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Carl Jung 3
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La psychothérapie jungienne

La théorie jungienne redéfinit tous les composants de la cure psychanalytique. Henri Ellenberger signale que Jung était un psychothérapeute exceptionnellement habile qui savait adapter le traitement à la personnalité et aux besoins de chacun de ses patients. Se démarquant de celle de Freud, réductive selon Jung, elle est selon lui un « processus dialectique entre deux individus reposant sur le concept de compensation psychique, ou Auseinandersetzung confrontation en français. Selon Christian Delacampagne, le succès de la théorie de Jung, auprès du public, est dû au fait que celle-ci centre moins la prédominance du sexualisme au sein de l'explication psychique ; ce faisant, elle soulève moins de résistance. De fait, La complexité de la psychanalyse jungienne tient au fait que toutes les instances psychiques sont en étroites relations les unes avec les autres. Décrire isolément un concept donne de lui une vision forcément partielle car ne tenant compte ni des rapports dynamiques avec les autres instances ni de l'ensemble du système psychique. Tout est lié, tout est en mouvement » explique en effet Elizabeth Leblanc.
Ainsi, l'analyse psychologique met en jeu des forces inconscientes qui en font un processus initiatique, le seul encore vivant et pratiquement appliqué dans la sphère de la culture occidentale selon Jung. Le transfert est conseillé, et même recherché, car il permet de projeter sur l'analyste le mythe personnel du sujet. Enfin, la cure suit des phases archétypiques, déjà illustrées par l'alchimie ou les religions anciennes sous forme de paraboles qui conduisent le patient vers la recherche de sa propre totalité. Le but du processus thérapeutique est de permettre d'assimiler les éléments inconscients de sa psyché et réussir ainsi finalement l'intégration de sa personnalité et la guérison de sa dissociation névrotique.

Une Å“uvre mystique ou scientifique ?

La critique selon laquelle la pensée de Jung est spiritualiste, voire mystique, a été émise dès les débuts de la psychologie analytique. Franck C. Ferrier en examine les conditions de production et le développement historique dans les écrits de Jung. Il y voit l'exploration d'une troisième hypothèse, ni matérialiste ni spiritualiste, mais relevant du paradoxe épistémologique. Ferrier considère le postulat de la psyché en sympathie avec le cosmos, comme la pierre de touche du système théorique jungien. Les références à la religion sont omniprésentes dans son œuvre, Jung s'aventurant souvent dans le domaine de la morale, de la théologie et même de la métaphysique, bien qu'il en refuse l'usage en psychologie. En fait, Jung aborde souvent lui-même la question de la mystique, celle de Maître Eckhart en particulier, dont il dit qu'il est le plus grand penseur de son époque. Dans l'ouvrage Jung et la mystique, Steve Melanson explique en effet que c'est spécifiquement dans l'héritage d'Eckhart que Jung considère la possibilité d'un renouvellement de l'attitude religieuse en Occident. Car, pour Jung, un tel vécu de l'expérience mystique permet à l'individu de trouver son sens intérieur et, ainsi, de développer une attitude religieuse propre à lui, une plus grande force d'âme et une autonomie spirituelle. Et de même s'est fortifié pour Jung l'idée que par l'addition d'un nombre suffisant de consciences ayant développé un tel sens propre, pourraient être évitées de nouvelles folies collectives modernes. Enfin, Jung s'est focalisé dès ses premiers travaux avec sa thèse de psychiatrie sur le paranormal. Son concept de synchronicité est le point culminant de cet intérêt ésotérique, ce qui a contribué à le décrédibiliser au sein de la communauté des psychanalystes et des psychiatres.
Le mandala est selon Jung la représentation de l'archétype de la totalité.

Une théorie pragmatique

Pourtant Jung se livre aussi à des réflexions épistémologiques sur la portée de l'investigation de l'esprit en tant qu'objet dans les sciences humaines. Dès ses débuts, Jung se dit empirique et pragmatique, se revendiquant de la méthode du philosophe américain William James. Jung part toujours en effet des faits pathologiques, que son expérience de clinicien au Burghölzli lui a permis d'affiner ; ses théories sont pour lui des propositions et des essais visant à formuler une psychologie scientifique nouvelle, fondée en premier lieu sur l'expérience directe acquise sur l'homme même. La réalité psychique n'est pas moins réelle que le domaine physique et a sa propre structure, est soumise à ses propres lois.
En d'autres termes, la pensée de Jung est panpsychique. Sa vision de la libido, en particulier, est éclairante : il s'agit pour lui d'une force créée par une polarité psychique conscient/inconscient, une énergie psychique sans pulsion sexuelle : une libido originaire qui peut être sexualisée ou désexualisée. En ne fondant pas sa théorie sur l'origine sexuelle du psychique, Jung se démarque de la psychanalyse, pour aboutir à une méthode davantage clinique. Les tests d'associations d'idées constituent un apport en psychologie expérimentale également81 alors que le cadre psychothérapeutique qu'il édifie influence les psychothérapies d'inspiration psychanalytique.

Le créateur de concepts

Jung poursuit, tout au long de sa vie, une analyse de la psychologie humaine qui le fait s'intéresser à la psyché de la personne normale avant de s'intéresser à la psyché de la personne névrotique ou psychotique. Bien qu'objets de polémiques, les concepts qu'il a développés ont ouvert une autre voie à la psychanalyse de Freud, et à la psychologie clinique également. Denis de Rougemont dit ainsi : Il est possible que le plus grand théologien et le plus grand psychologue de ce siècle, jusqu'ici, soient deux suisses : Karl Barth et Carl Gustav Jung. Cette recherche a permis à Jung de multiplier les outils d'analyse et les concepts permettant d'appréhender les manifestations psychiques. Cette différence fondamentale dans l'approche lui permet de mettre en lumière des concepts psychologiques majeurs dits transpersonnels car intégrés au psychisme objectif celui collectif composant la réalité psychologique, notion centrale de sa pensée.
Parmi cette réalité objective préexistent avant tout des structures mentales innées, les archétypes psychologiques, déterminés à partir de ses études de la mythologie, de l'alchimie et à partir d'un rapprochement entre pensée orientale le yoga Kundalinî notammen et théorie psychanalytique. Le concept d'inconscient diverge de celui de Freud et Jung y adjoint une partie collective, qu'il nomme l'inconscient collectif. Il déplace le fondement de la dualité pulsionnelle freudienne sur une double dualité, qu'il considère comme archétypique : la dualité créativité/destructivité et la dualité instinctivité/spiritualité, ces deux dualités n'étant pas superposables il y a, par exemple, des dynamiques spirituelles destructrices. Jung voit dans le mythe et dans les rêves des manifestations de cet inconscient collectif enfin.
Au niveau personnel, le psychisme subjectif, la psyché se compose de différentes instances jouant un rôle régulateur et dynamique, parmi lesquels : l'ombre, qui est la somme de tous les refoulements subconscients, liée aux fonctions psychiques inférieures, au caractère, et à tout ce que l'éducation et la socialisation ont repoussé dans l'inconscient personnel ; la Persona, fonction sociale d'adaptation sociale de l'individu ; les concepts sexués d'animus pour la femme et d'anima pour l'homme ont permis de comprendre la fonction de régulation et de communication de l'être avec le psychisme de l'inconscient, notamment à travers le rêve. Les concepts de Soi et d'individuationdonnent un sens et une orientation à la démarche jungienne. Enfin, le concept de types psychologiques à travers les notions d'introversion et d'extraversion et des quatre fonctions permet une description de la personnalité consciente et inconsciente voir infra.
Jung développe par ailleurs des concepts décrivant des réalités psychiques touchant à d'autres disciplines comme celui de synchronicité, qui touche au domaine de la physique. D'autres concepts, étant davantage des outils d'analyse, font de la psychologie de Jung une démarche également clinique. Jung définit ainsi les complexes, l'état psychique d'inflation, caractéristique de la psychose, la personnalité mana, les états modifiés de conscience comme le somnambulisme ou cryptomnésie, le transfert recherché, l'imagination active et le dialogue intérieur pour la psychothérapie.

Une théorie des types psychologique

Les quatre fonctions de la personnalité selon la typologie jungienne.
Les types psychologiques sont la contribution majeure de la psychologie analytique aux sciences humaines et en particulier à la caractérologie naissante lorsque Jung les a développés, dès 1913, lorsqu'il en expose les linéaments lors du congrès psychanalytique de Munich. Débordant le cadre expérimental pour développer une théorie de la personnalité prolongeant la classification traditionnelle, Jung met ensuite en évidence, dans son ouvrage fondateur Types psychologiques, en 1921, une structure schématique de la personnalité fondée sur des fonctions. Jung distingue en effet quatre fonctions psychiques : le type Pensée, le type Intuition, le type Sentiment et le type Sensation, que chacun possède à des degrés différents. À cette première grille de lecture, Jung y sur-ordonne deux attitudes qui déterminent l'utilisation faite par le psychisme du sujet de sa libido, énergie psychique. Ainsi, l'extraversion est le mouvement de la libido vers l'extérieur, qui se réfère à l'objet alors que l'introversion est elle le mouvement de la libido tournée vers l'intérieur et qui se tourne vers le sujet. Par exemple, l'extraversion domine dans l'hystérie alors que dans la démence précoce c'est l'introversion. Ainsi Jung dessine, à partir de ces quatre fonctions et de ces deux attitudes, et selon leur degré de conscience et de dominance sur le sujet, il existe ainsi une fonction principale, dite différenciée, un certain nombre de types psychologiques expliquant notamment les conflits de personnes ou les passions personnelles un type Pensée a une dominance pour le scientifique par exemple. Ce modèle eut une forte influence sur les théories managériales, à travers le Myers Briggs Type Indicator et la vision socionique, mais aussi en développement personnel, en graphologie et même en astrologie. Cependant, son utilité n'est pas psychométrique. Sa prise en compte dans la cure analytique, enfin, est une étape nécessaire dans la connaissance du monde intérieur du sujet.

Jung et l'alchimie

Paracelse. Jung le considère comme son ancêtre spirituel, comme étant une personnalité reflétant les contradictions de son temps.
L'alchimie, psychologie avant l'heure
Dès les années 1920 Jung découvre, grâce à son ami le sinologue allemand Richard Wilhelm et sa traduction du texte ancien du Traité du Mystère de la Fleur d'Or (Das Geheimnis der goldenen Blüte, la riche tradition de l'alchimie des souffles et l'alchimie des taoïstes. Ses recherches l'emmènent ensuite vers la tradition alchimique européenne, de l'Antiquité tardive jusqu'à la Renaissance. Il y découvre un fondement à sa psychologie analytique : Il nous apparaît aujourd'hui avec évidence que ce serait une impardonnable erreur de ne voir dans le courant de pensée alchimique que des opérations de cornues et de fourneaux. Certes, l'alchimie a aussi ce côté, et c'est dans cet aspect qu'elle constitua les débuts tâtonnants de la chimie exacte. Mais l'alchimie a aussi un côté vie de l'esprit qu'il faut se garder de sous-estimer, un côté psychologique dont on est loin d'avoir tiré tout ce que l'on peut tirer : il existait une philosophie alchimique, précurseur titubant de la psychologie la plus moderne. Le secret de cette philosophie alchimique, et sa clé ignorée pendant des siècles, c'est précisément le fait, l'existence de la fonction transcendante, de la métamorphose de la personnalité, grâce au mélange et à la synthèse de ses facteurs nobles et de ses constituants grossiers, de l'alliage des fonctions différenciées et de celles qui ne le sont pas, en bref, des épousailles, dans l'être, de son conscient et de son inconscient, une mise en image et une parabole de l'évolution de l'individu sur le chemin de l'individuation : J'ai vu très rapidement que la psychologie analytique se recoupait singulièrement avec l'alchimie. Les expériences des alchimistes étaient mes expériences et leur monde était, en un certain sens, mon monde. Pour moi, cela fut naturellement une découverte idéale, puisque, ainsi, j'avais trouvé le pendant historique de la psychologie de l'inconscient. Celle-ci reposait dorénavant sur une base historique.
Jung voit dans la figure de Paracelse un psychologue d'avant la psychologie, un medicine-man lui ressemblant en bien des points. Paracelse l'initie par ailleurs au rapport ténu qui existe entre l'alchimie et la religion comme problème moral de l'âme. Ses recherches sur l'alchimie aboutissent à plusieurs ouvrages : Synchronicité et Paracelsica 1929, Psychologie et alchimie 1944, Psychologie du transfert 1946 et enfin les deux tomes de Mysterium conjunctionis 1955 et 1956. C'est à partir des œuvres alchimiques du Moyen Âge et de la Renaissance les traités de Michael Maier comme Atalante fugens, ceux de Johann Valentin Andreae, Les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz, et les écrits de Gérard Dorn, surtout mais aussi des époques antérieures Pythagore et le célèbre traité fondateur de la Table d'émeraude attribuée à Hermès Trismégiste et contemporaines Fulcanelli notamment que Jung trouve la justification de ses modèles psychologiques. En effet, il voit dans la recherche de la lapis philosophicae, la Pierre philosophale, la métaphore du cheminement de l'esprit vers davantage d'équilibre, vers une réalisation pleine et complète, le Soi. Pour Jung toute la recherche de la transmutation du plomb en or n'a servi, au cours de l'histoire, qu'à représenter ce besoin psychique humain, et à en préserver les règles et processus, et la connaissance des menaces de la société de l'époque l'Inquisition notamment. Jung est ainsi connu pour être un des rares psychothérapeutes à s'être appuyé sur l'alchimie pour en déterminer les parallèles avec la psychologie, celle de la recherche de l'anthropos ou homme total, auquel Jung donne le nom de Soi.

La structure de la psyché

Les Types psychologiques composés au sortir de cette gestation 1921 décrivent une structure quaternaire de la psyché, le quatre, la croix traduisant une totalité. Mais les quatre fonctions psychologiques : pensée, intuition, sentiment et sensation, dont l'importance respective caractérise les différents types humains, forment un instrument que l'homme doit manier pour évoluer. La vision junguienne de l'homme est purement dynamique. Deux concepts la résument : le devenir Werden et la transformation Wandlung. L'homme est l'aboutissement de l'évolution des espèces. En lui le monde devient conscient de lui-même par la formation d'un moi. Mais le renforcement unilatéral de ce dernier ne doit pas dépasser une certaine limite. Au-delà, le moi tend à oublier son lien avec l'océan d'où il sort, l'arbre se sépare de ses racines, se dessèche ou produit des fruits monstrueux. Sur le plan collectif, ce sont, en retour, les déchaînements sauvages dont les exemples abondent au XXe siècle ; chez l'individu, c'est la névrose, affection mentale où l'inconscient, nié, réclame sa part. La névrose n'est donc pas liée uniquement à des événements du passé, notamment infantile, comme chez Freud, mais à une situation actuelle. Rétablir le passage sans heurt du courant psychique, source de renouvellement, tel est le but de l'exploration intérieure. Pour y parvenir, Jung n'a guère recours à des techniques, coupables à ses yeux de préjuger du résultat. Sa méthode est définie par le terme d'Auseinandersetzung, confrontation, échange sans dérobade de deux personnalités en vue de la réalisation de la conscience, Bewusstwerdung. Une attitude « objective, neutre, n'est pas de mise de la part du praticien ; seul un sujet peut aider un sujet ; le médecin doit être avec son patient, dans son drame et non à côté. La psychothérapie est une maïeutique vitale. Jung accorde par suite, comme Freud, une importance capitale au transfert, qui est le lien affectif unissant le praticien et le patient. Loin d'être la simple projection d'une image parentale du patient Freud, le transfert y joue pour Jung, à partir du praticien, le rôle actif d'un catalyseur en vue de la manifestation des contenus inconscients. Pour être efficace, il présuppose donc un accomplissement personnel du psychologue. Aux yeux de Jung, la portée de la psychothérapie est aussi variée que la nature humaine. On ne peut lui assigner de but a priori. L'évolution psychologique est essentiellement imprévisible. Les intentions et les voies de la nature ne sont pas les nôtres ; la disposition requise à leur égard est donc une attention vigilante alliée à une totale disponibilité. Auprès de la petite psychothérapie qui tend à la guérison d'un symptôme, obsession, phobie, inhibition, etc. et dans laquelle les découvertes cliniques de Freud ont leur place, le praticien peut se trouver engagé dans une grande psychothérapie, entreprise de longue haleine qui ne vise pas moins que la transformation de la personnalité. Tandis que la thérapeutique de Freud se borne à faire venir à la conscience les contenus personnels inconscients qui, pour avoir été oubliés ou refoulés, troublent la vie consciente, Jung ne se contente pas de vouloir rétablir une normalité qui reste à définir. Voyant dans l' inconscient une énergie préexistant au moi, il ne fixe pas de limites à sa poussée en vue de son actualisation et accueille toutes les formes de réalisation possibles, demeurant seulement attentif à sauvegarder le contrôle du moi conscient. Il se garde de réduire la valeur des matériaux mis au jour ; de telles attitudes ne font que masquer notre ignorance : si un grand poète a été un névropathe, cela ne touche en rien au mystère de son génie, car tous les névropathes ne sont pas de grands poètes. La reconnaissance dans l'homme d'une dimension qui passe infiniment l'homme limité à l'ego caractérise la psychologie analytique, encore dite complexe ou des profondeurs, par opposition à la psychanalyse freudienne.
Il existe depuis 1948 à Zurich un institut C. G. Jung qui assure la formation des praticiens. L'école junguienne a des représentants, non seulement en Europe et en Amérique, mais encore aux Indes et au Japon.

Le dynamisme des images oniriques

Le rêve est pour Jung, comme il l'est pour Freud, la voie royale menant à l'inconscient. Jung professe le plus grand respect à l'égard du songe et de son message. Il révèle à ses yeux l'existence d'un psychisme objectif, d'une sagesse naturelle qui tend à l'autorégulation de la psyché et dont il est la voix. Le rêve qui traduit l'état de l'inconscient à un moment donné » exerce normalement une fonction de complémentarité par rapport aux attitudes conscientes. C'est une production naturelle qui doit être examinée comme telle, au même titre qu'une fleur ou qu'une gemme. Les symboles qu'il met en œuvre pour peindre une situation ne sont pas uniquement des signes, des allégories créées par une fonction de censure servant à dissimuler des figures de l'état de veille, ce qui est la conception freudienne. Ce sont des images qui ont leur raison d'être en elles-mêmes et possèdent leur dynamisme propre. Leur signification excédera toujours les interprétations que l'on peut en donner, car le propre du symbole est précisément de mettre le conscient en contact avec ce qui est inconnu et à jamais inconnaissable.
Le rêve formant un tout complet, son sens ne doit pas être recherché au moyen de libres associations qui écartent de lui Freud, mais chaque symbole demande à être éclairé à l'aide du contexte onirique et vital. La nature autonome du symbole, l'existence d'un inconscient collectif permettent d'inviter le rêveur à passer au-delà de ses associations personnelles et à examiner toute la portée possible de l'image proposée à sa conscience en utilisant les matériaux historiques qui s'y rapportent. Cette opération est appelée amplification. Les symboles peuvent encore apparaître à l'état de veille sous forme de fantasmes, d'impressions visuelles ou auditives. Une mention spéciale doit être faite de l' imagination active. Elle consiste à fixer l'attention sur une image, souvent empruntée à un rêve, et à en examiner la libre évolution. L'imagination active, où le moi joue le rôle d'un témoin vigilant, est aux antipodes de la rêverie. Elle peut fournir un instrument de choix en vue de la maturation des situations oniriques. Les plus belles images demeureront vaines tant que le moi ne les aura pas faites siennes par un acte qui sera, suivant le cas, intérieur ou extérieur. C'est alors seulement qu'il sera possible de parler d'intégration, de réalisation psychologique. D'un autre côté, il importe de préciser que l'activité dont il est question ici est aux antipodes de toute direction imposée ou suggérée au déroulement des images par un ego volontariste ; c'est la présence vigilante, objective et aimante d'une pure conscience, d'où sont absentes toute préoccupation d'intérêt et toute volonté de nature personnelle.

L'inconscient collectif et l'individuation

Par la voie une et multiple de l'image, l'homme pénètre progressivement dans les cercles qui le mènent vers le centre de son être intérieur. Le premier rencontré est celui de la persona en latin : le masque du comédien. Ce terme désigne ici le personnage social qui, s'il a l'utilité et le caractère indispensables d'un vêtement, risque bien souvent de nous dissimuler notre nature individuelle. Il faut ensuite affronter et intégrer l' ombre, partie de nous-mêmes constituée par nos défauts et les produits de la fonction psychologique la moins différenciée. L'ombre a cependant un sens plus vaste et peut également désigner l'inconscient dans son ensemble, puisque tout ce qui n'est pas encore entré dans la lumière de la conscience apparaît comme rempli d'obscurité et de menace. Jung applique à la plongée dans l'ombre l'expression de mort volontaire qu'il emprunte à Apulée parlant des mystères d'Isis. Mais au-delà de cette porte étroite on débouche dans une immensité sans limites, une indétermination inouïe.

Les archétypes

Avec l'entrée dans cet indéfini, océan d'énergie antérieur à l'individu, Jung franchit un pas que Freud n'avait pas osé accomplir. Par opposition à l'inconscient personnel, il le nomme inconscient collectif. Son exploration ne va pas sans danger : les énergies qui font alors irruption dans la conscience inondent l'être, tel un déluge. On assiste à un abaissement du niveau mental pouvant aller jusqu'à une dissolution de la conscience pendant laquelle le psychologue tient, grâce au transfert, la place d'un moi de substitution. Les contenus de l'inconscient collectif, ses modes de manifestation sont les archétypes. Plutôt que des structures préformées, ce sont des virtualités formatrices qui modèlent la matière indifférenciée fournie par le flux de l'énergie psychique. Ce sont de purs dynamismes qui se présentent sous des formes extrêmement variées appelées images archétypiques. Ils contiennent une forte charge émotionnelle d'ordre numineux dépassant l'homme, sacré. Cette charge est à la fois positive et négative : l'archétype est simultanément l'indispensable facteur de l'évolution intérieure et, par la fascination qu'il exerce, une puissance captatrice, un ogre redoutable. La vie de l'homme tout entière est dominée et comme aimantée par les archétypes. Les plus puissants d'entre eux sont, sans conteste, ceux des parents. Il ne faut pas commettre l'erreur de voir dans les images parentales des projections formées à partir de personnalités concrètes, comme l'a fait Freud, encore captif de la mentalité rationaliste qui était celle de son époque. C'est l'inverse qui se produit : le père et la mère charnels sont des spécifications de l'archétype invisible, d'où leur aspect surhumain dans l'âme de l'enfant.
Auprès des archétypes des parents, il faut citer ceux de l'anima et de l' animus qui introduisent l'image du sexe opposé dans la psyché consciente au fur et à mesure que l'être se différencie d'avec ses parents. L'anima est au suprême degré la puissance qui arrache l'homme à son univers rationnel ; c'est pourquoi elle apparaît souvent en premier lieu comme la séductrice, le fauteur de désordre. Certains types d'anima demeurent ainsi purement négatifs et aliènent entièrement celui qu'elles entraînent, telles Circé qui change en pourceaux les compagnons d'Ulysse, et la femme fatale décrite par P. Benoit dans L'Atlantide sous les traits d'Antinéa.
Mais peu à peu l'harmonie naît du chaos : l'anima montre son visage d'initiatrice qu'expriment les deux derniers vers de Faust : L'Éternel Féminin nous attire vers le haut. L'intégration de l'anima chez l'homme, de son homologue, l'animus, chez la femme, conduit à la réalisation intérieure de l' androgyne mythique. Comme tout ce qui relève de l'inconscient collectif, les archétypes ne sont pas séparés les uns des autres par des limites rigoureuses. Il existe entre eux des parentés, des contaminations, des passages. Ils ressemblent aux 64 principes constitutifs de l'univers du Yi King chinois qui se transforment sans cesse les uns dans les autres. Les archétypes se manifestent, non seulement à l'intérieur, mais aussi sous forme de situations où l'événement extérieur se trouve en correspondance avec un donné psychique. On est ainsi mis en présence d'un mode de connexion, totalement différent de la relation causale, que Jung désigne du nom de synchronicité. L'archétype doit par suite être considéré comme un facteur, non point psychique, mais psychoïde, dans lequel on peut voir le pont reliant le monde intérieur et le monde extérieur, puisqu'il façonne à la fois la psyché et le continuum espace-temps.

L'appel des profondeurs

L'apparition de l'inconscient collectif et de ses messages au premier plan des préoccupations contemporaines constitue pour Jung la voie par laquelle la nature s'efforce de résoudre le grand problème de l'heure. Le développement prodigieux de la conscience claire a eu pour contrepartie la mise en jachère du domaine de l'âme, de l'irrationnel, relégué au rang de résidu de l'âge mythologique. L'intellect luciférien a usurpé la place de l'esprit créateur et celui-ci doit être recherché, non plus en haut, telle une flamme, mais dans la profondeur où se trouvent les eaux, ainsi qu'en témoignent les songes de nombreux hommes d'aujourd'hui. L' angoisse moderne est l'appel du fond, le vertige éprouvé sur les hauteurs de l'esprit où l'être a cessé de plonger ses racines dans l'humus nourricier. L'âme chrétienne, abritée sous l'ample manteau de l'Église mère, puisait sa vie au trésor d'images sacrées. La revendication protestante, expression religieuse de la Renaissance, est venue affirmer l'esprit d'aventure et l'autonomie de l'intellect. Elle a rejeté l'une après l'autre les pièces de ce patrimoine, laissant l'homme sans médiateur, en tête à tête avec l'inconnu et créant une situation intenable dont Kierkegaard est l'exemple le plus caractéristique. Le XVIIIe siècle a accentué ce processus et l'a introduit dans l'Église catholique qui, après une longue résistance, se débarrasse à son tour de ses mythes à un rythme accéléré. Les plus beaux triomphes de la science ne sauraient compenser cette perte d'âme. L'homme, une fois seul avec lui-même, se sent dans un état d'indigence spirituelle générateur de déséquilibre : La névrose, écrit Jung, est la souffrance d'une âme qui cherche son sens. Ce n'est là toutefois qu'un stade, critique mais fécond, de l'aventure immémoriale de l'humanité. La désagrégation des ordres collectifs, la constatation que le ciel physique est vide, en mettant un terme à la projection que l'homme faisait de ses aspirations dans des mondes lointains et des puissances surnaturelles extérieures, le ramènent à lui-même et déclenchent en lui la mise en route de nouveaux processus créateurs. Il est désormais appelé à enfanter un cosmos, un monde ordonné, à partir de lui-même.

Individuation et totalité

Ce monde renouvelé est l'aboutissement de ce que Jung a dénommé le processus d'individuation. Il explique ce terme par le fait que, tant que l'être n'a pas réalisé la venue à la conscience et l'intégration des contenus archétypiques de l'inconscient, ceux-ci sont projetés, de façon positive ou négative selon le cas, dans des figures extérieures, si bien que l'on baigne dans un état de participation à l'entourage, résidu de la participation mystique décrite par Lucien Lévy-Bruhl comme étant la condition des primitifs. L'individuation conduit au retrait des projections. L'homme dépouille le monde extérieur de son pouvoir de fascination et parvient à l'autonomie : il mérite désormais pleinement le nom d'individu. Il n'est pas pour autant séparé des autres et de l'univers, bien au contraire : vivant consciemment en contact étroit avec un domaine qui lui est commun avec l'humanité et le monde, l'inconscient et ses archétypes, il est régi par les rythmes de celui-ci. À la loi arbitraire du moi et des influences extérieures se substitue une règle interne, aussi secrète et aussi puissante que celle qui gouverne la mer et les astres. Empiriquement le processus d'individuation est mis en évidence par l'existence de sujets chez qui la cure psychologique ne s'achève pas suivant l'une des formes limitées habituelles. La confrontation avec l'inconscient se poursuit, avec ou sans l'assistance du psychologue, et donne lieu à des expériences multiples et souvent étranges. Une telle évolution s'amorce habituellement aux environs du seuil de la quarantaine. Sauf exception, elle ne doit pas être encouragée plus tôt, car la tâche de l'homme au cours de la première partie de la vie est de fortifier son moi en s'affirmant dans le monde extérieur. Toutefois, en cette fin du XXe siècle, la désintégration totale des valeurs oblige un nombre croissant de jeunes êtres à entrer dans l'aventure intérieure pour trouver un sens à leur vie. Il y a là un important fait nouveau.
L'individuation fait monter au premier plan de la personnalité un ordre supérieur à celui de l'ego et, selon toute apparence, destiné à lui survivre. Elle constitue ainsi une préparation toute naturelle au terme de l'existence, qui en est aussi le but. Jung attache une grande importance psychologique au phénomène de la mort et lui attribue une valeur positive, bien qu'en homme de science il se refuse à se prononcer sur une éventuelle survie. L'individuation est le prix d'un long voyage fertile en péripéties : c'est le trésor gardé par des dragons, la Toison d'or, le saint Graal. Auprès des monstres, le chemin qui y mène est peuplé de figures secourables qui aident à franchir les passages périlleux : ainsi l'anima psychopompe, Ariane et son fil, le vieux sage, l'animal guide : rainette, tortue, lièvre, cerf. L'arrivée s'annonce bien à l'avance par l'apparition de symboles de la totalité : arbre, joyau, sphère lumineuse, pierre cubique, mandala, terme sanskrit désignant des figures circulaires ou carrées servant à la méditation, etc. Cette totalité est en somme le centre virtuel autour duquel la révolution intérieure reliant les opposés s'effectue en spirale, et qui s'actualise peu à peu. L'être qui y est parvenu a le sentiment que l'axe de sa personnalité s'est déplacé. Le nouveau centre, appelé Soi Selbst, est situé au-delà du moi qui occupe par rapport à lui la position d'un satellite. Le caractère mystérieux du Soi en rend la définition malaisée. Le plan phénoménologique où se tient Jung lui interdit une formulation métaphysique. Comparant les symboles du Soi et ceux qui expriment la divinité dans les religions et les mythes, il conclut toutefois que le Soi est identique à l'image de Dieu dans l'âme. Mais son dernier mot est à chercher dans la phrase suivante extraite d'un de ses derniers écrits : L'empiriste n'a rien à dire de la relation entre le Soi et Dieu. Ici comme ailleurs, Jung ne se soucie pas de bâtir un système dogmatique mais de montrer une voie. L'homme ne doit pas s'identifier au Soi, ce qui serait une inflation dangereuse Nietzsche. Il doit se comporter à son égard en serviteur et non en maître. L'histoire de Philémon et Baucis montre l'attitude juste à adopter.
Le résultat du processus est une transformation du regard et de l'être. C'est une expérience aussi complète et aussi indéfinissable que le bonheur. L'homme répond désormais docilement aux suggestions que la vie lui présente, et il connaît dans cet abandon la véritable liberté. Celle-ci n'est pas en effet le simple libre-arbitre, la faculté de satisfaire les désirs aveugles et contradictoires du moi : l'exercice d'une telle latitude mène bien vite au sentiment de l'absurde, comme l'ont éprouvé les existentialistes. La liberté vraie consiste en l'adhésion sereine – fût-elle douloureuse – à un ordre dépassant l'homme, grâce auquel il se sent à sa place dans un univers doté de sens : on songe à l'amor fati des stoïciens, à l'abandon chrétien.

Jung et l'alchimie

Jung a dû attendre quinze ans pour parler de l'individuation : il voulait pouvoir relier un processus aussi déroutant à des antécédents historiques, à des récits présentant des dépassements de l'ego sans les limitations et les projections de la pensée théiste. Le premier chaînon lui fut fourni en 1928 par un traité d'alchimie taoïste, Le Mystère de la fleur d'or, qui décrit une révolution de la lumière ayant pour terme l'éclosion d'un germe immortel. Mais c'est seulement lorsqu'il eut commencé de déchiffrer les énigmes de l'alchimie occidentale qu'il eut le sentiment d'avoir situé sa psychologie et défini son rôle historique.
Les opposés coexistaient au sein de la divinité, tant dans l'Ancien Testament que dans le paganisme : ainsi le livre de Job présente Satan comme un des fils de Dieu debout devant l'Éternel. La différenciation chrétienne a séparé radicalement les contraires, comme par un glaive, et rejeté le mal dans les ténèbres extérieures. Pourtant, il s'est trouvé à toutes les époques des hommes épris d'unification. Succédant au gnosticisme, l'alchimie leur a fourni un cadre plus vaste que l'orthodoxie, où ils ont pu mener leur entreprise. Le Christ est le Dieu-Esprit qui descend du ciel et s'incarne ; la pierre philosophale est une matière obscure et vile où l'esprit divin, dont elle porte le germe, s'épanouira en son temps. À une époque où la matière demeurait pleine d'inconnu, l'alchimiste projetait l'image de l'inconscient dans un corps de son choix et s'efforçait d'y réaliser la transmutation à base de réconciliation des opposés dont la nostalgie l'habitait. Toutefois, les véritables adeptes avaient conscience de la portée de leur œuvre. Ils se donnaient le titre de philosophes et ne cessaient de proclamer que leur or n'est pas l'or du vulgaire (aurum non vulgi, que leur joyau est une pierre d'invisibilité et d'immortalité. De même que l'individuation, le grand œuvre s'étend sur de longues années. C'est un mouvement circulaire, une rotation au cours de laquelle on voit apparaître des couleurs successives, dont les principales sont le noir, qui évoque l'angoisse de la dissolution de la conscience, le blanc et le rouge, lumière de la conscience renouvelée et devenue opérante. Chaque auteur a son chemin propre, ce qui est encore un trait commun avec l'individuation. Ainsi l'alchimie a permis pendant plus de quinze siècles à l'âme chrétienne d'exprimer sans trop de risques les formes les plus spontanées et les plus complètes de son développement, et de réaliser dans le secret du cœur l' apocatastasis, la restauration de l'harmonie originelle, la guérison de la blessure ouverte au sein de la divinité, le pardon de Satan annoncé par Origène et condamné comme hérétique par l'Église. La pratique psychologique montre que les matériaux livrés par l'inconscient de l'homme moderne traduisent, de leur côté, une volonté de rapprocher les pôles ennemis. Jung revient plusieurs fois sur le songe d'un jeune théologien qui se voit assisté dans sa recherche intérieure par deux mages qu'il sait être le mage blanc et le mage noir. Or le mage blanc est vêtu de noir et le mage noir est vêtu de blanc. C'est ce dernier qui apporte au rêveur la clé du paradis. Le bien et le mal tendent donc à s'épouser étroitement et à former deux figures complémentaires analogues au Yang et au Yin chinois, principes opposés dont la réunion en un cercle représente la divinité, le Tao, la Voie. Les rêves véhiculent fréquemment à notre époque des images alchimiques inconnues du sujet. C'est ce qui explique que Jung n'ait cessé au cours de ses vingt-cinq dernières années de faire, dans ses œuvres, une place toujours plus grande au symbolisme hermétique.
En un siècle où la physique, plongeant son regard dans l'intimité de la matière, a réalisé la transmutation de la masse en énergie et en clarté aveuglante et meurtrière, fruit de ce que Robert Oppenheimer a dit être l'œuvre du diable, l'aventure de l'exploration intérieure entamée par Freud et menée à bien par celui dont il avait voulu faire son successeur aboutit ainsi à remettre en honneur l'opus divinum des anciens « physiciens ». Et, tandis que des hommes foulent le sol de la Lune, la psychologie analytique rouvre aux yeux de tous l'antique chemin qui conduisit Dante, à travers les cercles planétaires, jusqu'au cœur de la rose mystique, ce mandala occidental par excellence. De telles coïncidences attestent éloquemment l'actualité de l'œuvre de Jung, le contrepoids qu'elle fournit à une civilisation qui projette violemment l'homme hors de lui-même, le condamnant à ignorer la source de ses conflits et à en rechercher une solution toujours plus complexe et plus lointaine en une poursuite aussi vaine que celle de Tantale. La voie junguienne donne à l'homme de retrouver en lui-même, par lui-même, en un mouvement parfaitement naturel, sa dignité suréminente proclamée par le christianisme comme par les enseignements de l'Orient, et se révèle ainsi apte à fournir à l'humanité le supplément d'âme dont elle a besoin pour survivre. C'est pourquoi l'on voit se multiplier, dans l'âme des contemporains, les songes où l'individuation, cette intégration des énergies archétypiques, est présentée comme l'antidote de la menace nucléaire. Étienne Perrot

Critique de ses travaux

L'interprétation psychologique de l'alchimie de Jung a eu une influence considérable sur la perception de cette discipline au xxe siècle, de Gaston Bachelard à Betty Jo Teeter Dobbs, qui étudia les travaux alchimiques de Isaac Newton. À partir des années 1980 cependant, elle a été fortement critiquée par certains historiens des sciences, parce que se fondant sur une conception anhistorique de l'alchimie, qui ne correspond pas à ce qu'elle était pour les alchimistes du Moyen Âge et de la Renaissance, mais à la vision qu'en ont eue les romantiques et les occultistes du XIXe siècle, après que la chimie moderne se fut distinguée de l'alchimie au cours du XVIIIe. Les principales critiques sont exposées dans l'ouvrage de Robert Halleux, Les textes alchimiques. Barbara Obrist85, William R. Newmann, Lawrence Principe et William Newman avancent l'inexactitude de certains développements de Jung en en replaçant le contexte historique et intellectuel. Selon Lawrence Principe et William Newman, l'interprétation religieuse et symbolique des processus alchimiques, proposée par Jung, procède d'une vision réductionniste. Les thèses de Lawrence et Principe ont toutefois à leur tour été critiquées par Hereward Tilton.

Postérité Développements de la psychologie analytique.

La conjonction des opposés, ou réunion des contraires représente la conjonction du conscient et de l'inconscient gravure alchimique extraite du traité Aurora consurgens, environ 1500.

Sciences humaines

Les premières expérimentations des associations libres de Jung et de Franz Riklin, au Burgöhzli, ont permis la création du psycho-galvanomètre, ancêtre du détecteur de mensonges.
Indirectement, Jung a eu une profonde influence sur la société et dans le domaine des psychothérapies. En effet, les notions jungiennes ont connu une réactualisation au sein de certaines psychothérapies, notamment à travers son idée de ce que doit être le traitement, qui se fait en face-à-face avec le patient. Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, dans leur Dictionnaire de la psychanalyse expliquent : Les deux grandes écoles de psychothérapie du XXe siècle sont l'école de psychologie analytique fondée par Carl Gustav Jung et l'école de psychologie individuelle fondée par Alfred Adler, nées toutes deux d'une dissidence avec celle fondée par Freud. Les concepts d'archétype, d'individuation et d'enfant intérieur ont ainsi eu une large diffusion. L’enfant intérieur a inspiré des psychothérapeutes pour qui travailler en lien avec son enfant intérieur est alors utilisé dans une démarche psychothérapeutique, dans certains courants de la psychothérapie. Les analystes Hal Stone et Sidra Stone dans leur ouvrage Le Dialogue intérieur, en font la base de leur approche.
Par ailleurs, le mouvement des Alcooliques anonymes doit beaucoup à un patient de Jung, Bill W., alias William Griffith Wilson, cofondateur du mouvement d'entraide, qui exprime sa reconnaissance envers le psychiatre suisse : Après s'être retiré de la direction du mouvement AA en 1961, Bill W., cofondateur des Alcooliques anonymes, s'est attaqué à une tâche qu'il souhaitait depuis longtemps entreprendre, celle de souligner la dette de reconnaissance des AA envers tous ceux qui avaient contribué à la naissance du mouvement. L'une de ces personnes était Carl Jung, à qui Bill a écrit le 23 janvier 1961.
L'ouvrage de Carl Gustav Jung, Psychologie et éducation qui rassemble les articles de 1916 à 1942 et mêle psychologie analytique et éducation donna lieu par la suite à la création d'une pensée jungienne de l'éducation, continuée par des analystes pédagogues comme Clifford Mayes. David Lucas dans son article Carl Gustav Jung et la révolution copernicienne de la pédagogie résume ainsi cette fusion de la psychologie de Jung avec les catégories de l'éducation comme pratique qui prend le nom de archetypal pedagogy : L’œuvre de Carl Gustav Jung conduit à considérer que la relation pédagogique ne met pas seulement en jeu des contenus ou des consignes rationnelles, mais aussi une influence tenant à la sensibilité et à la personnalité du pédagogue. L’éducation n’est alors plus de l’ordre du seul discours, mais tient également aux dispositions psychiques de l’adulte. Or ces dispositions échappent largement aux méthodes pédagogiques programmées d’avance, et dépendent au contraire de ce que l’éducateur est dans le plus intime de sa psychologie. Cette attention portée à l’équation personnelle de l’adulte constitue une véritable révolution copernicienne de la pédagogie, car si l’être de l’éducateur devient la principale détermination de l’influence qu’il exerce sur l’enfance, ce sera tout d’abord lui qui devra être éduqué.

Mysticisme et spiritualité


Une des hypothèses jungiennes est que la culture religieuse, spiritualité et pratiques mystiques est le résultat de la projection dans le monde extérieur des fonctionnements cognitifs automatiques pré-conscients.
Pour approfondir cette thèse, Jung a étudié des objets tabous pour la science et adulés par les mystiques : la subjectivité, le sens et la valeur, les rêves, les pratiques spirites, les pratiques spiritualistes, symbolique, yoga, mandalas, etc, la psycho-sociologie contemporaine du phénomène ovni, la psycho-sociologie au Moyen Âge de l'engouement pour l'alchimie, etc.
Ces objets d'études ont donné lieu à deux types d'interprétations qui ne résistent pas à la connaissance de la vie et de l’œuvre de Jung : une tentative de légitimation par des courants mystiques partisans de la position idéaliste, et un rejet en bloc par les adeptes du scientisme partisans de la position matérialiste.
Or, le travail de Jung vise à dépasser l'opposition entre matérialisme et idéalisme, car la réalité vivante n'est donnée ni par le réel objectif ni par la formule dont le revêt la pensée, grâce à la science psychologique : L'activité vitale particulière à la psyché permet seule à la perception sensible d'atteindre la profondeur de son impression, à l'idée, sa puissance efficace, toutes deux composantes indispensables d'une réalité vivante.
Par rapport au phénomène ovni, Jung est un des premiers auteurs, dans Un mythe moderne 1958, à s'y intéresser d'un point de vue psychologique et sociologique. Il y suggère l'importance qu'il y a à étudier autant le témoin qui rapporte l'observation que l'observation per se. L'explication du phénomène se situerait dans la rencontre entre la psyché et un phénomène physique. De ce fait, il est un des précurseurs de ce que l'on nomme aujourd'hui le modèle sociopsychologique du phénomène ovni .
À ce sujet, voici un exemple ni mystique, ni scientiste pour illustrer les recherches psychologiques jungiennes : un Américain en 1950 voit un phénomène lumineux dans le ciel. Une idée jaillit : C'est un OVNI conduit par des extraterrestres.
Trois réactions sont, alors, possibles :
Soit, il rejette rapidement la pensée qu'il vient d'avoir : de l'existence et d'une rencontre possible avec une autre forme de vie intelligente. Le rejet de cette hypothèse, le conduit à prouver scientifiquement la cause physique du phénomène visuel dont il a été témoin. Ce qui est souvent possible assez aisément. Ce travail rationnel souhaitable peut aussi se transformer en une conviction pseudo-scientifique sur l'impossibilité d'existence d'autres formes de vie intelligente. Et peut aussi conduire au déni du questionnement scientifique légitime sur le fait objectif de la psycho-sociologie du phénomène ovni.
Soit il est subjugué par la conviction de l'existence d'autres formes de vie intelligente. Il deviendra alors un fervent défenseur de la réalité physique de l'apparition d'ovni extraterrestre. Il pourra même s'enfermer dans le déni des preuves scientifiques qui démontre la cause physique du phénomène dont il a été témoin.
Soit, cas le plus rare, si sa maturité psychologique est suffisante, il s'intéressera scientifiquement au phénomène psychologique répété dans les années 1950 - 60 du jaillissement de l'hypothèse de l'existence et de la rencontre possible avec d'autres formes de vie intelligentes.
Étudier cette question pourra alors être fécond en spéculations et hypothèses scientifiques. Jung pour sa part s'est intéressé à la dimension symbolique de l'engouement pour les ovni. Il y voit une projection fantasmatique qui force la pensée rationnelle contemporaine à s'intéresser à d'autres modes cognitifs : sentiments éprouvés, sensations immédiates, intuitions. L'homme du Moyen Âge dialoguait avec Dieu. L'homme du vingtième siècle dans l'hypothèse d'un processus physiologique d'individuation, se prépare à la rencontre - aussi étrange qu'une rencontre du troisième type - avec ses dynamismes cognitifs pré-conscients qui participent silencieusement à son existence.
Selon Jung, les apparitions d'ovni ont un sens psychologique. Gravure sur bois de Hans Glaser relatant les étranges ballets aériens du 4 avril 1561.
Le titre choc d'un article intitulé Le Dr Jung dit que les disques volants suggèrent des pilotes quasi humains publié dans le journal New York Herald Tribune, le 30 juillet 1958, a servi aux deux camps qui s'opposent quant à l'existence d'ovnis pilotés par des extraterrestres. Certains ont voulu y voir une légitimation de leur croyance aux extraterrestres, d'autres une décrédibilisation du caractère scientifique des travaux psychologiques de Jung. Peu envisagent que Jung, en ancien psychiatre, fait justement remarquer qu'il y a un intérêt pour les recherches psychologiques de remarquer que ceux qui décrivent des ovnis extraterrestres décrivent un pilotage non extraterrestre - quasi humain. S'agit-il, alors, d'une projection fantasmagorique ? Comme méthode, il propose des études de cas de rêves à thématique ovni de ses patients. Son hypothèse principale est que les ovnis ont une forme circulaire de soucoupe par analogie avec les mandalas, eux-mêmes symboles d'un désir de complétude et qu'ils sont une reconduction de l'archétype du salut, au sein d'une société où Dieu est mort. Une tentative pour l'humain de s'interroger au sujet de la cohabitation sous un même crâne entre une pensée consciente coutumière et un autre fonctionnement cognitif non-conscient.
L'intérêt de Jung pour le yoga notamment, et globalement pour les croyances orientales, est récupéré par le syncrétisme qui se retrouve dans le New Age. Selon le sociologue Paul Heelas, dans The New Age Movement, Jung est l'une des trois plus importantes figures du New Age » avec Blavatsky et Gurdjieff.
Les Travaux de Jung à propos de la psychologie des mystiques ont conduit en partie au développement du courant dit New Age qui en reprend certains termes dans des acceptions plus ou moins en rapport avec la pensée jungienne : inconscient collectif, anima, synchronicité, etc. L’impact de la pensée de Jung sur la dynamique d’émergence du New Age est fondamental résume le sociologue Luc Mazenc.

Théorie des types psychologiques

La théorie des types psychologiques a une influence féconde sur une génération de psychologues : le Myers Briggs Type Indicator de Katherine Cook Briggs et d'Isabel Myers ayant abouti au questionnaire MBTI utilisé dans certaines méthodes de coaching provient de la classification en types de Jung. La socionique est une théorie des relations entre les types de personnalités inspirée également des types psychiques, créée par Aushra Augustinavichute. Ces deux théories, l'une occidentale le MBTI, l'autre soviétique la socionique sont nées durant la guerre froide ; leur portée montre la dimension internationale des recherches de Jung.
Par ailleurs, la typologie jungienne de la personnalité a nettement influencé la graphologie et la caractérologie de l' école de Groningue. Une élève de Jung, Ania Teillard, auteur des Types psychologiques de Jung et leur expression dans l'écriture 1946 et de L'Âme et l'écriture 1948 met en relief les correspondances graphiques et les types psychiques. Enfin, le psychiatre et neurologue suisse Hermann Rorschach s'inspira de la typologie de Jung pour bâtir son test projectif portant son nom, publié dans Psychodiagnostic 1921 et très utilisé aujourd'hui.
Le mythologue hongrois Károly Kerényi coécrivit avec Carl Gustav Jung et Paul Radin, Le fripon divin 1958.
Gaston Bachelard, dans ses écrits comme la Psychanalyse du feu, développe une théorie de l'imagination influencée par la symbolique des archétypes. Ses méthodes d'analyse doivent beaucoup à la démarche de la psychologie analytique105. Par ailleurs, la mythanalyse de Pierre Solié et de Gilbert Durand, auteur des Structures anthropologiques de l’imaginaire. Introduction à l’archétypologie générale, se fonde sur l'archétypologie de tradition jungienne. Durand a également réalisé un travail d'élargissement de l'archétypologie vers le domaine artistique, notamment dans Beaux-arts et archétypes : la religion de l'art 1989 en introduction duquel il explique que la philosophie de l'archétype est encore sinon à illustrer ... mais bien à défendre un quart de siècle après la disparition de l'inventeur de cette notion, Carl Gustav Jung. Le critique et spécialiste de la littérature Northrop Frye publie en 1949 Anatomy of Criticism qui se réfère directement à la théorie des archétypes de Jung, qui sont pour lui des modèles thématiques ou purement littéraires, indifférents aux règles de la vraisemblance. En somme, pour lui, les mythes sont les principes structurels de la littérature. Le critique littéraire Georges Poulet a transposé les modèles jungiens dans l'étude des textes et des univers imaginairesK.

Influence sur la littérature et les arts

La psychologie analytique a eu de nombreuses répercussions sur la littérature du XXe siècle. Certains auteurs ayant été patients de Jung se sont inspirés de son approche de la psyché et de l'imaginaire mythologique. La dimension trans-personnelle et l'étude des mythes ont ainsi permis à des écrivains comme Herbert George Wells ou Hermann HesseI dans ses romans Demian et dans Le Loup des steppes notamment, analysés par Jung, de teinter leurs univers de références aux concepts jungiens. La femme de lettres Victoria Ocampo qui a rencontré Jung en 1930, le poète américain Léonard Bacon ou Jorge Luis Borges disent enfin avoir été influencés par Jung. Certains auteurs de science-fiction se sont également reconnus comme d'inspiration jungienne, tel Frank Herbert dans Dune, Philip Wylie, Valerio Evangelisti ou Ursula K. Le Guin dans Le Cycle de Terremer.
Les cinéastes italiens Federico Fellini et même George Lucas par l'intermédiaire du mythologue américain Joseph Campbell font partie également des artistes influencés par la psychologie analytique. Au cinéma, le réalisateur et scénariste John Boorman dans Excalibur 1981 s'est inspiré de l'œuvre de Jung, en particulier dans son analyse de l'archétype du Saint Graal. Le film de Roberto Faenza, L'âme en jeu 2004 met en scène Jung et Sabina Spielrein. De même, David Cronenberg met en scène dans son film A Dangerous Method 2011 cette liaison ainsi que la relation entre Freud et Jung. Dans Batman Begins 2005, le psychiatre Jonathan Crane justifie le fait que les patients parlent d'un épouvantail effrayant en disant que cela correspond à un archétype de Jung. Dans Full Metal Jacket 1987 de Stanley Kubrick un dialogue évoque la dualité de l'homme, concept jungien, pour justifier la cohabitation entre un slogan pacifiste et un slogan guerrier sur un même casque. Dans les séries, Jung est évoqué dans la saison 3 de Heroes. Quand le personnage d'Usutu affirme à Matt Parkman qu'il doit trouver son totem pour le guider dans son voyage. Matt demandant s'il s'agit de fétichisme africain, se voit répondre que cela vient de la psychologie analytique de Carl Jung. Dans l'épisode des Simpson, Bart enfant modèle, un psychanalyste voit en Bart l'enfant intérieur à prendre comme modèle pour les adultes ce qui tourne au désastre, Bart étant l'enfant le plus odieux de la ville.
En peinture, l'expressionniste américain Jackson Pollock qui a entrepris une thérapie jungienne en 1939 doit sa vocation artistique à cette cure. Edward Hopper est lui aussi influencé par la pensée de Jung mais aussi par celle de Freud.
Le manga Dreamland de Reno Lemaire s'intéresse à la dualité des mondes réel et onirique dans un cadre simplifié et purement nekketsu. Les personnages de Carl Gustav Jung surnommé l'homme à la pipe et Sigmund Freud sont décédés mais leurs âmes subsistent au sein de Dreamland.


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Posté le : 25/07/2015 21:50
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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