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Accueil >> newbb >> Défi du 6 juin 2015 [Les Forums - Défis et concours]

Parcourir ce sujet :   1 Utilisateur(s) anonymes



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Défi du 6 juin 2015
Plume d'Or
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Chères Loréennes, chers Loréens,

Je reviens vers vous avec plaisir pour le défi de la semaine.
Il est un peu bacchique, quoi de plus naturel pour un bourguignon.

Vous êtes descendu, seul(e), dans un très bel hôtel de la plus belle ville de votre choix.
Le premier soir, désireux de fêter vos retrouvailles avec cette ville paradisiaque, vous vous offrez un excellent repas très arrosé.
De retour à votre hôtel, très fatigué(e) et très imbibé(e), vous rentrez dans votre chambre.
Le doute s'installe. Etes vous bien dans votre chambre? Il vous semble qu'il y a une autre personne dans votre lit.
Je vous laisse imaginer la suite, avec toute l'imagination qui est la force des membres de ce site!


A vos plumes mes très chères amies et amis que je retrouve toujours avec un grand bonheur.

Amitiés de Bourgogne, bien sûr!

Jacques

Posté le : 06/06/2015 11:51
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Re: Défi du 6 juin 2015
Plume d'Or
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De vignes de la pettie fin
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Euh........cela me rappelle une histoire..
Histoire d'en rire ou d'en pleurer..

Histoire vraie ou histoire de boire


Nos plumes se sont croisées en ce jour, dirait on?

J'étudie ma plume s'envolera t-elle encore une fois dans un lit?

Posté le : 06/06/2015 11:57
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Re: Défi du 6 juin 2015
Plume d'Or
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Chère Athéna,

Il semble bien!
Et très sincèrement, je n'avais pas encore lu ton texte.
Bizarre, bizarre, j'ai dit bizarre, comme c'est étrange!
Les grands esprits se rencontreraient-ils? Les plus beaux compliments sont ceux que l'on se fait à soi-même.

Dois-je considérer que ton texte est une réponse à ce défi?
Alors bienvenu dans le carré des répondants aux défis, qui grandira ainsi, pour le plus grand bonheur de chacune et de chacun d'entre nous. Nous nous y amusons bien et la vie y est belle.

Bises de Bourgogne.

Jacques

Posté le : 06/06/2015 12:04
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Re: Défi du 6 juin 2015
Plume d'Or
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Pourquoi ne pas choisir un sujet plus proche des valeurs de notre Seigneur Jesus Christ ? Ici, il n'y a que fornication, luxure et mauvais penchants. Ô, brebis égarées, revenez dans le droit chemin, celui de la prière et de la méditation, au lieu de vous encanailler dans Sodome et Gomorrhe, à boire des alcools dans des calices obscènes et de vous retrouver avec des succubes.
Frère Donald du Vatican

Posté le : 06/06/2015 13:02
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Happiness is a warm gun - 1968 - The Beatles
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Re: Défi du 6 juin 2015
Plume d'Or
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De vignes de la pettie fin
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J'ai déjà répondu à un de ces défis il y a peu

Non je ne vais pas m'encanailler Frère Donald

Quoique!

Athéna

Posté le : 06/06/2015 13:10
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Re: Défi du 6 juin 2015
Plume d'Or
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Cher Donald,

J'attends ton absolution!
Au passage, si tu pouvais, puique tu es du Vatican, me faire octroyer les indulgences plénières et la bénédiction Urbi et Orbi.
Ainsi, avec les indulgences plénières, je pourrai continuer à proposer quelques défis canailles.

Amen!

Amitiés de Bourgogne.

Jacques

Posté le : 06/06/2015 14:07
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Re: Défi du 6 juin 2015
Plume d'Or
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L’inconnue de Saint- Étienne


Frère Tiburce arriva à la gare de Chateaucreux vers quatre heures de l’après midi, heure de Rome. Il héla un taxi pour se rendre à son hôtel, un ancien monastère réhabilité par la maison Pullman.
— Merci de vous arrêter , mon frère. Je crains que mes modestes pieds, bien que fort grands, ne souffrent d’une marche forcée vers le centre de Saint-Etienne.
— C’est votre premier séjour à Sainté ?
— Diantre, oui ! Depuis des années, je rêve de me rendre dans la ville céleste.
— Vous êtes un fan des Verts ?

Frère Tiburce ne comprit pas cette dernière remarque. Pour lui, Saint-Etienne symbolisait le martyr de la chrétienté naissante, un modèle pour tous selon le pape Benoit XVI. Ne voulant pas vexer le chauffeur de taxi, il opta pour un silence de jésuite, une attitude pas toujours recommandable mais bien pratique dans le cas présent.

Une fois à l’hôtel, il se dirigea vers la réception où officiait une jeune femme brune.
— Bonjour ma sœur, j’ai réservé une chambre pour deux jours.
— Bonjour monsieur. Veuillez me montrer votre carte d’identité s’il vous plait.
Frère Tiburce s’exécuta sans broncher. Dans son milieu, celui de la cité vaticane et des services financiers de la papauté, se conformer aux règles édictées par les laïcs constituait un moyen efficace d’intégration pour mieux obtenir des informations stratégiques sur le monde extérieur. Servir Jésus-Christ restait la pierre angulaire de son existence et il avait consacré sa vie à cette cause.

Une fois les formalités administratives réglées, Frère Tiburce se rendit dans sa chambre, une pièce fort spartiate conforme à sa réservation. Après deux heures de prière, il sentit la faim investir ses viscères. Il s’autorisa le droit à un repas de fête, dans un très bon établissement de Saint-Etienne. Ne connaissant pas la ville, il décida de passer par la réception. Frère Tiburce composa le 9.
— La réception. Que puis-je pour vous, frère Tiburce ?
— Je souhaite réserver une table au restaurant.
— Celui de l’hôtel ?
— Non. Ne le prenez pas mal car telle n’est pas mon intention. Pour ma première visite à Saint-Etienne, je préfère dîner à l’extérieur, dans un restaurant de prestige. Lequel me recommandez-vous, si ce n’est trop demander ?
— Quelle cuisine préférez-vous ?
— Je viens du Vatican. Nous privilégions les traditions au détriment de l’apparence.
— Je crois avoir la table idéale, en plein centre ville, aux portes du Parc Naturel Régional du Pilat. Vous découvrirez tous les produits régionaux qui font la richesse et l’identité du terroir stéphanois : le foie gras, les pommes de Pélussin, les fromages et volailles des fermes du Forez. Le cadre est de bonne facture, dans une vieille demeure du cru propice aux repas en famille et aux gastronomes exigeants.
— C’est exactement ce que je recherche. Pouvez-vous me réserver une table.
— Combien de personnes ?
— Une seule. Moi.

Frère Tiburce ne fut pas déçu par l’établissement en question. Le service se révéla agréable, courtois et discret à la fois. La clientèle, composée de familles bourgeoises, dégustait les mets dans un cérémonial bien français, avec force commentaires sur les plats et la qualité des vins. Frère Tiburce, pour sa part, commanda un plateau gastronomique, assortiment des spécialités du chef. Le serveur, un homme respectable et sympathique, lui proposa de goûter à un vin de la vallée du Rhône, excellent selon lui et recommandé par les meilleurs guides de France et de Navarre. Dans un souci de politesse jésuite et de charité chrétienne, Frère Tiburce n’osa pas refuser.

En fin de soirée, Frère Tiburce rentra à l’hôtel. Son repas l’avait éprouvé, surtout le mélange entre l’apéritif maison, le vin et le digestif ambré. Il essaya de garder un semblant de consistance, marchant lentement et fixant l’horizon. « Le Christ guide mes pas, même si son sang perturbe mes mouvements. » se surprit-il à penser dans un rare moment de lucidité.

Le veilleur de nuit, un personnage athlétique à la voix douce, lui ouvrit la porte et l’aida à se frayer un chemin vers les ascenseurs. Frère Tiburce réussit, par la grâce du Saint-Esprit, à appuyer sur le bouton du quatrième étage. La machinerie automatique le conduisit à son étage où il chercha son numéro de chambre dans un clair-obscur estival. Une fois en face de sa porte, il sortit de sa poche le sésame magnétique censé lui ouvrir le chemin du repos. La technologie opéra, en un clic à peine perceptible, et Frère Tiburce tituba jusqu’à son lit. Pressé d’en finir avec une journée trop longue, il n’alluma pas la lumière et se débarrassa de ses vêtements en les jetant à la hâte sur le bas-côté. Enfin, il se glissa dans les draps, symboles d’une paix nocturne bien méritée.

Quelque chose le perturba. Frère Tiburce tendit le bras, dans un réflexe conditionné, celui des hommes de foi prêts à agir pour la survie de leur âme. Il sentit un corps chaud, allongé à sa gauche. Ce contact le surprit. Frère Tiburce décida d’en savoir plus, sans pour autant allumer la lampe de chevet. Il se retourna et écouta. L’inconnu ronflait doucement. Frère Tiburce écarquilla les yeux puis souleva le drap en douceur. Il perçut alors une forme plutôt féminine, constituée d’une masse de cheveux soyeux, d’un buste un peu large et de fesses conséquentes.

Frère Tiburce arrêta là ses investigations. Son cerveau se mit en marche, à la recherche d’une explication sur l’origine de l’intrusion. Avait-il ouvert la mauvaise porte ? Cette option ne passa pas le filtre de son raisonnement : il avait pu entrer avec sa clé donc c’était forcément sa chambre. Il allait se lancer sur une autre voie de réflexion quand la femme se retourna subitement. Frère Tiburce l’examina de nouveau. Malgré la pénombre, elle affichait une énorme paire de seins et un visage paisible orné d’un grand nez. Frère Tiburce se sentit bizarre. Son bas ventre commença à germer, signe d’un instant de faiblesse propre aux êtres de chair et de sang.

L’inconnue respirait tranquillement, dormant du sommeil du juste. Frère Tiburce chassa des pensées impures en récitant de vieux psaumes. Malgré ces précautions, il sentit le malin s’insinuer dans son esprit. Des années d’enseignement religieux et de lectures vaticanes disparurent en une fraction de seconde. Le catholique laissa place au jésuite, cherchant des raisons de franchir la limite sans risquer la colère du Tout Puissant et l’excommunication. Il pensa à son maître Benoit XVI et leurs longues discussions sur l’art et la manière de tourner les faits à leur avantage, d’expliquer par des théories ce que la science rejetait ou que l’Histoire déclarait caduc. Frère Tiburce raisonna de son mieux.

Son martyre dura une éternité, entre dialectique intérieure et tornade des sens. Ses neurones du haut croisaient les hypothèses, les traduisaient en principes bibliques et les habillaient de spirituel. Ses neurones du bas accéléraient son rythme cardiaque, concentraient sa pression sanguine dans un seul et même organe qu’ils appelaient au secours. Au bout d’un temps proche de l’infini, les deux parties déclarèrent la synthèse atteinte et la session ouverte.

L’inconnue se réveilla à ce moment précis. Elle ouvrit ses grands yeux bleus, regarda Frère Tiburce puis posa l’ultime question dans un français musical mâtiné d’un petit accent germanique.
— Que faites-vous dans mon lit, monsieur ?
— Je m’excuse, madame, mais il me semble plutôt que vous êtes dans le mien.
— Vous m’avez invité ?
— Pas précisément.
— Pourtant, une partie de votre corps parait bien hospitalière.

Frère Tiburce rougit sous le coup de l’allusion. Il essaya de contrôler la partie incriminée. En vain. En bon jésuite, il tenta de reporter la faute sur l’inconnue.
— D’abord, qui êtes vous, madame.
— Vous ne me reconnaissez pas ?
— Non !
— Je suis la diva Dorothea, cantatrice du chœur de Munich, en tournée dans toute la France. J’ai chanté hier soir, du Mozart, du Wagner et du Verdi, devant des centaines de spectateurs.
— Je n’en fais pas partie.
— A vous de faire les présentations, monsieur.
— Je suis Frère Tiburce, directeur des investissements du Vatican. Je suis arrivé hier en fin d’après-midi et ai passé ma soirée au restaurant.
— Vous avez bu ?
— A peine !
— Pourtant, vous êtes là, dans ma chambre, nu comme un ver. En plus, vous montrez une érection sans équivoque quant à vos intentions à mon égard.

Frère Tiburce sentit l’ouverture se dessiner. Il regarda la grosse poitrine de Dorothea, imagina des positions peu catholiques et encore moins romaines puis tenta sa meilleure manœuvre.
— Je ne peux rien vous cacher, chère Dorothea.
— Je confirme.
— Il est temps d’en finir avec les réprimandes, les questions sur le pourquoi et le comment. Si nous sommes tous les deux nus dans ce lit, c’est un signe divin, la volonté de notre Créateur.
— Vous n’avez pas fait vœu de chasteté ?
— Si. Cependant, comment ignorer ce que le Tout Puissant nous montre ? Qui suis-je pour contrarier ses plans ?
— Vu comme ça !
— Prenons notre rencontre pour un des miracles quotidiens prodigués à des milliards d’âmes par notre Père à tous. Communions dans cet esprit. Fusionnons nos enveloppes corporelles et laissons nous aller à la volonté divine. Il ne s’agit pas de chair mais de spiritualité. Nous dépassons nos réalités physiques pour atteindre un niveau supérieur, celui de la spiritualité. Jésus-Christ, notre Seigneur, l’a fait avant nous. Il nous a montré la voie.
— Alléluia !

Frère Tiburce interpréta à sa façon les derniers mots de la diva. Il se jeta sur elle et la plaqua sur le lit. Mal lui en prit. Dorothea le regarda, rit de toutes ses forces puis lui mit un violent coup de genou entre les jambes. Elle se releva, dévoilant sa nudité une dernière fois avant de lui asséner une vérité assassine.
— Si votre Dieu vous avait élu pour vous unir avec moi, il vous aurait doté d’un organe digne de ce nom, pas d’un simulacre bon à étudier au microscope dans les cours de biologie au Vatican. Je vous laisse la chambre. Merci pour la partie de rigolade et le cours de rhétorique.

Posté le : 07/06/2015 13:01
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Re: Défi du 6 juin 2015
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Cher Donaldo,

Tu as vraiment le sens des belles trouvailles et des expressions truculantes.
Je ne peux pas me passer du plaisir d'en extraire trois de ton texte très bien écrit et élégant :

"Son bas ventre commence à germer" : on se demande bien ce qui a pu irriguer son bas ventre!
"Ses neurones du haut croisaient les hypothèses" : mais que faisaient donc les neurones du mileu?
"Ses neurones du bas accéléraient son rythme cardiaque" : quel anatomiste tu fais mon ami! Je vais te faire recruter dans le groupe de cliniques où j''officie. Ta nouvelle vision de l'anatomie du cerveau mériterait que l'on s'y attarde.

J'ai vraiment beaucoup aimé ton texte. Je comprends encore mieux ta précédente intervention. Tu étais déjà dans les voies du Seigneur, imbibé sans doute de ses vignes!

Merci à toi d'avoir honoré ce défi par ce texte très drôle. Je suis toujours très admiratif des textes que tu nous proposes.

Amitiés de Bourgogne.

Jacques

Posté le : 07/06/2015 14:24
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Re: Défi du 6 juin 2015
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Donald,

Ton histoire est croustillante à souhait ! Le pauvre frère Tiburce, j'en suis presque à être triste pour lui. Il aurait enfin connu l'extase !

Il imagina des positions pas très catholiques ! J'adore ! Il aurait dû emporter un kamasutra avec sa bible...

Merci pour cette belle production, que l'on pourrait presque interdire aux moins de 12 ans !

Bises

Couscous

Posté le : 07/06/2015 17:40
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Re: Défi du 6 juin 2015
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Déboires

Je sens que ma conscience refait peu à peu surface. Mon corps esquisse difficilement les premiers mouvements de la journée. Un mal de crâne à l’allure de casquette de plomb me rappelle que ma nuit ne fut pas ni sage ni réparatrice. Je n’ai aucun souvenir des événements après minuit. Je sais que j’étais en boîte avec ma copine Elise et que j’ai succombé à mon péché mignon, le Mojito. Lorsque je commence, je ne peux plus m’arrêter, je les enchaîne, et ce, jusqu’au blackout. Il n’est pas rare qu’Elise me jette dans mon lit et me laisse me dégriser tranquillement.

Une terrible soif me taraude. Ma gorge est plus sèche que le désert de Gobi. J’ouvre lentement les yeux, mes paupières grincent. Ma vision est encore trouble mais je comprends sans peine que cette chambre n’est pas la mienne. Et lorsque je constate la présence d’un individu à mes côtés, je me peux m’empêcher de pousser un cri stridulant et de sauter hors de ma couche. Je découvre un homme menotté, les poignets et les chevilles attachés aux montants du lit, une boule maintenue dans sa bouche avec une lanière de cuir. Je constate que nous sommes tous deux en tenue d’Adam et Eve, feuille de vigne en moins. Il me jette un regard apeuré,

Soudain, je suis prise d’horribles nausées qui me nouent l’estomac ; nœud plus coulant que plat, je fourre ma tête dans la première poubelle venue, faute de trouver les toilettes. C’est alors qu’un fracas résonne dans l’entrée. Deux hommes, équipés d’un gilet pare-balles et de casques sombres qui masquent leurs visages, m’attrapent sans ménagement par les bras. Une fois debout, des vomissures encore au coin des lèvres, l’un d’eux me jette un peignoir à fleurs et m’ordonne de le mettre pendant que l’autre enlève le bâillon de mon compagnon d’infortune.

Ce dernier se met à pleurer et à remercier les deux gars qui arborent le mot « POLICE » dans le dos. L’homme commence à raconter que je l’ai séduit au bar, que je l’ai ramené chez lui, qu’il m’a proposé un dernier verre et que là tout a dérapé. Je l’aurais assommé avec une poêle à frire et aurait profité de son inconscience pour ramener mon matériel sado-maso. Il se plaint d’avoir été giflé, flagellé avec le martinet qui traîne sous le lit et finalement abusé. Je suis totalement sidérée par ses descriptions. Lorsque le flic met précautionneusement l’instrument de torture dans un sachet en plastique étiqueté « preuve », ma mâchoire devient de pierre et mon cerveau se liquéfie. Comment me défendre alors que je n’ai aucun souvenir de cette nuit qui semble avoir été plus agitée que d’habitude ? Les menottes changent de mains et je suis embarquée, encore titubante, dans le panier à salade, et ce, malgré mes protestations trop molles à mon goût.

Le fourgon s’arrête et j’en suis extirpée comme une bête devant l’abattoir. Le voyage m’a apparemment dessoulée. Nous entrons dans un bâtiment vétuste où le L de « police » a disparu, laissant apparaître « poice », ne présageant rien de bon. On m’assied sur une vieille chaise de cantine en plastique orange sise au beau milieu d’une pièce aux murs blancs décrépis dont l’un est pourvu d’un miroir sans teint. Un des flics retire son casque à visière et je reconnais son visage.

– Vous êtes Benoît, le petit copain d’Elise.
– Oui et alors ? D’un ton peu engageant.
– Qu’est-ce que je fais ici ?
– Vous êtes accusée d’agression sexuelle aggravée et de viol avec violence.
– Je ne comprends rien !
– Vous lui avez imposé vos pratiques répugnantes alors qu’il n’était pas consentant.
– Vous en connaissez beaucoup de mecs qui refusent une relation avec une jolie fille ? Bon, je ne me jette pas des fleurs mais je suis loin d’être répugnante.
– Il n’a pourtant pas l’air d’avoir pris son pied le bonhomme. Nous allons chercher si on trouve des sécrétions vaginales sur son pénis et là, gare à vous ! Nous aurons toutes les preuves.
– Mais c’est une erreur ! J’avais trop bu hier soir et je ne me souviens de rien.
– La bonne excuse ! C’est un peu facile.
– Je ne peux pas avoir fait tout cela. Je suis partisante des relations tout ce qu’il y a de plus classiques. Ce matériel étrange ne m’appartient pas, je ne sais pas d’où il sort. Il lui appartient peut-être ! Je vous supplie de me croire.
– Il faudra expliquer cela au juge. Il n’est pas du genre clément. En plus, il est plus gang bang que martinet et boules de Geisha.
– Oh mon Dieu ! Je dois encore cauchemarder. Pincez-moi ! Appelez ma copine Elise, elle vous dira que c’est impossible.
– C’est parfait car elle est déjà là !

Il désigne de son doigt le miroir sans teint. Je reste un instant bouche bée avant que la porte ne s’ouvre et que ma copine s’avance vers moi. Je fonds en larmes en criant :

– Dis-leur que c’est une erreur. Je ne peux pas avoir fait cela. Tu me connais !
– Je leur ai déjà tout dit de tes excès !
– Pardon ? Tu es dans leur camp ?
– Pas du tout ! J’ai toujours été dans le tien et c’est pour cela que j’ai tout orchestré.

À ce moment-là, je perds totalement pied, mon cerveau est sur « off » et ma bouche est en mode « aéroport pour mouches ». Voyant mon absence cruelle de réaction, Elise fait un signe à Benoît qui me détache les mains.

– C’est fini ! J’espère que tu as compris la leçon ?
– Laquelle ? Je suis totalement perdue. Tu as su leur faire entendre raison ? Ils laissent tomber les accusations ?
– Elles n’ont jamais existé. Je t’ai monté un bateau !
– Tout était bidon alors, le mec, les flics, …
– Bien sûr ! Je voulais te faire prendre conscience qu’il fallait que tu cesses de te prendre des bitures. Ça va finir par t’amener vraiment des ennuis.
– Je me suis pris une belle baffe. Et le gars dans la chambre ?
– Un pote qui prend des cours d’art dramatique. Tu étais dans son appartement.
– Il est sacrément doué. On peut lui décerner l’oscar du meilleur acteur. Et ici, c’est le commissariat ?
– Non, un vieux bureau de police désaffecté.
– J’ai eu la peur de ma vie. Mais, ça y est, sois rassurée, j’ai bien compris la leçon. Et pour fêter cela, Mojito !
– Pff ! Tu es incorrigible !




Posté le : 07/06/2015 17:41
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Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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