon. Le 21 février 2014, le président François Hollande annonce15 le transfert de ses cendres au Panthéon aux côtés des résistantes Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion ainsi que de l'ex-ministre Jean Zay. L'entrée au Panthéon est prévue le 27 mai 2015.

Utilisation de son nom

Première série de timbre-poste "Héros de la Résistance", 1957.
Le nom de Pierre Brossolette est aujourd'hui plus connu en France que l'homme lui-même et ses réalisations, en vertu du grand nombre de rues – près de 500, voir ci-dessous, dont plus d'une centaine dans le Grand Paris –, établissements scolaires et espaces publics qui portent son nom. Une exception notable est Lyon, ce qui illustrerait les rivalités des deux Zones, dans la mesure où aucune rue Jean Moulin n'avait été baptisée à Paris jusqu'en 1965.
À Paris, en décembre 1944, la rue de Courcelle-Seneuil, entre la rue Jean-Calvin et la rue Érasme et proche de l'ENS Ulm, a été rebaptisée rue Pierre-Brossolette17. Il s'agit d'une des très rares rues portant un nom du XXe siècle dans le Quartier Latin, avec la rue Pierre-et-Marie-Curie.
À Marseille, une place porte le nom de Pierre Brossolette, dans le 4e arrondissement de la ville. Ainsi que dans la ville de Torcy, on peut trouver une rue Pierre Brossolette.
Pierre Brossolette a fait l'objet d'un timbre de la première série de timbres-poste sur les Héros de la Résistance en 1957.
La promotion 2003 d'élèves officiers du 4e bataillon de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr a choisi Pierre Brossolette comme parrain et créé un chant de promotion à l'occasion.
La Grande Loge de France, a baptisé son cercle de conférences publiques d'après Condorcet-Brossolette et a donné le nom de Pierre Brossolette à son Grand Temple pour honorer sa mémoire. Une de ses loges à Paris porte le nom Pierre Brossolette, Compagnon de la Libération .

Opérations et missions

Opération Bridge pour le réseau CND - Nuit du 27 au 28 avril 1942 - 1,5 km est de Saint-Saëns - 1re exfiltration - Lysander - avec Jacques Robert
Opération Python - Nuit du 3 au 4 juin 1942 - Chalon-sur-Saône - parachutage blind - avec Jacques Robert
Opération Leda - 5 septembre 1942 - Narbonne - 2e exfiltration - felouque Seadog - avec Charles Vallin
Opération Atala - 26 au 27 janvier 1943 - terrain MARABOUT, près d'Issoudun - Lysander - seul
Mission Brumaire - Janvier-avril 1943 - avec André Dewavrin mission Arquebuse et Forest Yeo-Thomas opération SEAHORSE du SOE, section RF
Opération Liberté/Juliette - 15 au 16 avril 1943 - terrain PAMPLEMOUSSE, près de Rouen - 3e exfiltration - Lysander - avec André Dewavrin et Forest Yeo-Thomas
Voyage à Alger - 13 août 1943 - 3 septembre 1943
Opération Bomb - 18 au 19 septembre 1943 - terrain SERIN, près d'Angoulême - Lysander - déposé avec Forest Yeo-Thomas
Mission Marie-Claire - Septembre 1943 - février 1944
Opération Sten - 10 au 11 décembre 1943 - annulée Lysander abattu - avec Émile Bollaert

Mots célèbres

Pour les Français, la guerre sera finie quand ils pourront voir ce film Autant en emporte le vent et lire Le Canard enchaîné. - à Jean-Pierre Melville devant le cinéma Ritz à Londres, repris tel quel par Luc Jardie, personnage interprété par Paul Meurisse dans le film L'Armée des ombres réalisé en 1969.
À côté de vous, parmi vous, sans que vous le sachiez toujours, luttent et meurent des hommes — mes frères d'armes —, les hommes du combat souterrain pour la libération. Ces hommes, je voudrais que nous les saluions ce soir ensemble. Tués, blessés, fusillés, arrêtés, torturés, chassés toujours de leur foyer; coupés souvent de leur famille, combattants d'autant plus émouvants qu'ils n'ont point d'uniformes ni d'étendards, régiment sans drapeau dont les sacrifices et les batailles ne s'inscriront point en lettres d'or dans le frémissement de la soie mais seulement dans la mémoire fraternelle et déchirée de ceux qui survivront; saluez-les. La gloire est comme ces navires où l'on ne meurt pas seulement à ciel ouvert mais aussi dans l'obscurité pathétique des cales. C'est ainsi que luttent et que meurent les hommes du combat souterrain de la France. Saluez-les, Français ! Ce sont les soutiers de la gloire. - 22 septembre 1942, BBC, Londres
Mon Général, […] Il y a des moments où il faut que quelqu'un ait le courage de vous dire tout haut ce que les autres murmurent dans votre dos avec des mines éplorées. Il y a des sujets sur lesquels vous ne tolérez aucune contradiction, aucun débat même. Ce sont d'ailleurs, d'une façon générale, ceux sur lesquels votre position est le plus exclusivement affective, c'est-à-dire ceux précisément à propos desquels elle aurait le plus grand intérêt à s'éprouver elle-même aux réactions d'autrui … Dans votre entourage, les moins bons n'abondent que dans votre sens ; les pires se font une politique de vous flagorner ; les meilleurs cessent de se prêter volontiers à votre entretien. Vous en arrivez ainsi à la situation, reposante au milieu de vos tracas quotidiens, où vous ne rencontrez plus qu'assentiment flatteur. Mais vous savez aussi bien que moi où cette voie a mené d'autres que vous dans l'histoire, et où elle risque de vous mener vous-même - lettre au Général de Gaulle, 2 novembre 1942
Ce qu'ils étaient hier, ils ne se le demandent point l'un à l'autre. Sous la Croix de Lorraine, le socialiste d'hier ne demande pas au camarade qui tombe s'il était hier Croix-de-Feu. Dans l'argile fraternelle du terroir, d'Estiennes d'Orves et Péri ne se demandent point si l'un était hier royaliste et l'autre communiste. Compagnons de la même Libération, le père Savey ne demande pas au lieutenant Dreyfus quel Dieu ont invoqué ses pères. Des houles de l'Arctique à celles du désert, des ossuaires de France aux cimetières des sables, la seule foi qu'ils confessent, c'est leur foi dans la France écartelée mais unanime.... ce qu'ils nous demandent ce n'est pas de les plaindre, mais de les continuer. Ce qu'ils attendent de nous, ce n'est pas un regret, mais un serment. Ce n'est pas un sanglot, mais un élan" - Hommage aux morts de la France Combattante, 18 juin 1943 - Albert Hall, Londres

Articles et discours

Mussolini condamne et la monarchie et la dictature – Le Quotidien, 8 février 1927
La politique internationale États-Unis d’Europe – Notre Temps, 20 novembre 1927
Le pessimisme de notre temps – Notre Temps 15 mai 1930
La grande querelle des russophiles et des russomaques – La Jeune Europe, 1er mars 1931
Pour les moins de trente ans d’aujourd’hui – Notre Temps, 2-9 juillet 1933
Le conflit italo-éthiopien: entre la guerre et la paix – La Terre Libre, 7 septembre 1935
Quand se posera le problème de la zone démilitarisée du Rhin – L’Europe Nouvelle, 22 février 1936
Un parti de titans – 34e Congrès national SFIO, juillet 1937
Comment empêcher les progrès de la violence dans le monde – La Terre Libre, 4 septembre 1937
La montée des périls – L’Europe Nouvelle, 6 novembre 1937
Une joie: la paix. Une douleur : la capitulation, Le Populaire de l’Aube, octobre 1938
La Catalogne a succombé – Le Populaire, 6 février 1939
Le coup de théâtre du Kremlin – Le Populaire, 23 août 1939
Éloigne du micro par une intolérable brimade – Radio Liberté, 10 février 1939
Éditorial - Résistance, Bulletin officiel du Comité national de Salut Public, 25 mars 1941
Rapport politique, 28 avril 1942 soumis à Charles de Gaulle lors de leur premier entretien
Saluez-les, Français ! Ce sont les soutiers de la gloire, BBC - Radio Londres, 22 septembre 1942
Renouveau politique en France – La Marseillaise, 27 septembre 1942
Lettre au général de Gaulle, 2 novembre 1942
Ce qu’ils pensent – La Marseillaise, Londres, 6 décembre 1942
Hommage au Général de Gaulle – Résistance, 2 mars 1943
Voici l’union, Discours à la BBC – Radio Londres, le 4 juin 1943
Le chemin à Suivre, BBC Radio Londres, 12 juin1943
Lecture Recommandée, BBC – Radio Londres, 15 juin 1943
Hommage aux morts de la France combattante – 18 juin 1943, Albert Hall, Londres
Terreur sur la France – BBC – Radio Londres, 29 juin 1943
L’unité de l’empire – BBC – Radio Londres, 2 juillet 1943


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Posté le : 21/03/2015 17:26
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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