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Erik Satie
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Le 17 mai 1866 naît Éric-Alfred-Leslie Satie

dit Erik Satie, à Honfleur, mort à 59 ans, à Paris le 1 Juillet 1925, compositeur et pianiste français de musique moderne. Il reçoit sa formation au conservatoire de Paris de Vincent d'Indy
Il naît d'une mère anglaise, de confession protestante, qui meurt en 1870, et d'un père courtier maritime, catholique. Sortant de pension en 1878, et marqué par la mort dramatique d'une grand-mère, il suit d'abord des leçons de piano d'un certain Vinot, élève de Niedermeyer. Son père se remarie avec Mlle Barnetsche, une pianiste, et il entre au Conservatoire de Paris classes de piano, d'harmonie, de solfège ­ avec Lavignac, tout en se liant avec le poète Contamine de la Tour.

En bref

" Né si jeune dans un monde si vieux " C'est par cette phrase lapidaire qu'Erik Satie résumait son autobiographie. Toute la vie du musicien peut, en effet, se décrire en termes tels qu'on y découvre à chaque instant une volonté de renouvellement, un émerveillement devant la découverte, une humilité d'apprenti. Plus qu'à une éternelle jeunesse, elle nous fait penser à cette parole de l'Évangile : Si vous ne restez semblable à ce petit enfant, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux. Il est né à Honfleur, d'une mère d'origine écossaise et d'un père courtier maritime normand, et fut élevé dans la religion anglicane. Sa mère mourut alors qu'il avait six ans ; son père se remaria avec une jeune femme, professeur de piano, de qui il fut l'élève. C'est après ce second mariage qu'Erik Satie embrassa la religion catholique romaine. En 1879, il entre au conservatoire de Paris. Tout de suite, il déteste l'académisme et le conservatoire lui-même, c'est un lieu sombre, sans agrément ni intérieur ni extérieur. Il s'éloigne, d'instinct, d'Ambroise Thomas ou de Théodore Dubois pour vouer son admiration adolescente à Bach, Chopin et Schumann. En 1886, il quitte le conservatoire et s'engage dans un régiment d'infanterie, mais, s'apercevant vite qu'il n'a fait qu'échanger une prison hargneuse pour une autre absurde, il expose un soir d'hiver, par désespoir, sa poitrine nue à la bise glaciale et contracte une congestion pulmonaire qui, en le faisant réformer, lui rend sa liberté. Il est, dès lors, prêt à affronter la seule existence qui puisse lui convenir, qui puisse être en harmonie avec ses goûts et sa volonté non conformiste : la vie d'artiste. En 1887, c'est donc à Montmartre qu'il s'installe, car il sait pouvoir y rencontrer les êtres qui lui ressemblent ou, en tout cas, avec qui partager les risques d'une vie de bohème, la pauvreté parfois, et l'intransigeance esthétique.
Pianiste au cabaret du Chat noir et à l'auberge du Clou, il est encouragé par Debussy. Il reste le précurseur du dadaïsme et du surréalisme, ballet Parade, 1917. Ses premières œuvres, inspirées par une volonté de dépouillement médiéval et mystique, sont pour le piano, 3 Gymnopédies, 1888 ; 3 Gnossiennes, 1890 ; Trois Morceaux en forme de poire, 1890- 1903 ; Pièces froides, 1897. Catholique et socialiste, attiré par la philosophie du sâr Peladan, il compose de la musique mystique Messe des pauvres, 1895. À Arcueil, il reçoit à partir de 1923 des disciples, école d'Arcueil. Niant l'art, il expérimente la musique d'ameublement et aborde la technique éclatée et répétitive, ballet instantanéiste Relâche de Picabia en 1924, avec la musique du film Entr'acte de René Clair. Satie laisse également des mélodies, un Socrate, drame symphonique d'après Platon 1918, et des pages pour orchestre.
En 1920, il s'associe à une autre expérience d'avant-garde, en collaboration avec Darius Milhaud, une "musique d'ameublement "servant d'intermède à une pièce de Max Jacob ­ nouvelle provocation anti-artistique
En apparence, Satie n'est pas seul : des jeunes compositeurs qui le respectent, Henri Clicquet-Pleyel, Roger Desormière, Henri Sauguet, Maxime Jacob, s'associent avec lui et Charles Kœchlin pour former une école d'Arcueil, du nom de sa retraite, et dont il est l'esprit tutélaire, le grand-oncle. Mais, par une sorte de malédiction, tout ce mouvement se fait comme sur son dos : son personnage, plus que sa musique, est pris comme emblème. Il a tellement marqué sa musique de sa pittoresque figure, de ses titres, ses actes, ses manifestes, son humour, etc., que cette musique, dénudée de tout cela, dont elle semble indissociable, paraît souvent réduite à l'os. Et Satie ne s'est jamais entièrement consolé de ne pas avoir fait une œuvre autonome par rapport à lui-même, une œuvre qui, comme celle de ses pairs, puisse vivre toute seule, au-delà des étiquettes et des mouvements esthétiques.
Satie n'était pas un créateur étriqué : il manie merveilleusement les mots, et se montre, quand il le veut, très musicien. Mais s'il fut en porte-à-faux, c'est moins par rapport au public que par rapport à lui-même. Il ne renonça jamais vraiment à être le grand musicien qu'il reprochait aux autres de prétendre devenir, et sa musique n'est jamais complètement désinvestie de tout besoin d'exprimer quelque chose de son auteur, puisque son côté narquois ne fait souvent qu'en ressasser la dénégation. Rien de moins populaire et de plus populiste, dans le sens militant et fastidieux du mot, que certains flonflons de Parade ou de Relâche, à côté d'une poignée d'œuvres brèves et sensibles, comme les Gymnopédies, qui méritent de conquérir le semi-anonymat et le repos des Classiques favoris.
Vers la fin de sa vie, Satie se fâche plus ou moins avec une partie de ses admirateurs ; on le brouille avec la mémoire de Debussy, mort avant lui, et qui lui aurait volé, prétend-on, l'esthétique de Pelléas et des innovations harmoniques. La manière, provocante et amère à la fois, avec laquelle Satie cultive son ressentiment donne à penser qu'il n'avait pu ou voulu localiserl'origine de son propre sentiment d'échec. Il meurt assez tristement le 1er juillet 1925 à l'hôpital Saint-Joseph, des suites, disent certains, d'une cirrhose du foie soigneusement cultivée.
Puis son œuvre suit son chemin dans l'histoire, toujours revendiquée au service d'esthétiques diverses, rarement aimée de manière directe, pour elle-même. Aux États-Unis, notamment, John Cage rend un hommage retentissant au travail indispensable de pionnier accompli par Satie, qui devient, après avoir été considéré comme un amuseur ou un mystificateur par ses compatriotes, le musicien français le plus vénéré par l'avant-garde internationale. Mais ces œuvres à la fois faciles et inimitables que sont les Gymnopédies et les Gnossiennes lui valent une popularité authentique, dans le cœur du très grand public, loin de toute revendication posthume d'avant-gardisme.

Sa vie

Fils de Jane Leslie Anton, d’origine écossaise et de Jules Alfred Satie, courtier maritime normand, élevé dans la religion anglicane, Erik Satie a passé sa jeunesse entre la Normandie et Paris1. En 1870, la famille Satie quitte Honfleur pour Paris où le père a obtenu un poste de traducteur. Après la mort de leur mère en 1872, Erik et son frère Conrad retournent à Honfleur chez leurs grands-parents paternels, avec qui ils embrasseront le catholicisme, tandis que leur sœur reste avec leur père à Paris1. À la mort de leur grand-mère paternelle en 1878, retrouvée morte sur une plage de Honfleur, ils vont vivre à nouveau chez leur père à Paris. Ce dernier s’est remarié avec une femme de dix ans son aînée, Eugénie Barnetche1, professeur de piano, qui enseigne à Erik les bases de l’instrument : L’enfant prend aussitôt en haine et la musique et le conservatoire.
En 1879, il entre pourtant au Conservatoire de musique1. Jugé sans talent par ses professeurs, il est renvoyé après deux ans et demi de cours avant d’être réadmis, fin 1885. C’est durant cette période qu’il composera sa première pièce pour piano connue, Allegro 1884. Cependant, incapable de produire une meilleure impression sur ses professeurs, il décide de s’engager dans un régiment d’infanterie.
Après quelques semaines, constatant que l’armée n’est pas pour lui, il se fait réformer en exposant sa poitrine nue au froid de la nuit hivernale au point d’en attraper une congestion pulmonaire.

En 1887, il s’installe à Montmartre et compose ses quatre Ogives pour piano, dont les partitions ne font apparaître aucune barre de mesure, caractéristique qui sera réutilisée pour de nombreuses autres compositions. Il développera aussi très vite son propre style d’annotations sur la manière d’interpréter ses œuvres.
À cette époque commence une longue amitié avec plusieurs poètes, comme Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine ou le poète romantique Patrice Contamine, avec qui il collaborera par la suite sur le ballet Uspud. Il fait éditer ses premières compositions par son père. En 1888, il compose ses trois Gymnopédies pour piano.Amour
En 1890, il déménage au 6 rue Cortot, toujours à Montmartre, et fréquente le cabaret Le Chat noir où il fait la connaissance de Claude Debussy. En 1891, les deux amis s’engagent dans l’Ordre kabbalistique de la Rose-Croix fondé par le sâr Joséphin Peladan et Stanislas de Guaita. En qualité de maître de chapelle de cet ordre, il compose plusieurs œuvres dont les Sonneries de la Rose-Croix et Le Fils des Étoiles. Poursuivant son engouement mystique, il crée sa propre église : l’Église métropolitaine d’art de Jésus-Conducteur et lance des anathèmes contre les malfaiteurs spéculant sur la corruption humaine. Il en est à la fois le trésorier, le grand-prêtre, mais surtout le seul fidèle. Contraint à cette réalité, il l’abandonne.

Le 18 janvier 1893, Satie entame une relation amoureuse avec l’artiste peintre Suzanne Valadon. Bien qu’il l’ait demandée en mariage après leur première nuit, le mariage n’aura jamais lieu, mais Valadon s’installe rue Cortot dans une chambre près de Satie qui, dans sa passion pour elle, l’appelle sa Biqui. Il rédige des notes enflammées sur tout son être, ses beaux yeux, ses mains douces et ses pieds minuscules et compose à son intention ses Danses Gothiques tandis qu’elle réalise son portrait. Cinq mois plus tard, le 20 juin, leur rupture brisera Satie avec une solitude glaciale remplissant la tête de vide et le cœur de tristesse. On ne lui connaît aucune autre relation sentimentale sérieuse et avouée. Comme pour se punir lui-même, il compose Vexations, un thème construit à partir d’une mélodie courte, à propos de laquelle il note : Pour se jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses. Des interprètes comme John Cage ou Thomas Bloch jouent la pièce dans son intégralité soit 840 fois durant presque 20 heures.
La même année, il fait la connaissance de Maurice Ravel, à propos duquel il écrira plus tard : Ravel vient de refuser la Légion d’honneur, mais toute sa musique l’accepte.
En 1895, il hérite une certaine somme d’argent qui lui permet de faire imprimer plus d’écrits et de changer de vêtements, abandonnant le style ecclésiastique pour le velours. Il achète un même costume en sept exemplaires, couleur moutarde, qu’il portera constamment. Il est surnommé à Paris le Velvet Gentleman. En 1896, tous ses moyens financiers ayant fondu, il doit s’installer dans un logement moins coûteux, d’abord dans une chambre minuscule rue Cortot, puis en 1897, à Arcueil
Il rétablit le contact avec son frère Conrad et abandonne des idées religieuses auxquelles il ne s’intéressera plus avant les derniers mois de sa vie. Il surprend ses amis en s’inscrivant, en octobre 1905, à la Schola Cantorum de Vincent d’Indy pour y étudier le contrepoint classique avec Albert Roussel : En 1905, je me suis mis à travailler avec d'Indy. J'étais las de me voir reprocher une ignorance que je croyais avoir, puisque les personnes compétentes la signalaient dans mes œuvres. Trois ans après un rude labeur, j'obtins à la Schola Cantorum mon diplôme de contrepoint, paraphé de la main de mon excellent maître, lequel est bien le plus savant et le meilleur homme de ce monde. C’est également à cette époque qu’il devient socialiste, est employé au Patronage laïc de la communauté d’Arcueil et change à nouveau d’apparence pour celle du fonctionnaire bourgeois avec chapeau melon et parapluie. Au lendemain de l'assassinat de Jaurès, il exprima son indignation en s'inscrivant à la SFIO. Les avis diffèrent sur la réalité de son militantisme. Il aimait sincèrement les travailleurs et il était un chaud partisan de l'adhésion à la IIIe Internationale adhésion jouée à une voix. Quoi qu'il en soit, il est devenu un des premiers membres de la section arcueillaise du Parti Communiste. Son affectif le guidait, il ignorait tout du marxisme théorique et n'en voulait rien savoir.
En 1915, grâce à Valentine Gross, il fait la connaissance de Jean Cocteau avec qui il commencera à travailler à partir de 1916, notamment sur le ballet Parade. Leur collaboration fut fructueuse malgré quelques incompatibilités de caractère comme en témoigne leur correspondance. Tous deux seront les pères spirituels du groupe des Six, créé en 1920 et composé de Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre. Il fait également la connaissance, par l’intermédiaire de Picasso, d’autres peintres cubistes, comme Georges Braque, avec qui il travaillera sur Le Piège de Méduse, ainsi que sur des projets qui ne verront pas le jour.
En 1919, il est en contact avec Tristan Tzara qui lui fait connaître d’autres dadaïstes comme Francis Picabia, André Derain, Marcel Duchamp, Man Ray avec lequel ils fabriqueront son premier ready-made dès leur première rencontre. Au commencement de l’année 1922, il prend le parti de Tzara dans le différend entre Tzara et André Breton au sujet de la nature vraie de l’art d’avant-garde, tout en parvenant à maintenir des relations amicales dans les deux camps.
En 1923, il est l’inspirateur de l’École d'Arcueil, groupe informel composé de Henri Cliquet-Pleyel, Roger Désormière, Maxime Jacob et Henri Sauguet. Ce groupe ne survivra pas au décès du Maître d’Arcueil.
Il tombe malade au début de 1925. Le comte Étienne de Beaumont le fait hospitaliser dans la chambre qui lui est réservée à l'année à l'hôpital Saint-Joseph. Le 1er juillet 1925, Erik Satie meurt sur son lit d’hôpital.

Pauvreté

L’anecdote la plus connue concernant Satie est probablement celle relative à ce que ses amis trouvèrent lorsque, à sa mort, ils pénétrèrent dans son studio d’Arcueil6, auquel Satie refusait l’accès à quiconque. Ils y trouvèrent deux pianos complètement désaccordés et attachés ensemble, remplis de correspondances non ouvertes (auxquelles il avait toutefois en partie répondu et derrière lesquels ont été retrouvées un certain nombre de partitions jusqu’alors inédites, comme celle de l'opéra Geneviève de Brabant qu’il pensait avoir perdue. Dans un placard, une collection de parapluies et de faux cols. Et dans l’armoire, des costumes de velours gris identiques au sempiternel costume que Satie portait toujours : il les avait fait faire d’avance et en prenait un nouveau lorsque le précédent commençait à être trop usé.
L’état du studio révélait la pauvreté dans laquelle avait vécu Satie : ne pouvant vivre de ses talents de musicien, il ne se plaignait toutefois pas ou très peu. Quant à demander une aide financière à ses proches, c’était chose encore plus rare et plus difficile pour lui. Il n’allait pratiquement jamais demander de l’aide à ses amis, lui qui était pourtant très entouré.
Quelques rares proches se doutaient de sa situation, mais ce n’est qu’à sa mort, en découvrant l’appartement, qu’ils prirent conscience de la misère dans laquelle il vivait, misère qu’il surnommait la petite fille aux grands yeux verts.

Satie et l’humour

Satie est souvent qualifié d’ironique, ce qui fait considérer la relation complexe qui existait entre Satie lui-même et l’humour. Jeune, il se prenait très au sérieux. Je suis venu au monde très jeune dans un temps très vieux. Souvent, il est clair qu’il veut se libérer d’une partie de ses opinions antérieures : mais au lieu de les dénoncer, il utilisera plus que souvent l’humour, de sorte que son public ne sache pas ce qu’il pense vraiment. Ce genre de procédé se trouve de façon évidente dans ses Mémoires d’un amnésique, qui n’auraient sûrement trouvé aucun éditeur si elles n’avaient été écrites par Satie lui-même, en effet, Satie se moque de ses propres œuvres.
À côté de ce procédé dissimulateur, Satie est forcé une bonne partie de sa vie de fonctionner comme artiste de cabaret donc de produire des mélodies frivoles, de rudes saloperies selon ses dires, souvent sur des textes humoristiques. Quoique plus tard il dénonce toute cette production comme contre sa nature, souvent ce sont nettement ces mélodies qui sont les mieux connues par exemple, Je te veux, Tendrement, Allons-y Chochotte, etc..
L’humour de Satie apparaît clairement dans les annotations écrites sur ses partitions, que seuls les interprètes voient : par exemple, on trouve Vivache comme variante de Vivace dans la Sonatine Bureaucratique qui est une parodie de Clementi. De même, il compose un pastiche de la célèbre Marche funèbre de Frédéric Chopin deuxième pièce des Embryons desséchés, où il écrit citation de la célèbre Mazurka de Schubert Franz Schubert n’écrivit aucune mazurka célèbre alors que c'était un des genres favoris de Chopin. On trouve dans sa production musicale de semblables piques à propos de Camille Saint-Saëns, Debussy, etc. En somme, il ne faut peut-être pas prendre Satie pour plus sérieux que lui-même ne prenait pour sérieux les autres compositeurs.
Il passa huit jours en prison pour avoir rétorqué au critique musical Jean Poueigh qui avait peu apprécié son ballet réaliste Parade : Monsieur et cher ami, vous n'êtes qu'un cul, mais un cul sans musique.
Néanmoins, Satie a aussi écrit, à la fin de sa vie, des œuvres d’apparence plus sérieuse comme Socrate, sur un texte de Platon traduit par Victor Cousin, ou encore six Nocturnes pour piano.
Abondamment commentée, objet de multiples exégèses, l'œuvre de Satie reste imparfaitement connue en notre époque qui, pourtant, est presque encore la sienne. Il faut dire que tout semble être fait, aussi bien dans son existence d'artiste et de créateur que dans sa vie, pour déconcerter qui veut comprendre totalement l'esprit et l'influence de cet humoriste grave, humaniste aussi. Cette influence s'est exercée non seulement sur de nombreux musiciens, mais encore sur des écrivains, des peintres et des poètes. Tant par la pratique de son art que par la clarté de ses convictions exprimées avec une rare intransigeance malgré une pudeur qui les lui faisait dissimuler sous des plaisanteries qui rappellent celles d'Alphonse Allais, il a incarné et contribué à orienter l'esprit de tout un mouvement esthétique, d'une époque encore parfois capable d'influencer la nôtre.

Un sage visionnaire

L'intransigeance de Satie s'allie donc avec ses goûts d'indépendance et une nature profondément originale. Cette originalité le conduit, paradoxalement, à sacrifier à la mode d'alors grand feutre, cheveux longs, barbiche effilée et lavallière, simplement, semble-t-il, pour ne pas se faire remarquer, car il adopte un logis discret et si exigu qu'on le surnomme le placard. Mais la même originalité se révèle tout entière dans ses premières œuvres : Ogives 1886, Sarabandes 1887, Gymnopédies 1888 et Gnossiennes 1890. Satie, qui s'émerveille de tout, qui se plaît à fréquenter les cabarets chantants et les auberges littéraires, mais qui hante aussi les voûtes de Notre-Dame sous lesquelles il s'exalte aux cérémonies liturgiques et s'imprègne de chant grégorien, livre alors à l'attention étonnée des milieux musicaux des œuvres dans lesquelles non seulement la forme est inattendue, mais où l'on trouve la prémonition de tout ce qui caractérise le langage harmonique de la musique à venir. Ce sont des compositions lumineuses, transparentes, à la ligne si pure, si ferme et d'une courbe si parfaite qu'elle demeure fixée, soutenue par des harmonies fixes et dont l'enchaînement inhabituel crée un charme pénétrant, appartenant à ce frisson nouveau que Baudelaire décelait dans les œuvres chargées de sensations inouïes. Debussy, d'ailleurs, ne devait pas s'y tromper, puisque, après avoir accordé son amitié à Satie qu'il appelait un musicien médiéval et doux, il orchestra deux des Gymnopédies. On doit au Satie de cette époque des agrégations sonores savoureuses et mystérieuses, des enchaînements d'accords de neuvième qui furent, quelque temps après, utilisés, parfois avec moins de bonheur, par les musiciens dits impressionnistes. C'est sans doute à cause de ce goût pour une forme de rêve raisonnable et mystique que, alors pianiste au Chat-Noir, accompagnateur du chansonnier Vincent Hyspa, Satie fut séduit par un étrange personnage qui se faisait appeler le sār Peladan en réalité Joséphin Peladan, auteur de L'Androgyne et du Vice suprême. Sous l'influence du sār, il écrit des Sonneries pour la Rose-Croix, puis, sur un texte de Peladan, une œuvre dramatico-lyrique : Le Fils des étoiles 1891. L'écriture harmonique est encore celle des premières œuvres, et on y trouve des mouvements parallèles d'accords majestueux dont l'ensemble a des résonances architecturales. Il fonde, lui aussi, une secte : l'Église métropolitaine d'art de Jésus-Conducteur et lance des anathèmes contre les malfaiteurs spéculant sur la corruption humaine.

Un ascète pudique

Satie considère la pratique de son art comme une ascèse quasi religieuse. Il est, et sera, pour les musiciens et artistes sur qui il aura exercé son influence, un ardent prosélyte de l'art pour l'art. Peu à peu, son style musical s'épure, il dédaigne et méprise l'effet. Dans une attitude de renoncement et d'intériorité contemplative, il écrit une Messe des pauvres 1895. Il semble avoir lui-même fait vœu de pauvreté, car il pratique un désintéressement si profond qu'on dirait qu'il a choisi plutôt que subi cet état de dénuement qu'il connut souvent. La Messe des pauvres est une œuvre de rupture. Non seulement il s'est séparé, d'une manière fracassante, du sār aussi bien que de ses amis du Chat-Noir, mais il a également renoncé aux chatoyantes couleurs harmoniques pour adopter un style dans lequel les lignes sont d'une rare simplicité et où un hiératisme presque immobile rappelle les chants liturgiques modaux qu'il admirait. Dès lors, Satie, ayant rompu toute attache avec Montmartre, s'installe à Arcueil où il habite jusqu'à sa mort, dans une maison où personne ne pénétrait jamais. En 1905, il avait eu le courage d'entrer à la Schola cantorum, de redevenir un élève, celui de Vincent d'Indy d'abord, puis d'Albert Roussel. La discipline du contrepoint à laquelle il se consacre convient au caractère d'ascétisme qui est, dorénavant, celui de sa musique.

Un précurseur discret

Satie est généralement victime d'une équivoque. On voit trop exclusivement en lui l'humoriste qui aime donner à ses œuvres des titres cocasses et qui ne recule devant une plaisanterie que si elle cesse d'être inoffensive. En réalité, cet homme courtois et doux, sociable et ne se signalant en public par aucune excentricité, masquait derrière une volonté comique entretenue avec un sourire discret une audace de précurseur que sa pudeur naturelle lui interdisait de trop mettre en évidence. Il continue à écrire son œuvre en dehors de tous les mouvements esthétiques, de toutes les chapelles et écoles de l'époque, mais il les approche toutes. Après les Pièces froides 1897 et les Morceaux en forme de poire 1903, ce sont les Préludes flasques pour un chien, les Embryons desséchés, les Valses du précieux dégoûté, les Danses de travers, les Croquis et agaceries d'un gros bonhomme en bois, échelonnés entre 1906 et 1914, œuvres détachées de tout système, nues, sans prestige ni sortilège d'écriture, modestes dans leur nouveauté et dépourvues de tout effet oratoire. Satie est mêlé au mouvement de la Société de musique indépendante, et ami de Ravel qui fait jouer sa musique. Brusquement, il passe auprès du grand public pour un précurseur, un personnage d'avant-garde, car, en 1917, les Ballets russes de Diaghilev montent Parade, ballet écrit d'après un argument de Cocteau et dansé dans des décors de Picasso avec une chorégraphie audacieuse de Massine. L'œuvre est fracassante, et l'on y voit apparaître des procédés qui feront fureur, bien des années plus tard, chez des musiciens soucieux de modernisme mais souvent moins imaginatifs que Satie : il s'agit de l'extension de la percussion classique par toutes sortes d'instruments d'occasion tels que sirène, machine à écrire. Cependant, le musicien produit simultanément une œuvre d'une austérité rare, un drame symphonique sur un texte de Platon traduit par Victor Cousin : Socrate 1918. Il s'agit là d'une technique nouvelle qui appartient entièrement à Satie, et qui nous envoûte par sa sereine noblesse, son renoncement à tout brillant, sa richesse intérieure extraordinaire.

Une influence imprégnante

Malgré deux autres partitions de ballet, Mercure avec Picasso, 1924 et Relâche avec Picabia, 1925, et quelques pièces pour piano d'une écriture tout aussi nouvelle, Satie ne fut jamais, ou ne voulut jamais être le chef de file d'une école. Cependant, on fait de lui le chef des nouveaux jeunes, parfois l'inspirateur du groupe des Six. Mais il ne perd rien de son intransigeance et refuse de se laisser placer sur un piédestal. Sa vie est énigmatique, son art quelquefois étrange, son œuvre insolite. Il est violemment contesté par les uns, adulé par les autres. À partir de 1921, des jeunes musiciens viennent se grouper autour de lui et aiment s'appeler, entre eux, l'école d'Arcueil Henri Sauguet, Maxime Jacob, Henri Cliquet-Pleyel et Roger Désormière. Il est à la fois leur guide, leur fétiche et le champion de leur indépendance. L'influence de Satie, très grande, se manifeste cependant plus par une sorte d'imprégnation esthétique, par une manière de penser la musique et la vie qui n'appartiennent qu'à lui, que par la transmission de dogmes ou de principes d'écriture, par l'application de nouveaux systèmes. On peut donc dire que son influence se traduit surtout par une attitude à l'égard de la musique. À ce titre, elle n'a pas épargné Stravinski et, plus récemment, fut très grande chez un John Cage. Pouvoir citer ces deux noms montre aussi bien l'aspect positif que l'aspect négatif. Malgré les dédains, critiques ou admirations maladroites, l'influence de Satie reste vivante aujourd'hui. Michel Philipot

Œuvres Musique pour piano

Ogives I, II, III, IV pour piano 1886
Trois sarabandes I, II, III 1887
Gymnopédies en grec fêtes des enfants nus I, II et III 1888
Gnossiennes I, II, III, IV, V, VI, VII 1890
Vexations 1893
Pièces froides - trois airs à fuir 1897
Pièces froides - trois danses de travers 1897
Prélude de la porte héroïque du ciel 1897
Jack in the Box 1899
Trois morceaux en forme de poire, pour piano à quatre mains 1903)
Le Piccadilly 1904
Prélude en tapisserie 1906
Aperçus désagréables Pastorale, Choral, Fugue, pour piano à 4 mains 1908-1912)
Deux rêveries nocturnes 1910
Quatre préludes flasques pour un chien 1912
Vieux Sequins et Vieilles Cuirasses 1913
Embryons desséchés 1913
Sports et Divertissements 1914
Les Trois Valses distinguées du précieux dégoûté 1914
Avant-dernières Pensées 1915
Sonatine bureaucratique 1917
Nocturnes I, II, III, IV, V 1919
La Belle Excentrique 1920

Musique vocale

Messe des pauvres pour orgue et chœur 1895
Je te veux, valse chantée 1902
Trois mélodies : La Statue de bronze, Daphénéo, Le Chapelier
Socrate 1918
Les Ludions, cycle de 5 mélodies pour piano et voix sur des poèmes de Léon-Paul Fargue Air du rat, Spleen, La Grenouille américaine, Air du poète, Chanson du chat, éditées en 1926 chez Salabert.

Musique de scène

Parade, ballet de Léonide Massine pour les Ballets russes 1917
Le Piège de Méduse, comédie lyrique en un acte, livret du compositeur 1921
Mercure, ballet 1924
Relâche, ballet de Jean Börlin pour les Ballets suédois, incluant le film de René Clair Entr’acte 1924
Jack in the Box, ballet 1926

Musique de chambre

Musique d'ameublement Écrits

Écrits, éditions Champ libre, Paris, 1977
Recoins de ma vie, Le tailleur d'images, 1987
À table, Cléry, éditions Sergent-Fulbert, Jean-Jacques Sergent éd., 63 exemplaires, 2003
Les Raisonnements d'un têtu suivi de Mémoires d'un amnésique, Voix d'encre, Montélimar, 2013
L'Esprit musical, Paris, Mazeto Square, coll. Ab initio, 2015, 20 p.

Influence et hommages

Il eut une certaine influence sur les musiciens du groupe des six Darius Milhaud, Georges Auric, Francis Poulenc, et dans une moindre mesure sur Stravinski, Maurice Ravel et Claude Debussy. John Cage revendique une filiation avec lui. Il fut pianiste accompagnateur notamment du chansonnier Vincent Hyspa au cabaret Le Chat noir.
Un laboratoire de l’ENS de Cachan a été baptisé le SATIE en hommage à Erik Satie.
Un conservatoire dans le 7e arrondissement de Paris a pris le nom de Conservatoire Erik Satie.
L'école municipale de musique de Honfleur sa ville natale est baptisée d'après Erik Satie.
Une résidence universitaire à Caen Basse-Normandie a été baptisée en son nom.
L'école de musique de Saint-Martin-d’Hères porte son nom.
Une salle de musique, à Vénissieux, porte son nom.
Une plaque à son nom est visible sur sa maison à Montmartre, à Honfleur, ainsi qu’à Arcueil.
On peut visiter sa maison d’enfance à Honfleur, transformée en musée. C’était aussi le cas du petit Musée-Placard d'Erik Satie au 6, rue Cortot, à Paris, jusqu’à sa fermeture au public en 2008.
Il existe depuis 1990 une rue Erik-Satie dans le 19e arrondissement de Paris.
La promotion 2006 des conservateurs du patrimoine de l'Institut national du patrimoine porte son nom.
Un collège porte son nom à Mitry Mory
Le conservatoire municipal de Villebon-sur-Yvette porte son nom.



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Posté le : 16/05/2015 10:23
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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