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Bob Dylan 1
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Le 24 mai 1941 naît Bob Dylan né Robert Allen Zimmerman


à Duluth, Minnesota, aux États-Unis est un auteur-compositeur-interprète, musicien, peintre, poète américain, une des figures majeures de la musique populaire depuis cinq décennies,en Rock, folk, folk rock, blues, country, country rock, ses Instruments sont la guitare,l' harmonica, la basse, le piano. Il a pour surnom : Elston Gunnn, Blind Boy Grunt, Zimbo, Zimmy, Lucky Wilbury, Boo Wilbury, Elmer Johnson, Sergei Petrov, Jack Frost, Jack Fate, Willow Scarlet, Bob Landy, Robert Milkwood Thomas, Tedham Porterhouse
Ses œuvres les plus célèbres et les plus influentes datent des années 1960, quand il fut d'abord un chroniqueur informel des troubles américains, par exemple avec Like a Rolling Stone, Ballad of a Thin Man, All Along the Watchtower, Masters of War ou encore Gates of Eden. Certaines de ses chansons comme Blowin' in the Wind et The Times They Are a-Changin' sont devenues des hymnes anti-guerre, en particulier anti-guerre du Viêt Nam et des mouvements civils de l'époque. L'un de ses derniers albums studio, Modern Times, publié en 2006, est entré directement à la première place dans le classement Billboard 2008 et a été nommé Album de l'année par le magazine Rolling Stone.
Dans ses premières chansons, Dylan a abordé les questions sociales. Il faisait généralement appel à la contre-culture de l'époque. Tout en élargissant et en personnalisant les styles musicaux, il a mis l'accent sur de nombreuses traditions de la musique américaine, folk, country, blues, gospel, rock'n'roll et rockabilly, ainsi qu’à la musique folk anglaise, écossaise et irlandaise. Depuis le début de sa carrière, dans les années 1960, Dylan a, par ses textes et par sa recherche de voies nouvelles, allant parfois même à l’encontre de son public, marqué la culture musicale contemporaine. En témoignent les nombreux artistes qui se réclament de son influence, David Bowie, Neil Young, Paul Simon, Jeff Buckley, Bruce Springsteen, Tom Waits, Elvis Costello, etc., ou le vaste répertoire des chansons qu'il a composées, dans lequel puisent des musiciens de tous les horizons et de toutes les générations, Tom Waits, Elvis Presley, The Beatles, Mark Knopfler, Neil Young, U2, P.J. Harvey, Syd Barrett, Guns N'Roses, Jimi Hendrix, etc.
Les références dont s’inspire Bob Dylan pour faire évoluer son art, sont non seulement à rechercher du côté de musiciens américains légendaires, tels Hank Williams, Woody Guthriech et Robert Johnsonch, mais aussi chez des écrivains de la Beat generation, comme Jack Kerouac ou Allen Ginsberg. Il apprécie également Arthur Rimbaud, auquel il a été souvent comparé, et s’intéresse à des dramaturges, tel Bertolt Brecht.
Complexe, en constante évolution, il réinvente régulièrement chacun de ses standards, s'inscrivant dans différents registres, allant du rock agressif aux ballades, proche des aspirations sociales et culturelles des époques qu’elle a traversées, l’œuvre de Dylan a, peut-être plus que toute autre, fait évoluer la musique populaire en Occident.

En bref

De son vrai nom Robert Allen Zimmerman, fils d'un commerçant juif, il naît à Duluth, dans le Minnesota, le 24 mai 1941. Dylan a beaucoup menti sur sa jeunesse de rebelle un peu rustre qui admirait James Dean, mais le premier volume de son autobiographie fragmentaire, Chronicles, 2004 fait la lumière sur cette période avec le talent d'un écrivain véritable. Violence, passion et poésie : le mélange est détonant dès son arrivée à New York en 1961. À l'instar de Pete Seeger, il y fréquente les poètes beat, ou encore Suze Rotolo, qu'immortalise la célèbre couverture de son deuxième 33-tours, The Freewheelin' Bob Dylan, sur laquelle on voit le couple descendre une rue enneigée de Greenwich Village. Il voue un véritable culte au chanteur folk Woody Guthrie, à qui il restera toujours fidèle. Ses tout premiers enregistrements se font chez des amis, et on ne les retrouvera que plus tard sur des cassettes pirates. Les influences musicales s'y font évidemment sentir, mais tout est en place pour une carrière artistique hors du commun : les intonations vocales sont variées et les techniques instrumentales, guitare acoustique, harmonica très élaborées. Le premier disque, Bob Dylan, 1962, qui ne comporte que deux titres, Talkin' New York et Song To Woody est enregistré en quelques jours. C'est dans les trois suivants, qui connaîtront un succès beaucoup plus grand, qu'on trouve les morceaux qui resteront ses classiques les plus fameux et marquent sa période contestataire : en 1963, The Freewheelin' Bob Dylan, Blowin' in The Wind, Girl of The North Country, Masters of War, A Hard Rain's A-Gonna Fall, Don't Think Twice, It's All Right, Talkin' World War III Blues, I Shall Be Free..., en 1964, The Times They Are A-Changin', The Times They Are A-Changin', Ballad of Hollis Brown, With God on our Side, North Country Blues, Boots of Spanish Leather, The Lonesome Death of Hattie Carroll... et Another Side of Bob Dylan (Motorpsycho Nitemare, My Back Pages, Ballad in Plain D, I Don't Believe you, It Ain't Me Babe.... Le public, passionné ou agacé, se familiarise avec une polyphonie singulière qui ne choisit pas entre le chant et la parole, une énonciation à la limite parfois de l'incompréhensible où se mêlent l'ironie nasillarde, la colère impulsive, le lyrisme haletant ou les accents rauques de la rage de vivre. Les protest songs en faveur de la paix, de la dignité ou des droits civiques sont contemporains de sa liaison amoureuse avec Joan Baez, la grande prêtresse du genre.
Les chansons contestataires sont d'ailleurs à l'origine de malentendus durables entre la critique et le musicien. Au-delà de l'aversion pour la guerre et l'ordre moral des bien-pensants, Dylan n'a pas de conceptions politiques. Son inquiétude est ailleurs, dans les déchirements entre la haine de soi et les formes esthètes de l'égotisme, l'irrépressible mouvement vers l'amour fou et la conscience d'une définitive solitude, le goût pour des mots qui éclaireraient le monde et la lucidité amère que rien ne peut être dit à moins d'être Dieu. Plus ou moins liée selon les périodes à l'identité juive, se pose la question du Verbe et d'une expressivité qui, dans la musique, saurait le rejoindre. Le musicien interroge la condition de l'individu dans son solipsisme définitif, ballotté entre l'absurde et l'expérience d'une révélation, la tentation d'exister et la perte de soi dans les substances, l'alcool ou la mort. Le didactisme du propos n'a qu'une importance secondaire et se trouve vite balayé par l'essence du langage musical ou l'accomplissement spirituel de significations supérieures. Dylan n'a jamais été le chanteur des surboums réussies, et son goût immodéré pour l'argent empêcherait d'ailleurs de l'imaginer comme un critique radical du capitalisme. En revanche, son univers et sa beauté d'androgyne, le refus de l'expression ordinaire dans la subversion d'un langage adressé à l'autre ou peut-être à personne, ses tonalités aériennes et sombres ont composé de Robert Zimmerman l'altitude, selon la belle formule d'Alain Souchon.
Tout semble avoir été écrit sur Bob Dylan. Les gloses, révélations, offrandes et palinodies se sont accumulées et contredites au point de le ranger au rayon des classiques de la pop music, des troubadours modernes, des héros de la contre-culture des années 1960 ou des junkies de l'underground. On peut aussi bien voir en lui le seul chanteur-auteur-compositeur génial de la musique populaire de la seconde moitié du XXe siècle, abscons et transparent, lumineux mais tragique, viscéralement attaché aux racines des musiques américaines tout en les transcendant par une inspiration singulière. S'il n'a guère manifesté d'attirance pour le jazz, il a exploré en revanche tous les territoires du blues, du folk, de la country et du rock. En brouillant les pistes, il a produit un lyrisme de violente tendresse qui décourage les classements. Dylan n'est pas un penseur, pas davantage un théoricien. Ceux qui ont vu en lui un prophète se sont laissé abuser par les formules sympathiques de sa première période qui, pour sincères qu'elles aient été, n'en étaient pas moins simplistes. On l'approche davantage à travers son dandysme, qui explique autant l'ironie méprisante avec laquelle, au temps de sa gloire insolente, il répondait aux interviews, que sa silhouette de bohème élégante ou ses accoutrements improbables qui ont évolué avec le temps. On l'accepte définitivement en voyant en lui celui qui fit de la poésie dans la musique l'expérience même de la vie. Dans le fracas d'un monde qui s'effondrait et d'un autre qui ne parvenait pas à naître, ses images de visionnaire, ses mots et sa voix meurtris, ses mélodies ont su en de brefs à-coups donner un sens aux chagrins et aux révoltes d'une jeunesse incertaine.

Sa vie

Les grands-parents de Robert Zimmerman sont originaires d'Europe de l'Est, dont ils ont fui les pogroms de la fin du XIXe et du début du XX siècle. Ben D. Stone, son grand-père maternel s'installe à Hibbing, tandis que Zigman Zimmerman, qui a fui Odessa en 1907, s'installe à Duluth, ces deux villes étant situées dans le Minnesota. Beatrice Stone et Abraham Zimmerman, deux de leurs enfants, se marient en 1934 et donnent naissance à Robert Bob le 24 mai 1941 loin des combats, loin de l'Europe cimetière des juifsd, ce qui a fait dire plus tard à Dylan Le monde volait en morceaux et déjà le chaos fichait son poing dans la figure des nouveaux venus ch. Il reçoit le nom juif de Shabtai Zisel ben Avraham. Celui-ci passe sa petite enfance à Duluth où Abraham occupe un bon emploi de salarié à la Standard Oil qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille, puis en 1947 déménage avec ses parents et David, son jeune frère, à Hibbing, ville natale de Beatty.
Dans son autobiographie, Dylan écrit que sa grand-mère maternelle portait le nom de Kirghiz, que la famille de celle-ci avait vécu à Trabzon, sur la côte turque de la mer Noire ; bien qu'elle eût grandi dans le district de Kağızman, elle venait d'Istanbul. Son grand-père paternel était également originaire de Trabzon.

Hibbing

Hibbing est à l'époque une ville minière, réputée pour posséder la plus grande mine à ciel ouvert de fer du monde, d'environ 17 000 habitants, aux mœurs conservatrices et de tradition chrétienne, son père fréquentant le Rotary Club de la ville et même une loge juive maçonnique : le B'nai Brith. Son père, Abraham, guéri de la poliomyélite qu'il a contractée à Duluth, ouvre un magasin d'électro-ménager. Vers l’âge de 8 ou 9 ans, Robert s’initie au piano puis plus tard, à la guitare et à l’harmonica. Il se passionne tout d’abord pour la musique country de Hank Williams dont il répète les morceaux, et écoute les stations de radio qui diffusent du blues, tel que celui de Muddy Waters, Howlin' Wolf, John Lee Hooker ou Jimmy Reed. Il est également influencé par Elvis Presley, Buddy Holly, Bill Haley et Little Richard, dont la gestuelle scénique et les attitudes anticonformistes fascinent les adolescents autant qu'elles scandalisent leurs aînés.
À l'école secondaire, l'adolescent intègre des petites formations musicales, telles que The Golden Chords, avec lesquelles il joue dans des fêtes et des talent contests. Il étend sa culture musicale en échangeant des disques de jazz et de rhythm and blues avec des amis partageant son goût pour la musique. Il quitte l'école secondaire en 1959 avec son diplôme de fin d'études correspondant plus ou moins au baccalauréat français.

Vie privée

Le 22 novembre 1965, Dylan se marie à Wilmington, avec le mannequin américain Sara Lownds, née Shirley Marlin Noznisky le 28 octobre 1939 dans le Delaware . Ce mariage reste secret jusqu'en février 1966 et la parution dans le New York Post d'un article de la journaliste Nora Ephron intitulé Hush! Bob Dylan is wed. Leur premier enfant, Jesse Dylan, naît le 6 janvier 1966, ils ont trois autres enfants : Anna Leigh née le 11 juillet 1967 vit à Santa Monica, Samuel Isaac Abraham, né le 30 juillet 1968 est photographe, et Jakob Luke Dylan né le 9 décembre 1969 à New York. Dylan a également adopté la fille de Sara d'un mariage antérieur, Maria Lownds devenue Maria Dylan, née le 21 octobre 1961 et actuellement mariée au musicien Peter Himmelman. Depuis 1989 son fils Jakob est le chanteur principal et le parolier du groupe de rock de Los Angeles The Wallflowers. Jesse Dylan est un réalisateur et un homme d'affaires prospère. Bob Dylan et Sara divorcent le 29 juin 1977.
Bob Dylan a un cinquième enfant, Désirée Gabrielle, née le 30 janvier 1986 à Los Angeles de sa seconde épouse, la choriste Carolyn Dennis qu'il épouse le 4 juin 1986. Ils divorcent en octobre 1992.
Il aurait une autre fille prénommée Narette née d'une relation avec Clydie King, née Clydie May Crittendon le 21 août 1943 à Dallas au Texas. Clydie King fut la choriste de Bob Dylan pour Saved en 1980, Shot of Love en 1981, Infidels en 1983.

Carrière 1959-1961 : les débuts

Minneapolis
En septembre 1959, alors âgé de 18 ans, Robert Zimmerman s’inscrit à l’université du Minnesota pour y suivre des cours d’art et s’installe à Dinkytown, le quartier étudiant dans la banlieue Minneapolis, repères de défoncés et d'artistes influencés par le mouvement Beat. Peu assidu à des cours qu’il ne suivra que quelques mois, il découvre le folk, Pete Seeger, Cisco Houston des chansons qu’on tient toujours de quelqu’un 19The Scholar ou The Purple Onion pour 2 ou 3 dollars, c’est à cette époque qu’il commence à prendre le pseudonyme de Bob Dylan.
L’origine de ce pseudonyme fut longtemps considérée comme une référence au poète gallois Dylan Thomas, que Robert Zimmerman connaissait, mais il s’agit en réalité de la déformation de son deuxième prénom Allen. Au Chicago Daily News qui l'interrogeait en 1965 sur l'influence de Dylan Thomas sur le choix de son nom, il rétorquait : Non, bon Dieu non. J'ai pris Dylan parce que j'ai un oncle qui s'appelle Dillion. J'ai modifié l'orthographe mais seulement parce que ça faisait mieux. J'ai lu des trucs de Dylan Thomas et ça ne ressemble pas aux miens. Le 9 août 1962, Dylan a fait légalement changer son nom auprès de la Cour Suprême.
Dylan est un gamin aux allures de vagabond. Sa façon de jouer de la guitare est jugée presque convenable, sa voix trop monotone, trop rauque, mais il séduit. Il apprend beaucoup et rapidement : en recherche continuelle de nouvelles chansons à apprendre, il profite de sa culture et des discothèques folk des parents de ses amis – à une époque où les disques folk sont rares et précieux. Affabulant parfois, Dylan prétendit être orphelin, originaire du Nouveau-Mexique, Dylan acquiert progressivement toutes les caractéristiques d'un authentique chanteur folk.
Il fait la connaissance de David Whittaker, étudiant de gauche avec qui il devient ami. Whittaker semble être l'auteur des photos du disque pirate The Great White Wonder, en 1969, lequel lui fait découvrir Woody Guthrie, dont il dévore l’autobiographie, Bound For Glory. En décembre 1960, Dylan prend la route de New York pour y rencontrer son idole, malade de la chorée de Huntington, qui séjourne au Greystone Hospital, dans le New Jersey.

New York

Après un séjour de quelques semaines à Chicago, Dylan arrive à New York où il fait très froid en cette fin de janvier 1961. Il se rend directement à Greenwich Village, un quartier bohème où cohabitent chanteurs, artistes et militants politiques ; le soir même, il joue au Café Wha?. Il se rend au chevet de Woody Guthrie et, au fur et à mesure de ses visites, les deux hommes sympathisent. Ce gosse a vraiment de la voix. Je ne sais pas s’il réussira par ses paroles, mais il sait chanter dit Woody Guthrie. Dylan fait la connaissance des Gleason, chez qui Guthrie passe ses week-ends, et dont l'appartement dans East Orange s’est peu à peu transformé en un lieu de créativité autour de Guthrie où se réunissent les plus grands noms de la scène folk, comme Cisco Houston, Jack Elliot, ou encore Pete Seeger. Ne dédaignant pas l’hospitalité des Gleason, chez qui il utilise l'immense bibliothèque et ouvre ainsi son esprit aux classiques de la littérature mondiale, Dylan étudie et répète les enregistrements de Guthrie que ceux-ci possèdent.
Arrivé à New York depuis peu, Dylan n'a donc pas tardé à nouer des relations, mais, considéré comme trop marginal par les propriétaires de café, il peine à se faire engager Man there said Come back some other day, / You sound like a hillbilly / We want folk singer here. Cependant, en avril 1961, il joue devant la société de musique folk de l’Université de New York, au Loeb Student Center. À cette occasion, Dylan rencontre Susan Rotolo, âgée de 17 ans. Dessinatrice, peintre, Suze ne représente pas le stéréotype de l’admiratrice inconditionnelle. Son implication dans les mouvements étudiants, sa connaissance de Brecht, de Rimbaud, de Villon transforment un Dylan légèrement anachronique, jouant volontiers l'ignorance, en un auteur.
Lors de soirées pour débutants, des hoots, ou hootnanny d’un club célèbre du Village, le Gerde’s Folk City, Dylan est repéré par son directeur Mike Porco, qui l'engage pour deux semaines, sur les conseils de Robert Shelton, critique musical au New York Times : le 11 avril 1961 est le premier engagement d'importance pour Dylan, deux semaines, où il joue en première partie de John Lee Hooker, un guitariste incroyable, encore peu connu du grand public. Dylan dira par la suite Comme je n'avais pas l'âge requis, Mike s'est porté garant de moi auprès de deux syndicats. C'est devenu le père - le père Sicilien qui me manquait. Lorsque Mike Porco reprogramme Dylan le 26 septembre, Robert Shelton est présent et publie trois jours plus tard un article élogieux sur un nouveau styliste du folk, qui renforce la notoriété naissante de Dylan.

La Columbia

La Renaissance Folk ne se limite pas au seul Greenwich Village : à Cambridge, en Nouvelle-Angleterre, Joan Baez et Eric Von Schmidt enthousiasment également leur public, notamment à l’Unicorn et au Club 47. C’est dans ce dernier que Dylan fait la connaissance de Carolyn Hester, une chanteuse de folk, qui vient de signer avec Columbia Records. Carolyn est à la recherche d’un harmoniciste pour l’album auquel elle travaille, et propose la place à Dylan, qui accepte. Lors des séances d’enregistrement, Dylan joue à Carolyn un morceau qu’il a composé, Come Back Baby, qui séduit John H. Hammond, un des directeurs artistiques de Columbia. Au fur et à mesure des séances, Hammond prend conscience du talent de Dylan et, malgré les réticences de sa direction, lui fait signer un contrat : J’ai vu ce gosse avec sa casquette qui jouait de l’harmonica – pas terrible d’ailleurs, mais j’ai tout de suite été séduit. Je lui ai demandé s’il savait chanter. S’il composait. S’il ne voulait pas enregistrer. .
L’imprésario de Dylan s’appelle Al Grossman, agent célèbre et controversé de New York : salué pour les succès auxquels il a participé, il est aussi critiqué pour ses objectifs essentiellement commerciaux, peu conciliables avec le discours contre la misère populaire que chantent les chanteurs folk. Grossman est également le cofondateur, avec George Wein, propriétaire d’un club folk à Boston, en 1959, du festival folk de Newport, et gère les carrières du Kingston Trio, d’Odetta et du trio folk Peter, Paul and Mary. Cachant son intérêt à promouvoir la carrière de Dylan, Grossman incite Izzy Young, propriétaire du Folklore Center au Village à produire le premier concert de Dylan en tête d’affiche, au Carnegie Chapter Hall, le 4 novembre 1961.
En mars 1962 paraît le premier album de Dylan Bob Dylan, 1962. Composé de reprises folk et blues, il contient également deux titres originaux : Talkin' New York et Song To Woody. Ce premier album, confiné au cénacle folk, se vend mal, mais le contrat de Dylan, fermement défendu par Hammond et Johnny Cash, n'est pas rompu, comme cela fut envisagé au départ.

1962 – 1964 : une notoriété naissante

Broadside
Depuis février 1962, paraît périodiquement Broadside Magazine, un magazine folk fondé par Agnes Cunningham et à l’initiative de Pete Seeger. Des albums seront également produits par le magazine, The broadside Ballads, où Dylan apparaît sous le pseudonyme Blind Boy Grunt. Dans ce magazine pour lequel écrivent régulièrement Gil Turner, Tom Paxton et Phil Ochs sont publiés les textes de chansons d’actualité, les topical songs. Dylan y écrit une douzaine de textes, souvent écrits dans l’instant, qui témoignent de la faculté incoercible de Dylan à composer sur tous les sujets, de l’inanité de la chasse aux communistes au dégoût qu’il éprouve après l’exécution sommaire d’un noir âgé de 14 ans et la relaxe de ses assassins, blancs.
Porté par la puissance évocatrice de ses textes, Dylan devient la voix d’une génération excédée par les injustices et le conservatisme qui prévalent alors. Blowin' in the Wind, que Dylan compose en avril 1962, paraît dans le numéro six de Broadside. Reprise sur tous les campus et popularisée par le trio Peter, Paul and Mary, elle symbolise la dimension sociale et politique qu’est en train d’acquérir son jeune auteur. Son succès commercial sans précédent doit beaucoup à l'activisme d'Albert Grossman, qui suscite d’innombrables reprises, commandées aux artistes du catalogue de la Warner - qui dispose, grâce à Grossman, des droits sur la chanson.

The Freewheelin'
Blowin' in the Wind est la première chanson de son deuxième album, The Freewheelin' Bob Dylan, qu’il commence à enregistrer en juin. La chanson est constituée de trois strophes, chacune composée de trois vers. Chaque vers comprend une question, dont la réponse, toujours identique, constitue le refrain :
« La réponse, mon ami, est soufflée par le vent
La réponse est soufflée par le vent »
Dylan compose de nombreuses chansons engagées telles que A Hard Rain's a-Gonna Fall, écrite pendant la crise des missiles de Cuba, Masters of War écrite pour dénoncer le complexe militaro-industriel et Oxford Town, écrite par Dylan à propos des évènements qui se sont déroulés à l’université du Mississippi, située près de la ville d'Oxford, où James Meredith, un vétéran de l’US Air Force, a été le premier noir à être admis. Mais il rompt également avec la tradition folk de son premier album avec des titres plus intimistes tels que Don't Think Twice, It's All Right, Girl from the North Country, et Bob Dylan's Dream, révélateurs de la mythologie et du sens de la poésie qui l'habitent.
Les sessions d'enregistrement et la production de l'album, plus longue que celle du premier, révèlent également l'animosité qui oppose John H. Hammond à Albert Grossman : celui-ci conteste tout d'abord la validité du contrat qui lie CBS à Dylan, mineur lorsqu'il le signa ; il s'oppose ensuite à Hammond sur la production de Mixed up Confusion, accompagnée par un piano, une batterie, deux guitares et une basse. Le simple, qui comprend également Corrina, Corrina, ne concorde pas avec l'image de chanteur de folk de Dylan et est rapidement retiré de la vente.

Premières apparitions télévisées

Découvert par le réalisateur Philippe Saville à Greenwich Village, Dylan part pour Londres en décembre et participe à une pièce télévisée : Madhouse On Castle Street, diffusée le soir du 13 janvier 1963 à la BBC. La pièce décrit l'histoire d'un jeune homme rebelle qui s'enferme dans une pension et refuse d'en sortir ; sa sœur et son voisinage tentent d'en découvrir la raison. Dylan est d'abord pressenti pour jouer le rôle principal, mais constatant le manque de naturel de Dylan lorsqu'il joue, Saville réécrit la pièce et attribue à Dylan un rôle de narrateur chantant. Dylan interprète quatre chansons dont Blowin' In the Wind, dont c'est la première diffusion ; l'original de l'enregistrement fut détruit en 1968 et aucune copie n'a depuis été retrouvée.
Le 12 mai 1963, Dylan doit participer au Ed Sullivan Show, une émission accueillant tous les styles de musique et dont la diffusion est nationale ; elle est présentée par Ed Sullivan et produite par Bob Precht. Ceux-ci acceptent Talkin' John Birch Society Blues, que Dylan désire interpréter, mais Stove Phelps, conseiller à la programmation de CBS, la refuse : dans cette chanson moqueuse, les membres de la John Birch Society sont ridiculisés et sont associés à Hitler. Phelps dit craindre un procès en diffamation, à la surprise de Ed Sullivan: Hootenany, une autre émission télévisée avait accepté de diffuser une chanson du Chad Mitchell Trio, dont la cible était aussi la John Birch Society. Dylan refuse alors d'interpréter une autre chanson, et s’en va, furieux. La chanson, sous la pression des avocats de CBS, est également retirée de l'album The Freewheelin', sur lequel elle devait figurer.
Cet épisode ne marque pas l'arrêt des apparitions télévisées de Bob Dylan : en mai, est diffusée une émission de Westinghouse Studios, intitulée Folk songs and more folk songs, présentée par John Henry Faulk, à laquelle participent également les Brother Four, Carolyn Hester, Barbara Dane et The Staple Singers. Dylan y interprète Blowin' in the Wind, Man of Constant Sorrow et Ballad of Hollis Brown.

L'engagement social

Bob Dylan et Joan Baez lors de la Marche sur Washington le 28 août 1963.
Le 28 août 1963, Dylan, comme Joan Baez, Mahalia Jackson et d'autres, participe à la Marche sur Washington, où plus de 200 000 pacifistes se rassemblent pour dénoncer l'inégalité des droits civiques que subit la population noire. Après que les orateurs se furent succédé et que Martin Luther King eut prononcé son célèbre discours I have a dream, il interprète When the Ship Comes In et Only a Pawn in Their Game, tandis que Peter, Paul and Mary chantent Blowin' in the Wind.

Mouvement des droits civiques aux États-Unis.

Cet épisode illustre l'implication de Dylan et de nombreux autres artistes pour les droits civiques à cette période : par l'intermédiaire de Suze Rotolo, qui travaillait au CORE le Congress of Racial Equality, et de Broadside, il côtoyait le milieu contestataire étudiant, qui militait pour les minorités, dans un contexte difficile. Le 10 mai 1963, à Greenwood, dans le Mississippi, Dylan avait chanté à un rassemblement organisé par le SNCC, pour inciter la population noire des États du Sud à s'inscrire sur les listes électorales. De même, sa présence aux concerts de Joan Baez, leur relation amoureuse, contribuèrent à forger son image de héros de la contestation sociale, aux côtés de Joan. Surgissent cependant les signes de l'étroitesse et de l'inexactitude de cette image.
Le 13 décembre 1963, au cours d'un banquet de charité organisé par le Comité de Secours aux Libertés Civiques Emergency Civil Liberties Commitee, ECLC, Dylan reçoit le prix Tom Paine, qui récompense une personnalité qui a symbolisé le juste combat pour la liberté et l'égalité . Grisé par l'alcool, il prononce un discours désastreux.
À l'occasion d'un profil réalisé par Nat Hentof pour le New Yorker, Dylan décrivit son impression : Je suis tombé dans un piège quand j'ai accepté le prix Tom Paine …. Dès que je m'y suis pointé, je me suis senti oppressé. … Ça m'a vraiment pris à la gorge. Je me suis mis à boire. J'ai… vu un groupe de gens qui n'avaient rien à voir avec mon genre d'idées politiques. J'ai regardé le parterre et j'ai eu la trouille.… On aurait dit qu'ils donnaient de leur argent parce qu'ils culpabilisaient. Dans cet article, Dylan dit également : Je ne fais partie d'aucun mouvement. Sinon je ne pourrais rien faire d'autre que d'être dans le mouvement. Je ne peux pas voir des gens s'asseoir et fabriquer des règles pour moi. Je fais un tas de trucs qu'aucun mouvement n'autoriserait.
Joan Baez, dont il s'éloigna en 1964, le décrivit de la façon suivante : Pour on ne sait quelle raison, à mon avis, il veut se libérer de toute responsabilité. N'importe quelle responsabilité, concernant n'importe qui, me semble-t-il. S'en tirer tout juste avec ce que les autres ont à offrir.


Simple Twist of Fate

L'année 1965 marque une rupture radicale. Dylan trahit les « folkeux » et enregistre son premier album électrique et urbain, influencé par la pop anglaise, notamment celle des Beatles, qu'il écoute depuis quelque temps avec beaucoup d'intérêt. Bringing it All Back Home, She Belongs To Me, Love Minus Zero/No Limit, On The Road Again, Mr Tambourine Man, It's All Right, Ma, I'm Only Bleeding... marque l'avènement du folk-rock qui allait tenir pendant plus de dix ans le devant de la scène musicale mondiale. La même année, Donn Alan Pennebaker réalise le légendaire documentaire Don't Look Back qui permet de suivre Dylan dans sa tournée européenne, accompagné notamment de Joan Baez, de Marianne Faithfull ou du poète beatnik Allen Ginsberg. C'est le moment le plus extraordinaire et le plus tumultueux de la carrière de Dylan. Le look a entièrement changé et il fait scandale en juillet au festival folk de Newport en imposant ses compositions électriques. Sur Highway 61 Revisited, toujours en 1965, il enregistre une de ses plus belles chansons, surréaliste et désespérée, Desolation Row ; Like a Rolling Stone, son morceau le plus célèbre, sonne comme une profession de foi et l'hymne d'une génération, dans l'alliance des guitares électriques, du synthétiseur et de l'harmonica. Ses aventures extraconjugales, il avait épousé Sarah Lowndes quelques années auparavant se multiplient, l'héroïne et les amphétamines altèrent son humeur et exacerbent ses tendances au démiurgisme, dont pourtant il se défend. Son agressivité sur scène s'en trouve décuplée. Si le concert à Paris est un psychodrame calculé d'incompréhension entre l'artiste et son public, celui de Manchester, primitivement connu sous le nom de Royal Albert Hall et repris dans le Bob Dylan Live 1966 en 1998 est un moment déchirant de rock syncrétique où se confondent blues, rhythm 'n' blues et folk. Le plus somptueux de ses albums, Blonde on Blonde, sort en 1966 : sur la double pochette, Dylan apparaît en plan américain, menaçant, rimbaldien, résolument ailleurs. On y trouve tous les registres, de la gaieté festive de Rainy Day Women à la gravité poétique de Visions of Johanna ou Sad-Eyed Lady of the Lowlands. C'est en juillet de cette année-là que sa moto Triumph Bonneville dérape près de Woodstock.
Cet accident provoque un nouveau et brusque changement dans une carrière où la musique et la connaissance par les gouffres avaient fini par se confondre avec l'autodestruction. Dylan entame à Woodstock une retraite relative qu'il met à profit pour écrire de nombreuses chansons, pour lui ou pour les autres. L'inspiration évolue franchement vers la country, ce qui déroute agréablement les dylaniens dans le très beau John Wesley Harding, 1968 ; I Dreamed I Saw St. Augustine, The Ballad of Frankie Lee and Judas Priest, I Am a Lonesome Hobo, I'll Be Your Baby Tonight..., puis les déçoit, Nashville Skyline, 1969 ou les exaspère, Self Portrait et New Morning, 1970. À cette époque, le chanteur déborde d'activité : errances philosophiques, scandales et rumeurs, rock humanitaire, rôle et composition musicale dans le film inégal de Sam Peckinpah Pat Garrett et Billy le Kid 1973...
Brutal réveil en 1974, avec Planet Waves On a Night Like This, Tough Mama, Forever Young, Dirge, Never Say Goodbye..., Before The Flood, qui reprend les concerts donnés avec son orchestre The Band au cours de l'année, et surtout le magnifique Blood on The Tracks Tangled up in Blue, Simple Twist of Fate, You're Gonna Make Me Lonesome When You Go, If You See Her, Say Hello.... Tout est extraordinairement complexe avec Dylan : si sa vie privée ressemble à un chaos divorce, alcool, paranoïa, échec de son engagement au côté du boxeur noir Rubben Hurricane Carter, accusé de meurtre, dans le morceau Hurricane sur l'album Desire en 1975..., les disques suivants abondent en chefs-d'œuvre. Les morceaux et le concert que reprennent The Basement Tapes 1975 et The Last Waltz célèbrent puis sonnent la fin de la collaboration avec The Band. Viennent ensuite deux albums admirables : Street Legal, Changing of The Guards, No Time To Think, Baby Stop Crying, Señor Tales of Yankee Power, Where Are You Tonight Journey Through Dark Heat..., qui sort la même année 1978 que le film ennuyeux dirigé par Dylan lui-même, Renaldo and Clara, Masked and Anonymous, coréalisé avec Larry Charles en 2003, sera nettement meilleur, puis Slow Train 1979 ; Gotta Serve Somebody, Precious Angel, Slow Train, Gonna Change My Way Of Thinking, Man Gave Names To All The Animals.... Des accès de religiosité donnent le change tout à coup, et on le suit mal dans sa soudaine imitation de Jésus-Christ Saved, 1980 ; Shot of Love, 1981. Infidels 1983 y met fin et offre les joyaux de pure facture dylanienne que sont Jokerman et I and I.

Ain't Talkin, Just Walkin

Le salut, c'est bien davantage Biograph en 1985, un ensemble de cinquante-trois titres qui reprennent l'itinéraire de Dylan depuis ses débuts. On s'émerveille à bon droit : à un moment où le chanteur accumule des disques de moindre intérêt, quelques-uns des morceaux de Oh Mercy en 1989, What Good Am I ?, Man in The Long Black Coat... ou de Good as I Been to You en 1992 Black Jack Davey, Arthur McBride... se révèlent nettement supérieurs à toute la production courante de la musique pop du moment. Les soixante chansons de The Bootleg Series 1991, représentatives de trente années de carrière, convainquent à nouveau qu'il existe bien un Dylan éternel. Plus tard, on parlera encore de renaissance à propos de World Gone Wrong 1994 ou de Time out of Mind 1997, dont les accents sont pris dans une tonalité d'outre-tombe. Et c'est comme si les seize minutes de Highlands étaient, trente-deux ans après, le contrepoint brisé d'un Desolation Row qui n'aurait plus vraiment la force de s'énoncer. Love and Theft 2001 ne fut pas un bon cru, mais la réédition, deux ans plus tard, de quinze albums classiques remastérisés selon la mode d'aujourd'hui, tout comme la résurrection du style d'autrefois dans Modern Times 2006, qui s'achève sur les noires visions de Ain't Talkin', ou dans Tempest 2012, dont le sommet est la longue ballade de country éponyme qui relate l’histoire du Titanic, renforcèrent les dylaniens dans leur certitude d'avoir raison depuis cinq décennies.
Deux rhétoriques contradictoires se superposent quand il s'agit d'évoquer la carrière de Dylan. Le génie est condamné à rester génial, constamment. Or quel artiste pourrait sur plus de quatre décennies de carrière relever un tel défi ? C'est pourtant ce que la voracité de nos générations perdues a attendu de lui. Trahis par les simulacres et la mise en spectacle de tout, hébétés par les frustrations de la marchandise, nous avons attendu de l'artiste qu'il fasse toujours plus, et nous avons durement censuré ses passages à vide. Oubliant parfois qu'au plus profond du poète se terre une irréductible fracture. Dans ce grand œuvre, l'angoisse de la disparition alterne avec l'espoir déraisonnable d'une renaissance, le phénix se déchire entre l'amertume des fins de partie et le forever young d'une pathétique utopie. Cette cyclothymie existentielle, la recherche erratique de soi et de l'absolu, la haute science de la musique se sont confondues en Dylan, devenu la lanterne sourde de notre cheminement au bout de la mélancolie. Michel P. Schmitd

Une évolution sensible

C'est le 10 février 1964 que paraît The Times They Are a-Changin', l'album qui constitue le deuxième volet de ce qui est parfois appelé la trilogie folk de Bob Dylan.
Dans cet album, sur lequel Dylan a pour la première fois un contrôle total, il approfondit encore le registre de la topical song avec des chansons jaillies du contexte politique et social aux États-Unis : par exemple Only a Pawn in Their Game qui évoque le meurtre de Medgar Evers, leader de la National Association for the Advancement of Colored People pour le Mississippi au début de l'été 1963, The Lonesome Death of Hattie Carroll, inspirée par un fait divers de la banlieue de Baltimore, où un homme de la bonne société tua une domestique en lui assénant un coup de canne.
Surtout, l'album contient The Times They Are a-Changin' qui, deux ans après Blowin' in the Wind devient le nouvel hymne de la jeunesse. Cette chanson résume l'humeur des années 1960, dans laquelle une voix prophétique annonce un monde en pleine mutation, où journalistes, critiques, hommes politiques ne doivent pas barrer la route aux eaux montantes du changement.
Cependant, The Times They Are a-Changin' révèle une évolution sensible chez son auteur : tout d'abord au dos de la pochette et dans un encart sont imprimés 11 Outlined Epitaphs, 11 épitaphes esquissées, qui constituent la première publication de poésie de Dylan48, et où, subjectivement, il parle plus librement de lui-même. Des allusions à la route, à la fuite y sont également récurrentes. Ces poèmes seront republiés plus tard dans Writings and Drawings et seront également le support d'une biographie de Dylan : Bob Dylan, Epitaph.
D'autre part, sont incluses dans l'album des chansons comme One Too Many Mornings ou Boots of Spanish Leather, où Dylan exprime des sentiments sur les femmes, l'amour, l'amitié, que les ballades folk traditionnelles ne savent pas exprimer.
Son public, aussi, a changé : à un public d' amoureux de musique folk, calmes, aux mœurs vestimentaires sobres succède un public pop, jeune, enthousiaste, exubérant. C'est aussi ce que remarque Terri Van Ronk, qui s'occupa de la toute jeune carrière de Dylan, à l'occasion d'un concert au Carnegie Hall le 26 octobre 1963, devant 3 000 spectateurs :
C'était très étonnant. Comme un avant-goût de la Beatlemania. La première grande ascension de Bobby était déjà là, dans ce concert de Carnegie Hall. Quand ce fut fini, nous nous retrouvâmes tous dans les coulisses, et ils cherchaient la ruse pour échapper à l'assaut des jeunes filles qui hurlaient au dehors.

Another Side

Son album suivant, Another Side of Bob Dylan, est enregistré en un jour en juin, et paraît le 8 août 1964. C'est un album dans la continuité de Freewheelin', qui reste fidèle à l’idiome folk, guitare et harmonica, mais il n'y a plus de chanson protestataire. Ici aussi, des poèmes accompagnent l'album.
Les thèmes centraux de cet album sont l'amour, la liberté individuelle, les rapports humains. Dylan y développe également un autre thème d'importance : la futilité de l'engagement, comme l'évoque My Back Pages. Dylan s'y moque de lui-même, de sa vision manichéenne, et juge que les vieux discours et autres symboles ne sont que futilités et mensonges, Ah j'étais si vieux alors / Je suis plus jeune que ça maintenant.
Dylan participe ainsi à la création d'un climat culturel qui allait permettre aux artistes, aux groupes de rock de faire partager leur vision poétique, de dépasser les limites de la chanson d'alors. Lors de l'enregistrement en studio de l'album, Dylan confie à Nat Hentoff, journaliste au New Yorker : Il n'y aura pas de chanson protestataire dans cet album. Ces chansons, je les avais faites parce que je ne voyais personne faire ce genre de choses. Maintenant beaucoup de gens font des chansons de protestation, pointant du doigt ce qui ne va pas. Je ne veux plus écrire pour les gens, être un porte-parole. … Je veux que mes textes viennent de l'intérieur de moi-même.
L'album est mal accueilli par la critique et par le milieu folk, lui reprochant notamment son excès de subjectivité, son manque d'esthétisme. Un journal rédigea notamment la critique suivante : Mais Bob / Il a deux problèmes / des petits / la langue qu'il écrit / est pas de l'anglais / la mesure qu'il bat / est pas de la chanson / et c't'espèce d'/ intellectualisme inverti / fait rien que / me barber à mort.

Tournées

En février 1964, il part donner plusieurs concerts à travers l'Amérique pour tester ces nouvelles interprétations. Après le concert folk de Monterey en Californie fin mai, il s'envole pour une tournée au Royaume-Uni et un concert grandiose au Royal Festival Hall. Après Londres il fait un bref détour par la France où il avoue avoir dédié sa première chanson à Brigitte Bardot, il est également un admirateur de Françoise Hardy.

1965 – 1966 : la première période rock Avec les Beatles

Le 28 août 1964, Dylan rencontre pour la première fois les Beatles à leur hôtel à New York, lors de leur tournée américaine. Au-delà de l'initiation ou non à la marijuana des seconds par le premier, cette rencontre est le symbole de leur influence réciproque au cours des années 1960 : alors qu'au début de 1964 Dylan avait observé avec attention l'ascension des Beatles, ceux-ci étaient sensibles aux paroles et à l'attitude … incroyablement originales et géniales de Dylan. En 1965, lors de la tournée anglaise de Dylan, les Beatles affichent ostensiblement leur attirance, comme le titre l'article de Ray Coleman dans le journal Melody Maker du 9 janvier : Les Beatles disent : Dylan montre la voie.

Le passage au rock

L’avenir est dans les instruments électriques. En 1965, il engage le guitariste montant de l’époque, Mike Bloomfield, le Clapton américain et enregistre un nouvel album, mi-acoustique, mi-électrique, Bringing It All Back Home. Son public folk ne suit pas et boude l’album, pourtant encore assez proche des précédents, même sur les titres avec instruments électriques. Cet album sera classé numéro un au Royaume-Uni alors qu'il n'atteindra que la sixième place dans les charts américains.
Trois mois plus tard, paraît Highway 61 Revisited. Entièrement électrique, l’album s'appuie sur un rock basique, très incisif. Là où les morceaux de l’album précédent n’étaient souvent que du folk électrifié, ceux-ci laissent libre cours aux guitares rageuses et aux orgues tortueuses. Les paroles, abstraites et imagées, se démarquent également de la sobriété folk.
Les admirateurs du chanteur sont perplexes : Bob Dylan est pour eux la perpétuation d'une tradition solidement ancrée, entre musique américaine des origines et engagement social, et le rock une musique commerciale, dansante et vulgaire. Dylan, soutenu par un petit groupe de rock garage, The Hawks, qui deviendra plus tard The Band, part en tournée qui est, à l’époque, la plus longue jamais entreprise. Dylan joue ses nouvelles chansons partout dans le monde, et il est hué, notamment à Manchester le 17 mai 1966. Le divorce est consommé : Dylan ne sera jamais là où on l'attend.
Au milieu de cette tournée éprouvante, où le groupe joue plus fort que n’importe qui avant eux, Dylan enregistre le dernier volet de la trilogie électrique : Blonde on Blonde.
Enregistré en deux semaines de studio pendant lesquelles Dylan écrit souvent les paroles quelques minutes avant le début de la session, Blonde on Blonde, premier double album de l’histoire du rock, est un étrange moment de calme au milieu de la fureur de cette époque. Voix et musique s’y fondent pour nous raconter toutes les dernières expériences de Dylan, vécues et rêvées, dans une ode à l’amour sous toutes ses formes, de la mère à la prostituée, en passant par l’amour illusoire que donne la drogue. Dylan est au sommet du monde, vibrant intérieurement de mille sensations étranges, et fait partager ses expériences dans cet album si surréaliste qu’il est difficile de le décrire. Un chef-d’œuvre hors du temps qui fait de Dylan la locomotive du rock and roll.
Le 24 juillet 1965, lors du Festival de folk de Newport, s'accompagnant habituellement avec une guitare acoustique et un harmonica, il fait irruption sur scène avec trois membres du Paul Butterfield Blues Band et du pianiste Barry Goldberg en attaquant Maggie's Farm, le son est lamentable. Malgré les critiques et les siffets, Dylan continue avec It Takes a Lot to Laugh, It Takes a Train to Cry et Like a Rolling Stone. Il se fait de plus en plus huer, il quitte la scène et revient avec une guitare sèche pour entonner It's All Over Now, Baby Blue puis à la demande du public Mr Tambourine Man. Il a troublé les esprits, déchaîné les critiques mais conquis de nouveaux fans.
Le 22 novembre 1965, Dylan se marie secrètement avec Sara Lownds, mannequin de 25 ans. Certains amis de Dylan, dont Ramblin' Jack Elliott, disent que ce dernier niait qu'il était marié dans les conversations suivant immédiatement la cérémonie. La journaliste Nora Ephron fut la première à rendre la nouvelle publique en février 1966 dans un article du New York Post intitulé Hush! Bob Dylan is we.

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Posté le : 16/05/2015 13:58
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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