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Traité de Meaux, annexion du Languedoc 2
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La grande offensive anti-cathare Le drame de Montségur

Noyau hérétique identifié, Montségur devient alors le principal objectif des armées d’Hugues des Arcis, sénéchal de Carcassonne, appuyées par les hommes de l’archevêque de Narbonne et de l’évêque Durand d’Albi. Commencé en avril-mai 1243, le siège de la forteresse, marqué surtout par de brefs combats et embuscades puis poursuivi par de longues négociations, s’achève en février 1244 après l’occupation d’une crête voisine du château. La reddition de la forteresse le 15 mars 1244 met fin à un long siège et se solde par la disparition du principal refuge de la hiérarchie cathare. Seuls ceux qui feront profession de foi catholique pourront sortir libres de la place forte. Quant aux autres, ils seront condamnés à mourir. Plus de deux cents cathares seront ainsi brûlés le 16 mars 1244 au pied des remparts tandis que les inquisiteurs, sous la direction du dominicain Ferrer, devenu officiellement inquisiteur de Toulouse après les événements d’Avignonet, interrogent les otages et les survivants selon une procédure inquisitoire originale rapportée dans les dépositions de Montségur qui nous sont parvenues. Ce registre que laisse Ferrer sera le premier registre d’inquisition qui adopte un style dans la forme et l’organisation des dépositions. Ce sera cette norme de rédaction que Rome approuvera dans les années suivantes. C’est aussi le premier document qui, en marge des dénonciations et des accusations diverses habituellement rencontrées dans les dépositions, apporte les informations les plus intéressantes sur la vie quotidienne des cathares à Montségur, leurs rites religieux et les événements marquants de l’histoire du mouvement dissident durant les précédentes années.
Un catharisme résistant

Les dernières solidarités familiales

À la suite de la chute de Montségur, le Lauragais subit de nouveau la présence inquisitoriale avec Bernard de Caux et Jean de Saint-Pierre. L’enquête menée par l’Inquisition conclue paradoxalement à une présence hérétique relative qui ne touche plus que 10 à 15 % de la population, dans une région pourtant fortement cathare dans les premières années du XIIIe siècle. Plus de 5 000 personnes seront interrogées par les inquisiteurs dans une centaine de localités de la région. Décapité par la chute de Montségur, le catharisme subit un quadrillage serré de la part de l’Institution qui se professionnalise. Les cathares clandestins et leur hiérarchie émigrent par vagues successives vers la Lombardie. Par ailleurs, la procédure inquisitoriale, construite et codifiée par les conciles provinciaux successifs, de Narbonne en 1235 à Valence en 1248, se normalise au travers des manuels rédigés par des inquisiteurs pour leurs collègues. Fort de la série d’enquêtes sur Cahors, Agen, Toulouse et le Lauraguais entre 1243 et 1247, l’inquisiteur Bernard de Caux élabore en 1249 un système de procédure inquisitoriale qu’il présente sous la forme d’un manuel, le Processus Inquisitionis. Dans cet ouvrage, à la demande du pape Innocent IV, l’inquisiteur précisera les usages et les règles suivis par l’Inquisition dans le midi de la France et proposera un processus type, procès-verbal d’interrogatoire basé sur une énumération de visiones détaillées, permettant d’établir par le tribunal la liste précise des délits du déposant. Les dépôts d’archives et les tribunaux annexes de l’Inquisition jouent progressivement un rôle déterminant dans la poursuite et l’arrestation des communautés hérétiques, malgré les attaques contre l’Inquisition. Les dissidents en sont conscients. En 1248, on apprend ainsi par une bulle pontificale qu’un clerc et qu’un courrier de l’Inquisition ont été assassinés à Caunes et leurs registres détruits.
La recherche de l’aveu devient une priorité pour l’inquisiteur qui, plutôt que la preuve par témoin, préfère utiliser la détention, devenue une pénitence canonique pour la participation active à l’hérésie. Ce sont les "mur large" cellule commune et "mur étroit" cellule plus petite et chaînes pour le prisonnier que l’on retrouve dans les prisons inquisitoriales carcassonnaises à la fin du XIIIe siècle. La pratique de la torture, autorisée en mai 1252 par le pape Innocent IV est modérée et le personnel inquisitorial sincèrement peu convaincu de ses résultats. Outils non négligés par l'Inquisition, les informateurs jouent leur rôle dans la traque de l’hérétique. Ce sont parfois d’anciens Cathares "retournés" par les inquisiteurs, tristes personnages comme Arnaud Sicre, proche de l’Inquisition dès 1274, Arnaud Pradier, ancien diacre cathare, Bernard de Lagarrigue, ancien fils majeur de la secte en l’Albigeois ou encore Sicard de Lunel, qui feront tomber jusqu’au début du XIVe siècle les principaux dignitaires hérétiques, infiltrant les communautés clandestines et les réseaux de la diaspora cathare. Le premier, notaire et témoin, cathare converti, sera un des plus constants informateurs de Jacques Fournier et sera félicité en 1322 par les inquisiteurs Jean de Beaune et Bernard Gui.
Le dernier cité, ancien cathare de l’Albigeois, converti et résidant à Toulouse aux frais de l’Inquisition, apparaîtra à plusieurs reprises dans les dépositions comme informateur et conseiller pour l’institution jusqu’en 1284.

Ce n’est plus le temps des comtes, c’est le temps du roi

Si les évêques obtiennent momentanément le contrôle des enquêtes inquisitoriales après 1251, leur incompétence fait revenir les Dominicains dans le giron de l’institution répressive, avec le soutien du pape Alexandre IV. Les évêques sont en effet trop occupés par leur charge pour gérer avec sérieux l’outil inquisitorial. Preuve en est leur gestion bien légère des dépôts d’archives : consultés sur le sujet en 1251 au concile de l’Isle-sur-Sorgue, ils décident de faire des doubles des registres inquisitoriaux lors du concile d’Albi de 1255 mais ne donnent aucune suite concrète à cette décision. En 1255, les Prêcheurs récupèrent logiquement l’outil inquisitorial devenu efficace et professionnel. Les consultations juridiques des années 1253 et 1255 ont renforcé le pouvoir de l’inquisiteur. Celui-ci dispose d’une codification précise pour mener à bien les enquêtes et élaborer une procédure inquisitoriale type. Les enquêtes inquisitoriales reprennent en 1273 avec les inquisiteurs Ranulphe de Plassac et Pons de Parnac dans le Toulousain, en lien avec la venue du roi de France Philippe III le Hardi en Languedoc. Ce dernier, à la suite des disparitions successives d’Alphonse de Poitiers et de Jeanne de Toulouse en 1271, a récupéré les territoires du Poitou, de la Saintonge, du Toulousain, de l’Agenais, du Quercy, du Rouergue et du marquisat de Provence. Quéribus, le dernier château favorable aux dissidents et tenu par Chabert de Barbaira, s’est rendu au sénéchal de Carcassonne en 1255. Tous les seigneurs du Midi prêtent hommage aux représentants du roi. Tous ? Non , le comte Roger-Bernard III de Foix défie l’autorité française et se tourne vers Pierre III d’Aragon. Ne pouvant laisser une rébellion se former dans un territoire hostile aux "français", le roi de France réunit l’ost et descend en Languedoc. La mise au pas du rebelle et son pardon permettent aux inquisiteurs de remettre à jour leurs dossiers sur la région et sur les réseaux d’échanges avec la Lombardie. Leur enquête, cernant une présence vaudoise en Rouergue, s’intéressera principalement au Toulousain, dernier foyer actif du catharisme dont la hiérarchie a justement fuit en Lombardie. Outre le démantèlement de ces réseaux, les inquisiteurs tenteront de briser le système de transferts des fonds destinés à la résistance des dissidents et à l’organisation de baptêmes de nouveaux parfaits. Le catharisme marque le pas à cette période. Minoritaire, il est devenu en majorité urbain, hérésie de notables, recrutant dans les franges supérieures des classes moyennes, voire dans les classes les plus riches des villes. Ce sont les exemples d’Albi, de Carcassonne ou de Castres, révélés par les archives inquisitoriales.

Malgré le soutien royal, Philippe III Le Hardi concédant à l’Inquisition une des tours de la cité de Carcassonne en 1280, le fichage systématique des populations languedociennes provoque des troubles, en raison de la trop grande rigueur des inquisiteurs. À partir de 1283, les arrestations arbitraires décidées par l’inquisiteur de Carcassonne Jean Galand, soutenu par l’évêque d’Albi Bernard de Castanet, entraînent une mobilisation des autorités de la cité et des appels auprès du roi de France. Une enquête de l’inquisiteur, qui débute en 1283 et s’achève en 1286, lui a permis d’obtenir des dénonciations pour hérésie de près de neuf cents personnes dont une grande majorité de dignitaires ecclésiastiques, de nobles et de personnalités de premier plan pour Carcassonne et sa région.
Les premières arrestations provoquent un grand émoi chez la population. Un appel est transmis au pape Honorius IV, au prieur des Dominicains de Paris et au roi de France. Les consuls de la cité se mêlent alors de la situation insurrectionnelle que connaît Carcassonne. Les archives de l’Inquisition manquent d’être détruites à cette occasion ; un familier des inquisiteurs ayant été soudoyé pour mettre le feu aux dépôts. Son aveu déclenchera une nouvelle action des carcassonnais qui tenteront, en vain, de détruire la salle des archives en 1285. La révocation de l'inquisiteur ne calme en rien les esprits ; son successeur Guillaume de Saint-Seine confirme les résultats des enquêtes passées ainsi que les détentions prononcées en menant de nouveaux interrogatoires en 1289. La liste des hérétiques présumés tend à s’allonger sous son mandat mais le roi de France, craignant une forte agitation dans la région, fera bloquer les procédures en interdisant au sénéchal de Carcassonne d’obéir aux inquisiteurs pour toute arrestation. En 1293, Guillaume de Saint-Seine se retire, provisoirement remplacé par l’inquisiteur de Toulouse, Bernard de Clermont.
Son successeur désigné, Nicolas d’Abeville, poursuit les enquêtes engagées sans tenir compte des avertissements royaux qui dénoncent les arrestations et les procédures engagées. Forte de ce soutien, une insurrection menace une nouvelle fois le pouvoir de l’inquisiteur. Lors de ces troubles, les prisonniers des cachots de l’Inquisition sont libérés par la foule, les archives de l’Inquisition partiellement détruites et le couvent dominicain pillé malgré l’intervention du Commissaire du roi. L’Inquisition ne peut que se replier dans ses bâtiments. Le revirement de Philippe IV le Bel, qui a besoin du soutien de Rome, permet aux inquisiteurs de reprendre le contrôle de la situation. En 1298, le sénéchal de Carcassonne reçoit l’ordre du roi d’apporter une aide sans limites aux inquisiteurs pour l’arrestation des suspectés d’hérésie. En avril 1299, une réunion solennelle tente de trouver un compromis à la situation tendue entre l’Inquisition et les carcassonnais.
L’excommunication contre la ville est finalement levée mais la cité doit financer la construction d’une chapelle dédiée à Saint-Louis dans le couvent des Prêcheurs. Les procédures et les enquêtes se poursuivent. Plusieurs notables d’Albi sont arrêtés en 1299. Une nouvelle enquête à Carcassonne en 1300 déclenche de nouveaux troubles. L’entrée dans le conflit des Franciscains et de leur lecteur Bernard Délicieux, puis le soulèvement des populations d’Albi et de Carcassonne contre l’Inquisition, n’entame en rien l’action de Nicolas d’Abbeville. Les interventions de Bernard Délicieux auprès du roi de France en 1301 auront cependant pour effet l’envoi d’une mission royale . Cette mission aboutit en 1302 à la révocation de l’inquisiteur de Toulouse puis, en 1303, à la nomination d’un nouvel inquisiteur à Carcassonne. La situation reste tendue, la maison des anciens consuls favorables à l’Office est détruite la même année. En négociation avec Rome, Philippe IV donne des garanties aux prisonniers de l’Inquisition sur les traitements des dossiers mais refuse leur libération, craignant de nouveaux troubles politiques et une rébellion possible.
Le roi de France a encore à l’esprit l’affaire de Bernard de Saisset, évêque de Pamiers, qui, inquiet pour sa juridiction, formait en 1295 un complot contre le roi, mettant en cause sa légitimité. Bien qu’arrêté et jugé, la papauté s’immisça dans le conflit, réaffirmant son droit à être seul juge d’un évêque, et obtint du roi l’exil pour le religieux.
Le soutien politique royal aux inquisiteurs entraîne les notables à se chercher un maître, se tournant logiquement vers le royaume de Majorque. Cette trahison, découverte par le roi, provoquera une répression brutale de la part de Philippe le Bel, les exécutions de quarante bourgeois à Limoux en 1304 et de quatorze carcassonnais en 1305. Désormais soutenu par le roi, le théologien Geoffroy d’Ablis, devenu inquisiteur de Carcassonne, aura pour mission de calmer les esprits et la "rage carcassonnaise", de ménager les susceptibilités locales et de mettre au pas les Franciscains, Bernard Délicieux, et tout opposant à l’action de l’Inquisition. Excommunié publiquement en septembre 1303, le vidame Jean de Pecquigny, enquêteur réformateur, devra partir pour Rome pour plaider sa cause auprès du pape Benoît XI. Sa mort en chemin, peu après la disparition du pontife, conduira à sa réhabilitation en 1308 sous le pape Clément V. Sous l’impulsion de l’inquisiteur Geoffroy d’Ablis, ce seront les parfaits cathares Jacques Authié et Prades Tavernier qui sont arrêtés, démantelant un peu plus la hiérarchie cathare agonisante. Geoffroy d’Ablis parvient aussi à mettre en marge des affaires languedociennes le turbulent Bernard Délicieux. Convoqué en 1304 à Rome, ce dernier ne fera reparler de lui qu’en 1317, en prenant une nouvelle fois la défense des Spirituels de Narbonne et de Béziers.
Si une commission pontificale s’intéresse aux prisons inquisitoriales en 1306, après l’intervention des villes d’Albi, Cordes et Carcassonne, l’action menée par Geoffroy d’Ablis se poursuit malgré la mise en retraite en 1308 d’un de ses fidèles partisans, l’évêque d’Albi Bernard de Castanet. Le procès de l’évêque, provoqué en 1306 par l’hostilité croissante de la population d’Albi et les plaintes déposées auprès du pape Benoît XI, révèlera des fraudes et des emprisonnements injustifiés. Suspendu de ses fonctions sous Clément V, Bernard de Castanet sera cependant réhabilité par le pape mais déplacé du Languedoc. L’ardeur de l’inquisiteur de Carcassonne n’en sera pas seulement tiédie. Geoffroy d’Ablis débutera la rédaction d’un recueil de documents utiles pour l’Inquisition, imposant dans un même temps ses connaissances juridiques aux décisions du tribunal jusqu’en 1316, date de sa disparition à Lyon. Il y avait trouvé un court refuge lors d’un nouveau conflit avec Carcassonne et Albi.
L’impact des procès de l’inquisition

Entre efficacité et propagande

En ce début de XIVe siècle, notamment avec Geoffroy d’Ablis, le personnel de l’Inquisition devient de plus en plus compétent. Notaires, clercs et évêques inquisiteurs - intégrés dans l’institution à partir de 1312 par la contestable décrétale Multorum querela - organisent une véritable recherche de l’hérétique. L’inquisition de Carcassonne, forte à cette période de 17 diocèses, entraîne la création de succursales de l’Inquisition, notamment à Albi, Pamiers ou encore Montpellier. Des charges de lieutenants de l’Inquisition sont créées vers 1305, avec les nominations de dominicains comme Jean de Faugoux ou encore Géraut de Blomac. Des personnages comme Bernard Gui, inquisiteur de Toulouse en 1306, ou encore Jacques Fournier - futur pape sous le nom de Benoît XII en 1334 -, évêque inquisiteur délégué à Pamiers en 1317, marqueront profondément la profession d’inquisiteur. Car c’est désormais une administration organisée, une pratique établie, une procédure inquisitoire officielle, que défendent les inquisiteurs. La supplique et les revendications qu’ils envoient au pape Jean XXII en 1312 pour maintenir l’exclusivité de l’inquisition pontificale, le refus d’une redéfinition des modalités de l’activité inquisitoriale et la non-ingérence des évêques dans leurs dossiers en sont des preuves réelles. En 1312, le concile de Vienne qui décide d’un droit de regard des évêques sur les travaux des inquisiteurs et précise les nouvelles modalités de l’activité inquisitoriale, mettant en place une réforme du droit inquisitorial, provoquera durant plusieurs années la colère des inquisiteurs, Bernard Gui en particulier, qui dénonceront cette ingérence épiscopale dans les affaires de l’Inquisition.
En lien avec cette forte professionnalisation de la charge, des documents utiles aux inquisiteurs et à l’activité inquisitoriale seront rédigés et diffusés dans les tribunaux. Si Jean de Beaune, inquisiteur en 1316, réalise pour Carcassonne un livre des privilèges inquisitoriaux afin de diriger un interrogatoire, ce sont les travaux de Bernard Gui qui s’imposent dans ce XIVe siècle. Ce dernier rédige entre les années 1314-1324 la Practica officii Inquisitionis heretice pravitatis. Traité complet pour la pratique de l’Inquisition, cet exposé très dense consigne les règles pratiques de l’exercice de l’Inquisition présente la procédure très moderne de l’enregistrement des dépositions et propose une lutte rationnelle contre le catharisme mais aussi contre toutes les formes de dissidences religieuses rencontrées par l’Inquisition en Languedoc. Fort de son expérience dans l’Office, disposant des archives de ses prédécesseurs, cet homme de métier réalisera un ouvrage exemplaire et précis, le premier du genre, qui affirmera pleinement les pouvoirs inquisitoriaux. Dans sa suite, Jacques Fournier marquera l’activité de l’Office par la précision et l’ampleur de ses enquêtes, révélant la maîtrise d’une procédure, la puissance d’une institution capable d’explorer tous les champs religieux dissidents et de faire dire l’indicible aux déposants, dans le cadre même de la procédure inquisitoire.
Le catharisme résiduel

Derniers sursauts hérétiques

Le catharisme n’est plus une dissidence active dans la fin du premier quart du XIVe siècle. Les inquisiteurs languedociens en font le constat dans les registres que l’on connaît. Les derniers hérétiques isolés seront d’ailleurs brûlés à Carcassonne en 1325 et en 1329, après la mort sur le bûcher en 1321 à Villerouge-Termenès du dernier parfait Guilhem Bélibaste, dénoncé par un informateur de l’Inquisition, Arnaud Sicre. Les derniers soubresauts réels sont loin, provoqués par les frères Authié, Guilhem et Pierre, qui ne sont guère parvenus à susciter de nouvelles vocations et ont été arrêtés et brûlés en 1310. Les registres ne rapportent plus que la présence d’îlots hérétiques, plus ou moins pourchassés durant les années suivantes. L’Inquisition s’intéresse souvent plus aux événements des années 1283-1300. Mais si les dépositions de la période trouble de l’Inquisition ont été reprises par Geoffroy d’Ablis en 1309, puis par Jean de Beaune en 1320, peu de choses ont été remises en cause, fautes de témoins et de prisonniers survivants.
Jean de Beaune, successeur de Geoffroy d’Ablis, devant l’autorité rétablie de sa charge, réconcilie les habitants d’Albi en 1319, puis les dispense de toute pénitence l’année suivante. Le cas Bernard Délicieux sera réglé durant cette période, dans une presqu’indifférence générale de la part des notables languedociens, la lutte ayant cessé d’être une réalité politique des villes. Arrêté en 1317, le dossier d’accusation du Franciscain sera bouclé en 1319, mettant en avant dans sa condamnation son soutien aux Spirituels et provoquant sa détention à Carcassonne. Sa mort l’année suivante en prison conclura l’époque d’agitation populaire dans la cité carcassonnaise et le triomphe définitif de l’Inquisition sur les dissidences du catharisme et des Spirituels. Jean de Beaune poursuivra son action inquisitoriale, créant des lieutenants, tel Gaillard de Pomiés ; Pierre d’Arzens ou encore Arnaud de Floure, tout en réconciliant des villes, dont Cordes en 1321.
Le normand Jean Duprat, inquisiteur de Carcassonne en 1324, sera une parenthèse dans l’activité inquisitoriale contre les dissidents religieux. Étranger à la région, c’est la gestion interne de l’Office qui est au centre de ses intérêts, notamment en raison des contentieux et des erreurs provoqués par les familiers de l’Inquisition, dont Menet de Robecourt, commissaire de l’Inquisition de Carcassonne. Les dossiers de dissidents clôts par Jean Duprat resteront en majorité des condamnations posthumes.
Henri de Chamayo, inquisiteur de Carcassonne en 1328, qui officie le plus souvent avec son confrère de Toulouse, Pierre Brun, reprend des procédures abandonnées et prononce des sentences d’exhumation. La charge d’inquisiteur pontifical trouve sa pleine utilisation avec Henri de Chamayo, celui-ci bénéficiant du soutien du pape Jean XXII, imposant ainsi son droit à Montpellier et à Narbonne. Mais en novembre 1328, C’est aussi lui qui fait vider les prisons de Carcassonne, libérant une majorité de prisonniers de cette période, qu’il punit par le port de croix ou par des pèlerinages. En 1330, il ouvre de nouveau les dossiers et convoque les héritiers des défunts. Les condamnations qui suivent pour hérétication déclenchent une consultation pontificale de 1331, consultation qui souligne le peu de clarté des registres, les manipulations probables de dépositions mais qui ne prononce pas de conclusion officielle.

Le XIVe siècle voit disparaître les objectifs d’une inquisition languedocienne qui, progressivement, n’aura plus lieu d’être, faute de dissidents religieux. Outil professionnalisé et intégré dans le paysage du Midi, l’Inquisition devient plus l’enjeu de luttes politiques, d’influence sur tel personnage ou telle charge. En 1338, des différents apparaîtront entre les habitants d’Albi, soutenus par leur évêque, et les commissaires de l’Inquisition. En 1371, des litiges entre l’inquisiteur de Carcassonne, Durand Salvan, et les consuls du bourg sont finalement réglés par la signature d’un accord de non-ingérence. En 1423, les serments prêtés par les officiers de l’Inquisition d’Albi à l’insu de leur évêque seront révoqués et les plaintes à Rome n’y feront rien. Les pontifes soutiendront en général leurs officiers, tel l’inquisiteur Pierre Turelure en 1441, en conflit avec les évêques languedociens et recevant l’appui officiel et ferme du pape Eugène IV. Il faudra attendre le XVIe siècle pour voir l’Inquisition relever des tribunaux royaux, le titre d’Inquisiteur dans l’Eglise ne devenant que purement nominal.


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Posté le : 11/04/2015 17:08
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
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Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
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