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Autodafé d'Hitler le 10 Mai 1933 (1)
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Le 10 mai 1933, Adolf Hitler lance un grand autodafé.

Peu de temps après l'arrivée au pouvoir du NSDAP, en 1933, le chancelier Adolf Hitler lance une action contre l'esprit non allemand dans le cadre de laquelle se développent des persécutions organisées et systématiques visant les écrivains juifs, marxistes ou pacifistes. Il s'agit en fait d'une initiative organisée et mise en œuvre par des étudiants allemands sous la direction de la NSDStB, association allemande des étudiants nationaux socialistes.
Le mouvement atteint son point culminant, au cours d'une cérémonie savamment mise en scène devant l'opéra de Berlin et dans 21 autres villes allemandes : des dizaines de milliers de livres sont publiquement jetés au bûcher par des étudiants, des enseignants et des membres des instances du parti nazi. Ils constituent les autodafés allemands de 1933.

La campagne contre l'esprit non allemand

Sous la République de Weimar, les universités allemandes témoignaient déjà clairement d'un esprit réactionnaire, chauviniste et nationaliste1. La corporation des étudiants Allemands DSt était passée dès l'été 1931 sous la direction d'un représentant de l'association des étudiants allemands nationaux-socialistes NSDStB qui avait été élu avec 44,4 % des voix. Après l'accession des nazis au pouvoir, la corporation des étudiants allemands se retrouva en concurrence avec celle des étudiants nationaux-socialistes. Afin de renforcer la corporation des étudiants allemands, trois mois après l'accession d'Hitler et dans la foulée de la création du ministère du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande, le pouvoir dota ses instances dirigeantes de leurs propres organes de presse et de propagande.
Au début du mois d'avril 1933, la fédération étudiante d'Allemagne demanda à ses membres de participer, sous la houlette de Hans Karl Leistritz, à une action qui devait se dérouler sur quatre semaines, entre le 12 avril et le 10 mai, avec pour thème la lutte contre l'esprit non allemand. L'action faisait référence à un autodafé de livres qui s'était déroulé au cours de la première fête de la Wartbourg en 1811, et se présentait comme une « action commune menée contre le négativisme juif. L'esprit juif, tel qu'il se manifeste dans toute son absence de retenue dans l'agitation de la scène internationale, et tel qu'il a déjà laissé ses marques dans la littérature allemande, doit en être extirpé. Dans le domaine de la politique académique, l'action contre l'esprit non allemand constituait le départ d'une conquête des universités par les corporations étudiantes qui se présentaient comme des « sections d'assaut intellectuelles.

Les préparatifs

Dans un premier temps, ordre est donné de former dans les facultés des comités contre l'esprit non allemand formés de deux étudiants, un professeur, un représentant de la ligue contre l'esprit non allemand d'Alfred Rosenberg et un écrivain. La direction revient à un dirigeant de la corporation étudiante en exercice.
Le travail de propagande est l'élément fondamental du combat politique mené par les étudiants. Le 2 avril 1933, au lendemain du boycott des magasins juifs, une feuille de route est élaborée; le 6 avril, les différentes organisations étudiantes reçoivent une circulaire qui les avertit de l'action à venir.
En réaction aux menées honteuses de la communauté juive à l'étranger, la corporation des étudiants allemands a prévu des actions coordonnées sur quatre semaines pour lutter contre le nihilisme juif et défendre la pensée et le sentiment national dans la littérature allemande. Cette campagne commencera le 12 avril par l'affichage de 14 thèses, Contre l'esprit non allemand, et se terminera le 10 mai par une conférence publique dans toutes les facultés allemandes. La campagne, qui connaîtra une intensité croissante jusqu'au 10 mai, fera appel à tous les moyens de propagande, tels que la radio, les journaux, les panneaux d'affichage, les tracts et des articles spéciaux publiés dans la correspondance académique de la DSt.
— Actes de la corporation des étudiants allemands, in Archive de la direction des étudiants du IIIe Reich, conservée à la bibliothèque universitaire de l'université de Würzburg.
La direction de la Dst misait beaucoup sur cette initiative, qui devait démontrer son zèle et sa capacité à mobiliser les étudiants dans le combat national-socialiste ; en effet, sa rivale la NSDStB Association national-socialiste des étudiants allemands avait, après les législatives de mars 1933, revendiqué un monopole sur l'éducation politique des étudiants. Les préparatifs voient se développer une rivalité croissante entre les deux organisations et leurs leaders respectifs, Gerard Krüger DSt et Oskar Stäbel NSDStB. La veille même du début de la campagne, Stäbel donne l'ordre de ne pas soutenir l'action de la Dst, mais d'en prendre les commandes.

12 propositions contre l'esprit non allemand

Les 12 propositions contre l'esprit non allemand, synthèse des positions et des objectifs de la campagne, constituent le préambule de la campagne contre les idées du judaïsme, de la social-démocratie, du libéralisme et contre leurs représentants. Imprimées en lettres gothiques rouges, elles sont affichées dans les universités allemandes et publiées dans de nombreux journaux.
La langue et la littérature tirent leurs racines du peuple. Le peuple allemand a le devoir de s'assurer que la langue allemande et la littérature soient l'expression non corrompue de son identité nationale.
Un fossé s'est actuellement ouvert entre la littérature et l'identité allemande. Ce fossé est intolérable.
Pureté de la langue et de la littérature dépendent de toi ! C'est à toi que le peuple a confié la tâche de préserver fidèlement sa langue.
Notre ennemi principal est le juif et celui qui l'écoute.
Le juif ne peut penser que comme juif. S'il écrit en allemand, il ment. L'Allemand qui écrit en allemand mais qui publie des idées contraires à l'esprit allemand est un traître. L'étudiant qui produit des pensées et des écrits contraires à l'esprit allemand fait preuve de légèreté et trahit son devoir.
Nous voulons éradiquer le mensonge, nous voulons marquer la trahison au fer rouge, Nous voulons que les étudiants se trouvent non pas dans un état d'ignorance, mais de culture et de conscience politique.
Nous voulons considérer le juif comme un étranger et prendre au sérieux l'identité nationale. Nous demandons donc à la censure que les écrits juifs soient publiés en hébreu. S'ils sont publiés en allemand, il doit être clairement indiqué qu'il s'agit de traductions. La censure doit intervenir contre l'emploi abusif de la langue écrite. L'allemand écrit ne doit servir qu'aux allemands. Ce qui est contraire à l'esprit allemand sera extirpé de la littérature.
Nous exigeons que les étudiants allemands fassent preuve de la volonté et de la capacité à apprendre et à faire des choix de façon autonome.
Nous exigeons que les étudiants allemands fassent preuve de la volonté et de la capacité à maintenir la pureté de la langue allemande.
Nous exigeons que les étudiants allemands fassent preuve de la volonté et de la capacité à triompher de l'intellectualisme juif et de ses chimères libérales sur la scène intellectuelle allemande.
Nous exigeons que les étudiants et les professeurs soient sélectionnés en fonction des garanties qu'ils présentent de ne pas mettre en danger l'esprit allemand.
Nous exigeons que les facultés soient le sanctuaire de l'identité allemande et le lieu d'où partira l'offensive de l'esprit allemand dans toute sa puissance.
À la tête des comités de combat contre l'esprit non allemand actifs dans l'ensemble du Reich, on trouve Paul Karl Schmidt. Les comités locaux doivent servir de fer de lance de la communauté étudiante contre l'intellectualisme juif. Schmidt est responsable de l'affichage des 12 propositions. Son rôle au sein des comités le prépare à celui qu'il jouera plus tard dans la propagande de guerre anti-juive en tant que responsable de presse au ministère des affaires étrangères et plus tard encore après 1945 en tant que journaliste.

Service de presse

Parallèlement à la campagne d'affichage, les responsables organisent un prétendu « service de presse » qui doit en fait diffuser des déclarations de soutien de la part de responsables de la culture et d'écrivains engagés dans le courant nationaliste ; l'objectif est de sensibiliser l'opinion publique à la campagne. 66 écrivains, qui se sont illustrés par leur engagement pour la littérature allemande, se voient priés de soumettre un article ; parmi ces écrivains figurent Werner Bergengruen, Richard Billinger, Paul Ernst, Max Halbe, Karl Jaspers, et Julius Streicher. Le succès de l'initiative est très mitigé. La majorité des personnalités sollicitées ne donne pas suite, même Alfred Rosenberg qui avait reçu un courrier personnel lui demandant d'écrire un texte introductif pour la campagne. Certains allèguent un délai trop court et proposent des textes déjà publiés, comme Erwin Guido Kolbenheyer, de Munich5. En fin de compte le service de presse ne diffusera que quatre contributions, signées notamment Herbert Böhme, Will Vesper, Alfred Bäumler et Kurt Herwarth Ball cf. Zeitungsberichte.

Boycott des enseignants

Le 19 avril voit la direction de la DSt lancer un appel à continuer la lutte en s'engageant « contre les professeurs indignes de nos facultés allemandes. La conclusion du manifeste affirme : L'État a été conquis, mais pas l'université ! Les troupes d'assaut intellectuelles entrent en action, levez vos étendards ! Les étudiants sont encouragés à dénoncer les professeurs qui, après la promulgation de la Loi allemande sur la restauration de la fonction publique du 7 avril 1933 avaient été contraints à la démission ; les étudiants doivent faire des déclarations sous serment ou fournir des preuves incriminantes telles que des citations de cours ou des extraits de publications. La campagne vise non seulement les juifs et les membres du parti communiste ou de la Reichsbanner Schwarz-Rot-Gold bannière impériale Noire-Rouge-Or, mais, selon les explications de la direction du syndicat, les personnes qui ont vilipendé les leaders nationaux, le mouvement de redressement national ou les soldats du front anciens combattants de 1914-18 ; les responsables du syndicat étudiant visent également les professeurs dont les méthodes scientifiques trahissent leurs positions libérales voire pacifistes.
Même les professeurs dont le comportement politique est irréprochable doivent être signalés à la direction du syndicat dans la mesure où ils témoignent de « capacités au-dessus de la moyenne. Presque toutes les universités participent à la campagne, avec le soutien du corps enseignant, des doyens et des recteurs. Des maîtres de conférence juifs, des membres de l'administration et des étudiants sont victimes de violences organisées, des cours sont chahutés ou boycottés, des professeurs juifs se voient empêcher l'accès à leur lieu de travail.
La chasse aux sorcières va encore plus loin dans certaines universités, notamment à Rostock, Königsberg, Erlangen, Münster et Dresde, où se dressent des poteaux de deux mètres affichant la liste des professeurs incriminés, et où des œuvres littéraires sont mises au pilori :
Dans toutes les facultés se dressera un poteau. Un tronc d'arbre noueux de la taille d'un homme environ, dans l'enceinte de l'université. Sur ce poteau seront mis au pilori les œuvres de ceux qui ne partageront pas nos opinions. Et ces poteaux resteront tout le temps qu'il faudra, tant que leur présence sera nécessaire. Aujourd'hui pour les écrivains, demain pour les professeurs. Ils serviront indifféremment pour ceux qui ne comprennent pas ou ceux qui ne veulent pas comprendre. Ces poteaux devront être mis en place dans les universités à partir du 3 mai.
Les étudiants de Rostock rapportent que le jour du 5 mai a lieu une grande fête avec l'érection d'un poteau sur lequel sont mises au pilori huit des œuvres littéraires désignées comme les pires, celles de Magnus Hirschfeld, Tucholsky, Stephan Zweig, Lion Feuchtwanger, Baum, Remarque, Emil Ludwig ainsi que l'hebdomadaire die Weltbühne.

Collecte de livres

Le seconde phase de la campagne de propagande débute le 26 avril 1933 par la collecte des écrits à détruire. Les étudiants doivent commencer par nettoyer leur bibliothèque et celles de leurs proches en éliminant les ouvrages nuisibles, puis passer au crible les bibliothèques universitaires et celles des instituts. Les bibliothèques publiques et les librairies doivent également se soumettre à des perquisitions permettant d'isoler les ouvrages méritant d'être brûlés.
Les bibliothèques municipales et publiques sont sommées de faire elles-mêmes le tri et de se dessaisir spontanément des ouvrages incriminés. Les étudiants reçoivent le soutien de leurs professeurs et des recteurs qui ne se contentent pas d'attendre de venir assister aux auto-da-fé mais collaborent activement au sein des commissions à dresser la liste des ouvrages destinés au bûcher. Les critères de sélection vont permettre de constituer la liste noire du bibliothécaire Wolfgang Herrmann, âgé alors de 29 ans.
L'action des étudiants reçoit un soutien sans réserves de la part des librairies et des bibliothèques. La revue spécialisée de l'union des bibliothécaires allemands et une gazette des professionnels du livre allemand, la Börsenblatt des deutschen Buchhandels, diffusent la liste des ouvrages mis à l'index en la commentant ; la revue des bibliothécaires insiste sur le fait que le corpus à détruire comporte en majorité des ouvrages juifs. Les professionnels lésés par les mesures de saisie ne protestent pas, les responsables des bibliothèques de prêts étant même priés de signer cette déclaration :
Je m'engage par la présente à retirer de ma bibliothèque tous les ouvrages inscrits sur la liste noire et à ne plus les prêter. J'ai été averti que le prêt de ces ouvrages est désormais punissable par la loi.
Le 6 mai, le pays est le théâtre d'un pillage général des bibliothèques de prêt et des librairies, avant-dernier acte de la campagne contre l'esprit non allemand. Les troupes d'assaut estudiantines se chargent de la collecte et du transport des ouvrages incriminés. À Berlin, les étudiants de la faculté des sports et de l'école vétérinaire prennent d'assaut l'institut de sexologie de Magnus Hirschfeld, situé dans le quartier du jardin zoologique, et pillent une bibliothèque riche de plus de dix mille ouvrages. Hirschfeld, quant à lui, assistera à la destruction de l'œuvre de sa vie en regardant les actualités de la semaine dans un cinéma parisien.

Déclarations devant le bûcher

Après les actions de propagande et la chasse aux ouvrages interdits, la troisième phase sera la mise à mort proprement dite de l'esprit non allemand ainsi que l'agence centrale de propagande des étudiants allemands l'a prévu : Le 10 mai 1933, dans toutes les universités, la littérature à détruire sera confiée aux flammes. L'auto-da-fé est pour les étudiant un geste symbolique : dans le passé on attribuait au feu un pouvoir purificateur et thérapeutique, de même le recours au bûcher exprimera l'idée qu'« en Allemagne la nation s'est purifiée intérieurement et extérieurement. Joseph Goebbels dans son discours de la place de l'opéra de Berlin, le 10 mai 1933.
À cette fin, chaque université reçoit une circulaire destinée au corps étudiant, contenant une série de déclarations du bûcher » qui permettront d'uniformiser le déroulement symbolique des auto-da-fé du lendemain. Les mêmes phrases seront prononcées dans tout le pays au moment où les représentants des étudiants jetteront dans le brasier les ouvrages qui représentent la littérature « honteuse et ordurière. Le procédé permet d'insister sur la nature symbolique de l'auto-da-fé en lui conférant le caractère d'un rituel. Les signataires de la circulaire sont Gerhard Krüger permanent du parti National-socialiste, la DSt, et Hans-Karl Leitstritz, chef de l'administration :
Comme base du déroulement symbolique de la mise au bûcher on utilisera la sélection fournie ci-dessous et le représentant des étudiants restera aussi proche que possible de sa formulation en composant son allocution. Étant donné que pour des raisons pratiques il ne sera pas toujours possible de brûler tous les livres, il conviendra de se limiter aux ouvrages donnés dans la sélection pour choisir ceux qui seront nommément jetés dans les flammes. Cela n'empêchera pas qu'un grand nombre d'ouvrages finisse sur le bûcher. Chaque organisateur a toute liberté de faire là-dessus comme bon lui semble.
1er récitant : Contre la guerre des classes et le matérialisme, pour la communauté nationale et un idéal de vie !
Je jette dans les flammes les écrits de Marx et de Kautsky.
2e récitant : Contre la décadence et la corruption morale, pour l'éducation et la tradition au sein de la famille et de l'État !
Je jette aux flammes les écrits de Heinrich Mann, Ernst Glaeser et Erich Kästner.
3e récitant : Contre les coups bas idéologiques et la trahison politique, pour le don de soi au peuple et à l'État !
je donne aux flammes les écrits de Friedrich Wilhelm Foerster.
4e récitant : Contre la valorisation excessive de la vie pulsionnelle qui dégrade l'âme, pour la noblesse de l'âme humaine !
«Je jette aux flammes les écrits de Sigmund Freud.
5e récitant : Contre la falsification de notre histoire et la dévalorisation de ses grandes figures, pour le respect de notre passé,
je jette aux flammes les écrits d'Emil Ludwig et de Werner Hegemann
«6e récitant : Contre le journalisme étranger au peuple et marqué par la judéo-démocratie, pour une participation consciente et responsables à l'œuvre de construction nationale !
«je jette aux flammes les écrits de Theodor Wolff et Georg Bernhard.
7e récitant : Contre la trahison littéraire visant les combattants de la première guerre mondiale, pour l'éducation du peuple dans un esprit qui lui permette de prendre les armes pour sa défense
Je jette aux flammes les écrits d'Erich Maria Remarque.
8e récitant : Contre la dénaturation barbare de la langue allemande, pour la protection du bien le plus précieux de notre peuple !
Je jette aux flammes les écrits d'Alfred Kerr.
9e récitant : Contre l'impudence et l'affectation, pour le respect et la vénération de l'immortel esprit du peuple allemand !
Dévorez aussi, Ô flammes, les écrits de Tucholsky et de Ossietzky !
Dans le reportage radiophonique enregistré sur la place de l'opéra de Berlin, on note de légères variantes par rapport à la circulaire. On entend par exemple le mot feu au lieu de flamme dans la dernière invocation, l'utilisation du prénom de Karl Marx ou les mots l'école de Sigmund Freud au lieu de Sigmund Freud ; Emil Ludwig, pour la plus grande joie des spectateurs, est appelé Emile Ludwig Cohen.

Les autodafés

Le 10 mai 1933 doit être le point culminant de la campagne contre l'esprit non allemand. L'action devant se dérouler avec une précision toute militaire, une feuille de route détaillée est distribuée aux divers responsables locaux. Entre 20h30 et 22h, la cérémonie doit s'ouvrir sur une communication du syndicat étudiant qui aura lieu dans le grand amphithéâtre de l'université concernée. À la tombée de la nuit, une marche aux flambeaux transportera les ouvrages vers le bûcher et les festivités se termineront sur un feu de joie. Les comités étudiants sont sommés de respecter au plus près ces instructions et de les exécuter de façon aussi élaborée que possible, car entre 23h et minuit l'événement fera l'objet d'un reportage sur les ondes de la radio nationale.
La récitation scrupuleuse des textes de la circulaire est également obligatoire. Dans toutes les villes, les volontaires se mettent au travail dès le matin pour construire les bûchers devant lesquels les spectateurs attendent une conférence publique, dont se chargeront dans la plupart des cas les professeurs de l'université. À Berlin, Joseph Goebbels prend également la parole, ce qui donne à l'événement un caractère officiel.

Le 10 mai 1933 à Berlin

La marche aux flambeaux berlinoise se forme sur la place Hegel derrière l'université Humboldt avant de s'avancer le long de l'île aux Musées jusqu'à la maison des étudiants dans la rue Oranienburg. Là stationnent des camions qui sont chargés de plus de 25 000 ouvrages. Fritz Hippler, dirigeant des étudiants du Brandebourg et futur producteur du film de propagande Der ewige Jude Le Juif éternel se lance alors dans une diatribe qui dure jusqu'à ce que le cortège se mette en marche en direction du Reichstag, sous une pluie battante, au son d'une fanfare des SA. La tête d'un buste fracassé de Magnus Hirschfeld est promenée au bout d'un bâton. Une foule avide assiste au défilé des associations étudiantes, des corporations arborant le Wichs le costume de leur affiliation, de professeurs en toge, de membres des SA, des SS et de la jeunesse hitlérienne escortés par la police montée ; ils franchissent la porte de Brandebourg, empruntent l'avenue Unter den Linden Sous les tilleuls jusqu'au forum fredericianum qui deviendra plus tard la place Bebel avant de s'arrêter devant l'opéra national. Des orchestres SA ou SS jouent des airs patriotiques et des marches tandis que la place est éclairée par les projecteurs des équipes venues filmer les actualités.
Comme la pluie diluvienne interdit d'allumer le bûcher, les pompiers prêtent main forte aux étudiants en arrosant les livres d'essence. Après l’allocution du dirigeant syndical étudiant Herbet Gutjahr, qui conclut par ces mots : Nous avons dirigé notre offensive contre l'esprit non allemand. Je jette au bûcher tout ce qui ne respecte pas l'esprit allemand !, neuf représentants choisis des associations étudiantes s'avancent les premiers et jettent sur le brasier les livres qui correspondent aux textes de la circulaire. Puis, aux acclamations assourdissantes des étudiants et des spectateurs, c'est le tour des ouvrages transportés dans les camions qui sont jetés en vrac dans les flammes, après être passés de main en main le long d'une chaîne humaine. À la fin de la soirée, les livres de 94 auteurs, dont Karl Marx, Heinrich Heine, Kurt Tucholsky, Erich Kästner et Sigmund Freud, sont réduits en cendres.
Près de 70 000 personnes participent à l'événement. Vers minuit paraît le ministre de la propagande, Joseph Goebbels, docteur en études germanistes, qui prononce un discours à la fin duquel il ne reste plus rien de la pile de livres qu'un tas de cendres encore fumantes. Les festivités se terminent avec l'exécution chorale du Horst-Wessel-Lied.

Les villes universitaires

Parallèlement aux événements de Berlin, des bûchers sont allumés le 10 mai 1933 dans 21 villes universitaires allemandes : Bonn, Brême, Breslau, Brunswick, Dortmund, Dresde, Francfort-sur-le-Main, Göttingen, Greifswald, Hanovre, Hannoversch Münden, Kiel, Königsberg, Landau, Marbourg, Munich, Nuremberg, Rostock, Worms et Wurtzbourg. En raison des fortes pluies, l'événement doit être repoussé dans certaines villes, ce qui fait qu'entre le 10 et le 19 mai on signale encore huit autodafés : le 12 à Erlangen, et Halle, le 15 à Hambourg, le 17 à Heidelberg, le 19 à Mannheim et Cassel avec 30 000 participants. L'événement prévu le 19 mai à Fribourg est annulé sine die en raison de la pluie. Le dernier bûcher s'embrase le 23 juin à Mayence alors que le premier avait eu lieu le 8 mai à Giessen.
En ce qui concerne les universités de Stuttgart, Tübingen et Singen, et pour des raisons de rivalité à l'intérieur du mouvement national-socialiste, le commissaire aux associations étudiantes, l'écrivain Gerhard Schumann, interdit toute participation à l'événement et maintient son refus en dépit des protestations que certains groupes d'étudiants font parvenir à Berlin8. L'association des étudiants de Darmstadt fait savoir qu'en raison de la situation particulière de la ville, dont la municipalité est dominée par le Front populaire, il ne sera pas possible d'organiser une manifestation publique.
Munich est le théâtre d'un double autodafé : le premier est organisé par la Jeunesse hitlérienne, le 6 mai, car la direction du mouvement a demandé aux sections de brûler en tous lieux … les livres et les écrits marxistes et pacifistes; le second, qui date du 10 mai, est à l'initiative de l'association des étudiants allemands et rassemble plus de 50 000 spectateurs sur la place Royale. Plusieurs radios bavaroises se font l'écho de l'événement.
Les autodafés eux-mêmes sont exécutés par l'association des étudiants allemands Dst, association qui chapeaute les commissions générales étudiantes AStA, et par la ligue des étudiants nationaux-socialistes NSDStB avec l'accord tacite de l'administration locale, et même la participation active de la police et des pompiers. De très nombreux professeurs prennent part à l'événement et arborent la robe universitaire devant les brasiers ou pour prononcer une allocution, par exemple le philosophe Alfred Baeumler à Berlin, le germaniste Hans Naumann à Bonn et les germanistes Friedrich Neumann et Gerhard Fricke à Göttingen. À Dresde, c'est Will Vesper qui se charge du discours. À Greifswald, le bûcher est organisé par la section locale de la ligue des étudiants nationaux-socialistes et s'inscrit dans une campagne contre l'esprit non allemand qui se déroule sur plusieurs semaines. Encadrés professionnellement par les professeurs Wolfgang Stammler et Hans Wilhelm Hagen, des étudiants postdoctoraux profitent des événements pour publier dans les journaux poméraniens des essais comparatifs sur la littérature allemande et les œuvres non allemandes destinées au bûcher.
À Francfort, 15 000 personnes environ se rassemblent sur le Römerberg, notamment de nombreux étudiants en uniforme de SA, mais aussi des professeurs en robe et bonnet carré. Les livres sont acheminés vers le bûcher dans un char à bœufs. Un croc à fumier signale qu'il s'agit du transport des ordures. C'est l'aumônier universitaire Otto Fricke qui prend la parole devant le bûcher.
Dans d'autres endroits, les étudiants ne se contentent pas de jeter des livres au bûcher. Ils brûlent aussi des drapeaux, notamment celui du Roter Frontkämpferbund la branche paramilitaire du Parti communiste allemand à Hambourg, et à Mannheim et Königsberg le drapeau noir-or-rouge de la République de Weimar.

[size=X-large]En Autriche[/size]

Après l'Anschluss , c'est-à-dire l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie, la ligue des enseignants nationaux-socialistes organise un autodafé de livres Place de la Résidence à Salzbourg sous le patronage de Karl Springendschmid, le Goebbels salzbourgeois. 1 200 ouvrages d'auteurs religieux et juifs y sont brûlés, notamment les œuvres du Salzbourgeois d'adoption Stefan Zweig et la monographie sur Max Reinhard de Siegfried Jacobson. On entend proclamer : Que le feu fasse aussi disparaître l'affront et la honte qui ont rejailli sur notre ville. Que libre et allemande se dresse la ville de Mozart!

Actions en dehors des universités

Ces autodafés de livres ne sont pas les premiers qu'ait connus l’Allemagne nazie. Plusieurs cas étaient intervenus dans le sillage de la vague de terreur menée par les nazis lors des élections législatives de mars 1933 ; organisés par les SA et les SS, ils avaient touché de nombreuses villes, ainsi Dresde 8 mars, Brunswick 9 ma, Wurzbourg 10 mars, Heidelberg 12 mars, Kaiserslautern 26 mars, Münster 31 mars, Wuppertal 1er avril, Leipzig 1er avril et 2 mai, Düsseldorf 11 avril et Cobourg 7 mai. Il s'agissait alors de s'attaquer au noyau de l'opposition qui résistait encore, notamment les presses des partis politiques, des syndicats ou de la social-démocratie qui furent envahies et pillées, mais on en profita également pour brûler certaines œuvres comme À l'Ouest rien de nouveau d'Erich Maria Remarque. L'assaut de la Maison du peuple social-démocrate de Brunswick fit une victime. Ces actions donnèrent probablement une impulsion au mouvement étudiant qui allait suivre avec la Campagne contre l'esprit non allemand.

L'exemple du 10 mai 1933 déchaîne une vague de répliques en dehors des universités ; elle touche Neustrelitz 13 mai, Neustadt an der Weinstraße 14 mai, Offenbach-sur-le-Main 22 mai, Hambourg une nouvelle fois le 30 mai, à l'initiative de la Jeunesse hitlérienne et de la ligue des jeunes filles allemandes le Bund Deutscher Mädel ou BDM, Neubrandenburg le 31 mai, Heidelberg, Karlsruhe, Offenburg et Pforzheim le 17 juin, Essen, Darmstadt et Weimar le 21 juin et Mayence le 23. Le dernier événement de ce type est signalé le 26 août à Iéna. Il est impossible de donner un chiffre exact tant les petites répliques locales sont nombreuses, mais les archives font état de plus de 70 actions dans l'ensemble du pays au cours de l'année 1933.
En mars 1938, la branche mexicaine du parti national socialiste organise à Mexico une fête pour célébrer l'annexion définitive de l'Autriche, qui là aussi est suivie d'un petit autodafé de livres. La même année on voit encore brûler les livres de la communauté juive dans de nombreuses villes et villages, notamment dans des localités de Franconie telles que Hegenbach, Karlstadt et Steinach. En 1941, plusieurs autodafés ont encore lieu en Alsace, dans le cadre d'une action d'épuration contre les juifs du Sud .

Lieu et date des autodafés

Avant les autodafés étudiants du 10 mai 1933

Par ordre alphabétique :

Berlin 15 mars 1933
Brunswick 9 mars 1933 devant la Maison du Peuple social-démocrate
Cobourg 7 mai 1933 place du Château, le jour de la fête de la Jeunesse allemande
Dresde 7 mars 1933 rue Neue Meißner devant la librairie
Dresde 8 mars 1933 place Wettiner
Düsseldorf 11 avril 1933 planétarium aujourd'hui salle de concerts
Heidelberg 12 mars 1933 devant la maison des syndicats
Leipzig 1er avril 1933
Munich 6 mai 1933 organisé par les Jeunesses hitlériennes
Münster 31 mars 1933
Rosenheim 7 mai 1933 place Max-Josefs, organisé par les Jeunesses hitlériennes, la ligue des jeunes filles allemandes, et les jeunesses populaires
Schleswig 23 avril 1933 Stadtfeld
Wurtzbourg 10 mars 1933
Wuppertal 1er avril 1933 parvis de la mairie de Barmen et Brausenwerth à Elberfeld organisé par les lycéens encadrés par le corps enseignant

Autodafés à l'initiative de la campagne contre l'esprit non allemand.

Berlin 10 mai 1933 place de l'Opéra
Bonn 10 mai 1933 place du Marché
Brême 10 mai 1933 rue du Nord
Brunswick 10 mai 1933 place du Château
Breslau 10 mai 1933 place du Château
Darmstadt 21 juin 1933 place Merck
Dortmund 10 mai 1933 place de la Hanse
Dresde 10 mai 1933 contre la colonne Bismarck
Düsseldorf 11 mai 1933 place du marché
Erlangen 12 mai 1933 place du Château
Francfort-sur-le-Main 10 mai 1933 place de l'Hôtel de ville ou Römerberg
Fribourg-en-Brisgau stade universitaire, annulé en raison des pluies
Giessen 8 mai 1933 bassin de la Fontaine
Göttingen 10 mai 1933 place Adolf-Hitler aujourd'hui place Albani
Greifswald 10 mai 1933 place du Marché, organisé en parallèle avec une action pour l'esprit allemand menée par le syndicat local national-socialiste étudiant
Halle 12 mai 1933 place de l'Université
Hambourg 15 mai 1933 Rive de l'Empereur Frédéric
Hanovre 10 mai 1933 près de la colonne Bismarck
Hann. Münden 10 mai 1933 place du Marché
Heidelberg 17 mai 1933 place de l'Université
Cassel 19 mai 1933 place Frédéric
Kiel 10 mai 1933 place Guillaume
Königsberg 10 mai 1933 place du Tambour
Landau 10 mai 1933 place de la Parade, aujourd'hui place de l'Hôtel-de-Ville
Mannheim 19. Mai 1933 Messplatz, caserne des pompiers
Marbourg 10 mai 1933 Champ de Mars
Munich 10 mai 1933 place Royale
Münster 10 mai 1933 place Hindenburg
Nuremberg 10 mai 1933 place du Grand Marché, anciennement place Adolf-Hitler
Rostock 10 mai 1933 place Blücher
Stuttgart et Tübingen : le dirigeant régional du NSDStB du Württemberg s'opposa à un autodafé de livres, mais ne put empêcher quelques actions isolées menées par des groupes d'étudiants.
Worms 10 mai 1933 parvis du palais de justice
Wurtzbourg 10 mai 1933 place de la Résidence

Autodafés spontanés

Bad Kreuznach 10 mai 1933 Marché au blé
Bamberg 1er juillet 1933 terrain de jeu principal du Jardin public
Bautzen 9 août1933 Carrière de la rue Löbauer
Quartier de Bergedorf à Hambourg 24 juin 1933 dans le cadre des fêtes du solstice d'été
Clève 19 mai 1933 cour du lycée public de la Rue de Rome
Cologne 17 mai 1933 monument aux morts de l'Université
Düsseldorf 11 mai 1933 place du Marché
Eutin 24 juin 1933
Essen 21 juin 1933 place Gerling
Flensbourg 30 mai 1933
Hambourg 30 mai 1933 place de la Porte de Lübeck, à l'initiative des jeunesses hitlériennes
Heidelberg 17 juin 1933 place du Jubilé
Heidelberg 16 juin 1933 place de l'Université
Helgoland 18 mai 1933 place de l'École
Iéna 26 août 1933 place du Marché
Karlsruhe 17 juin 1933 place du marché
Leipzig 2 mai 1933 Maison du Peuple et plus tard sur la petite Messplatz
Lübeck 26 mai Cour Buniam
Mayence 23 juin 1933 place Adolf-Hitler
Neubrandenbourg 31 mai 1933 place du Marché
Neustadt an der Weinstraße 14 mai 1933 place du Marché
Neustrelitz 13 mai 1933 place du champ de Mars
Offenbach-sur-le-Main 22 mai 1933 devant le château d'Isenbourg
Offenbourg 17 juin 1933 place du Marché
Pforzheim 17 juin 1933 place du Marché
Ratisbonne 12 mai Neupfarrplatz
Rendsburg 9 octobre place de la Parade
Schleswig 23 juin 1933
Spire 6 mai 1933
Weimar 21 juin 1933 à Niedergrunstedt lors de la fête du solstice de la ligue nationale allemande des employés de commerce
Wilsdruff 23 septembre 1933 à Steinbruch Blankenstein, après la consécration des couleurs des cadets de la Jeunesse hitlérienne de Wilsdruff

Les auteurs mis à l'index

Magazine Die Weltbühne du 12 mars 1929, avec la participation de Kurt Tucholsky sous la direction de Carl von Ossietzky
Article détaillé : Liste des auteurs interdits pendant la période du national-socialisme.
La liste noire ne comportait pas seulement des auteurs de langue allemande, mais également des français, notamment André Gide, Marcel Proust, Romain Rolland et Henri Barbusse ; les américains Ernest Hemingway, Upton Sinclair, Jack London et John Dos Passos ainsi que de nombreux écrivains soviétiques tels que Maxime Gorki, Isaac Babel, Lénine, Trotski, Vladimir Maïakovski, Ilya Ehrenbourg.
Les persécutions dont furent victimes les écrivains dont les prises de positions orales ou écrite entraient en contradiction avec les idées du national socialisme et qui s'étaient refusés à participer au processus de préparation à la résistance spirituelle comme on le leur demandait ne commencèrent pas avec ces autodafés qui en représentèrent en fait le point culminant. De nombreux auteurs mais aussi des artistes et des scientifiques se virent par la suite frappés d'interdiction de publier ou de travailler, leurs œuvres disparurent les bibliothèques et des programmes scolaires ; certains furent exécutés comme Carl von Ossietzky, Erich Mühsam, Gertrud Kolmar, Jakob van Hoddis, Paul Kornfeld, Arno Nadel, Georg Hermann, Theodor Wolff, Adam Kuck et Rudolf Hilferding d'autres perdirent leur nationalité Ernst Toller et Kurt Tucholsky et furent réduits à l'exil Walter Mehring et Arnold Zweig ou forcés à une forme de résistance passive, qui prendra plus tard le nom d'émigration intérieure et qu'Erich Kästner décrira en ces termes : on est un cadavre vivant. Beaucoup d'entre eux connurent le désespoir et se suicidèrent, tels Walter Hasenclever, Ernst Weiß, Carl Einstein, Walter Benjamin, Ernst Toller ou Stefan Zweig.
Pour les auteurs qui se coulaient dans le moule national-socialiste, la mise à l'index d'un collègue était une aubaine professionnelle. On les voit sortir en rampant de tous les trous, ces petites putes provinciales de la littérature, écrivait Kurt Tucholsky en 1933, Enfin, enfin la concurrence juive a disparu… Mais maintenant ! … Voici les biographies des nouveaux héros, l'ivresse des cimes et les edelweiss, le tapis vert des prairies et le sillon des champs, … Vous ne pouvez pas imaginer la nullité totale.

Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=8695#forumpost8695

Posté le : 09/05/2015 15:26
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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