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Les premiers morts de la grande guerre
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Le 2 aout 1914 Jules andré Peugeot et Albert Mayer meurent

premiers morts de 21 et 22 ans ans de la grande guerre alors que celle-ci n'est pas encore déclarée
De manière symétrique, le dernier poilu français mort au combat est Augustin Trébuchon, tué le 11 novembre 1918 à 10 h 55, soit 5 minutes avant l'heure du cessez-le-feu fixée par l'armistice du 11 novembre 1918.


Jules André Peugeot

Jules André Peugeot, né le 11 juin 1893 à Étupes dans le Doubs et mort le 2 août 1914 à Joncherey dans le Territoire de Belfort, est un caporal de l’armée française. Il est le premier mort militaire français de la Première Guerre mondiale.
Issu d'un milieu modeste, il est en octobre 1912 instituteur au Pissoux sur la commune de Villers-le-Lac. Une plaque commémorative sur le mur de l’école rappelle sa nomination à sa sortie de l’école normale de Besançon. Son nom figure sur le monument commémoratif de tous les morts enseignants à l’IUFM de Besançon.
À partir du 28 juin 1914, date de l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand, héritier du trône d'Autriche-Hongrie, et de son épouse Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg, à Sarajevo, le jeu des alliances a conduit l’Europe au bord de la guerre. Le 1er août, l’Allemagne et la France décrètent leur mobilisation pour le lendemain.
Depuis le mois d'avril, Jules André Peugeot, qui effectue son service militaire, est caporal. Au cours de l'été suivant, il prépare le concours des officiers de réserve. Son régiment faisant partie des troupes de couverture, il a pour mission de surveiller la frontière franco-allemande, en cas de tension entre les deux pays.

Incident de Joncherey, et

premiers morts d'une guerre non encore déclarée

Commandant une escouade de la 6e compagnie du 2e bataillon du 44e régiment d'infanterie de Lons-le-Saunier, le caporal Peugeot fait barrage le 2 août 1914 à un détachement de reconnaissance allemand de huit hommes du Jäger-Regiment zu Pferde Nr. 5, le 5e régiment de chasseurs à cheval de Mulhouse, qui progresse vers Joncherey en venant de Faverois après avoir violé la frontière française. Le sous-lieutenant Albert Mayer commande ce détachement. Après avoir sabré sans la tuer la sentinelle française postée en avant de l'escouade, Mayer tire trois fois en direction de Peugeot. Ce dernier riposte et atteint le cavalier d’une balle dans le ventre. Mais la deuxième balle allemande a mortellement blessé le caporal Peugeot. Revenant sur ses pas, il s’affaisse devant la maison des Docourt et meurt à 10 h 7. Il est le premier mort militaire français d'une guerre qui ne commença officiellement que le lendemain 3 août, avec la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France, et qui devait coûter la vie à dix millions d'hommes. Atteint d'une seconde balle française après celle de Peugeot, le sous-lieutenant Mayer est quant à lui, le premier tué allemand. Les deux jeunes hommes avaient presque le même âge, 21 et 22 ans.

Hommages

En souvenir de la mort de Jules André Peugeot, M. Docourt met en place sur la façade de la maison une plaque avec une croix et le texte : « Ici mourut le caporal Peugeot, 2 août 1914 .
Le 26 juillet 1922, Raymond Poincaré, à l'époque ancien président de la République, inaugure devant 5 000 personnes à Joncherey le monument érigé pour le caporal Peugeot. Dans son discours, il explique que le caporal Peugeot a été « assassiné » car il a été tué un jour avant la déclaration de guerre avec l'Empire allemand. En juillet 1940, le monument de Joncherey est détruit par l'occupant allemand. Mais en 1959, il est reconstruit sous la forme d'un mur souvenir.
En juillet 1930, la rue Anatole-France située dans le 17e arrondissement de Paris, à la limite avec Levallois-Perret, est rebaptisée au nom du caporal Peugeot. Un petit square adjacent porte également son nom.
Le 2 août 2014, une cérémonie est organisée à Joncherey, en mémoire des deux premières victimes de la Grande Guerre, Jules André Peugeot et Albert Mayer.

Albert Mayer

Albert Otto Walter Mayer, né le 24 avril 1892 à Magdebourg et mort le 2 août 1914 à Joncherey dans le Territoire de Belfort, est un officier allemand de la Deutsches Heer. Âgé alors de 22 ans, il est considéré comme le premier militaire allemand tombé au combat, lors de la Première Guerre mondiale1.
Cavaliers du Jäger-Regiment zu Pferde Nr. 5, lors d'une pause.
Albert Otto Walter Mayer naît à Magdebourg, en Saxe-Anhalt, le 24 avril 18921. Ses parents déménagent par la suite dans la région de Mulhouse2, une ville industrielle dynamique du Reichsland Elsaß-Lothringen, un ancien Land correspondant aujourd'hui aux trois départements de l'Alsace-Moselle.
Il s'engage en 1912 dans la Deutsches Heer, l'armée impériale allemande, avec le grade de Leutnant, sous-lieutenant. Après ses classes, il est affecté au Jäger-Regiment zu Pferde Nr. 5, le 5e régiment de chasseurs à cheval, dont la garnison est à Mulhouse.
Lors de la mobilisation allemande qui commence le 2 août 1914, la défense de toute la Haute-Alsace est confiée temporairement aux unités en garnison à Mulhouse, formant la Deckungstruppen Oberrhein, soit la 58e brigade d'infanterie badoise et la 29e brigade de cavalerie, celle-ci regroupant le 5e chasseurs à cheval et le 22e dragons badois.

Incident de Joncherey, et

premiers morts d'une guerre non encore déclarée

Le 2 août 1914, premier jour de la mobilisation allemande, le sous-lieutenant Mayer est affecté au 3e escadron, au commandement d'un détachement de reconnaissance de huit hommes, dans le Sundgau. Les positions françaises sont à une dizaine de kilomètres de la frontière. Il reçoit la mission de faire une reconnaissance armée en profondeur pour les repérer, ce qui implique de franchir la frontière, en armes. Tôt dans la matinée, il quitte Seppois-le-Bas où il est cantonné. Il traverse la frontière franco-allemande en direction de Courtelevant dans le sud du Territoire de Belfort, puis dépasse Faverois.
Juste avant dix heures du matin, à la tête de sa patrouille, il aborde le village de Joncherey par la route. En face de la ferme Docourt, il rencontre l’escouade française du caporal Jules-André Peugeot. Albert Mayer sabre la première sentinelle postée sur la route, puis tire à trois reprises en direction du caporal Peugeot qui sort de la ferme, le blessant mortellement. Celui-ci riposte et blesse Albert Mayer au ventre. Une seconde balle tirée par un autre militaire français le touche ensuite à la tête, le tuant sur le coup et faisant de lui le premier tué allemand d'une guerre non encore déclarée. Le caporal Peugeot meurt quelques instants plus tard des suites de ses blessures, devenant à son tour le premier tué français du conflit à venir3,4. Les deux jeunes hommes, premières victimes d'une guerre qui allait tuer des millions d'hommes, avaient presque le même âge, 21 et 22 ans.
Le 3 août 1914, Albert Mayer est enterré à Joncherey. Sa dépouille est par la suite transférée au cimetière militaire allemand d'Illfurth, non loin de Mulhouse, où il repose aujourd'hui5. Son casque est conservé au musée de l'Armée à Paris.

Hommages

Le 2 août 2014, une cérémonie6 a lieu à Joncherey, en mémoire des deux premières victimes de la Grande Guerre, Jules André Peugeot et Albert Mayer. À cette occasion, une gerbe est déposée sur sa tombe au cimetière militaire allemand d'Illfurth dans le Haut-Rhin, par la commune et les anciens combattants de Joncherey.
André Peugeot et Albert Mayer, les premiers morts de la guerre le 02 août
Dans chaque ville et chaque village de France, à côté de l'église et de la mairie, se dresse un monument aux morts. Il égrène les noms des hommes qui ont donné leur vie pendant la Grande Guerre. Des inconnus auxquels on doit un peu de notre liberté. Certains noms, de part leur célébrité, restent gravés dans la mémoire collective comme ceux d'hommes qui donnèrent leur vie pour leur patrie : Charles Peguy, Alain Fournier, Louis Pergault, incarnent dans nos esprits ces victimes du conflit, françaises et allemandes. Parmi ce Panthéon de noms de tombés au champ d'honneur, deux anonymes ont une place particulière et symbolique. Leurs noms ? Jules André Peugeot et Albert Mayer. Ils n'étaient ni poètes, ni écrivains. Pourquoi L'Histoire, si prompte à oublier les noms des millions de morts, a-t-elle retenu leurs noms?
Ils sont le premier mort français et le premier mort allemand de la guerre. Le 2 Aout 1914, il y a 101 ans, leur rencontre leur fut fatale.

Itinéraire de Jules André Peugeot

Jules André Peugeot est né le 11 Juin 1893 à Etupes, dans le Doubs. Fils d'un ouvrier d'usine et d'une institutrice, il désire très jeune suivre le chemin de sa mère. Il entre à l'école normale de Besançon, dont il sort en octobre 1912, prenant son premier poste d'instituteur à l'école du Pissoux, sur la commune de Villers le Lac, à la rentrée de cette même année. Il enseigne un an dans cette école, habitant le village.
Le 26 Novembre 1913, ce hussard noir de la République, appelé pour son service militaire, rejoint l'infanterie. Après s'être présenté à Belfort, il est affecté au 44e Régiment d'infanterie, à Montbéliard, qui appartient à la 14e Division. Incorporé dans la 27e bataillon, au fort du Lomont, il se fait à la vie militaire, et, le 1er Avril 1914, il est promu au grade de caporal. Il suit aussi, à partir de juillet, le peloton des élèves officiers, et réussit des examens qui lui auraient permis, en 1916, une fois ses trois ans de service terminés, de devenir officier de réserve. Il est estimé des hommes sous son commandement et de ses supérieurs.
En Juillet 1914, son unité est déplacée à Montbéliard, en perspective d'une guerre avec l'Allemagne. Après la mobilisation, le gouvernement, en gage d'apaisement, ordonne aux troupes des frontières de reculer de 10 km. Le bataillon de Peugeot, appartenant au 44 RI, s'établit dans le village de Joncherey, près de Delle, au matin du dimanche 2 août. Il met en place deux postes d'observation, sur deux hauteurs du village, pour surveiller les routes de Favellois et de Boron. Le poste de la route de Boron fut installé dans une maison en face du cimetière, et Peugeot, chargé de celui de Favellois, prit place dans la maison de la famille Drocourt, à environ 700 m à l'est du village, où il fut accueilli avec ses 4 hommes. Il place un soldat en sentinelle à une cinquantaine de mètres de la maison.

Itinéraire d'Albert Mayer

Albert Otto Walter Mayer est né le 24 avril 1892, à Magdeburg en Saxe-Anhalt. Lors de son enfance, sa famille déménage à Mulhouse, en Alsace. Il y passe sa jeunesse, et s'engage en 1912 dans l'armée allemande. Il est en 1914 lieutenant du 5e Régiment de Chasseurs à cheval, qui fait partie de la 29e brigade de cavalerie, affectée à la 29e division d'infanterie, basée à Mulhouse.
Début août, son unité reçoit l'ordre de patrouiller le long de la frontière. Voyant qu'il n'y a pas de troupes françaises dans le secteur, on donne au leutnant Mayer l'ordre de pousser plus en avant la reconnaissance. À la tête d'une patrouille de 7 cavaliers, il couche à Bisel, puis, le lendemain, pénètre sur le territoire français aux alentours de 8 heures. La patrouille traverse le village de Rechesy, puis, dans la localité suivante, Courtelevant, Mayer aurait déclaré à une jeune fille "Nous allons faire de grandes choses".

Récit d'une rencontre tragique

Alors que la section du caporal Peugeot s'apprêtait à prendre son petit déjeuner, la patrouille de Mayer longe le bois des coupes voisins. Nicolet, la fille de 9 ans de M Docourt, aperçoit des casques à pointe dans le champ voisin. Elle courre vers la maison et crie "Voilà les Prussiens ! Voilà les Prussiens !", tandis que la sentinelle voit la patrouille et alerte ses camarades au cris de "Aux armes, aux Armes !".
Mayer, qui voit la sentinelle avertir les Français, charge le soldat, sabre au clair et revolver sorti. Il lui assène un coup de sabre, qui, arrêté par l'équipement et l'uniforme, ne le blesse heureusement que très légèrement, et l'envoie dans le bas côté de la route. Il fonce alors à bride abattue vers le village.
Peugeot, sorti de la maison, s'interpose en criant à l'agresseur"Halte-là !". Il met en joue Mayer, et en réponse, le leutnant tire trois balles de son Luger Parabellum. La première et la troisième se perdent, mais la seconde atteint Peugeot à l'épaule et ressort part l'autre épaule, sectionnant l'aorte, ce qui constitue la cause de la mort presque immédiate de Peugeot. Avant de s'écrouler, il réussit à tirer lui même une balle, qui atteint Mayer à l'estomac. Il fait quelques pas, lâche son fusil et s'effondre sur le pas de la porte. Les autres soldats français ouvrent le feu à leur tour, et une balle atteint le jeune officier à la tempe. Il continue sa course quelques mètres puis tombe de son cheval.

Suite des événements

Le soldats de Mayer, constatant la mort de leur officier, se débandent. Trois se jettent dans le bois tout proche. Deux d'entre eux réussiront à regagner la frontière allemande, le troisième sera porté disparu. Trois cavaliers tentent de contourner le village, mais, sous le feu du deuxième poste de garde, leurs chevaux sont tués, et ils se dispersent à pied. Deux sont récupérés dans la journée, soignés par les infirmiers du 44e RI et partent pour Belfort, où la population accueille dans l'enthousiasme les premiers prisonniers de guerre.
Le troisième, Peters, reste deux jours dans les bois, se nourrissant de baies, avant de décider le 4 de se rendre. Alors qu'il s'approche, à bout de force, de Joncherey, la sentinelle lui tire dessus. La balle lui transperce le poumon gauche. Il est ramené au village, et de là transporté à l'hôpital de Delle. Aucun vaisseau important n'étant touché, il est soigné et se fait apprécier des habitants de la ville, qui lui apportent du vin et des friandises, mais aussi des soldats en convalescence, qui ne le considèrent pas comme un ennemi, mais plutôt comme un ami. Le 1er Septembre, il est évacué vers l'hôpital de Montbéliard, qu'il quitte en décembre.

Sort de Peugeot et Mayer

Les dépouilles des deux jeunes hommes sont transportées dans une grange au centre du village, où deux infirmiers font leur toilette funèbre. Les corps sont examinés par le médecin du 44e RI, le docteur Lihierge, qui note avec soin les détails de leurs blessures.
Le corps du caporal Peugeot est ensuite transporté en voiture à Etupes, et placé "Dans le lit où il était né", selon les mots de sa mère. Celle ci a conservé pieusement la chemise que portait Jules André Peugeot au moment des faits, percée aux deux épaules par les trous d'entrée et de sortie de la balle qui l'a tué. Le 4 août, soit le lendemain de la déclaration de guerre officielle, il est inhumé dans la tombe du colonel Pechin, son grand-père maternel.
Quant à Mayer, il fut enterré avec les honneurs militaires le 3 août, dans un cercueil fourni par l'hospice de Delle, et aux frais des officiers du 44e RI. Durant toute la durée de la guerre, il reposa au cimetière de Joncherey, sa tombe étant surmontée d'une croix de bois indiquant "Officier allemand, tué le 2 août 1914 ".
A la fin de la guerre, sa famille réclama son corps et il fut transféré dans un caveau à Mullheim, puis au cimetière militaire d'Illfurt.

Monument commémoratif

M Docourt, pour commémorer la mort tragique du caporal et du lieutenant, posa sue le mur de la maison une plaque, avec une une croix, qu'il incrusta de verroterie. Il grava sous cette croix la date de l'engagement, et l'accompagna de l'inscription"Ici mourut le caporal Peugeot".
En 1922, suite à une souscription, on éleva un monument à la mémoire du caporal Peugeot, qui fut inauguré par le président Poincaré. Il se constituait d'un pylône, surmonté d'une effigie de Peugeot. Au bas de ce pylône, une oeuvre en relief de l'artiste Armand Block montre Germania poignardant dans le dos un soldat français.
Sur le socle du monument figuraient le nom de villes ayant participé à la souscription mondiale et un inscription relatant les circonstances de la mort du caporal.
Ce monument fut détruit en juillet 1940 par l'occupant allemand.
Le 20 Septembre 1959, pour le 45e anniversaire des événements, un nouveau monument est érigé.

Conclusion

La rencontre entre cette patrouille allemande et ce poste de garde français, qui aurait pu n'être qu'un banal incident frontalier, fit des deux victimes de ce drame les premiers morts français et allemand de la Grande Guerre. Comment ne pas faire de ces deux victimes des symboles des millions à venir? Ils étaient jeunes, ils avaient la vie devant eux, ils avaient grandi à 30 km l'un de l'autre. Pourtant, aucun des deux n'hésita lorsqu'il mit en joue le jeune homme qui lui faisait face, et lorsqu'il pressa la détente. Et maintenant, ils reposent à 30 km l'un de l'autre. Comme pour nous rappeler l'absurdité de cette guerre. Comme pour donner un exemple tragique à Victor Hugo, qui disait

Article de Marie Quenet - Le Journal du Dimanche

Les morts du jour d'avant…
Ils sont tombés le 2 août 1914, avant même la déclaration de guerre. Samedi, un siècle plus tard, le caporal français Peugeot et le sous-lieutenant allemand Mayer ont été honorés. Ensemble.

Le Français avait 21 ans, l'Allemand, 22. Le caporal Jules-André ­Peugeot et le sous-lieutenant Albert Mayer ont été tués le 2 août 1914, lors d'un échange de tirs, un jour avant que l'Allemagne ne déclare la guerre à la France. Cent ans après, jour pour jour, une cérémonie leur a hier rendu hommage, à Joncherey Territoire de Belfort, là où ils sont tombés. Et pour la première fois on a commémoré, ensemble, la mort de ces deux premières victimes militaires de la Grande Guerre.
Ce dimanche matin de l'été 1914, tout est calme. Les troupes françaises avaient reçu l'ordre de reculer d'une dizaine de kilomètres par rapport à la frontière allemande afin d'éviter le moindre incident. Le caporal Peugeot a installé un poste de surveillance dans une ferme isolée près de Joncherey, à 12 km de la frontière. Il vient de finir une lettre à ses parents – "Il n'y a encore rien de grave, ne vous désolez pas" – quand la fille de la maison, partie chercher de l'eau à une source voisine, revient paniquée : "Voilà les Prussiens!" Elle vient d'apercevoir le sous-lieutenant Mayer et ses six hommes.
Quelques jours auparavant, le soldat allemand a en effet été désigné à la courte paille pour une mission de reconnaissance en territoire français. Le voilà donc qui galope vers le poste tenu par le caporal Peugeot. Celui-ci sort de la ferme, le met en joue, et crie : "Halte-là!" L'Allemand tire trois fois et blesse mortellement Peugeot. Mais ce dernier a lui aussi le temps de faire feu. Le lieutenant Mayer est touché à l'aine. Il s'effondre 200 mètres plus loin, atteint à la tête par un autre soldat français. Il est 10h07 ce 2 août 1914.
Les dépouilles des deux hommes reposent quelques heures côte à côte sur un lit de paille. Le sous-lieutenant allemand est inhumé le lendemain dans le cimetière de Joncherey, puis transféré à ­Illfurth, dans le Haut-Rhin. Le caporal français, lui, est enterré le 4 août à Étupes, son village natal. En 1922, une stèle à sa mémoire est inaugurée à Joncherey avec cette inscription accusatrice : "Plus de trente heures avant qu'elle ne déclare la guerre à la France, l'Allemagne impériale et royale répandit le premier sang français." Le monument, détruit par les troupes allemandes en 1940, sera reconstruit en 1959. Chaque année, le village commémore la mort du caporal Peugeot, jeune instituteur qui faisait alors son service militaire. Nommé caporal en avril, il devait commencer une formation d'officier. Aujourd'hui, des rues, une école, un square portent son nom. À Joncherey, son képi est conservé dans un coffre-fort de la mairie, sa visière soigneusement cirée.
"Nos familles ont perdu un fils beaucoup trop jeune"
Mais cette année, on célèbre aussi Mayer, premier soldat allemand tué sur le sol français. Aîné d'une famille aisée de quatre enfants, passionné d'équitation, le jeune homme avait rejoint un régiment de chasseurs à cheval. "Jusqu'à maintenant, nous évoquions plutôt le lieutenant Mayer en tant qu'agresseur et non comme victime. Mais le déroulé de la cérémonie a changé, les mentalités aussi", explique Maurice Nicoud, l'ancien maire de Joncherey.
Les descendants des victimes, présents hier à la cérémonie, approuvent. "C'est bien de rassembler nos deux familles. Elles ont connu le même destin, chacune a perdu un fils beaucoup trop jeune", estime Sibylle Frey, petite-nièce du Prussien. De la terre provenant des deux tombes a été déposée hier aux pieds du mémorial Peugeot. "Comme l'a dit le général Foch au lendemain de la bataille de la Marne : dans cette affaire, il n'y a rien à fêter, il y a eu trop de morts", conclut le général Irastorza, qui préside la mission du centenaire de la Première Guerre mondiale. "Il faut simplement essayer de comprendre comment on a pu en arriver là, et honorer tous les combattants de la Grande Guerre dans un esprit de réconciliation." Dix millions de soldats ont été tués pendant le conflit.

Une guerre entre européens, c'est une guerre civile.

Discours de Nicolas Sarkosi

Président de la République Française, à l'occasion de la mort de Lazare Ponticelli, dernier poilu, le Lundi 17 mars 2008

Le dernier survivant vient de rejoindre le premier mort de la plus atroce des guerres.
Qui se souvient de ce premier mort ?
Il était Caporal. Le 2 août 1914, en poste dans le village de Joncherey au sud-est du Territoire de Belfort, il s’oppose à une patrouille allemande qui a violé la frontière. Il fait les sommations d’usage.
En réponse, l’officier qui commande la patrouille sort son revolver et tire. Il est mortellement touché.
Avant de mourir il a le temps de riposter et de blesser mortellement à son tour celui qui vient de luiôter la vie.
On pose les deux corps dans une grange côte à côte sur un lit de paille.
Le Français a 21 ans à peine. Il est instituteur. Il s’appelle Jules-André Peugeot.
L’Allemand est Alsacien, natif de la région de Mulhouse. Il a tout juste 20 ans. Il s’appelle Camille Mayer.
Ils aimaient la vie comme on l’aime à 20 ans. Ils n’avaient pas de vengeance, ils n’avaient pas de haine à assouvir.
Ils avaient 20 ans, les mêmes rêves d’amour, la même ardeur, le même courage.
Ils avaient 20 ans et le sentiment que le monde était à eux.
Ils avaient 20 ans, ils croyaient au bonheur.
Ils sortaient à peine de l’enfance et ils ne voulaient pas mourir.
Ils sont morts tous les deux par un beau matin d’été, en plein soleil, l’un d’une balle à l’épaule, l’autre d’une balle en plein ventre, ils étaient les premiers acteurs inconscients d’une même tragédie dont le destin aveugle et la folie des hommes avaient depuis longtemps tissé secrètement la trame sinistre qui
allait prendre dans ses fils une jeunesse héroïque pour la conduire au sacrifice.
Ces deux morts de 20 ans ne virent pas la suite effroyable de ce qu’ils avaient commencé, ces millions de morts tombés face contre terre fauchés par les mitrailleuses, noyés dans la boue des tranchées, déchiquetés par les obus. Ils ne virent pas non plus l’immense foule de ces millions de blessés, de paralysés, de défigurés, de gazés, qui vécurent avec le cauchemar de la guerre gravé dans leur chair.
Ils ne virent pas les parents qui pleuraient leurs fils, les veuves qui pleuraient leurs maris, les enfants qui pleuraient leurs pères.
Ils n’éprouvèrent pas la souffrance d’un soldat qui fume cigarette sur cigarette pour vaincre l’odeur des morts abandonnés par les leurs qui n’ont même pas eu le temps de jeter sur eux quelques mottes de terre, pour qu’on ne les vît pas pourrir .
Ces deux jeunes de vingt ans ne connurent pas les nuits de pluie, l’hiver, dans les tranchées, l’attente
silencieuse et grelottante, les minutes longues comme des heures ».
Ils ne croisèrent pas les colonnes qui revenaient du feu « avec leurs plaies, leur sang, leur masque de souffrance et leurs yeux qui semblaient dire à ceux de la relève : N’y allez surtout pas !
Ils ne se battirent pas sans relâche contre la boue, contre les rats, contre les poux, contre la nuit, contre le froid, contre la peur.
Ils n’eurent pas à vivre pendant des années avec le souvenir de tant de douleurs, avec la pensée de tant
de vies foudroyées à côté d’eux et des corps qu’il fallait enjamber pour monter à l’assaut.
...
Fan de Bruce et de BaT !

There are two kinds of pain. The sort of pain that makes you strong, or useless pain, the sort of pain that's only suffering. I have no patience for useless things.
Frank J Underwood
Si vis Pacem, para Bellum.
Publius Flavius Vegetius Renatus


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Posté le : 01/08/2015 18:00
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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