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Stanley Kubrick1
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Le 26 juillet 1928 naît Stanley Kubrick

dans la ville de New York à Manhattan, réalisateur, photographe, scénariste et producteur américain, mort, à 70 ans, le 7 mars 1999 dans son manoir de Childwickbury, entre St Albans et Harpenden Hertfordshire, au nord de Londres.Ses films les plus notables sont : Les Sentiers de la gloire, Spartacus, Docteur Folamour, 2001, l'Odyssée de l'espace, Orange mécanique, Barry Lyndon, Shining, Full Metal Jacket, Eyes Wide Shut
Après des débuts dans la photographie, Kubrick, autodidacte, sera également son propre directeur de la photographie, producteur, scénariste ou encore monteur. Ses treize longs métrages en quarante-six ans de carrière l'imposent comme un cinéaste majeur du XXe siècle. Quatre de ses films sont classés dans le top-100 de l'American Film Institute. Actuellement, sept de ses films sont classés dans le top 250 de l'IMDB Internet Movies DataBase.

En bref

Un mélange de grotesque, qui peut aller jusqu'au cauchemar, et de dérision plus subtile, plus satirique, tel a été d'abord le trait le plus manifeste des préoccupations du cinéaste Stanley Kubrick. Esprit versatile et paradoxal, de tendance progressiste mais hanté par le pessimisme quant à la « bonté » de la nature humaine, il a pratiqué un cinéma presque confidentiel avant de se trouver hissé à la célébrité internationale avec 2001 : A Space Odyssey (2001, l'Odyssée de l'espace), qui est à la fois le film de science-fiction le plus adulte tourné à ce jour et un chef-d'œuvre de photographie. Le style de Kubrick, où des tentations baroques corrigent une feinte objectivité, et où un « tape-à-l'œil » soigneusement dosé sert à faire passer des messages volontiers expérimentaux, fait de lui l'un des cinéastes actuels les plus originaux, dont l'indépendance de caractère a su s'appuyer sur une remarquable organisation financière.
Né le 26 juillet 1928 à New York, dans le quartier populaire du Bronx, Stanley Kubrick a d'abord été journaliste, notamment pour le magazine Life. Très tôt passionné de photo, il tourne avant 1953 des courts métrages d'amateur, puis fait la quête autour de lui et rassemble 50 000 dollars pour produire son premier vrai film, joué par des acteurs amis. Il en est aussi le scénariste, le photographe et le monteur : le film ne trouvera pas de distributeur et l'argent sera perdu. Nullement découragé, Kubrick réitère l'exploit et réussit à faire distribuer par United Artists un premier long métrage dont le personnage principal est un tueur névropathe, Killer's Kiss (Le Baiser du tueur, puis il met en scène The Killing L'Ultime Razzia.
Cette histoire de hold-up sur un champ de courses relève de la tradition du thriller, jusque dans le vœu du personnage central : retrouver la prairie de son enfance où l'attendent... des chevaux.
L'action est riche en détails incongrus : on abat un pur-sang en pleine course pour détourner l'attention avant le hold-up, les gangsters portent des masques de carnaval. La mise en scène est très influencée, dans ses accès de violence, par celle de Robert Aldrich ; mais Kubrick s'inspire aussi de cinéastes européens longs travellings suivant les acteurs comme chez Max Ophüls, plans importants réservés à des temps d'accalmie dans l'action, comme chez Rossellini.
Le film bénéficie d'un certain succès, auprès du public comme de la critique. C'est alors que Kirk Douglas, acteur en pleine ascension, accepte de s'associer au producteur et ami de Kubrick, James Harris, pour monter un film antimilitariste, Paths of Glory 1957, Les Sentiers de la gloire, qui sera mis en scène par Kubrick et joué par Douglas. Le tournage a lieu à Munich, dans le but de reconstituer un minimum d'atmosphère européenne. Il s'agit en effet d'une évocation romancée des fusillés pour l'exemple sur le front français, en 1917.
Prudemment, les distributeurs présentèrent d'abord le film à Bruxelles : d'anciens combattants français n'en provoquèrent pas moins des incidents, et United Artists renonça à sortir le film en France on était en pleine guerre d'Algérie. Il n'a été projeté à Paris qu'en 1972. Ce qui frappe dans cette œuvre, bien plus que l'ironie du constat le général qui ordonne les fusillades sera pris au piège de son machiavélisme, l'un des condamnés est tiré à la courte paille ou que le message humanitaire dont la force n'exclut pas un certain flou, c'est la maîtrise dont Kubrick fait preuve tant dans la description d'une attaque absurde et meurtrière que dans celle d'un procès hideusement vide de sens, voire dans celle, encore plus périlleuse, de l'exécution. Il y a là, outre un parfait contrôle des interprètes, excellents mais enclins au cabotinage, une géométrisation du meilleur aloi.
Une autre expérience de Kubrick avec Kirk Douglas sera moins heureuse. Ayant dû renoncer à un projet avec Marlon Brando on juge de l'ambition croissante du cinéaste, il accepte de remplacer, sur le tournage de Spartacus, Anthony Mann qui s'est brouillé avec la vedette-producteur. Le résultat sera un film remarquable, qui contient de splendides morceaux et de grands numéros d'acteurs sur un sujet passionnant, mais souvent impersonnel : Spartacus doit ses qualités à l'omniprésence de l'équipe rassemblée par Douglas et au scénario de Dalton Trumbo bien plus qu'à Kubrick qui affectera de renier le film.
Comme pour retrouver les ambiguïtés qui lui sont chères en s'éloignant de Hollywood, le cinéaste entreprend en Grande-Bretagne une adaptation alors jugée audacieuse : celle de Lolita le roman de Nabokov est encore plus ou moins interdit dans nombre d'États américains. Le film ne cherche pas à rivaliser avec le style ni même avec les évocations du romancier. À la peinture d'une Amérique à la fois puritaine et hypersexualisée, il substitue celle d'une frénésie énigmatique. Cette frénésie habite le personnage de Quilty : entre lui et Humbert-Humbert, le narrateur, Lolita est moins une héroïne provocante que l'enjeu d'un duel sans règle. On songe, devant ce film dont Nabokov assura lui-même l'adaptation, au théâtre de l'absurde plus qu'à la description d'une fixation érotique. En outre, les interprètes, James Mason Humbert-Humbert et Peter Sellers Quilty qui, à cette occasion, échappe pour la première fois à une longue routine de comédie anglaise traditionnelle et prélude à ses meilleurs rôles, sont excellents.
C'est à cette époque que Kubrick décide d'installer à Londres son quartier général. Il met bientôt en scène son premier film ouvertement personnel, adaptation d'un roman sans intérêt dont il bouleverse et approfondit les données. De ce film, Dr. Strangelove Docteur Folamour, le sous-titre Comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe donne le sujet et le ton. C'est une farce pacifiste située dans un avenir à peine lointain. Tandis que Russes et Américains, également ridicules, mènent le ballet habituel des chantages diplomatiques, un général fou et quelques comparses s'apprêtent à déclencher la guerre atomique à la première alerte : le général un Yankee est persuadé que les Russes ne cherchent qu'à capter la force sexuelle des mâles de la terre entière. De son fauteuil roulant, un ex-nazi, récupéré par les États-Unis, conduit leur politique étrangère à coup de vaticinations sur le devenir de l'espèce, mais ne peut de temps à autre empêcher son seul bras valide de faire le salut hitlérien. La sottise intrinsèque de la course aux armements est rageusement dénoncée, ainsi que les contradictions de la technologie : d'insignifiants gadgets prennent une importance énorme, et la bombe nucléaire s'envole à la fin vers sa cible par suite d'une erreur. Tous les personnages portent des noms puérils Mandrake ou des sobriquets insultants le général fou s'appelle Jack l'Éventreur. Sans remédier entièrement à la dispersion un peu gênante de l'action, Peter Sellers interprète trois rôles : l'inquiétant Dr. Strangelove, un officier de bonne volonté mais d'esprit assez lent, et enfin le président, une ganache surnommée Muffley mot obscène. Le film connut un réel succès en Europe et même, dans une moindre mesure, aux États-Unis ; Kubrick a maintenant sa pleine autonomie créatrice. On observe, d'autre part, dans Dr. Strangelove, un travail de stylisation visuelle d'autant plus notable qu'il ne se réduit pas aux personnages tous plus ou moins des pantins menés par ce pantin qu'est lui-même devenu l'ex-nazi et qu'il s'applique à des décors abstraits notamment une salle des cartes au grand quartier général de Washington. Ce même travail va se retrouver, amplifié et magnifié, dans 2001 : A Space Odyssey.
Il s'agit ici d'un sujet original concocté par Kubrick à partir d'un récit d'Arthur C. Clarke, éminent astronome et connaisseur de l'astronautique, qui, selon un processus fréquent dans le monde anglo-saxon, ne dédaigne pas de rédiger des nouvelles de science-fiction. Il participera d'ailleurs étroitement à la conception et à la préparation du film. Préparation énorme et tournage minutieux, qui demanderont quelque trois ans pour être menés à bien. L'ambition de l'œuvre est en effet sans limites : il s'agit d'embrasser l'histoire humaine, à partir d'un objet volant, qui n'est pas une soucoupe, mais une plaque monolithique flottant dans l'espace. Cet objet n'a pas de pouvoir défini bien qu'il rappelle certains objets analogues de Lovecraft : il est le symbole intangible et inaccessible de quelque chose d'inconnu. Son passage marque d'abord la mutation des singes de la préhistoire en hommes : c'est le prologue du film. Puis nous sommes au seuil du XXIe siècle il perturbe la compétition amicale des Américains et des Russes pour l'exploitation quasi commerciale de l'espace, déjà conquis le film est sorti juste avant les premiers pas réels de l'homme sur la Lune. Délaissant le rythme coutumier de leurs stations sur orbite, des astronautes remarquent sur notre satellite naturel les traces d'une autre civilisation ?, traces liées au passage du monolithe.
Pour en savoir davantage, une mission est envoyé vers Jupiter. Un seul de ses membres échappe à la logique meurtrière de l'ordinateur ou cerveau électronique, qu'il déconnecte délibérément pour sa propre sauvegarde le dialogue entre l'homme et la machine agonisante est une trouvaille stupéfiante par son audace. Le cosmonaute atterrit enfin non sans un choc violent en un lieu mystérieux : il y voit vivre un vieillard qui semble sorti comme son ameublement du XVIIIe siècle siècle des Lumières, qui fascine et inquiète à la fois Kubrick. À cette évocation de l'Éternel Retour, le cinéaste oppose pour finir un nouveau passage du monolithe, et à la figure du vieillard, celle d'un embryon humain géant, sorte de mutant qui, dans sa coque translucide, plane en quelque galaxie la nôtre ?.
Le film doit beaucoup de sa réussite à sa division en chapitres ou segments égaux, qui lui confère un rythme ample, à la mesure des grands problèmes qu'il évoque. Il n'y a presque pas d'effets visuels excessifs sauf un court passage de coulées d'encre filtrées et accélérées. L'étrangeté naît du contraste entre la vie finalement prosaïque, routinière des personnages, et la splendeur du cosmos qui les environne. Elle naît aussi du spectacle de la perfection technique fonctionnant comme une entité autonome stations s'arrimant l'une à l'autre, couloirs immenses du cerveau..., et, enfin, de la manière dont est rendue présente la double possibilité évoquée par Arthur C. Clarke : Parfois je pense que nous sommes seuls dans l'Univers et parfois je pense que non, et cette double possibilité me fait chanceler. Le film oscille entre un penchant à l'humour les savants sont soupçonneux les uns envers les autres, tout en menant une existence entièrement programmée ; Kubrick fait graviter les stations au rythme du Beau Danube bleu... et une tendance au mysticisme plus modéré toutefois que celui qui s'est épanoui depuis dans Rencontres du troisième type, de Steven Spielberg.
En définitive, il doit son impact à sa visualisation extrême le dialogue y est purement fonctionnel, à l'exception de quelques traits anecdotiques, et Kubrick assure que ce sont les enfants qui ont fait le succès d'un film pourtant destiné aux adultes.
Autre anticipation de quelques dizaines d'années, A Clockwork Orange Orange mécanique s'inspire d'un roman d' Anthony Burgess. Cette fois, la verve du cinéaste s'attaque au public lui-même, et il semblerait que le triomphe, mêlé de scandale, rencontré par le film repose sur un malentendu. Les métamorphoses du héros sont en effet entièrement commandées par l'arbitraire cinématographique ; le cadre de ses évolutions est un rappel de tous les thèmes traités par Kubrick il y a des mannequins comme dans Killer's Kiss, des nymphettes comme dans Lolita, la musique joue un rôle aussi important que dans 2001 : A Space Odyssey, les institutions sont aussi dérisoires et nauséeuses que dans Dr. Strangelove. Par-dessus tout, Kubrick fait intervenir des personnages qui commentent l'action, généralement pour la persifler et se moquer indirectement du spectateur candide. L'intrigue où l'on peut voir une dénonciation de la violence est linéaire : le protagoniste, qui est aussi le narrateur, dirige un gang d'adolescents minables, voués à la cruauté gratuite et au viol. Sa seule passion est Beethoven. Trahi par ses complices, emprisonné, il accepte de servir de cobaye à une expérience de traitement bonifiant, dit traitement Ludovico Ludwig !. Devenu vertueux par réflexe conditionné, il tombe peu après sa libération aux mains de l'opposition qui va l'employer contre le gouvernement, mais celui-ci intervient et le guérit en sens inverse.
De cette histoire qui ne paraissait guère engageante, Kubrick a tiré une farce amère, aux effets visuels discutables, mais qui vaut par l'application d'un principe plastique récurrent : la figure du cercle, qui prédomine tant dans la structure narrative que dans les innombrables accessoires futuristes du décor. En outre A Clockwork Orange révèle crûment chez son auteur une tendance, jusque-là toujours présente mais latente, à unir étroitement la sexualité et la mort.
Enfin, le regard critique porté par le narrateur si peu sympathique qu'il soit sur le cinéma, lors des séances de bonification où l'on juge de sa conversion à sa non-violence, implique de la part de Kubrick une réflexion nouvelle sur son art et sur ses limites. Notre croyance coutumière est battue en brèche par cette phrase du héros inventée par Kubrick : C'est drôle comme les couleurs du monde comme qui dit réel ne semblent réellement réelles que quand on les voit sur l'écran. Le public qui s'exclame à telle scène de violence ou d'érotisme est pris au piège de son propre intérêt, puisque ces scènes sont, à l'intérieur du film, données pour irréelles. Cela a été calculé, évidemment, par le cinéaste.
Comme s'il avait opéré à cette occasion une sorte de catharsis, et aussi faute de pouvoir entreprendre après 2001 un Napoléon qui en eût été le pendant dans le passé, Kubrick est revenu pour Barry Lyndon à une narration plus traditionnelle, d'après un roman d'éducation de Thackeray, situé au XVIIIe siècle. Narration picaresque, aux incidents souvent prévisibles. Un intéressant travail sur la couleur attribue l'orangé des éclairages à la bougie à toutes les séquences et à elles seules mettant en jeu l'intégrité morale du héros, lorsqu'il ressent de façon subjective cette intégrité en péril. Au reste, Barry Lyndon est le frère des personnages favoris de Kubrick : son ambition, son refus de l'injustice, son goût de l'aventure entrent en conflit permanent avec l'étroitesse des préjugés, le vieillissement et le refroidissement des sentiments. Le pessimisme de Kubrick s'exprime ici plus radicalement qu'ailleurs le film se clôt sur l'épitaphe collective des gens de cette lointaine époque, mais aussi sur un ton feutré : nuances roses des drapeaux, verdoyants paysages d'Irlande et d'Allemagne, mobilier rococo. L'échec commercial retentissant et inattendu de Barry Lyndon oblige ensuite Kubrick à se rabattre sur un genre qu'il méprise : le surnaturel. Le résultat, Shining, est un film extrêmement inégal, où de grandes trouvailles de mise en scène se heurtent à des laideurs peut-être calculées mais insupportables : Shining serait-il l'aveu rageur de sa propre difficulté d'être ? Stanley Kubrick renoue avec les thèmes de la folie guerrière et du corps dressé ou robotisé dans Full Metal Jacket. Le film à la forme d'un diptyque : une partie sur l'entraînement des marines dans un camp de Floride, une partie sur les marines au Vietnam. Le metteur en scène meurt à Londres le 7 mars 1999, alors qu'il vient de mettre la dernière main à Eyes Wide Shut, commencé à l'automne de 1996. Gérard Legrand.

Sa vie

Stanley Kubrick a toujours été réticent à s'entretenir sur ses œuvres, laissant au spectateur la liberté de formuler sa propre interprétation. Les deux principaux livres auxquels il a participé activement avec Michel Ciment et Alexander Walker sont consacrés au récit image et son et à la symbolique de ses films.

Débuts dans la photographie

Stanley Kubrick est issu d'une famille juive originaire d'Europe centrale habitant dans le quartier du Bronx. Son père, Jacques Jacob Leonard Kubrick 1901-1985, né aux États-Unis d'une mère roumaine et d'un père austro-hongrois, était cardiologue, pianiste et photographe amateur. Il apprend à son fils Stanley âgé de douze ans à jouer aux échecs4. Cette passion suivra Stanley Kubrick toute sa vie. Sa mère Gertrude, née Perveler 1903-1985, chanteuse et danseuse, lui a donné le goût des livres et de la lecture. Il a une sœur cadette, Barbara, née en 1934.
De 1940 à 1945, Kubrick ne trouve aucun intérêt à l'école. Mis à part la physique, rien ne l'intéresse, et il n'arrive pas à obtenir une moyenne suffisante pour s'inscrire à l'université. D'autant plus que la guerre terminée, nombre de soldats revenant du front tentent d'y entrer, mais les inscriptions sont limitées.
Pour son treizième anniversaire, son père lui offre son premier appareil photo. Cette nouvelle activité le passionne et lui fait oublier sa passion de jeunesse, le jazz, et son rêve de devenir batteur de jazz professionnel. Il prend de nombreuses photos et les développe avec un ami dans la chambre noire familiale. Il devient le photographe officiel de son collège et a pour idole le reporter-photographe Weegee.
En avril 1945, à l'âge de 16 ans, il réussit à vendre au magazine illustré Look une photographie d'un vendeur de journaux en larmes après la mort de Franklin D. Roosevelt, qu'il a prise alors qu'il se rendait au lycée. La rédactrice en chef l'engage comme photographe indépendant, par pitié dira-t-il plus tard. Stanley Kubrick y travaille durant quatre ans et y apprend les ficelles du métier, la composition d'une image, les éclairages, l'usage des extérieurs et l'art de saisir le mouvement. Plutôt perfectionniste, il lui arrive de prendre plusieurs centaines de clichés pour réaliser une seule photo. Grand amateur de boxe, son premier photos-récit intitulé Prizefighter Le Professionnel raconte une journée de la vie du boxeur Walter Cartier. C'est ce photo-récit qui sera à l'origine de son premier film : Day of the Fight.
En 1947, à l'âge de 18 ans, il se marie avec une camarade de classe de la Taft High School, Toba Metz. Ils s'installent au Greenwich Village deux ans plus tard.

Un destin de réalisateur

Pendant ses premières années de photographe de magazine, Kubrick fréquente assidûment les salles de cinéma. Ses goûts sont éclectiques, avec une préférence, comme il le dit en 1963 dans la revue Cinéma, pour le cinéma d'auteur européen comme Ingmar Bergman, Michelangelo Antonioni, Federico Fellini. Les films de Max Ophüls comme Le Plaisir ou Madame de... — mouvement complexe et sans heurt de la caméra, travelling — influencent le jeune Stanley Kubrick.
En 1950, l'autodidacte Stanley Kubrick, âgé de 22 ans, se décide à sauter le pas et se lance dans le cinéma. Pour lui, sa meilleure formation, ce sont les longues séances cinématographiques qu'il s'impose, des meilleurs films au pire des navets. Je ne peux pas faire pire se dit-il.

Courts métrages et série TV

Dans ses premiers films, Kubrick fait tout lui-même : il est à la fois scénariste, cadreur, ingénieur du son, monteur et réalisateur.
Entre 1950 et 1951, Kubrick réalise deux documentaires, consacrés l'un à un boxeur, l'autre à un missionnaire. Il reprend l'idée de son photos-récit Prizefighter et réalise avec Alexander Singer, un camarade de classe, le court métrage Day of the Fight — une journée de la vie du boxeur Walter Cartier —, filmé comme un reportage. Autofinancé avec un budget de 3 900 $, le documentaire est vendu à RKO Pictures avec seulement 100 $ de bénéfice. Pour Flying Padre, Stanley Kubrick reprend la même idée et suit durant deux jours Fred Stadtmueller, un missionnaire catholique. D'une durée de 9 minutes, ce film est en partie financé et distribué par RKO.
Les deux documentaires sont des succès mineurs, mais Kubrick se fait remarquer par le brillant de sa photographie. Lui-même dira : Même si mes deux premiers films étaient mauvais, ils étaient bien photographiés.
En 1951, il divorce de Toba Metz. L'année suivante, à la demande de Richard de Rochemont, futur producteur de son premier film Fear and Desire, Kubrick est réalisateur d'une deuxième équipe sur une séquence d'un omnibus consacré à Abraham Lincoln. Par la suite, il réalise plusieurs épisodes, toujours en qualité d'assistant réalisateur. C'est en 1953 qu'il réalise son premier documentaire en couleurs, The Seafarers. Dans ce film promotionnel sur la marine marchande, on retrouve les travellings à la Max Ophüls.

Premiers longs métrages

Fear and Desire et Le Baiser du tueur.
Pour réaliser son premier long métrage Fear and Desire, Kubrick emprunte à sa famille 9 000 $. Il persuade un ami poète de lui écrire un scénario original : l'histoire d'un groupe de soldats chargés d'éliminer une troupe ennemie dans une guerre fictive ; à la fin du film, les soldats voient leurs propres visages dans ceux de leurs ennemis. Le réalisateur tourne son film en 35 mm noir et blanc près de Los Angeles. Une nouvelle fois, il fait tout. Il décide de ne pas enregistrer le son avec les images et son erreur lui coûte 30 000 $ de post-synchronisation. Malgré tout, il est fier d'avoir réussi à terminer son film. Plus tard, il qualifiera son film de tentative inepte et prétentieuse et décidera de le retirer des circuits de distribution et d'en interdire toute projection.
Encouragé par une critique honorable, Stanley Kubrick quitte définitivement le magazine Look bien que le film soit un échec commercial. C'est lors du tournage du film qu'il rencontre sa future femme, Ruth Sobotka.
En 1954, Le Baiser du tueur Killer's Kiss, son second long-métrage, film très court tourné dans les rues de New York, raconte l'histoire d'un boxeur minable obligé de fuir la mafia. L’histoire manque d'originalité — c'est le seul scénario original écrit par Kubrick — mais ce film démontre son talent à jouer avec l'ombre et la lumière et confirme sa maîtrise technique dans la scène de règlement de comptes dans un entrepôt de mannequins.
Sa réalisation est récompensée par un Léopard d'or au Festival international du film de Locarno.

Les débuts de la collaboration avec James Harris

L'Ultime Razzia et Les Sentiers de la gloire.
Le Baiser du tueur attire l'attention de James B. Harris, producteur indépendant qui a de bonnes relations avec les majors de Hollywood. C'est Alexander Singer, qui a connu Harris quelques années auparavant, qui fait se rencontrer les deux hommes. Cette rencontre est décisive, et ensemble ils fondent la Harris-Kubrick Pictures alors qu'ils ne sont tous les deux âgés que de 26 ans.
Deux ans plus tard, en 1956, naît de leur association le troisième film de Kubrick, L'Ultime Razzia The Killing, le premier grand film avec un budget de 320 000 $ financé en partie par Harris et les United Artists. Pour la première fois le réalisateur dispose d'acteurs professionnels et d'une équipe technique complète. Encore une fois, l’histoire n'a rien d'exceptionnel : un tireur embusqué doit abattre le cheval de tête dans une course hippique pour créer une diversion et ainsi faciliter le braquage de la caisse des paris. Un film noir de braquage comme il en existe beaucoup à cette époque, mais Stanley Kubrick fragmente l'histoire que seule la voix off très influencée par Citizen Kane d'Orson Welles permet de reconstituer. Plus d'une décennie plus tard, la critique Pauline Kael considérait que L'Ultime Razzia avait lancé la carrière de Kubrick. Elle ne s'était pas trompée. Leurs chemins vont souvent se croiser par la suite car elle va détester tous ses films : une froide et distante atmosphère, des films qui n'ont pas d'âme.
Au cours du tournage, Kubrick affirme son autorité : alors que le directeur de la photographie, Lucien Ballard, change l’objectif que Kubrick avait choisi pour une scène avec un travelling, ainsi que son emplacement en lui expliquant que cela n’aura aucune incidence sur les changements de perspective, calmement, le cinéaste lui intime l’ordre de remettre la caméra à son emplacement d’origine avec l’objectif initial, ou bien de quitter le plateau et de ne jamais y revenir. Ballard obéit et le tournage se termine tranquillement.
Malgré un budget important, Kubrick n’apparaît encore dans ce film que comme l’un des nouveaux maîtres de la série B. Orson Welles, interrogé par André Bazin sur les autres cinéastes, déclare : L'Ultime Razzia de Kubrick n'est pas trop mal. Dans la revue Cahiers du cinéma, Jean-Luc Godard lui reconnaît quelques qualités tempérées : C'est le film d'un bon élève sans plus. Ce qui correspond chez Ophüls à une certaine vision du monde n'est chez Kubrick qu'esbroufe gratuite. Mais il faut louer l'ingéniosité de l'adaptation qui, adoptant systématiquement la déchronologie des actions, sait nous intéresser à une intrigue qui ne sort pas des sentiers battus.

L'Ultime Razzia étant un succès, United Artists accepte de financer à hauteur d'un million de dollars le prochain film de Harris-Kubrick tiré d'un best-seller américain de 1935, The Paths of Glory, inspiré d'événements réels s'étant produits en 1915, l'affaire des caporaux de Souain, fusillés pour l'exemple, et pas du tout des mutineries de 1917 comme on le dit couramment. Les fusillés de Souain n'étaient aucunement des mutins, ce qui rend leur condamnation encore plus insupportable. Harris ne disposant que d'un budget très modeste selon les critères hollywoodiens et d'un scénario de Kubrick, Calder Willingham et Jim Thompson, le projet ne suscite guère d'enthousiasme auprès des majors. Tout bascule quand Harris envoie une copie du scénario à Kirk Douglas, lequel répond : Stanley, je crois que ce film ne fera pas un rond, mais il faut absolument le tourner. En 1957, sept ans après son premier court-métrage, Kubrick dirige Kirk Douglas dans le film sur l’absurdité de la guerre, Les Sentiers de la gloire.
Le film se déroule durant la Première Guerre mondiale. Un général de l'armée française décide de lancer une de ses unités dans des attaques désespérées contre les lignes allemandes retranchées à Verdun. Pour l’exemple, trois soldats innocents seront fusillés pour lâcheté. Le film est entièrement tourné en Allemagne avec 800 policiers allemands pour jouer les troupes françaises. Les scènes en intérieur sont tournées au studio Geiselgasteig à Munich. On y voit apparaître des séquences qui caractérisent Kubrick et qu'il ne cesse de perfectionner par la suite : travelling compensé arrière, utilisation de la musique et mouvements de caméra sans heurt filmés avec une Dolly pour la marche ininterrompue du colonel Dax dans les tranchées. Cette scène est d'ailleurs similaire à celle du labyrinthe de Shining filmée en steadicam. La scène du chant de la jeune prisonnière, jouée par sa future épouse, l'actrice allemande et nièce de Veit Harlan Christiane Susanne Harlan, montre la capacité de Kubrick à filmer l'émotion sans tomber dans la sensiblerie. Il divorce de Ruth Sobotka en 1957 pour épouser en 1958 Christiane Harlan qu'il a rencontrée pendant le tournage. Son frère, Jan Harlan, deviendra le producteur délégué du réalisateur à partir de 1975.
Dans ce film apparaissent deux thèmes de prédilection de Kubrick : la double personnalité et un monde au bord de l'effondrement. Dans le livre et dans le film, les personnages sont clairement identifiés, avec le colonel Dax Kirk Douglas, homme sobre, intelligent et courageux, et le général Mireau George Macready, vaniteux, ambitieux et incompétent. Le personnage le plus machiavélique du film est le général Broulard Adolphe Menjou. Kubrick joue habilement avec la bonhomie du personnage rusé et raffiné mais s'avérant incroyablement amoral il va détruire les dernières illusions du colonel et ruiner définitivement la carrière du général et sans aucune pitié envers les hommes de troupe.
Le film est projeté à Munich le 18 septembre 1957. Il est perçu comme une critique directe de l'armée française, par la cruauté des scènes finales et la satire violente des états-majors français, même si le film souffre de nombreuses invraisemblances. Il reçoit plusieurs récompenses dont le prix Chevalier de la Barre. Sous la pression d'associations d'anciens combattants français et belges, le gouvernement français proteste auprès de la United Artists, mais ne demande pas la censure du film. Devant l'ampleur du mouvement contestataire, les producteurs du film décident de ne pas le distribuer. De nombreux pays en Europe, comme la Suisse, refusent également de le diffuser. C'est dix-huit ans plus tard, en 1975, que le film est finalement projeté en France.

Un bref passage à Hollywood

Kubrick dirigeant Woody Strode et Kirk Douglas sur le tournage de Spartacus.

De retour aux États-Unis, Stanley Kubrick écrit deux scénarios qui seront refusés par les majors hollywoodiens. La MGM lui propose de travailler sur le scénario d'un western avec comme vedette Marlon Brando. Après six mois de travail de préparation, le cinéaste et l’acteur se fâchent. Marlon Brando, star hollywoodienne, obtient facilement le départ de Kubrick et décide de réaliser lui-même La Vengeance aux deux visages.
Au même moment sur un autre film, Kirk Douglas, acteur et producteur principal du péplum Spartacus, insatisfait du travail d'Anthony Mann, sollicite Stanley Kubrick pour terminer le film. Après le succès commercial des Sentiers de la gloire, celui-ci accepte et termine le film. Le tournage dure 167 jours, partagé entre la Californie et l’Espagne pour les scènes de combat tournées avec 10 000 figurants issus de l'armée espagnole.
Mais des conflits artistiques apparaissent rapidement entre Kirk Douglas et Russell Metty, le directeur de la photographie. Kubrick intervient également sur le scénario fondé sur l'histoire vraie du soulèvement d’esclaves romains qu'il trouve moralisateur et sans intérêt. Le film sort en 1960, il obtient un grand succès critique et commercial et gagne quatre Oscars. Quelques années plus tard, Stanley Kubrick renie le film dont il garde un souvenir amer. Dans l'œuvre de Kubrick, c'est son film le plus impersonnel, le film reprenant l'intrigue et le traitement du roman historique de Howard Fast.

Les derniers films en noir et blanc

Lolita et Docteur Folamour.
En 1962, pour la réalisation de Lolita, le réalisateur préfère éviter la censure et les ligues puritaines américaines26 et se tourne vers l'Angleterre pour le tournage. Il avait prévu de revenir ensuite aux États-Unis mais pour son projet suivant, Docteur Folamour, l'acteur principal qu'il a choisi, l'anglais Peter Sellers, ne peut pas quitter le territoire car il est au milieu d'une procédure de divorce. Pendant le tournage de Lolita, Kubrick achète une grande maison au nord de Londres où il s'installera avec sa famille27. Il dira : À côté de Hollywood, Londres est probablement le deuxième meilleur endroit pour faire un film, en raison du degré d'expertise technique et des équipements que vous trouvez en Angleterre, de plus, malgré sa licence de pilote amateur, Kubrick n'aime pas prendre l'avion.
Stanley Kubrick réalise donc Lolita, son premier film polémique, sur le sol anglais, d'après le roman éponyme de Vladimir Nabokov. Le livre avait été publié pour la première fois en France comme ouvrage pornographique. Pour la rédaction du scénario, le cinéaste travaille en étroite collaboration avec Vladimir Nabokov. Ils écrivent ensemble une nouvelle version du roman qui est jugé plus acceptable pour un film commercial et la morale imposée au cinéma en 1962.

James Mason en 1959.

Le film raconte l'histoire d'un homme d'âge mûr, Humbert Humbert, joué par James Mason, pris d'une passion ardente pour une adolescente, Lolita, âgée de 12 ans dans le livre, 15 ans dans le film, interprétée par Sue Lyon qui obtiendra le Golden Globe de la meilleure actrice. Peter Sellers y fait une interprétation remarquée.
Le film, tout comme le roman, provoque la colère des puritains qui le trouvent trop sulfureux malgré sa mise en scène très chaste, bien éloignée des allusions sexuelles explicites de l'ouvrage de Nabokov. À la sortie du film, Stanley Kubrick reconnaît que s'il avait pu prévoir la sévérité des censeurs américains qui l'obligent à couper des scènes au montage et à remanier certaines séquences jugées trop licencieuses, il aurait probablement renoncé à la réalisation du film.
Le film est présenté à la Mostra de Venise en 1962, mais la critique est déçue. Le schéma d'accueil de ses films par la critique, dont la plus virulente est Pauline Kael, sera toujours le même par la suite : une partie ne lui fait pas de cadeau, tandis que l'autre l'admire. Ce premier film polémique est un succès outre-Atlantique, sans nul doute nourri par la controverse. En 1963, Jean-Luc Godard décrit Lolita comme un … film simple et lucide, avec des dialogues justes, qui montre l'Amérique et son puritanisme mieux que Melville et Reichenbach, et prouve que Kubrick ne doit pas abandonner le cinéma, à condition de filmer des personnages qui existent […]30. En 1998, Sue Lyon déclare à l'agence Reuters que Lolita est le film qui a causé sa destruction en tant que personne. Il s'agit du dernier film produit par le duo Kubrick-Harris. Après ce long-métrage, Stanley Kubrick produit et réalise seul ses films, en laissant la distribution à la Warner Bros Pictures.
En 1963, Kubrick prépare son second film polémique et le premier opus d'une trilogie de films de science-fiction, Docteur Folamour ou : Comment j'ai appris à cesser de m'inquiéter et à aimer la bombe, considéré comme un chef-d'œuvre d'humour noir. Kubrick se tient constamment au courant de l’actualité et s’abonne à des revues militaires et scientifiques. Il lit le roman de Peter George, Red Alert, paru en Angleterre sous le titre de Two Hours to Doom. Il réfléchit depuis longtemps à une histoire où une guerre nucléaire serait déclenchée soit par accident, soit à cause de la folie d’un personnage. Le roman de Peter George correspond à ses attentes. Il s’associe avec Peter George et Terry Southern, scénariste d'Easy Rider, pour préparer le script, et travaille la photographie du film avec Weegee.
Le tournage débute le 26 janvier 1963, aux studios de Shepperton à Londres, pour s’achever quatre mois plus tard. La distribution comprend Peter Sellers qui tient les rôles du président des États-Unis, du docteur Folamour, ancien chercheur nazi et handicapé recruté par l'armée américaine clin d'œil à la trajectoire de plusieurs scientifiques nazis, dont Wernher von Braun, et du colonel britannique Lionel Mandrake. Une très grande liberté d’improvisation est laissée à Peter Sellers, filmé par trois caméras, tandis que le reste de la distribution et l’équipe technique doivent observer une grande rigueur. Le film doit se conclure par une bataille de tartes à la crème dans la salle de guerre, avec le président et tous ses conseillers militaires. La scène est filmée, nécessitant des semaines de tournage, mais Kubrick décide de la retirer du montage final.
Farce burlesque où la guerre nucléaire totale est déclarée à la suite de l'action d'un commandant devenu fou et d'un système de défense automatique, ainsi que satire des milieux politico-militaires, ce nouveau film sort en pleine Guerre froide. Le risque de voir l’un des deux protagonistes employer l’arme atomique est élevé. Un problème de taille apparaît : un film réalisé par Sidney Lumet, Point limite, avec Henry Fonda dans le rôle principal, traitant du même sujet, est sur le point de sortir. Stanley Kubrick intente un procès pour plagiat, et obtient gain de cause. Le film de Lumet ne sortira qu’en octobre 1964 tandis que Docteur Folamour sort sur les écrans le 29 janvier 1964 et se trouve nommé pour quatre Oscars meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure adaptation cinématographique.

Le passage à la couleur

Articles connexes : 2001, l'Odyssée de l'espace, Orange mécanique, Barry Lyndon, Shining, Full Metal Jacket et Eyes Wide Shut.
Japet, satellite de Saturne. Dans le roman Arthur C. Clarke : la porte des étoiles, au centre de laquelle se trouve un monolithe de près de 600 mètres de haut.
À partir de ce moment, installé définitivement en Angleterre, le cinéaste travaille de plus en plus lentement, poussant de plus en plus loin son perfectionnisme et sa volonté d'expérimentation technique. Il va passer cinq ans à développer son film suivant 2001, l'Odyssée de l'espace. Le 22 avril 1964, Kubrick rencontre Arthur C. Clarke au restaurant Trader Vic's du Plaza Hotel de New York. Pour imaginer le monolithe noir, clé de voûte du film, les deux coscénaristes font la tournée des galeries d'art le mois suivant leur rencontre. Selon le sémiologue français Alexandre Bourmeyster, ils se seraient inspirés des œuvres du peintre Georges Yatridès, alors mis en valeur par un des plus grands marchands de tableaux du moment, S.E. Johnson, qui exposait les œuvres de l'artiste de manière permanente aux International Galleries à Chicago.
Le tournage du film débute le 29 décembre 1965, sous le titre provisoire de Voyage au-delà des étoiles37. Il se déroule dans un premier temps aux studios de Shepperton, puis se poursuit aux Studios d'Elstree, plus proches de la villa où Kubrick a emménagé. MGM et Cinerama financent le film, dont le budget s’élève à six millions de dollars. Pour la première fois, le cinéaste interdit le plateau de tournage à la presse, ce qu’il fera systématiquement par la suite.
Artistiquement, 2001 a été un changement radical dans les films de science-fiction. Stanley Kubrick n’étant pas un partisan des films où les décors et les monstres sont en papier mâché ou en carton, il souhaite que les décors de son film soient techniquement réalisables dans le futur qu’il présente. C’est Tom Howard, lauréat de l’Oscar des meilleurs effets visuels en 1947 pour L'esprit s'amuse et en 1959 pour Les Aventures de Tom Pouce, qui est chargé de concevoir la savane préhistorique. Wally Veevers conçoit les véhicules spatiaux et le bus lunaire. On construit également une centrifugeuse de 750 000 dollars. Pour les effets spéciaux, Kubrick s’entoure d’éminents collaborateurs parmi lesquels Harry Lange, ancien conseiller de la NASA, et Marvin Minsky, directeur d’un laboratoire d’intelligence artificielle.
George Lucas, créateur de Star Wars, déclarera après la mort de Kubrick que si ce film n'avait pas été fait, il n’aurait probablement jamais réalisé sa saga. Kubrick reçoit l'Oscar des meilleurs effets visuels, le seul et unique Oscar de sa carrière, pour la qualité de son travail. Une équipe l'a aidé dans cette tâche, mais comme il est à la fois concepteur et créateur de quasiment tous les effets spéciaux du film, c'est à lui que l'on décerne la statuette. C'est également le début de la légende que le cinéaste va volontairement se forger : celle d'un homme qui, tel un ordinateur, enregistre une incroyable quantité d'informations, devenant un expert de la mise en scène et en maîtrisant parfaitement tous les rouages. Stanley Kubrick n'hésite pas à utiliser les dernières innovations techniques quand cela sert son œuvre : ordinateur et projection frontale pour 2001, éclairage à la lumière des bougies pour Barry Lyndon, grâce à un objectif Zeiss développé pour la NASA, ou encore steadicam pour Shining The Shining.

Malcolm McDowell en 2007

Orange mécanique est un film à la violence et à l’érotisme prémonitoire réalisé en 1971, d’après le roman L'Orange mécanique de Anthony Burgess et adapté par Stanley Kubrick qui travaille seul. Le thème du double, cher à Kubrick, est encore une fois développé dans ce film, avec Alex qui représente l’inconscient de l’homme qui lutte entre le bien et le mal dans un monde qui s’effondre. Kubrick réalise le film très rapidement, caméra à l'épaule, et presque entièrement tourné dans la région de Londres.
Au XXIe siècle, dans une Angleterre où l'on ne sait plus comment enrayer l'escalade du crime, Alexandre de Large Malcolm McDowell, le chef de la bande des droogs ou droogies, exerce avec sadisme une terreur aveugle sur fond de mouvement de la Symphonie no 9 de Beethoven.
En Angleterre, le film suscite une polémique importante, qui est aggravée par plusieurs faits divers où des délinquants, portant les mêmes costumes qu'Alex, déclarent s'inspirer directement du personnage principal du film. Dans un premier temps, Stanley Kubrick ne tient pas compte de ces faits divers mais les médias, frustrés par le manque d’interlocuteur, se retournent vers l’auteur du livre qui se retrouve seul à défendre un film auquel il n’a pas participé. Mais la controverse s’amplifie et, inquiété par les lettres de menaces de mort qu'il reçoit à son domicile, le réalisateur oblige la Warner à retirer le film des écrans du Royaume-Uni.
Élu meilleur film de l’année 1972 par le New York Film Critics Circle, Orange mécanique est l’un des plus gros succès de la Warner Bros. Pictures et reste à l'affiche durant soixante-deux semaines. Il n’y a aucun doute qu’il serait agréable de voir un peu de folie dans les films, au moins ils seraient intéressants à regarder. Chez moi la folie est très contrôlée ! déclarera Kubrick.
Après trois films de science-fiction, frustré de l’abandon par la Warner Bros de son projet sur Napoléon, prévu avec Jack Nicholson dans le rôle de l’empereur Kubrick a une véritable passion pour Napoléon, il ne comprend pas comment un homme aussi intelligent a pu sombrer, Stanley Kubrick réalise son premier film historique à partir de la biographie d'un jeune Irlandais Barry Lyndon d'après le roman picaresque de William Makepeace Thackeray - le destin d'un jeune et intrigant Irlandais sans le sou, Redmond Barry Ryan O'Neal, de son ascension pleine d'audace à sa déchéance.
La préparation du film dure un an. Le réalisateur veut tourner un film à l’esthétique proche des tableaux du xviiie siècle41. La réalisation du film demande plus de 250 jours de tournage en Grande-Bretagne et en Allemagne au château de Hohenzollern, à Potsdam et au palais de Ludwigsbourg. À la fin du tournage, Kubrick et Ryan O'Neal sont définitivement fâchés14. Les contraintes techniques imposées par le réalisateur font passer le budget du film de 2,5 millions à plus de 11 millions de dollars.

Le corps de garde par Le Nain en 1643

Les critiques sont sévères envers le film qui est jugé trop long, trop lent, élitiste et ennuyeux14. Le film obtient pourtant quatre Oscars : meilleure direction artistique, meilleure photographie, meilleurs costumes, meilleur arrangement musical.
Stanley Kubrick entreprend ensuite l'adaptation du roman Shining, l'enfant lumière de Stephen King. Ce film est dans la lignée de l'Exorciste, Halloween et Rosemary's Baby le meilleur du genre selon Kubrick43. Le film est moins risqué financièrement que ses productions précédentes et, après l'échec commercial de Barry Lyndon, l'adaptation d'un best-seller de Stephen King est un gage de quasi-succès les six derniers romans de l'auteur se sont vendus à plus de 22 millions d'exemplaires. Le réalisateur et Diane Johnson modifient profondément l’histoire du livre, ce qui déplaît à Stephen King qui refuse d’apparaître au générique final du film. Il ne sera pas le seul mécontent : aux États-Unis, l'exploitation du film est un échec, le public enrageant de n'avoir pas assez tremblé et reprochant aux deux scénaristes d'avoir abâtardi le genre et trahi l'esprit du livre. Comme à leur habitude, certains critiques huent le film.

Le film relate la descente aux enfers de Jack Torrance Jack Nicholson, écrivain ayant accepté un poste de gardien à l'hôtel Overlook, isolé dans les montagnes rocheuses et fermé pour l'hiver. Il s'y installe avec sa femme Wendy Shelley Duval et son fils Danny Danny Lloyd qui possède un don de médium, le Shining.
Plus que tout autre film, Shining va consolider la réputation de mégalomane perfectionniste du réalisateur. Kubrick rôde dans les immenses studios de l'Estree, la barbe et les cheveux longs, les yeux cernés, tout comme son héros Jack Torrance qui erre sans inspiration dans l'hôtel Overlook. Pour les déplacements de personnages les plus complexes à filmer, son opérateur Garrett Brown utilise un système de stabilisation de caméra qu'il a inventé quelques années auparavant : le steadicam. Le tournage de plus d'un an est particulièrement difficile pour Shelley Duvall. Alors que Kubrick laisse une certaine latitude dans l’interprétation à Jack Nicholson, Shelley Duval doit répéter de 40 à 50 fois la même scène. Aujourd'hui, Shelley Duval dit : Ce fut une expérience formidable, mais si cela était à refaire, je n'accepterais pas le rôle...
L'image finale du film, semblable à la fin quelque peu mystérieuse et ambiguë de 2001, l'Odyssée de l'espace, engendre plusieurs interprétations par les fervents du cinéaste ; Stanley Kubrick lui-même n'a jamais donné une réponse définitive, préférant laisser le soin aux spectateurs de décider par eux-mêmes. Kubrick considère ce film comme son œuvre la plus personnelle.

Kubrick veut tourner un vrai film de guerre, mais ni un film comme Apocalypse Now ou Voyage au bout de l'enfer, ni une parodie comme Docteur Folamour, ni un film antimilitariste tel que Les Sentiers de la gloire. La symbolique du film Full Metal Jacket est proche de celle d’Orange mécanique où le héros, intellectuellement supérieur à ses camarades, doit lutter entre le bien et le mal dans un monde en guerre. Le personnage central du film, le soldat Guignol Matthew Modine va petit à petit perdre son âme aux États-Unis, symbolisé par l’agression de son protégé le soldat Baleine Vincent D'Onofrio et au Viêt Nam par l’exécution sans pitié d'une prisonnière vietnamienne.
Stanley Kubrick détourne l’esprit du livre The Short Timers de l’écrivain Gustav Hasford pour mieux imposer sa propre vision de la guerre, et de l’âme humaine, au grand mécontentement de l'écrivain qui est tout de même crédité au générique final comme coscénariste.
La première partie du film suit l'entraînement intensif d'un groupe de jeunes recrues américaines dans un camp de marines à Parris Island, aux États-Unis en 1968 pendant la guerre du Viêt Nam, et l'affrontement entre le sergent instructeur Lee Ermey et une jeune recrue inadaptée Vincent D'Onofrio. La confrontation finale entre les deux hommes clôt cette partie. La deuxième partie du film se déroule au Viêt Nam et montre le baptême du feu des marines à Da-Nang puis la sanglante bataille du Têt dans la province de Hué.

Le film est entièrement tourné en banlieue de Londres, bien loin du réalisme du film d'Oliver Stone, Platoon49. Quelques plantes exotiques servent de décors d’arrière-plan, les scènes de combat sont tournées dans une usine désaffectée et l’île de Parris Island est recréée dans une ancienne base militaire britannique. Kubrick utilise plusieurs fois l’élargissement de champ pour modifier l’interprétation du spectateur lorsqu’il voit la scène de près puis de loin. Le tournage du film est interrompu pendant quatre mois à la suite de l'accident de voiture de Lee Ermey, conseiller technique en sa qualité d'ancien instructeur des marines et acteur principal de la première partie du film.
Plus de sept ans après la sortie de son dernier film, Stanley Kubrick se lance dans l'adaptation du roman la Nouvelle rêvée de l'écrivain autrichien Arthur Schnitzler, livre qu'il avait lu à la fin des années 1970. Le scénario est une fidèle adaptation du livre et raconte l'errance dans la nuit new-yorkaise du docteur Harford Tom Cruise, obsédé par la révélation de sa femme Nicole Kidman d'avoir failli céder à la tentation d'un autre homme et à la recherche de ses propres fantasmes. Un voyage entre le réel et l'imaginaire

On retrouve dans Eyes Wide Shut ce qui a toujours fasciné Kubrick : le thème du double qui envahit tout et qui engendre la perte d'identité, « nos pulsions les plus intimes, derrière les apparences. Le tournage dure quinze mois de novembre 1996 à janvier 1998 et va bloquer la carrière de Tom Cruise pendant trois ans deux ans de tournage et la sortie du film Mission Impossible de Brian de Palma est retardée d'un an. Comme à son habitude, le soir venu, Kubrick visionne sur vidéo les scènes tournées dans la journée et modifie au jour le jour le scénario en fonction des performances des acteurs. Après six mois de tournage, l'acteur Harvey Keitel claque la porte et est remplacé au pied levé par Sydney Pollack.
Ce film est le testament de Kubrick, qui meurt d'une crise cardiaque dans son sommeil le 7 mars 1999. Il est enterré à côté de son arbre préféré dans le manoir de Childwickbury, dans le Hertfordshire, au Royaume-Uni. Eyes Wide Shut sort en salle en juillet 1999, quatre mois après la mort du réalisateur. Il le considérait comme son meilleur film selon une révélation faite à son ami Julian Senior la veille de sa mort It's my best film ever, Julian.

Projets non aboutis

Parmi les projets inachevés de Stanley Kubrick, on peut citer un film sur Napoléon Bonaparte, abandonné à la demande des producteurs : un projet monumental (fruit de trente années d'un travail de bénédictin qui échoue en 1969 pour des raisons techniques, financières et d'organisation.
Après Full Metal Jacket, Kubrick travaille en même temps sur deux films dont aucun ne sera réalisé. Aryan Papers (WarTime Lies, adaptation du roman Une éducation polonaise de Louis Begley, un film abandonné pour ne pas concurrencer La Liste de Schindler de son ami Steven Spielberg dont le sujet est similaire, ainsi que A.I. Intelligence artificielle, d'après la nouvelle Les Supertoys durent tout l'été de Brian Aldiss, projet réalisé par Spielberg après la mort de Kubrick. Aryan Papers raconte l'histoire d'un enfant traversant la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale et échappant à la déportation vers Auschwitz ; c'est son projet de film non-réalisé le plus abouti, le casting étant établi, avec Johanna ter Steege pour le rôle de Tania et Joseph Mazzello, pour le petit garçon.
Un autre projet qui n'a jamais été réalisé était Le Lieutenant allemand, un film sur les parachutistes allemands à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il y eut de même un projet d'adaptation d'un roman de Stefan Zweig, Brûlant Secret, un projet intitulé Natural Child une fable sur la libération sexuelle, trop subversive pour l'époque, un projet intitulé One Eyed Jack un western qui sera finalement porté à l'écran par Marlon Brando et un projet intitulé Lunatic at Large, sur un scénario de Jimmy Thomson, est encore d'actualité en 2011.
Kubrick posera aussi le projet de l'adaptation du roman Le Pendule de Foucault l'auteur, Umberto Eco, s'opposera à ce projet et celui du roman Le Parfum de Süskind. Enfin, le satiriste Terry Southern tentera de convaincre Kubrick pour la réalisation du film pornographique Blue Movie.

Le style de Kubrick Réalisateurs ayant inspirés Kubrick

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Stanley Kubrick s'est inspiré principalement des films de Max Ophüls et d'Orson Welles, principalement en utilisant massivement le travelling et les mouvements de caméra ambitieux. Cependant on qualifiera les travellings de Kubrick de wellesien plutôt qu'ophulsien, car les travellings de Kubrick ne forment pas de plans séquence vertigineux comme celui de l'ouverture du Plaisir d'Ophüls. Cette dernière utilisation du travelling on pourrait aussi citer l'ouverture de La Soif du mal de Welles sera utilisée par Alfred Hitchcock Fenêtre sur cour par exemple ou Brian de Palma.
Il empruntera aussi à Welles le recours régulier à la voix off pour conter ou commenter l'histoire dans Barry Lyndon par exemple. On retrouve notamment dans les adaptations shakespeariennes de Welles cet usage de la voix off.
Kubrick s'est inspiré d'un nombre considérable de photographes et réalisateurs pour créer ses films. Cependant, bien que ses personnages à l'image des jumelles maléfiques, qui sont inspirées d'Identical Twins, Roselle, New Jersey, 1967, photographie de Diane Arbus et que la célèbre scène de Shining où Jack Torrance laisse entrevoir son visage à travers la porte provienne d'une scène de The Phantom Carriage de Victor Sjöström, Kubrick a sublimé c'est-à-dire rendu plus terrifiant les personnages et situations issus d'autres films. C'est cette force qui fait le génie de Stanley Kubrick.


Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=9326#forumpost9326

Posté le : 25/07/2015 22:16
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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